Avec Christophe Kerrero, ancien recteur de Paris et auteur de "L'école n'a pas dit son dernier mot - Le coup de gueule d'un recteur qui refuse de baisser les bras" aux éditions Robert Laffont
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NewsTranscription
00:009h-10h, Sud Radio, La Vérité en face, Patrick Roger.
00:05La Vérité en face jusqu'à 10h avec dans cette partie l'éducation nationale, l'école et le coup de gueule d'un recteur qui refuse de baisser les bras.
00:16Ce livre, l'école n'a pas dit son dernier mot, Christophe Carreiro, bonjour.
00:21Bonjour Patrick.
00:22Ce livre aux éditions Robert Laffont, alors pourquoi vous avez démissionné ?
00:26Tiens, je vais remettre un petit peu en tête, dans la tête en fait des auditeurs, les choses.
00:31Très vite, vous allez très vite comprendre, écoutez.
00:33Moi je vais vous dire pourquoi nous avons scolarisé nos enfants à l'école Stanislas.
00:38Je vais vous raconter brièvement cette histoire, celle de notre aîné Vincent qui a commencé comme sa maman à l'école publique.
00:45Et puis la frustration de ses parents qui avons vu des paquets d'heures qui n'étaient pas sérieusement remplacés.
00:52Et à un moment on en a eu marre.
00:54On habitait rue Stanislas, scolariser nos enfants à Stanislas était un choix de proximité.
01:02Et depuis, de manière continue, nous nous assurons que nos enfants sont non seulement bien formés et qu'ils sont heureux.
01:09Et c'est le cas pour mes trois petits garçons qui sont là-bas.
01:12Voilà, donc l'ancienne ministre de l'éducation nationale, Oudéa Kastéra.
01:17Vous, vous étiez recteur d'Académie de Paris.
01:21Elle explique qu'elle a mis ses enfants dans le privé parce qu'il y avait de l'absentéisme dans le public.
01:26Ça arrive de l'absentéisme dans le public.
01:28Sauf que vous, vous avez été obligé de vérifier.
01:30Oui, imaginez, quand j'entends ça, je suis bien obligé de vérifier.
01:33L'administration de l'éducation nationale est très bien organisée.
01:38Et donc, nous avions tous les bordereaux d'absence des professeurs.
01:42Et il se trouve qu'à l'école Littré, il n'y avait pas eu d'absence cette année-là.
01:46Voilà, c'est ça. Et alors là, coup de froid, quoi.
01:49Dans vos relations avec la ministre, vous êtes le recteur.
01:52Un peu compliqué. Alors, ce n'est pas seulement pour ça que je suis parti.
01:56Vous savez, moi, j'aime bien cette formule que je suis vraiment appliquée au ministre.
02:01Ça ferme sa gueule ou sa démission.
02:03La ministre, c'est un peu vrai aussi pour un haut fonctionnaire.
02:06Donc, je n'étais pas d'accord avec la politique, notamment, d'égalité des chances.
02:11Madame Oudéa Castera, elle était dans une reproduction d'une certaine élite,
02:16qui n'est pas toujours très âgée.
02:18Et elle m'a freiné dans ma volonté d'ouvrir l'égalité des chances.
02:23Égalité des chances qui n'est d'ailleurs ni de droite ni de gauche, mais qui est républicaine.
02:26Oui, complètement. Tiens, alors, il y a un sujet ce matin qui fait beaucoup causer depuis hier
02:30à propos d'éducation nationale.
02:32Même si vous avez un devoir de réserve, parce que vous êtes toujours au sein de l'éducation nationale,
02:36même si vous n'êtes plus hériteur.
02:37Mais, Maxime Trouleau, racontez-nous.
02:39L'éducation nationale, le ministère a décidé d'annuler une commande de 800 000 livres
02:47d'une version moderne de La Belle et la Bête.
02:50C'était carrément même la veille du lancement de l'impression.
02:53Une version revisitée, elle devait être effectivement donnée à 800 000 élèves de CM2.
02:57Alors, quel est le problème ?
02:59Cette version a été jugée par l'éducation nationale pas adaptée à des élèves de 9-10 ans.
03:05Par exemple, dans cette version, on y voit le père de La Belle boire du vin.
03:10Il y est même dessiné ivre.
03:12La Belle et la Bête, je rappelle, est créée au milieu du 18e siècle.
03:15Dans cette version revisitée, on avait des téléphones portables.
03:17Les réseaux sociaux étaient très présents.
03:19Alors, vous allez me dire que ce n'est peut-être pas grand-chose.
03:21En tout cas, c'est trop pour l'éducation nationale qui a répondu au dessinateur
03:24en expliquant que c'était des thématiques qui conviendraient plutôt à des élèves plus âgés.
03:29Je rappelle que là, c'était destiné aux CM2.
03:31L'éducation nationale explique que ça irait plus pour des élèves du collège ou du lycée
03:36puisqu'effectivement, on parle d'alcool, de réseaux sociaux
03:38ou, je cite, des réalités sociales complexes.
03:41L'ouvrage, là aussi je cite l'éducation nationale,
03:44ne permet pas une lecture en autonomie, à domicile ou en famille
03:47et sans l'accompagnement des professeurs.
03:49Pas adaptée aux élèves de 10 ans à 10 matins.
03:52La ministre de l'éducation nationale, Elisabeth Borne,
03:54ce sont des prétextes fallacieux pour l'auteur Julin
03:58qui pense également que cette version a été annulée
04:00car il présente des jeunes filles, je cite, méditerranéennes
04:04à la place des jeunes filles blondes dans la première version.
04:07Ah oui, alors ça, c'est une autre suspicion.
04:13Christophe Carreiro.
04:14Une réaction puisque vous m'y invitez.
04:16Tout d'abord, je crois que c'est vraiment formidable
04:19que l'éducation nationale donne à une classe d'âge
04:21650 000 élèves, mais tirage à 800 000.
04:25Donc en fin de CM2, un livre.
04:27Un livre issu du patrimoine littéraire.
04:30Ça je pense que c'est très bien parce que
04:32c'est parfois le seul livre qui va rentrer dans certaines familles.
04:35Donc ça c'est un très beau geste qu'on avait lancé avec Jean-Michel Blanquer
04:42et auparavant Luc Chattel avait fait la même chose.
04:44Donc sur le principe, je trouve que c'est vraiment une très bonne idée.
04:48Oui, parce que les jeunes ne lisent plus vraiment de moins en moins.
04:52Et puis autour de l'apprentissage de la lecture, il y a le goût de la lecture,
04:56il y a la pensée, il y a le fait que les parents peuvent lire des histoires aux enfants.
05:01Donc ça c'est vraiment quelque chose de fondamental.
05:03Ensuite, je ne connais pas le contexte,
05:05je n'ai pas vu de quoi il s'agissait précisément.
05:08Moi j'ai toujours en tête la lettre aux instituteurs de Jules Ferry, vous la connaissez.
05:15Quelque chose qui peut heurter les familles, il faut y faire attention.
05:20Et comme le rappelle la ministre, il est certain qu'on ne dit pas la même chose
05:26à des enfants de 10-11 ans qu'à des adolescents de 15 ans
05:29ou à des étudiants de plus de 18 ans.
05:32Donc il faut en tenir compte, mais je ne peux pas aller tellement au-delà.
05:36C'est vrai qu'il faut s'adapter.
05:39C'est compliqué quand même aujourd'hui pour l'école.
05:43Vous savez, il y a eu la polémique sur l'éducation sexuelle aussi à l'école.
05:47Jusqu'où on va avec les mœurs qui évoluent ?
05:51C'est l'apprentissage du complexe, l'école.
05:54Évidemment, on ne doit pas heurter les familles dans leurs convictions,
05:57on doit faire attention aussi aux enfants.
05:59Mais la première règle de l'école,
06:03et la responsabilité du monde adulte en général,
06:06c'est de protéger l'enfant.
06:08En fait, toutes les règles sont là pour protéger l'enfant
06:11et l'aider à construire son propre esprit critique.
06:14Pour cela, il faut qu'il sache, bien entendu, bien lire, bien écrire et bien compter.
06:18Et il faut, pour le protéger, qu'il y ait une forme de neutralité.
06:22C'est tout le débat du moment.
06:23Par exemple, vous vous avez bien connu avec Labaya,
06:26puisque vous étiez encore recteur avec les décisions de Gabriel Attal,
06:31qui avait changé de pied d'ailleurs,
06:33parce qu'à l'époque de Blanquer, il n'était pas forcément...
06:38Et ensuite, il y a le débat sur le voile.
06:41Le voile à l'école.
06:43C'est toujours difficile d'ailleurs de résister.
06:45C'est un débat qui est largement tranché,
06:48grâce à la loi de 2004,
06:50et je pense qu'on s'y tient.
06:51Il peut y avoir ici ou là des défauts.
06:53Et puis, il y a un jeu entre, d'une part, l'antrisme islamique,
07:00et puis les adolescents qui essayent aussi de voir jusqu'au bout les interdits.
07:06Donc, l'école se retrouve au cœur de cela.
07:09Et évidemment, il faut dire non, il faut dire stop à tout antrisme religieux.
07:13Mais ça vous lance cet antrisme.
07:14On en parlait ce matin avec Karim Baran, invité de Jean-Jacques Bourdin.
07:17Il disait, oui, alors il y en a, il faut battre les fondamentalistes,
07:20mais bon, est-ce qu'ils sont...
07:22Avec Gabriel Attal, vous voyez, il y avait des débats,
07:25mais c'est exactement comme la loi de 2004.
07:27Il y a des débats, on ne sait pas,
07:28et puis le ministre décide,
07:30et puis tout le monde entre dans le rang.
07:32Vous résistez aux pressions.
07:34Vous, vous avez été enseignant, adjoint, en fait, partout en ligne de France.
07:41Donc, vous avez été confronté, effectivement, à ça.
07:43Est-ce qu'il vous sentait, dans certains quartiers, une pression ?
07:46Oui, je le raconte.
07:47Dès les années 90, il y avait déjà,
07:50j'étais professeur à Garges-les-Gonesse,
07:52il y avait déjà, le lycée jouxtait une mosquée,
07:56il y avait parfois une tentation des élèves de ne pas aller en cours dans la mosquée,
08:00et on luttait.
08:01C'était déjà là.
08:03Les choses ont amplifié.
08:06Il y a eu aussi, on le sait, de l'antrisme islamique partout,
08:11avec des effets tout à fait dramatiques,
08:14dont l'école a payé un lourd tribut, je vous le rappelle,
08:16avec la mort de deux professeurs.
08:18L'assassinat de deux professeurs.
08:20Et vous étiez, en fait, à l'époque aussi...
08:23J'étais recteur.
08:24J'avais existé dans le cabinet, j'étais recteur.
08:26Alors, il y avait eu des sanctions assez fortes,
08:28et vous le racontez dans votre livre qui a été pris,
08:30Atal contre la responsable à Versailles.
08:36Ensuite, de ne pas avoir suffisamment signalé, répondu aux signalements qui étaient faits autour de...
08:42Ce n'était pas sur ce sujet-là, c'était sur le sujet du harcèlement à courrier maladroit.
08:47Oui, courrier maladroit.
08:49C'est difficile justement,
08:51quand on est à la fois recteur, comme vous l'avez été,
08:56mais aussi quand on dirige des établissements,
08:59parce que vous êtes un peu entre le marteau et l'enclume.
09:02C'est-à-dire, on vous demande de la fermeté,
09:04il y a la pression aussi de l'autre côté des parents,
09:09sur ces questions délicates.
09:11De façon générale,
09:13c'est un peu une interrogation pour tout le monde,
09:16je crois qu'on demande un peu beaucoup à l'école, un peu trop à l'école.
09:19Trop à l'école.
09:20Ça, il faut y faire attention.
09:22L'école est en première ligne,
09:24elle a bien entendu des devoirs,
09:26mais elle ne peut pas tout faire seule.
09:28Sur les questions d'autorité notamment,
09:31l'autorité c'est indispensable,
09:33c'est même la clé de l'éducation.
09:35Il ne s'agit pas du tout d'y renoncer.
09:37Mais il faut que chacun s'interroge.
09:39Moi je vois toujours des parents qui sont très très durs vis-à-vis des professeurs,
09:44qui devraient être beaucoup plus sévères,
09:46mais eux-mêmes, qu'en est-il le soir,
09:48quand il s'agit de coucher leur enfant,
09:51de couper le portable,
09:53de couper les écrans,
09:55on sait que c'est difficile,
09:57on sait que dire non, c'est essentiel,
09:59pour les adolescents,
10:01mais que c'est un travail collectif,
10:03c'est le travail de toute la société.
10:05Donc il faut que tous les adultes partent.
10:07Vous avez été aux responsabilités,
10:11aux côtés de Blanquer, vous avez été recteur,
10:13vous avez un chapitre qui est faire école, faire société, faire nation,
10:16et vous avez l'impression justement
10:18qu'on demande aujourd'hui tout à l'école.
10:21Sans lui donner en fait certains moyens.
10:24Quand vous interrogez les professeurs et les cadres,
10:27j'insiste beaucoup là-dessus,
10:29chef d'établissement, adjoint, inspecteur,
10:31qui font un travail absolument extraordinaire, exceptionnel,
10:35ils se vivent comme des soldats au front.
10:39J'ai lu dans le livre des Fantassins de 1916,
10:41avec derrière, ils ont l'idée que
10:43l'arrière ne veut pas regarder ce qui se passe,
10:45et on demande juste que ça ne bouge pas,
10:48pas de vagues d'une certaine façon,
10:50mais c'est tout.
10:51Là vous l'avez ressenti, le pas de vagues ?
10:53Pas de vagues, j'ai ressenti qu'il y avait une volonté
10:55Mais vous-même, en tant que recteur,
10:57vous ne vouliez pas qu'il y ait des vagues, non sans doute ?
11:01Alors on a vraiment essayé de changer de culture,
11:04et pas seulement l'école,
11:06et je pense qu'un certain nombre de mouvements, de sociétés,
11:08font que désormais, on parle plus facilement.
11:11Mais c'est vrai que moi quand j'étais enfant,
11:13on se taisait, des choses qu'on considère aujourd'hui anormales,
11:17c'était normal, on pouvait recevoir une gifle,
11:19moi je ne sais pas vous,
11:20moi j'en ai reçu par des instituteurs.
11:22Aujourd'hui ce n'est pas tolérable.
11:25Il y a quand même un progrès de ce côté-là,
11:27et puis il y a un progrès dans la libération de la parole.
11:30C'est le côté positif.
11:32Maintenant, il ne faut pas que ça dérive vers le laxisme.
11:35C'est ça.
11:36Bon allez, on va continuer cette discussion ensemble,
11:38dans la vérité en face.
11:39Christophe Carreiro, je rappelle que vous étiez
11:41recteur de l'Académie de Paris,
11:43ce n'est pas n'importe quel poste,
11:45vous avez démissionné,
11:46parce qu'il y a eu cette affaire avec Oudéa Castera,
11:48et puis parce que vous vouliez porter une réforme
11:52sur l'égalité des chances.
11:53A quoi ça sert l'école ?
11:54Est-ce que ça sert aussi à quelque chose
11:56de former 80% de bacheliers,
11:58comme on le voulait,
11:59alors qu'on a des secteurs aujourd'hui
12:00où on ne trouve personne ?
12:02On va en parler avec vous,
12:03puisque vous connaissez parfaitement ces questions.
12:05Vous voulez poser des questions d'ailleurs à Christophe Carreiro,
12:08allez-y, 0 826 300,
12:10nous sommes ensemble jusqu'à 10h.
12:159h10, Sud Radio,
12:17La Vérité en face, Patrick Roger.
12:19La Vérité en face,
12:21l'école n'a pas dit son dernier mot,
12:23l'ancien recteur de Paris
12:25qui a démissionné à la suite
12:27de l'affaire Oudéa Castera,
12:29et puis pour un autre symbole,
12:31c'est-à-dire que vous vouliez vous attaquer
12:33à l'égalité des chances,
12:34réformer des classes préparatoires
12:36qui forment des lycéens
12:39pour aller vers des grandes écoles,
12:42et là, vous avez voulu vous attaquer à un symbole
12:47et puis vous avez été contrainte
12:49de faire machine arrière et de démissionner.
12:51Expliquez-nous.
12:52Entendons-nous, je n'ai rien contre les classes préparatoires,
12:54c'est un bon modèle, un bon modèle de formation,
12:56simplement c'est un modèle très coûteux,
12:5817 000 euros,
13:00c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus
13:02qu'un étudiant en licence,
13:04et donc pour ce prix-là, prix de la nation,
13:06je pense qu'il faut d'abord
13:08que ce soit vraiment utile socialement,
13:10et puis ensuite, il faut que ça serve
13:12tous les types d'élèves,
13:14pas seulement les classes sociales
13:16très favorisées,
13:18qui sont plus des études gratuites.
13:20Et donc, on avait voulu,
13:23constatant qu'il y avait quand même
13:25un certain nombre de classes préparatoires
13:27à Paris qui n'étaient pas pleines du tout,
13:31ou qui étaient caricaturales
13:33dans leur recrutement très élitiste,
13:35on a voulu en transformer,
13:37et alors deux exemples
13:39on a voulu transformer une classe préparatoire
13:41qu'on a ouverte à Henri IV,
13:43donc là aussi un symbole,
13:45pour préparer de futurs professeurs des écoles,
13:47en trois ans, avec un lien avec
13:49l'université de prestige
13:51Paris Sciences et Lettres.
13:53Et puis un autre exemple, à Chaptal,
13:55pour des baccalauréats,
13:57des bacheliers professionnels,
13:59pour en faire des ingénieurs de production,
14:01là aussi avec une université de renom.
14:03Bon, c'était, vous voyez, modeste, symbolique,
14:05mais je crois que c'est aussi
14:07par une avancée sur les symboles
14:09qu'on peut faire progresser les mentalités.
14:11Mais vous êtes contre l'élitisme alors ?
14:13Parce qu'on dit souvent
14:15qu'on ne forme plus bien nos jeunes.
14:17Non, il faut des élites,
14:19mais
14:21le problème français, à mon sens,
14:23c'est qu'elles ne sont pas assez diversifiées,
14:25pas assez représentatives du peuple français.
14:29Une élite représentative,
14:31on doit retrouver toutes les couches
14:33sociales,
14:35toutes les horizons français,
14:37de toute la géographie de notre pays,
14:39au sein du pouvoir.
14:41Vous constaterez comme moi que ce n'est pas le cas.
14:43Si ces élites
14:45étaient suffisamment agiles
14:47pour être très performantes,
14:49je ne crois pas non plus que ce soit le cas.
14:51Je vais prendre un exemple qui m'a beaucoup marqué
14:53pendant le Covid.
14:55Nous sommes le pays de pasteurs.
14:57Nous avons, je crois qu'on n'a pas le droit
14:59de les citer à l'antenne,
15:01un grand nombre de laboratoires pharmaceutiques.
15:03On peut les citer,
15:05il n'y a pas de problème, ce n'est pas de la publicité.
15:07Je me suis beaucoup demandé pourquoi on n'avait pas été capables
15:09de trouver un vaccin.
15:11Les Américains, évidemment, c'est une puissance considérable,
15:13mais les Anglais avec
15:15les Suédois ont trouvé un vaccin.
15:17Pourtant, on dit qu'on est bons en sciences quand même.
15:19J'ai une hypothèse,
15:21c'est que
15:23le mode
15:25extraordinairement concurrentiel et compétitif
15:27qu'on met à l'école et
15:29particulièrement au lycée,
15:31de hiérarchiser les savoirs comme on le fait,
15:33entraîne une sorte de concurrence
15:35entre les individus au moment
15:37où, face aux grands défis de la société,
15:39on a besoin de plus de collaboration,
15:41de coopération pour les relever.
15:43Je pense que c'est une possibilité.
15:45Et encore une fois, si le modèle était extraordinairement performant,
15:47mais nous avons aussi bien,
15:49nous avons chaque année plus d'élèves
15:51en difficulté, mais de moins en moins
15:53de très bons élèves aussi. On n'en a plus
15:55que 3 %, la moyenne
15:57en Union européenne c'est 9 %,
15:59à Singapour, que tout le monde cite aujourd'hui,
16:01c'est presque 50 %.
16:03C'est peut-être une question d'orientation
16:05aussi. Est-ce que l'école sait se remettre
16:07en cause pour mieux orienter
16:09les élèves ? Je le disais tout à l'heure
16:11en forme de provocation, on a voulu 80 %
16:13de bacheliers. A quoi ça sert si
16:15c'est pour les mener dans des universités
16:17où ils n'apprendront pas grand-chose, ils ne sauront pas quoi faire
16:19derrière ? Encore une fois, je crois qu'en France
16:21on est trop dans une sorte d'aristocratie
16:23des savoirs.
16:25Et moi j'aime bien ce que font les pays du Nord,
16:27très jeunes,
16:29les enfants sont confrontés,
16:31ils apprennent à faire la cuisine,
16:33en Suède les petits font la cuisine même dehors,
16:35il y a les travaux du bois,
16:37les travaux manuels, ça fait
16:39beaucoup pour se dire
16:41qu'il y a d'autres possibilités que d'aller...
16:43Et même au Japon, vous voyez,
16:45les ingénieurs sont formés avec
16:47les techniciens, avec les ouvriers, ensemble.
16:49Comme ça, ça crée des logiques de coopération,
16:51les logiques de tutorat aussi,
16:53l'élève qui est
16:55meilleur, il explique aux autres.
16:57C'est des logiques que nous n'avons pas encore et qui,
16:59à mon avis, gagneraient
17:01dans le système français.
17:03Ce que vous expliquez aussi dans votre livre,
17:05c'est que l'école,
17:07l'éducation nationale, le ministère,
17:09c'est quand même un sacré
17:11paquebot et que
17:13ce n'est pas un voilier, on ne peut pas changer de cap
17:15du jour au lendemain.
17:17Les ministres, ils défilent, ils passent
17:19et ils veulent changer de cap du jour au lendemain
17:21et l'éducation nationale ne peut pas suivre.
17:23C'est un lieu commun que de le dire,
17:25mais l'éducation, c'est par nature du temps long.
17:27Or,
17:29le monde politique, le monde
17:31médiatique, ils veulent du résultat immédiatement.
17:33Et ce n'est pas
17:35spectaculaire de dire
17:37on va apprendre à lire, à écrire
17:39et à compter aux enfants et à essayer
17:41de faire en sorte qu'on ne s'entretue pas
17:43dans notre société.
17:45Donc, les
17:47ministres, avec la meilleure volonté du monde,
17:49quand ils arrivent, on leur explique,
17:51on leur pose un diagnostic,
17:53ils veulent agir, ça fait des mesures,
17:55et puis il y a un autre ministre qui arrive, on a d'autres mesures
17:57et ça, ça décourage tout le monde. Moi, je crois
17:59qu'aujourd'hui, il est temps
18:01de travailler pour un consensus
18:03autour de l'école. Je pense que c'est ça qui est important.
18:05Un consensus pour quoi ?
18:07Pour renouer
18:09avec un lien
18:11indissociable entre l'école
18:13et la nation parce que
18:15le meilleur investissement
18:17d'un pays, c'est quand même
18:19tous les économistes vous le diront, dans l'école.
18:21Il faut investir le plus
18:23possible, le plus tôt possible,
18:25ça évite ensuite de dépenser en
18:27vingt plus tard et ça évite
18:29aussi des problèmes de société
18:31que nous rencontrons.
18:33Est-ce qu'on peut faire rêver sur le métier
18:35de prof en fait aujourd'hui ? Parce que
18:37c'est l'un des problèmes, vous le dites très bien dans votre
18:39livre aussi, le salaire moyen des
18:41enseignants. Dans les années 80,
18:43il était d'un peu plus de deux fois
18:45le SMIC. Deux fois deux,
18:47deux près, etc. Aujourd'hui, c'est
18:49une fois virgule dix le dernier
18:51chiffre en 2024 du SMIC,
18:53ce que vous expliquez. Donc c'est vrai que
18:55des jeunes enseignants en fait aujourd'hui,
18:57alors déjà ils sont envoyés un peu n'importe
18:59où, ils n'arrivent
19:01pas à se loger, c'est trop difficile.
19:03Ça fait plus rêver quoi, non ?
19:05Et il faut aussi sortir du
19:07discours anxiogène sur l'école pour que
19:09c'est un cercle vicieux.
19:11En disant à l'école, on ne peut plus faire
19:13respecter l'autorité.
19:15Il y a des aspects matériels
19:17qui sont absolument
19:19incontournables,
19:21c'est-à-dire qu'il faut les payer
19:23plus, comme la plupart
19:25de nos voisins. C'est un
19:27effort budgétaire, mais on peut aussi
19:29trouver des marges sans doute
19:31d'économie. Et puis,
19:33d'une certaine façon, il faut redonner un sens
19:35à tout cela.
19:37Il faut attirer les professeurs, mais quand même
19:39un professeur qui
19:41voit le sourire d'un enfant,
19:43qui sait lire, c'est quand même une récompense
19:45tout à fait remarquable.
19:47J'ai vu, vous savez qu'on recrute des
19:49contractuels et parfois des deuxièmes
19:51carrières, j'ai vu des gens
19:53qui venaient du privé, qui étaient
19:55ingénieurs, qui étaient avocats,
19:57et qui s'épanouissaient dans le métier.
19:59Ils retrouvaient du sens.
20:01Ils retrouvaient un sens. Et c'est vrai que c'est un métier
20:03où le sens est immédiat.
20:05Mais est-ce qu'il ne faudrait pas
20:07aussi, alors là, peut-être
20:09expérimenter des choses ? C'est-à-dire que certains
20:11auraient tenté de repartir vers l'école,
20:13etc., mais ils disent, mais financièrement,
20:15c'est trop difficile, je vais démarrer au bas de l'échelle,
20:17je ne vais pas gagner, je ne vais pas réussir à m'en sortir.
20:19Alors, on ne vit pas de la même manière
20:21si on est à
20:23Castres, à...
20:25C'est un problème francilien. Non, mais c'est francilien,
20:27ou même dans les grandes villes, à Nantes, à Bordeaux,
20:29à Toulouse, etc., ça devient très cher.
20:31Et d'autres administrations font des efforts
20:33pour leurs fonctionnaires,
20:35en termes d'habitats, je pense
20:37aux hôpitaux de Paris, je pense
20:39au ministère de l'Intérieur, donc on doit pouvoir aussi...
20:41L'augmentation des heures, par exemple.
20:43Pour notre école. L'augmentation,
20:45faire plus d'heures, pour être mieux payé.
20:47Bien entendu, on l'a proposé,
20:49ensuite, ça veut dire aussi
20:51aller peut-être chercher d'autres viviers de professeurs,
20:53c'est-à-dire des gens pour qui
20:55c'est une véritable promotion sociale,
20:57comme Jules Ferry l'a fait
20:59en allant chercher les enfants de paysans en son temps.
21:01Oui, voilà, c'est ça.
21:03Merci Christophe Caméro, c'est très intéressant,
21:05en tout cas, ces réflexions autour de
21:07l'école, l'école qui n'a pas dit son dernier mot,
21:09et c'est quand même, on l'a dit,
21:11on l'a répété, c'est la base un peu de tout,
21:13bien sûr, parce que si ça démarre
21:15mal, par la suite,
21:17c'est difficile. Et puis l'orientation,
21:19je pense que c'est fondamental,
21:21il faut aussi pencher, d'autant que nous sommes
21:23dans une période de grande incertitude sur les
21:25métiers de demain, bien sûr, avec
21:27l'intelligence artificielle, avec beaucoup de sujets
21:29qui arrivent. Merci d'avoir été
21:31notre invité ce matin,
21:33pour votre livre, Christophe Caméro. Dans un instant,
21:35c'est Valérie Expert,
21:37Gilles Gansman, il y aura les débats, la partie
21:39médias, dans un instant, avec
21:41une star des années 2000, ça va parler à certains,
21:43c'est Billy Crawford, qui est bientôt
21:45à l'Olympia, et elles reviendront aussi,
21:47forcément, sur ce qu'il fait, la une,
21:49des gossips, je veux dire, quand même,
21:51Cyril Iannouna, avec Yvhen
21:53Auzière, bah oui, Iris Mitenard aussi,
21:55la Miss Monde, avec le meilleur
21:57joueur du monde de rugby, Antoine Dupont.
21:59Ah bah tiens, à mon avis, ce sera
22:01dans le zapping médias, dans un instant.