Béatrice : "Continuer à voir que je partage des choses banales me rend triste."

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Transcript

00:00Béatrice bonjour. Oui bonjour. Merci d'être avec nous Béatrice. Merci beaucoup et bonne année à vous.

00:07Merci, merci, merci. Je prends, je prends. Qu'est-ce que vous nous racontez vous alors Béatrice ?

00:14Alors effectivement les fêtes, ce repas du 25 à midi a été l'occasion de voir à quel point j'ai

00:21cheminé dans une famille particulièrement compliquée. J'ai du mal avec les mots toxiques, je vais dire compliqués et particuliers.

00:31D'accord, donc vous avez été déjeuner chez vos parents ou vos beaux-parents ?

00:36Chez mes parents. Chez vos parents, d'accord. Et alors ?

00:42Passe-moi le sel parce qu'elle est bonne la mayonnaise et les oiseaux passent et les grenouilles coassent.

00:50C'est pas mal, pas mal.

00:53Avec de la tristesse parce que continuer à voir que je ne peux à part partager des choses purement banales, ça me rend triste, ça me rend triste bien sûr.

01:06Mais voilà, j'ai vu à quel point tout le travail que je fais depuis des années en fait sur moi-même.

01:15Et ça je veux le partager aux auditeurs qui m'écoutent parce que si ça peut allumer une petite...

01:20La lumière est déjà allumée mais si ça peut aider encore plus fort à quelqu'un qui souffre, voilà.

01:27Je voudrais pour moi l'aider.

01:29Oui, c'est important ce que vous dites. Donc malgré tout, vous continuez à y aller parce que c'est vos parents et que c'est votre devoir.

01:37Et que vous les aimez, oui, malgré ce qu'ils sont, oui.

01:42Mais vous n'en attendez rien, quoi.

01:45Voilà, je suis blindée en fait maintenant.

01:51Désolée d'attendre, c'est quand même un petit peu familier.

01:56Parce que j'ai tellement pleuré, j'ai tellement souffert que j'ai décidé, j'ai choisi de ne plus souffrir.

02:03De ne plus m'attendre à... Comment dire ?

02:08Même si une situation compliquée, une nouvelle situation compliquée, une nouvelle conversion toxique se présenterait,

02:16je sais ce qu'il est bon de me faire et de ne pas faire.

02:21Alors, ça peut encore m'arriver de faire des petites erreurs, mais plus j'avance, plus je grandis en fait.

02:29J'ai compris ça, j'ai 51 ans, j'ai compris ça très tardivement, il y a une quinzaine d'années à peu près.

02:36Donc c'est laissant en fait, sur toute une vie.

02:40C'est souvent la façon la plus simple d'être à peu près serein, sereine en famille, c'est de faire baisser effectivement le niveau d'attente.

02:49Je disais que ma première psy, elle disait souvent que dans certaines familles, les seuls sujets qui peuvent être abordés sereinement,

02:56c'est la météo et les recettes de cuisine et qu'il est prudent d'en rester là.

03:01Effectivement, c'est sage parfois de ne pas aborder certains sujets en espérant, en attendant,

03:07en ayant des attentes extraordinaires sur ce qui pourrait se passer cette fois-ci et que ce serait si différent des fois d'avant.

03:13Il n'y a pas de raison.

03:15C'est vrai et c'est une victoire parce que le solde de tout cela, c'est comme vous dites, météo et recettes de cuisine, on ne va pas se discuter.

03:23Il n'y a aucun enjeu.

03:26On ne va pas non plus critiquer la recette de cuisine qui a été faite.

03:31Exactement, on s'informe sur les ingrédients.

03:35Je voudrais partager aux auditeurs que quand j'ai commencé, j'ai beaucoup pleuré, j'ai souffert.

03:44Je suis allée plusieurs fois en forêt, mais j'ai crié mes larmes.

03:48J'ai crié, j'ai hurlé à Dieu, j'ai été exotère.

03:59J'ai crié parce que je n'en pouvais plus.

04:03Je ne pouvais plus entendre, je ne pouvais plus rentrer dans les critiques, dans les jugements négatifs.

04:09Même si on ne portait pas forcément un jugement négatif sur moi au moment où j'étais présente,

04:15ça pouvait être une conversation négative parce qu'on parlait de la partie du voisin.

04:20J'ai eu un déclic quand j'ai commencé à m'autoriser à pleurer parce qu'il faut accueillir un sang.

04:32Ça a été un déclencheur.

04:35Après, j'ai beaucoup écrit.

04:37Si il y a des auditeurs ou des auditrices qui m'entendent, j'ai beaucoup écrit.

04:40J'ai beaucoup de cahiers où j'ai écrit mes émotions, j'ai écrit mes colères.

04:45Ce n'est pas des poèmes, ce n'est pas des choses...

04:52Vous avez vidé votre sac, en quelque sorte.

04:55J'ai vidé mes larmes, dans encore quelques-unes, des fois.

04:59J'ai un enfant qui a été un élément qui m'a aidée à me poser.

05:12Il mange aujourd'hui parce que j'ai beaucoup souffert au travail.

05:14J'ai fait un burn-out quand j'étais infirmière en EHPAD.

05:19Des jours, on passe devant un EHPAD et je lui dis comme ça,

05:25c'est la même chose, c'est le même schéma familial dans ma tête

05:29quand je me pose et que j'analyse la situation.

05:32On passe devant cet EHPAD et j'ai exprimé, je me rappelle très bien ce que j'ai dit,

05:38je me dis qu'est-ce que j'ai souffert dans cet endroit.

05:40Voilà, c'est exactement les mots.

05:42Et mon fils m'avait répondu,

05:44« Mes mamans, elles ne sont pas comme toi. »

05:47Et cette phrase, elle a été un déclencheur.

05:52Elle est simple. « Maman, elles ne sont pas comme toi. »

05:55Et aujourd'hui, j'aime mes parents de tout mon cœur.

05:59Ils ne sont plus âgés.

06:01Je les aime, mais c'est ce qu'ils disent,

06:04comment ils jugent que je n'aime pas en fait.

06:06Et j'ai compris, la petite Béatrice a grandi,

06:10la Béatrice qui vous parle aujourd'hui,

06:12j'ai compris que je ne veux pas être comme eux.

06:14Je refuse d'être comme eux.

06:16Je refuse de rentrer dans un jugement,

06:18de refuser de m'excuser si j'ai tort,

06:21d'être tout le temps dans des conversations négatives.

06:26Je refuse tout ça.

06:28C'est intéressant ce que vous dites,

06:30parce que c'est exactement ça,

06:32la blessure d'enfance, la façon dont ça procède.

06:34C'est-à-dire que cet espace en nous

06:36qui a été blessé, heurté, abîmé

06:39par des choses qu'on a reçues

06:41qui nous ont blessé l'âme,

06:43ça reste à l'état de blessure une fois à l'âge adulte

06:47et ça hurle, vraiment.

06:49On sent en nous un endroit, un espace de nous

06:51qui n'est pas tout nous,

06:53mais cet espace-là continue à hurler.

06:55Et si on ne l'écoute pas, si on ne lui fait pas de la place,

06:57et si on ne prend pas le temps

06:59de lui répondre, en tant qu'adulte cette fois-ci,

07:03et plus comme enfant à ce qu'elle a vécu

07:05ou ce qu'il a vécu, ça perdure.

07:07Et ça ne s'arrête jamais.

07:09Donc cet endroit-là, il faut l'entendre.

07:11C'est un engrenage en fait.

07:13Oui, exactement.

07:15Cette béatrice qui hurlait,

07:17j'hurlais aussi, alors pas qu'en famille,

07:19c'est-à-dire que je ne me sentais pas comprise

07:21avec mes collègues de travail,

07:23je ne me sentais pas comprise

07:25avec mon compagnon à l'époque.

07:27Je ne me connaissais pas.

07:29Donc si je reparlais avec ces personnes aujourd'hui,

07:33maintenant que mon enfant intérieur a guéri,

07:35que j'ai fait la paix en fait avec la petite béatrice,

07:37je n'avais pas les armes à l'époque.

07:39C'est important parce que...

07:41La petite béatrice m'a pardonné.

07:43Voilà.

07:45Vous savez Béatrice,

07:47moi ce que j'ai envie de dire,

07:49parce que c'est ce que votre témoignage

07:51me fait penser,

07:53on a les parents qu'on a,

07:55on ne les a pas choisis.

07:57De toute façon,

07:59certaines théories parlent du choix

08:01qu'on arrive dans cette famille-là,

08:03etc.

08:05Bref, on ne les a pas choisis.

08:07Mais quoi qu'il en soit,

08:09au fur et à mesure des années qui passent

08:11jusqu'au moment où on est adulte,

08:13c'est-à-dire jusqu'à...

08:15Aujourd'hui on donne la majorité à 18 ans,

08:17moi je dirais bien 21 ans.

08:19J'aime bien parce que sur un plan astrologique

08:21c'est pas rien 21.

08:23Eh bien, malgré tout,

08:25ils nous façonnent et on s'identifie

08:27et on se construit

08:29avec leur image.

08:31Et donc il y a en nous

08:33tout ce qu'on n'aime pas chez eux,

08:35c'est en nous.

08:37Et c'est à ce moment-là qu'il faut arriver à faire la paix

08:39avec ces parts de nous

08:41qu'on n'aime pas.

08:43Et quand on est face à eux,

08:45ça nous renvoie à cette part de nous qu'on n'aime pas.

08:47J'allais dire,

08:49c'est cette pacification qu'il faut faire

08:51avec nous-mêmes.

08:53Alors vous l'avez visiblement bien fait,

08:55Béatrice, puisque vous avez pleuré,

08:57vous avez crié.

08:59Et puis à un moment donné,

09:01cette part de nous qu'on n'aime pas,

09:03on a su la mettre dans un endroit

09:05où c'est pacifié

09:07et on est en paix avec soi.

09:09Et on peut donc les regarder

09:11sans être dérangé par

09:13ce qu'on n'aime pas chez eux.

09:15Ça vous parle, ça, Béatrice ?

09:17Oui, ça me parle, parce que

09:19s'il peut m'arriver de...

09:21Alors, quand on dit

09:23qu'il nous façonne, c'est vrai qu'il y a le bon

09:25et le mauvais.

09:27Donc moi,

09:29je ne sens que le bon.

09:31C'est ça, vous avez pacifié

09:33le mauvais.

09:35Et quand vous me dites

09:37qu'on est face à eux, alors là, je rebondis,

09:39parce qu'avant de vous avoir au téléphone,

09:41j'ai réfléchi à ce que j'avais envie de vous partager

09:43et ça revenait très fort dans mon cœur.

09:45Je me pose maintenant.

09:47Alors, le repas 10-25, j'ai vraiment honoré

09:49ce repas. Ma maman a 4 ans.

09:51Elle a presque tout cuisiné.

09:53Vraiment, c'était très bon, en plus.

09:55Et là,

09:57c'était blindé, Béatrice.

09:59Il n'y avait pas de...

10:01Il n'y avait pas de possibilité

10:03de ne pas y aller pour moi.

10:05Mais maintenant, quand il y a des petits moments

10:07où je prends un petit moment

10:09avec eux,

10:11pas longtemps,

10:13je me pose, je me dis,

10:15Béatrice, comment tu es ?

10:17Est-ce que tes émotions, ça va ?

10:19Quand je suis fatiguée, je n'y vais pas.

10:21Quand je ne suis pas fatiguée

10:23et que j'y vais,

10:25j'exprime mes émotions.

10:27Alors, si je sens qu'une conversation va partir

10:29en Tujiba, oh, qu'est-ce qu'il a encore fait ?

10:31Je ne sais pas.

10:33Il ne s'est même pas compliqué.

10:35Quelqu'un a un manque de la famille.

10:37J'avais l'erreur,

10:39je faisais l'erreur

10:41de donner mon point de vue

10:43comme si je voulais pacifier.

10:45En fait, je me suis rendue compte

10:47que je les laisse blablaper.

10:49Et ils ne répondent qu'aux questions

10:51qu'on me pose maintenant.

10:53Ça limite un peu la casse.

10:55Et si jamais il y a un sujet

10:57où on s'en va un peu trop loin,

10:59je mets mon petit grain de sel.

11:05Mais sans reproches, sans cris,

11:07tout ça quoi ?

11:09Juste le petit grain de sel.

11:11C'est le fin d'esprit.

11:13C'est ma croyance.

11:15Je donne mon point de vue

11:17et si je sens que mon point de vue,

11:19eux, ne sont pas capables de l'entendre,

11:21des fois, c'est le cas.

11:23C'est très rare, mais ça arrive.

11:25Et quand je sens que ça remonte

11:27quand même, malgré que j'ai mis des garde-fous,

11:29je me barre, je m'en vais.

11:31Mais poliment.

11:33Je ne rentre plus

11:35dans l'absence de toxicité.

11:37C'est négatif.

11:39– Bravo Béatrice. Et merci de votre témoignage

11:41encore une fois. Merci beaucoup

11:43de cet éclairage aussi.

11:45On continue avec vous sur Sud Radio 0826 300 300.

11:47Venez vous aussi nous raconter

11:49comment vous gérez

11:51ces questions de famille

11:53durant les fêtes.

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