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Avec Colonel Jérôme Giron, Coordinateur des ONG auprès de la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers, envoyé à Mayotte

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##C_EST_DANS_L_ACTU_7-2024-12-22##

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00:00Et cette urgence, malheureusement, c'est Mayotte. L'île de Mayotte, vous le savez, dévastée il y a une semaine, jour pour jour, par le passage du cyclone Shido,
00:11des vents à plus de 200 km heure qui ont arraché les toits d'une bonne partie de l'île. On manque de tout ou presque sur place et les secouristes et les pompiers font tout ce qu'ils peuvent
00:21pour acheminer du matériel de secours, des biens de première nécessité. Témoignage tout de suite sur Sud Radio avec le colonel Jérôme Giron. Bonjour !
00:30Bonjour ! Bienvenue sur Sud Radio. Merci beaucoup d'abord de prendre un peu de votre temps qui est précieux en ce moment et en plus vous êtes absolument épuisé par cette semaine.
00:38Vous êtes coordinateur des ONG auprès de la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers. Vous avez été envoyé à Mayotte. Là, en ce moment, vous êtes à La Réunion, c'est ça ?
00:46Oui, je suis rentré de Mayotte hier au soir, effectivement, pour assurer la coordination des équipes qui sont d'ailleurs arrivées, qui sont en départ pour Mayotte. Plusieurs ONG sont au départ actuellement.
00:56Alors des ONG qui apportent quoi ? Parce qu'évidemment, on a entendu beaucoup de témoignages depuis Mayotte qui nous expliquent qu'il manque de tout, les habitants, notamment de l'eau.
01:04Qu'est-ce qu'on rapporte à Mayotte en ce moment ? C'est quoi le plus urgent ?
01:07Alors déjà, il y a beaucoup de secours qui ont été envoyés. La Sécurité Civile a répondu malheureusement à l'envoi de secours, y compris militaires et sapeurs-pompiers.
01:15Et là, cette équipe qu'il y a, concrètement, c'est une équipe de 17 personnes, des humanitaires aguerris, qui sont capables de mettre en place un dispensaire. C'est ce qui va être fait tout de suite.
01:24La zone a été repérée, Kermamoudou, un peu dans le sud de l'île. Et l'idée, c'est d'apporter la possibilité de soins, de modes dispensaires, et puis aussi de dégager les axes secondaires, de sécuriser les bâtiments.
01:37Donc ils ont une compétence assez multiple dans des domaines adaptés.
01:42Oui, avec un travail de titan qui s'annonce pour vous, comme pour ces gens que vous amenez du côté de Mayotte.
01:49On l'entendait dans les informations, l'hôpital de Mayotte tourne enfin à 50% de sa capacité. Il faut du temps pour remettre tout en état et rétablir toutes les activités.
01:59Là, vous installez un dispensaire, donc vous allez soigner concrètement des malades ou des blessés, quelque part, un dispensaire de campagne.
02:07Ça veut dire qu'il y a encore beaucoup de blessés qu'on a eu du mal à soigner ou à prendre en charge depuis une semaine.
02:12Le dispensaire a aussi vocation à soutenir les populations, à travailler sur des gens qui ont des plaies et qui ne nécessitent pas forcément une hospitalisation.
02:23Mais pour ne pas engorger le système de santé, il est nécessaire, au contact des populations, de pouvoir prendre en charge ces gens-là.
02:29C'est aussi ça l'humanitaire, c'est vraiment prendre en charge à travers des dispensaires pour ne pas venir emboliser le système qui se met en place, avec les centres de santé qui sont en place.
02:39Et puis l'ESCRIM, c'est un hôpital de campagne qui est en cours d'installation, qui sera déployé dans sa configuration la maximale.
02:46Donc on aura une vraie réponse dans ce domaine-là.
02:49Bien sûr, vous faites ce que vous pouvez en plus.
02:51Question logistique, si vous le permettez, mon colonel.
02:54Quand je regarde une carte ou même un globe terrestre, parce que c'est quand même pas à côté,
02:59Mayotte est plus près de l'Hexagone que l'île de la Réunion.
03:02Pourquoi la logistique a besoin de passer par l'île de la Réunion avant de revenir à Mayotte ?
03:08Alors c'est à 1600 kilomètres, mais c'est le département français le plus près de Mayotte, la Réunion.
03:13Et je pense que c'est intéressant de pouvoir poser un hub logistique ici,
03:17pouvoir gérer un petit peu les afflux sur une piste qui est en cours de réhabilitation, notamment l'aspect de la tour de contrôle sur Mayotte.
03:25Donc c'est bien le point le plus pertinent pour concentrer les secours.
03:29C'est indispensable.
03:31Oui, il me semble que c'est très pertinent, oui.
03:33Oui, c'est indispensable.
03:34Mais c'était une vraie question, parce que c'est vrai, quand on regarde la distance avec l'Hexagone,
03:37on se demande pourquoi faire 1600 kilomètres de plus, mais pour des raisons logistiques, ça s'explique parfaitement.
03:42Vous avez passé quoi, une semaine à peu près, mon colonel, sur l'île de Mayotte, c'est ça ?
03:47Oui, moi j'ai pris un vol samedi en même temps que Cyclone,
03:51et je suis arrivé sur la Réunion en début de semaine, coordonner un peu quelques points, et puis après sur Mayotte, oui.
03:57Qu'est-ce que vous avez vu sur place ?
03:59Décrivez-nous ce que vous avez vu, parce que vous êtes habitué, vous, aux situations d'urgence,
04:03à intervenir sur des zones sinistrées.
04:06Est-ce que vous n'aviez jamais vu ça sur un territoire français, sur un département français ?
04:11Non, je pense qu'on est tous d'accord pour dire que c'est un vrai impact,
04:17c'est une catastrophe climatique majeure, on a un vrai impact sur les populations,
04:22et sur les structures, les infrastructures, dans un contexte où on a de l'habitat précaire.
04:28Donc on est tous d'accord là-dessus, c'est une île qui est ravagée, dévastée,
04:33dans un contexte socialement qui n'était déjà pas évident, avec des problématiques liées à l'eau,
04:38et des problématiques sociaux, donc c'est une crise sur une crise,
04:42et c'est vraiment, oui, c'est vraiment majeur.
04:45Est-ce que la France a besoin de l'aide d'autres pays, sur place ?
04:50Écoutez, moi ce que je peux dire à mon niveau, c'est que j'ai senti l'envoi massif,
04:57et pour avoir un peu d'expérience dans le domaine, je peux vous garantir que la France n'a pas négligé l'envoi de renforts,
05:02c'est pas simplement une position politique que j'exprime,
05:05mais c'est une vraie réalité opérationnelle et technique,
05:07que j'ai ressenti, s'il est exceptionnel de mobiliser autant de forces,
05:11et après, voilà, déjà quand toutes ces forces seront opérationnelles,
05:16on est en capacité de faire beaucoup de travail.
05:18Mais bien sûr, vous faites ce que vous pouvez, surtout,
05:20enfin c'est des conditions qui sont difficiles aussi pour vous,
05:23d'autant plus que la population a besoin de tout.
05:27Qu'est-ce qu'ils vous demandent en premier, lorsque vous arrivez,
05:29parce que j'imagine que quand on est dans une zone sinistrée,
05:32au milieu d'une population qui manque de beaucoup de choses,
05:34et qui aperçoit quelqu'un en uniforme de pompier, on vient vous demander des choses ?
05:38Écoutez, la problématique, en fait, pour la population, c'est vraiment l'eau, dans un premier temps,
05:44même s'ils ont régulièrement des pénuries d'eau, on est vraiment sur un problème majeur,
05:50c'est une priorité qui a été donnée stratégique sur le plan opérationnel,
05:54il y a des vols qui partent de la Réunion, qui sont dédiés à l'envoi tous les jours d'eau et de nourriture,
06:00c'est vraiment le point très important,
06:02et puis après, le rétablissement de l'électricité pour que les choses redémarrent,
06:06et puis, effectivement, la prise en charge humaine et le soutien aussi sont nécessaires.
06:11Est-ce qu'il faut craindre que le bilan, malheureusement, se continue à s'alourdir ?
06:20On est assez frappé par la disproportion, et c'est normal,
06:23entre les images des dégâts et le bilan qui annonce plus d'une trentaine de morts,
06:27on s'attend à beaucoup plus quand on regarde ça,
06:30vous qui êtes allé sur place, est-ce que vous attendez à ce qu'à la fin,
06:33en fait, on découvre que c'était beaucoup plus de victimes ?
06:36Bien, alors, Monsieur le Préfet a déjà évoqué un bilan qui pouvait s'alourdir,
06:40mais c'est aussi très clairement un bilan qui est difficile à établir,
06:43sur une catastrophe de cette ampleur-là,
06:45dans le contexte que l'on a évoqué avec de l'habitat précaire,
06:48avec des populations dont l'état civil n'est pas forcément connu,
06:52c'est ça la réalité, et le bilan sera extrêmement difficile à obtenir,
06:56et prendra beaucoup de temps.
06:58Bien sûr, vous pouvez aujourd'hui, par contre, certifier que les secours
07:02ou les ONG que vous accompagnez peuvent intervenir partout sur Mayotte,
07:07les axes sont à peu près dégagés pour vous ou pas ?
07:10Alors, il est toujours difficile de certifier des choses,
07:13vous savez, dans un contexte aussi opérationnel,
07:15par contre, je peux vous dire que les axes principaux,
07:17pour les avoir parcourus, sont à peu près utilisables,
07:20les axes secondaires se débloquent assez rapidement,
07:23mais il y a encore des secteurs qui n'ont pas forcément été complètement reconnus,
07:28c'est l'enjeu aussi de cette phase, elle n'est pas terminée,
07:31pas complètement terminée, mais elle a bien avancé.
07:34Elle a bien avancé, ça c'est formidable,
07:36parce que ça demande beaucoup de travail quand même pour vous tous.
07:39J'ai une autre question qui est importante,
07:41de quoi vous avez besoin, il y a beaucoup de Français qui vous écoutent,
07:44qui pensent à Mayotte, qui pensent aussi aux pompiers,
07:46qui interviennent sur place, aux secouristes,
07:48est-ce qu'on peut faire quelque chose, et si oui, vers qui on se tourne ?
07:51Alors, il y a eu pas mal d'appels qui ont été faits sur des fonds,
07:55sur des soutiens aux populations,
07:57l'utilisation du matériel est encore difficile,
08:00des possibilités financières c'est vraiment ce qui compte pour le moment,
08:04en s'appuyant sur des structures associatives habituées,
08:07il y a plein de structures habituées à ce genre de choses,
08:10l'envoi de frais de matériel, c'est encore compliqué,
08:15mais ça va se rétablir progressivement,
08:18mais pour le moment, je pense que c'est important d'avoir de l'argent
08:22pour pouvoir aussi faire les ponts aériens,
08:25et de l'eau très simplement, et de la nourriture.
08:27Il vous faut des volontaires aussi ou pas ?
08:30Alors, pour ce qui nous concerne, nos équipes, nous on les a,
08:34c'est un théâtre d'opération qui est assez compliqué,
08:38donc les gens qu'on envoie sont des gens qui sont un peu aguerris,
08:41et qui seront complètement autonomes,
08:43il ne s'agit pas d'être un poids pour qui que ce soit en opération,
08:46il faut considérer qu'il n'y a pas d'électricité,
08:48dans beaucoup d'endroits il n'y a pas d'eau,
08:50la nourriture c'est un petit peu compliqué,
08:52donc l'équipe doit aussi penser à ça,
08:54donc on demande des gens un petit peu aguerris,
08:56qu'ils soient des humanitaires, des ONG,
08:58ou des forces françaises,
09:00ce sont plutôt des gens qui sont aguerris,
09:02qui ont été projetés.
09:03J'imagine que vous passerez, vous à titre personnel,
09:06Noël sur place, que ce soit à La Réunion ou à Mayotte ?
09:09Eh bien écoutez, ce n'est pas encore tout à fait calé, je ne sais pas,
09:12on verra.
09:13Bon écoutez, bon courage à vous mon colonel,
09:15en tout cas à tous les secouristes,
09:17parce qu'on a besoin de vous là-bas, c'est vrai c'est loin,
09:19c'est souvent loin de vos familles,
09:20et cette semaine c'était important d'avoir un mot à ce sujet,
09:22merci pour ce que vous faites,
09:23il y a encore des vies à sauver du côté de Mayotte,
09:25et c'est ça le plus important.
09:27Colonel Jérôme Giron,
09:29coordinateur des ONG auprès de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers,
09:32vous étiez en direct sur Sud Radio,
09:34depuis l'île de La Réunion,
09:36où vous coordonnez l'acheminement de l'aide en direction de Mayotte,
09:39toujours ravagée.

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