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##NOEPISODE##
Transcription
00:00Alors, on va donner la parole à Baptiste qui nous a rejoint. Bonjour Baptiste.
00:04Bonjour Brigitte, bonjour Dieu.
00:06Bonjour Baptiste.
00:07Merci d'être avec nous en tant qu'homme. Alors, qu'est-ce que vous avez envie de nous raconter, de nous dire ?
00:11Comment vous vivez l'après-MeToo, vous ?
00:13Comme l'avant-MeToo en fait.
00:17J'ai reçu une éducation sur la façon de se comporter avec les gens en général,
00:25pas forcément avec les femmes en particulier.
00:27Du reste, je pense qu'on gagnerait beaucoup si on admettait qu'on se comporte correctement avec tout le monde.
00:33Donc ça n'a rien changé.
00:35Quant à votre question de savoir ce que MeToo a changé et est-ce que MeToo va trop loin,
00:38moi je considère que tant qu'il y aura autant d'affaires de viol non traitées,
00:43autant d'agressions sexuelles et sexistes non adressées,
00:49tant qu'il y aura autant de trucs qu'on accepte...
00:52Oui mais alors là Baptiste...
00:54J'entends tant des Baptistes.
00:56Baptiste, on est tous d'accord qu'on aimerait qu'il n'y ait plus de ce genre de drame.
01:01Mais le problème, moi je suis amie avec un ex-commissaire
01:06qui travaille sur les hommes qui sont des hommes violents et qui font des stages.
01:12Le problème c'est que la majorité sur 10 qui vont faire le stage,
01:18il y en a 7 au moins qui considèrent normal et qui sont complètement indécrotables.
01:25Donc vous voyez, ce n'est pas le mouvement MeToo qui les a fait réfléchir.
01:30C'est un problème d'éducation à la base.
01:33C'est un problème aussi de beaucoup de femmes malheureusement qui par des enfances maltraitées
01:38subissent de la violence conjugale et malheureusement ne partent pas à temps.
01:43Vous voyez, je pense qu'il faut bien comprendre, comme je le dis souvent moi,
01:48c'est vraiment à la base qu'il faut prendre les choses.
01:51Et je trouve que la dernière...
01:54J'ai entendu la ministre de l'éducation nationale autre jour aborder les questions d'éducation à la sexualité.
02:02J'ai trouvé que c'était pas mal de démarrer très tôt pour déjà expliquer aux très jeunes enfants ce que c'est.
02:11C'est certain. Il faut commencer à la maternelle.
02:15Le respect du corps, le respect de son corps, etc.
02:18Mais j'aime bien ce que vous dit Baptiste sur le fait qu'il ne s'agit pas de respecter les femmes ou pas les femmes,
02:24il s'agit de respecter tout le monde, y compris les femmes.
02:27Je suis tout à fait d'accord avec cette idée-là.
02:30Et moi je n'entendais pas bien votre stat, Brigitte, parce qu'on a été coupé 2 secondes,
02:33mais en gros c'était quoi, c'était votre ami commissaire, il dit qu'il y a 7 hommes sur 10 qui recommencent en gros.
02:38Qui en tout cas ne se remettent pas en question. Vous vous rendez compte ?
02:42Non, je trouve ça attirant évidemment, mais si on voit le verre à moitié plein, ce que j'ai tendance à faire,
02:48on peut aussi dire que peut-être qu'avant qu'on mette en place ces formations et ces séances,
02:53peut-être que c'était 10 hommes sur 10 qui ne se remettaient pas en question.
02:55Donc en fait on avance progressivement, c'est aussi à ça que sert le MeToo.
02:59Mais moi, attendez, Baptiste, je suis d'accord que MeToo a fait bouger fondamentalement le socle.
03:06Ne serait-ce que l'écoute, parce qu'en vrai, à la base de tout, qu'est-ce qu'on fait de la parole des victimes ?
03:13En fait c'est juste ça, et commencer par écouter la parole des victimes, c'est déjà un premier très très très grand pas.
03:203% des affaires de viol qui vont au bout et qui sont traitées, mais c'est indécent.
03:26J'ai écouté votre talk précédent, et j'étais pas d'accord évidemment avec vous, j'aurais mis le même bémol que Guillaume,
03:31j'en aurais même mis deux. Je suis d'accord avec votre propos qui est d'assumer par exemple de mettre un décolleté.
03:39Le problème c'est qu'en fait moi sur la plage, je vois des nanas se faire emmerder ou se faire agresser
03:44parce qu'elles sont en maillot de bain, et par contre je vois plein de mecs torse nu,
03:48et aucune femme à qui ça viendrait à l'idée d'aller les agresser ou les emmerder.
03:52En fait c'est juste ça, c'est cette dissonance.
03:54Mais attendez, je ne suis pas en train de justifier ces mecs qui emmerdent les femmes.
04:00J'ai bien compris, après j'ai voulu pousser le bousson un peu.
04:04J'ai compris votre propos, je le comprends parfaitement.
04:07Oui oui, j'entends bien. Encore une fois, ça a bougé fondamentalement, mais vous visiblement Baptiste,
04:17je vais reprendre exactement ce que je disais à Karina, c'est que vous vous êtes bien dans votre peau,
04:22vous avez une bonne estime de vous-même, une bonne confiance en vous,
04:25et donc vous n'avez aucun problème quand vous êtes face à une femme,
04:28parce que vous la respectez d'abord comme un être humain,
04:32parce que vous n'avez pas de problème avec votre identité masculine.
04:36Il y a un côté pratique aussi Brigitte, c'est que quand on respecte les gens,
04:38généralement les gens nous respectent.
04:40Oui, bien sûr.
04:42C'est aussi très orienté de ma part, et c'est très calculé de ma part,
04:46d'en être beaucoup plus désirable en étant gentil, agréable et bienveillant.
04:51Mais ce que je veux dire, et c'est en ça que je pense qu'il est important de comprendre
04:55que le mouvement MeToo était nécessaire, mais qu'il ne faut pas qu'il aille trop loin,
04:58parce que pour certaines femmes, ça les fait rester dans des positions de victime,
05:03et du coup elles n'arrivent pas à s'assumer leurs propres désirs,
05:07et ça fait que les hommes un peu mal dans leur peau d'homme n'osent plus
05:11et se branchent sur internet à regarder de la pornographie du matin au soir.
05:15Oui, mais là je ne suis pas sûr qu'on puisse dire que MeToo du coup fait peur,
05:19en fait moi j'ai coutume de dire, je reconnais que c'est un peu exagéré,
05:22mais je pense que MeToo fait peur aux hommes qui ont des trucs à se reprocher.
05:26Moi MeToo ne m'a jamais fait peur parce que...
05:28J'entends bien, mais vous, vous êtes à l'aise ?
05:31Ça a peut-être aussi un effet intéressant sur certains hommes,
05:36c'est de revisiter leur comportement naturel,
05:42et de s'apercevoir que parfois ils ont peut-être pu être perçus comme insistants,
05:50sans l'avoir voulu, et donc...
05:53Moi j'ai repris contact avec des partenaires passés,
05:57pour leur poser la question sur certains de mes comportements,
06:01et pour voir ce qu'ils avaient ressenti, ce qu'ils en avaient pensé.
06:05Moi j'ai des hommes qui ont reconnu que certaines fois peut-être,
06:09pas peut-être d'ailleurs, ils ont reconnu qu'ils avaient été un petit peu trop loin,
06:12et qu'ils avaient bien senti qu'elle n'en avait pas vraiment envie,
06:15mais que bon, après tout, c'était bien parti.
06:18Il y a quand même un truc dans la drague masculine classique,
06:21je ne parle pas pour vous Baptiste, je parle pour d'autres hommes qui, j'espère, nous écoutent.
06:26Il y a une drague masculine classique qui consiste à dire à la jeune femme face à nous
06:33qu'on la trouve jolie, et puis on pose sa main sur sa main,
06:37et puis elle ne réagit pas, pouf, on pose la main sur le bras,
06:40et puis elle ne réagit pas, pouf, on lui caresse les cheveux,
06:43et puis elle ne réagit pas, on l'embrasse, et puis elle ne réagit pas, on lui caresse les seins,
06:46et puis elle ne réagit pas, on couche avec elle.
06:48Et ce système-là, en fait, c'est un système qui,
06:52chez de nombreuses femmes, provoque une sidération totale.
06:56Elles ne savent absolument pas comment se comporter face à ça.
07:00C'est ce qu'on appelle l'effet étoile de mer.
07:03Et du coup, elles se laissent faire, mais elles n'ont aucune envie de tout ça.
07:10Et l'homme, lui, il est dans sa logique de conquête et il se dit
07:13« Ah ben c'est bon, la main c'est bon, donc je peux passer au bras,
07:15donc le bras c'est bon, etc. »
07:17Or, en fait, ça c'est pas de la drague, ça c'est de l'assaut.
07:22C'est partir en campagne pour, excusez-moi l'expression,
07:28mais « se faire » la femme en face.
07:31Et ça, c'est pas un comportement qui devrait être encouragé.
07:35Et je trouve que dans les affaires MeToo et Balance Ton Port,
07:38quand on lit les témoignages, on voit bien que c'est souvent ça qui est en fait incriminé.
07:44C'est-à-dire cette espèce de prise de pouvoir, comme ça, masculine sur la femme.
07:49Et ça, il faut lutter contre ça.
07:51Alors quand, comme vous, on respecte les êtres humains autour de nous,
07:55y compris de sexe féminin, j'imagine qu'on ne fait pas ça.
07:59Mais quand même, c'est assez répandu, et c'est bien qu'on dise que ça n'est plus possible, ça.
08:06— Oui, mais c'est bien que vous le disiez clairement.
08:09Je suis 100% d'accord, et je pense que Baptiste, vous êtes 100% d'accord avec ce que vient de dire Guillaume.
08:14— Oui, oui, oui, et même, je vais reprendre quand même,
08:18pour pas quand même que vous parliez, Brigitte, que je ne pense pas comme vous sur toute la ligne,
08:21mais en gros, je pense que vous avez raison sur l'éducation et sur les jeunes années.
08:27Ce que vient de dire Guillaume, ça me fait penser à une phrase qui est très connue,
08:31utilisée comme une expression courante, qui ne dit mot qu'on sent.
08:34En fait, non, non, non.
08:36Qui ne dit mot que l'on ne sent pas forcément, en fait.
08:38Une absence de réponse, ce n'est pas une réponse, en fait.
08:41Si la personne n'a pas clairement exprimé le oui,
08:44alors elle n'est pas obligée de l'exprimer en le disant.
08:47Elle peut l'exprimer en prenant la main de son partenaire,
08:49elle peut l'exprimer en...
08:51— En lui remettant la main sur sa cuisse à lui.
08:53— Oui, oui, exactement.
08:55Absolument. Et ça, il faut l'apprendre aux femmes.
08:58Il faut apprendre aux hommes qu'une femme qui ne dit rien ne consent pas forcément.
09:06Et là, je suis d'accord pour le terme consentir.
09:08Et il faut apprendre aux femmes à être très claires.
09:12Et moi, je dis souvent, d'ailleurs, sur les questions d'hommes
09:17qui tripotent un petit peu dans le couloir sous prétexte que...
09:19Je dis toujours, c'est au premier geste qu'il faut le remettre à sa place.
09:22— Il faut le faire tout de suite.
09:24— On doit aussi tenir compte de ce que disait Guillaume,
09:26et qui est très juste, et j'insiste là-dessus,
09:28c'est que moi, ça m'est arrivé d'être dans une situation
09:31où j'ai été complètement tétanisé,
09:33où quelqu'un a posé la main sur moi,
09:35j'étais pas consentant, je ne le souhaitais pas,
09:37et je n'ai rien dit.
09:39Je suis resté là complètement à mort.
09:42— Passif, oui.
09:44— Et j'ai compris ce jour-là ce que c'était que...
09:46— La sidération.
09:48— ...être tétanisé et être complètement sidéré.
09:51Oui, moi, autour de moi, j'ai des femmes qui ont du caractère,
09:54qui sont fortes, et qui, si on leur met une main aux fesses,
09:56vont répondre par une tarte dans la tronche.
09:58— Mais moi, aujourd'hui, je sais le faire,
10:00mais je ne savais pas le faire quand j'avais 20 ans, c'est tout.
10:02C'est des choses que...
10:04Si on m'avait appris plus jeune,
10:06je pense que ça aurait été mieux.
10:08Donc on peut l'apprendre, ça.
10:10— Oui, on peut l'apprendre tant qu'on est avant la sidération.
10:14Et effectivement, en cabinet, je reçois des jeunes femmes
10:17à qui je dis très souvent,
10:19« Vous savez, vous pouvez dire non. »
10:21Et en fait, dire non à un homme, ça leur rassure,
10:23parce qu'il sait où il est.
10:25C'est beaucoup plus simple, en fait.
10:27En fait, les hommes aiment bien que les choses soient simples.
10:30Et donc, si on leur dit non,
10:32eh bien ils comprennent.
10:34— Un homme, on doit lui dire blanc ou noir.
10:36— Voilà, c'est ça.
10:38— Bon, merci, Baptiste, en tout cas, de cet échange.
10:40Je crois qu'on avance, parce qu'on échange,
10:42et puis on essaye de dire ce qu'on pense.
10:44Et c'est tellement pas simple, de toute façon,
10:46les relations hommes-femmes,
10:48il y a des débats.

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