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00:00Jean-Charles Bouchoud est avec nous et on essaie de vous éclairer justement pour que vous ne restiez pas dans des relations qui ne sont pas bonnes pour vous et on va écouter Céline. Bonjour Céline.
00:11Bonjour Brigitte, bonjour Jean-Charles.
00:14Bonjour Céline.
00:15C'est avec beaucoup d'émotion que je participe aujourd'hui.
00:22Merci.
00:23Car la première fois où j'ai osé vous appeler c'était il y a deux ans.
00:31Oui, à quel sujet ?
00:34La perversion narcissique.
00:36Déjà oui, d'accord.
00:38Parce que vous aviez le sentiment d'être avec quelqu'un qui était comme ça je suppose ?
00:44J'étais déjà séparée, j'avais déjà pris les décisions et la reconstruction était très difficile.
00:50Avec cette rage derrière, c'est pas parce qu'on prend la décision de quitter un pervers narcissique que tout va bien aller après.
01:01C'est qu'on ne sait pas l'après.
01:03Quand vous parlez de rage, vous parlez de votre rage à vous ou de la rage de l'autre ?
01:07La rage de l'autre.
01:08D'accord.
01:09Voilà.
01:10Mais vous là-dedans, vous ressentiez quoi ?
01:13Beaucoup de colère.
01:15Voilà.
01:16D'injustice.
01:17Bien sûr.
01:18C'est très compliqué en fait.
01:24Parce qu'en même temps, on doit se retrouver.
01:28En même temps, on doit travailler sur soi.
01:31On doit reprendre confiance en soi.
01:35On reprend confiance en soi en prenant des coups de marteau très régulièrement.
01:40Moi, ça a duré trois ans.
01:42Vous étiez restée combien de temps avec lui ?
01:45Douze ans.
01:47Oui.
01:48Parce que souvent, quand on reste longtemps avec quelqu'un, on est plus abîmé que quand on reste peu de temps.
01:53Bien sûr.
01:54Je vous confirme parce que c'était juste mon troisième pervers narcissique.
01:58Il y a une répétition.
02:00Il va falloir que nous en parlions de la compulsion de répétition.
02:03On en a déjà parlé il y a deux ans.
02:07Et aujourd'hui, oui.
02:09J'ai beaucoup travaillé.
02:11Même Brigitte et même vous-même aviez tendance à me mettre quelques petits coups de bâton.
02:17J'étais très gentille.
02:19Non, non, non.
02:20C'est gentil ce que je dis.
02:22Quand je pensais que j'avais fini mon travail, vous arriviez avec une telle gentillesse à me dire
02:31« Ok, là, t'as travaillé là-dessus. Là, vous avez travaillé là-dessus. »
02:36Mais il y a encore des choses à confondre.
02:39Vous avez bien avancé, mais ce n'est pas fini.
02:43Cela dit, on n'a peut-être jamais fini aussi.
02:47On a fini quand on est capable, comme je le proposais tout à l'heure, d'être suffisamment bien avec quelqu'un ou même seul.
02:54Absolument.
02:55Quand on trouve son équilibre.
02:58Retrouver son équilibre, ça prend du temps derrière.
03:04J'irais jusqu'à dire, même si ça choque un peu ceux qui nous écoutent, je ne parle pas de vous Céline, je ne pense pas que ça va vous choquer.
03:12Est-ce que si on est réellement en équilibre, on va accepter une relation avec un pervers narcissique ?
03:18Non, c'est plus que ça, Brigitte.
03:20C'est qu'on ne va pas le rencontrer.
03:22Voilà, c'est bien ce que je pense.
03:26C'est-à-dire qu'on est la proie de ce genre de personnes, parce qu'il y a quelque chose en nous qui a besoin d'être éclairé.
03:34Oui, c'est ça.
03:35On a vécu, je l'avais déjà proposé lors d'une autre émission, des traumas étant enfants.
03:39Un trauma, c'est quoi ? C'est un excès d'énergie psychique qu'on n'est pas capable de gérer, donc on les a refoulés.
03:44Et notre organisme va nous faire revivre encore et encore et encore la même scène, pour qu'enfin nous puissions dégager cette énergie.
03:52C'est pour nous assainir.
03:53Et effectivement, si je rencontre un pervers narcissique qui serait la solution pour moi de vivre enfin ce que j'avais à vivre quand j'étais gosse,
03:59sauf que je vais remettre en place les mêmes mécanismes de refoulement, de soumission, de tout ce que vous voulez, pour éviter ce que j'ai au fond de moi.
04:07Moi, j'ai entendu chez Céline de la colère, par exemple.
04:09C'est peut-être cela qu'elle doit travailler.
04:11Elle doit arriver à vivre sa colère.
04:14Pas forcément à l'exprimer, à la vivre.
04:16Qu'est-ce qui se passe, Céline, quand vous vous mettez en colère ?
04:19C'est terrible.
04:22J'ai mal au dos.
04:24Je boue de l'intérieur.
04:28Je pense que c'est par rapport à ma non reconnaissance de victime, tout simplement, parce qu'après on passe par un système judiciaire.
04:39C'est-à-dire qu'avant de vraiment mettre un terme, j'ai été déposer plainte, j'ai été parlée.
04:49Quelle avait été votre relation à votre père ?
04:54Très, très, très difficile.
04:57Non reconnaissance. On a tant du père qui nous reconnaisse.
05:03Et en fait, quand je me suis séparée du père de mes aînés, qui ont 26 ans aujourd'hui déjà,
05:11j'ai été victime d'une séquestration au fusil pendant 6 heures.
05:17Pendant combien ?
05:196 heures.
05:21Au fusil de chasse.
05:24Mon ex-mari a été condamné à 2 ans de sursis par le procureur.
05:34J'ai été confrontée avec lui, avec le procureur.
05:38La seule chose que mon ex-mari ait su dire, le père de mes enfants, ce n'est pas de ma faute si elle marque vite.
05:47Non mais vous ne reconnaîtrez jamais votre statut de victime auprès de cet homme.
05:53Ce n'est pas ça le problème.
05:55Ah ben non, mais c'était par rapport à mon père en fait.
05:58C'est-à-dire que malgré ce que j'ai vécu, les condamnations, les éléments factuels,
06:05c'est-à-dire des vrais éléments, notamment vis-à-vis de toute ma famille,
06:09donc tante, frère, soeur, non soeur, je n'en ai pas, belle-soeur, peu importe.
06:16Ça n'a jamais été reconnu, ça a été une discussion éternelle.
06:21Oui mais Céline, on sait, pour avoir fait une émission mardi sur l'inceste,
06:26on sait à quel point les familles de toute façon ne sont pas là pour nous reconnaître en tant que victime.
06:32Je crois que c'est déjà vous qui devez accepter que vous avez été une victime
06:38et devenir aujourd'hui responsable de votre vie et de comprendre pourquoi vous avez été victime
06:45et puis ne pas rester une victime parce que c'est tout.
06:48Je l'ai compris.
06:50Ce qui a été très difficile en fait, c'est aussi l'impact que peut avoir votre entourage,
06:58ne serait-ce que, moi je parle personnellement, ça peut être différent pour d'autres personnes,
07:04mais par rapport à mes propres enfants, à garder un lien avec eux,
07:09essayer de me faire modifier, de me faire changer,
07:13de me convaincre que ce n'est pas grave parce que mon père est comme ça,
07:17alors que moi j'avais déjà fait un deuil.
07:20Et en fait, c'est ça qui a été compliqué pour moi.
07:26J'entends bien, mais c'est vrai qu'on a besoin du regard des autres,
07:32mais à un moment donné, il faut renoncer.
07:35C'est ça qui est difficile.
07:36On entend chez Céline, j'aurais tellement aimé qu'on reconnaisse mon statut de victime lorsque j'étais enfant,
07:40mais je ne l'ai pas obtenu.
07:42J'aurais aimé obtenir la reconnaissance de mon père, mais je ne l'ai pas obtenu.
07:45Alors je rencontre quelqu'un de pervers et de violent, qui est plus que pervers,
07:48c'est un psychopathe pour vous menacer avec un fusil.
07:51Et j'aimerais qu'on me reconnaisse en tant que victime, mais je ne suis pas reconnu.
07:55Alors je rencontre de nouveau un pervers, et trois fois d'affilée.
07:59Donc ça fait quatre avec le père.
08:01C'est ça la compulsion de répétition.
08:03Et le seul moyen d'en sortir, Céline, c'est de vivre à l'intérieur de vous cette non reconnaissance.
08:09Où est-ce qu'elle vous entraîne ?
08:10Et vous voyez, quand vous parlez de votre colère, vous dites ça boue à l'intérieur.
08:14Il faut que ça sorte, parce que tant que ça va bouillir à l'intérieur,
08:17vous n'allez pas être réellement apte à sortir cette colère.
08:22Et l'avantage de la colère, parce qu'on parle toujours de la colère comme quelque chose de négatif,
08:26c'est négatif si on en profite pour taper quelqu'un, etc.
08:30Mais l'avantage de la colère, c'est qu'elle nous aide à poser nos limites et à nous respecter.
08:35Donc cette colère-là, il faut que vous puissiez en faire une colère positive.
08:38Pour l'instant, c'est encore une colère qui vous fait bouillir de l'intérieur.
08:42Mais c'est important que vous puissiez savoir que vous avez été victime,
08:48mais vous n'êtes pas une victime.
08:50Vous êtes une femme qui a le droit d'être libre et de vivre sa vie.
08:54Mais il ne faut pas être toujours dans l'attente d'une reconnaissance de gens
08:58qui, de toute façon, ne peuvent pas vous reconnaître comme victime.
09:01De toute façon, je ne sais même pas ce que vous pourriez attendre d'eux.
09:04Je vais vous même complimenter.
09:07Après, c'est toujours pareil, c'est propre à chacun.
09:11Malgré la force que l'on a, peut-être qu'on n'a pas non plus deux parents de fin.
09:16C'est-à-dire qu'il peut y en avoir un, mais un deuxième.
09:19C'est-à-dire que quand j'ai parlé à ma mère, par exemple,
09:23quand j'ai rencontré le père de mes enfants, j'étais jeune, j'avais 17 ans,
09:27qu'il avait été violent avec moi, que je ne voulais plus,
09:30qu'il avait cassé la porte de ma chambre qui était fermée à clé.
09:34Ma mère m'a dit, c'est rien, c'est une vie.
09:40Mais Céline, vous voyez, on entend encore beaucoup l'enfant
09:44qui raconte des choses qu'il a vécues et qui sont horribles, on est d'accord.
09:49Mais vous êtes une adulte, et cet enfant qui a beaucoup souffert,
09:53malheureusement, c'est à vous l'adulte de le réparer.
09:57Vous avez fait une thérapie, Céline ?
10:00C'est que, à chaque fois que j'avais l'air que je subissais des choses avec ces hommes blancs,
10:05elle m'a vu quand même...
10:07Oui, mais votre mère, Céline, votre mère n'a pas été une bonne mère, ça c'est sûr.
10:12Mais elle ne sera jamais une bonne mère.
10:14Encore une fois, on ne répare pas le...
10:17Enfin, je veux dire, on le répare parce qu'en tant qu'adulte, on se prend en main.
10:22Et on n'attend pas...
10:23Ce qui est certain, c'est qu'on ne répare pas son parent.
10:25Ça, il faut le mettre dans la tête.
10:27Beaucoup de personnes qui restent le sauveur potentiel de leurs parents très tard.
10:31Et à un moment donné, il y a quelque chose que vous avez à vivre à l'intérieur de vous.
10:37Et il faut que vous vous fassiez absolument aider par un thérapeute.
10:40Évidemment.
10:41Merci en tout cas, Céline, et bon courage.