France-Algérie : "Les mesures de rétorsion sont toutes insuffisantes" pour Ferhat Mehenni

Sud Radio

le mois dernier

Avec Ferhat Mehenni, président du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) et du Gouvernement kabyle en exil (Anavad)

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00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:04— Honneur au peuple kabyle. Ce matin, avec Ferhat Meheni, qui est président du Mouvement pour l'autodétermination de la kabyle

00:11et du gouvernement kabyle en exil. Ferhat Meheni, bonjour. — Bonjour.

00:15— Merci d'être avec nous ce matin. Vous avez la parole sur l'antenne de Sud Radio. Pourquoi avez-vous la parole ?

00:20Parce que les kabyles représentent 25% du peuple algérien. Enfin peuple algérien. Vous n'êtes pas...

00:28— Il faut parler de peuple au pluriel. — Voilà, de peuple au pluriel. Voilà, des peuples algériens.

00:34Vous représentez 25%. 8 millions de kabyles. — 8 millions de kabyles qui vivent en Kabyle.

00:402 millions de kabyles à Alger de plus et 2 millions ici en France.

00:44— Et 2 millions de kabyles en France. Alors il y a des tensions très fortes entre l'Algérie et la France actuellement, Ferhat Meheni.

00:52On a vu à l'occasion de l'attentat islamiste de Mulhouse cette tension entre Paris et Algérie encore monter.

01:02Le suspect né en Algérie sous QUTF a attaqué plusieurs personnes au couteau. Il a été refusé 10 fois par l'Algérie.

01:10C'est inacceptable, selon François Bayrou. Mais pourquoi, selon vous ? Pourquoi est-ce qu'il a été refusé 10 fois par l'Algérie ?

01:20— Parce que la méthode de la crise profite à l'Algérie, au pouvoir algérien, qui manque de légitimité sur le terrain.

01:29Et cette tension est du pain béni pour Alger dans la mesure où c'est présenté comme de l'ergoïsme,

01:36une manière de résistance encore quant à l'ancien colonisateur.

01:40— Donc pour le gouvernement algérien, ces eaux QUTF sont utilisées, donc utilisées par le gouvernement algérien

01:49pour unifier en quelque sorte ou justifier la politique intérieure conduite ou extérieure conduite par le gouvernement.

01:57— En tout cas pour serrer un peu le soutien autour de lui au niveau des autres régions, en dehors de la Kabylie, notamment.

02:06— Bon. Alors avant de parler de la Kabylie et de vos revendications, je voudrais que nous revenions sur cette tension

02:14entre la France et l'Algérie, Ferhat et Méhény. Que faut-il faire ? Que faut-il faire aujourd'hui ?

02:20Est-ce que la France doit prendre – je ne sais pas, moi – des mesures fortes, comme interdire les visas, comme...

02:28Dites-moi, parce que j'entends tout dire en France.

02:31— Oui. Je crois que dans cette situation, M. Bruno Rotailleau est celui qui exprime la position la plus digne par la fermeté

02:42qu'il entend exercer sur Alger. Malheureusement, ce sont les leviers de cette fermeté qui manquent.

02:50— C'est-à-dire ? — Les visas ou le gel des avoirs et tant d'autres mesures ne sont, à notre avis, que des mesurettes dans la mesure

03:04où il faut que toute l'Europe soit derrière la France pour que cela puisse avoir un effet. Alors le seul levier contre lequel

03:15l'Algérie ne peut rien, c'est que Paris apporte son soutien au droit à l'autodétermination du peuple kabyle, parce que cette tension

03:24est soi-disant alimentée par le fait que la France ait décidé définitivement de reconnaître la marocanité du Sahara.

03:35Tout ce que fait Alger, c'est pour que la France revienne sur sa décision. Or, une décision étatique, on ne revient pas dessus.

03:43Et donc ça ne peut qu'aller de mal en pis. — Donc vous pensez que toutes les mesures de rétorsion sont insuffisantes.

03:50— Sont toutes insuffisantes. — Par exemple, fermeture des consulats, moratoire sur les visas. Tout ça, c'est insuffisant.

03:57— Absolument. — Tout ça, c'est insuffisant. Il faut absolument que le gouvernement français encourage l'autonomie de la kabyle.

04:05— Le droit à l'autodétermination. — Le droit à l'autodétermination. — Absolument.

04:09— Ça veut dire quoi, le droit à l'autodétermination ? — Que le peuple kabyle puisse exercer son droit à l'autodétermination

04:15pour savoir s'il veut rester en Algérie ou être indépendant. — Ou être indépendant. Vous revendiquez l'indépendance de la kabyle.

04:22— Tout à fait. — Oui. — La kabyle a tous les attributs nécessaires et les moyens pour être un pays digne de ce nom,

04:30émergeant à l'ONU, et assurant la sécurité aussi bien des menaces qui montent du sud que de la stabilité régionale.

04:40— Oui, mais d'accord. Mais à ce moment-là, on va accuser la France d'ingérence dans la politique intérieure d'un pays étranger.

04:47— L'Algérie ne se gêne pas de s'ingérer dans les affaires des autres pays. — L'Algérie s'ingère dans les affaires françaises.

04:54— Bien entendu. — Il y a une volonté du gouvernement algérien de déstabiliser la société française. — Absolument.

05:01Et le président Thiboune a appelé à Maitreprise ou du moins assuré la communauté algérienne de son soutien en cas où il y aurait des troubles...

05:17— Est-ce que vous pensez qu'aujourd'hui, d'Alger, on suscite... Alger suscite volontairement des troubles en France ?

05:26— C'est une démarche qui est déjà éprouvée à travers les attentats de Saint-Michel dans les années 90.

05:35On sait que les services algériens ont suffisamment infiltré le système français, la France en général,

05:44qu'ils peuvent effectivement commettre des attentats ou des actes dénoyants. — Vous pensez que certains attentats commis en France

05:53sont à l'origine préparés en Algérie ? — Par les services algériens, oui. — Oui ? — Oui. Et M. Debray l'avait reconnu en 1995 en disant

06:04que les services algériens nous avaient menés en bateau. Il s'est rectifié après. Mais disons qu'il y avait des rapports disant que...

06:12— Par exemple, le dernier attentat commis à Mulhouse pourrait être... — Non. Non. Ce dernier attentat n'est que celui d'Ani Servelé,

06:20de quelqu'un qui est complètement égaré. Voilà. Par contre, le fait que l'Algérie ait refusé de l'accepter sous au QUTF,

06:31cela veut dire qu'il a encouragé ce gars, cet élément complètement désemparé, à aller vers le pire, ce qu'il a commis.

06:43— Oui. Dernier mot, la cabine. Les cabines en France se sentent bien en France ? — Les cabines se sentent très bien en France.

06:54Et c'est une communauté qui ne fait pas de bruit. Malheureusement, elle n'est pas visible. — C'est vrai.

07:01— Mais ce sont les médias français qui font cela, parce que la France nous donne de la visibilité qu'elle se menace, et non pas à ceux qui la soient.

07:11Or, la communauté cabine est un exemple d'intégration et d'insertion dans la société française.

07:18— Bien. Merci beaucoup, Férate Meheni. Je suis très content de vous avoir reçu. — Je voudrais quand même saluer, s'il vous plaît, d'ici,

07:24tous les militants cabines qui sont emprisonnés, notamment les condamnés à mort. L'Algérie viole gravement les droits de l'homme

07:32et les droits du peuple cabine. C'est un cri de détresse. J'espère que les instances internationales vont prendre en compte.

07:42Et d'ailleurs, le président d'Amnistie internationale d'hier a rendu hommage aux prisonniers cabines, ce qui est une bonne chose.

07:48— Bien. Merci. Je vous rappelle que votre fils aîné a été assassiné le 19 juin 2004 à Paris. Et son assassinat n'a toujours pas été élucidé,

07:58évidemment pour des raisons politiques. — Bien entendu. — Et vive la cabine magnifique. Tu connais la cabine.

08:03— Je ne connais pas. Moi, elle est absolument magnifique. — Et la Viesca magnifique, les bijaya magnifiques. Voilà.

08:09— Merci beaucoup, Frédéric Meyni. — Merci à vous. — Merci d'être venu nous voir ce matin.