Dans son édito du 12/03/2025, Paul Sugy revient sur la problématique de l'immigration au sein de l'Europe.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Alors, veut durcir. La précision est importante. Ce que va durcir, c'est pas gagné.
00:04D'abord parce que c'est un projet de règlement. Alors, vous savez, pour décider d'un règlement dans l'Union Européenne,
00:09c'est très compliqué. Il faut que la Commission fasse initiative. Ensuite, il y a des votes au Parlement Européen, etc.
00:12Là, ça n'est encore que le début de ce projet. Bon. Et puis ensuite, le projet, il porte la signature indélébile
00:18de tout ce que l'Union Européenne est capable d'inventer, c'est-à-dire que ça va être un empilement supplémentaire
00:22de paperas avec une juxtaposition de couches administratives. Donc le texte créera une décision de retour européenne
00:28pour compléter les décisions des états membres. C'est-à-dire, en gros, on rajouterait une expulsion européenne
00:33aux décisions d'expulsion prises par les états. Celui-ci se présenterait donc sous un formulaire commun
00:39qui comprendra des éléments clés de décision de retour et qui sera disponible sur le système d'information Schengen.
00:44C'est comme ça que communique la Commission. Elle m'a déjà à moitié perdu. Bon. En tout cas, ce règlement définit aussi
00:50– ça, c'est important – certaines catégories d'étrangers qui vont être considérées comme des personnes
00:54qui présentent des risques pour la sécurité des états membres, par exemple des criminels avérés.
00:59Donc le but est de faciliter, avec un engagement plus fort de l'Union Européenne, c'est-à-dire de l'ensemble des états membres,
01:05de faciliter l'expulsion. Le plus important, parce que c'est ce qui fait le plus réagir, l'initiative phare,
01:10ce serait la mise en place de hubs de retour, c'est-à-dire des structures situées hors de l'Union Européenne
01:15où l'on enverrait les demandeurs d'asile qui sont déboutés du droit d'asile et soumis à une obligation de quitter le territoire.
01:21– Là, vous allez me dire, cette fois-ci, ça devient un peu concret. Certainement pas.
01:25Bruxelles ne compte pas ouvrir ses centres d'elle-même, mais entend poser un cadre légal
01:30qui permettrait aux états membres d'en établir à condition de respecter le droit international.
01:34Bref, on n'y est pas encore. – Donc, rien n'est encore fait à ce stade.
01:38– Non, et en plus, il n'aura pas fallu longtemps après la publication du texte pour que les réactions indignées pleuvent.
01:46Alors, évidemment, la gauche est vent debout contre cette mesure.
01:49La gauche et les verts au Parlement européen qui disent que ça serait évidemment contraire au droit de l'homme selon eux.
01:54Et puis même du côté de Renaud, donc les centristes, on admet qu'il existe certes un trou dans la raquette,
01:59c'est quand même, il était temps de le reconnaître.
02:02Mais enfin, la question des expulsions pose un certain nombre de soucis.
02:05Par exemple, prenez Valérie Haillet côté français.
02:07Elle déclarait que ça n'est pas la bonne manière de traiter la question.
02:10C'est une solution, selon elle, qui est populiste, qui ne respecte pas nos valeurs
02:14et qui, par ailleurs, n'a pas fonctionné lorsqu'elle a été mise en place.
02:16Alors, je n'ai pas vu que ça a été véritablement mis en place.
02:19Et en ce qui concerne les valeurs, je ne vois pas non plus en quoi est-ce qu'elles vont nous aider
02:22à lutter contre les déboutés du droit d'asile qui se maintiennent sur le sol des États membres.
02:26– Quand on vous écoute, on se demande si l'Union européenne peut vraiment être efficace
02:30pour lutter contre l'immigration irrégulière ou pas, et en tout cas, maîtriser son immigration.
02:34– C'est toute la question et cette question est cruciale.
02:36D'ailleurs, la Commission européenne le reconnaît elle-même.
02:38Elle reconnaît son inefficacité en disant que 4 décisions d'expulsion sur 5
02:43ne sont pas suivies d'effet dans l'Union européenne, ce qui est un problème.
02:46Admirez l'euphémisme, selon le commissaire chargé des affaires intérieures et de la migration,
02:51l'Autrichien Magnus Brunner.
02:52Maintenant, la question est évidemment très simple.
02:55L'Union européenne, qui jusqu'ici n'a jamais fait la preuve de son efficacité
02:59et qui n'est pas un atout, qui est au contraire une contrainte et un frein
03:02pour que les États membres qui souhaitent avoir une politique migratoire digne de ce nom
03:05aient une efficacité dans leur politique,
03:08cette Union européenne-là doit prouver maintenant qu'elle est capable d'aider les États
03:11à aller au bout de leur politique et si elle n'en fait pas la démonstration,
03:14elle risque de finir engloutie par la vague de contestations
03:17qui lui reproche justement de mettre en oeuvre cette inefficacité.
03:22– Paul Sujit avec nous, merci beaucoup Paul, c'est passionnant.
03:25– Ce sont des débats qui sont passionnants,
03:27parce qu'ils sont portés par des pays un peu la France,
03:30surtout des pays qui sont des pays centristes, sociodémocrates parfois,
03:34mais qui veulent accélérer cette politique.
03:35Le plus grand opposant en ce moment, par exemple, c'est l'Espagne,
03:38qui dit « surtout, surtout pas », donc ça rebat un peu les cartes au niveau politique.
03:41– Sous-titrage Société Radio-Canada