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##NOEPISODE##
Transcription
00:00On continue et on va conclure avec Aurélie qui nous rejoint. Bonjour Aurélie.
00:04Bonjour Brigitte, bonjour M. Ella.
00:07Bonjour Aurélie.
00:09On vous écoute, allez-y. Donc vous voulez parler de votre relation à votre frère qui est plus jeune, c'est ça ?
00:15Oui. Alors c'est plus qu'une fausse note, la relation nous aurait été mauvaise.
00:20Et il y a un moment où on a habité ensemble. Donc j'avais 18 ans, il est 16 ans.
00:24Et bon, on avait partagé l'appartement en deux tellement c'était compliqué de vivre ensemble.
00:29C'était très compliqué. Et moi je traversais une très mauvaise phase et de toute façon j'ai jamais pu compter sur lui.
00:35Il ne voulait pas, c'était très compliqué. Bref.
00:38Et donc à 18 ans et 16 ans, vous quittez le domicile des parents pour vivre tous les deux dans un appartement, c'est ça ?
00:43Non, en fait mes parents sont partis et on s'est retrouvés dans l'appartement tous les deux.
00:47D'accord, tous les deux avec les parents qui partent.
00:50Et parmi les nombreuses erreurs que j'ai faites, c'est que j'ai essayé d'emplacer ma mère.
00:54Et bon, il n'aurait pas fallu, mais moi j'ai essayé de faire ce que je pouvais.
00:58Enfin, je me suis très mal débrouillée. Mais je crois que l'antagonisme était très ancien.
01:02En tout cas, ça part d'une belle grandeur d'âme de vouloir protéger votre petit frère qui a deux ans de moins que vous.
01:11Même si c'était peut-être une erreur, mais on a plutôt envie de dire que c'était une belle action.
01:18Et puis c'est naturel.
01:20C'est gentil, Gilles, parce que vraiment, il ne l'a jamais perçu comme ça en tout cas.
01:24Et ça a toujours été vraiment, je regrette, parce qu'il est mort maman.
01:28Donc je regrette d'autant plus, je ne sais pas, je regrette énormément de choses.
01:33Mais en tout cas, ça m'a appris quelque chose, puisque c'est le thème de l'émission.
01:37J'aime bien cette idée que, bon, nos relations ont été compliquées, mais il m'a appris une chose très importante ce jour-là.
01:43C'est que bon, j'ai fait une tentative de suicide comme on fait à 18 ans, c'est-à-dire des trucs idiots.
01:48Je m'essaie d'appeler au secours, je ne crois pas que j'avais vraiment envie de mourir.
01:52Mais en tout cas, j'ai fait la bêtise d'appeler un ami à moi et de lui dire que je m'en vais, ciao, etc.
01:56Ce qu'il ne faut pas faire.
01:58Les fois d'après, quand j'ai refait des tentatives, cette fois-ci, je n'ai plus prévenu les copains, ça m'a servi de leçon.
02:02Et le copain avait les clés, il a débarqué à la maison.
02:08Mon frère ne s'en est même pas rendu compte.
02:10Je crois qu'il n'était même pas là, il était avec des copains, il était ailleurs.
02:13Bref, le type sort de là, m'emmène à l'hôpital, etc.
02:17Et puis, un mois, deux mois, trois mois après, on s'engueule avec mon frère et je lui raconte ça.
02:22Je lui dis, tu te rends compte que je me suis ouvert les veines à dix mètres de toi et que tu t'en fous.
02:27Tu t'en fous, tu n'en as rien à faire de moi, etc.
02:30Et là, il est devenu vert.
02:33Il m'a engueulé comme du poisson pas frais.
02:35Il m'a dit, mais tu n'as pas honte de dire des choses pareilles et tu te rends compte de ce que ça te fait.
02:39Et je suis restée interdite.
02:43Parce que vraiment, ça l'avait terriblement choqué.
02:49Et ce jour-là, j'ai compris qu'il y avait certaines choses qu'on ne pouvait pas dire.
02:53C'est-à-dire qu'on pouvait s'engueuler, comme du poisson pas frais, mais il y a des choses à ne pas dire.
02:57Et dans mes relations ultérieures avec des hommes, notamment, parce que mon frère était très masculin,
03:01j'ai arrivé à m'engueuler, mais avec classe, c'est-à-dire à balancer ce que j'avais à dire,
03:06mais en veillant à ne pas passer certaines lignes rouges et en faisant très attention à certains sentiments,
03:12notamment que les hommes, je généralise, n'arrivent pas à affronter certaines choses.
03:16Et notamment, le mal qu'ils font, ils n'arrivent pas à l'affronter.
03:20Et j'ai fait très attention, ça m'a beaucoup servi.
03:24Mais c'est intéressant, parce que là, vous avez une interprétation de la réaction de votre frère.
03:30Moi, j'interprète plutôt qu'il était tellement malheureux à l'idée que vous ayez pu penser qu'il s'en foutrait, que vous ne soyez plus là.
03:41De toute façon, ça n'a absolument pas changé sa façon de fonctionner avec moi, puisqu'il m'a toujours gardé à distance.
03:47Mais il a toujours réagi comme ça. Je me rappelle avec ma mère, quand ma mère a eu un très gros accident,
03:52et je me suis beaucoup occupée d'elle, et j'ai envoyé des photos à mon frère pour le rassurer,
03:56parce qu'elle était atteinte au cervical, c'est assez spectaculaire.
03:59Et mon frère, évidemment, n'était pas là, c'est moi qui ai géré, j'ai envoyé des photos pour le rassurer.
04:03Et il me répond par retour de mail, t'as pas honte de m'envoyer des photos aussi violentes, je ne peux pas affronter ça.
04:09Mais oui, mais ça montre toute sa fragilité, et ce n'est pas par hasard qu'aujourd'hui il n'est plus là.
04:17Aurélie, je crois que vous n'avez pas compris que votre frère était un être peut-être hyper sensible,
04:26mais en tout cas hyper fragile et incapable de faire face à la difficulté de la vie, à la douleur de la vie, me semble-t-il.
04:37En tout cas, il y a beaucoup d'hommes qui sont comme ça, et moi j'ai appris à ne pas dire aux hommes certaines choses.
04:43Et franchement, ça m'a servi parce que ça m'a mis en face de cette fragilité-là, justement.
04:49Les hommes, pour généraliser un petit peu, mais après tout Marc Vella a le droit de les défendre,
04:54les hommes en règle générale n'aiment pas être face à ce qu'ils n'ont pas pu faire pour sauver le monde.
05:03L'homme aime être un sauveur, aime être un guerrier,
05:08et votre frère sans doute n'a pas aimé voir que peut-être il avait loupé le fait que vous avez failli vous donner la mort
05:17et qu'il aurait pu ne pas vous avoir sauvé.
05:21Oui, il y a une forme d'impuissance.
05:24L'homme n'aime pas face à son impuissance, absolument, le terme est bien choisi Marc Vella.
05:30En tout cas, ça m'a appris quelque chose.
05:33En tout cas, ce qui est important Aurélie, c'est ce que je sais moi du suicide,
05:37c'est que les personnes qui vont jusque-là, le fond du fond, c'est une recherche de plus de vie.
05:46C'est quelque part, il y a une insatisfaction dans ce réel, et chercher plus de vie ailleurs.
05:57Pour moi, ce plus de vie que l'on recherche, il est bien sûr légitime,
06:02et peut-être que c'est justement en s'accordant la vie.
06:07Voilà, peut-être c'est ça qui est important Aurélie,
06:10c'est aujourd'hui de vous accorder ce droit à vivre, à jouir de la vie,
06:16parce que ça nous est donné à tous, et de ne plus en avoir honte,
06:20de ne plus en avoir peur, et de ne pas attendre de l'homme ou de qui que ce soit d'ailleurs une autorisation.
06:25Voilà, la vie elle est pour vous, vous avez le droit de vivre,
06:28et ça ne dépend de personne sinon que de vous-même.
06:34C'est chouette ce que vous dites, c'est chouette cette idée que le suicide c'est un désir de vie,
06:39c'est intéressant, c'est vrai, c'est très vrai.
06:41Mais je crois qu'il faut surtout comprendre que lorsqu'on se suicide,
06:45c'est pas du tout qu'on a envie de mourir, c'est que la vie ne nous convient plus.
06:48Et qu'on cherche plus de vie.
06:50Et donc c'est une manière très positive de voir le suicide,
06:54en effet on cherche plus de vie, pourquoi pas ?
06:56Oui, mais c'est sûr, on cherche plus de vie, parce qu'il y a une désespérance,
07:01dans aujourd'hui cette réalité du monde, je suis désolé d'y revenir,
07:07mais c'est incontournable, l'individu, nous ne sommes pas dissociés, je dirais,
07:11de ce qui se passe sur la planète, et donc cette désespérance elle est tout à fait logique.
07:16Et souvent, moi je le vois dans les stages, je reçois beaucoup de jeunes
07:19qui sont face à ce monde qui se ferme au possible.
07:22Brigitte, rappelle-toi quand nous avions, dans les années 70-80,
07:27nous avions 25 ans, tout était possible.
07:31Oui, mais je crois, j'entends ce que vous dites,
07:34et je sais qu'il y a beaucoup de jeunes qui sont anxieux,
07:38et l'anxiété est en nette augmentation.
07:40Je crois qu'il y a aussi une chose qu'il faut comprendre,
07:42lorsqu'on n'a pas tout à fait le même âge, je crois que je suis un peu plus âgé que vous,
07:47on avait la possibilité de déconstruire des valeurs très bourgeoises,
07:59et de créer quelque chose d'assez nouveau, d'assez fun,
08:06et donc c'était chouette.
08:09Tandis qu'aujourd'hui, au fond, quel monde peuvent-ils créer de plus fun ?
08:16C'est ça aussi qu'il faut comprendre.
08:19On a peut-être été un peu trop gâtés,
08:23et on ne voit pas très bien quel monde meilleur pourrait-on créer.
08:27Tandis que nous, c'était facile d'imaginer un monde meilleur.
08:31On était plus libres.
08:32Et je crois que c'est ça qu'il faut comprendre.
08:34Et peut-être qu'il faudrait qu'on aide nos jeunes à leur faire comprendre
08:40qu'est-ce qu'ils peuvent créer de meilleur,
08:43et qu'est-ce qu'on a raté.
08:44Acceptons aussi de réaliser que nous, les vieux,
08:47on a raté quelque chose,
08:49et qu'on compte sur les jeunes pour réussir ce qu'on a raté,
08:52et peut-être que ça irait mieux comme ça.
08:54Oui, déjà aux jeunes de leur dire d'oser,
08:57mais effectivement dans ce monde qui se verrouille de plus en plus, c'est difficile.
09:00J'ai une question Aurélie.
09:02Je suis désolée, on n'a pas le temps de redonner la parole à Aurélie,
09:05parce que l'heure, c'est l'heure.
09:07En tout cas, merci Aurélie de ce témoignage difficile
09:10qui montre aussi qu'on peut, même de choses très difficiles en faire,
09:15avoir de la bienveillance, pour reprendre le terme de Marc Vella.

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