Avec Eric Chevée, vice-président CPME et négociateur de la CPME dans le cadre du conclave retraites
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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:03Avec nous en direct Éric Chevet qui est vice-président de la CPME et négociateur de la CPME
00:10dans le cadre du fameux Conclave Retraite.
00:13Éric Chevet, bonjour.
00:15Bonjour.
00:16Merci d'être avec nous ce matin, alors la CPME, la Confédération des petites et moyennes entreprises,
00:22vous êtes l'un des négociateurs puisque tous les syndicats sont réunis pour négocier cette réforme des retraites,
00:29enfin revenir ou pas, enfin nous verrons bien.
00:32La conclusion, vous faites des propositions très intéressantes compte tenu de l'actualité.
00:37Vous avez mis sur la table une proposition, je la résume, vous allez la détailler,
00:43travailler une heure de plus par semaine pour tous les salariés du privé comme du public,
00:48nous travaillerions une heure de plus par semaine,
00:52l'objectif pour les salariés serait de capitaliser pour leur propre retraite,
00:59à côté du régime par répartition, une part de capitalisation et pour l'État de produire plus
01:05afin de satisfaire un effort de défense.
01:08Est-ce cela, Éric Chevet ?
01:10Oui, c'est bien ça en fait.
01:12En fait, effectivement, cette affaire-là vient au départ d'une réflexion sur l'écart qu'on nous projette
01:19et le dernier rapport de la Cour des comptes le montre aussi,
01:22qu'on nous projette entre le niveau de vie des retraités et le niveau de vie des actifs.
01:25Ce qui va se passer dans les 20 prochaines années,
01:27c'est qu'il va y avoir une baisse de l'ordre de 15% du niveau de vie des retraités
01:32et nous, nous ne résolvons pas ça et donc nous avons fait la proposition à la CPME de dire
01:37à côté de la base de répartition qui existe et qu'il faut conserver évidemment,
01:43il faut mettre un petit peu de capitalisation pour compenser cet écart
01:47qui va faire que le niveau de vie des retraités va baisser.
01:51Et puis, le meilleur moyen que nous avons trouvé,
01:54parce que c'est probablement le plus facile à appliquer
01:57et puis celui qui déséquilibre le moins l'équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle,
02:04c'est de faire, de notre point de vue, une heure de plus par semaine.
02:07Alors, ce n'est pas une heure qui est gratuite, c'est une heure qui est payée par l'entreprise.
02:10Oui, on fait sauter les 35 heures là.
02:13Alors, effectivement, on passe à 36.
02:15Mais le gros avantage, c'est que l'heure qui est faite supplémentaire
02:20est capitalisée directement pour la retraite du salarié en question.
02:25C'est vraiment, je travaille pour ma retraite
02:28et on peut même imaginer, compte tenu de l'effet puissant,
02:31parce que c'est un effet extrêmement puissant,
02:32une heure par semaine, c'est environ 3% de plus,
02:35eh bien, on peut même imaginer qu'on laisse un petit peu de pouvoir d'achat supplémentaire,
02:40y compris pour la vie courante.
02:41Et donc, ça, c'est le premier effet et c'est la base de notre réflexion.
02:45Oui, attendez, je vous arrête.
02:48Je vous arrête, Éric Chevet.
02:49C'est très intéressant.
02:50Je travaille une heure de plus, je travaille pour moi, finalement.
02:54Je travaille pour mon avenir.
02:55Je travaille pour ma retraite, uniquement pour moi et pour ma retraite.
02:58C'est comme si je mettais de côté une heure de travail, quoi.
03:02Exactement, et que je dois capitaliser pour pouvoir en bénéficier
03:05dans 20 ans, dans 30 ans, dans 40 ans, le temps de faire sa vie active.
03:11Et c'est très puissant, parce qu'en fait, ça nous permet
03:15à la fois d'augmenter de 3% le temps de travail,
03:19et puis, ça permet aussi de développer la production en France.
03:25Et de produire plus.
03:27Et produire plus, ça veut dire satisfaire un effort de défense qui est aujourd'hui nécessaire.
03:35Je regardais ce que disait hier dans la tribune le ministre désarmé Sébastien Lecornu,
03:39qui a insisté sur la nécessité de produire beaucoup plus des munitions
03:43dans la guerre électronique, dans la dronisation, la robotisation,
03:47l'intelligence artificielle, le spatial, etc.
03:51C'est le moyen le plus rapide d'avoir cette augmentation de production.
03:55Alors bien sûr, toutes les entreprises, et c'est d'ailleurs l'effort qu'elles font collectivement,
03:59toutes les entreprises n'ont pas immédiatement une augmentation de leur chiffre d'affaires de 3%,
04:03mais il y a une possibilité d'abord de réorganiser un petit peu la façon de travailler
04:09au cours de la semaine avec une heure supplémentaire sur un effectif, ça peut être intéressant.
04:13Et puis surtout, il y a la possibilité en fait, pour beaucoup d'entreprises,
04:17notamment celles qui sont postées, de faire une heure de travail supplémentaire,
04:20ça fait 3% de production en plus.
04:22Et ça, c'est énorme comparé évidemment aux valeurs du PIB en France et dans d'autres pays d'ailleurs.
04:30Alors je regardais, je change de sujet là, je regardais, on en parlait tout à l'heure
04:34avec Benjamin Gleize, le nombre de chefs d'entreprise qui se retrouvent,
04:38de petits patrons, tout petits patrons, qui se retrouvent à la rue.
04:42Record en 2024, parce qu'ils ont dû fermer leur entreprise et ils n'ont rien pour vivre.
04:48Oui, oui, on a passé effectivement les 60-65 mille défections d'entreprise cette année.
04:57Effectivement, alors il y a des dispositifs qui sont quand même mis en place,
05:00malheureusement qui sont vraiment très limités et qui fait qu'évidemment,
05:06on n'encourage pas de cette façon-là l'entrepreneuriat.
05:10Mais d'un autre côté, l'entrepreneuriat, l'échec de l'entrepreneuriat,
05:12c'est aussi inhérent à l'entrepreneuriat.
05:14Donc il faut aussi comprendre ça, c'est normal aussi que des entreprises se créent
05:19et que d'autres meurent, la vie économique est faite comme ça.
05:22Dans une économie de marché, il y a des entreprises qui sont plus performantes
05:25à un moment donné et qui perdurent, et puis d'autres qui le deviennent moins
05:29et qui disparaissent.
05:31Et donc les chefs d'entreprise, ce qui est important,
05:33c'est qu'il y ait des possibilités de rebond.
05:35Et en France, c'est toujours compliqué de rebondir,
05:38d'abord parce qu'il y a des freins psychologiques qui sont un petit peu pénibles,
05:42et puis parce qu'il y a une technocratie, une difficulté à entreprendre
05:47qui est marquée par une fonctionnalisation très très forte de toutes nos procédures.
05:53Et Éric Chevêt, dernière question rapidement, où en est-on du conclave retraite ?
05:58Est-ce que ça avance ou pas ?
06:00Alors, ça travaille.
06:02Je ne dis pas que ça avance, mais ça travaille.
06:04Mais c'est important parce que c'est un sujet compliqué,
06:07c'est un sujet quand même qui tous les 3-4 ans met la France dehors quand même,
06:11donc il faut absolument qu'on arrive à trouver des solutions pour sortir.
06:15Et je ne pense pas que ce sera avec des solutions paramétriques
06:17qu'on a utilisées dans le passé qu'on y arrivera.
06:20C'est pour ça qu'on essaye d'amener, nous à la CPME, des idées neuves,
06:23comme par exemple cette idée d'avoir une heure de plus par semaine
06:27ou d'avoir un âge de départ qui soit basé sur l'espérance de vie,
06:32l'évolution de l'espérance de vie.
06:33C'est aussi une proposition que nous avons mise sur la table
06:35et qui, ma foi, prospère petit à petit, nous en discutons.
06:39Ah, je crois savoir que la CFDT n'est pas insensible à votre proposition, c'est vrai ?
06:45Oui, c'est vrai, effectivement.
06:47Nous n'avons pas encore des convergences,
06:50mais nous étudions le dispositif,
06:52nous avons demandé à la mission qui s'occupe d'animer ce conclave
06:56de travailler sur les hypothèses
06:58et puis nous allons voir ce que ça donne.
07:00Mais en tout cas, ce sont des pistes nouvelles
07:02qui, jusqu'à maintenant, n'étaient pas utilisées en France.
07:04Merci beaucoup Eric Chevet, merci.