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00:00Générique
00:0620h21, les informés, Agathe Plamberay, Jean-Rémi Baudot.
00:12Bonsoir à tous, bienvenue dans les informés.
00:14Du soir, votre rendez-vous de débat et de décryptage autour de l'actualité sur France Info, la radio et le canal 27.
00:20Bonsoir Agathe.
00:21Bonsoir Jean-Rémi, bonsoir à tous.
00:22Quel est le programme ce soir ?
00:24Est-ce prématuré de parler de troupes en Ukraine ?
00:26L'Union Européenne parvient-elle à se faire entendre ?
00:29Nous reviendrons sur le sommet de soutien à Kiev qui avait lieu aujourd'hui à Paris.
00:33Que peut faire la France pour libérer Boalem-Sensal ?
00:36Pourquoi n'entend-on pas davantage la gauche ?
00:39L'écrivain a été condamné à 5 ans de prison en Algérie.
00:42Sur ces sujets, l'éclairage ce soir de Frédéric Ancel, docteur en géopolitique.
00:47Et puis, 7 ans de prison requis contre Nicolas Sarkozy dans l'affaire des soupçons de financement libyens de sa campagne de 2007.
00:55L'ancien président dénonce l'outrance de la peine réclamée.
00:59Comment l'interpréter ?
01:01Enfin, dans la carte blanche de nos informés, il sera question notamment d'un mitout de la maladie mentale.
01:06Pour en parler ce soir, nos informés.
01:08Valérie Gache, cheffe du service politique de RFI.
01:11Adrien Braché, journaliste politique au point.
01:13Bruno Cotteres, politologue, chercheur CNRSO.
01:15Ossevi Poff, le centre de recherche de la vie politique.
01:18Enseignant par ailleurs à Sciences Po.
01:20Et Étienne Girard, le directeur adjoint de la rédaction de L'Express.
01:24Bonsoir à tous les informés, c'est parti !
01:28Agathe, aujourd'hui, il y avait un sommet de soutien à l'Ukraine, à Paris.
01:31Oui, un sommet de la coalition des volontaires à l'initiative de la France et du Royaume-Uni.
01:36Que faut-il en retenir ?
01:38Emmanuel Macron a évoqué des forces de réassurance de plusieurs pays qui pourront se déployer le jour d'après en Ukraine.
01:45C'est-à-dire, une fois la trêve signée.
01:47Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique piloteront ensemble cette coalition des alliés de l'Ukraine
01:53et une mission franco-britannique se rendra dans les prochains jours dans le pays
01:58pour préparer notamment l'armée ukrainienne de demain
02:01et envisager un éventuel déploiement de forces.
02:04Prématuré pour Jean-Luc Bourlange, l'ancien président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée.
02:10Écoutez, il était mon invité sur France Info tout à l'heure.
02:13Tout ça me pourrait être totalement prématuré.
02:16Je crois qu'on a tout à fait raison de se préparer à une présence militaire qui prendra telle ou telle forme.
02:25Mais cette forme-là, on ne peut pas la définir maintenant.
02:27Alors pourquoi ils en parlent aujourd'hui, Jean-Luc Bourlange ?
02:29C'est pour exister ? C'est parce que l'Union Européenne est exclue des négociations ?
02:33Il vaut mieux ne pas être pris aux dépourvues demain.
02:35Mais ce que je veux dire, c'est que ce qui est déterminant sur la forme d'intervention,
02:40c'est le degré d'accord que nous aurons, que les Ukrainiens auront avec les Russes.
02:45Est-ce que c'est prématuré d'envisager d'envoyer des troupes en Ukraine ?
02:48Préparer l'armée ukrainienne de demain, est-ce que ce ne serait pas ça la solution ?
02:52Etienne Girard, directeur adjoint de la rédaction de L'Express.
02:55Quelle est votre compréhension de la situation ?
02:57Est-ce que pour vous, comme le dit Agathe, est-ce que c'est prématuré d'envisager d'envoyer des troupes en Ukraine ?
03:01Oui, c'est prématuré dans le sens où c'est un envoi sous condition, sous hypothèse, sous hypothèse d'une trêve.
03:09Mais pour trêve, encore faut-il en comprendre les modalités et l'intérêt.
03:13Ce n'est pas ce que je retiendrai en réalité de ce sommet, c'est évidemment ce dont on va parler,
03:19de cette possibilité de troupes de pays européens en Ukraine.
03:23Mais en réalité, l'essentiel du jour n'était pas là, à mon sens.
03:28L'idée du sommet, c'est de montrer que les pays européens continuent de soutenir l'Ukraine.
03:34Et le message du sommet, c'est qu'on continue à soutenir la réponse et la riposte de l'Ukraine à la Russie.
03:43C'est ça la réponse de la France et du Royaume-Uni.
03:47C'est qu'on souhaite toujours que l'Ukraine puisse défaire la Russie et booter la Russie hors du territoire ukrainien.
03:56Évidemment, il y a plein d'hypothèses.
03:58Une fois que le mot trêve est entré dans les discussions diplomatiques, tout le monde le reprend.
04:03Et donc, il n'y a plus une discussion, on ne parle pas de cette trêve.
04:06Mais l'objectif, il n'a pas changé, il est toujours de booter les Russes hors d'Ukraine.
04:10On va se tourner vers notre expert ce soir. Bonsoir Frédéric Ancel.
04:14Bonsoir, bonsoir.
04:15Vous êtes docteur en géopolitique, maître de conférences à Sciences Po Paris,
04:18auteur de « La guerre mondiale n'aura pas lieu », qui vient de paraître aux éditions Jacob.
04:24Frédéric Ancel, on parle beaucoup de ces troupes qui seraient déployées en Ukraine.
04:28C'est le sommet de la coalition des volontaires qui avait lieu aujourd'hui.
04:31Mais est-ce que c'est vraiment ça le message de ce sommet ?
04:36Alors moi, je pense que le message de ce sommet concerne davantage un commencement,
04:41un amont si vous voulez. Là, des troupes en Ukraine, ce serait un aval.
04:45Je m'explique. En amont de quoi que ce soit d'européen, vous avez d'abord une représentation.
04:50Je veux dire, est-ce que oui ou non, la majorité des États européens,
04:54et notamment des puissances européennes, je pense à la France, au Royaume-Uni,
04:57l'Allemagne, l'Italie, éventuellement, sont d'accord pour bâtir une autonomie stratégique,
05:02une Europe puissance. Si vous voulez, si on ne répond pas à cette question,
05:05et je pense que ce sommet, il y a en partie, parmi d'autres d'ailleurs,
05:09après toute une série ces dernières semaines, en partie répondu,
05:13alors oui, on peut commencer à envisager quelque chose.
05:16Si on ne répond pas clairement à cette question-là,
05:18on peut totalement abandonner tout type d'intervention en Ukraine ou ailleurs.
05:21Alors si c'est oui, ce que je crois quand même voir advenir dans les prochaines semaines,
05:27de toute façon, M. Trump ne nous a pas laissé le choix,
05:29alors à ce moment-là, il faudra établir, après cette représentation commune,
05:33en quelque sorte, des objectifs, et parmi ces objectifs,
05:36il y a bien évidemment, et ça a été très bien dit il y a un instant,
05:39celui de soutenir militairement l'Ukraine, soit la soutenir en guise de réassurance,
05:45comme on le dit depuis un certain temps, et notamment sur le cessez-le-feu
05:49qui aura lieu un jour ou l'autre, quelle que soit sa nature,
05:52je pense qu'il aura lieu assez rapidement, et là, dans le cadre de cet objectif,
05:56il faut bien évidemment adopter enfin, troisième point, une stratégie,
06:00vous me suivez bien, représentation, objectif, stratégie,
06:03on ne met pas la charrue avant les bœufs, et là, la stratégie,
06:06elle sera, me semble-t-il, très économico-industrielle,
06:09et il faudra enfin mutualiser un certain nombre de forces, d'opérations bien évidemment,
06:14mais surtout de construction en commun et d'achat en commun de matériel,
06:19et je dis juste d'un mot, aujourd'hui, le Royaume-Uni et la France
06:24sont les deux seules puissances de l'espace européen à avoir à la fois
06:28la représentation, la volonté, la capacité in extremis
06:32d'apparaître encore comme des puissances crédibles,
06:34j'attends de voir les premiers gestes concrets et sérieux de l'Allemagne,
06:38je dis j'attends parce que ces dernières années, on les a attendus longtemps,
06:42c'est même le moins qu'on puisse dire, et la coalition autour de Monsieur Merch,
06:46il n'est pas certain qu'elle le suive sur cet objectif de puissance européenne.
06:49Ils ont néanmoins voté ce bazooka budgétaire dont on a beaucoup parlé,
06:53nos voisins allemands, Frédéric Ancel, on a entendu Volodymyr Zelensky
06:57à l'issue de cette réunion, de ce sommet, se dire satisfait,
07:00néanmoins quand on regarde bien dans le détail, il est satisfait,
07:03mais il n'a pas eu toutes les réponses à ses questions.
07:06Oui c'est juste, d'ailleurs c'est fou parce que la deuxième partie de votre question
07:11rejoint la première, vous avez parlé de la loi Bazooka,
07:16mais très bien, formidable, les Allemands vont pouvoir débloquer beaucoup d'argent,
07:19pour acheter quoi ? Des F-35 ou des Rafales ?
07:22Je vais vous dire, une grande partie de la réponse à la question qu'on se pose
07:26sur l'Europe-puissance d'une part, sur la capacité d'être crédible
07:30vis-à-vis des Ukrainiens d'autre part, tient à ça.
07:32Je me permets de vous rappeler que le Portugal par exemple, il y a quelques jours de ça,
07:35a suspendu un accord d'achat de F-35 en attendant de voir quelle serait la politique américaine.
07:41Les Allemands ne l'ont pas fait ces derniers jours,
07:43alors ça c'est le premier point de votre question.
07:45Et le deuxième, M. Zelensky, oui, je pense qu'il peut être à bon droit relativement rassuré,
07:50sachant que si les Britanniques et les Français, a priori, continuent de tenir bon
07:58et de commencer à incarner ce que j'appelle de mes voeux européens et géopolitiques,
08:03d'ailleurs depuis des années, c'est-à-dire un noyau ou un premier moteur d'une Europe-puissance
08:08comme il y eut dans les années 50-60, un moteur franco-allemand,
08:12mais là il s'agissait de parler surtout d'économie.
08:14Donc tant que ce moteur Paris-Londres, enfin ce tandem Paris et Londres, tient bon
08:20et peut s'agréger des États comme la Pologne bien évidemment et quelques autres peut-être,
08:24autour, oui, je pense que M. Zelensky a de quoi être relativement optimiste.
08:28Frédéric Encel, vous restez avec nous.
08:30On voit cette Europe à plusieurs vitesses dans son soutien à l'Ukraine,
08:35parce qu'il y a aussi différentes appréhensions,
08:37enfin différentes façons d'appréhender la menace russe.
08:39Est-ce que les Français Bruno Cotteres ont conscience ou estiment
08:44que la Russie est une menace existentielle, comme l'ont dit certains responsables politiques ?
08:48C'est certain, c'est qu'il y a eu une très forte montée de ce sentiment,
08:52lié à la fois au bureau Oval, à la communication d'Emmanuel Macron,
08:57qui a vraiment jeté ce pavé dans la mare, la Russie est une menace.
09:02Et donc c'est vrai qu'on voit dans les enquêtes d'opinion
09:05que la prise de conscience de ça a considérablement augmenté.
09:08Ça ne veut pas dire nécessairement qu'il y a un soutien fort à l'idée d'envoyer des troupes.
09:13Le soutien à l'Ukraine, les dernières enquêtes d'opinion
09:16montrent qu'on est au-dessus de 60% de soutien,
09:19à l'idée qu'il faut continuer à soutenir parce que les Etats-Unis retireraient aussi leur soutien.
09:24Par contre, le soutien à des troupes pour garantir le cessez-le-feu est beaucoup plus faible,
09:29beaucoup plus faible dans l'opinion.
09:31Donc on voit qu'effectivement il y a peut-être aussi une autre dimension du sommet.
09:35Il y a eu une montée très importante de prise de conscience
09:40et aussi d'espoir de voir l'Union Européenne franchir cette étape.
09:44Il s'agit pour les Européens de ne pas laisser se souffler et redescendre
09:48avec aujourd'hui les Etats-Unis au premier plan
09:51qui sont les vrais négociateurs pour le moment.
09:54Donc pour les Européens, il s'agit aussi de manifester à leurs opinions
09:57qu'on continue de s'occuper de l'Ukraine.
09:59C'est une question d'opinion, c'est donc aussi une question très politique.
10:02Valérie Gass, on a vu Emmanuel Macron très actif ces derniers jours, ces dernières semaines, ces dernières heures.
10:06L'Elysée se vit comme l'endroit où ça se passe pour tenter de régler la question ukrainienne ?
10:13Incontestablement, Emmanuel Macron fait tout ce qu'il peut et veut jouer ce rôle-là.
10:18Il réécrit un peu l'histoire en disant
10:21« Regardez, tout ce que j'ai dit sur la défense européenne,
10:23la crise que l'on est en train de vivre me donne raison. »
10:27Donc oui, il s'est emparé un petit peu de ce leadership.
10:30Mais j'ai envie de dire que ce sommet, comme les étapes précédentes,
10:33montre qu'il n'y a peut-être pas un leader, mais deux leaders.
10:36Il y a Emmanuel Macron et il y a Keir Starmer.
10:38Parce qu'à chaque fois, on en revient sur un duo
10:40entre le président français et le chef du gouvernement anglais.
10:45Ils sont même missionnés tous les deux maintenant pour avancer, faire avancer les choses.
10:51Donc on a une Union européenne qui rallie la Grande-Bretagne, qui n'en fait plus partie.
10:55C'est une bonne nouvelle, parce que finalement, on revient sur une échelle européenne
10:59et une union sur certains intérêts avec la Grande-Bretagne.
11:05En effet, à l'Élysée, on a bien envie d'avoir ce rôle-là.
11:10Surtout que ça fait grimper Emmanuel Macron dans les enquêtes d'opinion.
11:13Il se porte bien mieux qu'il ne se portait il y a quelques semaines.
11:15Donc c'est plutôt tout bénef.
11:17Mais il y a une concurrence.
11:19Pour revenir sur la force de réassurance,
11:21est-ce que c'est trop tôt pour l'envisager ?
11:23Je dirais que pour l'envisager, peut-être pas.
11:25Et puis c'est aussi une manière de dire que l'Europe peut avoir un rôle
11:29dans les négociations qui se jouent.
11:31C'est-à-dire qu'ils vont avoir sur le terrain aussi quelque chose à faire.
11:34Donc ils ne sont pour l'instant pas à la table des négociations.
11:37Ça se passe entre les États-Unis, la Russie et un petit peu l'Ukraine.
11:41Et donc dire qu'ils vont être cette force qui va assurer, c'est symbolique.
11:45Ça montre aussi que la France et l'Europe veulent prendre en main leur défense
11:50et le montrer sur le terrain.
11:52La question c'est de savoir à quoi va servir cette force le jour où elle sera là.
11:56Et Volodymyr Zelensky voudrait bien que ce soit des forces combattantes.
11:59Ce n'est pas du tout l'idée.
12:01Une dernière question sur ce sujet, Frédéric Ancel, rapidement.
12:04Vous avez dit tout à l'heure que vous pensiez,
12:06que vous estimez qu'un cessez-le-feu pouvait être proche.
12:09Est-ce que vous nous le confirmez ?
12:11Et pourquoi vous pensez cela ?
12:13Oui, je le pense.
12:15Pour deux raisons.
12:16La première, elle est à la fois morale et géographique.
12:19Et elle remonte à plus de deux ans et demi.
12:21Notez bien, je suis sûr que vous l'avez noté,
12:23que depuis deux ans et demi, le front ne bouge quasiment plus.
12:26Alors à l'échelle évidemment de la région.
12:29Et vous savez, le grand géographe, mon maître en géopolitique, Yves Lacoste,
12:32disait dès 1975, la géographie ça sert d'abord à faire la guerre.
12:35Et la géographie est extrêmement difficile pour ces deux armées, par ailleurs épuisées.
12:40C'est pour ça que je parle aussi de morale.
12:42On a réellement des armées épuisées.
12:44On a des populations, des opinions publiques.
12:46Alors on le sait bien évidemment en Ukraine, parce que c'est une démocratie imparfaite,
12:49mais enfin c'en est une quand même.
12:50Mais on le sait également en Russie.
12:52Il y a beaucoup de difficultés pour ces deux régimes,
12:54que je ne mets pas moralement sur le même plan.
12:56Mais beaucoup de difficultés à aller chercher davantage de combattants.
13:00Ces populations, ces armées sont réellement épuisées.
13:03Et d'une part et d'autre part, il y a là une volonté,
13:06et là c'est ma deuxième réponse, elle est très politique,
13:09une volonté très implacable de Trump d'en finir avec cette guerre.
13:13Parce qu'il considère, et c'est un peu le nord de sa boussole en quelque sorte,
13:17le mercantilisme absolu.
13:18Il considère que cette guerre a déjà coûté trop cher aux États-Unis,
13:23que de toute façon, même s'il procède aux tropes qu'il a proposées,
13:27qu'il attendait d'imposer, avec beaucoup de vulgarité d'ailleurs, à Kiev.
13:31En réalité, il n'y a pas beaucoup de terres rares en Ukraine,
13:34et on ne sait pas du tout si ça sera absolument magnifique.
13:36Ce n'est pas un Eldorado, d'une part.
13:38Et enfin, d'autre part, M. Trump considère que le retour de bonnes relations
13:42économiques, voire énergétiques et technologiques,
13:45entre Washington et Moscou, peut lui rapporter beaucoup.
13:49Donc là, on a une volonté tout à fait déterminée,
13:53et je pense par ailleurs que M. Zelensky, lui,
13:55il n'aura pas le choix que d'accepter une forme de cessez-le-feu.
13:59Il se fait tordre le bras par les Américains,
14:01et M. Poutine aujourd'hui en fait beaucoup,
14:04mais en réalité, il a fondamentalement perdu il y a trois ans déjà...
14:09Merci Frédéric Ancel, restez avec nous,
14:12parce qu'on va parler tout à l'heure de Boilem Sansalle,
14:15donc vous restez avec nous.
14:16Vous restez avec nous, Adrien Brachet, je vous donne la parole dans un instant,
14:18mais on l'a entendu, il y a le Filinfo qui nous appelle,
14:20c'était Stéphane Milhomme, il est 20h17, on est en direct sur France Info.
14:24La justice n'a pas fini de cerner les suspects présumés
14:27de l'évasion meurtrière du narcotrafiquant Mohamed Amra,
14:30c'était en mai dernier, sur un péage de Normandie.
14:33Un homme a été interpellé en Thaïlande,
14:35il s'appelle Adonis Correa, il a 24 ans.
14:38Il faisait l'objet d'une notice rouge, émise par Interpol,
14:41recherchée notamment pour meurtre.
14:43Sept ans de prison à l'encontre de Nicolas Sarkozy
14:46et 300 000 euros d'amende, c'est ce que requiert le procureur financier
14:50dans le procès des soupçons de financement libyens
14:52dans sa campagne présidentielle de 2007.
14:55Prison requise aussi pour ses anciens ministres,
14:58Hortefeux, Guéant et Wörth,
14:59des peines d'un an à six ans et de fortes amendes.
15:03Ferrari annonce relever ses prix de vente aux Etats-Unis
15:06sur certains modèles, jusqu'à 10% le groupe automobile.
15:10Anticipe la mise en place des nouvelles taxes douanières de 25%,
15:14souhaitées d'hier par Donald Trump.
15:16Elles doivent rentrer en application dès le 2 avril,
15:19sauf nouveau rebondissement.
15:21Et puis la saison de ski alpin se termine,
15:23Michaela Schifrin remporte le slalom des finales,
15:25c'est la 101ème victoire en coupe du monde de la skieuse américaine.
15:28C'était sur les pistes de Sun Valley, aux Etats-Unis.
15:3720h, 21h, les informés,
15:40Agathe Lambret, Jean-René Baudot.
15:43Un retour sur le plateau des informés avec Etienne Girard de L'Express,
15:46Bruno Cotteres du Cevipof, Adrien Brachet du Point et Valérie Gasse de RFI.
15:51Agathe, on va parler de Boilem Sansal,
15:53condamné à 5 ans de prison ferme en Algérie.
15:555 ans de prison, notamment pour atteinte à l'intégrité du territoire algérien,
15:59une peine prononcée à l'issue d'un simulacre de procès.
16:02L'écrivain franco-algérien est incarcéré
16:04depuis novembre dans son pays natal.
16:07Une affaire qui divise la classe politique
16:09et qui cristallise les tensions entre Paris et Alger.
16:12Mais quelques petits signes d'apaisement sont apparus récemment,
16:16alors que le président algérien Abdelmajid Tebboune a déclaré
16:19il y a quelques jours que son unique point de repère, c'était le président Macron.
16:23Le chef de l'État, tout à l'heure, a dit s'en remettre aux autorités algériennes.
16:27Écoutez.
16:29Je souhaite vivement qu'après ce jugement,
16:34il puisse y avoir des décisions claires, je dirais humaines et humanitaires,
16:38par les plus hautes autorités algériennes,
16:40pour pouvoir lui redonner sa liberté.
16:43Je sais pouvoir compter sur à la fois le bon sens et l'humanité
16:48des autorités algériennes pour prendre une telle décision.
16:51En tout cas, je l'espère fortement.
16:54Voilà, on a écouté Emmanuel Macron.
16:56Adrien Brachet, est-ce que la France a, d'une manière ou d'une autre,
16:59un levier particulier pour faire changer d'avis l'Algérie dans le dossier des sans-salles ?
17:04Alors, c'est aussi, si vous voulez, les mystères de la diplomatie.
17:07C'est-à-dire qu'il y a plein de leviers aussi dont on n'a pas forcément connaissance
17:10et il y a des discussions qui ont lieu.
17:12La certitude, c'est que là, en effet, il y a dans les propos d'Emmanuel Macron
17:17une forme d'optimisme, mais il y a quand même un échec politique et diplomatique
17:21au fait que jusque-là, il n'y ait pas eu de libération de Boilem Sansalle.
17:26Puisqu'il a fait l'objet d'une arrestation arbitraire
17:29et qu'il est au fond victime de la surenchère autoritaire du régime algérien.
17:33Donc, il y a quand même eu ces derniers mois, sur ce dossier-là,
17:37un sentiment d'impuissance de la part de la France.
17:40Aussi parce que, en effet, cette incarcération intervient dans un moment
17:44d'une crise profonde avec l'Algérie, que ce soit sur la question du Sahara occidental,
17:48sur la question des expulsions de ressortissants que l'Algérie refuse.
17:53Donc, on est sur un dossier extrêmement complexe qui a pris cours sur des années.
17:57Donc, c'est ce qui complique aussi la situation.
18:01Et à la fois, Boilem Sansalle est aussi victime, si vous voulez,
18:04de cette surenchère du régime algérien qui en profite.
18:07Et ce qui, en effet, est peut-être un petit peu dommage,
18:10c'est qu'aujourd'hui, il n'y ait pas aussi dans la classe politique française
18:13peut-être une plus forte mobilisation sur ce sujet-là, une plus forte unanimité.
18:17Et je pense notamment aux propos du député socialiste Jérôme Getsch
18:20qui était interrogé dans Libération aujourd'hui,
18:23et qui a appelé la gauche à se saisir davantage de ce sujet
18:26en disant, nous sommes le camp de défense de la liberté d'expression.
18:29La gauche, c'est le camp, au fond, de la défense de l'universalisme,
18:33de la dignité intrinsèque de l'être humain.
18:35Donc, quelles qu'aient pu être les opinions de Boilem Sansalle,
18:38Jérôme Getsch dit, nous sommes le camp de la liberté d'expression,
18:42nous devons donc le défendre.
18:44Et si on veut éviter toute récupération, nous devons occuper le terrain.
18:48On va revenir sur ces divisions dans la classe politique en France,
18:51mais d'abord, Frédéric Ancel, géopolitologue, vous êtes toujours avec nous, merci.
18:56Condamné à 5 ans de prison ferme, Boilem Sansalle,
18:59c'est la France qui est visée à travers cette décision ?
19:02Il paye des relations excécrables entre Paris et Alger ?
19:05Oui, non seulement c'est la France, bien évidemment, qui est visée,
19:09mais c'est, ça a été très bien dit il y a un instant,
19:12la reconnaissance par la France, tout à fait logique, légitime,
19:16et même tardive d'ailleurs, de la souveraineté shérifienne marocaine
19:19sur le Sahara occidental.
19:21Et ça, on ne reviendra pas dessus, si vous voulez.
19:23J'ai l'habitude de dire que l'Algérie est un État indépendant
19:26et souverain depuis 1962.
19:28Il fait bien ce qu'il veut chez lui, malheureusement,
19:30je vous dis ça en tant qu'humaniste.
19:32La Charte des Nations Unies est très claire là-dessus,
19:34la sacro-sainte souveraineté, on ne revient pas dessus.
19:36Sauf qu'on oublie peut-être trop rapidement que la France aussi est un État souverain,
19:39et que nous avons tous les leviers, pour reprendre une très juste expression,
19:43qui est la vôtre il y a un instant, pour indiquer à l'Algérie
19:47qu'on ne se laisse pas faire, qu'on ne se laissera pas faire,
19:50surtout lorsqu'il s'agit de liberté d'expression,
19:52et à plus forte raison, d'un citoyen français.
19:55C'est la raison pour laquelle je pense qu'effectivement,
19:57comme ça a été très bien dit, et d'ailleurs défendu par,
20:00non seulement Jérôme Guedj, mais une partie importante du centre-gauche
20:04contre l'irresponsabilité absolue de l'extrême-gauche française d'aujourd'hui,
20:07qu'il faut absolument se mobiliser pour Boilen-Sensa,
20:10parce que sinon, de toute façon, nous perdrons sur les deux tableaux,
20:14à la fois sur le plan de crédibilité diplomatique,
20:16notamment avec des alliés comme le Maroc et d'autres pays,
20:20et nous perdrons surtout en termes de crédibilité morale,
20:23et ça je pense que ce n'est pas possible pour la France.
20:25Merci beaucoup Frédéric Ancel d'avoir participé aux Informer ce soir,
20:29je rappelle que vous êtes docteur en géopolitique,
20:31et que vous venez de publier « La guerre mondiale n'aura pas lieu » aux éditions Jacob.
20:38Etienne Girard, pourquoi on entend si peu la classe politique,
20:41et par ailleurs si peu la gauche, puisque c'est ce que mettait en avant tout à l'heure Adrien Brachet ?
20:45Oui, c'est plutôt la gauche, parce qu'on entend la droite,
20:48en réalité ce qui est contre-intuitif quand on parle de personnes opprimées,
20:53de liberté d'expression, comme ça a bien été dit par Adrien,
20:57parce que c'est l'Algérie, parce que c'est Boilen-Sensa,
21:00parce que c'est l'Algérie.
21:02La gauche, considérant que la droite a une obsession pour le dossier algérien,
21:07utilise l'Algérie comme un signal politique, électoraliste,
21:12en direction des franges les plus à droite de l'électorat.
21:18La gauche ne souhaite pas, est mal à l'aise à s'inscrire dans ce sillage,
21:24et est mal à l'aise depuis le début de la crise et du conflit entre la France et l'Algérie,
21:29pour avoir des mots qui expliquent que l'attitude de l'Algérie n'est pas acceptable.
21:35Et y compris d'ailleurs sur le dossier des laissés-passer consulaires et des OQTF,
21:40du fait que l'Algérie ne reprend pas ses ressortissants qui sont expulsés du territoire français.
21:46La gauche, depuis des années, est affonne sur cette question-là, sur le dossier algérien.
21:50Et par ailleurs, Boilen-Sensa, en plus il est poursuivi pour des propos,
21:55il est condamné notamment pour des propos dans un média d'extrême droite.
22:00Frontière, c'est vrai que Boilen-Sensa, ces dernières années,
22:04c'était quelque peu radicalisé sur le plan politique.
22:07Il appartenait plus vraiment, plus du tout même au camp de la gauche, ça c'est très clair.
22:12Et il y a aussi, du côté de la gauche, ce malaise assez qui revient
22:18à défendre des personnalités qui peuvent être de droite.
22:22Et ça, c'est, me semble-t-il, un problème.
22:25C'est-à-dire que quand on est de gauche, on devrait pouvoir, on devrait être voltairien,
22:29on devrait considérer qu'on peut ne pas penser pareil,
22:32mais qu'il est important de défendre, quand elles sont opprimées,
22:35des personnalités de droite et s'inscrire en faux contre des attitudes de dirigeants de pays
22:42qui peuvent être des pays du sud global.
22:44Il y a d'ailleurs peut-être un petit début d'évolution,
22:47puisqu'il y a quand même eu, dès cet après-midi, un communiqué très clair du Parti Socialiste
22:52et du groupe écologiste aussi à l'Assemblée sur cette question.
22:55Mais c'est vrai que mardi, au rassemblement qu'il y avait en soutien à Boalem Sansal,
22:59il y avait assez peu de personnalités de gauche.
23:01Je crois qu'il y avait Raphaël Glucksmann qui était là, Jérôme Getsch et Laurence Rossignol.
23:04Et justement, pourquoi assez peu de personnalités de gauche ?
23:07Il met mal à l'aise Boalem Sansal parce qu'il pourfend l'islamisme,
23:11il en a fait son cheval de bataille.
23:13Et il est aussi devenu, avec ce discours, une sorte de héros pour l'extrême droite.
23:18Il a aussi été récupéré.
23:20On voit que les réactions, de toutes parts, sont parfois un peu excessives
23:23via une récupération à l'extrême droite.
23:25Et il y a un malaise à l'extrême gauche.
23:27Mardi, il y avait un rassemblement de soutien pour Boalem Sansal.
23:30Quasiment tous les partis étaient présents, sauf la France insoumise.
23:33La France insoumise qui a aussi refusé de voter une résolution au Parlement européen
23:37qui réclamait la fin de la détention de Boalem Sansal.
23:42Sandrine Rousseau aussi s'était illustré, l'écologiste,
23:45elle avait appelé à sa libération,
23:48mais elle avait eu ces mots un peu étranges en disant...
23:52Elle avait trouvé ça scandaleux qu'il soit en prison
23:55en disant même si ce n'est pas un ange dans ses positions.
23:59Donc on voit que la défense de Boalem Sansal n'est pas évidente
24:03alors que ça devrait juste être la liberté d'expression
24:06et le fait que c'est un écrivain franco-algérien
24:09qui est emprisonné de façon totalement arbitraire
24:12uniquement pour délit d'opinion
24:14parce qu'il s'est permis de contester les frontières
24:19que Alger estime être ses frontières
24:22et qu'il n'a rien à faire en prison.
24:24Il y a néanmoins eu un communiqué de Mathilde Panot
24:29disant que le délit d'opinion ne devrait pas exister.
24:32Nous réclamons à nouveau sa libération immédiate.
24:34C'est ce qui s'est passé aujourd'hui.
24:36Valérie Gass, ce dossier est diplomatique.
24:39On comprend que l'Elysée aimerait bien pousser.
24:41Certains s'interrogent.
24:43Est-ce que l'activisme d'un Bruno Retailleau aide ou pas ?
24:48Quel est votre regard ?
24:50C'est vrai que l'activisme et la fermeté affichée par Bruno Retailleau
24:54sur le dossier des obligations de quitter le territoire
24:57et sur ces bisbis de je renvoie à un expulsé en Algérie
25:01et l'Algérie me le renvoie.
25:03Bruno Retailleau a incarné cet affrontement avec Paris.
25:07Il est vrai que depuis Emmanuel Macron a essayé de montrer
25:11que ça allait se jouer plus à son niveau
25:13en s'adressant au Président Tebboune qui lui répond.
25:17On voit que ça remonte d'un cran.
25:19Une forme de désaveu aussi sur ce qu'incarnait Bruno Retailleau
25:23dans cette histoire.
25:25On parle d'une visite du ministre des Affaires étrangères
25:28éventuellement en avril à Alger.
25:31Donc on voit que oui, la diplomatie reprend le dessus
25:34mais la diplomatie n'a pour l'instant rien obtenu non plus.
25:37La fermeté ou la ligne un peu provocatrice de Bruno Retailleau
25:42en tout cas dans l'affrontement avec Alger ça n'a pas fonctionné.
25:45En tout cas dans le cas de Boilem-Sensal et d'ailleurs dans le reste.
25:49Mais malgré tout la diplomatie ne fonctionne pas jusqu'à présent
25:52et on a quand même Boilem-Sensal qui aujourd'hui est condamné à 5 ans de prison.
25:56Alors certes on évoque l'hypothèse d'une grâce qui serait négociée.
26:00On l'imagine au plus haut niveau.
26:02Mais on a parlé de la fin du ramadan comme une opportunité de grâcier Boilem-Sensal.
26:07Puis maintenant on dit peut-être la fête nationale algérienne
26:09on reporte deux semaines et deux mois.
26:11Et en fait pour l'instant Boilem-Sensal est emprisonné,
26:13condamné à 5 ans de prison et la France a échoué.
26:16La fin du ramadan c'est en début de semaine prochaine.
26:19Effectivement on voit qu'il y a un petit réchauffement quand même
26:21au niveau des chefs d'État.
26:22D'ailleurs le président Tebboune a bien souligné
26:24que son interlocuteur c'était Emmanuel Macron.
26:26Et que sinon il fallait privilégier les canaux de discussion classiques.
26:29C'est-à-dire d'affaires étrangères à affaires étrangères.
26:32Une façon de dire que Bruno Retailleau,
26:34le ministre de l'Intérieur sur ce dossier,
26:36on lui demande de ne pas participer.
26:38Il est un peu hors-jeu.
26:40Mais c'est vrai que les mots d'Emmanuel Macron tout à l'heure,
26:42quand il dit dans un moment pareil,
26:44alors qu'un écrivain franco-asien est retenu de façon arbitraire,
26:47lui il parle du bon sens et de l'humanité des autorités algériennes.
26:51On est en langage vraiment diplomatique.
26:53Mais on peut peut-être se demander si Emmanuel Macron
26:55n'est pas au courant de quelque chose.
26:57C'est une issue positive et une libération prochaine.
26:59Allez les informés, on continue à se parler.
27:02Dans un instant on évoquera notamment
27:04les lourdes réquisitions du parquet contre Nicolas Sarkozy.
27:09On parlera aussi politique avec François Bayrou.
27:11Mais pour l'heure il est 20h30.
27:13Et à 20h30 c'est un nouveau journal.
27:21Bonsoir Benjamin Recouvreur.
27:22Bonsoir à tous.
27:23Habitués des procès, ce sont les réquisitions les plus lourdes.
27:25À son encontre, 7 ans de prison et 300 000 euros d'amende
27:28ont été requis contre Nicolas Sarkozy cet après-midi
27:31au procès du financement libyen.
27:33Présumé de sa campagne de 2007,
27:35le parquet national financier l'avait décrit
27:37comme le commanditaire d'un pacte de corruption indécent avec Muammar Gaddafi.
27:42L'ancien chef de l'État dénonce l'outrance des peines demandées
27:45et promet de continuer à se battre.
27:47Une nouvelle interpellation dans l'enquête sur l'évasion du narcotrafiquant Mohamed Amra.
27:51Un complice présumé a été arrêté en Thaïlande.
27:54Âgé de 24 ans, il faisait l'objet d'une notice rouge
27:57émise par Interpol recherchée pour meurtre, tentative de meurtre,
28:01évasion ou encore escroquerie en bande organisée.
28:04Des questions se posent encore selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky
28:08après le sommet d'une trentaine de pays alliés de l'Ukraine ce matin à Paris.
28:12Le président français Emmanuel Macron assure qu'une force de réassurance
28:16sera déployée après la guerre pour empêcher la Russie de réattaquer l'Ukraine.
28:20Après préparer le terrain, une équipe franco-britannique se rendra prochainement en Ukraine.
28:24C'est l'une des conséquences du changement climatique.
28:27La banquise de l'Arctique continue de reculer.
28:29Son pic cette année est le plus bas jamais enregistré depuis le début de la surveillance par satellite.
28:34C'est ce qu'annonce la NASA.
28:36Cela peut avoir pour conséquence notamment d'accélérer le réchauffement de la planète.
28:39Et puis la place de la Concorde à Paris va retrouver sa verdure d'antan.
28:43Le projet Lauréat a été désigné pour transformer la plus grande place de la capitale,
28:47celui de l'architecte Philippe Prost qui prévoit de réduire la place de la voiture
28:51deux tiers de zone piétonne et près de trois hectares d'espace vert.
29:04Deuxième grande partie de ces informés avec Étienne Girard,
29:06directeur adjoint de la rédaction de l'Express,
29:08Bruno Cotteres du Cevipof, enseignant à Sciences Po,
29:11Adrien Brachet, journaliste politique au Point
29:13et Valérie Gasse, chef du service politique de RFI.
29:16On va revenir sur peut-être ce coup de tonnerre politico-judiciaire
29:21aujourd'hui avec ces lourdes réquisitions du parquet national financier
29:24dans le procès du financement Libyen présumé de la campagne de Nicolas Sarkozy, Agathe.
29:29Oui, le parquet national financier qui a requis sept ans de prison,
29:32300 000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité contre Nicolas Sarkozy.
29:36C'est la plus lourde peine requise.
29:38Six ans de prison ont été requis contre Claude Guéant,
29:40trois contre Brice Hortefeux et un an contre Éric Wörth.
29:44L'ancienne garde rapprochée de l'ancien président.
29:47Nicolas Sarkozy contre lequel le réquisitoire est lourd.
29:51Selon le PNF, il est bien au cœur d'une association de malfaiteurs,
29:56voire le principal décisionnaire et commanditaire d'un pacte de corruption
30:01noué par ses proches avec l'ex-dictateur libyen,
30:04Mouammar Kadhafi, pour qu'il finance sa campagne présidentielle de 2007.
30:08Écoutez le journaliste de Mediapart, Fabrice Arfi,
30:11qui a enquêté sur ce financement libyen présumé.
30:15Je crois que quiconque qui a assisté à ce procès
30:18ne peut plus dire raisonnablement, de manière rationnelle aujourd'hui,
30:22que le dossier est vide.
30:23Au contraire, il est composé d'une montagne d'éléments objectifs,
30:27que ce soit des archives d'un agent de corruption,
30:30que ce soit les carnets manuscrits d'un ancien dignitaire libyen
30:34qui consignait dès 2007 des versements,
30:36que ce soit des mails, des notes, des écoutes téléphoniques,
30:39des notes des services de renseignement, des virements bancaires,
30:42de l'argent qu'on a retrouvé, des espèces qui ont été retirées,
30:45des espèces qui ont circulé entre les mains des uns et des autres.
30:49Il n'est pas raisonnable de dire que le dossier est vide.
30:51Nicolas Sarkozy qui lui clame son innocence
30:53et dénonce l'outrance de la peine réclamée.
30:56Etienne Girard, on va faire une rapide tour de table sur ce sujet,
30:58mais 7 ans de prison, c'est lourd comme réquisition ?
31:01C'est lourd, mais c'est exactement ce qui est prévu par la loi
31:04en cas d'association de malfaiteurs.
31:06Ce n'est pas un coup de tonnerre quand on regarde
31:09pour quel motif il est devant le tribunal
31:11et ce qui est prévu par la loi.
31:13Évidemment, on est sur le haut du haut du spectre
31:16de la gravité de l'association de malfaiteurs
31:18en termes symboliques, en termes de transgression dans cette affaire.
31:23C'est une équipe qui est jugée en ce moment
31:27et dans cette équipe, il y a beaucoup d'acteurs
31:30sur lesquels le doute est très ténu.
31:35Il y a de l'argent libyen qui circule,
31:39ça on le sait, c'est attesté.
31:41Il y a des virements bancaires,
31:42il y a des intermédiaires attestés
31:44qui sont Ziad Takiedine et Alexandre Djouri.
31:48De la même façon, il y a des éléments bancaires
31:52et il y a des bénéficiaires.
31:54Il y a notamment Claude Guéant,
31:55qui était le plus proche collaborateur de Nicolas Sarkozy.
31:58Ça c'est ce qu'ont trouvé les enquêteurs
32:00et ce qui est jugé en ce moment.
32:02La question demeure, est-ce que Nicolas Sarkozy
32:05pouvait être extérieur à toute cette organisation
32:09visant à faire transiter de l'argent libyen
32:12vers des responsables politiques français ?
32:15Il n'y a pas de preuves matérielles incontestables.
32:18Ça c'est vrai, mais il y a une forme de faisceau d'indice,
32:22de pièce à conviction, de montagne d'éléments
32:26qui fait que oui, c'est une construction intellectuelle,
32:30mais une construction intellectuelle
32:32qui apparaît rationnelle aujourd'hui
32:34au parquet national financier,
32:36qui fait que le commanditaire pouvait difficilement,
32:39et je conseille aux auditeurs
32:43de lire tout ce qu'ils peuvent sur l'affaire
32:45pour bien essayer de comprendre de quoi ils retournent.
32:47Parce que c'est compliqué.
32:48Elle est très complexe,
32:49mais il est rationnel de dire que le commanditaire
32:52pouvait difficilement être quelqu'un d'autre
32:54que Nicolas Sarkozy.
32:55Brunon Cotteret, ça fait des ravages,
32:57ce genre d'enquête et d'affaires ?
33:02J'ai été regarder le classement de popularité
33:05de Nicolas Sarkozy dans des récentes enquêtes d'opinion.
33:08Si on regarde par exemple chez lui,
33:11chez Les Républicains,
33:13il continue d'être dans les dix personnalités
33:16politiques préférées,
33:17mais il a quand même chuté,
33:18il est quelque part autour du numéro 7.
33:20Il continue d'être dans les dix personnalités préférées,
33:23des sympathisants du RN,
33:24mais maintenant il est numéro 10,
33:25donc il n'est pas loin de sortir du top 10.
33:28Donc on voit que son étoile va palir un peu, évidemment.
33:31Mais c'est un peu ambigu, d'une part,
33:33pour l'opinion, c'est un ancien chef d'État.
33:35Donc quand même, l'opinion est assez marquée
33:38par le fait qu'il a servi son pays,
33:41il a des choses à se reprocher,
33:42mais il a servi son pays.
33:44Et une deuxième dimension pour l'opinion,
33:46c'est qu'au fond, l'opinion,
33:47c'est quand même pas mal habitué
33:48à voir Nicolas Sarkozy devant les tribunaux,
33:51d'une certaine manière, pour l'opinion.
33:52Oui, ce n'est pas la première affaire.
33:53Le cinquième procès en cinq ans.
33:56Si Nicolas Sarkozy n'avait pas affaire aux juges,
33:59aux tribunaux, on pourrait dire
34:01que ce n'est pas notre Sarko national.
34:03Voilà, on s'est habitué à ça.
34:04Donc il y a une forme d'accoutumance de l'opinion.
34:07Et puis, il y a quand même une troisième dimension
34:09qui est que là, quand même, c'est l'accumulation.
34:11Il est sous le bracelet, maintenant,
34:15pour une peine qui a été prononcée précédemment.
34:18Si jamais il était condamné
34:20au terme des réquisitions très dures,
34:22effectivement, qu'a prononcé le procureur,
34:25c'est vrai que là, ça porterait une ombre
34:27parce que là, ça a à voir directement
34:28avec une campagne présidentielle,
34:30c'est-à-dire le moyen démocratique
34:33qu'en a fait un président de la République.
34:35Pourrait-on avoir eu un président de la République
34:37dont la campagne électorale
34:39eût été financée par une puissance étrangère
34:43qui puisait pas vraiment démocratique ?
34:45Donc voilà, je pense que du point de vue
34:47de la gestion de l'opinion,
34:48on va être dans quelque chose
34:49qui va être un peu compliqué,
34:51mais qui, sans aucun doute,
34:52parmi toutes les affaires
34:54auxquelles Nicolas Sarkozy a été exposé,
34:56pourrait être celle
34:57qui lui porte un peu préjudice
34:58parce que ça a à voir directement
35:00avec le mécanisme électoral
35:02qu'il a élu président de la République.
35:04Bon, on rappelle que ce sont des réquisitions
35:06que maintenant, ces avocats vont le défendre.
35:08Nicolas Sarkozy et qu'évidemment...
35:10Un mot, Valéria ?
35:12Oui, c'est réquisition.
35:14Et comme le disait Étienne,
35:16il y a une équipe
35:17et c'est le chef d'équipe
35:18qui a eu la réquisition la plus dure.
35:21Sept ans de prison, c'est quand même pas rien.
35:23Je ne connais pas sur les peines
35:25et le fond d'affaires.
35:27Et c'est vrai que c'est...
35:29Nicolas Sarkozy dit
35:30qu'il n'y a pas de preuves matérielles.
35:32Néanmoins, il y a une force du symbole.
35:34C'est l'ancien président de la République
35:36contre lequel on requiert
35:38la peine la plus importante.
35:40Même que Claude Guéant,
35:41sur lequel je ne connais pas assez bien le fond,
35:43mais il y a quand même plus d'éléments
35:46probants sur ce qu'il a pu faire,
35:48recevoir, être...
35:50Et donc, on voit qu'un ancien président de la République
35:53contre lequel,
35:55qui arrive au procès avec son bracelet électronique
35:57de l'affaire précédente,
35:58contre lequel on requiert sept ans de prison,
36:00c'est quand même pas rien.
36:02Bon, évidemment, on suivra ce procès.
36:05On y reviendra évidemment largement
36:06sur l'antenne de France Info.
36:08Mais passons à notre dernier débat ce soir.
36:10François Bayrou, de plus en plus intranquille
36:13parle-t-on de censure, Agathe ?
36:15Eh oui, c'est ça, la menace d'une motion de censure
36:18qui refait surface.
36:19Depuis quelques jours,
36:20les gauches et le RN agitent à nouveau l'épouvantail.
36:23Alors, pour le RN,
36:25le nouvel argument, c'est la stratégie énergétique
36:28du chef du gouvernement
36:30qui ne convient pas.
36:32Et pour les gauches,
36:33eh bien, tout est parti du fait que
36:35François Bayrou a fermé la porte au retour
36:37à la retraite à 62 ans.
36:39Mais alors que le patron du Parti Socialiste,
36:41Olivier Faure, agit clairement le coup près,
36:45l'ancien président François Hollande, lui,
36:47temporise.
36:48Écoutez, c'était sur France 2.
36:50Il s'est exprimé, à mon avis, maladroitement.
36:53Parce qu'on ne peut pas ouvrir une négociation
36:56et puis donner l'impression de la fermer.
36:58Donc, il y avait une négociation.
37:01Elle est encore là.
37:03Les syndicats, le patronat sont présents à la table.
37:06Eh bien, il faut attendre que cette négociation
37:08puisse aboutir.
37:09Et je pense qu'il faut lui donner cette chance
37:11à cette négociation.
37:12Et donc, il n'y a pas besoin aujourd'hui
37:14de dire censure.
37:15Il y a besoin de dire, ça c'est le gouvernement.
37:17Laissons les partenaires sociaux discuter.
37:20Et pour ce qui est de l'opposition,
37:22attendons de voir ce qu'il en ressort
37:24et nous prendrons la décision qui convient.
37:26François Bayrou doit-il prendre la menace
37:28de la censure au sérieux ?
37:30Pourquoi la gauche et le RN
37:32la brandissent-ils à nouveau aujourd'hui ?
37:34François Bayrou, qui vient passer 100 jours
37:36à Matignon, est-ce qu'il ira beaucoup plus loin
37:38que ça à Dernier Brachet ?
37:40On verra, mais en tout cas, les nuages
37:42commencent à se faire nombreux autour de lui.
37:44A la fois, du côté du RN,
37:46on l'a vu sur la question de l'énergie
37:48et notamment parce qu'il va y avoir
37:50le verdict du procès
37:52des assistants parlementaires
37:54la semaine prochaine.
37:55Donc, il peut avoir une incidence
37:56dans la stratégie politique du RN.
37:57Du côté de la gauche,
37:59on l'a vu sur la question du conclave,
38:00même si les socialistes sont encore partagés
38:02sur ce qu'ils veulent faire.
38:03Ils constatent quand même une relation
38:05qui s'est très dégradée avec François Bayrou
38:07et ils lui en veulent en effet énormément
38:09pour ses déclarations sur le conclave.
38:12Une chose très déterminante à gauche,
38:14ce sera la position de la CFDT,
38:15c'est-à-dire que tant que la CFDT reste dans le conclave,
38:17ça va être un argument pour une partie
38:19des socialistes pour dire qu'il ne faut pas
38:22y mettre un terme tout de suite.
38:23Donc, il y a quand même cet enjeu-là
38:24qui sera très important à regarder.
38:26Et la dernière chose,
38:27alors là on est moins dans la censure,
38:28on est quand même dans l'affaiblissement,
38:30c'est que François Bayrou a aussi
38:32des attaques qui viennent de son propre camp,
38:34de ce qu'on a appelé,
38:35qu'on appelle encore un peu le socle commun.
38:37Je pense notamment à Édouard Philippe
38:39qui a dénoncé récemment une forme d'immobilisme
38:42sur le plan intérieur en France.
38:44Donc à la fois dans ses oppositions
38:46et au sein de son camp,
38:48François Bayrou semble particulièrement affaibli,
38:51même si pour l'instant,
38:53tout est encore possible.
38:55Bruno Cotteres ?
38:57Il est fragilisé,
38:58on voit les classements de popularité,
39:00la cote de confiance qui s'est
39:02quand même pas mal diminuée,
39:04autour de 30%,
39:05c'est quand même très bas.
39:07Il est fragilisé parce qu'au fond,
39:09le Président de la République
39:11a repris la lumière sur le dossier international.
39:13Et à travers le dossier international,
39:15le Président de la République est revenu dans le jeu
39:17de la politique nationale,
39:19sur les arbitrages budgétaires
39:20qu'il va falloir faire notamment.
39:22Donc François Bayrou a du mal à imprimer,
39:25en ce moment je trouve,
39:27à imposer sa marque de fabrique.
39:28Et c'est vrai que la réussite ou l'échec
39:30du conclave sera un point absolument capital,
39:33puisque c'est lui qui l'a proposé,
39:35c'était son invention à lui.
39:37Il a beaucoup misé quand il a dealé
39:40avec les socialistes sur ce conclave
39:42autour de la question des retraites.
39:44Donc si ça ne débouche sur rien,
39:46et effectivement je rejoins ce qui vient d'être dit,
39:48le rôle de la CFDT de ce point de vue-là
39:49est très très très important,
39:51mais si ça ne débouchait sur rien,
39:52ou sur des frustrations,
39:54François Bayrou serait clairement en échec.
39:56Et le Rassemblement National, Valérie Gasse,
39:59pourquoi Marine Le Pen brandit à nouveau
40:01cette menace de la censure aujourd'hui ?
40:03J'ai envie de dire, le Rassemblement National
40:05et les socialistes pour d'autres raisons,
40:07c'est parce qu'il y a un moment où il faut exister.
40:09Il faut agiter de nouveau cette menace de la censure.
40:13Alors c'est vrai qu'il y a le jugement
40:15dans l'affaire des assistants parlementaires
40:17qui doit intervenir lundi prochain
40:19et qui pourrait condamner Marine Le Pen
40:21à une peine d'inéligibilité.
40:24Et donc ça remettrait en cause son avenir politique.
40:27Et donc c'est le moment de dire,
40:29on existe encore, on a encore des moyens de pression.
40:32Après, est-ce qu'il y a un véritable intérêt
40:34au Rassemblement National
40:36à faire tomber le gouvernement
40:38de François Bayrou rapidement ?
40:39Ce n'est pas sûr.
40:40Quant aux socialistes,
40:41ils ont un congrès dans deux mois.
40:43Ils sont aussi en pleine campagne électorale interne.
40:46Donc il est bon de rappeler
40:48qu'on n'est pas comme ça
40:50pieds et poings liés avec le gouvernement
40:52et qu'on est encore dans l'opposition.
40:54Il y a quand même un peu de posture.
40:56Mais c'est vrai que François Bayrou
40:58a, comme disait Bruno Cotterest,
41:00du mal à imprimer sa marque,
41:02à exister.
41:03Et donc, de fait, il est affaibli.
41:05Ça prend un peu plus de valeur,
41:07toutes ces menaces.
41:08Mais si Marine Le Pen est condamnée lundi,
41:10ça pourrait changer la stratégie du RN
41:11par rapport à François Bayrou ?
41:13Oui, probablement.
41:15S'il y a de très mauvaises nouvelles judiciaires
41:17du côté du RN lundi,
41:19il y aura une volonté de la part du RN
41:21à la fois très stratégiquement,
41:24politiquement et un peu irrationnellement
41:28de façon à dire
41:30on pèse dans le système.
41:32Il y aura une volonté de reprendre la main,
41:34de mettre un autre sujet sur la table
41:37qu'on ne parle pas pendant des jours et des jours
41:39de l'affaire des emplois fictifs du RN.
41:42Et quand on est embêté par une affaire,
41:44il vaut mieux créer une autre affaire
41:46et créer un autre débat
41:48dans la conversation publique.
41:50Donc oui, il y aura un intérêt objectif
41:52à ce moment-là pour le RN
41:54d'appuyer sur un bouton qu'il ne souhaitait pas
41:56actionner jusque-là.
41:58Pareil pour la gauche
42:00qui pourra réexister.
42:01On est 100% dans une affaire de posture
42:03et dans le vieil adage
42:05quand on veut abattre son chien,
42:07on dit qu'il a la rage parce qu'il ne s'est rien passé
42:09politiquement, qu'il ne s'était pas passé
42:11il y a quelques mois quand le Parti Socialiste
42:13ne voulait plus, ne voulait pas
42:15à ce moment-là censurer.
42:17En revanche, on entre dans un moment
42:19où une date fatidique se rapproche.
42:22C'est la date fatidique de fin juin
42:24après quoi Emmanuel Macron
42:27pourra de nouveau
42:29dissoudre l'Assemblée Nationale.
42:31Donc dans les groupes politiques
42:33du côté du RN, comme du côté du PS
42:35comme du côté d'autres groupes de gauche
42:37il y a l'idée que si on veut renverser
42:39le Premier Ministre, c'est bien, c'est malin
42:41de le faire avant juin
42:43parce qu'on embêtera vraiment Emmanuel Macron
42:45qui ne pourra pas dissoudre
42:47et donc pendant des jours on va encore
42:49se retrouver dans une situation de gouvernement des missionnaires
42:51qui sans doute pour le pays
42:53est une mauvaise nouvelle, mais pour l'opposition
42:55une façon d'affaiblir Emmanuel Macron
42:57et l'exécutive.
42:58Bon les informés, on se retrouve dans un instant
43:00pour notre dernière séquence, cette nouvelle séquence
43:02des cartes blanches, désormais très attendue
43:04il est 20h46, on fait un nouveau tour
43:06de l'actualité avec Stéphane Milhomme.
43:08Le Premier Ministre canadien assure
43:10que le temps de la coopération étroite
43:12avec les Etats-Unis est terminé.
43:14Marc Carnet le déclare 24h
43:16après l'annonce de l'instauration
43:18de droits de douane de 25%
43:20sur les automobiles importés aux USA.
43:22Il dénonce une attaque directe
43:24sur le Canada et entend le dire
43:26à Donald Trump d'ici deux
43:28ou trois jours. La Russie dénonce
43:30ce qu'elle appelle la militarisation
43:32de Mayotte et accuse la France
43:34de contrôler illégalement cet archipel
43:36de l'océan Indien. La France annonçait
43:38récemment un renforcement de sa présence militaire
43:40dans ce 101ème département.
43:42Réponse du ministre des Outre-mer
43:44Manuel Valls, la Russie cherche
43:46et cherchera à nuire aux intérêts
43:48français partout.
43:50C'est au tour de Monaco
43:52d'affronter depuis une demi-heure le leader
43:54de relique de basket, l'Olympiacos.
43:56Avantage aux Lyonnais, 23 à 20.
43:58Un autre match et le score est de 34
44:00à 28 pour Lyon, ville urbaine,
44:02après déjà deux cartons face cette fois
44:04aux Lituaniens de Kaunas
44:06dans le cadre de la 32ème journée.
44:08Et puis la NBA, ligue américaine de basket
44:10va explorer la création d'une ligue professionnelle
44:12en Europe avec la Fédération
44:14Internationale de Basket, conférence
44:16de presse il y a quelques minutes à New York
44:18au moment où de nombreux Européens brillent
44:20outre-Atlantique, à commencer par le français
44:22Victor Wembañama.
44:26France Info
44:2820h, 21h
44:30Les Informés
44:32Agathe Lambret, Jean-René Baudot
44:34C'est la dernière partie des Informés
44:36avec Valérie Gasse de RFI, avec Adrien
44:38Brèche et Dupont, avec Bruno Cotteres
44:40politologue, enseignant à Sciences Po
44:42et avec Étienne Girard de
44:44L'Express. Agathe, dernière séquence
44:46les cartes blanches. Et oui, chaque Informé
44:48choisit un sujet, un mot
44:50ou une photo qu'il a interpellé. On
44:52commence avec vous, Adrien Brèche
44:54vous nous parlez d'un MeToo un peu particulier.
44:56Oui, et d'un témoignage assez
44:58bouleversant qui est celui de Nicolas Demorand
45:00donc le co-présentateur de la matinale de
45:02France Inter, qui publie un livre,
45:04Intérieure Nuit cette semaine, et qui se confie longuement
45:06au point
45:08sur sa bipolarité
45:10et tous les symptômes qu'il traverse depuis des
45:12années. Et il appelle en effet
45:14un MeToo de la maladie mentale
45:16et lui-même a une phrase très forte que nous avons mise
45:18d'ailleurs en une du point, il dit
45:20je suis un malade mental. Et il dit
45:22je ne veux pas utiliser de périphrase
45:24pour désigner ce dont je vis
45:26ce que je vis, pour casser
45:28le mur de la honte, pour sortir du
45:30tabou autour de la maladie mentale. Et donc c'est
45:32extrêmement fort. Le MeToo de la maladie mentale, ça veut dire qu'il appelle
45:34à une sorte de coming out ?
45:36Un moi aussi, sans
45:38honte et sans périphrase. Alors bien sûr
45:40dans la mesure où chacun
45:42est prêt ou non à le faire
45:44mais il y a vraiment cette idée de briser le tabou
45:46de la stigmatisation.
45:48Je lis ces mots, il dit pendant des années
45:50j'ai eu honte, moi aussi je rasais
45:52les murs, j'avais peur du regard
45:54posé sur moi. Aujourd'hui je veux
45:56parler parce que j'ai eu trop longtemps
45:58l'impression de suffoquer en silence
46:00et je voudrais dire à tous ceux qui
46:02souffrent qu'il est possible de parler
46:04crever en silence n'est pas
46:06un destin. Donc c'est extrêmement poignant
46:08et c'est aussi un appel à
46:10ressaisir la question
46:12notamment des services de psychiatrie
46:14en France aussi qui sont très souvent
46:16délaissés. Il y a un délaissement de l'état
46:18de ces services là. Il y a
46:20chaque jour des jeunes adolescents
46:22qui font des tentatives de suicide et qui
46:24ne peuvent pas être hospitalisés parce qu'il n'y a pas de place
46:26dans les hôpitaux. Donc il y a aussi à la fois
46:28l'aspect de casser le mur de la honte et à la fois
46:30relancer toutes les politiques publiques
46:32autour de cette question.
46:34Je crois que c'est 2 à 3% de la population
46:36qui est bipolaire.
46:38Etienne Girard, on voit bien que la question
46:40de la psychiatrie,
46:42la question de la santé mentale en France
46:44on dit souvent c'est le parent pauvre mais c'est une réalité.
46:46Oui absolument. Il y a un manque
46:48de moyens extrêmement criant.
46:50Tous les médecins et tous les
46:52patients vous le diront.
46:54Il y a eu une volonté de la part du
46:56gouvernement, ça a été la grande cause
46:58de l'année passée, de faire de cette
47:00question quelque chose de
47:02primordial dans les
47:04politiques publiques qui sont menées. Il faudra
47:06un peu de temps pour observer
47:08s'il y a un vrai changement d'échelle dans la
47:10prise en charge des patients qui sont
47:12de plus en plus nombreux et
47:14de plus en plus nombreux notamment
47:16dans les jeunes générations.
47:18Chez les adolescents, il y a eu
47:20une explosion du nombre de
47:22consultations pour troubles mentaux
47:24qui est peut-être autant due
47:26à l'explosion du phénomène qu'au fait qu'avant
47:28on n'osait pas consulter et aujourd'hui
47:30et ça ce serait peut-être quelque chose
47:32de positif, on ose davantage
47:34c'est moins tabou qu'avant, on ose davantage
47:36consulter. Mais c'est surtout, moi je trouve
47:38remarquable que Nicolas Demorand
47:40assume
47:42sa maladie et qu'il le dise
47:44tout haut et quel exemple parce que
47:46c'est vrai que c'est tellement tabou
47:48et quand on a ce genre de trouble
47:50on a honte, on s'écrase
47:52et après les gens peuvent penser
47:54c'est pas
47:56pour rien qu'on dit parfois il est fou celui-là
47:58comme si forcément c'était
48:00un stigmate
48:02monstrueux, honteux
48:04et quel exemple de montrer qu'on peut avoir
48:06aussi ce genre de maladie et faire
48:08une très grande carrière et être
48:10totalement inséré dans la société
48:12tout en ayant une petite
48:14différence mais je trouve ça très beau
48:16et c'est vrai que ce serait bien
48:18qu'on témoigne davantage
48:20et qu'on puisse ainsi mieux soutenir
48:22les personnes qui sont touchées.
48:24Et on rappelle que c'était la une du point
48:26ce témoignage de Nicolas Demorand
48:28Il y a à la fois un entretien de
48:30Marito Ragnon et Christophe Onodibio
48:32et aussi des extraits exclusifs de son livre.
48:34Merci beaucoup Adrien.
48:36Valérie Gass, vous nous parlez ce soir
48:38des diabolisations.
48:40Oui, avec le déplacement
48:42le voyage de Jordane Bardella
48:44en Israël, c'est vrai que comme ça
48:46ça paraît assez hallucinant
48:48de savoir que le président du Rassemblement National
48:50le parti héritier
48:52du Front National de Jean-Marie Le Pen
48:54est invité par le gouvernement
48:56israélien à participer
48:58à une conférence sur l'antisémitisme
49:00et c'est vrai que ça fait
49:02deux jours que Jordane Bardella
49:04est en Israël, accompagnée par un ministre
49:06et que finalement
49:08ça participe à cette opération
49:10c'est comme le stade ultime
49:12en effet de l'opération de dédiabolisation
49:14engagée par Marine Le Pen
49:16montrer que pour ce parti
49:18la page de l'antisémitisme
49:20serait tournée. Alors réalité
49:22ou pas
49:24c'est vrai que ça renvoie cette image
49:26et ça montre que sur la scène nationale
49:28française aussi
49:30le Rassemblement National n'est plus
49:32le parti antisémite, c'est maintenant
49:34la France Insoumise qui est accusée d'être
49:36le parti qui
49:38s'en prend aux Juifs
49:40et donc on a une espèce
49:42d'inversion des valeurs
49:44en quelque sorte. C'est la Jean-Marie Le Penisation
49:46de Jean-Luc Mélenchon. Exactement
49:48c'est le parti
49:50du Rassemblement National qui va même plus loin maintenant
49:52parce que ce déplacement en Israël
49:54c'est bien sûr un enjeu de politique intérieure
49:56c'est montrer
49:58concrétiser que l'ERN
50:00est en effet ce parti qui défend
50:02la communauté juive, ce qu'il revendique
50:04en pourfendant l'islamisme
50:06et donc on a Jordan Bardella
50:08qui a été montrer
50:10ça in situ à l'invitation
50:12du gouvernement israélien
50:14et c'est vrai que c'est un peu
50:16perturbant et
50:18de voir que, bon il a quand même été
50:20interrogé assez régulièrement
50:22durant ce déplacement
50:24sur cet antisémitisme et cet héritage
50:26antisémite. D'ailleurs lui-même avait un peu
50:28cafouillé sur Jean-Marie Le Pen disant qu'il ne croyait
50:30pas qu'il était antisémite, ça lui avait été
50:32beaucoup reproché. Mais là il a une formule
50:34un peu d'esquive en disant que je ne fais pas de la politique
50:36en regardant dans le rétroviseur. Donc
50:38le passé est renvoyé aux oubliettes
50:40et l'ERN nouveau est incarné
50:42par Jordan Bardella mais pas par Marine Le Pen
50:44c'est pas Marine Le Pen qui a été quand même invitée
50:46par les Israéliens. C'est vrai qu'elle n'a pas été invitée mais malgré tout
50:48c'est un ministre très très très
50:50à droite du gouvernement israélien qui a invité
50:52Jordan Bardella et c'est sa décision, c'est le gouvernement
50:54israélien très controversé
50:56qui invite Jordan Bardella et ça n'est pas
50:58du tout représentatif de la position
51:00des institutions juives de France pour qui
51:02le Rassemblement National et la France Insoumise
51:04sont personnels ingratas et il est hors de
51:06question de normaliser les relations
51:08avec ces parties. Et y compris pour
51:10une partie de l'opinion israélienne aussi et de certaines
51:12personnalités israéliennes aussi qui ont protesté.
51:14Et d'ailleurs il y a eu beaucoup de défections
51:16à cette conférence. Il y a eu des désistements sur la conférence
51:18Bernard-Henri Lévy notamment.
51:20Bernard-Henri Lévy a refusé d'y aller.
51:22Donc c'est controversé mais c'est
51:24vrai que ça renvoie une autre image de ce parti
51:26et ça pose question.
51:28Merci Valérie Gass et on passe maintenant
51:30à la carte blanche de Bruno Cotteres.
51:32Vous c'est un nombre, 26%.
51:34Oui effectivement ça ne surprendra
51:36personne. Je vais citer une enquête d'opinion.
51:38Une très belle enquête d'opinion qui vient d'être publiée
51:40par l'IFOP pour une agence de communication
51:42qui s'appelle NOCOM qui est l'agence de Pierre
51:44Giacometti, ancien sondeur.
51:46Et effectivement 26%.
51:48On est tombé à 26%
51:50de personnes qui sont optimistes
51:52sur l'avenir du pays. Dans cette enquête
51:54d'opinion qui est un baromètre qui suit depuis 2017
51:56par rapport au point de départ
51:582017 qui était 52%.
52:00Donc divisé par deux
52:02exactement le nombre de personnes qui se déclarent
52:04optimistes sur l'avenir du pays.
52:06Ça parait absolument incroyable. Ça confirme d'ailleurs
52:08les autres enquêtes, celles dont on s'occupe
52:10au CIVIPOV sur la confiance des
52:12Français. C'est confirmé très largement.
52:14Les mêmes données qui vont dans le même sens
52:16c'est-à-dire un pays qui semble à la fois
52:18totalement déboussolé, perdu
52:20qui a le sentiment que rien n'a avancé
52:22avec une vision
52:24très sombre, une vision extrêmement sombre
52:26sans aucun doute un regard rétrospectif
52:28qui apparaît dans l'enquête
52:30très, on va dire, au minimum
52:32dubitative voire assez négative sur la
52:34grande transformation qu'avait voulu
52:36enclencher Emmanuel Macron en 2017.
52:38Le sentiment que ça doit continuer
52:40dans le même sens que la grande
52:42transformation initiée par Emmanuel Macron
52:44en 2017, il est tombé à 11%
52:46aujourd'hui qui disent oui, il faut continuer
52:48de la même manière. Et puis on a les
52:50deux tiers de cette enquête qui disent non, non, il faut
52:52complètement changer. Donc on
52:54retrouve là des éléments très importants
52:56de ce syndrome français, le pessimisme,
52:58le sentiment d'être dans
53:00une transformation du monde auquel
53:02on ne comprend pas grand chose et auquel les élites
53:04ont du mal à répondre. J'aimerais savoir,
53:06vous êtes quatre informés, il y en a forcément un de vous
53:08qui est optimiste.
53:10Qui est optimiste ?
53:12Peut-être Étienne Girard, parce qu'elle a
53:14une de l'Express.
53:16Elle a une de l'Express. On parle d'allons-y.
53:18Je ne sais pas si ça surprendra,
53:20mais on parle d'un secret,
53:22un grand secret lié au football
53:24français, c'est qu'il n'y a plus d'argent.
53:26Il n'y a plus d'argent dans les caisses, tous les clubs sont
53:28ruinés derrière le PSG.
53:30De ce fait, depuis trois ans, très
53:32discrètement, il y a un certain nombre de personnalités
53:34qui essayent de sauver
53:36le football français, d'aller chercher de l'argent.
53:38Emmanuel Macron s'en est mêlé.
53:40Il y a eu Nicolas Sarkozy qui s'est penché
53:42sur le dossier. Il a un rôle assez
53:44ambigu du PSG
53:46et du Qatar. Je laisserai les lecteurs
53:48et les auditeurs le découvrir.
53:50Et puis, il y avait
53:52un revanchard, le comte de Montecristo
53:54du foot français,
53:56c'est Vincent Bolloré. Il a été
53:58dupé, il a perdu les droits en 2018,
54:00il les a reperdus en
54:022021 et il a juré ce jour-là
54:04« Je me vengerai du football
54:06français ». Il l'a fait
54:08et aujourd'hui, il est prêt
54:10à racheter le football français
54:12à la découpe, au moins cher,
54:14à la baisse.
54:16Le problème, c'est que derrière tout ça,
54:18il y a des clubs qui pourraient pérécliter,
54:20soit finir
54:22en faillite, soit devoir
54:24être vendus. Ça se sait pas tellement,
54:26mais il y a déjà 60% des clubs français
54:28qui aujourd'hui appartiennent à des
54:30entreprises étrangères. Demain,
54:32ça pourrait être 80-90%.
54:34Merci beaucoup et ça nous permet,
54:36Étienne Girard, de parler de la une de L'Express,
54:38à trouver dans tous les bons kiosques, j'imagine ?
54:40Absolument, dans tous les meilleurs kiosques,
54:42c'est « La et les guerres secrètes
54:44du foot français ». Adrien Braché,
54:46Le Point, on a aussi vu cette une,
54:48avec, redites-nous ? Entretien exclusif
54:50avec Nicolas Demorand,
54:52des extraits de son livre,
54:54un témoignage très fort et tout un dossier sur comment
54:56faire sauter le tabou de la maladie
54:58mentale. Bruno Cotteres, merci beaucoup.
55:00Alain Nussi-Lipoff cette semaine ? Oui, un très beau papier d'un
55:02jeune chercheur, Arnaud Miranda, qui nous a fait
55:04un papier extraordinaire sur,
55:06au fond, l'homme de l'ombre du Trumpisme.
55:08Curtis Servine, l'idéologue
55:10du Trumpisme, caché dans l'ombre, mais
55:12très actif. A lire sur le site du
55:14CIVIPOF. Merci beaucoup et merci à Valérie Gasse,
55:16chef du service politique
55:18de RFI. Agathe,
55:20bonne soirée. Bonne soirée. On se retrouve
55:22lundi, notamment pour les informés
55:24du soir et les informés qui
55:26reviennent demain matin à 9h avec Renaud Dely
55:28et Adrien Beck.
55:32Compto, c'est le compte pro avec lequel
55:34c'est fait. Oui, allô ?
55:36Je suis directeur financier d'une PME et je...
55:38Oh, un instant.
55:40Allô ? Mais non, j'ai pas reçu
55:42ta note de frais.
55:44Quoi ? Comment ça ?