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Retrouvez L 'Affaire dans l'affaire, tous les samedis de 12h et 13h sur les ondes de Sud Radio, en partenariat avec la revue Affaires Criminelles de McSkysz.

Avec Jade Serano, journaliste police-justice, Muriel Reus, présidente et fondatrice de l’association de lutte contre les violences conjugales « femmes avec », chevalier de la légion d’honneur et colonel de réserve de la gendarmerie nationale et Maître Isabelle Steyer, avocate spécialiste dans les féminicides.
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##L_AFFAIRE_DANS_L_AFFAIRE-2025-02-08##

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News
Transcription
00:00Sud Radio, l'Affaire dans l'Affaire, Stéphane Simon.
00:03Bonjour à tous, bienvenue dans l'Affaire dans l'Affaire,
00:06une heure pour parler de l'actualité judiciaire,
00:08une émission en partenariat avec la revue trimestrielle Affaire Criminelle,
00:13dont nous avons la chance de recevoir le rédacteur en chef, Victor Lefebvre.
00:16Bonjour Stéphane Simon.
00:17Bonjour. Bonjour Jade Serrano également, journaliste spécialiste d'investigation.
00:21Bonjour Stéphane Simon.
00:22Bonjour. Et Jean-Marie Bordry, la voix des matinales du week-end sur Sud Radio.
00:28Bonjour mon cher Stéphane.
00:29Ah voilà, nous avons la chance également de recevoir aujourd'hui une autre voix des matinales, Muriel Reus.
00:35Bonjour Stéphane.
00:36On la connaît bien sur Sud Radio puisqu'elle anime la force de l'engagement,
00:40et puis vous êtes également présidente et fondatrice de l'association de lutte contre les violences conjugales Femmes Avec.
00:48Et nous accueillons maître Isabelle Steyer.
00:52Bonjour Stéphane.
00:53Bonjour, avocate spécialiste dans les féminicides,
00:56car aujourd'hui nous allons parler de féminicide.
00:59Où en est la grande cause du quinquennat ?
01:02Nous allons parler des violences mortelles faites aux femmes.
01:05Rien qu'en janvier 2025, alors il y a un débat,
01:09sept, neuf femmes sont déjà mortes sous les coups d'hommes.
01:12On est à neuf parce que nous sommes fin février, mais nous étions à sept fin janvier.
01:18Une femme tuée presque tous les trois jours l'année dernière à la même période.
01:22On était en janvier 2024 à quatre femmes tuées.
01:25La situation, au moins que l'on puisse dire qu'elle n'a pas connu de progrès.
01:30Je rappelle par ailleurs qu'une femme sur quatre aux Etats-Unis, 24,3% pour être précis,
01:35un homme sur sept seulement âgé de 18 ans aux Etats-Unis ont été victimes de violences physiques de la part de leurs conjoints.
01:42La situation n'est guère florissante là-bas également.
01:45Nous allons nous demander pourquoi.
01:47Et alors que le féminicide déclaré grande cause nationale par Emmanuel Macron fait encore autant de victimes.
01:54Mais avant de s'interroger, de débattre, nous avons choisi d'illustrer ce sujet sur les féminicides
01:58par l'histoire d'un crime commis, tenez-vous bien, à la Saint-Valentin.
02:02Oui, même à la Saint-Valentin, des femmes peuvent mourir des méfaits de leurs conjoints.
02:06Remontons dans le temps, nous sommes le 14 février 2014.
02:10Kiriona Philatre, 41 ans, mère de quatre enfants, va tomber sous les balles de son compagnon Patrick
02:17dans le café-restaurant dont elle s'occupe, L'Aiglon, avenue de la Grande Armée à Paris.
02:26Le 14 février 2014, Patrick Philatre, 48 ans, se trouve avenue de la Grande Armée dans le Cossus, 16e arrondissement de Paris.
02:33Au numéro 55 se situe le café-restaurant L'Aiglon, qu'il tenait encore deux ans plus tôt avec son épouse, Kiruna.
02:40Ensemble, le couple de quadragénaire d'origine vietnamienne a eu quatre enfants.
02:45La famille vivait en Seine-et-Marne, mais voilà, en 2012, Kiruna ne veut plus de cette vie.
02:50Et pour cause, elle subit des violences conjugales.
02:53Patrick est violent, Kiruna a peur de lui, mais elle est déterminée à reprendre son avenir sentimental et financier en main.
03:00Épaulée par ses proches, la mère de famille demande le divorce.
03:03Au mois de mars, Patrick finit par quitter le domicile conjugal, mais il la prévient.
03:09« Je vais te mettre une balle dans la tête, profite bien de tes vacances, car à la fin de l'année, tu seras morte et je serai en prison.
03:16De toute façon, la police ne pourra pas te protéger tout le temps. »
03:19Kiruna se rend immédiatement au commissariat pour déposer plainte. Elle sait Patrick capable du pire.
03:24A l'époque, il est parti vivre dans le Calvados.
03:27Entendu par les gendarmes, il a nié avoir proféré ces graves menaces et invoque l'imagination débordante de son épouse à cause de leur séparation conflictuelle.
03:36La justice lui donne raison, la plainte de Kiruna est classée sans suite.
03:39Son chemin vers la tranquillité s'annonce ardu.
03:42En 2014, le divorce n'est toujours pas prononcé. Patrick ne veut pas.
03:46Il continue à lui mener la vie dure.
03:48Mais cette fois-ci, le 12 février, la justice se prononce en faveur de Kiruna.
03:52Elle va pouvoir enfin divorcer sans le consentement de son époux.
03:56Un élément déclencheur pour Patrick, assurément.
04:00Ce 14 février, Patrick s'est fortement alcoolisé et s'est armé de deux revolvers.
04:04Arrivé devant le café-restaurant L'Aiglon, il entre, braque son revolver en direction de Kiruna, réfugié derrière son comptoir,
04:11et là-bas, froidement, le quatre balles en plein thorax.
04:15Deux ans après ces paroles violentes, Patrick filâtre est passé à l'acte.
04:20Devant le café-restaurant L'Aiglon, Patrick cranche son arme quand des policiers de la brigade anticriminalité,
04:25la BAC du 17e arrondissement en patrouille, l'aperçoivent.
04:29Manifestement dans un état second, Patrick anonne.
04:32« J'ai tué ma femme. J'ai tué ma femme. »
04:35Immédiatement, la BAC l'interpelle. Sans émettre aucune résistance, il est conduit dans les locaux du 1er district de la police judiciaire.
04:41Face aux enquêteurs, Patrick est prostré. Malgré l'évidence, il nie les faits.
04:46S'il avait sur lui deux armes de poing, c'était juste pour les vendre.
04:50L'arme du crime, un revolver est saisi et soumise à l'expertise.
04:54Le parquet décide alors de le mettre en examen. Patrick filâtre est incarcéré.
04:58De nouveau interrogé pendant l'instruction, il ne tonnera aucun mobile et dira juste.
05:03« Si je pouvais revenir en arrière, je suis bourré de regrets et de haine envers moi. »
05:08Le 23 janvier 2017, le procès de Patrick filâtre pour l'assassinat de son ex-épouse s'ouvre devant les assises du tribunal de Paris.
05:16Une fleuriste, dont la boutique est située à côté du café-restaurant de Kiruna, va raconter sa journée du 14 février 2014.
05:24« Nous avons vu des gens courir et il y avait beaucoup d'agitation.
05:27Nous avons entendu des bruits, mais sans pouvoir distinguer s'il s'agissait de coups de feu.
05:32Je veux garder toujours un bon souvenir de Kiruna, c'était une femme sympathique, toujours disponible et qui bossait dur. »
05:40Patrick comparaît face aux témoins de son crime. Un autre s'avance à la barre, habitué du restaurant de Kiruna.
05:46« C'était une femme élégante, brune, aux cheveux longs et toujours bien apprêtée.
05:51Elle était mère de quatre enfants, dont certains en bas âge.
05:54Son restaurant était bien tenu, lui aussi. C'était un endroit agréable pour manger.
05:58Il n'y a jamais eu d'incident dans son établissement.
06:02Nous savions qu'elle était en instance de séparation et que son divorce s'annonçait difficile. »
06:09Après les témoins du drame, Patrick filâtre va devoir faire face au regard de sa belle famille et celui de ses enfants.
06:15La fille aînée du couple s'est constituée partie civile.
06:18À la barre, elle va raconter le calvaire de sa mère, les menaces de mort proférées par son père
06:23et pointe du doigt la responsabilité de la justice.
06:26L'assassinat de sa mère est la dramatique chronique d'une mort annoncée.
06:30Après deux jours de procès, le verdict tombe. Patrick filâtre est lourdement condamné.
06:35Dix ans plus tard, la mort de Kiruna n'a pas servi d'exemple à la justice française,
06:40en dépit d'un renforcement législatif et d'un attirail de mesures prises
06:43aux allures d'effets d'annonces politiques sans réelle efficience.
06:46La France compte toujours ses mortes.
06:55« Dans un instant, nous allons revenir sur cette affaire de féminicide à la Saint-Valentin
06:59et puis nous allons nous demander si cette grande cause nationale,
07:04dotée de si peu de moyens, n'a pas été qu'une opération de communication de l'Élysée,
07:10L'Affaire dans l'Affaire revient tout de suite sur Sud Radio.
07:18De retour dans l'Affaire dans l'Affaire, votre rendez-vous du samedi midi sur Sud Radio.
07:22Un rendez-vous en partenariat avec la revue Affaire Criminelle, une heure en compagnie de mon complice Jean-Marie Bordy.
07:28Bonjour mon cher Stéphane.
07:29Et oui, c'est la voix des matinales du week-end sur Sud Radio avec Jade Serrano,
07:33également journaliste enquêtrice, qui nous a raconté ce féminicide à la Saint-Valentin
07:39et puis Victor Lefèvre, rédacteur en chef de la revue Affaire Criminelle.
07:43Merci d'être là ensemble.
07:45Nous sommes en compagnie également de Muriel Reus,
07:48qu'on a plaisir à retrouver dans la force de l'engagement sur Sud Radio,
07:52présidente et fondatrice de l'association de lutte contre les violences conjugales,
07:56Femmes Avec, c'est pour ça que vous êtes avec nous Muriel.
07:58Absolument.
07:59Et j'aime bien le dire, désolé, mais réserviste de la Gendarmerie Nationale.
08:02Ah oui.
08:03Colonel.
08:05Colonel.
08:06Donc colonel Reus.
08:07Et puis maître Isabelle Steyer.
08:09Merci d'être là avec nous.
08:11Vous êtes avocate, spécialiste dans les féminicides.
08:15Et justement maître, Jade Serrano nous a dit que cet homme, Patrick,
08:20avait été lourdement condamné.
08:23À combien a-t-il été condamné et est-ce si lourd que cela ?
08:26Parce que je connais la réponse.
08:27Oui.
08:28Il a été condamné à une peine de 18 années de réclusion criminelle pour assassinat.
08:32Ce qui en fait n'est pas une peine extrêmement élevée.
08:36A titre personnel je trouve que ce n'est pas une peine extrêmement élevée.
08:40Oui.
08:41Parce que ce qu'il faut savoir c'est que ces hommes-là n'ont généralement pas de casier judiciaire.
08:46Enfin lui il n'en avait pas.
08:48Donc la libération conditionnelle intervient généralement à peu près à mi-peine.
08:52Oui.
08:53Neuf ans.
08:54Voilà.
08:55Et que ça peut être un petit peu plus, mais on tourne autour de dix années, onze années effectives.
09:00Avec des autorisations évidemment de sortie pour pouvoir trouver un emploi,
09:04tenter de se réinsérer, trouver un logement.
09:07Et ce qui souvent pour les enfants ou pour la famille ne fait pas suffisamment sens par rapport à la peine qu'ils ont eue.
09:16Il y a la peine de cœur, la peine affective et la peine criminelle.
09:20Et on dit peine contre peine, on n'y est pas finalement.
09:24Parce que les victimes sont condamnées à vie.
09:28Et notamment je défendais la fille aînée de ce couple-là.
09:32Et on a envie de vous demander des nouvelles de cette jeune femme.
09:36Parce qu'évidemment entre le chagrin né de l'assassinat de sa mère et le fait que son père se retrouve en prison,
09:43ça doit être difficile de se reconstruire dans ces conditions.
09:47Alors c'était d'autant plus difficile que c'était, comme vous l'avez dit, la fille aînée
09:51qui avait trois petits frères et sœurs mineurs.
09:54Et qu'elle voulait éviter que ses frères et sœurs ne soient placés.
09:58Et qu'elle ne pouvait pas, parce qu'elle était juste majeure, elle était étudiante,
10:03elle avait une petite chambre, elle ne pouvait pas elle seule évidemment s'occuper de ses trois frères et sœurs.
10:09Et son grand drame était que ses frères et sœurs étaient inévitablement placés
10:15avec des droits de visite qu'avaient obtenus évidemment les oncles et les tantes.
10:18C'est la triple peine.
10:21Donc elle, elle était extrêmement touchée, affectée de ce qu'en tant que sœur aînée
10:28elle ne pouvait pas être, se substituer à sa maman.
10:32Oui, elle n'avait pas les moyens financiers.
10:34Evidemment, et d'autant plus qu'elle admirait sa maman qui était vraiment...
10:39Une femme qui travaillait, qui faisait tourner la marmite.
10:43C'est ça, et puis c'est une femme qui avait un café-restaurant PMU
10:47qui était très bien placé, près de l'Arc de Triomphe,
10:50qui était très connue du quartier, puisqu'il y avait aussi le PMU, les cigarettes et tout ça.
10:55Et c'était une femme qui était aussi très connue parce qu'elle était vietnamienne, d'origine vietnamienne.
11:00Et elle avait longtemps dit, elle s'était beaucoup exprimée sur la question,
11:06c'est que sa famille avait fui le Vietnam, avait fui la guerre, c'était des « bad people »,
11:11ils étaient venus se reconstruire, et ses frères et sœurs étaient venus à la barre
11:15parce qu'on a tous des professions, on a tous beaucoup travaillé.
11:18Et elle est venue, on a fui la guerre pour qu'elle vienne être assassinée
11:23à côté finalement des Champs-Élysées, au milieu de ce qu'elle avait créé, c'est-à-dire son restaurant,
11:31en tant que femme libre qui travaillait, qui avait des ressources, qui divorçait.
11:36Et elle a payé très cher sa liberté et sa volonté, tout simplement, de travailler, d'avoir une famille
11:42et de divorcer d'un homme violent.
11:44Cette affaire que l'on a choisi de vous raconter, elle est exemplaire dans le mauvais sens du terme
11:50puisqu'elle nous montre que même le jour de la Saint-Valentin, des féminicides ont lieu,
11:56ce qui est quand même, je dirais, contre-intuitif.
12:00Et puis, ce féminicide, il se termine à l'arme à feu.
12:06Et ça, je voulais en dire un mot parce qu'on pense toujours que les féminicides,
12:09ce sont finalement des disputes conjugales qui finissent mal.
12:14Et là, on voit qu'il y a une véritable préméditation
12:17parce que ce jour de la Saint-Valentin, évidemment, le criminel l'a choisi.
12:22Mais oui, et souvent dans le féminicide, ne serait-ce que dans le passage à l'acte,
12:27il y a un message ou des messages.
12:29Là, c'est effectivement le jour de la Saint-Valentin, alors même que monsieur n'acceptait pas la séparation
12:35et le divorce, c'était sur son lieu de travail, le lieu où elle gagnait sa vie,
12:41c'était le lieu où elle était aimée par ses clients, en tous les cas respectée,
12:46donc c'était au milieu du service aussi, il faut le dire,
12:49donc c'était devant tout le monde.
12:51Et il est entré dans ce restaurant avec une arme dans chaque main
12:57et il l'a tué à bout portant.
13:00Il a maîtrisé, il a dominé, non seulement sa femme, mais toute l'Assemblée.
13:05Donc il y a un message qui est vraiment dans cet atelier à tous les niveaux de la scène de crime.
13:11Mais en plus, il y a une montée en puissance de la violence,
13:15c'est-à-dire que ces femmes sont victimes de violences conjugales
13:19et on en parle maintenant de contrôle coercitif,
13:22c'est-à-dire qu'elles ne peuvent pas sortir de chez elles
13:25et quand elles sortent, il faut savoir à quelle heure elles sortent,
13:28avec qui elles sortent, où elles vont, avec qui elles vont,
13:31combien de temps elles vont travailler,
13:33où elles passent avant d'aller travailler, faire les courses.
13:36Il y a tout un espèce de flicage, de harcèlement.
13:43Et donc plus elles sont harcelées, plus elles ont envie de se séparer, de divorcer.
13:50Et donc il va y avoir une montée en puissance de la violence.
13:54C'est là où elle est allée déposer plainte.
13:56Sa plainte a été classée sans suite.
13:58Elle avait même enregistré les menaces de mort réitérées.
14:02En dépit de tout ça, il était parvenu à convaincre quand même les policiers de ce que c'était...
14:09Son imagination débordante.
14:11Oui, voilà, exactement.
14:13Et elle avait redéposé des mains courantes.
14:17Donc on n'avait pas qu'une plainte, on avait une plainte.
14:20Et justement là-dessus, Maître, parce que c'est aussi le drame de l'incrédulité, ce meurtre,
14:26et on voit que les policiers ont fait le choix de croire plutôt le mari qui était le futur assassin
14:31que la femme qui disait il va me tuer.
14:33Qui a cru qu'Irwouna, autour d'elle, dans sa famille, chez ses proches,
14:38est-ce qu'elle a pu s'ouvrir auprès de personnes de confiance ?
14:41Est-ce qu'il y a des gens qui ont compris que ça allait mal finir et qui ont essayé de l'aider ?
14:44Ou elle était complètement seule ?
14:46Sa famille l'a crue. Sa famille avait extrêmement peur de lui.
14:49Mais sa famille, qui était des gens de droit, normal,
14:52disait va au commissariat, va déposer plainte, tu vas être protégée.
14:56C'est-à-dire le réflexe qu'ont les gens qui ne connaissent pas cette problématique
14:59et qui ont confiance dans les services publics,
15:01ils disent va au commissariat, tu vas être protégée.
15:03Et quand on va au commissariat, on n'est pas protégée.
15:06Donc du coup, elles y vont plusieurs fois.
15:08Au bout de 3-4 fois, elles n'y vont plus.
15:10Elles essayent de se débrouiller par elles-mêmes.
15:13Et on ne se débrouille pas face à quelqu'un qui est aussi déterminé.
15:17Et donc, par conséquent, elles sont exposées
15:20puisqu'elles continuent la procédure de séparation.
15:23Et donc, plus elles continuent dans cette voie-là, plus elles sont exposées.
15:27Donc c'est un cercle infernal.
15:30Dans la mesure où on voit qu'il y a un continuum comme ça de violence
15:33et de montant de puissance de la violence,
15:35qui fait que, n'étant pas crues,
15:38elles n'ont pas recours au commissaire.
15:42Elles sont abandonnées.
15:44On va revenir sur cette question cruciale
15:47de qu'est-ce qu'il faut faire quand on est victime de ces violences conjugales.
15:50Mais je voudrais me demander à Muriel Reus un bilan.
15:53Parce que depuis que le féminicide est devenu une grande cause nationale,
15:58est-ce qu'on peut dire que les femmes meurent moins ?
16:00Je ne crois pas. Je le disais dès le début de l'émission.
16:02Les femmes ne meurent toujours beaucoup plus que les hommes des violences conjugales.
16:06Non, les femmes ne meurent pas moins. On en est loin.
16:09On avait l'habitude de dire, vous savez, vous avez entendu cette phrase,
16:12on a tous entendu, c'est une femme qui meurt tous les trois jours
16:15sous les coups de son compagnon ou de son ex-compagnon.
16:18En 2022, on avait 147 féminicides.
16:21En 2021, 113. Et là, vous avez donné des chiffres.
16:24Moi, les chiffres que j'ai, c'est 12 depuis le début de l'année.
16:27On a évolué sur comment allons-nous comptabiliser
16:33les femmes qui sont victimes en France de féminicides.
16:36Et depuis cette année, pour la première fois,
16:39l'AMIPROF, qui est la mission interministérielle pour la protection des femmes
16:43contre les violences, a décidé de compter les femmes
16:49qui sont victimes de féminicides directs, c'est-à-dire d'un assassinat,
16:52d'un meurtre, d'un empoisonnement de violences volontaires
16:55ayant entraîné la mort, et les féminicides indirects
16:58que sont les suicides forcés.
17:01Un suicide forcé, c'est tout un tas de comportements
17:04qui se mettent en place, qu'on a appelé l'emprise,
17:07qu'on appelle maintenant le contrôle coercitif,
17:10qui vont conduire au suicide ou à la tentative de suicide une femme.
17:14Et là, je vous demande de bien m'écouter et de vous accrocher.
17:18Donc en 2023, c'est 1185 femmes qui ont été tuées,
17:23qu'on a essayé de tuer ou qu'on a contraintes au suicide.
17:26Vous voulez répéter le chiffre ?
17:281185, ça veut dire qu'on est passé d'une femme tous les trois jours
17:32à plus de trois victimes par jour.
17:35Plus de trois femmes qui, chaque jour, se retrouvent dans une situation
17:39où la seule solution qu'elles ont trouvée pour échapper
17:43à ce que l'agresseur a construit autour d'elles,
17:46c'est un suicide forcé.
17:48Donc pour la première fois, on a gagné.
17:50Moi, je trouve qu'on a gagné dans cette évaluation,
17:52parce que les chiffres, ça permet de poser des situations
17:54et de prendre des décisions.
17:56On a gagné sur cette évaluation en comptabilisant
17:58à la fois les féminicides directs et les féminicides indirects.
18:01Ce qu'on a gagné aussi, parce que les enfants,
18:04dans cette situation-là, c'est absolument terrible.
18:06La plupart du temps, il y a un meurtre,
18:08mais parfois il y en a deux,
18:10parce que l'agresseur peut aussi se suicider.
18:12Ça arrive.
18:14Donc on a gagné quand même quelque chose.
18:16Aujourd'hui, il y a très peu de temps,
18:19l'agresseur, on va dire le meurtrier,
18:23avait le droit de visite et un droit d'hébergement
18:27et gardait l'autorité parentale.
18:29Donc vous imaginez, vous perdez votre mère,
18:31mais vous devez toujours répondre à votre père
18:33sur l'autorité parentale,
18:35et il a le droit de venir vous voir, etc.
18:37et d'avoir un contrôle sur vous.
18:39Donc on a gagné cela, c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
18:41ce droit-là n'est plus en vigueur.
18:43Mais est-ce que le bilan est quand même pas un petit peu maigre
18:47pour une grande cause nationale, finalement ?
18:49Vous êtes quand même en train de nous expliquer,
18:51avec fort ce chiffre à l'appui,
18:55qu'on ne meurt pas moins des coups de ses conjoints,
18:59loin s'en faut, et qu'en plus aujourd'hui,
19:01on se rend compte qu'il y a aussi
19:03beaucoup de suicides forcés.
19:05Donc finalement, le féminicide de grande cause,
19:09est-ce que ce n'était pas un coup de com' ?
19:11Je ne dis pas que ce soit un coup de com',
19:13parce qu'il y a quand même eu depuis le Grenelle
19:15des décisions qui ont été prises.
19:17On a décidé de former, par exemple,
19:19tous les gendarmes. Cette maison que je connais bien,
19:21tous les gendarmes sont aujourd'hui formés.
19:23Les policiers aussi.
19:25On a mis en place des ordonnances de protection.
19:27D'ailleurs, maintenant,
19:29l'ordonnance de protection est immédiate.
19:31Donc on a fait quand même des progrès là-dessus.
19:33On essaie de créer des tribunaux spécialisés.
19:35Ils ne sont pas nombreux. Il y en a un à Versailles.
19:37Ils sont totalement insuffisants par rapport à l'Espagne.
19:39On ne peut pas dire cela.
19:41Mais la violence est très forte.
19:43Elle est très présente. On en parle de plus en plus.
19:45C'est 3,5 millions de femmes
19:47qui, chaque année, subissent des violences.
19:49Enorme. Dans un instant,
19:51on va se demander s'il est vrai
19:53de dire qu'en matière de féminicide,
19:55on n'a rien fait. Eh bien non.
19:57On vient de le dire. Et comment ça se passe
19:59chez nos voisins, justement ? On parlera en particulier
20:01de la méthode espagnole
20:03qui a permis des progrès significatifs.
20:05C'est tout de suite avec nos invités
20:07sur Sud Radio.
20:09Sud Radio. L'affaire dans l'affaire.
20:11Stéphane Simon.
20:13De retour dans l'affaire dans l'affaire.
20:15Votre rendez-vous du samedi midi sur Sud Radio.
20:17Une heure en compagnie de mes amis
20:19Victor Lefebvre,
20:21gesteur en chef de la revue Affaires Criminelles.
20:23Jade Serrano, journaliste enquêtrice.
20:25Et la voix des matinales de Sud Radio.
20:27L'une des voix.
20:29La voix des matinales du week-end,
20:31d'ailleurs, je devrais préciser. Jean-Marie Bordry.
20:33Bonjour mon cher Stéphane.
20:35Bonjour à tous. Nous sommes aujourd'hui
20:37avec Muriel Rius qui est aussi
20:39qui a sa voix sur Sud Radio.
20:41A son émission, La Force de l'engagement.
20:43Et puis vous êtes présidente, fondatrice
20:45de l'association de lutte contre les violences conjugales
20:47qui s'appelle Femmes Avec.
20:49Et nous sommes également
20:51avec Maître Isabelle Steyer,
20:53avocate spécialiste dans les féminicides
20:55et qui était dans le dossier dont nous parlions
20:57il y a quelques instants.
20:59On le disait, il y a assez peu de résultats
21:01en termes de lutte contre les féminicides.
21:03Victor Lefebvre, rappelez-nous quelques chiffres.
21:05Oui, en novembre dernier,
21:07le rapport annuel de la mission interministérielle
21:09pour la protection des femmes a été publié.
21:11Et donc, vous le disiez Muriel,
21:13en 2023, les chiffres sont alarmants
21:15et particulièrement en hausse.
21:1793 femmes ont été victimes de féminicides.
21:19319 victimes de tentatives
21:21de féminicides.
21:23Et à cela s'ajoute, il faut l'ajouter,
21:25890 victimes qui ont tenté
21:27de se tuer ou se sont tuées
21:29à la suite du harcèlement de leurs conjoints
21:31ou ex-conjoints.
21:33Et par ailleurs, plus de 110 000 victimes
21:35de violences sexuelles ont été enregistrées
21:37par la police et la gendarmerie en 2023.
21:39Dans une grande majorité des cas,
21:4185% des cas, la victime
21:43était une femme, majeure ou mineure.
21:45Et j'ajoute que la quasi-totalité,
21:4796%, pardon,
21:49des mises en cause pour violences sexuelles
21:51étaient des hommes.
21:53D'accord. Alors, à toutes les deux,
21:55j'aimerais vous dire qu'il y a toutes les deux des spécialistes
21:57de ces féminicides, est-ce que ça veut dire
21:59que la société sent sauvage
22:01ou que les moyens attribués sont trop faibles ?
22:03Les moyens attribués seront toujours trop faibles.
22:05Parce que, quand je vous dis
22:07qu'il y a 3,5 millions de femmes
22:09qui, d'après l'ami-prof, encore une fois,
22:11subissent des violences tous les ans,
22:13voilà, c'est un phénomène.
22:15Comme je l'ai dit tout à l'heure, ce féminicide,
22:17il est spectaculaire parce qu'il a été aussi commis
22:19le jour de la Saint-Valentin.
22:21Mais moi, je vais vous dire, il n'y a pas de jour,
22:23c'est tous les jours, à tous les moments,
22:25c'est endogène, c'est structurel,
22:27et c'est dans tous les milieux.
22:29Donc, vous voyez, c'est un problème endémique.
22:31Il va falloir qu'à un moment donné,
22:33il y ait une volonté politique
22:35très forte pour décider de mettre fin
22:37à cette problématique des violences.
22:39En Espagne, c'est ce qui s'est passé.
22:41Si je vous donne un seul exemple,
22:43sur les ordonnances de protection.
22:45En 2023, les ordonnances de protection,
22:47vous savez, c'est ce dispositif qui permet
22:49de mettre à l'abri une femme, de mettre en place
22:51tout un dispositif pour la protéger.
22:53Il y a eu 6378 demandes en 2023.
22:57Seules 3927 ont été acceptées,
23:01partiellement ou totalement.
23:03À titre d'exemple, l'Espagne en délivre
23:0517 fois plus.
23:07En Espagne, quand vous racontez l'agression
23:09dont vous avez été victime, que ce soit un viol,
23:11une agression sexuelle,
23:13une tentative de féminicide,
23:17vous le racontez à une personne
23:19qui va vous suivre tout au long de la procédure.
23:21Ce n'est pas le cas en France.
23:23En France, on est obligé de raconter
23:25systématiquement ce qui vous est arrivé
23:27plusieurs fois. C'est ce qu'on appelle
23:29la revictimisation des victimes.
23:31C'est très lourd.
23:33C'est intolérable.
23:35En Espagne, il y a des tribunaux spécialisés
23:37qui mélangent le pénal, le civil, etc.
23:39Ce n'est pas le cas en France.
23:41En France, on a fait une tentative à Versailles
23:43qui est en place, mais ça ne suffit pas.
23:45Il y en a dans 2 ou 3 régions de France.
23:47Donc, si vous voulez, oui, on a des efforts
23:49à faire et les efforts doivent être constants.
23:51Il y a aussi un effort
23:53qui doit être absolument,
23:55pour moi, qui est majeur.
23:57Le problème aujourd'hui est majeur.
23:59Il est moins dans l'accompagnement des victimes
24:01et dans la prise des plaintes, par exemple
24:03en commissariat, même si ce n'est pas absolument parfait,
24:05ou en gendarmerie, mais il est dans la justice.
24:07Vous vous rendez compte que sur 65 000
24:09victimes de viols déclarés,
24:11et je ne prends que les violins, par exemple,
24:13parce que c'est l'acte suprême avant le féminicide,
24:15en 2023, on a eu
24:17simplement 1117 auteurs.
24:1973% des plaintes
24:21pour violences sexuelles sont classées sans suite.
24:2394% des plaintes
24:25en cas de viol sont classées sans suite.
24:27Donc, on a un véritable problème, si vous voulez,
24:29de justification de la preuve.
24:31On a un véritable problème qui est de demander
24:33à la victime de produire suffisamment de preuves,
24:35me semble-t-il, pour qu'on
24:37accepte de reconnaître qu'elle a été victime,
24:39et pour condamner les auteurs.
24:41J'espère que ça va changer. Il y a des grandes réflexions
24:43sur le consentement qui sont en cours en ce moment.
24:45Il y a eu à l'Assemblée nationale
24:47une PPL d'un projet de loi qui vient d'être
24:49effectivement accepté. On en a parlé de ça
24:51d'ailleurs avec Jean-Marie il y a quelque temps
24:53dans l'émission. Notamment sur la définition
24:55du viol, qui a beaucoup avancé.
24:57On est en train de vouloir
24:59mettre le consentement dans la loi
25:01au vu des situations environnantes,
25:03en prenant en compte l'assidération, la dissociation,
25:05qui n'est pas complètement traitée par les juges
25:07aujourd'hui. Donc vous voyez, on avance
25:09mais on avance à petits pas.
25:11On avance à petits pas parce que, me semble-t-il,
25:13même s'il y a des hommes et des femmes de très très
25:15bonne volonté, il manque quelque chose
25:17qui soit une pulsion très forte
25:19de l'autorité politique
25:21pour dire que ça ne doit plus exister,
25:23ça doit cesser.
25:25Alors on a l'impression quand même, puisqu'il faut dire
25:27qu'il y a eu des choses, ce serait faux de dire
25:29que rien n'a été fait depuis quelques années,
25:31depuis que le féminicide
25:33est devenu grande cause nationale.
25:35Mais je voudrais avoir vos avis
25:37de spécialiste sur ce qui a été
25:39décidé et appliqué.
25:41Le téléphone grave danger,
25:43le TGD,
25:45attribué par le procureur
25:47et qui permet de protéger les femmes menacées,
25:49ça marche ça ?
25:51C'est bien, mais il n'y en a pas assez.
25:53Il n'y a pas assez de téléphones graves dangers,
25:55il n'y a pas assez d'annonces de protection,
25:57il n'y a pas assez de places
25:59d'hébergement d'urgence.
26:01Oui, les foyers d'hébergement qui abritent les femmes
26:03qui sont contraintes de quitter leur domicile.
26:05Vous constatez ça dans les tribunaux ?
26:07Je vais être un peu provocatrice.
26:09Je vais vous dire, oui, effectivement,
26:11c'est un effet d'annonce,
26:13la protection des femmes et la grande cause nationale.
26:15Et je vais vous dire pourquoi
26:17c'est un effet d'annonce. Parce qu'on a
26:19de nouveaux outils, comme l'ordonnance
26:21en protection, on a le téléphone
26:23grave danger qui est supposé être distribué,
26:25on a le bracelet anti-rapprochement.
26:27Et en dépit de nouveaux outils,
26:29on a toujours le même chiffre
26:31de féminicides.
26:33Alors oui, effectivement,
26:35les nouveaux outils ne servent à rien.
26:37Mais ça veut dire qu'ils ne sont pas distribués ?
26:39Ça veut dire quoi ?
26:41Il n'y en a pas assez, ils ne sont pas distribués ?
26:43D'abord, ils sont mal utilisés.
26:45C'est-à-dire que
26:47lorsqu'une femme rentre dans un commissariat,
26:49elle devrait sortir avec une protection.
26:51Elle n'a pas de protection.
26:53Si on peut reprendre l'exemple,
26:55tout le monde se figure à peu près
26:57ce qu'on est en train de dire. Imaginons par exemple
26:59que je sois le conjoint violent,
27:01que vous soyez ma victime,
27:03et qu'une ordonnance de protection arrive.
27:05Qu'est-ce que concrètement ça implique
27:07sur ma vie et la vôtre,
27:09et sur mon comportement et le vôtre ?
27:11C'est-à-dire que je suis votre victime,
27:13je vais déposer plainte,
27:15et dans un délai que je ne maîtrise pas,
27:17vous allez être interpellé et placé
27:19en garde à vue.
27:21C'est-à-dire que ce soir,
27:23est-ce que je vais rentrer au domicile conjugal ?
27:25Est-ce que je vais aller chez mon frère, chez ma sœur ou à l'hôtel ?
27:27Donc si je vais chez mon frère, chez ma sœur,
27:29il va savoir que j'ai peut-être déposé plainte,
27:31et je serai encore plus en danger,
27:33et il va me chercher, mais si c'est chez mon frère, chez ma sœur,
27:35il sait où me trouver.
27:37Et une fois que l'ordonnance de protection arrive,
27:39qu'est-ce qui change ?
27:41Qu'est-ce que je fais dans l'ordonnance de protection ?
27:43Je vais chez le juge,
27:45et de façon contradictoire,
27:47de façon contradictoire,
27:49ça vient de changer il y a une semaine,
27:51je ne sais pas, c'est un début.
27:53Je vais donner ma plainte,
27:55et je vais envoyer par voidicier ma plainte
27:57à mon agresseur,
27:59c'est-à-dire qu'il va avoir tous les moyens
28:01de se défendre, de savoir ce que je lui reproche,
28:03où j'habite,
28:05et travailler sa défense,
28:07en temps réel,
28:09et du coup,
28:11je vais être encore plus en difficulté.
28:13Donc, qu'est-ce que j'aurai pour me protéger
28:15devant le juge civil, devant le juge d'affaires familiales ?
28:17Un petit papier qui s'appelle
28:19une ordonnance de protection,
28:21dans laquelle on dira à ce cher monsieur,
28:23ne venez pas au domicile conjugal, c'est interdit,
28:25ne venez pas sur le lieu de travail,
28:27c'est interdit, et n'allez pas, peut-être,
28:29à l'école des enfants. Eh bien, je vais vous dire,
28:319 fois sur 10, tout ça, c'est violé.
28:33C'est-à-dire qu'il se donne...
28:35Le problème, c'est comment on contrôle.
28:37C'est des injonctions qui n'ont pas beaucoup...
28:39Alors qu'en Espagne ?
28:41Face à la détermination, ça n'a aucun intérêt.
28:43Il faudrait donner à l'appui de ça
28:45un bracelet d'anti-rapprochement.
28:47Ils ne sont pas délivrés.
28:49Mais le juge d'affaires familiales a même l'interdiction
28:51de donner des bracelets anti-rapprochement,
28:53parce que c'est une mesure coercitive.
28:55Et qu'il faut l'accord
28:57de l'agresseur pour pouvoir
28:59lui mettre au pied.
29:01C'est hallucinant.
29:03Isabelle, vous voulez rajouter quelque chose ?
29:05Moi, ce que je veux dire,
29:07par rapport à ce que tu viens de dire,
29:09c'est qu'en Espagne, par exemple, ça, ça n'existe pas.
29:11C'est-à-dire que si vous faites une déclaration
29:13sous cette forme-là, et si
29:15on reconnaît qu'il y a effectivement
29:17des faits,
29:19vous avez une voiture de police
29:21qui va se positionner en bas de la maison
29:23et qui va vérifier
29:25que l'agresseur ne revient pas dans le domicile,
29:27qu'il a bien quitté le domicile.
29:29Pourquoi est-ce que c'est possible ailleurs
29:31et pourquoi est-ce que ce n'est pas possible en France ?
29:33Moi, ce que je voudrais dire aussi, ce qui me paraît extrêmement important,
29:35après le procès de Mazon,
29:3765% des Français ont reconnu
29:39qu'il y avait une responsabilité masculine collective.
29:41Et 94% des Français
29:43estiment que les hommes ont un rôle clé à jouer.
29:45Je rappelle que 94%
29:47des agresseurs sont des hommes.
29:49Je ne dis pas que tous les hommes sont des agresseurs, bien sûr,
29:51mais je dis qu'il y a quand même des faits.
29:53À un moment donné, il faut bien qu'il y ait
29:55une conscience collective sur
29:57comment on change ce pardime,
29:59comment on change cela.
30:01Comment est-ce qu'on amène les hommes à considérer
30:03que les femmes n'ont pas à être maltraitées,
30:05violées, tuées ?
30:07C'est un problème d'éducation, selon vous ?
30:09C'est un dépression sociale ?
30:11C'est un des problèmes d'éducation.
30:13C'est une absence collective, si vous voulez,
30:15de discernement sur ce qui se passe réellement.
30:17Il y a une loi qui a été votée sur l'éducation
30:19à la vie sexuelle et affective
30:21qui date de plus de 10 ans,
30:23qui est demandée par 9 Français sur 10.
30:25On vient juste là, maintenant.
30:27Isabelle Born vient juste là, il y a quelques jours,
30:29de décréter que ça va être appliqué dans les écoles.
30:31Il est temps qu'on apprenne aux jeunes garçons et aux jeunes femmes,
30:33ce que veut dire le consentement,
30:35ce que veut dire le respect du corps,
30:37ce que veut dire l'intégrité, ce que veut dire un nom.
30:39On continue à parler des violences faites aux femmes
30:41et des féminicides dans cette émission.
30:43Je vous demanderais notamment
30:45s'il ne serait pas temps, un jour,
30:47de tenir un fichier avec inscription
30:49des personnes qui se sont rendues auteurs de violences.
30:51Ce serait peut-être une bonne chose.
30:53On en parle dans un instant sur Sud Radio.
30:55Sud Radio. L'affaire dans l'affaire.
30:57Stéphane Simon.
30:59De retour dans l'affaire dans l'affaire sur Sud Radio.
31:01Votre rendez-vous pour regarder l'actualité judiciaire
31:03à la loupe.
31:05Et à la loupe, aujourd'hui, les féminicides, justement.
31:07Nous sommes ensemble,
31:09pour cette émission,
31:11en partenariat avec la revue Affaires Criminelles.
31:13Nous accueillons Victor Lefebvre,
31:15son rédacteur en chef. Bonjour.
31:17Jade Serrano, journaliste spécialiste d'investigation.
31:19Et Jean-Marie Bordry, la voix des matinales du week-end
31:21sur Sud Radio.
31:23Avec nous, également, Muriel Reus,
31:25qui fait, sur Sud Radio,
31:27la force de l'engagement.
31:29Qui nous parle, donc,
31:31de l'importance de s'engager dans la société.
31:33Qui est également présidente et fondatrice
31:35de l'association de lutte contre les violences conjugales
31:37Femmes Avec.
31:39Et maître Isabelle Steyer, avocate,
31:41spécialiste dans les féminicides.
31:43On l'a vu, la France
31:45n'a pas énormément de résultats
31:47dans la lutte contre les féminicides.
31:49Comment ça se passe chez nos voisins ?
31:51On a parlé de l'exemple espagnol,
31:53qui a beaucoup plus
31:55de résultats. Je vais vous redemander,
31:57s'il vous plaît,
31:59Muriel, de nous expliquer pourquoi ça marche mieux
32:01chez nos voisins espagnols qu'en France, selon vous.
32:03Ça marche mieux chez nos voisins espagnols
32:05et dans d'autres pays, d'ailleurs, parce qu'il faut
32:07une volonté politique, si vous voulez, pour faire bouger
32:09les choses. Les associations
32:11font leur job, les avocats le font aussi,
32:13des magistrats le font également.
32:15L'écosystème. Mais si vous n'avez pas
32:17quelqu'un qui draine tout ça, qui donne
32:19les moyens financiers, d'ailleurs,
32:21aux associations pour travailler,
32:23et qui décide des grandes
32:25modifications
32:27juridiques, par exemple
32:29le consentement dans la loi,
32:31les tribunaux spécialisés, enfin, si tout ça ne se met
32:33pas en place, ça devient extrêmement
32:35compliqué.
32:37Vous parliez tout à l'heure du fichier,
32:39de ce fichier des auteurs.
32:41Oui, je voulais savoir s'il ne serait pas
32:43temps de tenir un fichier
32:45avec inscription des personnes qui se sont rendues
32:47auteurs de violences conjugales,
32:49comme ça existe un peu pour la délinquance
32:51sexuelle. Eh bien, cher Stéphane,
32:53ce fichier existe.
32:55Alors, il existe, il a eu du mal
32:57à se mettre en place, ça a été un énorme travail
32:59et je peux en parler parce qu'à l'époque
33:01c'était Dorothée Cloître qui était la référente nationale
33:03de gendarmerie, qui se fonnait beaucoup occuper
33:05et j'accompagnais Dorothée à cette époque.
33:07Et donc ça a été très compliqué, il existe ce fichier
33:09effectivement des auteurs de violences conjugales
33:11mais ça ne suffit pas
33:13un fichier des auteurs conjugales, il faudrait le croiser
33:15avec d'autres fichiers, les fichiers des
33:17possesseurs d'armes à feu, le fichier des
33:19récidivistes. Bon, on est en France, au nom de
33:21la liberté individuelle, au nom
33:23des droits de l'homme, on a beaucoup de mal à faire ça.
33:25En Italie, par exemple, quand un policier
33:27arrête quelqu'un,
33:29il a une petite application, enfin il a une application
33:31dans un petit téléphone
33:33et ça va lui donner tout un tas d'informations.
33:35Ce monsieur ou cette personne a été
33:37arrêtée à telle date, il a été
33:39coupable d'agression,
33:41il a été alcoolisé,
33:43il a reçu telle et telle infraction.
33:45On a tout un tas d'outils aujourd'hui
33:47au moment de l'intelligence artificielle.
33:49Pourquoi est-ce qu'on n'a pas des outils qui sont capables
33:51de nous donner les taux de récidive ?
33:53On sait le faire.
33:55Oui, au nom de la présomption
33:57d'innocence, au nom de la protection
33:59de la vie privée, on a aujourd'hui
34:01presque 1200 femmes qui meurent tous les ans
34:03et 3,5 millions qui sont victimes de violences.
34:05Donc, il faut une volonté politique.
34:07Ce qui nous amène à la question que je vous ai posée
34:09à notre invitée avocate. On a vu
34:11que l'assassin de Kiruna a été condamné
34:13à 18 ans de prison, qu'il avait donc de bonnes chances
34:15de sortir s'il se tenait bien en prison
34:17au bout de 9 ans, même en conditionnel.
34:19C'est quoi le risque
34:21de récidive sur un tel personnage ?
34:23Est-ce qu'on a une idée aujourd'hui ?
34:25Écoutez, on n'a pas de chiffres
34:27mais il y a la réalité.
34:29C'est dire que ces hommes-là
34:31et j'en ai
34:33qui ont déjà été condamnés
34:35pour des faits de féminicide
34:37ressortent, font 10 ans
34:39quand on est condamné à 30 ans ou 40 ans
34:41on est 10 ans en prison, on ressort à 40 ou 50 ans
34:43on peut recommencer sa vie amoureuse.
34:45Donc ils vont recommencer
34:47avec une autre femme.
34:49Est-ce qu'on est sûr qu'il va recommencer ?
34:51C'était vraiment la question.
34:53Être aussi toxique jusqu'à devenir un assassin.
34:55On en a.
34:57Et ce qui est sûr
34:59c'est que les mêmes hommes
35:01font plusieurs victimes dans le cadre
35:03des violences conjugales.
35:05Donc généralement, celle qui malheureusement
35:07a été tuée, si on va voir la précédente
35:09la précédente encore
35:11petite amie, elle va venir vous dire
35:13avec moi il a été agressif
35:15il a été contrôlant, il a été violent
35:17j'ai déposé
35:19les mains courantes
35:21et donc on a l'historique de ces répétitions
35:23de toutes ces femmes
35:25qu'il a maltraitées
35:27agressées, violées, contrôlées
35:29et donc
35:31c'est une répétition sans cesse.
35:33Ce qui m'amène à cette autre question
35:35que je voulais poser à Muriel précisément
35:37parce qu'on parlait de prévention il y a quelques minutes dans l'émission
35:39sur le consentement, mais sur un personnage
35:41pareil, et je ne dis pas que c'est rare
35:43malheureusement ça ne l'est pas, la preuve
35:45on compte les mortes, mais sur un personnage comme ça
35:47il n'y a pas de prévention qui vaille
35:49à aucun moment on va venir expliquer à un type qui est déjà venu
35:51exécuter en place publique
35:53parce que c'est ce qu'il a fait
35:55son ex-conjointe le jour de la Saint-Valentin
35:57pour montrer qu'elle ne pouvait trouver
35:59d'autre camour que lui, spécialement ce jour-là
36:01il n'y a pas de prévention qui vaille sur un type pareil
36:03La seule prévention ça aurait été
36:05dès la première plainte de mettre en place un système de protection
36:07immédiate pour cette victime.
36:09Sur les agresseurs, on tente
36:11une expérience en France, il y a 30 centres
36:13aujourd'hui, où on accueille
36:15de façon volontaire, évidemment ce n'est pas obligatoire
36:17comme toujours en France, et ça devrait être obligatoire
36:19ce sont des centres où
36:21les auteurs de violences sont confrontés
36:23à la violence qu'ils ont commise
36:25ça a des effets importants
36:27ça réduit de presque 35% les taux
36:29de récidive, mais si vous mettez un auteur
36:31de féminicide en prison, si vous ne l'accompagnez pas
36:33si vous ne le confrontez pas à son acte
36:35si vous ne lui expliquez pas
36:37enfin si vous ne le prenez pas en charge, il va ressortir
36:39dans un état pire qu'au moment où
36:41il est rentré. Donc cette question
36:43d'éducation, de prévention, de sensibilisation
36:45de prise en charge
36:47est fondamentale aussi sur les auteurs.
36:49Alors j'aimerais qu'on fasse un peu de géographie
36:51criminelle si j'ose dire. Est-ce que
36:53la France est plutôt un bonnet d'âne
36:55en Europe ? Plutôt bien placée
36:57dans la lutte contre les féminicides ? On a vu que
36:59l'Espagne est un modèle
37:01enfin un modèle, il n'y a jamais de modèle
37:03puisqu'il n'y a pas de féminicide zéro malheureusement
37:05enfin en tout cas s'en sort mieux
37:07que les pays du Nord, ça c'est très surprenant
37:09mais les pays, à l'exception du
37:11Danemark, la Norvège, la Suède
37:13sont plutôt eux mal placés
37:15sur les féminicides.
37:17Oui, très mal placés effectivement
37:19mais parce qu'il y a eu une volonté politique
37:21et une mobilisation
37:23des femmes en Espagne
37:25qui
37:27sont descendues dans la rue
37:29et ont voulu une loi, cadre, une loi
37:31globale concernant les enceintes
37:33aux femmes. Donc on va effectivement
37:35de la plainte jusqu'au jugement
37:37en passant inévitablement par la
37:39protection et
37:41donc on a tout un système de protection
37:43notamment un outil qui s'appelle le Viogène
37:45violence de genre
37:47qui est un outil extrêmement intéressant
37:49c'est-à-dire qu'on va sur
37:51ce site et dans un ordinateur
37:53on a 5 grades
37:55de danger et la
37:57femme met la situation
37:59qu'elle vit et elle peut voir
38:01si elle est dans le stade 1, 2, 3, 4 ou 5
38:03et à partir du stade 3
38:05et bien les femmes sont protégées
38:07et notamment, comme l'a dit à juste titre Muriel
38:09on peut même avoir
38:11une voiture de police
38:13avec toujours le même policier
38:15qui connaît bien le cas
38:17et la problématique de celle-là, qui vient
38:19protéger cette femme. Donc
38:21effectivement on a une protection qui va
38:23être constante, qui va
38:25être sur mesure et qui va être
38:27scientificisée
38:29finalement en fonction
38:31du degré de danger.
38:33J'ai par exemple des françaises qui sont victimes
38:35d'une violence conjugale quand elles vont en vacances
38:37en Espagne. Je vois la différence
38:39de traitement, c'est-à-dire que
38:41elles vont déposer plainte, alors on est en vacances
38:43en Espagne, il y a de l'alcool, voilà, elles sont revictimes
38:45d'une violence conjugale, mais là, cet homme-là
38:47il est tout de suite interpellé, il y a tout de suite
38:49une interdiction, il y a tout de suite
38:51d'ailleurs un jugement, il passe très
38:53souvent en comparution immédiate et
38:55le jugement c'est d'ailleurs pas de la détention
38:57c'est une interdiction de rencontre
38:59pendant, par exemple, 18 mois minimum.
39:01C'est des espérances ce que vous dites, parce que ça veut dire que la meilleure
39:03ordonnance de protection aujourd'hui, c'est d'envoyer une victime
39:05française en Espagne.
39:07En tous les cas, ce qui est intéressant
39:09c'est qu'il y a quand même un pays
39:11où ça marche pas trop mal. On a un modèle.
39:13Bah oui, il faut le suivre.
39:15Ce qui est fascinant d'ailleurs dans les modèles
39:17européens, c'est qu'on ne met jamais
39:19sur la table les bons exemples
39:21pour inspirer les mauvais élèves européens.
39:23C'est fou ça, comme on s'inspire
39:25pas les uns des autres.
39:27Ce que je trouve extrêmement intéressant, c'est que le juge
39:29c'est finalement le juge qui va
39:31interroger la victime
39:33et qui va lui poser
39:35toute une série de questions
39:37et qui va donc graduer ce danger-là
39:39et à la fin va lui demander
39:41comment vous vous sentez ? Est-ce que vous vous sentez
39:43de vivre sans protection ? Quel type de protection ?
39:45Et ils vont élaborer
39:47ensemble la protection
39:49dont elle a besoin.
39:51Et il y a finalement
39:53cet outil qui est construit
39:55avec la victime. Là, qu'est-ce qui se passe ?
39:57Le juge qui interdit
39:59à monsieur de rencontrer madame, il connait pas
40:01la victime, il la voit pas, elle est pas convoquée, il le connait pas.
40:03Donc, on
40:05construit la protection de la victime
40:07en fonction de ce que dit l'auteur.
40:09Ce qui est hallucinant, on marche sur la tête.
40:11Vous avez raison.
40:13Muriel Reuss, vous disiez quelque chose de passionnant
40:15tout à l'heure. Vous disiez que les féminicides,
40:17les violences faites aux femmes, ça touche
40:19tous les milieux, tous les milieux sociaux
40:21quels que soient les
40:23origines aussi.
40:25C'est un mal transverse
40:27dans la société. C'est endogène,
40:29c'est structurel, c'est dans tous les milieux.
40:31Moi, j'ai, les femmes que j'accompagne,
40:33j'ai aussi bien des
40:35cas de supérieurs, des pilotes
40:37d'avions, des
40:39avocats. Est-ce qu'on aurait tendance à se dire
40:41il y a, comment dirais-je, le machisme
40:43culturel, c'est plutôt pour
40:45les gens du Sud, et pas du tout
40:47en fait. Non, je crois pas. Je crois que
40:49d'abord, je pense que
40:51les victimes, on n'est pas tout à fait égales.
40:53C'est un peu comme...
40:55J'assimile ça parfois au stress.
40:57Devant le stress, on a des capacités différentes
40:59à réagir. Quand on est victime
41:01d'une agression, quelle qu'elle soit,
41:03en fonction de ce que vous avez vécu, de votre passé,
41:05de votre enfance, de ce que vous avez déjà traversé
41:07dans la vie ou pas, de la façon dont vous vous êtes reconstruit,
41:09de votre résilience, vous abordez
41:11ces difficultés de différentes manières.
41:13Et pour certaines femmes,
41:15et d'abord, il n'y a pas de victime parfaite,
41:17on est bien d'accord, je tiens à le dire,
41:19mais il y a des situations où parfois
41:21on arrive à s'en sortir différemment.
41:23Puis je vais vous dire, les agresseurs
41:25ont des stratégies extrêmement bien pensées.
41:27C'est ce qu'on appelle la stratégie
41:29de l'agresseur, le cycle de la violence.
41:31Et c'est très difficile de s'extraire de ces stratégies
41:33qui sont mises en place, de ce contrôle coercitif
41:35qui consiste à vérifier
41:37où vous êtes, le temps que vous avez mis pour aller
41:39de votre travail à votre domicile,
41:41qui contrôle votre carte bancaire, qui contrôle vos sms,
41:43qui contrôle le mail, qui contrôle l'intégralité
41:45de votre vie. Sortir de cela,
41:47c'est très difficile.
41:49Merci Muriel Réussi. Je rappelle qu'on vous retrouve
41:51dimanche matin,
41:53aux côtés de Jean-Marie Bordry.
41:55Et vous interveniez aussi
41:57en tant que présidente fondatrice
41:59de l'association de lutte contre les violences
42:01conjugales Femmes Avec. Merci également
42:03Maître Isabelle Steyer
42:05d'être venue nous voir
42:07et d'avoir été avec nous à l'antenne.
42:09Merci à Jade Serrano, merci Victor Lefebvre,
42:11merci Jean-Marie.
42:13Vous pouvez retrouver notre émission sur la chaîne
42:15YouTube de Sud Radio. Et puis la semaine prochaine,
42:17je vous annonce qu'on va revenir sur
42:19le massacre de Chevaline
42:21qui rebondit en ce moment. On se retrouve
42:23samedi prochain entre 12h et 13h.
42:25Tout de suite, c'est Alain Marti.
42:27L'excellence des vignobles français,
42:29l'un en Saint-Estèphe et l'autre dans le Var.
42:31On en parle tout de suite sur Sud Radio.

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