Des enseignants refusent que leur collège s'appelle Robert Badinter - La chronique de Guy Carlier - Vidéo Dailymotion

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Transcript

00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Patrick Roger.

00:04Il est 7h53, c'est l'heure de Carli Libre et Laurie, le thème de la chronique de Guy ce matin ?

00:10Eh bien, Guy, ce matin on rend hommage à l'éducation nationale et même à des héros de cette institution,

00:15à savoir les éducateurs du Collège de Saint-Étienne de Cuyne en Savoie. Bonjour Guy !

00:20Bonjour Guy !

00:21Bonjour Laurie, bonjour Patrick, bonjour à tous.

00:25Eh oui, je tenais ce matin à rendre hommage à cette institution, vous savez, à ce collège.

00:32Je vous répète quand même, je voudrais insister sur ce qu'est un collège.

00:37Vous savez, c'est des bâtiments dans lesquels on trouve des enseignants,

00:40dont le rôle est de transmettre le savoir, la connaissance, les valeurs comme l'effort, la quête de la qualité.

00:46Bref, aider les enfants à faire ce qu'on appelle, depuis Rabelais, leurs humanités.

00:51C'est une belle formule, ça, faire les humanités.

00:54C'est une belle formule, sauf pour les enseignants du Collège de Saint-Étienne de Cuyne en Savoie,

01:00qui est le dernier du département à ne pas avoir de nom,

01:02mais dont les enseignants viennent de refuser avec une moue dédaigneuse,

01:07celui que leur a proposé le département, à savoir s'appeler Collège Robert Badinter.

01:13Eh oui, les enseignants ont répondu au rectorat en argumentant leur refus pour les raisons suivantes.

01:21« Tout d'abord, disent-ils, il nous semble important de mettre en avant un aspect de notre environnement,

01:26car ce sera plus évocateur pour les élèves que le nom d'une personnalité qu'ils ne connaissent pas. »

01:33Enfin, s'ils ne connaissent pas Badinter, c'est tout simplement parce qu'eux,

01:37dont c'est le rôle, ne leur ont pas appris qui était cet homme.

01:41Enfin, argument suprême, mais là, je vous demande un instant de recueillement,

01:44car nous passons dans une autre dimension, bien au-dessus des nuages, de la connerie ordinaire.

01:48Les enseignants du collège affirment que le nom Badinter risque pour certains élèves

01:53d'évoquer un peu trop le nom de leur supermarché préféré.

01:58La grande surface évoquée ici est l'intermarché situé non loin du collège.

02:03J'imagine que le directeur a discuté avec celui du supermarché

02:07et que l'autre lui a dit « Non, mais vous vous rendez compte, en plus,

02:10le préfixe « bad » devant « inter » risque de nous porter préjudice. »

02:16Ah, les cons !

02:17Pour finir, je voudrais profiter que nous sommes le 27 juin, date de son anniversaire,

02:24pour saluer l'inverse, c'est-à-dire une femme belle, libre, intelligente, courageuse,

02:28mademoiselle Isabelle Adjani.

02:30Souvenez-vous, en 1989, lors de la cérémonie des Césars,

02:35après avoir reçu le prix de la meilleure actrice pour son rôle dans Camille Claudel,

02:39Adjani déplia une feuille de papier, comme le font souvent les lauréats,

02:43pour ne pas oublier de remercier les sans-grades, les techniciens, les accessoiristes,

02:47sans qui le film n'aurait pu exister.

02:49Alors que la plupart du temps, ils n'auront pas adressé la moindre parole pendant tout le tournage,

02:53ni même dénier quitter leur smartphone des yeux pour échanger un regard avec eux,

02:57ou simplement les saluer.

02:59Mais ce soir-là, sur la feuille de papier que déplia Adjani,

03:02elle n'avait pas noté des remerciements hypocrites,

03:07ni même de ces lieux communs à la con du genre « le cinéma, c'est la vie ».

03:11Non, ce soir-là, Adjani a lu un extrait des versets sataniques de Salman Rushdie,

03:17s'exposant ainsi à une fatwa, comme celle qui venait d'être ordonnée

03:22quelques jours plus tôt contre l'auteur par l'Ayatollah Khomeini.

03:29« Un artiste est à défendre inlassablement », déclarait-elle.

03:33« Quand l'artiste est opprimé, c'est la liberté de chacun qui est menacée ».

03:37En écoutant Marion Cotillard et Judith Gautrec, ces jours-ci, jouer la résistance,

03:43une résistance marketing et sans risque depuis leur villa californienne défiscalisée,

03:48on se dit qu'on n'est pas loin de toucher le fond de la piscine.

Des enseignants refusent que leur collège s'appelle Robert Badinter - La chronique de Guy Carlier

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