Dans Destins de Femmes, Judith Beller reçoit Séverine Camus, ancienne thérapeute et autrice "Le complexe de la pieuvre" sorti chez Vuibert
"Destins de Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Emission tirée du livre de Valérie Perez-Ennouchi, "Destins de Femmes", sorti chez Ramsay, prix Edgard Faure 2021.
Une émission de Judith Beller.
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##DESTIN_DE_FEMMES-2025-03-15##
"Destins de Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Emission tirée du livre de Valérie Perez-Ennouchi, "Destins de Femmes", sorti chez Ramsay, prix Edgard Faure 2021.
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00:00La caisse d'épargne Ile-de-France, fière de soutenir toutes les femmes, vous présente
00:05Sud Radio, Destin de Femmes, Judith Beller.
00:09Bonjour, bonjour, ravie de vous retrouver pour Destin de Femmes, l'émission du féminisme
00:12autrement inspirée par le livre au même titre de Valérie Pérez.
00:16Séverine Camus est une ancienne thérapeute et coach reconvertie en autrice, auteure et
00:21artiste visuelle multidisciplinaire qui explore les thématiques de la multipotentialité
00:26ou de la curiosité insatiable.
00:28Elle encourage chacun à embrasser sa singularité et à construire un équilibre de vie aligné
00:33avec ses besoins profonds.
00:34Avec votre livre Le complexe de la preuve qui vient de sortir de la pieuvre, c'est
00:39un joli lapsus, qui vient de sortir chez Vuybert, je vais y arriver, vous nous invitez, Séverine,
00:43à mieux comprendre notre manière d'être au monde.
00:45Bienvenue sur Sud Radio.
00:46Merci Judith pour votre invitation.
00:48Sud Radio, Destin de Femmes, Judith Beller.
00:51On va essayer de ne pas trop bafouiller les questions de cette seconde saison, Séverine
00:56Camus.
00:57Quelle est votre définition du féminisme ?
00:59Aïe, alors non pas aïe, je vais essayer de répondre à la question sans partir dans
01:10tous les sens, comme à mon habitude.
01:12Je dirais que pour moi, c'est une déclinaison de l'humanisme et ça va au-delà des genres
01:19puisqu'il n'y a pas que le genre féminin, masculin, il y a d'autres genres aujourd'hui,
01:23la société bouge, évolue.
01:25Et je dirais que cette déclinaison de l'humanisme, il y a une question d'équité derrière,
01:33d'égalité de droit et de droit entre tous les individus, quel que soit le genre, quel
01:37que soit l'âge, quelle que soit l'apparence physique, quel que soit le lieu de résidence,
01:42quel que soit le lieu de provenance.
01:44Donc c'est ça, c'est une déclinaison, une composante de l'humanisme.
01:49C'est de l'humanisme, de l'universalisme en fait, c'est ça, c'est pour tout le monde
01:52la même chose.
01:53Que ça soit homme, femme, que ça soit aussi, quelle que soit la classe sociale, la couleur,
01:56etc.
01:57Oui, c'est vraiment cette notion d'équité et de juste, la notion de juste, de justesse
02:03et de justice équitable entre tous les individus.
02:07Et alors quand est-ce que ça fait aïe, Séverine Camus ?
02:11Alors, sur quel plan ?
02:13Le féminisme !
02:14Quand est-ce que ça fait aïe ?
02:16Ça fait aïe quand l'intégrité de la femme est bousculée, est mise à mal, quand la
02:28femme n'a pas le choix, quand elle est reléguée au second plan, quand il n'y a pas justement
02:34d'équité et quand le féminisme devient une utopie parce qu'il faut des moyens et
02:41il faut se donner aussi une ambition de ces moyens et ce n'est pas qu'un droit, c'est
02:47aussi le moyen d'accéder à ce droit.
02:50Et donc les moyens d'accéder à ce droit vont au-delà, à mon sens, de l'égalité
02:56de droit entre les hommes et les femmes.
02:58Bien sûr.
02:59Du coup, est-ce que les hommes, ils sont féministes ou ils peuvent l'être, selon vous ?
03:03Carrément !
03:04Vous avez des exemples autour de vous ?
03:06Je crois que tous les hommes qui m'entourent aujourd'hui sont féministes.
03:13Certains ne se déclarent pas comme tels parce qu'il n'y a pas d'étiquette à mettre dessus.
03:18Il n'y a pas d'étiquette.
03:19On dirait que c'est normal, c'est naturel, on ne se pose pas la question.
03:23Puis j'appartiens à une génération où nous, on n'a pas grandi avec ce mot-là.
03:28Mes fils, puisque j'ai deux fils, eux le disent effectivement ouvertement.
03:34Ils sont de quelle génération ?
03:36Il y en a un qui a 19 ans et l'autre qui a 22 ans.
03:39Ils sont vraiment en plein dedans.
03:41Et mon fils me dit, moi j'ai toutes mes amies qui, une fois, au moins, malheureusement encore,
03:47ont été victimes d'une remarque sexiste ou d'un geste déplacé en boîte de nuit
03:54ou un mot déplacé aussi dans la rue.
03:58Alors du coup, selon vous, qu'est-ce qui fait que ça n'avance pas aussi vite qu'on voudrait
04:03ce droit des femmes ?
04:05Alors, quelle question, quelle question !
04:10Parce qu'il y a le droit des femmes en France qui avance et qui recule,
04:14et puis il y a le reste du monde où ça recule très très vite en ce moment.
04:18Oui, surtout de l'autre côté de l'Atlantique aussi.
04:21Alors, peut-être, peut-être, il y a peut-être plusieurs facteurs,
04:26mais il y en a un qui me vient comme ça tout de go.
04:29C'est un manque, je dirais, d'ambition ou un manque de vision.
04:36Et comme je disais tout à l'heure, il n'est pas que question d'égalité de droit
04:41entre les hommes et les femmes, mais les conditions d'accès.
04:44Et en fait, dans les entreprises privées, on parle de cohésion d'équipe.
04:48Et pour moi, j'ai l'impression qu'au niveau politique, ça manque franchement de cohésion
04:51au niveau des ministères et que, en fait, c'est un sujet qui devrait être embrassé
04:56par d'autres ministères. Ça concerne la santé, ça concerne l'éducation,
05:00ça concerne aussi le logement, ça concerne aussi la formation,
05:04ça concerne tous ces domaines.
05:06C'est beaucoup plus global que ce qu'on croit.
05:07Oui, oui. Alors, c'est peut-être aussi ma vision qui a tendance,
05:10généralement, à se défocaliser d'un point et d'aller voir un petit peu plus loin.
05:15Et puis, peut-être aussi qu'il y a des résistances au changement
05:18puisque bousculer les codes, ça veut dire aussi revoir sa façon de vivre,
05:23sa façon de penser. Et ça veut dire aussi devoir se réajuster.
05:27Donc, il y a peut-être des peurs aussi derrière.
05:30Mais moi, vraiment, de prime abord, c'est ce manque de cohérence et de cohésion
05:35qu'il peut y avoir aujourd'hui entre les ministères.
05:37Et puis, quand on a aussi des ministres qui changent tous les six mois
05:40ou quand ce n'est pas la dissolution de l'Assemblée nationale.
05:43Donc, pendant ce temps-là, on n'avance pas.
05:45Oui, bien sûr. Alors, une fois qu'on a dit ça, le droit des femmes,
05:48il avance quand même vachement, de mieux en mieux.
05:50Qu'est-ce qui fait que ça bouge bien comme ça, à votre avis ?
05:54Parce qu'il y a des femmes et des hommes de courage.
05:58Qui se saisissent du sujet.
05:59Oui, et qui parlent, qui l'incarnent et qui osent,
06:04et qui enfoncent des portes, des visionnaires, des aventurières,
06:09des aventuriers, des personnes qui forcent au respect,
06:13qui osent, qui osent être les premières ou les premiers dans un domaine.
06:19J'aime bien ce mot, audace. C'est vrai, qui hante l'audace.
06:22Alors, on parlerait sur Sud Radio, il y a Simone de Beauvoir,
06:25qu'on connaît bien, qui nous disait, dans le second sexe,
06:28on n'est pas femme, on le devient.
06:30Qu'est-ce que ça vous évoque ?
06:31Est-ce qu'il y a eu un moment où vous êtes devenue femme ?
06:33Où vous l'avez toujours été ?
06:35Non, je ne l'ai pas toujours été.
06:36Non ?
06:37Non, franchement, il n'y a pas très longtemps.
06:39Vous avez pris un petit peu de recul, je vous le dis,
06:40pour ceux qui nous écoutent, pour répondre à cette question.
06:42Inspiration, on revient.
06:44Allez-y.
06:45C'était il n'y a pas très longtemps.
06:47Oui.
06:48Allez, il y a deux ans.
06:49Ok.
06:50Oui.
06:51D'accord.
06:52Qu'est-ce qui s'est passé alors ?
06:53Alors, il y a eu deux choses.
06:55Première chose, j'ai franchi la barre des 50 ans.
06:58Et j'attendais ce moment-là, comme si ça venait à soir,
07:03en fait, une légitimité.
07:05Pour moi, la légitimité de la vie, ça y est.
07:08Ça y est, il se passe un truc.
07:09Avant, c'était un peu du bidouillage.
07:10C'est marrant, d'aucuns vous diraient que c'est le début de la vieillesse,
07:13et vous dites que c'est le début de la féminité, en fait.
07:16Oui, pour moi, en tout cas.
07:18La médecine chinoise aussi m'a permis de changer ma vision de l'âge avec les saisons.
07:24Et entre 50 et 75 ans, on est dans l'automne de notre vie.
07:28L'automne, c'est la saison où on est à notre apogée.
07:31On est à la fois le vent, la montagne, la mer.
07:35On est tout.
07:38Et le deuxième facteur, parlons vrai,
07:41la disparition de mes règles.
07:44C'est une libération, quoi.
07:46On l'attend avec impatience.
07:49Je peux parler pour moi.
07:50Je fais une petite confidence aux auditrices, aux auditeurs.
07:53C'est pas la fin d'un truc, c'est le début de la liberté, la ménopause, on peut le dire.
07:57Pour moi, en tout cas, l'impression que mon corps m'appartenait.
08:01Le mot « enfin ».
08:04J'ai vraiment vécu dans la douleur sur le plan gynécologique, physiologique, à cause des règles.
08:10Ça a été un très, très gros problème pour moi.
08:13Par-dessus aussi une maladie auto-immune.
08:16À un moment donné, le corps dit non, stop.
08:19Non.
08:21Donc vous dites merci à votre corps.
08:23Oui, mon corps m'appartient à nouveau.
08:26Plus de règles.
08:28Et enfin.
08:29Enfin, je me sens une femme avec mes règles.
08:32Bravo.
08:33Vous voulez rajouter autre chose là-dessus ?
08:36Parce que c'est vrai qu'on a quand même tendance à croire, nous les femmes même,
08:40que passer à l'âge de la ménopause ou passer la cinquantaine, c'est le début du déclin.
08:47Alors qu'en fait, c'est le début, c'est un renouveau, j'ai envie de dire presque.
08:51Oui, c'est un renouveau, effectivement.
08:54Et je me suis dit, 50 ans, pour moi, c'est là où les choses posément sérieuses commencent.
09:00Et c'est pour ça aussi qu'à l'aube de mes 50 ans, j'ai décidé de recréer ma vie.
09:06Tout est possible.
09:08Oui, parce que vous, vous avez changé de chemin il n'y a pas très longtemps.
09:14Reconversion tardive, on va dire.
09:16Oui, c'est ça.
09:17En fait, il y en a eu plusieurs dans ma vie, mais le vrai chemin, vraiment le chemin authentique,
09:23sincère, profond, juste, un chemin, en fait, pour me réaliser en tant qu'individu et en tant que femme,
09:31c'est amorcé à 50 ans.
09:35Et alors, on va y revenir, évidemment, je rappelle votre livre,
09:38Le complexe de la pieuvre qui est sorti chez Hubert.
09:41Juste, qu'est-ce que c'est la pieuvre ?
09:43En une minute.
09:44En une minute ?
09:45Alors là, vous me posez un challenge.
09:46En une minute.
09:47Allez-y.
09:48Multi.
09:49Multi tout.
09:50Multi appétence, multi apparence, multi tâche, multi potentialité, multi possible.
09:58Donc, c'est ce côté vraiment très ramification et tentaculaire.
10:02C'est une façon très curieuse aussi d'embrasser le monde.
10:06D'accord, mais est-ce que c'est pas aller partout ?
10:09Est-ce que ça n'empêche pas de se focus, ce que vous dirait la majorité des gens, du coup ?
10:13Alors, c'est vrai qu'aller partout, ça peut paraître comme étant de l'instabilité ou de l'éparpillement.
10:19Je peux être, en effet, assez éparpillée.
10:21Et puis, vous avez raison avec l'analogie avec la pieuvre.
10:23Mais ça n'empêche pas que de temps en temps, on peut aussi se recentrer et creuser un sujet
10:28lorsqu'on est animé par ce sujet.
10:31C'est une très grande curiosité, au fond.
10:33Allez, vous allez nous en dire plus.
10:34Vous êtes bien sûr sur Sud Radio et nous aussi Destin de Femmes.
10:36C'est en compagnie de l'auteur et artiste visuel multidisciplinaire.
10:39Séverine Camus et son livre Le complexe de la pieuvre s'est sorti chez Hubert.
10:43Je vais y arriver aujourd'hui, décidément.
10:45Ne partez pas trop loin, nous on reste là, bien avec vous.
10:56Vous le savez, Destin de Femmes, c'est l'émission du féminisme autrement.
10:59Aujourd'hui, vous êtes avec l'auteur et artiste Séverine Camus et son livre Le complexe de la pieuvre s'est sorti chez Hubert.
11:05Bienvenue à vous qui nous rejoignez, évidemment.
11:08Séverine Camus, Le complexe de la pieuvre, c'est un livre qui s'adresse aux personnes qui ont plein de centres d'intérêt.
11:15Vous explorez la notion de multi-appétence,
11:19ce qui est souvent défini comme de l'instabilité ou vu comme de l'instabilité par la majorité des gens,
11:25mais qui en fait est une force pour vous et c'est ce que vous nous racontez.
11:28À travers trois points importants, le rapport au temps,
11:32les relations qu'on a, qu'elles soient sociales ou affectives,
11:35et la vie professionnelle, c'est ça ?
11:38L'idée, c'est de s'accepter pour pouvoir se valoriser et avancer, se donner le pouvoir en fait.
11:46C'est ça que vous nous racontez.
11:48Oui, c'est devenir créateur de sa vie et acteur.
11:52Vous savez, il y a une phrase qu'on dit souvent, il faut trouver sa place.
11:55Moi, je dis qu'on ne trouve pas sa place parce que trouver sa place, ça voudrait dire qu'il faut la chercher
12:00et on peut passer une vie à la chercher et à ne jamais la trouver.
12:03Et ça voudrait dire aussi que cette place soit vacante
12:05et donc que d'autres me l'aient laissée vacante.
12:08Être créateur de sa place, créer sa place, ça change tout.
12:13Et le jour où j'ai compris ça, ça a changé aussi ma façon de voir ma vie
12:18et d'arrêter une pseudo-victimisation où c'était toujours la faute des autres
12:23en me disant qu'en fait, on attire à soi ce qui est du même champ vibratoire.
12:26Donc, tu vas essayer de comprendre, parce que des fois, on se parle à la deuxième personne du singulier,
12:32donc tu vas essayer de comprendre.
12:34Essayez de comprendre ce qu'il y a.
12:38Sinon, je vous aurais appelé Alain Delonne.
12:40Pardon, c'était la blague du genre.
12:45Le jeu est mieux.
12:47Le jeu J-E-U aussi.
12:49Et donc tu vas chercher à comprendre d'où ça vient
12:54parce qu'une fois, j'ai présenté mon panel de tableaux à une galerie,
13:00un directeur de galerie qui me dit
13:02mais moi, je ne pourrai jamais vous proposer parce que vous avez trop de style.
13:06Et en fait, je croyais naïvement d'ailleurs en devenant artiste
13:08que je pourrais exprimer tous mes possibles.
13:12Et en fait, quand on remonte à l'origine,
13:17c'est un ras-le-bol, un ras-le-bol de devoir me justifier,
13:21m'expliquer à chaque fois que je montrais mon CV
13:23parce qu'on m'a dit une fois, mais quand on regarde votre CV,
13:26on dirait que vous avez tout fait.
13:27Parce qu'avant d'être thérapeute, j'étais responsable des ressources humaines.
13:30Parce qu'avant d'être responsable des ressources humaines,
13:32j'étais encore autre chose.
13:34C'est des cycles de combien de temps à chaque fois ?
13:36Ça dépend. Deux ans, trois ans.
13:38Je m'ennuie assez vite.
13:39En fait, quand j'ai l'impression d'arriver au bout de là où je suis arrivée,
13:43quand j'étais responsable des ressources humaines...
13:45Vous avez fait le tour, quoi.
13:46Oui, j'ai fait le tour.
13:47J'aime les projets.
13:48Moi, je suis une femme de projet
13:50et j'ai besoin d'être animée par un projet.
13:52Et donc, quand j'ai vraiment l'impression d'avoir désaussé le projet,
13:56un peu comme si je cherchais à comprendre un jouet,
13:58que j'ai mixé certaines approches et pratiques avec d'autres,
14:02eh bien, moi, je suis au paysage suivant et au parcours suivant.
14:06Et le monde est tellement vaste et c'est chouette.
14:08On a besoin de spécialistes, mais on a aussi besoin de généralistes.
14:11Et donc, ce que vous faites en termes artistique, c'est la même chose, quoi.
14:15C'est ça.
14:16C'est-à-dire que quand vous dites multidisciplinaire,
14:18c'est que d'abord, tous les médiums sont possibles à utiliser,
14:21sont bons à utiliser.
14:23Et ensuite, toutes vos œuvres, elles deviennent...
14:26Enfin, c'est des éléments qui se connectent entre eux,
14:28qui sont différents à chaque fois,
14:30mais qui ont un espèce de lien conducteur qui est vous, en fait.
14:33C'est ça ?
14:34Oui, en fait, vous avez complètement raison.
14:36Une fois, j'ai exposé sur un salon
14:39et il y a un monsieur qui rentre sur mon stand
14:42et qui me pose une question que j'ai trouvée très mignonne
14:44et qui me dit « Lesquelles sont les vôtres ? »
14:47Eh bien, j'ai dit « Toutes ! »
14:51Il croyait, en fait, que c'était une galerie
14:53qui faisait venir les artistes
14:55et que j'étais là pour représenter deux œuvres.
14:57Il a fallu que je rentre avec lui,
14:59que je lui explique, en fait,
15:00j'ai une façon qui est très affirmée de peindre.
15:03J'aime les choses, en fait, vivantes, très colorées.
15:06Mais pour autant, j'ai pas envie de m'enfermer dans un style
15:09et je ne passerai pas ma vie à faire de la même chose.
15:12Et puis, peut-être que dans dix ans, d'ailleurs,
15:14je ne serai plus artiste.
15:15Alors, un galeriste vous dirait qu'un artiste qu'on vend,
15:18c'est un artiste qui trouve un style et qui le développe.
15:21Vous avez dû beaucoup l'entendre, ça, j'imagine.
15:23Exactement.
15:24Et est-ce que vous vendez, du coup ?
15:26Alors, beaucoup à des particuliers
15:28parce que j'ai cette capacité de pouvoir, en fait,
15:32comprendre et sentir ce que veulent les gens.
15:36Vouloir adapter, en fait, à l'univers.
15:39Les espaces de vie.
15:40Moi, je suis une amoureuse des espaces de vie.
15:42Moi, j'ai un profond respect pour les espaces de vie
15:45parce que ce sont des lieux de passage.
15:48Et donc, en fait, en comprenant ça,
15:50à chaque fois, moi, je rentre à l'intérieur.
15:52Et pour moi, l'art est au service d'eux.
15:54Pour moi, une œuvre d'art, en fait, est un moyen.
15:57Ce n'est pas la finalité.
15:59Donc, je vais me servir de la peinture.
16:01Je vais me servir de l'écriture aussi.
16:03Je vais me servir de la photo.
16:04Je vais me servir de la scénographie
16:06pour proposer quelque chose de plus grand.
16:08Et puis, j'ai quand même quelques petits points communs
16:10entre mes œuvres,
16:11même s'il y a un style qui a l'air comme ça,
16:14un petit peu hétéroclite.
16:16Très souvent, je dessine une poitrine sur mes œuvres.
16:20C'est vraiment un micro-détail
16:22parce que, justement, pour moi,
16:23c'est le symbole de la féminité.
16:24C'est la terre-mer.
16:25Et c'est ce petit point commun
16:27que je dessine comme ça entre toutes mes œuvres.
16:29Il faut la chercher ou on la trouve tout de suite ou pas ?
16:31Il faut la chercher.
16:33Mais l'œil qui sait et qui sent saura la trouver.
16:39De toute façon, on cherche toujours la poitrine.
16:41On recherche toujours la poitrine.
16:42On revient à la poitrine.
16:47Une fois qu'on a dit ça,
16:50en fait, l'idée,
16:51ce qui est intéressant dans ce que vous nous dites,
16:53c'est que finalement,
16:55ce qui passionne, c'est le chemin.
16:58Oui, c'est ça.
16:59C'est-à-dire qu'arriver quelque part,
17:01c'est pas forcément...
17:02Une fois qu'on est arrivé,
17:03comme vous dites,
17:04une fois que vous avez fait le tour d'un projet,
17:05le projet, il est géré,
17:06vous avez fait le tour
17:07et donc vous pouvez passer à autre chose.
17:10C'est le chemin.
17:11Vous avez tout à fait raison.
17:12C'est le chemin.
17:13Et en fait, pour moi,
17:14tout le reste sont des étapes.
17:15Et le chemin, c'est la vie,
17:16c'est l'expérience.
17:17Et pourquoi s'interdire ?
17:19Après, on fait toujours du mieux qu'on peut.
17:21Avec les moyens dont on dispose.
17:23Ces moyens sont d'ordre matériel,
17:26psychologique, physiologique,
17:28d'ordre de temps aussi,
17:30d'ordre psychologique.
17:31Et quand on peut le faire, on le fait.
17:33Quand j'étais thérapeute,
17:35j'ai accompagné beaucoup de femmes,
17:37de femmes,
17:38alors moins d'hommes,
17:39j'avais à peu près 70% de femmes
17:41qui venaient me voir.
17:42Et pour beaucoup,
17:43certaines qui voulaient changer de vie,
17:47qui occupaient un métier
17:49dans lequel elles étaient très peu épanouies
17:51et qui n'osaient pas, en fait.
17:53Qui n'osaient pas s'incarner
17:56pour différentes raisons.
17:57Parce que mon conjoint n'est pas d'accord,
17:59parce qu'on a un crédit,
18:00parce que, parce que, parce que.
18:02C'est important d'être la personne.
18:05En fait, on a les barrières qu'on se crée, quoi.
18:07C'est ça, petite.
18:09Ou qu'on accepte.
18:11Mon parcours de vie m'a montré que oui.
18:13Et qu'en fait, nous sommes très souvent
18:15notre principal frein
18:17à notre déploiement
18:18et à notre épanouissement.
18:20En fait, on dit qu'il faut croire en soi.
18:23Alors, ça a l'air un petit peu utopiste comme ça.
18:26Il faut se faire des câlins, moi, c'est ça que je dis.
18:28Il y a une chose.
18:29Il faut s'aimer, quoi.
18:30Exactement, on part de soi.
18:31Et pour moi, la première planète
18:33dont on doit prendre soin,
18:35c'est soi.
18:36C'est absolument pas l'égalisme.
18:37Mais en fait, on revient à soi.
18:39On revient en son centre.
18:40On revient à ce que l'on est
18:43vraiment à l'intérieur.
18:44Et pour ça, il faut au moins avoir fait...
18:46Et l'accepter.
18:47Oui, l'accepter.
18:48L'accepter, ça nous fait sortir du fantasme aussi.
18:50Alors, ça nous fait sortir des idéaux-exigences.
18:53Parce qu'il y a nous et le nous idéal.
18:56Alors, moi, j'ai aussi un moi idéal.
18:58Et en fait, le delta qui nous sépare
19:00du nous réel, du nous idéal,
19:02c'est parfois la déception.
19:03Alors, le nous idéal,
19:05il peut s'y rejoindre, le moi réel, parfois.
19:08Alors, il peut.
19:09Et on y va pas à pas.
19:10Mais des fois, on aimerait bien l'atteindre
19:13tout de go, en un claquement de doigts.
19:15Parfois, on a besoin de vivre des étapes aussi.
19:18C'est ça, le chemin.
19:19C'est ça qui est chouette.
19:20Moi, je tends à ça.
19:22Et mathématiquement, il me reste encore
19:24un petit peu moins de temps à vivre
19:25que ce que j'en ai vécu.
19:27C'est les meilleures années, là.
19:28C'est ça que vous dites.
19:29Mais je le vis vraiment dans la densité
19:31et dans la largeur.
19:32La largeur, l'amplitude.
19:35Et j'ai vraiment appris à avoir
19:37un autre rapport au temps
19:39et à accepter aussi la tempérance et la patience.
19:41Parce que je suis naturelle, assez impatient.
19:43Je pourrais pas tout faire dans cette vie.
19:45On arrive à la fin de cette émission, Séverine Camus.
19:47Je voudrais bien te garder un peu plus longtemps.
19:49J'avais encore des choses à vous dire.
19:51Une petite dernière question, quand même.
19:53Vous êtes artiste, vous êtes hors des cadres académiques.
19:55C'est déjà pas simple.
19:57Est-ce qu'être une femme, ça a ajouté au problème
19:59ou est-ce que ça a été un facilitateur ?
20:01Allez, 30 secondes.
20:02Alors, ni l'un ni l'autre dans ma vie d'artiste, en tout cas.
20:05Par contre, dans ma vie professionnelle,
20:07j'ai travaillé dans le monde de la viticulture
20:09et j'ai dû faire face à pas mal de misogynie.
20:11Oui, et notamment lorsque je suis tombée enceinte.
20:13D'ailleurs, le mot de tomber enceinte,
20:15on ne tombe pas enceinte, ça ne va pas.
20:17Donc, des fois, la langue française,
20:19on devrait la revoir aussi dans les expressions.
20:21Du coup, le fait d'avoir une femme enceinte
20:23en phase 2, ces messieurs,
20:25ça provoque des réactions
20:27qui sont irrespectueuses presque.
20:29Non, c'est par rapport au poste.
20:31Parce que, oh là là,
20:33vous allez vous absenter pendant 4 mois,
20:35mais qu'est-ce qu'on va faire ?
20:37Ça y est, c'est la cata.
20:39Alors, de l'autre côté, le père de mes enfants
20:41a été félicité le même jour.
20:43Donc, je pense qu'il y a encore beaucoup de choses à faire.
20:45Si vous aviez un souhait ?
20:47Qu'il y ait le respect de l'intégrité physique
20:49de chaque être humain.
20:51Pour moi, il y a une propriété
20:53qui est inviolable,
20:55et c'est le corps.
20:57On ne doit pas pénétrer ce temple sacré.
20:59Merci, Séverine Camus, ça sera le mot de la fin.
21:01Je rappelle votre livre,
21:03Le complexe de la pieuvre.
21:05Je le recommande, c'est sorti chez Hubert.
21:07Chères auditrices, chers auditeurs,
21:09n'oubliez pas, demain, on se retrouve à 19h
21:11pour cet excellent.
21:13Et puis, samedi prochain, à 13h30 pour un nouveau Destin de Femme.
21:151 million sur Youtube, c'est le gros carton.
21:17Merci de nous suivre, merci de votre fidélité.
21:19On vous embrasse bien.
21:21Moi, je vous dis à demain.
21:23Destin de Femme, Judith Belair.
21:25Avec la Caisse d'épargne Ile-de-France.
21:27Fier de soutenir toutes les femmes.