Santé financière des entreprises : enjeux et problématiques avec Nicolas Flouriou, Président de l'AFDCC.
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00:00On poursuit ce Lex Insight, on va parler santé financière des entreprises avec mon invité
00:15Nicolas Flouriou, président de l'AFDCC, l'association française des crédits managers
00:23et conseils. Nicolas Flouriou, bonjour. Bonjour. On va parler ensemble de la santé financière
00:29des entreprises mais tout d'abord j'aimerais évoquer un sujet important, le sujet des délais
00:34de paiement. Quels sont les principaux impacts économiques des délais de paiement prolongés
00:40sur les entreprises françaises ? Alors tout d'abord un constat, les délais de paiement
00:44ils étaient améliorés depuis 2008 jusqu'à peu près 2019-2020, 2021 on peut l'inclure,
00:50où on était arrivé à peu près à 11 jours de retard. Aujourd'hui on est plutôt à 13-14 jours,
00:55certaines enquêtes disent même 17 jours de retard de paiement. Quoi qu'il en soit on voit
01:02une détérioration nette depuis deux ans. Comment ça s'explique ? Alors il y a plein de sujets,
01:08il y a évidemment un sujet de rattrapage parce qu'il y a pas mal de sociétés qui ont réussi
01:12à survivre grâce aux différentes aides de l'État, garanties par l'État qui sont un prêt,
01:16donc quelque chose qu'il faut rembourser. L'URSSAF, pour lequel les cotisations qui
01:23n'avaient pas été obtenues et récupérées pendant les 2-3 premières années des années Covid le sont
01:28maintenant, ce qui fait que ça restait quand même des dettes sociales d'une manière ou d'une autre.
01:33Et puis aussi malheureusement on a un sujet de conjoncture, c'est-à-dire qu'on estime aujourd'hui
01:37qu'on a 66 000 défaillances sur l'année 2024, à fin janvier on est à peu près à ses alentours
01:45de 66 000, peut-être que d'ici 2025 on arrivera à cette barre des 70 000 qui est relativement
01:51symbolique, mais derrière ce que l'on voit c'est évidemment il y a eu un rattrapage de plein
01:56d'anciennes, par exemple les grandes entreprises chaque année avant Covid, il y en avait à peu
02:00près 25 qui tombaient en défaillance, Euty, grandes entreprises. Là sur les deux dernières années on
02:05est monté à 50 et encore une fois à fin janvier sur 12 mois et glissant on est à 50. C'est des
02:10sociétés qui auraient dû faire défaillance beaucoup plus tôt, donc celle-là on va dire
02:13entre guillemets ce rattrapage est quasiment terminé, il n'est pas totalement terminé mais
02:17quoi qu'il en soit évidemment ça joue. Ce qui joue aussi c'est un effet conjoncture, malheureusement
02:22on a plusieurs crises de différentes natures du même moment qui n'inspirent pas une énorme
02:27confiance. On a eu une guerre en Ukraine, on a des tensions, guerre en Moyen-Orient, on a des
02:35tensions qui vont peut-être amener à des tensions géopolitiques et militaires pour Taïwan, Chine,
02:40on a un pays qui s'appelle les Etats-Unis qui estime ses alliés d'une manière bizarre et qui
02:48tous les jours change de position sur les droits de douane. Ce que je veux dire par là c'est que
02:52ça inspire de la défiance et la défiance inspire le fait qu'on va moins investir, moins dépenser
02:57pour le plus le garder, le conserver pour quatre coups durs. Donc ça par définition ça n'aide pas.
03:02Et enfin tout ça fait que certaines sociétés se retrouvent vacculées, ont des problèmes de
03:10trésorerie. Les plus grandes voient que le crédit fournisseur c'est du crédit gratuit. Tout
03:15simplement quand vous faites crédit, vous accordez un délai de paiement, je ne connais pas grand monde,
03:19pas beaucoup de sociétés qui augmentent leurs tarifs alors qu'il y a des coûts financiers pour
03:23le fournisseur. Donc l'impact il est important sur la trésorerie des entreprises. Donc il est
03:26important pour la trésorerie des entreprises, clairement. On a réussi grâce à l'observatoire
03:32des laits de paiement à avoir l'information comme quoi cet impact il était de 15 milliards d'euros,
03:35en moins dans la trésorerie des PME. Mais en réalité si on arrive à l'estimé de 15 milliards
03:41pour les PME, 12 milliards il y a 3-4 ans de mémoire, cet impact là il est chez toutes les
03:46sociétés fournisseurs qui subissent ces retards de paiement. Et quand on est en France, deux jours
03:50de plus sur un an, c'est énorme, c'est considérable. Une autre question qui est importante, on en a
03:59déjà parlé dans cette émission, c'est les arnaques et les fraudes. Beaucoup d'entreprises sont
04:03victimes d'arnaques et de fraudes. Comment les entreprises peuvent-elles anticiper et se
04:09prémunir pour des fraudes comme l'arnaque au président ou encore les fausses commandes ?
04:15Alors les fausses commandes, je vais commencer par là parce que c'est quelque chose qui peut
04:21arriver souvent. Ça veut dire qu'il faut faire preuve 1 de bon sens, 2 ne pas être ultra réactif,
04:25c'est à dire vous avez quelque chose vous l'exécuter tout de suite. Une fausse commande,
04:28je vais donner un exemple, ça arrive souvent en fin de semaine, c'est un peu la commande magique,
04:33où on n'a pas grand chose à faire en tant que fournisseur. Et finalement ce qui se passe,
04:37c'est soit on a des services qu'on va délayer, soit on vend des biens type voiture, téléphone,
04:43etc. Il y a un délai de paiement qui est accordé. Souvent ces sociétés ont des scores sur les
04:49sociétés de scoring qui sont relativement correctes de manière à avoir un petit encours crédit et je
04:54m'expliquerai comment ils arrivent à le faire. Et du coup, vous avez livré votre service,
04:58vous avez livré votre bien et vous n'êtes pas payé, cette société va faire un impayé,
05:03puis faire faillite, puis disparaître. Et là, par définition, vous n'avez pas été payé,
05:07vous avez perdu la marchandise. Elle a pu partir à l'étranger et quand c'est des services,
05:10il y a aussi des moyens d'en bénéficier sans payer tout simplement parce que quand vous êtes
05:16une société de services, vous délivrez peut-être des chantiers, des choses comme ça, il y a quand
05:20même quelque chose qui a été produit même si vous n'allez pas pouvoir le récupérer. Comment
05:23ils font ? Deux choses, deux gros schémas parce qu'il y en a plein. Soit c'est des sociétés qui
05:29ont été rachetées et revendues très rapidement, qui étaient une vraie société avec un vrai
05:34historique et qui maintenant est devenue une coquille vide. Mais comme elle a gardé un bel
05:37historique, qu'il y a des bilans qui ont été publiés et souvent on peut s'apercevoir quand on
05:41remonte le fil que les derniers bilans ne sont pas des vrais bilans, qu'en fait c'est devenu une pure
05:46coquille vide. Maintenant, elle a conservé un scoring qui est assez important. Les sociétés
05:51de données sont ceux de beaucoup améliorer parce qu'il y a plein de faits qui peuvent mettre en
05:56alerte. Changement de dirigeant très régulier, des bilans qui sont trop beaux, etc. Et ça, c'est le
06:04premier cas. Deuxième cas, une société qui est créée, ils mettent 10 000 euros de capital, il y a
06:09une attestation de dépôt des fonds, elle est créée. On sait qu'il y a pas mal de scoring ou en tout cas
06:16on voit qu'il y a 10 000 euros de capital social, ça inspire un million de confiance pour faire un
06:19million de crédit et finalement ça paye pas. Pareil, ça fait faillite, ça part dans la nature et on
06:23s'aperçoit qu'en fait l'attestation de dépôt des fonds, elle était fausse. Et entre temps, la société
06:28a plié, elle n'existe plus. Donc ça, c'est les deux grands schémas, mais évidemment il y en a
06:31plein. Faire attention à se renseigner sur les entreprises, à regarder les bilans, à regarder
06:38l'organisation de la société, voir s'il y a vraiment des dirigeants derrière, etc. Oui, oui, oui et puis
06:44alors évidemment on peut peut-être pas le faire pour tous les cas, mais faire des visites sur le
06:48client. Vous pouvez demander des paiements plus sécurisés, des accomptes, obtenir d'autres éléments
06:54et vous voyez en fonction de toutes les pièces que vous pouvez recevoir, si vous avez plein
06:57d'indicateurs qui font warning. Vous pouvez demander le RIB. Aujourd'hui, on a des outils, alors évidemment
07:02ça est payant, mais qui permettent, avec le RIB, de faire le lien avec le sirène pour voir si c'est
07:07cohérent et voir si ce RIB n'a pas été touché dans d'anciens sujets de plus ou moins d'arnaques
07:14ou autre. Pour les fraudes au président, il y a un peu de ce sujet là, ça veut dire qu'il faut mettre des
07:19process. On a coutume de se rappeler de l'histoire de Singapour, d'un virement de plusieurs millions
07:24avec une fausse vidéo. En réalité, quand on creuse le sujet, on s'aperçoit d'une chose, c'est
07:31évidemment, il y a eu une fraude, la personne s'est fait avoir, mais elle a fait le virement, il n'y a pas eu de
07:35valideur. Il n'y a rien eu, évidemment, ils n'ont pas de process. Donc à mon avis, remettre des procédures bien
07:42comme il faut, être super vigilant. On n'empêchera pas toutes les fraudes, mais il y a des grosses fraudes comme ça qui
07:47peuvent être largement empêchées. Pour finir, vous l'avez cité tout à l'heure, 66 000 défaillances d'entreprises, c'est
07:54historique. Quels enseignements peut-on tirer de la gestion des défaillances en 2024 pour mieux anticiper et répondre à la
08:02situation en 2025 ? Alors, c'est historique parce que quand on a eu la décennie 2010-2019, on était habitué à un nombre de
08:10faillites de 58 000 défaillances. Là, je parle de redressement judiciaire, liquidation judiciaire. Quand on regarde
08:17plus dans les détails, on avait une année 2009 exceptionnelle de mémoire 56 000 et on est remonté maintenant sur les 66 000.
08:26Maintenant, quand on dit ça, il faut aller un peu plus dans les détails. On voit qu'il y a trois gros secteurs d'activité qui sont
08:34sujets aux défaillances. On a la construction en nombre, 14 000. On a aussi l'hébergement, restauration de mémoire, 13 000. Et ça, c'est les
08:46deux gros, gros secteurs. Quand on va regarder par contre d'une année sur l'autre, on s'aperçoit, et même en comparant aux années
08:562010-2019, qu'il y a un secteur d'activité qui ressort plus qui sont les transports et entreposages où là, il y a un sujet de plus de
09:0355 %, où il faut être assez vigilant. Je terminerai sur un secteur. Tout ce qui est aide aux sociétés, évidemment, dans une période où on doit
09:10couper les coûts, subissent aussi les défaillances. Évidemment, on pourrait parler aussi de l'activité immobilière.
09:15On va conclure là-dessus. Merci Nicolas Floriou. Je rappelle que vous êtes président de l'AFDCC.
09:22Merci.
09:22Tout de suite, l'émission continue. On va parler du juriste immobilier.