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##VRAIES_VOIX_FOOT-2024-12-11##
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SportTranscription
00:00Les Vraies Voix du Foot, 20h21, Tonton Mauricio.
00:06Salut à tous, c'est Tonton Mauricio sur Sud Radio pour notre rendez-vous,
00:10Les Vraies Voix du Foot, l'incontournable émission du mercredi soir,
00:1320h21, sur Sud Radio, où on vous parle vraiment de football.
00:16Je suis toujours accompagné de Pierre Grégoire. Comment ça va mon Pierrot ?
00:19Bonsoir tout le monde, ça va très bien, merci.
00:21Farid Ouadlah, à ma gauche, alias Toto Melozzo. Comment ça va mon Toto ?
00:25Eh bien écoute, ça va Mauricio, ça va très bien.
00:27On est heureux, on est ensemble pour une heure,
00:29et je vous annonce encore une émission exceptionnelle aujourd'hui.
00:31Restez bien avec nous jusqu'au bout, car on est très heureux,
00:34parce qu'on a avec nous Madame Sabine Calegari.
00:39J'ai bien prononcé ?
00:40Parfait, à l'italienne.
00:42Voilà, à l'italienne, mais c'est plus du nord,
00:44alors j'ai fait l'effort de bien le prononcer.
00:46Voilà, psychanalyste avec qui nous allons essayer
00:48de décortiquer la psychologie des footballeurs.
00:51Et bien sûr, nous allons revenir sur l'interview,
00:53si on peut appeler ça comme ça, Kylian Mbappé.
00:55Voilà, entre autres, on aura notre partenaire
00:57Bastien Aubert de But Football Club
00:59qui va revenir sur le match du PSG.
01:01On aura aussi un gros, gros sujet
01:04avec Marie-Hélène Patry, déléguée générale de Futuni
01:08qui doit être déjà en ligne avec nous.
01:10Je demande à Max, confirmation ?
01:11Non, mais on a Bastien qui est là.
01:13Ah, il y a Bastien qui est là,
01:14donc elle sera après avec nous,
01:15qui va nous expliquer les retombées économiques,
01:17enfin, il n'y a pas que ça,
01:19sur le football qui va dans le mur.
01:21Voilà, et puis on finira avec Sabine Calegari
01:24sur la psychologie.
01:25On a tout un gros sujet, restez bien avec nous.
01:27On revient tout de suite après ça.
01:33Alors, on a Bastien Aubert au téléphone avec nous,
01:35si je ne me trompe pas.
01:36Oui, je suis là, je suis là.
01:38Bonsoir, Bastien.
01:39Salut, Bastien.
01:40Bonsoir, Bastien.
01:41Bastien, c'est le soleil de l'émission.
01:43Moi, j'aimais bien voir Bastien
01:44parce qu'il arrive avec son accent
01:46et tout de suite, ça met de la bonne lumière.
01:48Parlez-nous de Paris, Bastien.
01:50Ah, mais justement, ça va être un petit peu bizarre
01:52de marquer qu'il parle de Paris,
01:53parce que justement, je suis beaucoup quand même le PSG,
01:55je vous rassure.
01:56Bah, Paris, écoute, ils en ont gagné 3-0 hier,
01:58comme on l'a vu à Salzbourg.
01:59Facile victoire sur tout le papier.
02:01J'ai trouvé une équipe un petit peu encore timorée
02:03avec pas mal d'occasion de but
02:05et un manque de réalisme assez criant.
02:07Il y a quand même des bonnes nouvelles,
02:08c'est qu'on retrouve une équipe qui gagne,
02:10qui aime largement la Ligue des Champions,
02:11qui se relance un petit peu
02:12entre les barrages de la compétition.
02:14Même si on a deux grands matchs,
02:15on a encore gagné contre City et Stuttgart.
02:17Mais globalement, j'ai trouvé un PSG plus équilibré,
02:20plus sûr de lui.
02:21Bref, il va falloir confirmer Dimanche contre Lyon,
02:23parce que je pense qu'il y a un petit piège à éviter en championnat.
02:26Donc, à voir Dimanche,
02:28mais une équipe qui se remet un petit peu sur la règle,
02:30c'est plutôt rassurant dans l'absolu.
02:32C'est le mot rassurant.
02:33Déjà, ils ne sont pas éliminés,
02:34c'est quand même une bonne chose,
02:35parce qu'en cas de défaite...
02:36Bon, après, ils ont joué un peu,
02:37je suis un peu dur dans ce que je vais dire,
02:39mais ils ont un peu joué contre des plots.
02:41C'était tout le monde derrière.
02:43Il n'y avait pas vraiment de match.
02:44Qu'est-ce que t'en penses, Bastien ?
02:46Ouais, il n'y avait pas eu vraiment de match, honnêtement.
02:48C'était très, très faible.
02:49Tu n'arrives pas à te souvenir, tonton ?
02:50Enfin, c'était salope mourde.
02:52On demande encore confirmation.
02:54Pierre, t'as une question ?
02:55Oui, c'était le sparring partenaire parfait.
02:58Après, Bastien, est-ce que t'as un joueur à ressortir ?
03:01Brickell monte du lot,
03:02Ramos a marqué,
03:03donc ce serait facile de dire qu'enfin, avec un 9,
03:05on arrive à mettre des buts.
03:06Est-ce qu'il y a un joueur que t'as envie de ressortir ?
03:08C'était un match, une petite balade quand même pour le PSG hier.
03:10Très bonne question.
03:12J'ai envie d'en ressortir deux, figure-toi.
03:14J'ai bien aimé Nono Mendes qui commence vraiment à se projeter.
03:17Buteur aussi.
03:18Exactement, buteur tout à fait.
03:19Tiens raison de le signaler.
03:20Et surtout, Désiré Doué qui commence un petit peu à faire son trou.
03:23Il a marqué son premier but au PSG,
03:25ce qui est quand même une très bonne nouvelle.
03:27Et puis, j'ai trouvé plutôt pas mal dans son utilisation,
03:30un petit peu hybride,
03:31comme ça, en pointe un petit peu sur le côté.
03:33Je pense que si Doué commence à faire quelques petites étincelles,
03:36ça pourrait être pas mal pour le PSG pour les échéances à venir.
03:39Bon, donc t'es rassurant.
03:41Tu veux nous rassurer, t'es confiant.
03:43Et on peut espérer des beaux jours avec le PSG ?
03:47Je l'espère pour maintenant.
03:49J'attends de voir le show contre Lyon dimanche au Parc.
03:52Ça risque d'être un petit piège.
03:54Je le sens venir un petit peu comme ça,
03:56mais ça sera une vraie opposition pour le coup.
03:58Voilà, on va croiser les doigts.
04:00Merci Bastien, notre partenaire depuis le footballclub.fr.
04:05Et on te remercie d'avoir été avec nous.
04:07On enchaîne tout de suite avec, je crois qu'on a Mme Patry.
04:09Marie-Hélène Patry, est-ce que vous êtes avec nous ?
04:11Tout à fait, bonsoir.
04:13Bonsoir Mme Patry.
04:14Alors, je fais votre pitch un petit peu.
04:16Vous me dites si je dis une bêtise.
04:18Vous êtes déléguée générale de Futuni.
04:20Vous avez réalisé une enquête avec Futuni et Accuracy,
04:26je le prononce bien ?
04:27Exactement, c'est un cabinet de conseil.
04:29Voilà.
04:30Et vous avez fait un état des lieux du foot français.
04:32Exactement.
04:33Alors, on vous écoute.
04:35On vous écoute.
04:36Soyez la bienvenue, on vous écoute.
04:38Merci beaucoup.
04:39On a fait effectivement un état des lieux
04:41de la filière du football professionnel.
04:43Futuni, on est effectivement l'organisation
04:47qui représente les clubs professionnels en France.
04:50Vous êtes un syndicat, je voulais vous le dire.
04:52Voilà, exactement.
04:53Une organisation patronale.
04:54On est un peu le MEDEF du football professionnel.
04:57Voilà, j'osais pas le dire.
04:59On peut le dire.
05:01Donc, on représente les 46 clubs
05:04qui disputent les championnats de Ligue 1, Ligue 2 nationales
05:07et puis les championnats de première à seconde Ligue féminine.
05:10D'accord.
05:11Donc, on a voulu sortir cette dernière version du baromètre
05:16pour sortir un peu des clichés du football business
05:19et mettre en avant le fait que le football professionnel
05:23était une filière économique à part entière.
05:26D'accord.
05:27Et ça se révèle au travers de quelques chiffres clés
05:29que je peux vous communiquer.
05:30Allez-y.
05:31Le football professionnel, c'est presque 40 000 emplois
05:34répartis sur le territoire.
05:36Donc, ça veut dire à peu près 850 emplois par club,
05:39ce qui est un chiffre important
05:40quand on sait qu'on est une activité très locale,
05:43en région, une entreprise qui pèse 850 emplois,
05:46c'est pas du tout négligeable.
05:48Tout à fait.
05:49On a également une valeur ajoutée,
05:51un chiffre de 5,3 milliards d'euros.
05:53Donc, le football professionnel génère 5,3 milliards d'euros
05:58dans l'économie française,
06:00directement avec ses 40 petits clubs,
06:02mais également avec ses fournisseurs,
06:05ses salariés, les industries périphériques
06:07telles que la vente de jeux vidéo,
06:10les médias comme les autres,
06:12les équipements sportifs et tout ça.
06:15Un autre chiffre clé important qu'on voulait souligner,
06:19c'était le caractère fortement contributeur
06:22aux finances de l'État du football,
06:25et là aussi, loin des clichés,
06:27c'est plus de 1,2 milliard d'euros
06:30de contributions fiscales et sociales
06:33qui sont versées par les clubs,
06:35par les joueurs et par les salariés
06:38des clubs de football en général.
06:41Parmi ce 1,2 milliard d'euros,
06:44il y a une contribution aux sports amateurs
06:47et ça, ça tient à cœur de l'ensemble des clubs.
06:50Il y a énormément de soutien apporté
06:53aux clubs amateurs en local,
06:56et puis une taxe spécifique
06:59assise sur les droits audiovisuels
07:01qui s'appelle la taxe du fait,
07:03qui vient financer le sport amateur
07:05et qui vient également financer
07:08l'Agence nationale du sport
07:11qui répartit l'argent sur plein de projets.
07:14Le footpro soutient aussi directement
07:17le football amateur et la fédération
07:19avec un prélèvement qui est fait
07:21par les recettes audiovisuelles du football.
07:24C'est 2,5% qui reviennent
07:26de la fédération française du football.
07:28C'est également un chiffre important.
07:31Enfin, et ce n'est pas la moindre des choses,
07:34on souhaite insister sur le caractère
07:39d'entreprise à mission par nature
07:42des clubs de football professionnels
07:44avec un million de personnes aidées
07:48au titre des actions sociales et sociétales
07:51des clubs de football professionnels.
07:53C'est plus de 2 500 causes soutenues chaque année.
07:56Ça veut dire une cause par club
07:59et par semaine, pour faire simple.
08:01Évidemment, ça va de l'inclusion,
08:04ça va sur des politiques de diversité,
08:07l'accueil de publics en situation de handicap.
08:11C'est plein de visites qui sont faites
08:14dans les hôpitaux par les joueurs professionnels.
08:18C'est l'accueil de personnes au stade.
08:21C'est des causes autour de la santé, évidemment.
08:24Donc, c'est très important.
08:27Pierre, on a une question pour vous.
08:30Oui, j'en ai une et je crois que Farid en aura une aussi.
08:32Bonsoir, Madame Patry.
08:34FootUni, l'agence en question,
08:36est présidée par Louis-Nicolas,
08:38le président de Montpellier
08:40qui est en grande difficulté sportive actuellement.
08:42Le fait est que ce problème n'est pas nouveau.
08:45Il relève surtout en ce moment
08:47de la crise des droits télé pour les clubs.
08:49Est-ce qu'on n'arrivera pas à un stade
08:51où seuls les propriétaires pourront compenser les pertes ?
08:53Maintenant, il y a une dépendance des propriétaires des clubs.
08:56Il n'y a pas une menace qui va dans ce sens-là.
08:58Maintenant, il n'y a que les propriétaires des clubs
09:00qu'on va leur demander d'injecter.
09:02Et s'ils n'injectent pas, c'est la perte des clubs.
09:04Non, je ne crois pas que ce soit ce qui ressort
09:07justement du baromètre qu'on publie aujourd'hui.
09:10On voit qu'effectivement, les droits audiovisuels,
09:12c'est à peu près 30% des revenus des clubs.
09:14Ils ont également le sponsoring,
09:16ils ont la billetterie,
09:18ils ont évidemment l'activité
09:20transfert de joueurs
09:22qui est intimement liée à la qualité
09:24de la formation française.
09:26Et ça, c'est un atout fort du football français.
09:28Donc oui,
09:30les présidents de clubs
09:32et les actionnaires sont des gens responsables.
09:34Et il est
09:36sur l'exercice 24-25
09:38qui vont sans doute
09:40devoir remettre de l'argent
09:42dans le club, mais pour autant...
09:44Pas de dépendance, quoi.
09:46Pas de dépendance uniquement
09:48aux propriétaires.
09:50Il y a une inquiétude sur l'avenir
09:52de certains emplois
09:54dans notre activité et dans toute
09:56la filière, c'est ce qu'on explique aujourd'hui.
09:58Mais on espère
10:00bien trouver les sources de revenus
10:02futures, développer nos revenus,
10:04mieux gérer encore les clubs
10:06pour sortir de cette crise
10:08en ayant préservé
10:10les emplois. Et c'est vraiment
10:12quelque chose qui tient à cœur de l'ensemble
10:14des présidents des clubs de football professionnels.
10:16D'accord. Farid ?
10:18Madame Padré, j'avais une question
10:20à vous poser. Parce que
10:22là, on est face à un constat
10:24qui correspond complètement
10:26à ce qu'on savait déjà du football
10:28et de son présent et de son avenir
10:30proche. Maintenant, plutôt que de
10:32chercher l'argent
10:34qu'on n'a pas, est-ce qu'il n'y a pas
10:36peut-être une solution dans l'argent qu'on a déjà ?
10:38C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
10:40la masse salariale
10:42qui représente en moyenne
10:4477% du budget
10:46des clubs professionnels, est-ce qu'on
10:48ne devrait pas déjà
10:50repenser la masse salariale des clubs ?
10:52Alors, peut-être que les clubs professionnels
10:54comme le PSG,
10:56l'Olympique de Marseille, en tout cas,
10:58ils sont peu nombreux peut-être à pouvoir continuer
11:00à vivre
11:02avec des salaires mirobolants.
11:04Mais est-ce que dans les petits clubs,
11:06si on parle de
11:08l'AJOCR, tous les clubs qui pourraient être menacés
11:10en premier de déjà repenser leur masse salariale ?
11:12Alors,
11:14on s'éloigne un peu
11:16du sujet du baromètre.
11:18Effectivement, le sujet
11:20des salaires, c'est un sujet qui peut être
11:22intéressant. Il faut
11:24avoir à l'esprit qu'il existe déjà des ratios
11:26dans le football professionnel.
11:28La DNCG a édité
11:30des ratios qui concernent
11:32la masse salariale sur le chiffre d'affaires.
11:34Donc, on parle très souvent des salaires
11:36du football, mais il y a déjà des outils
11:38de contrôle. Ça, c'est un premier plan.
11:40Et puis, vous avez vu comme moi
11:42que le mercato de l'été
11:44dernier a été assez calme.
11:46Donc, on peut imaginer qu'effectivement,
11:48il y aura
11:50parfois un peu moins de recrutement dans les clubs.
11:52Mais je ne crois pas que ce soit forcément
11:54une question de salaire.
11:56Quand vous dites que c'est toujours
11:58la même chose, je pense que
12:00c'est important
12:02qu'on communique aussi positivement
12:04sur le football professionnel,
12:06qui est vraiment un facteur de cohésion sociale.
12:08Il y a peu d'industries
12:10qui sont capables de démontrer
12:12une telle cohésion.
12:14On l'a vu encore hier soir sur les matchs
12:16de l'Ile-des-Champions. Vous en parliez, je crois,
12:18juste avant que je puisse
12:20prendre l'antenne.
12:22Dans la mesure où
12:24vous nous présentez un baromètre
12:26qui finalement
12:28tire une seule alarme,
12:30si on est face
12:32à un football où la masse salariale
12:34moyenne dans les clubs est de 77%,
12:36et qu'on est face à un football
12:38qui n'est plus en mesure de pouvoir
12:40s'auto-alimenter
12:42d'un point de vue financier,
12:44si on commence par dire
12:46qu'il faut communiquer positivement et ne pas
12:48remettre en question la masse salariale
12:50des clubs, alors encore une fois,
12:52je ne parle pas de la masse salariale
12:54de faire de plans économiques
12:56et de licencier. Je parle des salaires
12:58des joueurs, peut-être réviser
13:00le salaire des joueurs et avoir des masses salariales
13:02moins importantes dans
13:04l'optique de conserver
13:06justement ces emplois qui
13:08gravitent autour de tous ces clubs
13:10professionnels.
13:12Bien sûr, mais il ne vous aura
13:14pas échappé qu'on est dans un marché
13:16largement européen,
13:18parfois local effectivement,
13:20mais très souvent européen, et donc après
13:22les salaires des joueurs
13:24dépendent aussi de ce que les autres
13:26clubs et notamment nos
13:28championnats concurrents à l'étranger sont en capacité
13:30de proposer, d'où la nécessité
13:32de rester attractif,
13:34de développer nos revenus pour avoir
13:36les moyens de recruter des talents ou de
13:38garder nos talents quand on souhaite les garder.
13:40D'accord.
13:42Madame Patry, si vous n'avez pas d'autres
13:44questions, est-ce que...
13:46C'est intéressant de développer ce genre de débat
13:48un peu plus profondément.
13:50Il faudrait en parler plus longuement.
13:52Je serais ravie de revenir en parler.
13:54Ah ben oui, on va passer l'info
13:56et vous inquiétez pas, on va vous faire revenir
13:58sur Sud Radio.
14:00On fait une courte pause
14:02et on remercie à vous d'avoir été avec nous,
14:04Madame Patry, on vous reçoit très bientôt.
14:06J'ai Philippe David devant moi là-bas,
14:08je vais tout de suite lui donner l'info
14:10et il aura la responsabilité de vous réinviter.
14:12Voilà.
14:14A bientôt, merci Madame Patry, à tout de suite.
14:16Restez avec nous sur les vraies voies du foot.
14:18Les vraies voies du foot.
14:2020h21, Tonton Mauricio.
14:24De retour sur les vraies voies du foot
14:26avec toujours Toto Melozzo,
14:28Philippe David qui nous quitte, Maxime
14:30à la réalisation, Pierre Grégoire
14:32et Sabine Calé, Djari,
14:34avec nous.
14:36On va ouvrir le dossier, on a deux
14:38gros axes. On ouvre le premier
14:40dans la... On voudrait savoir ce qui se passe
14:42dans la tête des grands joueurs. Les grands joueurs
14:44ont-ils une psychologie particulière ?
14:46Quel est leur train commun ?
14:48Leur trait commun ?
14:50Première question pour vous Sabine.
14:52Attention, réfléchissez, vous avez la deuxième question
14:54qui arrive tout de suite. Qu'est-ce qui permet à ces grands joueurs
14:56de résister à l'incroyable pression
14:58sportive et médiatique et financière
15:00qui les entoure ?
15:02C'est à vous, bienvenue sur les vraies voies du foot.
15:04Eh bien merci, je suis ravie
15:06d'être parmi vous.
15:08Alors,
15:10dans la tête des grands joueurs, disons que j'ai déjà
15:12passé trois ans dans la tête
15:14d'un grand joueur.
15:16Vous avez écrit un livre dans la tête d'Azizade.
15:18Exactement, quand j'ai écrit ce livre,
15:20je me suis vraiment plongée dans son
15:22univers et
15:24au cabinet, en tant que psychanalyste,
15:26je reçois aussi des sportifs de
15:28haut niveau qui désirent mettre le mental
15:30au service de leurs performances,
15:32c'est-à-dire au service de leurs
15:34désirs, puisque c'est leur passion.
15:36Moi, ce que je peux dire peut-être
15:38au plus général,
15:40c'est qu'un grand joueur
15:42ou un athlète de haut niveau,
15:44c'est vraiment un système
15:46corps-esprit,
15:48et les deux sont inséparables.
15:50Et dès lors qu'il y a
15:52un athlète qui est au meilleur
15:54de ce qu'il peut faire, pour moi,
15:56il est dans une totale cohérence
15:58corps-esprit
16:00et il est dans une grande cohérence
16:02intérieure.
16:04Alors, selon les différents joueurs,
16:06j'ai étudié beaucoup
16:08la singularité de Zidane,
16:10je me suis intéressée aussi à d'autres joueurs,
16:12j'ai une adoration pour Benzema, que je ne cache pas.
16:14Et puis,
16:16je m'intéresse
16:18bien sûr
16:20aux joueurs actuels, c'est que
16:22il y a des façons extrêmement
16:24différentes d'être en cohérence,
16:26comme il y a des écosystèmes extrêmement
16:28différents. Mais en revanche,
16:30cette harmonie, cette unité
16:32qui est une sorte
16:34de focalisation,
16:36je vais prendre le parallèle
16:38avec un laser. Pourquoi
16:40un rayon laser est ultra-puissant
16:42et peut découper des métaux ?
16:44Eh bien, parce que le laser,
16:46il est dans une grande cohérence
16:48de fréquence. Mais je vais dire
16:50qu'un sportif de haut niveau, c'est la même chose.
16:52Après, comment chacun
16:54crée sa cohérence ?
16:56De quoi elle est faite ?
16:58De quels ingrédients ?
17:00De quels paramètres ?
17:02Avec quel style ? Parce que,
17:04je vais citer Lacan,
17:06psychanalyste, puisque je viens de là,
17:08le style, c'est l'homme. Finalement,
17:10il y a autant de styles qu'il y a d'hommes.
17:12Mais chaque fois qu'il y a
17:14une cohérence maximale,
17:16il y a une
17:18performance optimale,
17:20et parfois même un état de grâce
17:22que les neurosciences appellent in the zone.
17:24Et chaque fois
17:26qu'il y a quelque chose
17:28qu'on peut appeler une décohérence,
17:30ou quelque chose qui se disloque,
17:32ça devient difficile.
17:34Et les modes d'expression,
17:36ils sont très divers,
17:38par exemple, au cabinet, ce qui alerte
17:40le plus ce sportif de haut niveau, c'est la blessure.
17:42Parce que la blessure,
17:44c'est un signe de décohérence
17:46dans cet ensemble corps-esprit.
17:48On y reviendra tout à l'heure sur les blessures,
17:50parce que j'ai une question à vous poser là-dessus.
17:52On est bien d'accord que le hasard n'existe pas ?
17:54En tout cas,
17:56le hasard questionne, au minimum.
17:58Justement,
18:00c'est bien que vous abordiez le côté
18:02de la blessure. Parce que justement,
18:04quand vous parlez de coexistence
18:06du corps et d'esprit, chez les grands joueurs,
18:08on sait que
18:10d'un point de vue corporel, la blessure
18:12ne peut être
18:14mais est handicapante pour le joueur.
18:16Est-ce que justement les blessures de l'esprit
18:18sont aussi handicapantes pour le joueur
18:20que peut-être une blessure
18:22physique ?
18:24En fait, les blessures de l'esprit
18:26elles sont inséparables
18:28du corps. Parce que pour faire simple,
18:30finalement, chaque fois que vous avez
18:32une émotion, votre cerveau
18:34est un chimiste et
18:36il fabrique des substances biochimiques
18:38dont il inonde
18:40tout votre corps. Donc vos muscles
18:42sont inondés
18:44des substances biochimiques liées à vos émotions.
18:46Cortisol, noradrénaline
18:48en cas de stress par exemple,
18:50ou dopamine, sérotonine, pour les
18:52substances positives. Donc finalement,
18:54il y a une immédiateté
18:56de la correspondance
18:58entre les deux. C'est-à-dire que si quelqu'un
19:00est mal dans sa tête, il peut
19:02rater un pénalty.
19:04Donc il peut y avoir des blessures
19:06physiques qui sont expliquées par les blessures mentales
19:08du joueur. Tout à fait.
19:10Qui sont favorisées par
19:12l'état mental du joueur. Moi, j'en suis
19:14convaincu. Moi, comme exemple, l'exemple concret
19:16c'est Djibril Sissé qui loupe deux fois
19:18la Coupe du Monde. Moi, pour moi, il ne se fait pas mal par hasard.
19:20Il y a déjà une blessure morale,
19:22il n'est pas prêt, il ne veut pas aller à la Coupe du Monde.
19:24C'est deux fois Tibia Péronnet, c'est dur comme blessure.
19:26C'est deux fois une grosse blessure.
19:28Pour moi, il n'y a pas de hasard. Un joueur qui se blesse,
19:30il n'y a pas de hasard.
19:32Pierre avait une question, je crois.
19:34Déjà, je crois qu'il ne rate qu'une seule Coupe du Monde.
19:36Non, je crois qu'il loupe peut-être un Euro.
19:38Il loupe deux compétitions internationales.
19:40Oui, bien sûr, mais je te rejoins sur le fait
19:42qu'on dit souvent, c'est quand on a peur de se blesser,
19:44on se blesse. Je pense que c'est intimement
19:46lié. En tout cas, pour les footballeurs,
19:48ça arrive souvent que, comme par hasard,
19:50un entraînement ou un match juste avant une grande déchéance,
19:52on se dit qu'on va se ménager, hop, c'est là que ça arrive.
19:54L'exemple de Sissé est parfait.
19:56Du coup, ce que vous nous dites, c'est qu'au final,
19:58les footballeurs, aussi grands soient-ils,
20:00sont des humains.
20:02Et donc, on mérite d'être traités
20:04comme tels.
20:06L'histoire a
20:08prouvé que des joueurs ont parfois eu du mal
20:10à se relever d'un traumatisme, d'une blessure
20:12psychique. Ce qui me vient à l'esprit,
20:14il y a Trezeguet qui rate son pénalty
20:16en finale 2006. Roberto Baggio,
20:18en 1994,
20:20a beaucoup souffert également de son pénalty
20:22fatal en finale.
20:24Avec l'Italie.
20:26Ce que vous nous dites, c'est qu'il faut
20:28peut-être plus humaniser maintenant
20:30les joueurs. Garim Benzema,
20:32on ne peut pas dire qu'il a été vraiment épargné par les médias
20:34et toutes les tribunales médiatiques.
20:36Et les blessures dans la carrière de Benzema
20:38ne sont pas arrivées n'importe quand.
20:40Donc, vous rejoignez Maderug.
20:42Le hasard n'existe pas et on ne se blesse pas
20:44par hasard et c'est tout à fait dans ce que vous venez
20:46de dire. Et par exemple, vous disiez
20:48quand quelqu'un a peur de se blesser,
20:50il se blesse.
20:52Quand il a peur de se blesser, il est dans la peur
20:54et dans le doute. Donc, à ce moment-là,
20:56il est divisé à l'intérieur
20:58de lui, entre son désir, sa passion
21:00pour le football qui l'amène à avoir envie
21:02de faire des performances et son doute
21:04qui a certainement
21:06à voir avec quelque chose dans sa vie
21:08qui l'amène dans cet état-là.
21:10Ce n'est pas un hasard non plus qu'il doute
21:12à ce moment-là. Comme quand on a peur
21:14de mourir. On n'a pas peur de mourir
21:16n'importe quand. C'est jamais un hasard.
21:18Ça ne sort pas de nulle part.
21:20Alors, moi, une question
21:22justement sur ces grands joueurs.
21:24Comment font-ils, d'un point de vue mental,
21:26pour pouvoir assumer autant de pression ?
21:28Pression sportive, pression médiatique,
21:30pression financière ? Comment
21:32un esprit sachant que, bon,
21:34on voit, nous, dans nos simples vies,
21:36nous ne sommes pas des gens
21:38super exposés, comment
21:40ils font pour justement trouver ces ressources
21:42de résistance ?
21:44Au-delà du cadre familial.
21:46Quand il y a un cadre familial,
21:48déjà, ça aide.
21:50Tout à fait.
21:52Je pense qu'aujourd'hui,
21:54à mesure que la pression augmente
21:56pour les footballeurs notamment,
21:58puisqu'on vient d'avoir une idée
22:00de ce que représente le football
22:02en termes économique, sociétal,
22:04à mesure que la pression augmente,
22:06il y a une prise de conscience
22:08de la nécessité
22:10de travailler sur leur mental.
22:12Et ça, ça entre partout.
22:14Même dans les fédérations, ça entre
22:16beaucoup dans le tennis, la nécessité
22:18de travailler sur le mental. Ça entre dans le football,
22:20ça entre dans la danse,
22:22puisque je travaille avec l'Opéra de Paris aussi.
22:24Donc, cette prise de conscience,
22:26c'est une formidable protection
22:28parce que chaque fois
22:30qu'on dénie être
22:32un humain, pour reprendre votre terme de tout à l'heure,
22:34plus on dénie être
22:36un humain, plus on peut être
22:38rattrapé par ces failles
22:40parce que, comme elles ne sont pas en conscience,
22:42on ne peut pas les travailler
22:44et on ne peut pas
22:46s'affûter soi-même comme
22:48outil
22:50alors que notre marge
22:52est considérable si nous travaillons
22:54sur nous-mêmes. Donc, pour répondre à votre question,
22:56de plus en plus, ils sont en conscience
22:58par rapport à ça.
23:00Je retrouve vraiment
23:02cette vision très humaine
23:04que vous avez et qui me plaît.
23:06Si on a bien un trait commun, nous, ici,
23:08c'est justement de replacer
23:10toujours le curseur de l'humain.
23:12Le parlons
23:14vrai, c'est ça. Parce que finalement,
23:16de ce que
23:18les gens redonnent leur humanité
23:20aux joueurs, mais qu'aussi eux-mêmes
23:22se la donnent. Parfois, ce sont les premiers
23:24à essayer de la
23:26dénier.
23:28On va encore essayer une courte
23:30piste. Je vous avais prévenu que ça allait être
23:32super intéressant. Très, très courte.
23:34On revient et on évoquera,
23:36on va revenir sur l'interview, si on peut appeler ça
23:38comme ça, de Kylian Mbappé.
23:40On est vraiment content de vous avoir.
23:42Vous vous amenez quelque chose dans ce plateau ?
23:44Il se passe un truc.
23:46Une chose de très humain.
23:48Je me considère comme
23:50d'orlottée par l'équipe.
23:52Depuis que vous êtes arrivée, on est au taquet.
23:54Allez, à tout de suite, restez avec nous sur
23:56Les Vraies Voix du Foot.
23:58Les Vraies Voix du Foot, 20h21.
24:00Tanton Mauritio.
24:02De retour sur Les Vraies Voix du Foot,
24:04toujours avec Farid Boitlin,
24:06Pierre Grégoire,
24:08Samine Calégari.
24:10J'ai toujours peur de leur déformer.
24:12Et Maxime à la réalisation.
24:14Je vous ai promis qu'on allait revenir sur
24:16l'interview, si on peut appeler ça
24:18comme ça, parce que j'ai été très déçu.
24:20Je vais tout de suite vous donner mon avis sur l'interview
24:22de Kylian Mbappé. Donne-nous ton avis, Mauritio.
24:24Moi, je trouve que c'est une
24:26mascarade. Voilà.
24:28On est sur une radio où on a envie de parler
24:30vrai. Voilà. Et là, c'est
24:32tout l'inverse du truc normal.
24:34Moi, je défends toujours Kylian Mbappé parce
24:36que c'est un membre du 9.3 et je viens du 9.3
24:38et j'en suis fier et je mourrai
24:40avec mes idées, mes principes.
24:42Sauf que Kylian Mbappé, là, pour moi,
24:44est passé de l'autre côté. Alors, on va essayer
24:46de comprendre pourquoi il est passé de l'autre côté.
24:48Mais l'image que j'ai
24:50d'une interview, quitte à parler, parce que des confrères
24:52ont dit, oui, au moins, il a donné sa vérité.
24:54Il n'a pas donné sa vérité.
24:56C'est une mascarade. Il a donné une vérité
24:58qu'on lui a dit de donner.
25:00Le truc est monté. Il est interviewé
25:02par Mouloud Achour, qui est hyper gentil
25:04mais qui est peut-être le gars le plus sympa
25:06du PAF. Voilà. L'émission sur
25:08Clic, sur Canal,
25:10tout est monté et c'est d'une douceur.
25:12Alors qu'en fait, moi...
25:14Est-ce que tu attendais autre chose ?
25:16Moi, j'attendrais...
25:18C'est un peu une vanne, ce que je veux dire, mais je le pense du fond du cœur.
25:20Je voudrais que
25:22Julien Mbappé donne une interview,
25:24une question-réponse avec Jean-Jacques Bourdin
25:26sur notre radio.
25:28Parce que là, c'est en direct...
25:30Mauricio, en l'occurrence, il n'a pas été
25:32chez Jean-Jacques Bourdin, il était chez Mouloud Achour.
25:34Et d'ailleurs, moi, j'ai envie de prendre un petit peu
25:36la défense de Mouloud Achour
25:38parce que Mouloud Achour a été...
25:40Pour finir, s'il vient, pour moi, à mes yeux, s'il vient
25:42avec Jean-Jacques Bourdin, ici,
25:44je dis Jean-Jacques Bourdin, ou un autre, mais Jean-Jacques Bourdin
25:46est quand même le number one pour moi.
25:48C'est une posture.
25:50C'est une posture.
25:52En fait, Jean-Jacques Bourdin,
25:54il y a un truc en direct,
25:56il n'y a pas de montage.
25:58Là, on aurait pu dire, là, le mec, il a pris,
26:00il vient nous expliquer, il vient se positionner
26:02et il n'y a pas de faux semblants.
26:04Il va répondre du tac au tac et il ressortira
26:06une vérité, alors que là,
26:08pour moi, c'est une mascarade.
26:10– D'accord. J'ai compris ton
26:12mécontentement concernant
26:14cette posture
26:16pseudo-fausse concernant...
26:18Et moi, je te le dis,
26:20j'ai commencé par dire que je voulais
26:22défendre Moulot d'Achour parce que, finalement,
26:24quand on... – Moulot d'Achour,
26:26il n'est pour rien. – Il n'est pour rien.
26:28Il n'est pour rien. Et malgré
26:30tout le respect que j'ai pour nos
26:32collègues de l'équipe du Mardi,
26:34qui est une super équipe, et le respect que j'ai
26:36pour Guy Carlier, hier, on a quand même entendu
26:38qu'il était le larbin de...
26:40– Moi, je n'ai pas dit ça.
26:42– Justement, je prends un petit peu cette défense
26:44dans le sens où on dit que c'est le
26:46larbin de la famille Mbappé, qu'il
26:48fait de la flagornerie. Pour moi,
26:50Moulot d'Achour
26:52a fait ce qu'il fait toujours
26:54dans ses émissions. – D'accord.
26:56– Ce n'est pas du débat, c'est de la discussion.
26:58D'ailleurs, son slogan, c'est l'art de la discussion.
27:00Donc, il y a beaucoup de
27:02bienveillance chez lui. Ce n'est pas de la flagornerie,
27:04il y a de la bienveillance. Il a une posture bienveillante,
27:06et ça a toujours été le cas avec tous les invités.
27:08Il reçoit Kylian Mbappé.
27:10Je le vois mal commencer à lui parler
27:12de système de jeu ou de...
27:14– C'est parce que j'ai dit que Moulot d'Achour
27:16n'est pas en cause.
27:18– Là où il y a la discussion,
27:20c'est sur la posture de Kylian Mbappé.
27:22Je pense qu'on va approfondir sur le sujet.
27:24Mais c'était quand même important
27:26de souligner que Moulot d'Achour
27:28n'a pas fauté, n'a pas été...
27:30– Je n'ai pas écrit mes mots d'accord sur lui.
27:32Mais est-ce que Kylian Mbappé ne fait pas exprès
27:34d'aller chez quelqu'un qui ne connaît pas le foot ?
27:36Alors pareil, j'ai beaucoup de respect pour lui, pour Moulot,
27:38mais est-ce qu'il va chez quelqu'un qui ne connaît pas le foot
27:40pour ne pas se faire attaquer sur son niveau sportif actuel ?
27:42– Evidemment !
27:44Est-ce que lui, son but aujourd'hui,
27:46en étant très honnête,
27:48est-ce que pour lui aujourd'hui,
27:50est-ce qu'il a un besoin particulier
27:52de se mettre en difficulté
27:54d'un point de vue médiatique ?
27:56Le but était de reprendre la parole,
27:58parce que ça fait longtemps qu'il ne l'a pas prise,
28:00en se facilitant un petit peu la chose,
28:02en allant chez Klik,
28:04pour pouvoir avoir un discours.
28:06Maintenant, sa posture,
28:08Sabine Caligari va l'expliquer
28:10avec un peu plus de profondeur,
28:12mais moi d'emblée, je peux comprendre la démarche,
28:14même si je ne l'accepte pas,
28:16parce que oui, en tant que spectateur,
28:18j'avais des besoins de réponse,
28:20mais même si je n'ai pas étanché ma soif de réponse,
28:22Kylian Mbappé gère son image
28:24comme il le veut.
28:26– Exactement, parce que l'interview,
28:28et après on donne volontiers la parole à Sabine,
28:30il passe en plus chez Moulot Dachour
28:32à l'heure du Canal Football Club,
28:34vraiment une heure de grande écoute.
28:36J'ai vu l'interview ensemble,
28:38mais quand j'ai allumé la télé pour voir l'interview,
28:40je voulais qu'il nous dise pourquoi il ne dribble plus personne,
28:42pourquoi il ne revient plus défendre.
28:44– Il est venu chez Moulot Dachour,
28:46si je te dis encore une fois,
28:48s'il t'attendait de Kylian Mbappé
28:50des explications purement sportives,
28:52Moulot Dachour ne connaît rien au foot,
28:54il ne lui posera aucune question
28:56de cette ordre-là.
28:58Maintenant, nous les amoureux de football,
29:00on avait besoin de ces réponses-là,
29:02on les aura peut-être certainement dans une autre émission,
29:04on a besoin de beaucoup plus de réponses
29:06que ce qu'il a amené, il a amené des réponses
29:08d'un mec pour qui tout va bien,
29:10je vais bien, tout va bien,
29:12Sabine, donnez-nous votre avis globalement.
29:14– Déjà, il y a un illustre précédent,
29:16puisque Kylian Mbappé,
29:18il est dans un moment quand même très délicat,
29:20c'est délicat sur le terrain
29:22où les spécialistes le considèrent
29:24comme méconnaissable,
29:26c'est délicat parce qu'il y a
29:28des affaires privées,
29:30des affaires d'argent,
29:32des potentielles demeures,
29:34il y a l'illustre précédent,
29:36c'est l'interview qu'avait donnée Zidane
29:38après le coup de tête
29:40pour s'en expliquer,
29:42qu'il ait choisi quelqu'un,
29:44c'était Denisot en l'occurrence,
29:46avec lequel il a une complicité
29:48et dont il sait
29:50qu'il va pouvoir attendre
29:52de la bienveillance et préparer,
29:54ça me paraît plutôt logique
29:56dans un moment délicat.
29:58Mais pour ce que vous appelez
30:00l'escarade,
30:02et je pense que le terme est tout à fait approprié,
30:04je pense que la responsabilité
30:06c'est celle de Kylian Mbappé,
30:08c'est-à-dire qu'il avait un terrain
30:10de bienveillance
30:12et ouvert sur lequel il pouvait
30:14vraiment s'exprimer,
30:16il pouvait choisir
30:18son registre et il aurait pu aller
30:20vers quelque chose de plus
30:22vrai et plus authentique.
30:24Ce qu'avait fait Zidane, c'est-à-dire même en étant
30:26minimaliste, Zidane est dans une
30:28vérité, sa souffrance était visible,
30:30donc il avait présenté
30:32une vérité très retenue.
30:34Je crois pas qu'on peut superposer les deux,
30:36parce que Zizou, tout le monde a
30:38compris qu'il y a eu des mauvaises paroles, que c'est un
30:40réflexe, que ça l'a rendu humain.
30:42Là, c'est pas la même...
30:44Les gens en ont moins
30:46voulu à Zidane de ce que c'est.
30:48À Shaw, il y avait quand même des frustrations.
30:50C'est un degré différent
30:52de l'état actuel de Kylian Mbappé.
30:54Je sais pas si on peut superposer les deux.
30:56Je vous ai compris, mais...
30:58Je comprends que ce soit pas
31:00superposable. C'était deux moments
31:02délicats où chacun a choisi
31:04son interlocuteur
31:06en fonction de ce qu'il pensait être
31:08l'espace propice
31:10pour qu'il puisse s'exprimer.
31:12Ensuite, vous parlez de mascarade. Moi, je pense que
31:14cette mascarade,
31:16Kylian Mbappé y est
31:18lui-même pris. Parce que
31:20pour moi, ce qui m'a frappée,
31:22c'était...
31:24J'ai compté les occurrences.
31:26Il a parlé
31:28six fois d'Mbappé
31:30à la troisième personne.
31:32Six fois dans l'interview.
31:34Donc cinq fois sous le
31:36vocable Kylian, et une fois
31:38Kylian Mbappé. Donc pour moi,
31:40qu'est-ce que ça veut dire de parler de soi
31:42à la troisième personne ? Bon, on va laisser de côté
31:44le caractère potentiellement
31:46arrogant un peu déprisant, parce que...
31:48Vous vous êtes fait le lire toute seule, on voulait vous poser ces questions.
31:50Il parle de lui
31:52à la troisième personne.
31:54Voilà, c'est ce qui m'a frappée
31:56le plus. Et finalement,
31:58quand il parle de lui à la troisième personne,
32:00il crée
32:02un personnage
32:04Kylian, qu'on pourrait appeler Super
32:06Kylian, c'est-à-dire une sorte de
32:08personnage héroïque avec
32:10des super pouvoirs du super athlète.
32:12La vertu de ça,
32:14c'est que ça peut permettre
32:16une distanciation entre
32:18sa personne véritable
32:20et le personnage public
32:22qui a une pression énorme
32:24et dont les foules attendent énormément.
32:26Donc la distanciation
32:28peut avoir des vertus
32:30pour le protéger, mais là je pense
32:32qu'il y a quelque chose qui est
32:34un au-delà de la protection,
32:36c'est que c'est plus une protection
32:38et une distanciation, ça
32:40devient une sorte de
32:42dualité
32:44de, pour pas dire,
32:46de clivage. C'est-à-dire que
32:48d'un côté, il y a Kylian
32:50le super héros
32:52dont on construit la narration
32:54et de l'autre côté,
32:56il y a celui qui est vraiment
32:58l'homme avec ses émotions,
33:00ses blessures, ses failles
33:02et je pense qu'aujourd'hui, il se trouve
33:04complètement tiralier entre
33:06ce personnage de Kylian
33:08et Super Kylian dont il parle à la troisième personne
33:10et son être
33:12avec des émotions forcément humaines
33:14comme vous l'évoquez, surtout en ce moment.
33:16Moi, l'impression globale
33:18que ça m'a donné, c'est que
33:20c'est le manque d'authenticité
33:22de quelqu'un qui
33:24n'est pas en harmonie avec lui-même
33:26et qui n'est pas dans une unité intérieure.
33:28On est d'accord. Farid ?
33:30Son interview était aussi authentique
33:32qu'une publicité. C'est-à-dire que très souvent
33:34quand on regarde les publicités
33:36à la télévision, c'est très surfait,
33:38on sort des grands slogans et ainsi de suite.
33:40On n'ira pas jusqu'à dire
33:42mensongers, mais en tout cas
33:44des slogans très flatteurs.
33:46Il ne faut pas oublier,
33:48et je vous rejoins justement sur cette dualité
33:50entre le Kylian et le Kylian Mbappé,
33:52entre le joueur
33:54le sportif sur le terrain
33:56et son existence
33:58hors du terrain.
34:00Il ne faut pas oublier qu'il a construit
34:02un personnage médiatique
34:04et marketing.
34:06Pour moi, je rejoins
34:08le fait que c'était une mascarade, mais c'était une mascarade
34:10cohérente et nécessaire pour
34:12continuer à faire exister
34:14d'un point de vue marketing, il ne fallait pas
34:16abîmer le produit Kylian Mbappé.
34:18Et là, aujourd'hui, chez Mouloud Achour,
34:20et c'est pour ça que j'essaye de dire
34:22que c'est quelque chose de très cohérent
34:24par rapport à ce qu'ils ont cherché à vouloir faire,
34:26c'est-à-dire que finalement, le produit Kylian Mbappé
34:28n'est pas du tout écorné par rapport
34:30à ce qui lui arrive d'un point de vue sportif, d'un point de vue...
34:32Tout va bien,
34:34il s'exprime un petit peu à l'américaine,
34:36c'est vraiment un...
34:38Si on le fait parler en anglais,
34:40on a l'impression d'avoir un New-Yorkais,
34:42il s'intéresse beaucoup à la NBA, et ainsi de suite.
34:44Et c'est vrai que
34:46cette dualité du sportif
34:48et de l'extra-sportif de Kylian Mbappé,
34:50elle rentre
34:52totalement en cohérence avec ce qu'on a vu.
34:54Si on parle, non pas d'un sportif,
34:56mais d'un produit marketing.
34:58La difficulté, c'est que
35:00dans le football,
35:02peut-être à la différence de certains
35:04produits, c'est qu'il est question d'amour.
35:06C'est-à-dire que la finalité
35:08d'un produit,
35:10comme vous le dites très justement,
35:12c'est de pouvoir
35:14susciter l'amour du public
35:16et les fans.
35:18Un produit peut
35:20sembler ne pas être écorné,
35:22mais peut-être
35:24au prix
35:26du fait de ne pas
35:28apparaître comme sympathique,
35:30pas touchant, et finalement
35:32de perdre,
35:34peut-être de gagner en infaillibilité
35:36ou en...
35:38et de perdre
35:40en amour,
35:42en dimension attachante,
35:44ou en force d'identification
35:46qu'il peut
35:48incarner pour la jeunesse.
35:50Parce que l'identification pour nos icônes,
35:52ça fonctionne à l'amour,
35:54et pas à la perfection finalement.
35:56Regardez par exemple
35:58Tiger Woods. Pendant tout un temps,
36:00il a été parfait
36:02et il n'était pas très aimé.
36:04Et c'est au moment où il est devenu
36:06plus faillible, plus vrai,
36:08écorné finalement,
36:10pour reprendre votre terme,
36:12qu'il y a eu une sorte d'engouement
36:14à la Ryder Cup. Il était pourtant très loin
36:16dans les classements mondiaux,
36:18et il y avait un amour et une ferveur,
36:20pareil pour Nadal quand il se blessait,
36:22ou ce type de phénomène.
36:24Donc tout dépend si
36:26on cherche la perfection du produit,
36:28ou si on cherche
36:30l'amour, ce qui me semble être plutôt
36:32un enjeu dans un registre
36:34comme le football.
36:36Il aurait dû peut-être montrer ses blessures,
36:38se montrer avec un regard
36:40une peau surflue.
36:42Il finira par arriver.
36:44Là, il s'est blessé.
36:46Comme de par hasard, sans vouloir faire
36:48une mauvaise blague, derrière il se blesse.
36:50Il s'est blessé.
36:52Donc à un moment, la réalité rattrape la fiction.
36:54On peut être dans le paraitre, on peut donner une image,
36:56ça ne me touche pas,
36:58tout va bien.
37:00Alors qu'en fait, le mec, il est à la ramasse,
37:02et dans la seconde,
37:04il se blesse.
37:06Je rejoins ce qui s'est dit.
37:08Je suis d'accord
37:10sur le côté amour, c'est ce que lui a envie.
37:12Je pense qu'il a quand même envie,
37:14comme beaucoup de gens, qu'on l'aime.
37:16Mais je pense que ça l'aurait rendu plus humain
37:18de parler un peu plus football
37:20lors de cette interview-là, et d'expliquer
37:22pourquoi il tire mal
37:24ses pénaltys, pourquoi il n'est pas en confiance,
37:26mais il les tire quand même contre Bilbao,
37:28contre Liverpool. Pourquoi rentrer
37:30dans cette tête-là, ça l'aurait rendu, je pense,
37:32plus aimable, parce que là, s'il voulait
37:34attirer les railleries, je pense qu'il n'aurait pas fait
37:36beaucoup différemment de ce qu'il a fait là,
37:38à savoir une interview vraiment lissée,
37:40comme l'a souligné Farid,
37:42chez un média pas du tout spécialisé en sport.
37:44Je trouve que moi, en tout cas, j'en attendais,
37:46même si j'ai bien compris que je me
37:48trompais en zappant sur clic,
37:50que je n'allais pas avoir du foot. Mais je pense
37:52que ça l'aurait vraiment rendu plus humain,
37:54et on aurait un peu laissé de côté l'extrasportif,
37:56sachant que récemment, on ne parle de lui
37:58que sur du négatif extrasportif.
38:00Le sportif, ce n'est pas beaucoup mieux.
38:02On est resté sur notre faim.
38:04C'est vrai qu'on se l'approprie,
38:06on s'approprie les joueurs.
38:08On est très très très exigeants,
38:10mais en même temps,
38:12on a encore plein plein plein de questions
38:14à vous poser, on va encore passer une courte
38:16pause, et on revient pour finir
38:18ce super entretien. Restez avec nous sur
38:20les vraies voies du foot.
38:26De retour sur les vraies voies du foot, avec
38:28Maxime qui est très discret ce soir, il n'est impressionné
38:30pas. Non, mais j'écoute avec attention.
38:32Oui, mais tu peux... C'est intéressant.
38:34D'accord. Et toujours
38:36Farid Bouedla, Pierre Grégoire, et puis
38:38l'extraordinaire
38:40psychanalyste Sabine Calégari.
38:42Maintenant, moi je suis à l'aise avec votre ton,
38:44donc je me la raconte. Voilà, on repart
38:46tout de suite sur le sujet de Kylian Mbappé.
38:48La question suivante, c'est sa volonté
38:50d'adaptation n'est-elle pas
38:52à double tranchant, Sabine ?
38:54Alors l'adaptation
38:56en soi, j'allais dire
38:58c'est un concept
39:00qui peut à la fois être
39:02extrêmement positif ou se
39:04retourner contre celui
39:06qu'il
39:08radicalise trop.
39:10L'adaptation, c'est
39:12un concept assez darwinien, finalement.
39:14Darwin disait
39:16survival of the
39:18strongest, des plus forts, et après
39:20il a dit of the fittest, c'est-à-dire
39:22les plus adaptés. Donc l'adaptation
39:24c'est considéré comme
39:26un moyen de survivre
39:28et d'avoir un avenir comme espèce
39:30mais dans l'univers
39:32de la jungle.
39:34Et Kylian Mbappé, c'est un peu
39:36comme ça qu'il le présente, c'est-à-dire
39:38qu'il présente
39:40ça comme quelque chose d'assez
39:42total.
39:44Il dit quelque part dans l'interview, je crois
39:46que c'est au moment où il parle de sa vie amoureuse,
39:48il dit, on peut
39:50tout avoir, tout est une question
39:52d'adaptation. Comme s'il n'y avait
39:54pas de limite
39:56à l'adaptation, et là, on
39:58est plus seulement dans l'intelligence
40:00du vivant, c'est-à-dire l'espèce qui
40:02s'adapte à son milieu qui change,
40:04on est dans quelque chose
40:06de beaucoup plus robotique
40:08qui est de dire, je suis une
40:10machine et il n'y a pas de limite à la
40:12reprogrammation que je peux faire sur moi-même.
40:14Voilà. On est bien d'accord,
40:16Farid, c'était la question suivante.
40:18Moi, justement, on l'avait abordée
40:20en rémission, ce sujet-là,
40:22et moi, j'ai envie de vous poser
40:24la question, justement, à l'antenne,
40:26est-ce que cette force d'adaptation,
40:28cette volonté d'adaptation, voire même des fois
40:30de sur-adaptation,
40:32elle n'est pas liée à son intelligence ?
40:34Kylian Mbappé, d'un point de vue factuel,
40:36il a été diagnostiqué très tôt
40:38ce qu'on appelle surdoué
40:40HPI, et c'est une des
40:42composantes de ce type
40:44de personne, d'être
40:46totalement et toujours dans
40:48une volonté, non pas de
40:50se fondre dans la masse, mais d'essayer
40:52de toujours évoluer, de s'adapter
40:54à son environnement. Est-ce que cette
40:56intelligence ne l'handicape pas à ce niveau-là ?
40:58Oui, vous avez tout à fait raison.
41:00C'est une dimension de l'intelligence
41:02parce qu'il est certain
41:04que dans son adaptation, il met
41:06beaucoup de compréhension
41:08de l'environnement, du milieu, et
41:10il est capable de traiter énormément
41:12de paramètres en même temps. Ça, ça apparaît
41:14dans son discours.
41:16Ça fait qu'il ne parle pas
41:18que de football, mais il arrive à balayer
41:20beaucoup de registres. Mais
41:22pour aller dans votre sens sur
41:24quelque chose qui peut se retourner contre lui,
41:26c'est
41:28ces personnes extrêmement
41:30intelligentes
41:32qu'on peut appeler dans certains cas
41:34surdouées HPI, c'est des personnes
41:36extrêmement cérébrales, c'est-à-dire
41:38c'est une intelligence
41:40du traitement de la data,
41:42mais ce n'est pas forcément
41:44une intelligence émotionnelle,
41:46c'est-à-dire une connexion avec sa propre
41:48sphère subjective. Et c'est bien
41:50comme ça qu'il en parle Mbappé
41:52quand il dit, à un certain moment,
41:54il parle du rythme, de la fréquence
41:56complètement excessive.
41:58Quand il dit, vous voulez qu'on joue,
42:00il n'y a pas de problème, on va jouer.
42:02S'il y a un problème,
42:04si le corps est en forçage, on peut se
42:06blesser. Et quand il dit, par exemple,
42:08à propos du procès de Stockholm,
42:10je ne me suis jamais
42:12sentie concernée, donc ça ne pèse pas.
42:14Si, on peut ne pas
42:16se sentir concernée par l'acte
42:18parce qu'on est innocent, sur le plan
42:20cérébral et
42:22de l'adaptation aux données,
42:24mais en revanche,
42:26ça peut peser, parce que même
42:28si on n'est pas concerné par l'acte parce qu'on est
42:30innocent, on peut être
42:32bouleversé par le sentiment d'injustice,
42:34on peut être inquiet,
42:36on peut être tourmenté, on peut être...
42:38C'est ce qui m'a choqué.
42:40Voilà, ce sont des sentiments humains.
42:42Tu sais que moi,
42:44cette posture, justement,
42:46cette cérébralité
42:48très prononcée
42:50chez lui, pour moi, elle explique même
42:52ses contre-performances sportives.
42:54Je ne veux pas dire qu'un joueur
42:56de foot doit être bête... Il réfléchit
42:58trop. Il réfléchit trop sur le terrain.
43:00On voit qu'il veut tout intellectualiser,
43:02tout comprendre, et à un moment donné,
43:04ça tue sa spontanéité,
43:06et on voit qu'il y a un blocage.
43:08Et plus il va essayer de débloquer cette chose,
43:10je le dis en blaguant à certains,
43:12je suis persuadé que s'il rentrait à moitié ivre
43:14sur un terrain, il commencerait à faire
43:16des merveilles, parce qu'il réfléchit trop.
43:18Kylian Mbappé est constamment
43:20en train de réfléchir, voire trop en train de réfléchir.
43:22Ça se voit sur le terrain, et ça se voit en interview.
43:24Justement, je répondis sur ça,
43:26parce que dans l'interview, Mouloud El Chour lui demande
43:28s'il est accompagné mentalement,
43:30et il dit non, t'es pas coaché. Est-ce qu'il devrait,
43:32finalement ? Est-ce qu'il devrait
43:34faire un travail ?
43:36Exactement, on lui donnera
43:38le contact, d'ailleurs.
43:40Mais est-ce qu'il devrait être suivi ?
43:42C'est nouveau pour lui, c'est son premier club à l'étranger,
43:44le plus grand club d'Europe,
43:46le plus grand club du monde.
43:48Il parlait espagnol en arrivant,
43:50donc il n'a pas été pris de cours par cette barrière-là,
43:52qui aurait pu en être une. Mais est-ce que,
43:54face à ces difficultés d'adaptation, ces difficultés
43:56de footballistique, il devrait,
43:58ou il aurait dû déjà, se faire accompagner,
44:00ou être du moins mieux entouré, peut-être ?
44:02Je pense que,
44:04quelle que soit la façon dont on
44:06essaie de résoudre les choses,
44:08l'important, c'est de partir
44:10d'un questionnement sur soi.
44:12Je dirais que le premier maillon,
44:14ce serait qu'il s'interroge, c'est-à-dire
44:16qu'est-ce qui se passe dans ma sphère subjective,
44:18dans ma sphère émotionnelle,
44:20qui fait que
44:22je rate mes pénaltys,
44:24que je me blesse,
44:26qu'il m'arrive des choses,
44:28une série de tuiles, parce que même si elles sont pas
44:30du même ordre, il lui arrive quand même
44:32beaucoup de tuiles en même temps,
44:34et je pense que, c'est partir de cette
44:36interrogation, c'est de dire que c'est pas forcément
44:38une analyse de la data, pour reprendre
44:40votre terme de
44:42cérébralité, mais
44:44ça peut être une interrogation sur
44:46le sens profond que ça a, par rapport
44:48à sa manière d'être en
44:50rapport avec le monde, à lui-même, donc
44:52avec sa sphère intime. Après
44:54qu'il traite ça
44:56par un coach, un psychanalyste,
44:58de la méditation,
45:00dans une église, dans une mosquée,
45:02sur les chemins de compostelle,
45:04peu importe, ou dans la solitude, ou comme
45:06font certains en randonnant en montagne,
45:08peu importe,
45:10mais il faut qu'il y ait ce questionnement
45:12à cet endroit-là, qu'il soit prêt
45:14à écouter l'homme en lui.
45:16Ok. Très intéressant.
45:18Farid ? Alors, moi,
45:20j'avais une petite question justement sur
45:22sa problématique,
45:24ses problèmes aujourd'hui,
45:26sa volonté de vouloir
45:28paraître infaillible,
45:30même au-delà de paraître, de vouloir
45:32être infaillible, parce que je pense intimement
45:34qu'il le pense. Ça s'appelle la toute-puissance.
45:36Voilà, qu'il le pense. Est-ce que c'est
45:38pas aussi à cause de son
45:40dévouement incroyable
45:42à ce qu'est Cristiano Ronaldo ?
45:44Est-ce qu'il, selon lui, il a
45:46un super-héros, vous parliez tout à l'heure
45:48de se créer un personnage
45:50de super-héros. Est-ce que, justement,
45:52Cristiano Ronaldo, qui a cette posture,
45:54il a vraiment même une stature
45:56très
45:58super-héros, est-ce qu'il n'admire
46:00pas trop Cristiano Ronaldo ?
46:02C'est vrai que Cristiano
46:04Ronaldo se présente
46:06comme, s'est toujours présenté comme une machine
46:08à gagner. Il le dit lui-même,
46:10d'ailleurs. Pour lui, il l'a même dit à certains
46:12moments, quel que soit le style, l'important
46:14c'est de gagner. Et Cristiano
46:16Ronaldo, ça lui a réussi
46:18jusqu'à ce que, j'allais dire
46:20presque ce scellage qu'il l'a fatigué,
46:22mais ça lui a réussi, donc
46:24Cristiano Ronaldo, il était cohérent
46:26avec son système. Manifestement, il pouvait
46:28affirmer ça, et il pouvait le soutenir
46:30de l'intérieur. Donc c'est la cohérence
46:32dont on parlait tout à l'heure, ça ne posait pas de
46:34problème. Manifestement,
46:36Kylian Mbappé est différent
46:38et il ne peut pas se mettre
46:40dans le
46:42costume d'un héros
46:44sans que ça ne pose aucun problème
46:46de dysharmonie, de tiraillement
46:48puisque tous ces éléments d'hysharmonie
46:50apparaissent dans sa vie. Donc si c'est son
46:52modèle, ce qu'il peut se
46:54comprendre, c'est plutôt un
46:56beau modèle, mais c'est
46:58la lucidité de voir qu'on ne peut
47:00pas enfiler un
47:02modèle comme on enfile le costume de quelqu'un
47:04d'autre et se dire qu'il ira parfaitement.
47:06Il faut qu'il trouve sa voie
47:08vers la victoire. Effectivement,
47:10hier, il parlait envers et contre tout,
47:12je vais gagner le ballon d'or, donc il avait cette
47:14affirmation du vainqueur.
47:16Dans la période où il est,
47:18ça semble difficilement soutenable
47:20en l'état, alors que Cristiano Ronaldo,
47:22lui, il pouvait dire, je vais gagner ça,
47:24je vais tout gagner,
47:26et ça marchait.
47:28Je ne suis pas convaincu qu'il ait un modèle,
47:30il a toujours été Cristiano Ronaldo,
47:32ça a toujours été son...
47:34Il conseille même aux jeunes
47:36justement de ne pas avoir Kylian
47:38comme modèle, parce qu'il
47:40vise plus haut encore.
47:42Même ça, je crois qu'il est,
47:44je parlais de toute puissance tout à l'heure,
47:46il n'a même pas de repère,
47:48j'ai l'impression qu'il n'a plus de repère,
47:50il navigue un peu,
47:52il est dans une toute puissance totale,
47:54et c'est ce qui lui donne
47:56ce côté arrogant qu'il n'est sûrement pas
47:58en vrai, parce qu'un membre de 9-3
48:00ne peut pas être arrogant au point
48:02où il l'est, donc à mon avis c'est plus de la maladresse.
48:04Et ma question, c'était ça,
48:06est-ce qu'il n'est pas plus maladroit
48:08qu'autre chose ?
48:10En tout cas, j'avais par moments
48:12un sentiment de compassion
48:14qui n'est pas condescendant,
48:16c'est vraiment compassion comme quand
48:18on peut ressentir
48:20la souffrance de quelqu'un entre
48:22les lignes. Et on avait envie qu'il nous le dise.
48:24Et on avait envie
48:26que lui-même
48:28l'assume en fait.
48:30Déjà, peut-être qu'il en soit conscient
48:32et qu'il l'assume. À un certain moment,
48:34je vous en ai parlé, Farid,
48:36effectivement en rentaine, ça m'a fait penser
48:38au film Birdman. Vous le connaissez,
48:40ce film, c'est le film d'Inari 2
48:42avec Michael Keaton. Et Michael Keaton
48:44a joué toute sa vie
48:46un super-héros Birdman.
48:48Or, il se trouve qu'il a aussi
48:50joué Superman. Et en fait,
48:52il habite ce personnage,
48:54il est obsédé par lui
48:56au point que ce personnage
48:58finit par le dévorer et le mettre en souffrance
49:00et à la fin,
49:02par lui coûter la vie. Donc évidemment,
49:04on espère que Kylian Mbappé
49:06rebondisse et retrouve
49:08son point d'harmonie. Mais je trouve
49:10qu'il y a quelque chose de
49:12très violent pour lui-même.
49:14Et à certains moments, je trouve
49:16que la souffrance filtrait.
49:18Manifestement, dans son rapport à l'équipe de France,
49:20il avait l'air très blessé
49:22et quand même, à certains moments,
49:24ça apparaissait. – Complètement ambiguë, parce que ça n'avait pas de sens.
49:26Il a livré une version qui n'avait pas de sens.
49:28– Là, le discours parfait
49:30se désarticulait un peu
49:32et une forme de vérité émergeait.
49:34Et aussi, il y a un autre endroit
49:36où ça émergeait, c'est quand il a parlé
49:38des parents en disant
49:40ne faites pas pression sur leur enfant.
49:42Et moi, je me suis demandé s'il ne parlait pas de lui
49:44aussi, d'une certaine façon. Parce qu'il a eu
49:46manifestement un milieu
49:48qui était une protection. Mais est-ce que
49:50maintenant, il n'y a pas une sorte
49:52de surprésence
49:54parentale
49:56qui prend la parole,
49:58qui parle de lui, qui donne des interviews
50:00et qui peut-être ne laisse pas
50:02la place, comme vous l'évoquiez tout
50:04à l'heure, à ce que des professionnels
50:06puissent intervenir auprès de lui
50:08s'il en a le souhait. – Finalement,
50:10Kylian Mbappé, est-il encore un joueur
50:12de football ?
50:14– Je pense que c'est…
50:16il l'est au plus profond de son désir.
50:18Et c'est bien ça
50:20qu'il doit… c'est ce retour
50:22à la source qu'il faudrait
50:24qu'il arrive à
50:26assumer
50:28et à réussir.
50:30C'est le retour à la source aux joueurs de football.
50:32– C'est ce qu'on lui souhaite. – Pourquoi pas même aller jouer
50:34un petit peu à Bondy, pourquoi pas ?
50:36– Il a déjà du mal
50:38à aller acheter une baguette de bain, il est harcelé.
50:40– Il faut un peu se mettre à sa place, voilà.
50:42– Oui, ça paraît compliqué.
50:44– Voilà, on attend.
50:46– Oui, il ne reviendra pas.
50:48– Tout ce qui est dit ici
50:50va dans le sens d'essayer
50:52de trouver un Kylian Mbappé qui se retrouve.
50:54Et c'est bienveillant.
50:56– Écoutez, on va être obligés
50:58de finir cette émission.
51:00On rappelle dans la tête de Zidane
51:02que c'est Sabine Calégary. – Toujours disponible.
51:04– Voilà, toujours disponible.
51:06Est-ce qu'on va avoir la chance d'avoir un jour
51:08un livre sur Kylian Mbappé ?
51:10Est-ce que c'est un projet ? Sabine, allez, faites-nous un scoop.
51:12– Dans la tête d'Mbappé.
51:14– Écoutez, ce n'est pas un projet.
51:16Je travaille à une biographie actuellement
51:18mais d'un acteur international.
51:20– Ah, on peut avoir le nom ou pas ?
51:22Non, il faut le dire après.
51:24Vous nous le direz en off.
51:26– Je vous promets, vous le saurez en avant-première.
51:28– Voilà, c'est gentil.
51:30Je vous remercie beaucoup d'être venu.
51:32– Merci à vous, c'était un vrai très bon moment.
51:34– Ah oui, oui, et puis vous êtes la bienvenue.
51:36Je vois que Philippe David, vous faites partie des meubles.
51:38Donc merci, merci du fond du cœur.
51:40Merci à Maxime, merci Farid.
51:42Merci Pierrot. – Merci, allez Monaco.
51:44– Merci, merci. – Allez Monaco ce soir.
51:46– Allez Monaco. Et on n'a pas fait le tour d'Europe
51:48mais bon, nos confrères vont le faire demain.
51:50– C'est pas grave, c'est pas grave.
51:52– Dans l'émission butfootballclub.fr avec Lionel Rousseau,
51:54Michel Boulin, Karim Zerebi, Jimmy Algerino,
51:56Monsieur Letelier,
51:58j'ai oublié son prénom, et puis nous on vous donne rendez-vous
52:00mercredi prochain sur Sud Radio.
52:02Vous pouvez nous retrouver sur la chaîne Sud Radio en podcast
52:04et sur Youtube.
52:06Et Maxime à la réalisation.
52:08– Merci Maxime. – A très bientôt, merci à tous.
52:10– Merci Sabine.