• il y a 9 mois
Avec Boris Bouchet, architecte

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##LA_VIE_EN_VRAI-2024-02-08##
Transcription
00:00 Adio, la vie en vrai.
00:02 La vie en vrai, notre rendez-vous avec les architectes ce matin.
00:06 Boris Bouchet, bonjour.
00:08 Bonjour.
00:08 Vous allez nous parler de la réhabilitation des logements, la rénovation, c'est particulièrement important.
00:15 Il y a beaucoup, évidemment, d'avantages.
00:16 Vous êtes architecte en Auvergne ?
00:19 En partie, oui.
00:20 Oui, en partie, parce que j'ai vu que vous avez fait vos études et que vous avez commencé à travailler du côté de Carmon Ferrand.
00:26 C'est ça, oui, je travaille, et j'enseigne aussi à Clermont.
00:28 Vous enseignez également à Clermont. On salue d'ailleurs au passage tous les Auvergniens qui nous écoutent.
00:32 Alors, est-ce qu'il faut privilégier la rénovation à la construction ?
00:36 Et à partir de quand, sur un chantier, justement, on se dit "Tiens, on va plutôt rénover plutôt que de construire, quoi ?"
00:42 Oui, il faut privilégier la réhabilitation.
00:46 Et pour le dire autrement, je pense que ma génération verra le moment où peut-être on ne construira plus de bâtiments neufs.
00:52 Peut-être que ce sera la loi qui le dira, ou peut-être que ce sera simplement le marché ou la planète.
00:57 Donc, effectivement, il faut privilégier la réhabilitation.
00:59 Pourquoi, justement, privilégier la réhabilitation plutôt que la construction ?
01:04 Parce que ça fait appel à beaucoup de matériaux que l'on va chercher un petit peu partout, c'est ça ?
01:09 Vous pensez à ça ?
01:10 Oui, en premier lieu, c'est bien pour la planète.
01:13 Parce que si on réutilise des bâtiments qui existent, déjà on commence par ne pas consommer de terres naturelles ou agricoles.
01:19 Vous savez, c'est la loisanne dont on parle beaucoup.
01:21 Ça, c'est la première chose. Ensuite, quand on a construit un bâtiment il y a quelques années, dizaines d'années, quelques siècles,
01:28 on a dépensé de l'énergie, du carbone, qu'on n'a plus à dépenser cette fois-là.
01:32 Donc, à nouveau, c'est bon pour la planète.
01:34 Et puis, il y a la question économique.
01:36 Et ça, c'est une chose qui est assez rigolote.
01:38 Si vous en parlez dans un repas de famille, vous demandez à votre grand-mère, à votre oncle, si c'est moins cher de réhabiliter,
01:43 tout le monde va vous dire "non, non, c'est pas cher, il vaut mieux faire du neuf, c'est moins cher".
01:46 Et en fait, c'est contre-intuitif.
01:48 C'est vrai que pendant des années, on disait "il vaut mieux raser et reconstruire, ça te reviendra moins cher".
01:53 Exactement.
01:54 Et en fait, c'est contre-intuitif. Mais c'est pas ça.
01:56 Alors, il y a quelques exceptions.
01:58 Si vous voulez transformer un bâtiment des années 60, de logement, en une piscine, un gymnase ou une usine,
02:03 bon là, c'est sûr, ça va vous coûter cher. Il y aura beaucoup de transformations.
02:05 Mais en réalité, et en particulier pour l'habitat, pour l'habitation, les maisons individuelles, l'habitat collectif,
02:10 qui sont des programmes qui s'adaptent bien à toute situation finalement,
02:13 réhabiter, c'est moins cher.
02:15 Une petite démonstration toute simple, quand on construit un bâtiment neuf, le coût du gros oeuvre,
02:19 c'est 30-35% à peu près d'un bâtiment. Un tiers.
02:22 Le cours le couvert, c'est presque deux tiers.
02:25 Donc vous voyez, quand vous héritez d'un bâtiment, même en mauvais état,
02:27 vous avez encore un tiers du budget à dépenser pour faire des transformations,
02:31 réparer un plancher, ouvrir une grande fenêtre face à la vue, voilà.
02:34 Donc, au final, c'est souvent moins cher.
02:36 Oui, c'est vrai.
02:37 Et est-ce que d'ailleurs, puisque vous êtes architecte et technicien,
02:41 on fait une différence entre de la rénovation et de la réhabilitation ?
02:45 C'est les deux termes qui se rejoignent ou pas ?
02:47 Oui, on pourrait trouver des définitions.
02:50 Aujourd'hui, on va parler de...
02:52 On a un peu changé, on aime bien les architectes, on aime bien changer les mots.
02:55 On va parler de transformation, ou de logique de réparation.
02:59 C'est-à-dire, on hérite de situations qui ne sont pas parfaites,
03:02 qui ont eu des problèmes d'organisation, technique,
03:05 il fait un peu froid, il ne s'est pas bien isolé,
03:07 il y a de l'air qui rentre, c'est mal fichu, vous voyez.
03:10 Et on parle de réparation, comme si on réparait une voiture.
03:13 Oui, alors est-ce que la différence peut-être avec du bâtiment ancien,
03:17 c'est que pour le mettre aux normes d'aujourd'hui,
03:21 c'est-à-dire l'exposition, etc.,
03:24 pour avoir davantage de soleil, donc un petit peu moins de chauffage,
03:28 ça c'est peut-être quand même extrêmement difficile.
03:31 À partir de quel moment on détermine qu'il vaut mieux justement le rénover
03:35 plutôt que de construire à côté ?
03:37 À partir de quel moment ? C'est aussi un état d'esprit,
03:40 c'est-à-dire, et c'est un état d'esprit qui change.
03:43 Vous voyez, j'enseigne depuis 15 ans, il y a quelques années,
03:47 les étudiants, naturellement, construisent des deux neufs,
03:50 dans leur réflexion. Aujourd'hui, naturellement,
03:52 ils vont réhabiliter un premier dans leur réflexion.
03:54 Donc ça, c'est un changement d'état d'esprit,
03:56 qui vient chez tout le monde, les élus, les techniciens que nous sommes, etc.
03:59 Ensuite, il y a les questions techniques, vous avez raison,
04:02 il y a des bâtiments qui sont difficiles à transformer.
04:04 Mais au final, il faut quand même se dire un truc,
04:07 c'est que les gens qui les ont construits, ils avaient aussi,
04:10 ils ont réfléchi, ils ont fait attention, et ils faisaient en particulier
04:13 plus attention aux questions d'ensoleillement, aux questions d'orientation
04:16 face au vent, de vue, parce que tout simplement,
04:19 ils avaient des moyens techniques qui étaient un peu moindres par rapport à nous.
04:22 Donc souvent, il y a beaucoup d'intelligence préalable.
04:24 - Alors après, il y a une question derrière, quand on veut faire de la rénovation,
04:26 réhabilitation, c'est est-ce que ces bâtiments ou ces immeubles
04:30 sont faits pour durer ?
04:32 Ou est-ce que finalement, ils risquent d'être dépassés,
04:36 mis en danger, bien sûr ?
04:38 Les sols bougent, en fait, aujourd'hui aussi.
04:40 - Alors, on ne peut pas donner une réponse unilatérale,
04:43 ça dépend des années, entre un bâtiment du XVIIe siècle,
04:46 qui a pris l'eau pendant tout le XXe siècle,
04:48 un bâtiment des années 1960, un bâtiment encore plus récent,
04:52 il y a des grosses différences, évidemment.
04:53 Donc là, c'est là où le boulot de l'architecte,
04:55 des ingénieurs qui nous accompagnent, c'est de faire un diagnostic,
04:57 de comprendre ce qui va, ce qui ne va pas,
04:59 là où on a des gros soucis techniques,
05:01 au contraire, là où le bâtiment est en bonne santé.
05:04 Et on constate quand même, globalement,
05:06 les bâtiments sont en bonne santé,
05:08 parce qu'on est dans un pays où on a des réflexions techniques
05:11 poussées depuis très longtemps, finalement.
05:13 - Y compris à la campagne, parce que j'ai cru comprendre
05:15 qu'il y avait un débat.
05:16 Est-ce qu'on peut réhabiliter d'anciens bâtiments,
05:18 par exemple de fermes, les transformer en habitation ?
05:20 Vous, en tant qu'architecte, justement, qu'en pensez-vous ?
05:23 - Oui, il y a un gros enjeu à la campagne,
05:25 parce qu'il y a aussi beaucoup de bâtis qui sont vacants,
05:27 qui restent là, qui sont des endroits magnifiques,
05:29 qui se dégradent peu à peu.
05:31 Je prends un exemple.
05:33 Il y a quelques années, on a réhabilité une ferme,
05:36 une ancienne ferme, pour une commune,
05:38 pour faire trois logements sociaux,
05:39 dans un petit village de quelques dizaines d'habitants.
05:41 Au départ, la collectivité nous a laissé le choix.
05:44 Elle a dit "C'est vous les architectes,
05:46 vous pouvez soit raser le bâtiment, soit le réparer."
05:48 Nous, on était des jeunes architectes à l'agence à l'époque.
05:50 On a dit "Non, non, on fait du neuf, c'est plus rigolo."
05:52 Et puis en fait, en faisant les calculs,
05:54 en faisant les estimations, on s'est aperçu que c'était une bêtise.
05:57 Et donc on a changé d'avis, et en fait,
05:59 on a réhabilité ce bâtiment, on n'a fait aucune extension.
06:01 C'est un bâtiment en très mauvais état.
06:02 Le toit s'était envolé l'hiver d'avant,
06:04 une partie des murs a été effondrée.
06:06 Et malgré tout, on est arrivé à des coûts bien inférieurs.
06:08 - C'est ça qui est intéressant,
06:10 parce qu'il y a des coûts, il y a la question d'un facture.
06:12 Vous savez quel âge Boris Boucher ?
06:14 - J'ai 43 ans.
06:16 - Parce que vous avez dit, vous êtes justement
06:18 peut-être à l'intersection
06:20 entre les anciennes générations et les nouvelles générations,
06:23 qui portent donc la réhabilitation
06:25 plutôt que la construction pour l'architecture.
06:29 Merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio,
06:32 dans notre rendez-vous avec l'Ordre National des Architectes,
06:36 tous les 15 jours.

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