Lundi 17 mars 2025, SMART IMPACT reçoit Jason Quidoz (Doctorant, Faculté Sociétés & Humanités - Université Paris Cité) , Pauline Soulas (Déléguée générale adjointe, Philgood by Neuflize) , Christophe Salmon (Délégué Général, Fondation Crédit Mutuel) et Nicolas Katkoff (Directeur des ventes en France, Woola)
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00:00Générique
00:08Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:15Mon invité, c'est Jason Kudos, docteur en sciences politiques à l'École Normale Sup' Paris-Saclay et Paris-Cité, spécialiste des États-Unis.
00:22Il viendra nous parler des reculs environnementaux de Donald Trump.
00:26Notre débat, il portera sur le grand prix de la philanthropie avec deux des lauréats, la Fondation Crédit Mutuel et puis le fonds de dotation Feel Good Foundation de la banque Neuflies OBC.
00:36Et puis dans notre rubrique Startup, vous découvrirez les alternatives aux enveloppes à bulles de la marque Woola, fabriquées à base de laine.
00:45Voilà trois thèmes, 30 minutes pour les développer. C'est parti.
00:49Générique
00:55L'invité de Smart Impact, c'est Jason Kudos. Bonjour.
00:58Bonjour.
00:59Bienvenue, vous êtes docteur en sciences politiques à l'École Normale Sup' Paris-Saclay et Paris-Cité, spécialiste des États-Unis.
01:05On va parler des reculs environnementaux de Donald Trump. Il avait annoncé la couleur dans sa campagne électorale.
01:11Il avait très clairement annoncé la couleur.
01:12Oui. Est-ce que c'est pire que prévu, malgré tout ?
01:15C'est... Comment dire ? C'est proche de ce qu'il avait annoncé.
01:19C'est pire dans le sens où il y a un vrai risque aujourd'hui de perte d'expertise dans le gouvernement fédéral en ce qui concerne les politiques environnementales,
01:28qui, vous savez, sont des politiques qui sont très spécifiques, qui sont très compliquées à mettre en œuvre et qui requièrent aujourd'hui énormément de personnes
01:37qui sont spécialistes du sujet et qui sont capables de les mettre en œuvre correctement.
01:41Et aujourd'hui, ces spécialistes sont menés vers la sortie et vont probablement perdre confiance dans le gouvernement fédéral et sa capacité à mettre en place de telles politiques.
01:52Alors d'une certaine façon, on peut le regretter, mais il a été élu aussi pour ça et bien élu.
01:59Il a été élu pour ça, évidemment, et bien élu. Alors il a gagné une majorité des suffrages exprimés.
02:07Mais il n'a pas gagné la majorité absolue des suffrages exprimés. Donc ça, c'est quelque chose qui est quand même...
02:14— Il était devant son adversaire en nombre de voix. — Il était clairement devant son adversaire, contrairement à 2016.
02:20Maintenant, il y a aussi une continuité à garder dans la conduite des politiques publiques. C'est quelque chose qui est assez important.
02:29Je parlais de confiance. C'est toujours la même chose. Est-ce qu'aujourd'hui, on a confiance en le gouvernement fédéral américain pour mettre en place des politiques environnementales ?
02:38Rien n'est moins sûr. — Oui, effectivement. Non, je pose cette question, parce que bon, malgré tout, c'est la démocratie.
02:42Il a été élu. Et c'est vrai qu'on peut imaginer... Bon, il y a notamment sa formule pendant toute la campagne électorale, le « drill, baby, drill »,
02:50voilà, relancer des forages tous azimuts, redevenir le champion des énergies fossiles.
02:56Si le prix de l'essence reste bas aux États-Unis, les fans de Donald Trump seront contents. Vous voyez ce que je veux dire ?
03:02— Alors c'est une question assez compliquée, en réalité, qui est liée à la question de la polarisation au sein du système politique américain.
03:09La question, c'est véritablement à quel point est-ce que les éléments économiques vont affecter le choix des électeurs et la continuation d'une politique ultra-conservatrice
03:22telle que celle de Donald Trump. Vous savez qu'un conseiller de Bill Clinton avait dit « It's the economy, stupid ».
03:27Et il y a maintenant plus de 20 ans, aujourd'hui, rien n'est mâs sûr, puisque la polarisation aux États-Unis devient de plus en plus affective.
03:35Elle est de plus en plus liée à des considérations purement idéologiques qui sont de plus en plus retirées de la réalité.
03:44— Oui. Je pose cette question de la réaction d'une partie de la société américaine, parce que là, aujourd'hui, on est tous un peu en état de sidération,
03:52même si, effectivement, la campagne électorale, enfin voilà, finalement, est dans la droite ligne de sa campagne électorale.
03:57Les contre-pouvoirs de la société américaine, est-ce qu'ils sont plus faibles ? Et est-ce qu'ils peuvent réduire l'impact négatif ou les reculs environnementaux de la politique de Trump ?
04:08— Alors moi, vous savez, ça fait bientôt 5 ans que j'étudie la politique américaine. Et je dois vous avouer que je suis étonné.
04:15Je suis étonné, parce qu'une des raisons qui faisait que Trump apparaissait comme certainement une menace pour les institutions américaines,
04:24mais une menace relativement faible, est que le système américain est fondé sur ce système qu'on appelle en anglais « checks and balances »,
04:32ce système de contre-pouvoirs très puissant, cette révérence de la Constitution qu'ont les Américains.
04:40Et aujourd'hui, moi, je suis personnellement sidéré de voir la manière avec laquelle l'administration Trump est capable de trancher, comme dans du beurre, je devrais dire,
04:48dans les contre-pouvoirs qui existent. Et c'est quelque chose qui est assez étonnant. À quel point l'administration Trump voudra-t-elle aller...
04:58Jusqu'à quel point voudra-t-elle aller, en réalité, dans cette destruction des contre-pouvoirs ? Est-ce qu'ils se permettront un jour de passer au-delà d'une décision de la Cour suprême,
05:12comme Andrew Jackson avait pu le faire il y a un siècle et demi ? Rien n'est moins sûr. Mais disons que ça commence à rentrer dans l'ordre des possibilités.
05:20— C'est ça. C'est-à-dire que ce qui semblait totalement impossible dans un pays, comme vous le dites, qui fait de sa Constitution vraiment une pierre angulaire,
05:27d'un seul coup, avec un Donald Trump et même avec ceux qui l'entourent, la question se pose. Si on prend par exemple... Il y a quand même des décisions qui ont été prises.
05:35Lee Zeldin, qui a été nommé à la tête de l'Agence américaine de protection de l'environnement. Bon. Agence américaine de protection de l'environnement.
05:43En fait, qui est-il et qui défend-il, ce Lee Zeldin ? — Lee Zeldin, c'est quelqu'un qui défend avant tout des intérêts pétroliers.
05:49Mais c'est dans la droite ligne de ce qu'avait fait Donald Trump lors de son premier mandat. Il avait nommé Scott Pruitt, qui était un lobbyiste pour des intérêts pétroliers à l'époque.
06:00Donald Trump, c'est quelqu'un qui veut absolument désinstitutionnaliser l'IPA, transformer l'Agence de protection de l'environnement,
06:11en Environmental Protection Agency. — Pardon. J'avais pas l'acronyme en version anglaise. — Effectivement. Et c'est quelqu'un qui veut absolument changer cette institution,
06:20soit la faire disparaître, soit la changer pour favoriser son propre agenda politique, ses propres intérêts. — Mais oui, mais autant la faire disparaître.
06:29C'est totalement absurde de garder le nom pour mettre quelqu'un qui défend le lobby du pétrole. — Pas tant que ça, puisque c'est quelqu'un qui a la main
06:35sur les politiques environnementales. Mais en réalité, ce que ça montre, c'est un vrai problème d'acceptation des politiques environnementales aux États-Unis.
06:43Et c'est un problème qui n'est pas limité aux États-Unis, si vous me permettez de faire une petite comparaison. — Bien sûr, bien sûr. Les dernières élections européennes
06:49ont montré que les listes écologistes avaient souffert et que les listes de droite populiste ou droite extrême avaient le vent en poupe.
06:57Il faut pas se voiler la face sur le fait que l'élection de Trump marque un profond malaise par rapport à ce système néolibéral qui a été institué
07:08à partir des années 70. Et ça, c'est aussi quelque chose que l'on voit dans les politiques environnementales, dans le sens où ces politiques
07:16environnementales ont la plupart du temps été fondées sur l'idée qu'on allait garder un système productiviste tel qu'on le connaît aujourd'hui
07:24et qu'on allait mettre une sorte d'autocollant un peu vert par-dessus. Ça, c'est quelque chose qui est très mal interprété par les électeurs américains,
07:36qui est très mal interprété par les électeurs européens aussi aujourd'hui. C'est perçu comme étant une taxe. Aujourd'hui, ce sur quoi il faut travailler,
07:43c'est sur l'acceptation de ces politiques et quelles politiques publiques on peut mettre en place pour faire en sorte que les politiques climatiques
07:49Et alors évidemment, les décisions de Donald Trump, elles n'ont pas seulement des conséquences sur la société américaine et le territoire américain.
07:56Par exemple, quand il sort de nouveau des accords de Paris. Je voudrais qu'on soit assez précis. Parce que qu'est-ce qui s'était passé il y a 8 ans ?
08:05Ça avait mis quand même du temps avant que les États-Unis sortent de fait des accords de Paris. Comment ça s'était passé ?
08:11Alors le temps... Disons, il est important déjà de voir que les accords de Paris ne sont pas des traités qui sont applicables. Ce sont des déclarations de volonté.
08:20C'est pas forcément contraignant.
08:21Voilà. C'est pas forcément contraignant. Après, ce sont des moyens par lesquels les États se lient eux-mêmes pour atteindre certains objectifs.
08:30Maintenant, l'accord de Paris, il faut qu'il soit mis en œuvre. Il faut qu'il soit appliqué au sein des pays qui sont signataires.
08:40Joe Biden avait commencé à le faire avec deux lois. Une loi sur les infrastructures et une loi de réduction de l'inflation.
08:46À l'époque où Donald Trump avait quitté l'accord de Paris, l'accord de Paris venait d'être signé. Donc en réalité, il n'y avait pas encore eu d'application de cet accord.
08:54Oui. Donc il n'y a pas eu d'effet très important à l'époque. Après, il y a le symbole politique. C'est-à-dire l'effet d'entraînement que ça peut représenter pour d'autres pays ?
09:03Le symbole politique est très important. Maintenant, je pense que le reste du monde commence à être un petit peu habitué à la méthode américaine, si je puis dire.
09:15Il faut rappeler que les États-Unis étaient sortis aussi du protocole de Kyoto après l'avoir soutenu sous Clinton.
09:22Donc Clinton, notamment son vice-président Al Gore, avait soutenu le protocole de Kyoto. George W. Bush, conservateur qui avait été élu ensuite, avait lui fait en sorte qu'il ne soit pas ratifié.
09:33Donc le yo-yo américain, on a l'habitude en l'occurrence.
09:36Voilà. Disons que ça fait 20 ans maintenant que les Américains font du yo-yo en matière environnementale. Ce qui change aujourd'hui, c'est qu'ils commencent à le faire sur d'autres aspects aussi, sur d'autres politiques.
09:44Oui. Et alors, vous l'avez évoqué, l'aspect scientifique qui est aussi très important parce que là, il y a des coupes franches dans les budgets liés à la défense de l'environnement
09:54ou dans des budgets scientifiques en général, pas n'importe lesquels. Mais bon, là aussi, est-ce qu'il y a une opportunité pour l'Europe, finalement, à attirer des chercheurs qui parfois sont d'ailleurs d'origine européenne,
10:07sont partis aux États-Unis parce qu'ils étaient mieux payés là-bas et qui se disent « Bon, ben, on va devoir rentrer ».
10:12Oui, il y a totalement une opportunité. Mais d'ailleurs, l'université d'Aix-Marseille, elle a fait... Alors, est-ce qu'on a les moyens ? Je ne sais pas.
10:19Oui, parce que c'était bien payé là-bas, donc il va falloir bien les payer ici.
10:22Après, il faut voir que... Bon, alors, le statut des chercheurs, ce n'est pas ma spécialité. Mais ce qui est important concernant le statut des chercheurs, c'est que ce n'est pas limité à une rémunération.
10:33C'est aussi des possibilités de recherche qui ne sont pas nées en France. En France, quand on est chercheur, on a énormément de charges administratives.
10:41Quand on est chercheur aux États-Unis, justement, on peut plus facilement prendre des années sabbatiques pour poursuivre des recherches.
10:48On peut avoir plus facilement des fonds. Il y a des fonds dédiés à chaque chercheur dans les grandes universités américaines.
10:55Il y a des projets de recherche interdisciplinaires, ce qui manque encore un petit peu à l'appel en France, même si c'est clairement en train de se développer.
11:02Et je salue toutes les personnes qui souhaitent développer ces initiatives aujourd'hui.
11:06— Donc, est-ce que face à une administration qui tape sur les scientifiques, pour le dire un petit peu directement, il y a une possibilité pour que des gens viennent en Europe ?
11:17Oui, totalement. Maintenant, est-ce que ça continuera sur le long terme ? Je ne suis pas certain.
11:26Face à une administration qui sera plus conciliante envers les chercheurs, je pense que, pour beaucoup de raisons, beaucoup de personnes préféreront être aux États-Unis.
11:34— Merci beaucoup, Jasdon Kiddo, et à bientôt sur Be Smart For Change. On passe à notre débat, les trophées de la philanthropie.
11:41Générique
11:47Le débat de ce Smart Impact. On parle des trophées de la philanthropie avec Pauline Soulas. Bonjour.
11:52— Bonjour. — Bienvenue. Vous êtes déléguée générale adjointe de la fondation Feel Good, Feel Good by Neuflies, OBC, la banque Neuflies.
12:00Christophe Salmon, bonjour. — Bonjour. — Le président de la fondation Crédit Mutuel. Prix de la philanthropie créé en 2019 par le groupe FICAD,
12:07qui est propriétaire de Be Smart For Change. Prix remis en novembre dernier. J'ai eu le plaisir d'y participer. On a décidé de mettre les lauréats en valeur
12:15dans les différentes émissions de la chaîne. La fondation Feel Good de la banque Neuflies, OBC, a donc remporté le prix dans la catégorie Impact.
12:22Alors moi, je veux rentrer tout de suite dans le vif du sujet. C'était pour quoi, pour quelles actions ?
12:27— Alors en fait, c'était pour des actions globales, sachant que notre fondation, qui est un fond de notation qui s'appelle Feel Good,
12:34donc elle a pour vocation d'aider nos clients dans leurs démarches philanthropiques. Et dans leurs démarches philanthropiques, du coup,
12:43nos clients ont potentiellement plusieurs causes diverses et variées. Donc on soutient toutes ces causes, de la fondation pour la recherche médicale
12:51à l'environnement, en passant par la précarité, etc. Donc c'était vraiment sur – on va dire – la façon de présenter et l'offre qu'on propose
13:00à nos clients sur cette expertise d'accompagnement philanthropique et à 360 degrés, si j'ai bien pu dire.
13:08— Et on rentrera un peu dans le détail de ce que vous proposez effectivement à vos clients. La fondation Crédit Mutuel a remporté cette année
13:15le prix de la lutte contre le changement climatique. Il y avait eu d'autres prix les années précédentes. Alors c'était pour quel type
13:21d'action ? Parce que la fondation Crédit Mutuel, là aussi, le spectre est assez vaste. — Ouais, le spectre est vaste. Alors c'est la fondation Crédit Mutuel,
13:27l'alliance fédérale. On y tient, parce que ça regroupe aussi l'action de mécénat, du CIC, de Cofilis, enfin des filiales du groupe. Et donc cette année,
13:35c'est vrai qu'on a eu la chance d'être accompagnés... Enfin récompensés sur la lutte contre le changement climatique. Ça répond à plusieurs actions.
13:44Ça récompense plusieurs actions. On a mené notamment des appels à projets sur les questions de biodiversité. Et puis là, ce qu'on voulait mettre en avant
13:50aussi, c'était l'action d'une association qu'on accompagne et qu'on essaye de renforcer et d'accompagner dans son développement, qui est Sylvact,
13:58et qui permet à des propriétaires forestiers de les accompagner dans une gestion plus vertueuse de leur forêt. — Oui. — Dont la Banque de Neuf-Lys est fondatrice.
14:09— De ? — De Sylvact. — Ah, très bien. Depuis combien de temps, donc ? — Depuis le début. Donc maintenant, ça doit faire une bonne dizaine d'années.
14:17— Oui. Et alors avec quel impact positif, puisque c'est le terme de cette émission ? — Alors l'impact positif, en fait, c'est la gestion forestière de propriétés.
14:30Et c'est pas seulement on plante des arbres. C'est la modalité de gestion. Donc ils aident en fait les propriétaires à savoir gérer, faire les coupes au bon moment, etc.
14:40— Oui. Alors vous aviez, avec la Fondation Créer mutuel, l'Alliance fédérale, remporté la catégorie solidarité en 2022 et le prix Égalité des chances en 2023,
14:48ce qui donne un peu, voilà, effectivement, le spectre de vos actions. Qu'est-ce que ça représente de recevoir un prix comme ça ?
14:57Est-ce qu'il y a une dotation financière ? Est-ce que c'est simplement une notoriété, une récompense, la reconnaissance du travail effectué ?
15:04Comment vous le recevez ? — Ça représente de la fierté. De la fierté et puis de la rassurance aussi. On est quand même une fondation assez jeune.
15:09Elle va bientôt fêter ses 4 ans. Et c'est vrai que d'être récompensée à 3 reprises par ce grand prix, finalement, ça nous permet de dire... Voilà, on est sur la bonne voie.
15:18C'est bien. On trace notre sillon. Les choix qu'on fait sont les bons. Et donc voilà, ça nous rassure. Et puis ça crée une fierté collective.
15:25C'est un prix qu'on partage avec nos fédérations de crédit mutuel, avec nos banques régionales CIC. Et donc ça permet une mobilisation encore plus forte
15:32de tous les collaborateurs autour de la fondation. C'est important.
15:36— Oui. Comment vous choisissez, Pauline Soulas, les projets soutenus par ce fonds de dotation ?
15:42— Alors on a plusieurs... D'abord, on a plusieurs instances, entre guillemets, pour justement choisir, notamment un comité d'experts indépendants,
15:50parce que pour nous, c'est important, voilà, d'avoir vraiment des experts en face qui puissent nous challenger et pas faire ça juste en interne.
15:57Donc il y a d'abord cette sélection des structures qui sont faites par ce comité indépendant avec 2 personnes de l'extérieur.
16:05Et ensuite, on a tout un process interne pour sélectionner les projets. Donc nous, évidemment, ce qu'on a très envie, c'est toujours de choisir
16:17des projets innovants, des projets à impact. Et on accorde aussi beaucoup d'importance au fait que ces projets puissent être bien suivis dans le temps,
16:27puissent avoir un reporting qui soit digne de ce nom, puisqu'il faut qu'on puisse les suivre dans le temps et avec un reporting de qualité.
16:37— Comment... Est-ce que vous pouvez être complémentaires, là ? Je pense à cette question en vous entendant parler de projets forestiers, finalement, communs.
16:45Les fondations, elles travaillent ensemble. Vous allez pouvoir répondre tous les deux à la même question. Je commence avec vous, Christophe.
16:50— Non, c'est très intéressant, d'ailleurs, ce débat qu'on a eu sur Sylvacte, parce qu'on voit qu'il peut y avoir une complémentarité dans le temps.
16:57C'est-à-dire qu'une fondation qui initie une démarche, qui accompagne une association. Et puis quand il faut que l'association prenne un nouvel élan et sème plus largement
17:08sur le territoire, d'autres peuvent prendre le relais. Et je pense qu'il y a beaucoup de choses à faire dans une meilleure coordination des actions des fondations.
17:15Ça reste encore un peu en silo. Vous voyez, là, on le découvre ensemble. Ça reste encore un peu au silo. Mais je pense qu'il y a énormément de choses à faire.
17:23Et on va y travailler pour mieux travailler ensemble et prendre chacun un petit bout de la chaîne pour accompagner encore mieux les associations.
17:31— Votre avis ? — Effectivement. On se rend compte aussi que... Je rebondis sur votre phrase de silo, en fait. Le cloisonnement, c'est un vrai sujet, en fait.
17:42Il y a des expertises dans plein de domaines. Et en fait, ce qui est intéressant et ce qui fait avancer tout le monde, c'est quand on arrive à croiser et à avoir
17:52des expertises transverses. Et c'est vrai que c'est ça qui est compliqué. Et on est contents d'être là sur ce plateau, parce que pour que ça soit transverse,
17:59en fait, il faut que les gens se connaissent, les gens entendent parler de nos actions. Et pour ça, il faut communiquer.
18:06Alors vous représentez les fondations de deux banques. Et donc il y a cette question autour du levier de la finance pour transformer notre économie
18:16et notre société. J'ai trouvé ce chiffre. C'est la Fédération bancaire française qui nous dit qu'en 2023, les crédits verts et durables, ça représentait
18:23337 milliards. Alors on voit ça. On se dit c'est beaucoup. Ils ont été multipliés par 4 en 3 ans. Très bien. Mais alors ça représente encore,
18:32Christophe Salmon, je ne sais pas, c'est pas une colle, mais quel pourcentage ? C'est encore tout petit, la finance verte et durable, par rapport à la finance normale.
18:41C'est encore certainement tout petit, mais il y a une vraie mobilisation de la finance, des banques, pour mieux accompagner tous ces enjeux.
18:49Crédit Mutuel Alliance fédérale a lancé il y a 2 ans maintenant le dividende sociétal, qui permet...
18:56On rappelle en quelques mots ce que c'est.
18:58Le dividende sociétal, c'est la décision qui a été prise d'affecter chaque année 15% de notre résultat à cette transformation environnementale et solidaire.
19:06Et donc de le faire par différents moyens, et notamment un fonds impact qui agit par l'investissement, et puis du mécénat qui soutient les associations.
19:16Et quand on conjugue ces deux facteurs, on parlait de la forêt, mais grâce au fonds impact, on a pu acquérir des forêts et les accompagner dans une gestion
19:26de plus en plus durable et vertueuse, on voit la puissance que ça peut avoir.
19:30Donc il y a une vraie responsabilité de la finance autour de ces enjeux, et j'ai l'impression que tous se fédèrent pour agir et pour mieux accompagner ces enjeux.
19:41Votre avis, Pauline Sela, sur le rôle de la banque, on va dire, en général, dans cette transformation environnementale ?
19:46Nous, on a vraiment à cœur de jouer notre rôle de banque durable dans la finance, vraiment la finance durable.
19:56On a une offre de finances vertes depuis plus de dix ans, quinze ans même peut-être, et c'est vrai que maintenant, tout le monde a une offre de finances vertes.
20:07Nous, on l'a depuis longtemps, on a des track record, on a des mandats, ce qu'on appelle ISR, investissement social, on a des mandats à impact qui vont encore plus loin,
20:16et on présente justement la philanthropie comme quelque part le step juste après l'ISR, l'impact et la philanthropie,
20:23où là, on n'a plus de rendement financier, bien entendu, puisque c'est des dons complètement libéraux,
20:28mais on présente ça sous le fait qu'on a un rendement extra-financier, puisqu'en fait, il y a d'autres choses dans la vie qui puissent nous rapporter.
20:40Avec quand même, c'est plus qu'une impression, ces vents contraires qui se lèvent, notamment depuis les États-Unis, il y a des alliances internationales qui existent,
20:49Net Zero Banking Alliance, dont les banques américaines se sont retirées, et l'objectif, c'est de tenir l'objectif Net Zero 2050,
20:59c'est pareil aussi pour les sociétés de gestion, ça s'appelle Net Zero Asset Managers, là aussi, il y a des sociétés américaines qui sont parties.
21:06Comment vous réagissez à ça ? Et est-ce que c'est une opportunité, finalement, pour les banques françaises ou européennes, de se dire « Tiens, soyons mieux-disant »,
21:15ou alors, est-ce que ça vous questionne ?
21:17Ça questionne, surtout quand on échange avec le monde associatif. On voit l'inquiétude, aujourd'hui, qui existe auprès de nos partenaires associatifs,
21:25parce que leur soutien, notamment pour les grandes ONG, leur soutien américain, aujourd'hui, c'est en train de disparaître les uns après les autres.
21:34Et donc, nous, on est confrontés à ça, aujourd'hui, avec cette inquiétude-là, la nécessité peut-être de prendre le relais, dans quelles mesures on pourra le faire,
21:42c'est un point d'incertitude fort. Donc, aujourd'hui, on sent, quand même, cette inquiétude et cette fragilité encore plus fortes du tissu associatif,
21:51qu'il va falloir préserver pour, justement, répondre aux enjeux qu'on a évoqués ensemble.
21:56Est-ce qu'à l'inverse, vous, parmi vos clients, il y en a qui se disent « Allons-y, encore plus fort, puisqu'il y a un vent contraire qui naît des États-Unis ».
22:04C'est ça. Alors, pour l'instant, justement, on est sur ce frémissement-là, mais effectivement, ça va peut-être pouvoir éveiller encore plus les consciences,
22:17parce que, clairement, la philanthropie, en France, elle a quand même beaucoup de retard par rapport aux pays anglo-saxons, ça, c'est clair.
22:23Et ce qu'on voit beaucoup, c'est des jeunes entrepreneurs. En fait, la philanthropie, elle a vraiment changé par rapport à avant.
22:31Maintenant, on voit des jeunes entrepreneurs qui ont une vision complètement holistique de leur vie. Il n'y a pas de séparation entre vie pro et vie boulot.
22:38Et donc, quand ils montent une boîte avec des engagements RSE, ils sont engagés, eux, à titre perso aussi.
22:45Ce n'est plus la philanthropie où je monte ma boîte et, à 60 ans, je vends ma boîte et je me dis « Ah, tiens, je vais faire le petit bac ».
22:52Là, maintenant, il faut que je fasse du bien.
22:54Et il y a un schéma qu'on voit de plus en plus et qu'il est important de partager, c'est ce qu'on appelle la fondation actionnaire.
23:02La fondation actionnaire, en fait, ce n'est pas un nouveau terme juridique, c'est juste un schéma où on voit nos clients qui ont des entreprises
23:09et qui décident, de façon irrévocable, d'allouer, donc de donner une partie de leur capital à une fondation,
23:17généralement une fondation qu'ils contrôlent, un fonds de dotation, leur propre fondation,
23:21mais c'est quand même une fondation qui va recevoir à la fois des dividendes et la plus-value future, la valeur de l'entreprise.
23:28Et on peut faire ça sur 10, 20 ou même 100% de l'entreprise, bien entendu, pour l'instant, c'est assez petit.
23:33Mais c'est vraiment un nouveau schéma qui est vraiment en train de mûrir dans les consciences.
23:40C'est très intéressant.
23:41– Merci beaucoup à tous les deux et encore bravo pour vos prix de la philanthropie.
23:46On passe à notre rubrique « Start-up » tout de suite.
23:48Smart Ideas avec, en duplex, Nicolas Kadkoff qui est directeur des ventes chez Wula.
23:59Bonjour, bienvenue.
24:01Wula, c'est une entreprise estonienne fondée en 2019 par Anna-Lisa Palatou et avec quelle idée ?
24:07C'était quoi l'idée de départ ? Racontez-moi.
24:09– Bonjour Thomas, merci de me recevoir.
24:11Alors effectivement, vous l'avez dit, Wula est une entreprise estonienne fondée en 2019
24:17avec une idée très simple, c'est de remplacer les emballages plastiques à usage unique
24:23avec de la laine de mouton.
24:24Alors pourquoi de la laine de mouton, vous allez me demander.
24:27L'Estonie, vous le savez sûrement, est un grand producteur de laine pour l'industrie du textile.
24:32Seulement, il faut savoir que seulement 10% de cette laine passe les critères du textile.
24:38Les 90% restants étaient jusqu'à présent enfouis ou brûlés.
24:43Ça représente 200 000 tonnes de laine par an qui étaient gâchées, c'est énorme.
24:48Alors que ce matériau conserve des propriétés de protection optimales.
24:53Déjà contre les rayures, contre la casse, vous vous en doutez.
24:56Mais également contre les hautes températures, contre l'humidité.
25:00C'est un matériau qui est naturellement thermoregulateur et isolant.
25:05Donc l'idée, c'est de remplacer les emballages plastiques à usage unique
25:09par des enveloppes en laine de mouton comme celles que vous voyez ici.
25:14Nous avons donc pénétré le marché français en 2023 avec une très bonne accroche du marché.
25:23Il faut savoir que 80% des Français sont quand même attentifs
25:27à ce que leurs marques préférées utilisent des emballages durables.
25:31Et puis, en quelques chiffres, c'est plus d'un million cinq cent mille enveloppes
25:36qui ont été vendues dans le monde à l'heure d'aujourd'hui.
25:39Et pour ce qui est de la France, puisque c'est mon marché principal,
25:42750 000 enveloppes, et pour mettre ça en perspective,
25:45ça donne 14 stades de foot ou 40 piscines olympiques.
25:50Et notre but ultime, c'est d'ici à 2030,
25:54de remplacer 50% des emballages plastiques par nos enveloppes en laine.
25:58C'est si simple de remplacer le plastique par de la laine
26:02pour garder les mêmes propriétés et les mêmes usages ?
26:06Mais même supérieur, car contrairement au plastique,
26:09nos inserts en laine peuvent avoir plusieurs cycles de vie.
26:13Ils sont naturellement compostables, recyclables,
26:16ne contiennent pas de microplastiques ni de produits chimiques.
26:20Et alors sur le papier, parce qu'une enveloppe à bulles,
26:24il y a le plastique et il y a le papier d'où ?
26:26D'où vient-il ? Quel choix vous avez fait ?
26:29C'est un papier qui provient de forêts qui sont labellisées et sourcées FSC.
26:34D'accord, donc c'est matière première recyclée.
26:40Est-ce qu'elle est recyclable aussi ?
26:41Si on parle du cycle de vie du produit, qu'est-ce qu'il devient ?
26:45Alors, il peut être recyclé effectivement.
26:47Nous nous estimons qu'un insert Woola en laine
26:50peut avoir entre 5 et 6 cycles de vie différents.
26:55Il peut être composté naturellement,
26:57il peut être recyclé dans le bac de recyclage,
27:01mais nous incitons énormément au réemploi de cette enveloppe.
27:06C'est une entreprise bicorpe,
27:09Woola, est-ce que ça a demandé beaucoup d'efforts pour y parvenir ?
27:13Et puis peut-être, à quel point c'est une sorte d'aiguillon le fait d'être bicorpe ?
27:17Ça oblige à progresser ?
27:19Alors, ça a demandé quelques efforts et ça impose toujours quelques challenges,
27:23mais ça ne serait pas drôle sinon.
27:25Voilà, comme vous l'avez, nous sommes une entreprise bicorpe,
27:27un engagement qui est validé par cette charte,
27:30qui certifie les entreprises qui ont un impact positif sur la société,
27:34sur l'environnement et qui impose des standards de responsabilité,
27:39de transparence et de performance durable.
27:41Mais également, nous avons notre propre label interne
27:45qui s'appelle Know Your Wool,
27:47qui nous permet de rester locaux, de suivre nos éleveurs,
27:51de les connaître et de les rémunérer au plus juste.
27:54Merci beaucoup Nicolas Katkoff et bon vent à Woola,
27:58donc à vos enveloppes à bulles en laine, si je simplifie.
28:04Merci beaucoup et à bientôt sur Be Smart For Change.
28:06Voilà, on passe, c'est la fin de l'émission évidemment,
28:09et je vous dis à demain pour un nouveau numéro de Smart Impact.
28:12Salut !