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Dans son édito du 23/07/2024, Paul Sugy revient sur les débats sur la fin de vie à l'Assemblée nationale.

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Transcription
00:00Bah oui, Jeanna, la dissolution avait enterré tous les projets de loi
00:03ou les propositions de loi qui étaient à l'étude par le Parlement
00:05et pourtant déjà ressuscité, c'est la loi sur la fin de vie, sur l'euthanasie
00:10qui pourrait être la première proposition de loi déposée par un député de la nouvelle législature.
00:15C'est ce que propose Olivier Falorni, donc vous savez, le député qui était rapporteur de ce texte sur la fin de vie,
00:19qui a été réélu dans sa circonscription des Charentes-Maritimes
00:22et qui est donc revenu avec un plan pour relancer sa réforme
00:25qu'il envisage donc de déposer sous la forme d'un texte de loi
00:29en déposant donc un texte qui correspondrait à l'état du texte de loi
00:33tel qu'il était en cours lors de son examen avant la dissolution.
00:37Vous savez qu'on avait terminé le travail en commission,
00:40commencé très largement le travail en séance sur ce texte sur la fin de vie,
00:42qu'un certain nombre d'amendements déjà avaient été discutés et votés
00:46et donc il voudrait que les travaux reprennent exactement là où ils en étaient restés.
00:51Olivier Falorni qui dit, il ne faut pas que tout ce travail de fond passe par pertes et profits.
00:55En revanche, tous les co-rapporteurs, les quatre co-rapporteurs du texte, eux, ont été battus
00:59donc il reste le seul en lice pour défendre de nouveau ce texte.
01:02On rappelle que c'est aussi un chantier qui avait commencé depuis de nombreuses années
01:04puisqu'il avait fait l'objet d'une convention citoyenne voulue par Emmanuel Macron
01:08avant d'arriver enfin devant le Parlement.
01:10Donc le chemin de ce texte, signeux jusqu'ici, pourrait ne pas être complètement terminé loin de là.
01:15Est-ce qu'on sait si de nouveau une loi sur la fin de vie aurait des chances d'être votée par l'Assemblée nationale ?
01:19Mais en réalité, c'est peut-être même la seule certitude ou quasi-certitude qu'on ait politiquement.
01:23C'est-à-dire qu'on ne sait rien de ce que cette Assemblée nationale peut voter.
01:26On ne sait pas si le pays va être gouverné demain à gauche, à droite, au milieu ou nulle part.
01:31Mais en tous les cas, on sait qu'effectivement, une grande majorité des députés
01:34qui composent cette nouvelle Assemblée nationale comme la précédente se retrouvent derrière ce texte.
01:39En réalité, quasiment toute la gauche y est favorable, à l'exception notable,
01:42c'est intéressant d'ailleurs, d'André Chassaigne qui a failli être au perchoir
01:46battu à quelques voix près par Yael Brown-Pivet, député communiste,
01:50qui lui avait dit qu'il fallait renforcer les soins palliatifs
01:52mais qu'il n'était pas question en l'état actuel d'avancer sur la fin de vie.
01:56Enfin, il était l'un des seuls à le penser, à gauche.
01:58Dans le bloc présidentiel, à part quelques voix courageuses comme Astrid Penneau-Zambouvé,
02:02par exemple, qui s'était élevée contre le texte,
02:04la plupart des députés du camp d'Emmanuel Macron y étaient favorables.
02:07Et à droite, c'est en ordre dispersé, une partie de la droite des Républicains y est opposée.
02:10Mais enfin, Chenu ou Ciotti, par exemple, au Ration nationale et ses alliés,
02:16avaient dit qu'ils étaient pour le texte.
02:17Donc, on se rend compte que face à une situation de blocage
02:21dans laquelle on ne sait pas ce que, encore une fois,
02:23cette assemblée composite et très largement introuvable peut proposer comme politique,
02:28eh bien, au fond, le seul cap qu'on serait capable de définir,
02:31ce serait celui d'un vote sur la fin de vie.
02:33En plus, les députés confrontés à leur propre division
02:36se donneraient l'illusion, à peu de frais, d'un vote historique
02:38sur un sujet considéré comme une avancée progressiste.
02:41Et votre réflexion va au-delà de la politique, c'est une réflexion sur l'époque, Paul.
02:44Mais oui, la seule chose que l'on puisse désirer aujourd'hui,
02:47alors qu'on se rend compte que le pays est gouverné par des forces politiques antagonistes
02:51qui n'ont rien en commun, c'est la mort des plus fragiles et des plus âgés.
02:54Et je crois que ça dit beaucoup, effectivement, du suicide civilisationnel auquel nous assistons.
02:58C'est une époque de mort dont la seule pompe, au fond, n'est plus que funèbre.
03:01Le dernier consensus, ce serait celui-ci,
03:03un même et commun renoncement face aux risques de la vie,
03:06face au courage du lien et au sacrifice de soi-même.
03:08Regardez, en France, on a discuté très largement de la fin de vie
03:12en faisant l'impasse sur les dérives considérables
03:14que connaissent tous les pays qui l'ont légalisé avant nous,
03:17en particulier, par exemple, en Belgique, mais aussi en Suisse,
03:20où une startup a présenté, il y a quelques semaines,
03:22c'est sidérant, les images sont affolantes,
03:24un prototype d'une nouvelle cabine pour mourir,
03:27une cabine euthanasique, comme il y aurait des cabines à UV
03:30ou des cabines pour se changer quand vous faites les soldes.
03:33Eh bien, ce serait une cabine dans laquelle on mourrait seul,
03:36sans même la main d'un de ses proches,
03:38pour pouvoir passer les derniers moments de sa vie avec un lien humain fort
03:42et que l'on pourrait installer devant un coucher de soleil ou devant la mer, selon ses choix.
03:45C'est la mort startupisée, la mort commerciale.
03:49Les prototypes industriels dernier cri sont au rendez-vous
03:52et c'est peut-être cela sur quoi nos députés pourraient s'accorder,
03:56faute de pouvoir s'accorder sur quoi que ce soit,
03:57sur un budget ou sur des avancées réelles pour le pays.

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