Dans son édito du 11/04/2024, Paul Sugy revient sur le pacte immigration de l'Union européenne.
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00:00 J'ai quand même de sérieux doutes. Je suis désolé, je n'ai pas trouvé de meilleure image que la guimauve.
00:03 C'est un peu ce que va devenir l'Union européenne.
00:05 C'est-à-dire qu'il y aura une fine couche un peu dure à l'extérieur,
00:08 mais quand on commence à rentrer, ensuite, ça devient tout mou.
00:11 C'est un peu ça le pacte immigration.
00:13 Il sera faible en ce qu'il y a de fort et fort en ce qu'il y a de faible.
00:15 Alors, il y a des contraintes qui vont être mises,
00:18 mais essentiellement pour les États qui refuseraient de partager les demandeurs d'asile.
00:21 On le sait, il y aura une amende de 20 000 euros, une amende, une pénalité
00:25 que les États devront payer par demandeurs d'asile qu'ils auront refusé d'accueillir sur leur sol
00:30 au nom de ce mécanisme de solidarité qui a été installé.
00:33 Ce mécanisme, lui, a été chiffré. Il y a même un montant plancher,
00:37 donc un minimum de 30 000 demandeurs d'asile qu'il faudra partager entre les pays chaque année.
00:42 En revanche, le plan est beaucoup plus flou sur ce qu'il prévoit de dur.
00:46 Il prévoit des créations de places supplémentaires dans les centres
00:50 pour faire face à la pression migratoire.
00:52 On parle de 30 000 places, sans qu'il y ait de calendrier précis pour savoir quand elles vont être construites.
00:56 Et en tous les cas, l'objectif chiffré d'accueillir 120 000 personnes dans ces centres
00:59 est bien en deçà de la réalité de la pression migratoire en Europe.
01:02 On a enregistré dans l'Union européenne plus d'un million de demandeurs d'asile l'année dernière.
01:07 Valérie Ayé, la tête de liste Renaissance aux élections européennes,
01:10 a promis que dans deux ans, grâce à ce pacte migratoire,
01:13 il n'y aura plus de jungle à Calais, il n'y aura plus de Lambdouza.
01:16 Je ne prends pas beaucoup de risques, mais je fais un pari.
01:18 On se retrouve dans deux ans. J'ai quand même de sérieux doutes.
01:21 Surtout, le texte ne règle pas ce gouffre béant qui existe entre la nécessité, d'une part,
01:26 de limiter l'entrée illégale dans l'Union européenne et toutes les règles de droit européennes
01:31 qui obèrent à l'action de Frontex, par exemple,
01:33 puisqu'on garde un droit très flou sur la possibilité pour les agents de procéder à des push-back
01:38 lorsque, aux frontières extérieures de l'Union européenne,
01:40 des clandestins se présentent, notamment en mer.
01:42 Et puis, on a encore vu que les transpositions des directives ou des décisions de justice européennes
01:47 créées dans le droit interne, c'est par exemple un arrêt du Conseil d'État en février dernier,
01:51 des complexités énormes pour les policiers.
01:54 En février, par exemple, le Conseil d'État a expliqué que les policiers aux frontières en France
01:59 devaient réduire très fortement la durée pendant laquelle ils immobilisent les personnes clandestines
02:04 qui traversent la frontière, notamment en provenance de l'Italie.
02:07 Donc, en réalité, ce pacte ne règle pas les grandes questions qui permettraient enfin à l'Union européenne
02:11 d'avoir des frontières extérieures très solides.
02:13 Oui, je vois bien que ce pacte ne vous a pas tout à fait convaincu.
02:16 Il va jouer toutefois un rôle important dans les élections européennes ?
02:19 Oui, en fait, le RN comme Reconquête ont fait de ces élections européennes un référendum
02:23 globalement pour ou contre l'immigration.
02:24 Donc, de toute manière, c'est le sujet central des élections.
02:28 Et puis, en réalité, la droite fait semblant de se disputer sur des broutilles au sujet du texte,
02:32 mais il y a un inhabituel consensus entre les différentes formations de droite.
02:37 Tous jugent le texte nocif en ce qui retire de la liberté aux États pour maîtriser leur immigration.
02:42 Nadine Morano, donc chez Les Républicains, était la seule élue au sein du groupe de droite PPE
02:47 au Parlement européen à voter contre le compromis qui avait été trouvé entre le Parlement et le Conseil.
02:52 En d'autres termes, il s'est aligné sur les positions défendues par Nicolas Bey pour Reconquête
02:56 ou Jordan Bardella pour le RN.
02:58 Ils ont donc voté une partie des textes, ce qui durcissait un petit peu la maîtrise des frontières.
03:05 Mais en revanche, ils ont voté contre les dispositions du pacte qui permettaient de partager les demandeurs d'asile.
03:12 Il y a même une expression qu'on a entendue aussi bien dans la bouche de Jordan Bardella au RN
03:17 que de Geoffroy Didier chez Les Républicains.
03:19 C'est ce slogan qui dit "on veut les faire repartir plutôt que les répartir".
03:23 Donc il y a quelques chamailleries sur le nombre de textes qu'il fallait voter ou non
03:27 entre notamment Nicolas Bey et Jordan Bardella, mais en réalité, la droite est plutôt unie.
03:30 Quant à la gauche, elle s'oppose soit parce qu'elle juge le pacte trop dur, on se pince,
03:35 c'est ce que dit Manon Aubry, soit parce que le mécanisme de solidarité ne va pas assez loin,
03:39 c'est ce que dit Raphaël Glucksmann, mais en réalité, la gauche a voté contre, la droite a voté contre.
03:45 C'est Valérie Ayet qui est vraiment isolée sur le sujet, elle est la seule qui soit favorable à ce texte.
03:49 [Musique]
03:53 [SILENCE]