Avec Pr Louis Soulat, Vice-président de Samu Urgences de France
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NewsTranscription
00:00C'était le 15 octobre. Une jeune femme de 25 ans est décédée d'une méningite aiguë.
00:04Ses proches estiment qu'elle a été prise en charge bien trop tard,
00:08alors que plusieurs appels au secours ont été passés.
00:12Appel au 15, au 18. Aucun médecin, ni du SMUR, ni du SDIS. 34, ça s'est passé à Montpellier.
00:19Aucune ambulance pendant plusieurs heures. Témoigne une amie de la jeune femme.
00:25On lui répondait. Les amis de la jeune femme, qui s'inquiétaient, appelaient donc les secours.
00:32Et on leur répondait, calmez-vous, mettez de l'eau chaude sur sa main.
00:38Elle fait une crise d'angoisse. Ne vous inquiétez pas.
00:43La jeune femme de 25 ans souffrait d'une forte fièvre, de vomissements.
00:48Finalement, les amis l'ont conduite à l'hôpital.
00:52Depuis, à l'hôpital Saint-Roch, la polyclinique Saint-Roch à Montpellier.
00:56Ensuite, elle a été transférée au CHU de Montpellier.
00:59Pendant deux heures, les médecins ont essayé de la sauver.
01:03Rien n'y fait. Elle est morte d'une méningite aiguë.
01:07Elle a été mal prise en charge, notamment par le SAMU.
01:10Nous sommes avec le professeur Louis Soulat, vice-président de SAMU Urgence de France.
01:15Professeur, bonjour.
01:17Bonjour.
01:18Merci d'être avec nous.
01:19L'enquête est ouverte. Je ne vais pas, évidemment, tirer des conclusions hâtives.
01:24Une enquête a été ouverte par le parquet de Montpellier.
01:28La méningite, c'est une pathologie qui terrifie les SAMU
01:33parce qu'elle est difficile à diagnostiquer. C'est cela ?
01:36Alors, elle est difficile à diagnostiquer au tout début.
01:39Et surtout, il y a différentes formes.
01:41Et dans le groupe des méningites, on inclut les méningites virales,
01:45qui sont les plus fréquentes et sans gravité.
01:48Et un autre groupe beaucoup plus virulent, c'est les méningites bactériennes,
01:52notamment les méningites dues aux méningocoques et aux pneumocoques.
01:57Et celles-là nécessitent une prise en charge urgente.
01:59Et c'est un petit groupe par rapport à l'ensemble des méningites
02:03qui ont pourtant les mêmes symptômes à la phase initiale.
02:06Je dis bien à la phase initiale.
02:08Oui, à la phase initiale, les symptômes fièvre, vomissement, diarrhée, courbature.
02:13Les maux de tête, très souvent.
02:16Et donc, c'est les symptômes que présentait cette patiente au tout début.
02:21Et c'est comme cela que ça a été analysé lors de la première prise d'appel
02:25par le premier médecin régulateur.
02:27Par le premier médecin régulateur.
02:29Parce que quand j'appelle le SAMU, sur qui je tombe ?
02:34Alors, quand vous faites le 15, le numéro d'urgence pour tout problème de santé,
02:39c'est un assistant de régulation médicale qui décroche en premier,
02:42qui doit localiser l'appel, identifier le niveau de gravité
02:46et orienter aujourd'hui, dans le cadre de nos organisations,
02:50ce qu'on appelle SAMU-SAS, service d'accès aux soins,
02:53qui oriente l'appel soit vers un régulateur urgentiste,
02:56soit vers un médecin régulateur généraliste.
02:58Donc, c'est le process.
03:00Et cet appel, manifestement, a été orienté au départ
03:02vers un médecin régulateur généraliste.
03:04Mais c'est trop compliqué pour le public, ce fonctionnement.
03:07C'est un médecin qui traite l'appel et qui évalue la situation à moment T.
03:11– Voilà, à un moment clé, c'est un médecin qui traite l'appel
03:14et qui évalue la situation.
03:16En l'occurrence, l'enquête dira ce qui s'est réellement passé,
03:20mais en l'occurrence, d'après toutes les informations,
03:23le médecin n'a pas vraiment bien analysé la situation.
03:28– Alors, effectivement, quand on fait de la régulation, c'est un acte médical.
03:32On recueille des symptômes pour faire des hypothèses diagnostiques
03:35et faire une analyse d'apostéries, c'est malheureusement beaucoup plus facile
03:39et d'en tirer des conclusions.
03:41– Bien sûr.
03:42– C'est pour ça qu'il y a des enquêtes en cours.
03:44À ce moment-là du premier appel, il a été fait le choix
03:47de proposer une visite d'un médecin à domicile
03:51pour éviter un recours systématique aux urgences.
03:54Et malheureusement, ça n'a pas été possible.
03:57Et ça, c'est un vrai problème, les visites à domicile.
03:59Et donc, le médecin a dû se rabattre vers une consultation à un cabinet
04:04en demandant à la personne de se déplacer.
04:07– Oui, en demandant.
04:08Heureusement que des amis étaient auprès d'elle.
04:12Ils l'ont conduite à l'hôpital, à la polyclinique Saint-Roch.
04:17Là, elle a été transférée d'urgence au CHU de Montpellier.
04:20Ils n'ont pas pu la sauver.
04:23– Alors, là, ce qui est important de préciser,
04:26c'est qu'il y a une évolution de 2-3 heures entre le premier appel
04:29et la décision de transport à la clinique.
04:32Avec les premiers éléments dont on a, je pense que le transport
04:36n'était plus adapté en voiture particulière au moment où ça a été décidé.
04:39– Oui, mais aucune ambulance ne répondait.
04:41Il a bien fallu la transporter d'urgence.
04:44– Il y a eu d'autres appels.
04:46Et dans nos pratiques de régulation qui ont évolué
04:50depuis une autre terrible affaire que la communauté des urgentistes
04:55à Strasbourg, effectivement, en 2018,
04:58la répétition des appels doit toujours alerter à la fois
05:03les assistants de l'administration médicale et les médecins
05:06pour ajouter une décision quand, justement, par exemple,
05:09une personne dit ne pas pouvoir transporter, que la personne n'est pas transportable.
05:12– Oui, professeur Soulard, parce que plusieurs appels ont été passés.
05:15Est-ce que l'opérateur téléphonique aurait dû prendre la menace plus au sérieux ?
05:20Le pouvait-il ?
05:23– Encore une fois, c'est la réécoute des banques qui va le dire.
05:27Ce que je peux dire, nous, dans nos pratiques,
05:29dans ce qu'on enseigne à nos futurs urgentistes,
05:32c'est que lorsqu'il y a répétition des appels
05:35et le ressenti avec une angoisse très importante des accompagnants,
05:39ça doit être pris en compte et on doit souvent adapter.
05:42Et ce problème de ne pas pouvoir déplacer une personne
05:46qui est très fréquent, quand on nous dit je ne peux pas me déplacer,
05:49j'ai besoin d'un taxi, tout ça et tout,
05:51on essaye de le limiter aux vraies situations
05:54où il faut un transport, ambulance,
05:56ou moyen de sapeur-pompier pour le transporter.
05:58Après, il faut bien se remettre dans un contexte de méningite coudoyante
06:04qui manifestement a été constaté lorsqu'il y a eu l'éruption,
06:08ça évolue très très vite.
06:10Et quand la personne décrit d'autres symptômes qui ont été sous-évalués,
06:14on est dans un cycle inflammatoire et sceptique
06:18qui est très certainement déjà irréversible.
06:21– Alors, je sais que vous avez créé des écoles de formation
06:23pour les assistants de régulation médicale,
06:25avec un cursus sur un an et un diplôme,
06:28mais c'est un métier peu connu.
06:31– Tout à fait, et ce genre d'affaires terribles qui nous secoue.
06:36Soyez sûr que toute la communauté des authentistes
06:40est très affectée par ce deuxième drame,
06:44parce qu'effectivement depuis 2018, il y a eu des écoles
06:47qui forment des assistants de régulation médical en un an,
06:50un métier qui est mal connu, qui est mal rémunéré,
06:53et qui est un métier à très haute responsabilité,
06:56et qui en plus, vous le savez peut-être,
06:59ont fait la promotion de l'appel aux 15 avant de se rendre aux urgents,
07:03justement pour qu'on puisse avoir une évaluation
07:06et identifier les vraies urgences avant d'envoyer tout le monde aux urgences,
07:10pour ne pas engorger nos services.
07:12Donc ça forme le paradoxal pour ceux qui ont subi ce terrible drame.
07:15– Oui, les SAMU qui traitent 35 millions d'appels par an,
07:19je le rappelle, merci beaucoup professeur, merci.
07:22On suivra l'enquête, parce que c'est terrible.
07:25C'est déjà fin de 25 ans, avec des symptômes qui appellent,
07:29finalement la communauté n'a pas pu la secourir,
07:33elle est morte à 25 ans, juriste de profession à Montpellier,
07:36comme ça un soir d'octobre, le 15 octobre, il est 7h47.