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00:00Bonsoir à toutes et à tous, 7 sénateurs et 7 députés sont depuis ce matin réunion
00:08en commission mixte paritaire pour tenter de trouver un accord sur le budget 2025 et
00:14éviter ainsi une nouvelle fois la censure et parmi ceux qui sur le papier en tout cas
00:19obtiennent des crédits supplémentaires, il y a les hôpitaux publics.
00:23Promesse d'un milliard d'euros en plus, formulée par le Premier ministre François
00:29Bonsoir Zeyna Brillet, vous êtes la déléguée générale de la Fédération hospitalière
00:33de France, 4800 établissements sanitaires, sociaux, médico-sociaux, la moitié des
00:38places en EHPAD, un milliard supplémentaire je le disais a été promis au total aux hôpitaux
00:43publics dont les déficits ne cessent de se creuser, 3,5 milliards au total pour l'an
00:48dernier, 500 millions rien que pour l'APHP, les établissements publics parisiens, aujourd'hui
00:54ce milliard en plus c'est une bouffée d'oxygène, est-ce que les établissements publics hospitaliers
00:58que vous représentez en avaient vraiment besoin ?
01:00Oui, ils en ont réellement besoin et je dois dire qu'il faut absolument que ça leur
01:06soit totalement affecté.
01:08Il n'y a pas de raison ?
01:10Ben, sait-on jamais, mais peut-être rappeler la gravité de la situation si vous le permettez
01:17et rappeler aussi ce que représente l'hôpital public parce que ça permet aussi de cerner
01:21quels sont les enjeux au moment même où nous avons la grippe qui sévit et au moment
01:25même où nous voyons combien la grippe qui frappe, frappe aussi, crée des tensions
01:29dans les hôpitaux publics et pourquoi ? Alors d'abord dire qu'aujourd'hui l'hôpital
01:35public c'est 85% des patients qui sont accueillis la nuit et le week-end, c'est aussi plus
01:42de 85% des patients qui sont hospitalisés via les urgences et donc c'est aussi, aujourd'hui
01:49nous avons en France 21 millions de passages aux urgences et l'hôpital public assure
01:55plus de 80%, 89% des prises en charge aux urgences.
02:00Et donc, une fois qu'on a dit cela, vous évoquiez la situation financière qui est
02:06effectivement catastrophique avec des déficits, je crois que les déficits ont doublé en
02:10deux ans, ils ont doublé deux fois en l'espace de quatre ans et ça c'est pas de la mauvaise
02:15gestion, c'est ça que vous êtes en train de nous dire Zénamélia ?
02:17Ah oui, clairement, clairement le déficit devrait atteindre, alors je reste prudente,
02:23devrait atteindre 3,5 milliards en 2024, un doublement, quasi un doublement entre 2019
02:30et 2022 et quasi un doublement entre 2022 et 2023.
02:35Et donc ça, ça veut dire que l'argent public, c'est pas que vous le gérez mal,
02:40comment vous expliquez ces déficits qui ne cessent de se creuser ?
02:44Vous savez, j'ai rappelé les chiffres, 500 millions d'euros rien que pour la PHP.
02:48Ils sont vertigineux ces chiffres.
02:50Tout à fait, ils sont vertigineux et ils sont liés à des causes à la fois conjoncturelles
02:56et externes.
02:57Vous allez vite comprendre, parmi les deux causes principales, il y a le sous-financement
03:04cumulé de l'inflation, rien que pour l'hôpital public, c'est 1,3 milliard d'euros.
03:09Ça veut dire que vous avez subi une hausse des prix de tous les équipements que vous
03:16commandez au quotidien et que l'État a sous-doté en parallèle, c'est ça que vous dites ?
03:22Alors, l'État a compensé mais pas suffisamment.
03:25Il a sous-compensé ?
03:26Voilà.
03:27Donc ça, l'inflation.
03:28Vous avez subi l'inflation comme tout le monde ?
03:29Oui.
03:30En sachant que l'hôpital fonctionne H24, que par ailleurs vous avez l'inflation sur
03:35les énergies, vous avez l'inflation sur les matériaux, les matières premières,
03:39les produits.
03:40Tous les produits sont concernés.
03:42Et donc ce milliard, j'imagine, 1,3 milliard, donc plus d'un milliard, c'est nécessaire
03:48mais ce n'est pas suffisant ?
03:49Alors, ce milliard il est nécessaire mais il n'est pas suffisant, pourquoi ? Parce
03:54que l'inflation, rien que nous, c'est 1,3 milliard mais si on prend l'ensemble des
03:57établissements de santé, tout statut confondu, c'est 1,8 milliard et à cela s'ajoute
04:03la revalorisation des rémunérations qui étaient certes attendues et certes nécessaires
04:08mais qui hélas n'ont pas été compensées ni financées dans leur intégralité.
04:12Parce que les gouvernements successifs ont effectivement revalorisé les salaires du
04:18personnel hospitalier, on pense au Ségur de la santé, on pense à la revalorisation
04:22des heures de nuit, ça veut dire qu'aujourd'hui, ces revalorisations de salaires, vous ne pouvez
04:28pas les financer.
04:29Enfin, en tout cas, vous avez du mal à les financer.
04:31Alors, nous les finançons, seulement comme nous les finançons et nous n'avons pas forcément
04:35les crédits en face, nous créons des déficits.
04:38Et s'il y a quand même des points positifs, puisqu'il faut quand même en parler, le
04:42résultat de ça, c'est que vous avez moins de mal à recruter qu'il y a quelques années,
04:47il y a moins de postes vacants, il y a moins d'absentéisme également.
04:49Tout à fait, vous avez raison de souligner ces points.
04:52Alors, il y a plusieurs points positifs.
04:53Celui que vous venez d'évoquer, puisque nous constatons une chute de 50% du nombre
04:59de postes vacants d'infirmières.
05:00Et ça, c'est directement lié, vous pensez, Zeyneb Rié, aux revalorisations salariales.
05:06Oui, tout à fait.
05:07Et puis, le deuxième point, c'est que nous avons aussi une chute de l'absentéisme.
05:13De l'absentéisme, quasiment presque de deux points.
05:16Et là encore, c'est lié au recrutement qui a été effectué.
05:20Plus on recrute, plus on peut assurer les remplacements durant les congés et durant
05:26les périodes de formation.
05:28Et donc, vous demandez aujourd'hui d'avoir des financements à la hauteur des enjeux,
05:33avec notamment une loi de programmation qui s'étalerait donc pour plusieurs années,
05:38comme il en existe dans le domaine militaire, par exemple.
05:41Oui, mais si vous permettez, tout à l'heure, vous m'avez demandé le milliard supplémentaire.
05:44Je vous ai dit oui, ça va nous donner de l'oxygène.
05:47Mais ça nous donnera encore plus d'oxygène si c'est ciblé sur deux aspects.
05:52Le premier, sur des disciplines médicales qui sont sous-financées.
05:58Il faut que ce soit bien fléché.
06:01Oui, c'est-à-dire, et ça c'est important de le préciser, parce que ce sont les disciplines
06:06où nous avons accusé un retard durant le Covid.
06:09Donc ce sont de l'hospitalisation en médecine, médecine neurologique, gastro-entérologique,
06:15toutes les disciplines de médecine où là en plus on accueille des patients lourds et
06:19complexes.
06:20Et c'est aussi la chirurgie de recours.
06:23Exemple de chirurgie de recours, les transplantations d'organes et les greffes.
06:27Et donc ce sont sur ces domaines-là, en priorité, que doivent aller les crédits que vous demandez.
06:34Donc vous demandez plutôt un milliard huit, plutôt qu'un milliard trois, si je vous
06:38entends bien.
06:39Nous ne nous sommes concernés pas à un milliard trois, mais il faudra bien abonder l'Onda,
06:45ce serait bien de pouvoir l'abonder d'un milliard huit.
06:46Et donc avec une loi de programmation dans le domaine de la santé.
06:51Merci beaucoup Zéna Brillet, déléguée générale de la Fédération hospitalière de France,
06:56vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.

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