Avec Romain, Habitant à Mayotte depuis près de 15 ans
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00:00Avec le désarroi des Mahorais, une semaine après le passage du cyclone Shido, le désarroi
00:09dans les décombres en quelque sorte, alors que l'aide peine à arriver, même si elle
00:13est déjà là en partie, on en parle avec Romain pour le témoignage.
00:17Bonjour à vous Romain.
00:18Bonjour à vous.
00:20Soyez le bienvenu sur Sud Radio.
00:21Vous êtes Mahorais, vous habitez Mayotte depuis près de 15 ans, c'est ça ?
00:24Absolument.
00:25Absolument.
00:26On est à Mayotte depuis un long moment et on a traversé de crise en crise, et celle-ci
00:31est la crise ultime.
00:32Il est logique que vous n'ayez jamais vu ça, surtout vous.
00:36Est-ce que vous avez suivi, d'abord, est-ce que tout le monde va bien dans votre famille ?
00:39Oui absolument, on a eu la chance d'être préservés physiquement, même si les dégâts
00:44matériels compliquent la vie du quotidien, on est quand même en bonne santé.
00:48Alors on parle de dégâts matériels, c'est considérable, qu'est-ce que vous avez comme
00:52dégâts chez vous ?
00:53On n'a plus de toiture, on a les véhicules qui ont été détruits, on a eu des infiltrations
00:59d'eau un peu partout, et à ça se rajoute l'absence d'eau toujours à ce jour, d'électricité
01:06et de téléphonie.
01:07Alors on va en parler de manière très concrète.
01:10Heureusement le téléphone marche, en tout cas sur WhatsApp, puisqu'on arrive à vous
01:13entendre très bien, c'est comme si vous étiez avec nous.
01:15Vous n'avez plus de toit, alors qu'il pleut en plus assez régulièrement en ce moment,
01:18c'est ça ?
01:19On a eu deux averses importantes depuis le début du cyclone, mais les bâches arrivent,
01:23donc il y a, c'est vrai aujourd'hui, une solidarité de voisinage qui fait qu'on peut
01:28bâcher les toits et se préserver de ça.
01:30C'est une situation quand même de camping, l'absence d'eau, malheureusement ce n'est
01:34pas nouveau, sauf que ça s'est aggravé.
01:36La dernière fois qu'on vous a livré de l'eau, c'était quand ?
01:38C'était avant le cyclone, c'était vendredi dernier où on a eu de l'eau, et depuis on
01:44est en attente de l'eau courante, mais ce qui est le plus dramatique, c'est l'absence
01:49d'eau potable à boire, ce qui est pour certains d'entre nous compliqué, et pour
01:53les populations exposées, en attente de pouvoir boire de l'eau potable.
01:58Et ça veut dire que vous buvez quoi dans ces cas-là ?
02:00Alors nous on avait une petite réserve d'une dizaine de packs qu'on avait pu anticiper
02:06un petit peu la crise, et qui arrive à son terme.
02:09On a quelques magasins qui ouvrent ici et là, et on arrive à avoir une ou deux bouteilles
02:13d'eau, mais c'est un combat, et c'est un combat quotidien de s'approvisionner en
02:18eau et parfois en nourriture aussi.
02:19Alors vous m'avez parlé de la solidarité entre le voisinage, ce qui fait chaud au cœur
02:23évidemment.
02:24Quand on n'a pas assez de ressources pour tout le monde, et que tout le monde est épuisé
02:27nerveusement, ça entraîne des tensions.
02:29Est-ce qu'il y en a sur place ou pas ?
02:30Alors on a eu au départ des tensions qui sont liées, vous savez, aux opportunités
02:36que créent ces situations par les délinquants.
02:39Des cettes de pillage, ça aurait pu arriver, voilà.
02:43Et les forces de l'ordre ont vite réagi et nous ont permis de rester préservés de
02:48ça.
02:49Toutefois, dès que vous abordez sur des structures commerçantes, là, les tensions sur l'essence,
02:53les tensions sur la nourriture, et à la recherche de l'eau sont très très très tendues.
02:59Vous avez une distribution d'eau qui s'est mal passée, puisqu'il n'y avait pas assez
03:02d'eau sur les personnes en attente d'obtenir des bouteilles, et donc là c'est compliqué.
03:10C'est-à-dire que ça s'est mal passé ? Les gens se sont battus ?
03:12Vous avez après des tensions sur la récupération d'eau, les tentatives de vol de bouteilles
03:19d'eau chez les uns et les autres, et des tensions qui commencent à exister, qui sont
03:22parfois même, comme vous l'avez pu l'entendre dans les médias, des tensions communautaires.
03:27Et c'est-à-dire entre qui et qui ?
03:29Vous avez des tensions, des tensions entre les populations défavorisées, ceux qui sont
03:34un peu plus privilégiés, et des tentatives de vol de subsistance comme l'eau, la nourriture,
03:40et aujourd'hui certainement les magasins vont être exposés.
03:43Ça va être difficile aussi pour les forces de l'ordre, on pense évidemment aux policiers
03:47ou aux gendarmes qui sont sur place.
03:48J'ai une question qui est, vous n'aurez pas la réponse techniquement évidemment,
03:52mais on est tous assez interloqués quand on voit les images du désastre considérable,
03:57et en même temps ce bilan du cyclone qui s'est alourdi hier à 35 morts.
04:01Est-ce qu'il faut redouter qu'il y en a en fait beaucoup plus, mais qu'on ait eu
04:04beaucoup de mal à les compter ?
04:06Pour ceux qui habitent à Mayotte, quand on lit dans les médias 35 morts, on est assez
04:16dubitatif.
04:17Ça commence un petit peu à s'éclaircir, en tout cas pour ceux qui sont aux alentours
04:21loin de Mayotte, de Mamoudzou, c'est qu'on a beaucoup d'enterrements improvisés de
04:27manière assez rapide.
04:29Un gendarme me disait aujourd'hui qu'il avait constaté sur un samboro des tombes rapides,
04:38il y a des mosquées qui commencent à dire qu'ils ont fait des prières mortuaires, etc.
04:42Et je pense qu'on a aujourd'hui dépassé le millier largement.
04:45C'est ce que vous craignez en tout cas, et c'est un bilan absolument épouvantable.
04:49Merci pour votre témoignage Romain, on aimerait bien vous envoyer de l'eau, on ne peut pas
04:53malheureusement.
04:54On espère que ça va arriver, surtout tenez bon, et puis bon courage à vous, à vos
04:58collègues, à vos familles, et à vos proches.
05:00A très bientôt.
05:01Merci.
05:02Vous étiez en direct de Mayotte sur Sud Radio, il est 7h39.