Dans son édito du 04/11/2024, Paul Sugy revient sur une proposition de Guillaume Kasbarian sur les délais de carence des fonctionnaires.
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00:00Oui, alors reconnaissez pourtant que c'est une mesure de bon sens. L'économie à faire n'est pas négligeable. On parle ici de plus d'un gros milliard d'économies.
00:06Il y a en fait deux volets dans cette mesure. L'allongement du délai de carence, aussi la petite diminution de la rémunération des fonctionnaires lorsqu'ils sont en arrêt maladie.
00:15Alors bien sûr, on pourra répéter longtemps que certains salariés du privé bénéficient d'accords d'entreprise ou d'accords de branche qui font que les règles ne sont pas exactement différentes.
00:24Mais cette réforme est nécessaire pour réduire un écart plus général qui distingue les conditions d'emploi dans le public et dans le privé, surtout à l'heure où les carrières sont de moins en moins cloisonnées.
00:33On est de moins en moins fonctionnaire du public ou salarié du privé toute sa vie. On circule d'une profession à l'autre. Et ces distinctions semblent donc de plus en plus obsolètes.
00:41Donc les fonctionnaires continuent toujours en moyenne de gagner un peu plus, de travailler un peu moins, une cinquantaine d'heures de moins par an et par agent, au-delà du fait qu'ils ont une sécurité de l'emploi quasiment absolue.
00:51Tous ces avantages se justifieraient si le rapport au travail était le même. Mais voilà, l'absentéisme est beaucoup plus élevé dans le public.
00:57On constate en moyenne que les fonctionnaires prennent chaque année trois jours d'arrêt maladie de plus que les salariés du privé.
01:03Alors justement, Guillaume Casbarian, leur ministre, met en garde. Il dit aussi qu'il ne faut pas faire du fonctionnaire bashing.
01:09Il a raison, puisque de toute évidence, les agents publics sont, pour la très grande majorité d'entre eux, dévots au service du bien commun et font des missions d'intérêt général.
01:17Surtout, c'est le très grand nombre d'entre eux qui s'appliquent consciencieusement à leurs tâches sur qui l'absentéisme pèse le plus.
01:24Tous ceux qui nous écoutent le savent. Ce sont les enseignants dont les équipes ne sont jamais au complet, ce sont les infirmiers d'hôpital qui doivent toujours gérer des effectifs en sous-emploi dans le service.
01:34Donc on est habitué en France, par corporatisme mais peut-être aussi par lâcheté politique, à ce que les fonctionnaires soient devenus les intouchables de la République.
01:40Dire cela, c'est finalement susciter un débat qui ne prend jamais fin. Il faudrait faire semblant de ne pas voir qu'ils bénéficient de plus d'avantages mais que l'absentéisme est malgré tout plus élevé.
01:50Alors on sent en effet que chaque fois qu'on parle des fonctionnaires dans le débat public, il faut le dire, on marche sur des œufs.
01:56On se dit ça va exploser si on leur touche un tout petit avantage ou pour n'importe quel changement d'ailleurs.
02:03Et c'est ce qui fait d'ailleurs que quand on en parle, généralement, on finit par retourner sa veste.
02:06Mais c'est ça le drame avec les fonctionnaires, c'est que finalement, d'une posture à l'autre, ils sont un peu la proie de toutes les déclarations politiques à l'emporte-pièce et de volte-face spectaculaires.
02:15Prenez Emmanuel Macron, il se fait élire en 2017 avec la promesse de supprimer 120 000 postes au total dans la fonction publique.
02:22On est un peu plus de 7 ans plus tard, il y a 178 000 fonctionnaires de plus qu'avant son élection.
02:28Alors évidemment, il n'a pas tort sur certains points. Il y a eu par exemple la crise des gilets jaunes qui a attiré l'attention de façon criante sur le déficit d'accès au service public.
02:36Dans les campagnes, il était de toute évidence nécessaire de résorber ce déficit.
02:40En revanche, on a vu aussi avec la crise sanitaire qu'Emmanuel Macron entretient avec l'administration un rapport ambigu, parfois presque comme s'il fétichisait l'action de l'État à travers ses fonctionnaires.
02:49On voit en tout cas qu'il est bien incapable de se défaire de l'emprise de la fonction publique.
02:53Finalement, il nous a proposé du en même temps dans toute sa splendeur.