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00:00N'est-ce pas Séverine, bonjour.
00:02Bonjour Marie-Jude et bonjour à votre invité Bruno.
00:06Pour ma part, je voulais t'en témoigner et avoir aussi votre retour,
00:13notamment sur des abus que j'ai vécu moi-même quand j'étais enfant, à l'âge de 7 ans,
00:19donc à plusieurs reprises et par des voisins,
00:23non pas par la famille mais par des gens qui, à l'époque, me gardaient en garde.
00:29J'ai mis ça de côté, j'ai enfoui ça pendant des années et des années,
00:34c'est sorti par cuirassa, on dit toujours qu'il n'y a pas de voisins,
00:39mais c'est sorti quand j'avais 33 ans à peu près.
00:42J'ai mis du temps à accepter de me faire accompagner,
00:47parce que je ne pensais pas qu'il y avait autant d'impact sur mon corps.
00:52Et le travail thérapeutique que j'ai entamé m'a quand même bien aidé aujourd'hui,
00:58j'en suis presque sortie en tout cas.
01:02Ça va bien mieux qu'il fut à l'époque, parce que jusqu'à mes 32 ans,
01:07on va dire jusqu'à 40 ans, je me détestais, je me trouvais très moche, très laide, très grosse,
01:13alors que je suis là d'être grosse.
01:15Et en soi, je détestais évidemment faire l'amour, qu'on me regarde, qu'on me touche,
01:21c'était vraiment pas agréable du tout.
01:24J'ai eu la chance d'avoir un mari qui était très conciliant,
01:27qui n'était pas insistant par rapport à tout ça.
01:30Donc quelque part, ça m'allait bien, on va dire, pour moi.
01:34Aujourd'hui, ce que je me rends compte, c'est que malgré le travail thérapeutique que j'ai fait,
01:39j'ai pris conscience et accepté après de nombreuses années, de nombreuses séances,
01:43que je n'y étais pour rien, parce que j'ai subliminé longtemps toute ma vie sur ça.
01:49Comme quoi c'était de ma faute, que c'était peut-être moi qui l'ai provoqué, qui l'ai allongé.
01:53Après, il m'a fallu du temps de comprendre qu'à l'âge de 7 ans, j'y étais absolument pour rien.
01:58Mais aujourd'hui, j'ai quand même encore, même si ça va mieux sur le plan des rapports sexuels,
02:04j'ai encore bien souvent des images négatives de moi-même,
02:09à me dire que je ne suis peut-être pas aussi belle,
02:12parce que probablement je vais être parfaite aussi, j'en sais rien.
02:15Et j'ai aussi du mal à me libérer, à m'ouvrir.
02:19Alors sur le rapport sexuel, ça va bien mieux, mais il y a encore un blocage.
02:23J'ai un sentiment de honte, en fait.
02:26Si jamais je me laisse aller, j'ai l'impression, j'ai peur qu'on dise que...
02:29Pas qu'on dise que c'est mon mari, il n'y a personne d'autre, tu sais.
02:32J'ai peur qu'ils tentent de moi quelque chose de négatif, de sale.
02:38J'ai encore du mal à ce niveau-là.
02:42Je peux tout de suite...
02:44Non, non, si vous aviez des choses à dire encore.
02:47Dans le rapport, il me demande parfois, il me dit j'aime bien quand tu caresses.
02:51Je vous avoue, quand je le fais, c'est vraiment pour lui faire plaisir,
02:55parce que j'ai aucun plaisir, voire même presque du dégoût à me caresser.
03:01Est-ce que vous avez toute la mémoire de ce qui s'est passé à 7 ans,
03:05ou est-ce que vous avez des trous de mémoire ?
03:08Je pense que j'ai toute la mémoire.
03:10Vous avez toute la mémoire, voilà.
03:12Est-ce que vous avez fait, on parlait de ça tout à l'heure avec Aurélie notamment,
03:16puis Sabrina, on parlait des techniques comme le MDR, des choses comme ça.
03:19Est-ce que vous avez fait des techniques comme ça ?
03:21Non.
03:22Oui, je pense que c'est peut-être ce qui vous manquerait.
03:27Je répète ce que j'ai dit tout à l'heure, c'est que c'est un peu mental.
03:31Je suis psychologue, donc je connais, mais c'est très bien, c'est un travail indispensable.
03:35Mais après, c'est important qu'il y ait un travail sur l'émotionnel
03:38et surtout dans le cas des violences sexuelles,
03:42c'est comme si des informations fausses ont été données à l'enfant qui les a engrammées.
03:48C'est-à-dire, c'est ça qu'il faut retraiter.
03:50Donc en MDR, ils appellent ça retraiter, c'est comme on va retraiter le matériel
03:56et il faut presque déprogrammer.
03:59Tout ce que vous me racontez, c'est une programmation, on va dire fausse,
04:04que vous avez gardée de l'enfance et qui n'a pas été traitée.
04:07C'est au-delà de la conscience, c'est ça que je veux dire.
04:11Ça serait d'une autre façon.
04:13En particulier, je vais être très rapide là-dessus,
04:15mais vous avez un protocole comme ça dans le MDR.
04:18Moi, j'ai inventé une technique qui s'appelle le TABC qui reprend ça.
04:21C'est-à-dire, on appelle ça, eux, ils appellent ça des cognitions.
04:23Moi, j'appelle ça des croyances.
04:25On a des croyances négatives ou positives.
04:27Et ce qu'il faut, c'est ces croyances-là, il faut les déprogrammer
04:32et il y a des techniques pour les déprogrammer.
04:34C'est rester là tel quel, comme quand vous aviez 7 ans.
04:37Et la thérapie par la parole ne suffit pas pour cette déprogrammation.
04:41C'est une sorte de formatage.
04:44Il faut déformater l'enfant de l'époque.
04:46Parce que vous êtes consciente, sur le plan intellectuel,
04:49vous êtes consciente que ce n'est pas normal d'avoir honte,
04:51mais néanmoins, vous avez honte.
04:53Donc, on voit bien que cette honte, elle est inscrite
04:55par rapport à ce qui s'est passé à cette époque-là.
04:59Et puis, des fois, il y a des petites choses qui manquent dans les souvenirs.
05:02Par exemple, souvent dans le cas d'inceste ou de violence sexuelle,
05:07comme vous avez vécu par les voisins,
05:09c'est qu'il y a des informations qui sont données par les pervers.
05:12Et qui sont des...
05:13Vous voyez, je pense par exemple à quelqu'un qui avait travaillé
05:16et puis il avait été abusé dans un cinéma par un pédocriminel.
05:19Et le pédocriminel lui avait dit, avant de partir,
05:22tu vois, tu as eu ce que tu voulais, petit salaud.
05:25Et à partir du moment où il lui a dit ça,
05:28il y avait une programmation.
05:30Il était totalement convaincu que c'était lui qui était responsable.
05:33Oui, parce qu'à cet âge-là, on croit ce que dit l'adulte, bien sûr.
05:36Donc, en plus, vous avez dit des voisins.
05:38Donc, s'ils étaient deux, peut-être, à vous abuser en même temps,
05:43on peut imaginer aussi quelque chose qui parlait pour s'exciter.
05:48Vous entendiez, voyez, c'est possible qu'il y ait des choses comme ça.
05:51C'est tout ça qui doit être déprogrammé.
05:56Parce que c'est littéralement presque, je dirais, malheureusement, réflexe.
05:59C'est un peu comme si on vous a appris à faire du vélo, mais très mal, quoi.
06:03Donc, ça serait bien que vous alliez devoir de ce côté-là
06:06pour déprogrammer toute cette question de la honte,
06:09de toutes ces choses négatives qui sont encore inscrites.
06:12Et puis, peut-être aussi, pourquoi vous n'avez pas pu en parler à vos parents ?
06:17Parce qu'à 7 ans, on peut commencer quand même à dire quelque chose, peut-être.
06:21Je ne sais pas quel rapport vous aviez avec vos parents.
06:25C'est aussi ça qui a peut-être besoin d'être vu.
06:31Oui, peut-être. Aujourd'hui, j'en ai parlé, ils sont au courant.
06:34Mais effectivement, ils ont quand même mis le sujet de côté.
06:38Il n'y a rien arrivé de grave, tu vois bien.
06:41Donc, j'ai été un peu risqué aussi pour ça.
06:44Donc, on voit bien aussi qu'il y a ce poids-là.
06:47Et ça, c'est important parce que quand on a des parents
06:51qui sont capables de nous dire que ce n'est pas bien grave,
06:54c'est une incompréhension.
06:56Ça veut dire qu'on a des parents qui ne sont pas capables
07:00de nous comprendre, de nous entendre dans notre vérité.
07:04C'est terriblement humiliant.
07:09Il ramène la faute sur la victime.
07:12Quand on dit ça, ça veut dire que si ce n'est pas si grave
07:15et que moi, je ressens que c'est grave, alors c'est que c'est de ma faute.
07:18C'est comme ça que résonne l'enfant.
07:21Je l'aurais dit, j'avais 35 ans, mais je l'aurais dit.
07:24C'est de ma faute.
07:27Donc, de là à avoir honte, ce n'est pas très étonnant.
07:32D'accord.
07:34En technique, vous parliez de MDR, il n'existe que ce type de technique.
07:37Moi, j'en ai mis une au point, mais je ne suis pas là
07:40pour faire de la publicité pour ce que je fais.
07:43Ce n'est pas ça que je cherche, mais je l'ai appelé le TABC.
07:46C'est à vous de voir quel genre de technique vous pouvez faire.
07:49Mais ce qu'il faut, c'est aller traiter ce que je disais depuis le début de l'émotion
07:52en rapport au corps, mais d'aller traiter l'émotionnel.
07:55Ce qui manque, c'est souvent toutes les parts émotionnelles.
07:58Vous les avez très bien citées, c'est-à-dire la honte,
08:01la colère, la haine,
08:04toutes ces émotions négatives et qui sont devenues réflexes.
08:08C'est ça que je veux dire, ce n'est plus du domaine du conscient.
08:11Donc, si vous parlez, vous pouvez parler mille ans, ça ne changera pas l'affaire.
08:14Ce qu'il faut, c'est refaire sortir.
08:17Ce sont des techniques qui font sortir l'émotionnel,
08:20mais il faut que ça soit en milieu protégé, de façon très protectrice,
08:23parce que c'est quand même remueant.
08:26Il faut faire attention.
08:29Trouvez des bons thérapeutes à ça.
08:32Et surtout, si vous allez faire de l'AMDR,
08:35dites immédiatement aux thérapeutes, êtes-vous capables ?
08:38Savez-vous travailler ça ?
08:42Parce que ce n'est pas forcément dans sa formation.
08:49Merci de votre témoignage Chéverine.