Nous sommes devenus surprotecteurs d'un côté, mais trop légers vis à vis des risques encourus entre les 4 murs de leur chambre.
Retrouvez « En toute subjectivité » avec Anne Rosencher sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite
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00:007h21 en toute subjectivité avec la directrice déléguée de la rédaction de l'Express
00:06Sainte-Rose-en-Cher.
00:07Et donc ce matin, Anne, vous nous proposez une chronique parentalité, tiens !
00:11En tout cas, je crois qu'il y a une question à laquelle, parents ou pas, nous devrions
00:15tous réfléchir.
00:17Qu'est-ce que peut bien nous préparer une société où on ne laisse plus les enfants
00:21aller chercher seule une baguette, mais où ils ont libre accès à TikTok ? Je force
00:27un peu le trait peut-être, mais d'un côté, nous sommes devenus, par peur de l'accident
00:31ou de la mauvaise rencontre, surprotecteurs de nos enfants à l'extérieur des foyers,
00:35et de l'autre, bien trop légers vis-à-vis des risques qu'ils encourt entre les quatre
00:40murs de leur chambre.
00:42C'est la réflexion que m'a inspirée la lecture du psychologue américain Jonathan
00:46Haidt, dont le best-seller paraît ce mois-ci en français, et dont vous trouverez un entretien
00:51sur le site de l'Express.
00:52Il explique que d'un côté, la surprotection dans la vie du quotidien aubert le développement
00:58de certaines capacités, comme la débrouillardise ou la confiance en soi, qui se construisent
01:03par la prise de risque et le dépassement des peurs enfantines.
01:06De l'autre, il pointe qu'on livre les enfants au réseau et à leurs algorithmes,
01:11parfois plusieurs heures par jour, et qui poussent à documenter des contenus dangereux
01:16pour la santé mentale, isolement, incitation aux troubles alimentaires ou à la scarification,
01:22aux Etats-Unis, le nombre d'adolescents ayant fait un passage aux urgences pour
01:26automutilation a été multiplié par 6 en 20 ans.
01:30Et alors, certains pointent le lien de causalité entre réseaux sociaux et santé mentale,
01:36et ce lien, c'est toujours délicat à établir.
01:39Absolument, mais des lanceurs d'alerte ont prévenu, les entreprises savent et taisent
01:44la toxicité de leurs algorithmes auxquels on expose les adolescents.
01:49Cela me rappelle cette phrase des enfants du paradis quand un personnage rapporte que
01:52ses parents lui intimaient l'ordre de « rentrer en lui ». « Les imprudents, dit-il, me laissaient
01:57seuls avec moi-même et dirent qu'ils me défendaient les mauvaises fréquentations.
02:01» De tous les réseaux, TikTok, détenu par le chinois ByteDance, qui refuse toute
02:07information sur son algorithme, est celui qui est à la fois le plus populaire auprès
02:11des adolescents et aussi le plus dangereux.
02:14Pour leur santé mentale donc, mais également pour les effets de prédication, rappelons
02:18que selon le chercheur Hugo Micheron, TikTok est le premier prêcheur d'extrémisme religieux
02:23en France, et notamment du salafisme.
02:25Alors, je sais qu'aujourd'hui, la conversation publique s'est focalisée sur X, entièrement
02:30Twitter.
02:31C'est un sujet passionnant et brûlant.
02:33Mais il est regrettable que les questions qui ne percutent pas directement nos bulles
02:38de vie adulte aient du mal à se frayer un chemin dans le débat et donc dans l'agenda
02:43politique.
02:44Je suis convaincue que dans dix ans, on se demandera comment on a pu être aussi léger
02:48sur une question ayant trait à la santé mentale de nos enfants.