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Jeudi 13 février 2025, SMART TECH reçoit Alexandra André (directrice générale, French Tech Grand Paris) , Robin Rivaton (Auteur et PDG, Stonal) , Julien Pillot (Consultant, Enseignant-chercheur en économie, Inseec - Groupe Omnes Education) et Caroline Chopinaud (directrice associée, Hub France IA)

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00:00Bonjour à tous, c'est parti pour le grand débrief de l'Attec.
00:11Aujourd'hui, évidemment, ce sera un débrief consacré au sommet qui s'est tenu à Paris ces jours-ci.
00:17On en parle pendant une demi-heure. Je vais vous présenter évidemment mes commentateurs tout de suite après.
00:22Bienvenue dans un spécial débrief, spécial sommet pour l'action sur l'IA, AI Action Summit, si vous préférez.
00:34D'ailleurs, on va partir un petit peu sur un sujet international pour démarrer.
00:37Mais d'abord, je vous présente mes commentateurs en plateau aujourd'hui.
00:40Caroline Chopinot, bonjour, bienvenue. Merci beaucoup d'être avec nous, directrice associée, je le rappelle, du hub France-IA.
00:47Alexandra André, bienvenue également.
00:49Bonjour Delphine.
00:50Directrice générale de la French Tech Grand Paris. Et puis, Julien Pillot, bienvenue Julien.
00:56Économiste, enseignant-chercheur à l'INSEC.
00:59Alors, on va ensemble commenter ce grand sommet international qui s'est tenu à Paris.
01:03Super, on est très contents. Mais on a peut-être un petit peu oublié vite qu'il était co-organisé par l'Inde.
01:09Et oui, l'Inde était aussi à l'honneur.
01:12Donc, pour en parler, on est connecté avec Robin Rivaton, PDG d'Estonal. Bonjour Robin.
01:17Bonjour.
01:18Donc, vous travaillez dans l'IA, mais vous êtes aussi membre du conseil scientifique de Fondapol, qui est un think tank sur l'innovation politique.
01:25Et puis, on peut vous lire dans l'Express.
01:27Alors voilà, on a rebondi sur votre papier dans la course à l'intelligence artificielle, le mystérieux retard de l'Inde.
01:36Alors, on va revenir sur cette question du retard.
01:39Mais déjà, votre sentiment sur cette co-présidence de l'Inde au sommet.
01:44Vous êtes d'accord que ça ne s'est pas beaucoup vu finalement ?
01:47Oui, Modi a été quand même pas mal éclipsé par les annonces qui ont beaucoup tourné autour de la France, plus qu'autour de l'IA en général.
01:56Et en même temps, ça a mis effectivement le projecteur sur la question de là où en est l'Inde dans cette course à l'IA.
02:02Et elle en est effectivement assez loin.
02:04Et alors, comment vous expliquez ça ? Parce que quand on regarde dans les big tech américaines, on voit quand même beaucoup d'Indiens.
02:11Et au sommet ?
02:12Totalement. Et beaucoup de big tech sont dirigés par des gens d'origine indienne.
02:18Ce qui est intéressant, c'est qu'il y a une séquence qui a tourné récemment, qui était une séquence tournée en juin 2023 à New Delhi,
02:26où Sam Altman répondait à des investisseurs indiens et qui lui demandait est-ce qu'une équipe de 10 personnes avec 5 millions de dollars peut réussir à vous concurrencer ?
02:34Et sa réponse avait été catégorique. Ça avait été dire jamais de la vie, n'essayer même pas.
02:38Et en fait, DeepSeek est né à Hangzhou, en Chine, un mois avant et a fait ce coup d'éclat qui a marqué la planète tech il y a quelques semaines de cela.
02:50Donc la question, c'est pourquoi en fait DeepSeek n'est pas né en Inde, n'est pas né à New Delhi ou à Mumbai ou à Bangalore ?
02:56Et les réponses peuvent être de plusieurs ordres.
02:59On peut éliminer les facteurs de talent. Vous l'avez dit, la tech indienne a beaucoup de talent.
03:04Elle a vraiment mis beaucoup d'argent. Il y a eu un plan qui a été annoncé l'année dernière qui était un plan de 1,5 milliard de dollars pour des initiatives autour de l'IA,
03:11avec notamment la création d'un cluster qui rassemble des puces NVIDIA de dernière génération pour les louer à des acteurs locaux pour qu'ils puissent entraîner leur modèle.
03:20Et pour autant, l'IA native indienne, la plus performante, c'est un laboratoire qui l'a créé et qui est très en retard par rapport aux autres IAs.
03:30La réponse, elle est plutôt à aller chercher dans toujours à une chose que pour l'Europe, c'est la question de la compétition et du marché.
03:39Si la Chine a réussi à recréer des géants de l'IA, en tout cas des futurs géants de l'IA, on verra bien ce qu'il en sera par la suite,
03:46c'est d'abord et avant tout parce que son marché est fermé.
03:49Et donc avec un marché fermé, aujourd'hui, vous avez une interdiction d'utiliser des solutions d'OpenAI et d'Entropique sur le marché.
03:59Et même pire que ça, l'année dernière, OpenAI a carrément interdit.
04:04Il y a des gens qui contournaient le firewall chinois et qui utilisaient des VPN pour se connecter à OpenAI.
04:09Et OpenAI a carrément interdit désormais de faire ça pour se mettre en conformité, on va dire, avec le gouvernement de Pékin.
04:16Quand je vous écoute, Robin, en fait, je me dis, ça fait écho quand même avec ce qui se passe en France.
04:23C'est pareil, on a un peu le même problème de manque de protectionnisme, entre guillemets.
04:29C'est deux zones qui sont extrêmement intéressantes, l'Inde et l'Europe, puisqu'elles regorgent de talent.
04:34Il y a des initiatives publiques relativement importantes en termes de financement.
04:37Et elles n'ont pas vu l'émergence d'un écosystème digital, sans même parler de l'IA endogène, indépendant,
04:45tout simplement parce que les acteurs américains, ils sont très forts, très représentés.
04:49Et on est en train de vivre la même chose sur l'IA qu'on a vécu sur le digital ou l'accès à Internet.
04:57Et la seule zone qui s'exemple de ça aujourd'hui, c'est la zone chinoise,
05:03et qui l'a fait effectivement avec l'imposition d'un fort protectionnisme à l'entrée sur son marché.
05:09Donc je n'ai pas d'avis sur la question de savoir si c'est une bonne chose.
05:13En tout cas, il est intéressant de remarquer que le seul pays qui a réussi à créer un écosystème endogène,
05:19c'est en imposant des fortes protections ou des fortes barrières à l'entrée de son marché domestique.
05:24Je fais le parallèle avec la France aussi sur les talents.
05:26Voilà, c'est un discours qu'on entend.
05:28Donc l'Inde sera le quatrième pays à accueillir cette rencontre internationale autour de l'intelligence artificielle.
05:34On verra si la France y est totalement éclipsée là-bas.
05:37Ce sera peut-être un juste retour de médaille.
05:40Robin Rivaton, je vais vous libérer parce que je crois que vous êtes pressé.
05:43Sinon, on va continuer à débattre en plateau.
05:45Merci beaucoup.
05:46Merci.
05:47Réaction sur cette coprésidence avant qu'on passe aux autres sujets qui vous ont marqué pendant le sommet ?
05:53Réaction peut-être plus sur les propos qui viennent d'être tenus par Robin Rivaton,
05:56auxquels je souscris très fortement puisque ce sont des thèses que j'avance très souvent ici d'ailleurs.
06:02La Chine, effectivement, a réussi à se constituer des vrais champions du numérique
06:07par des mesures protectionnistes qui sont extrêmement fortes et ciblées,
06:11mais aussi parce qu'elle a un marché intérieur captif qui est extrêmement dynamique,
06:15extrêmement connecté et qui lui a permis de faire monter ces grands champions du numérique
06:20à une échelle assez intéressante pour pouvoir d'abord développer leurs solutions
06:25et ensuite les exporter, ce qui est la phase 2 de leur plan de domination économique sur la partie tech,
06:31telle qu'on le voit aujourd'hui un petit peu partout.
06:34Mais il ne reste que sur la formation des talents.
06:37Encore une fois, la question c'est aussi de savoir dans cette compétition internationale
06:40dont se faisait l'écho Robin Rivaton,
06:42quels sont ceux qui sont capables non pas uniquement de les former,
06:45mais aussi de les attirer et de capitaliser sur le long terme sur ces talents-là.
06:49Et là aujourd'hui, les mieux-disant sur le marché, ça reste quand même les acteurs américains.
06:54D'autres réactions ?
06:56Oui, alors moi je pense que sur la position de l'Inde,
06:59en fait c'était un sommet européen plus qu'un sommet international.
07:02Quelque part c'est porté par l'Europe.
07:04Il y avait Ursula von der Leyen qui était là.
07:06C'est co-financé par l'Europe ce sommet quand même.
07:09Donc effectivement, difficile de faire la place peut-être à l'Inde.
07:12En revanche, ils sont quand même signataires d'éléments importants dont on va reparler après.
07:18C'est quand même une puissance forte qui a envie d'aller contre la Chine et les U.S.
07:24ou en tout cas de venir contrer ça.
07:26Donc je pense que c'est quand même intéressant qu'on les ait eus sur ce sommet
07:30et ok, on ne leur a pas donné assez de place,
07:32mais ce n'est pas négligeable les discussions et les négociations qu'il y a eu autour de ça.
07:36Regardons pas derrière, regardons devant et où ce sommet va nous emmener derrière.
07:41Il ne faut qu'on ne lâche rien tous ensemble.
07:43Il ne faut pas lâcher parce qu'il s'est passé quand même quelque chose d'assez intéressant sur ces deux jours.
07:49Alors je dis deux jours, vraiment les temps forts étaient lundi, mardi,
07:52mais il y a eu tous les side events, tous les événements à côté.
07:55Les journées scientifiques aussi qui se sont tenues la semaine d'avant.
07:59Qu'est-ce que vous retenez Caroline ?
08:02C'était vraiment très intense.
08:04Moi ça fait plus de 20 ans que je suis dans l'intelligence artificielle
08:06et je crois que c'est la première fois qu'on a autant de traction autour de l'IA et autant de bonnes nouvelles.
08:11Donc c'est plutôt positif.
08:13Je n'ai pas eu de retour extrêmement négatif sur tout le déroulement du sommet.
08:18Vous l'avez évoqué aussi sur les journées de la science qui étaient quand même assez pertinentes
08:23avec des retours assez positifs sur les tables rondes qui se sont déroulées là-bas.
08:27Je pense qu'on a vu vraiment la dynamique de l'écosystème IA en France.
08:32Il y avait aussi un besoin de montrer que la France était là.
08:36Oui, vous pensez à IA, ça fait quelque temps que vous le dites, vous faites des cartographies.
08:40Oui, ça fait depuis 2017 qu'on est là.
08:42Donc c'est sûr qu'on ne vient pas découvrir des choses avec le sommet.
08:45Ça ne nous a pas apporté de nouvelles informations.
08:48Mais par contre ça a montré vraiment que tout le monde était là.
08:50En particulier à la station F, c'était quand même assez délirant d'un point de vue population.
08:56Personne n'arrivait à rentrer. On a l'impression que vraiment tout l'écosystème IA était là.
09:01Et donc c'est bien, ça lance une vraie dynamique à voir après comment ça s'opérationnalise.
09:06Mais il y a eu quand même de belles annonces, des beaux rapports qui sont sortis,
09:11qu'on va peut-être un peu détricoter, mais qui donnent une bonne dynamique à tout ça.
09:15On va écouter d'ailleurs Maya Noël, nous qu'on a rencontré sur place à la station F,
09:20qui faisait partie des organisateurs de ce Business Day.
09:24Maya, c'est un événement absolument réussi, on peut dire, ce Business Day.
09:28Il y a énormément de monde présent, avec la venue du président de la République.
09:32Qu'est-ce que vous avez retenu de son intervention ?
09:34J'ai retenu de son intervention qu'on peut être fiers d'être un écosystème français dans l'IA.
09:39Parce que c'est vrai que ces derniers jours, on a beaucoup parlé plutôt de nos concurrents.
09:43C'est normal d'avoir des concurrents, mais on a beaucoup parlé des Etats-Unis avec OpenAI,
09:46on a parlé de DeepSeek, en disant toujours qu'on était à la traîne.
09:49Donc c'est vrai qu'on a un retard à rattraper.
09:52Ce qu'on peut retenir de son intervention, mais en fait de tous ces jours qui viennent de s'écouler,
09:56c'est qu'on a quand même une carte à jouer.
09:58Parce qu'on a au final un bel écosystème, on a sorti une cartographie avec France Digital
10:02qui prouve qu'on a un peu plus de 750 startups dans l'IA,
10:06qui développent des cas d'usage très concrets, qui vraiment changent nos vies
10:09dans le secteur de la santé, dans le secteur de l'agriculture,
10:12dans le monde du travail en général, mais aussi dans la vie privée de chacun.
10:15Et c'est ça qu'on retient de ce sommet, c'est que déjà, on est présent,
10:18on a cette application-là, et que d'un point de vue technologique,
10:21on peut aller encore plus loin puisqu'on est présent sur toutes les couches
10:24de la chaîne de valeur de l'IA.
10:26Et que là, avec les investissements qui vont être faits,
10:28on va pouvoir investir effectivement dans l'infrastructure, avec des data centers.
10:32Quand on interroge nos entreprises, c'est ce qu'elles recherchent,
10:34c'est de l'accès à la donnée, de la puissance de calcul.
10:36Et ça, ça va nous permettre de rester dans la course.
10:40Alors il y a les investissements qui sont annoncés,
10:42mais au-delà de ça, on nous dit ça y est, on a passé un cap.
10:44Est-ce que vous avez l'impression que vraiment on a passé ce cap ?
10:46Et qu'est-ce qu'il faut encore mettre en œuvre, peut-être du côté des politiques européennes,
10:51pour véritablement se dire, là, la donne a vraiment changé pour l'Europe dans l'IA ?
10:58Je pense qu'on a passé un cap, car on a mis Paris, la France,
11:03en tant que capitale de l'IA pendant quelques jours, avec ce sommet.
11:06Ça a permis un énorme coup de projecteur qui rappelle qu'on est là,
11:09dans la course, et qu'on a de très belles entreprises.
11:11Et c'est ce que cherchent nos entreprises, c'est de la visibilité.
11:13Ce qu'elles veulent, c'est être connues pour trouver des clients.
11:15Et au final, c'est comme ça qu'on grandit.
11:17Et c'est vrai que face à la concurrence qui déploie des moyens pour développer la technologie,
11:21mais aussi beaucoup de moyens pour se commercialiser,
11:23c'est en fait beaucoup de moyens de marketing,
11:25nous on arrive en disant, ne nous oubliez pas, on est bien là dans la course.
11:29C'est ça, je pense, le cap qu'on vient de passer aujourd'hui.
11:32Et en fait, il y a cette volonté aussi d'avoir un écosystème européen,
11:37parce qu'on parle de la France dans ce sommet, parce qu'on l'accueille ici en France.
11:41Mais dans tous les discours, le moderne, c'est quand même de dire la France comme locomotive de l'Europe.
11:47Et on veut que ce soit l'Europe qui rentre dans cette course-là.
11:49Et il faut que l'Europe, dans son ensemble, se réveille,
11:52et surtout se réveille, je pense, en ayant un vrai marché unique.
11:55Comme je dis, ce dont on a besoin, c'est de visibilité pour grandir, d'un marché.
11:58Et ce dont on manque encore aujourd'hui, c'est ce marché européen.
12:00Donc aujourd'hui, quand on écoute les dernières nouvelles,
12:03notamment la boussole de compétitivité annoncée par Ursula von der Leyen,
12:06avec peut-être ce 28e régime, enfin ce statut,
12:09l'union des marchés des capitaux, pour pouvoir investir vraiment au niveau européen,
12:13c'est ce qu'on attend, et peut-être que ce sursaut arrive maintenant.
12:16Vous l'avez entendu, je vous entends commenter là,
12:19mais vous l'avez entendu, rappeler qu'on a besoin de ce 28e État finalement européen,
12:25ce 28e régime européen, pour créer un vrai marché unique aujourd'hui pour nos entreprises de la tech et de l'IA.
12:32Vous êtes d'accord avec ça, j'imagine ?
12:34C'est la base.
12:35C'est la base ?
12:36C'est la base, mais ça, ça fait 20 ans qu'on le demande en fait.
12:40On a des taxes différentes, on a des législations différentes, des fiscalités,
12:44donc on n'a pas un marché unique.
12:46Ça coûte cher à chaque fois d'aller s'implanter dans un nouveau pays,
12:48le market, les équipes, les bureaux, éventuellement, etc.
12:51C'est vrai que c'est 350 millions les US, c'est 60 millions la France.
12:55Si on prend chaque pays, déjà là, on aura vraiment cranté quelque chose si on arrive à faire ça.
13:00Parce que j'ai posé la question, est-ce qu'on a passé un cap véritablement ?
13:04On n'est pas allé encore jusque là.
13:06C'est le passage à l'action, mais c'est le tout début du passage à l'action.
13:11Oui, on n'a pas encore tout mis en place, mais il y a quand même plusieurs fois,
13:15le président Macron a évoqué d'avoir une stratégie IA à l'échelle européenne,
13:20d'arrêter de penser en silo par pays et d'essayer d'avoir une vision un peu plus homogène
13:25pour permettre de déployer l'IA à l'échelle et d'avoir vraiment l'Europe en tant que champion.
13:30Et d'ailleurs, il y a eu une initiative qui s'appelle l'European AI Champion,
13:34l'initiative qui a été mise en place et annoncée dans le cadre de ce sommet-là,
13:39avec, je crois, 150 millions d'euros dans cette initiative,
13:43et qui porte vraiment ce sujet d'aller donner de l'attraction à l'échelle européenne,
13:49de penser européen, de penser infrastructures données, mais vraiment à cette échelle-là,
13:53et d'arrêter de penser au niveau national.
13:56Et puis sur les investissements, ça y est, on a ce qu'il nous manque ?
14:00Julien ?
14:02Tourne tout de suite spontanément pour voir ce qu'il s'agit.
14:05L'économiste, désolé.
14:07Non, mais encore une fois, l'argent est un élément extrêmement important dans les marchés d'innovation, ça on le sait.
14:12On en parle là de ces 109 milliards annoncés.
14:14Voilà, donc c'est assez intéressant, ça reste quand même en deçà des 500 milliards
14:19qui ont été annoncés pour Stargate, par exemple.
14:21Donc s'il s'agit d'aller sur de la course à l'armement et sur des mises à l'échelle,
14:27peut-être que ce sera insuffisant si on veut faire la course vers la high-end,
14:31et en même temps, ça peut pas être démesuré au regard des annonces qui ont été faites par DeepSeek
14:35sur la capacité de pouvoir développer des IA qui sont décentralisées, open source,
14:39peut-être plus frugales aussi sur le plan environnemental, j'espère qu'on y reviendra.
14:42Donc en fait, ces 109 milliards, pour quoi faire ?
14:44Déjà, c'est la première question. Ensuite, au bénéfice de qui ?
14:47De l'économie française ? Pas si sûr.
14:49Parce que si ces 109 milliards servent à alimenter nos datacenters avec des GPU NVIDIA,
14:54en vérité, c'est l'économie américaine qui en profite.
14:56S'il s'agit derrière de confier la gestion de ces datacenters et leur déploiement à Microsoft ou Amazon,
15:01est-ce que c'est l'économie française qui en bénéficie directement ?
15:04Il y a Data4 quand même qui porte une partie du projet, donc ça c'est l'industrie française
15:11qui va être aux avant-postes sur l'emploi, sur le bénéfice économique quand même de ces opérations.
15:16Sur l'emploi, sachant que ce n'est pas non plus une industrie qui est extrêmement intensive en main d'oeuvre.
15:20En tout cas, si on regarde ce qui se passe dans les datacenters.
15:22Et puis après, il y a la question de l'origine des fonds.
15:24Et il y a l'énergie aussi. L'énergie est chez nous.
15:27Oui, l'énergie est chez nous. D'ailleurs, ça c'est une vraie bonne nouvelle.
15:30C'est que les acteurs aujourd'hui de l'intelligence artificielle ont bien compris
15:35que l'énergie devient la ressource peut-être la plus indispensable à côté des métaux
15:40pour pouvoir entraîner les modèles et mettre en place des datacenters
15:44qui sont extrêmement véloces et puissants en capacité de calcul.
15:47Très bien. Derrière, il y a des problématiques RSO qui se posent.
15:50Donc allons peut-être positionner des datacenters dans des pays où il y a un savoir-faire.
15:54Et il y a aussi une énergie abondante et décarbonée.
15:58Ah, tiens, la France est plutôt leader en matière.
16:00Ça c'est quand même une excellente nouvelle.
16:01C'est une excellente nouvelle.
16:02On est là.
16:03Et si je peux me permettre de rebondir quand même, c'est 109 milliards plus 200 milliards.
16:07On n'est pas qu'à 109 milliards.
16:09Au niveau européen.
16:10Au niveau européen.
16:11On a 50 milliards qui viennent des Émirats, mais avec l'optique de créer un campus IEA
16:18qui va être quand même, je pense, hyper intéressant
16:21parce que ça va venir ouvrir pas mal de portes sur pas mal de choses.
16:25Je pense qu'on ne peut pas cracher sur ce genre de financement qui arrive selon les sources et autres.
16:32Il y a Brookfield, il y a Mistral aussi.
16:36On va faire les datacenters.
16:39Il y a IAD qui investit aussi 3 milliards.
16:41Mais j'ai quand même plus un sujet sur on a OVH, on a Scaleway, on a Outscale.
16:45On a pas mal d'acteurs français.
16:47Pourquoi est-ce qu'on va faire venir des internationaux pour aller créer des datacenters
16:51alors qu'on parle de souveraineté, qu'on essaie d'avoir une indépendance, etc.
16:55Donc moi je verrais plus le sujet là-dessus et très peu de gens en parlent de ça.
16:59Alors ça je suis assez étonnée.
17:00Merci Alexandra.
17:01Personne n'en a parlé.
17:02Alors que pour moi c'est un vrai pain point.
17:04C'est comment est-ce qu'on arrive à mieux emborder nos Européens dans tout ça sans recréer encore des choses.
17:10J'ai cité Data4, ça fait partie d'un acteur européen.
17:13Et comment est-ce qu'on tord un peu plus le bras aussi aux grands groupes et peut-être aux ETI derrière
17:18pour travailler avec nos entreprises européennes plutôt qu'américaines.
17:22Est-ce que c'est ce qui était attendu par l'écosystème ?
17:26Il y a cette annonce forte parce que tu l'as dit c'est aussi une annonce.
17:30C'est principalement une annonce d'ailleurs parce qu'on ne sait pas exactement combien on aura au final.
17:33609 milliards.
17:34Quand ?
17:35Ni quand, ni exactement pourquoi.
17:38Mais est-ce qu'on avait besoin de cette annonce ?
17:41On avait besoin de se dire qu'il y avait enfin des financements ou il y avait de nouveau des financements
17:46qui étaient disponibles pour l'écosystème IA européen et en France aussi.
17:50On met tout sur les data centers mais c'est normal parce qu'il y a eu des gros sujets d'infrastructures,
17:54de donner accès à la puissance de calcul que ce soit pour l'entraînement des modèles.
17:58Parce que si on veut faire de Mistral ou autre le champion de l'IA en France et en Europe,
18:04il faut qu'on mette à disposition ces puissances de calcul pour l'entraînement et pour l'inférence
18:08parce qu'il y a beaucoup d'entreprises qui se posent des questions aussi sur comment je fais après moi pour déployer mon IA.
18:12Est-ce que j'ai les ressources nécessaires moi en interne ?
18:15Donc là finalement on se dit on déploie, on déploie, on déploie
18:18et on va peut-être permettre à toutes les entreprises de enfin adopter de l'intelligence artificielle
18:22et d'avoir accès facilement à ces ressources.
18:25Mais je rejoins Alexandra, il ne faut pas que ce soit des data centers qui soient déployés que par les Américains.
18:31La souveraineté ce n'est pas non plus se borner à des solutions européennes mais c'est laisser le choix.
18:35Il faut laisser le choix aux entreprises et si on dit tout le temps aller vers du Google, du Microsoft, du AWS,
18:41finalement on tue un peu cette notion de souveraineté.
18:45On va écouter Florian Douetteau qu'on a vu aussi au Business Day,
18:49parce que c'est intéressant justement, il parle de l'adoption de l'IA.
18:52Bonjour Florian, merci beaucoup d'être avec nous.
18:55On est à Station F, là il y a tout l'écosystème qui est réuni.
18:58Il n'y a pas que les Français mais il y a un peu une démonstration de force non ?
19:01Oui je pense qu'il y a au moins une moitié d'internationaux ici et c'est plein, c'est plein comme un oeuf.
19:06Et on a un peu du mal à se déplacer et c'est le moment qu'on cherchait,
19:10ce moment où tout le monde parle d'IA.
19:13Et on a besoin justement de montrer qu'il y a vraiment un écosystème aujourd'hui en France sur l'intelligence artificielle ?
19:18On ne le sait pas assez, on ne le connaît pas assez bien ?
19:21Je crois qu'en fait ce qui est intéressant c'est d'avoir un écosystème qui est même plus large.
19:24C'est de penser qu'il y a un écosystème qui n'est pas celui juste de la Silicon Valley
19:28ou juste l'écosystème chinois qu'on fantasme.
19:31Il y a un écosystème en fait de gens qui sont de tous les pays,
19:34il y a des Allemands, il y a des Anglais, il y a des gens à Paris,
19:36il y a des gens qui viennent de Suisse, il y a des gens qui viennent d'Inde,
19:38qui sont tous là à Paris et qui en fait font partie d'un écosystème
19:41de gens qui travaillent et fabriquent l'IA de tous les jours.
19:44Et vous quand vous venez, alors au sommet, au Grand Palais, quand vous venez ici à Station F,
19:48qu'est-ce que vous avez envie de porter comme parole ?
19:51Je pense que c'est cette idée en fait que l'IA c'est quelque chose qui est réel,
19:55qui va transformer les entreprises, qui va transformer nos vies.
19:58Et l'enjeu c'est d'avoir en effet cet écosystème d'innovateurs qui est très large
20:02et cette capacité pour les entreprises de comprendre comment elles vont utiliser l'IA.
20:05Et une bonne partie de ça c'est de comprendre comment elles vont le contrôler.
20:08Parce que créer des choses avec l'IA générative c'est très facile.
20:12C'est un peu trop facile même.
20:14C'est un peu trop facile.
20:15Et du coup quand la création est gratuite, l'enjeu c'est le contrôle.
20:18C'est comment est-ce qu'on va faire pour organiser tous ces systèmes d'IA,
20:21comment on va faire pour que les agents soient compris par les entreprises,
20:24soient testés, soient fiabilisés, puissent travailler avec les autres,
20:26puissent se connecter aux données de l'entreprise, puissent passer à l'échelle
20:29et quel impact cela aura sur les sociétés.
20:32Alors Dataiku c'est déjà une très grande entreprise.
20:35En termes de chiffre d'affaires, j'ai vu que ça explosait.
20:39Qu'est-ce que vous attendez pour autant quand même de la décision politique ?
20:43Peut-être des investissements de BPI France ?
20:46Je pense que l'essentiel des questions sur l'investissement n'est pas...
20:51L'essentiel des questions pour nous c'est plutôt des questions sur
20:55quel va être l'avenir des règlements européens, en particulier autour de l'IA.
21:00C'est une question que tous nos clients se posent.
21:03Le fait que ces questions restent en suspens peut être un motif de frein dans l'écosystème.
21:08Je pense qu'il y a une vraie question pour les entreprises
21:11de comprendre comment ces règlements vont les impacter
21:14et comment au-delà de ces règlements, elles arrivent à se créer une gouvernance autour de l'IA.
21:18Parce qu'en effet, si on met de l'IA partout dans tous les processus d'une entreprise,
21:22ce qui est probablement logique et ce qui va arriver dans les quelques années à venir,
21:26il faut pour les entreprises arriver à se l'approprier.
21:29C'est-à-dire ne pas voir ça juste comme quelque chose qu'on achète sur étagère
21:32mais quelque chose qu'on apprend à utiliser,
21:35que tout le monde dans l'entreprise arrive à adopter pour transformer son travail.
21:39Donc là, vous faites aussi de l'évangélisation auprès des entreprises ?
21:44Oui, je pense qu'il y a ici beaucoup d'entreprises qui se posent des questions sur ce qui va arriver.
21:48C'est quoi l'IA dans 5 ans ? C'est quoi l'IA dans 10 ans ?
21:51C'est la question que tout le monde se pose à différents niveaux.
21:55Personne ne connaît la réponse.
21:58Mais pouvoir aider les gens à mieux se poser la question,
22:01à mieux arbitrer les décisions qu'elles doivent prendre dans 1, 2, 3 ans
22:04en termes de technologie, en termes de souveraineté, en termes de résilience,
22:07c'est la discussion du quotidien.
22:10Merci beaucoup Florian.
22:13Il nous dit qu'on a besoin d'une clarification sur les règlements européens.
22:17Parce qu'il y a quand même toujours ce sujet-là qu'on se traîne à la patte,
22:21ce fil à la patte, la réglementation sur l'IA.
22:24Oui, on n'est pas trop enchaînés non plus.
22:27On ne peut pas cracher sur le règlement européen,
22:30de toute façon il est en train de se mettre en place.
22:33Je ne sais pas, ça dépend qui on interroge.
22:36Disons que j'ai trouvé que le message était quand même assez intéressant
22:39parce que c'est une clarification, une simplification.
22:42Et c'est travailler sur une meilleure articulation entre les règlements qui existent.
22:45Parce que ce n'est pas la peine de rajouter des couches inutiles aux règlements existants.
22:50Et je pense que ça va aller dans ce bon sens-là.
22:53Il y a eu des rapports aussi qui sont sortis sur les risques
22:56qui étaient portés par Yoshua Bianjio, sur les General Purpose AI.
23:00Il y a aussi un accompagnement qui est en train d'être mis en place
23:03auprès des entreprises pour s'approprier ce sujet de règlement
23:06et faciliter son opérationnalisation.
23:09Règlement versus innovation ?
23:12La régulation est nécessaire maintenant, pas n'importe quelle régulation.
23:16Une bonne régulation, c'est déjà une régulation qui est lisible.
23:19Effectivement, quand tu opères dans des zones économiques
23:22où il peut y avoir des surtranspositions juridiques dans certains états
23:26et pas dans d'autres, et des divergences, c'est extrêmement compliqué.
23:30La régulation a aussi besoin de donner une certaine sécurité juridique aux entreprises.
23:36C'est-à-dire la façon dont elle peut être appliquée a posteriori
23:39en cas éventuellement d'infraction.
23:42Là, effectivement, pareil.
23:44Il y a une grosse incertitude juridique aujourd'hui autour des entreprises
23:47qui peut aussi entraver leur action et leur dynamisme.
23:50Et puis à côté de ça, il y a une régulation qui doit être intelligente.
23:53C'est-à-dire qui doit exister, mais pas n'importe comment.
23:57Et peut-être qu'une régulation intelligente serait une régulation
24:00qui donnerait la possibilité de flécher les investissements
24:03en faisant une sorte de protectionnisme un petit peu déguisé
24:06vers des entreprises françaises et ou européennes
24:09qui auraient des atouts qui aujourd'hui ne sont pas ceux
24:13qui sont dans la manche des grands acteurs américains
24:16et notamment sur la partie environnementale.
24:18Peut-être qu'on pourrait avoir une régulation qui serait extrêmement...
24:22qui laisserait beaucoup de marge de liberté en matière d'innovation
24:25mais qui par contre, derrière, serait beaucoup plus restrictive
24:27sur la partie usage et notamment utilisation de l'énergie et utilisation des métaux.
24:33Qui pourraient pénaliser, par exemple, les modèles.
24:36En tout cas, les plus gros acteurs.
24:37Et flécher les investissements vers des modèles qui sont beaucoup plus frugaux.
24:40Absolument.
24:41Je l'ai déjà entendu du côté des acteurs, justement, européens,
24:43qui se disent, finalement, nous, en France en particulier,
24:46on a l'avantage d'avoir des centrales nucléaires
24:52qui nous permettent de faire de l'énergie propre.
24:55Et donc, on devrait en tirer un avantage.
24:58Ce serait une manière, finalement, de faire du protectionnisme
25:00mais de manière un peu cachée.
25:02Ça, et puis aussi, le Président en a plutôt pas mal parlé.
25:07C'était intéressant pour l'écosystème, cette notion d'IA frugale
25:10dont on a évoqué tout à l'heure.
25:11C'est une position aussi de l'Europe là-dessus.
25:13C'est-à-dire qu'on va aller flécher de l'innovation et du financement
25:16sur des approches qui sont plus frugales en data, en énergie.
25:20Essayer d'avoir, quand même, une utilisation plus raisonnée
25:22d'intelligence artificielle.
25:23Et ça a été évoqué plusieurs fois.
25:25Il y a eu un événement en parallèle, le 11, sur l'IA durable
25:28qui était porté par le ministère de la Transition écologique.
25:30Donc, il va y avoir encore des actions là-dessus.
25:33Et je pense que c'est une posture que doit garder et intensifier l'Europe.
25:36Et vous sentez, aujourd'hui, que dans les acteurs de l'IA en France,
25:40on cherche des nouvelles façons de faire de l'IA,
25:42de ne pas forcément se calquer sur la stratégie américaine ?
25:46Moi, je pense que, pour avoir audité les grands groupes récemment,
25:49il y a quand même beaucoup de grands groupes qui demandent aux startups d'être frugales,
25:52des startups IA d'être frugales, parce qu'ils en ont besoin pour leur RSE.
25:57Que la réalité, c'est que ça peut dégager une mauvaise image derrière.
26:00Même, d'ailleurs, pour le peuple français, la population française.
26:04Moi, j'ai eu pas mal de gens sur LinkedIn qui ne sont pas du tout dans la tech
26:08et des amis qui m'ont dit, moi, j'ai une question sur l'environnement.
26:12Ce sujet environnemental me perturbe énormément.
26:15Donc, c'est très collectif.
26:17Et je pense qu'il y a, et ça c'est la volonté quand même,
26:19parce que moi, je parle pas mal avec l'Élysée ces derniers temps,
26:21ils ont quand même la volonté vraiment d'aller évangéliser auprès du grand public.
26:25Le CENUM le fait avec les cafés de l'IA.
26:27Il y a pas mal d'actions et d'initiatives sur l'IA n'est pas dangereuse, n'est pas négative, etc.
26:33Mais sur les questions environnementales, les questions sociales, éthiques, etc.
26:38Donc, je pense que ça peut venir aussi par tous les acteurs qui vont demander aux startups IA d'être beaucoup plus frugales.
26:45Derrière, il faut une volonté politique de porter ces projets différents.
26:49Moi, si je peux juste me permettre, je pense qu'il y a quelque chose qui est quand même ressorti de ce sommet,
26:54c'est la volonté, et encore une fois, moi les gens savent que je suis une pro-Macron pour plein de raisons,
26:58mais on a quand même un PR quand il porte un sujet, il y va vraiment.
27:02Et il a la volonté de faire quelque chose un peu comme Notre-Dame,
27:05où les JO autour de l'IA, et je pense qu'il est capable de faire ce qu'il lui reste trois ans.
27:10Et en fait, je pense qu'il va vouloir vraiment marquer le truc là,
27:13autour de l'IA, et que...
27:15C'est Laetitia Avia qui disait finalement que c'était un peu les JO de l'IA.
27:19Mais tout le monde a dit Notre-Dame de l'IA.
27:21On était sûre que ce serait une cata, et puis finalement ça a l'air d'être plutôt réussi.
27:24Oui, parce que c'est sûr que ce n'était pas gagné d'avance.
27:26Dans le contexte politique, on était un peu dubitatif quant au succès de l'organisation.
27:31Finalement, tout s'est bien passé.
27:32Finalement, c'était très bien.
27:33Il y a juste la position américaine, je ne vous ai pas fait réagir dessus, on a 20 secondes.
27:37Est-ce qu'on est étonnés ?
27:39Oui, on n'est pas étonnés finalement.
27:41Et finalement, on n'a pas vu Elon Musk.
27:43Non.
27:44Par contre, moi je suis plus étonnée de la posture du UK.
27:49Parce que je ne pensais pas pour le coup que le UK prendrait cette posture-là.
27:52Absolument.
27:53Où j'aurais quelque chose à dire...
27:56Réservé, on va dire.
27:57Pas signataire, en tout cas.
27:59Merci beaucoup à tous les trois d'avoir commenté ce sommet avec moi dans Smartech.
28:04Caroline Chopinot, Alexandra André, Julien Pillot, merci à tous de nous suivre.
28:08C'était Smartech, on se retrouve très bientôt sur la chaîne Besmart for Change.