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Le PDG de LVMH, Bernard Arnault, a déploré la surtaxe sur les grandes entreprises prévue par le gouvernement, l'accusant de "pousser à la délocalisation". L'homme le plus riche de France a comparé la situation économique française à celle des États-Unis, où il s'est rendu pour l'investiture de Donald Trump, vantant la baisse des impôts "à 15%" prévue par le président américain.

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Transcription
00:00Bonjour Frédéric. Bonjour Pauline. Bernard Arnault est-il parti en guerre contre le gouvernement ?
00:05L'homme le plus riche de France, propriétaire du géant du luxe LVMH, a jugé ce mardi que le futur budget risquait de favoriser les délocalisations.
00:13Oui, alors le patron de LVMH en général, il n'aime pas trop ce mêlée de politique. Il reste un peu au-dessus de la mêlée, il n'y va pas trop.
00:18Mais hier soir, lors des résultats de LVMH, il s'est un peu plus lâché et il a comparé la France aux Etats-Unis.
00:24Il a dit aux Etats-Unis, il y a Trump qui baisse les impôts, il y a les Etats qui nous subventionnent pour qu'on vienne y installer les ateliers.
00:30Et je reviens en France et c'est un peu la soupe à la grimace. On apprend qu'on veut nous taxer, taxer le made in France.
00:36Si vous voulez pousser les délocalisations, c'est l'idéal. C'est comme ça qu'il a ironisé.
00:42Alors la porte-parole du gouvernement lui a répondu ce midi. Sophie Prima, elle a dit comprendre la colère de Bernard Arnault,
00:49mais que tout le monde devait faire un effort. Sauf que ce tout le monde, c'est souvent les grandes entreprises, les Français les plus aisés.
00:56Le gouvernement demande en priorité aux riches, que ce soit les particuliers ou les riches entreprises, de participer à cet effort fiscal.
01:04Bernard Arnault cible en particulier l'augmentation de l'impôt sur les sociétés, cette surtaxe 40% supérieure pour les grosses entreprises
01:11qui font plus de 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires et qui va cibler en particulier le luxe. La France en a des florons mondiaux du luxe.
01:17Ils fabriquent des produits pour les riches en plus. A priori, ce n'est pas très grave. Ils ont des marges très élevées.
01:22Et puis surtout, ils produisent sur le territoire. Et quand on interroge les grands groupes, ils disent
01:26« voilà, moi je vais devoir payer 800 millions d'euros d'impôt de plus, 300 millions pour Hermès et 250 millions pour L'Oréal. »
01:31Alors LVMH pourrait délocaliser sa production ?
01:34C'est ce qu'il laisse entendre. Alors on pourrait penser que non. On pourrait se dire qu'à priori, si ils produisent du luxe, les gens les achètent
01:39parce qu'ils sont fabriqués en France. On achète un petit morceau de Paris quand on achète un sac, lui, 8 ans.
01:44Sauf que c'est de moins en moins vrai. Un acheteur de produits de luxe, il achète une marque avant d'acheter un lieu ou une ville.
01:51Si on prend l'exemple de Volkswagen, quand vous allez chez votre concessionnaire, vous ne demandez pas si votre Volkswagen,
01:55elle a été produite en Allemagne, en Slovaquie, en Espagne ou en Pologne où Volkswagen a des usines.
02:00Eh bien LVMH, ça peut être pareil. D'ailleurs, il commence à s'implanter un peu ailleurs.
02:05Bernard Arnault est allé inaugurer, c'est en 2019, trois ateliers aux États-Unis, au Texas d'ailleurs, où on fabrique des sacs Louis Vuitton.
02:12Et d'autres entreprises, moins sensibles à la question du « made in France », auront moins de scrupules ?
02:17C'est ça le problème. Les délocalisations n'ont pas cessé ces dernières années. Il y en a eu un petit peu moins, on en parle un peu moins.
02:23Mais malgré tout, elles ont continué. Et ce, malgré les baisses d'impôts qui ont été réelles, la politique pro-business du gouvernement.
02:29Il y a une étude de l'INSEE assez intéressante qui est revenue au mois de décembre dernier sur les délocalisations.
02:35Sur les entreprises de plus de 50 salariés, il y en a 1,7% qui délocalisent, contre seulement 1,2% qui relocalisent.
02:43Encore une fois, dans un contexte plutôt porteur de 2018-2020.
02:47Alors, ce que dit Bernard Arnault en creux, c'est assez intéressant.
02:50Il dit « attention, une entreprise, ça ne vote peut-être pas avec un bulletin dans l'urne, mais ça vote avec nos emplois. »
02:56Et ça, ça peut faire très mal aux Français.
02:58Effectivement, Bernard Arnault, vous disiez qu'il revenait des États-Unis, où sa présence à l'investiture de Donald Trump avait été très remarquée.
03:03Merci beaucoup.

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