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Jeudi 19 décembre 2024, SMART BOURSE reçoit Bastien Drut (Responsable de la Stratégie et de la Recherche Économique, CPR AM) , Céline Piquemal-Prade (Présidente, Piquemal Houghton Investments) et Christian Parisot (Président, Altaïr Economics)

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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Céline Picmal-Prad est avec nous, présidente de Picmal Auton Investments.
00:16Bonsoir Céline.
00:17Bonsoir Grégoire.
00:18Christian Parizeau à vos côtés, économiste et président d'Altair Economics.
00:21Bonsoir Christian.
00:22Bonsoir.
00:23Et Bastien Druc qui nous accompagne également, responsable des études de la stratégie
00:26chez CPR Asset Management.
00:28Bonsoir Bastien.
00:29Bonsoir.
00:30Merci à vous trois d'être avec nous, ravi de vous retrouver.
00:32Nous entrons donc, la FED entre donc dans une nouvelle phase de son processus de recalibration.
00:37Voilà les mots prononcés hier par Jérôme Poel à l'occasion d'une réunion qui a
00:41un peu chahuté les marchés.
00:43Qu'est-ce qu'il faut en retenir ? Bastien, sur le message de la réserve fédérale américaine
00:47pour 2025 et comment est-ce qu'on fait le lien évidemment avec la réaction de marché
00:51qu'on a tous observé ?
00:52On pourrait dire énormément de choses.
00:54Alors on avait eu le pivot, on avait eu le pivot dans le pivot et maintenant on a le
00:57pivot dans le pivot dans le pivot.
00:58Donc le pivot…
00:59On dérive à chaque fois un peu plus quoi.
01:01C'était quand on passait des hausses de taux aux baisses de taux.
01:03Le deuxième pivot c'était quand on passait vraiment aux baisses de taux, que les baisses
01:07de taux étaient enfin arrivées donc il fallait qu'on attende pas mal de temps.
01:10Et le troisième pivot c'est que maintenant les baisses de taux, peut-être elles vont
01:13s'arrêter en 2025.
01:14Alors ce qu'il faut retenir c'est que c'est un grand flou des intentions de la
01:20FED pour 2025, même si évidemment les dots indiquent deux baisses de taux en 2025, deux
01:26baisses de taux en 2026 et une en 2027, on sent un vrai flou et…
01:32Un intervalle de confiance limité on va dire.
01:34Oui parce que la FED elle est bloquée par deux choses, c'est grosso modo ce qu'elle
01:38ressentit de la conférence de presse hier.
01:40La première chose c'est le coup d'arrêt à la désinflation, il est assez net, ça
01:45fait trois mois que l'inflation sous-jacente, le corps CPI par exemple, est bloqué à 3,3%,
01:50puis même si on prend un peu plus de champs de 6-9 mois, la baisse de l'inflation sous-jacente
01:55elle est maintenant très faible.
01:57Donc ça c'est la première chose, et là ils ont vraiment acté le fait que cette désinflation,
02:02il y a eu un coup d'arrêt.
02:03Et la deuxième chose c'est l'incertitude par rapport à ce que va faire la nouvelle
02:08administration.
02:09On parle beaucoup des droits de douane, mais il n'y a pas que les droits de douane, il
02:12y a aussi tout ce qui est relatif à la politique des dépenses publiques, aux baisses d'impôts,
02:20la dérégulation politique migratoire, donc l'incertitude par rapport à toutes ces politiques
02:24qui potentiellement peuvent avoir beaucoup d'impact à la fois sur la croissance et
02:27sur l'inflation, et des faits qui peuvent être contradictoires entre eux, fait que
02:32la Fed se dit « bon ben moi je vais attendre un petit peu de voir ce qu'il se passe…
02:35»
02:36Je pose le stylo quoi !
02:37Exactement, avant d'aller plus loin dans le cycle de baisse de taux.
02:40Donc même si l'état d'esprit c'est encore de rester dans ce cycle de baisse de
02:43taux, la Fed elle va être beaucoup plus prudente pour 2025 que ce qu'on a pu voir sur les
02:50trois derniers mois.
02:51Donc il y a désormais de nouveaux progrès sur l'inflation pour nous autoriser à continuer
02:55dans cette démarche de recalibration des taux, c'est le nouveau message de la Fed.
02:59C'est vraiment le nouveau trigger pour des nouvelles baisses de taux, c'est vraiment
03:04d'aller plus loin dans la désinflation.
03:06Et la réaction de marché, comme on explique l'ampleur des mouvements, parce que ce que
03:12vous dites là, j'allais dire on aurait pu le dire autour de cette table en tout cas
03:16avant la réunion de la Fed, donc si on peut le dire ici, j'imagine que plein de gens
03:20y ont pensé d'une certaine manière Bastien.
03:22Nous on avait anticipé que les projections d'inflation allaient être remontées, que
03:29les dots allaient être remontés etc.
03:30C'est plus dans le phrasé, c'est dans sa façon de communiquer à l'oral où on sentait
03:36que les choses étaient encore beaucoup plus floues que ce qu'ils peuvent mettre comme
03:41baisse de taux dans les dots, tout simplement à cause de ces grandes incertitudes.
03:45Donc là je pense que c'est en partie ça qui fait que la réaction de marché a été
03:49forte hier, la réaction de marché a été très forte sur les actions et sur les obligations.
03:53Et presque con comme n'y a pas, on aura peut-être l'occasion de le dire, mais on a vu Trump
03:57s'attaquer, dénoncer l'accord budgétaire de continuation, faisant remonter le risque
04:03de shutdown etc.
04:04Enfin j'allais dire éclairant le discours de Jérôme Poel avec un exemple parfait d'une
04:08forme d'incertitude que Trump pourrait générer dès aujourd'hui même sans attendre le 20 janvier.
04:12Oui donc la situation qu'on a sur le shutdown elle est assez délirante en fait, je ne vois
04:18pas comment le dire autrement.
04:20On avait un accord qui avait été négocié entre les démocrates et les républicains
04:24et tout le monde était d'accord pour que ça aille jusqu'au bout, pour que le gouvernement
04:29soit financé jusqu'au 14 mars et Elon Musk a commencé à critiquer cet accord en partie
04:35en critiquant des éléments qui n'apparaissent pas dans ses lois de financement de court
04:38terme.
04:39Et il dit par exemple le fait que le salaire des parlementaires soit augmenté de 40% c'est
04:46tout à fait anormal alors que ça n'est pas dans le projet de loi.
04:50Il critique le fait qu'il y ait un financement pour l'Ukraine alors que ça n'apparaît pas
04:54dans le projet aussi et là on bascule dans une sorte d'incertitude et un peu de chaos
04:59politique qu'on ne connaît pas bien parce que quand on commence à critiquer des trucs
05:02qui n'existent pas, on ne sait pas forcément comment les choses vont s'agir.
05:05On a mesuré le poids d'Elon Musk hier peut-être dans le paysage parlementaire américain.
05:11Oui tout à fait parce qu'il y a Elon Musk qui a déjà annoncé qu'il financerait des
05:18concurrents pour les primaires républicaines si les députés et les sénateurs républicains
05:23ne votaient pas comme ils le souhaitaient.
05:25Bon qu'est-ce que tout ça vous inspire Céline ? Le facteur Trump en tant que stock picker
05:32qu'est-ce que ça change ou pas pour vous ? Et puis sur la réaction de marché d'hier
05:37on a vu quand même plus de 3% de baisse sur le Nasdaq, c'était plus de 4% de baisse
05:41sur les small caps américaines.
05:43Qu'est-ce que ça nous dit de la situation de ce marché américain qui a tout aspiré
05:47depuis deux ans ?
05:48Ça confirme effectivement comme le soulignait à l'instant Bastien qu'on a plus d'incertitudes
05:54aujourd'hui qu'hier et que ça arrive à un moment où, comme vous l'avez souligné
05:59à l'instant, tout le monde est déjà positionné sur ce marché américain.
06:02On a une euphorie qui est inégalée.
06:05On a dépassé le niveau d'optimisme sur les Etats-Unis de 2000.
06:09Vous le mesurez à quoi ça ?
06:11Quand on regarde, vous avez des indicateurs qui combinent le VIX, la valorisation de marché
06:17et le niveau de bullishness, le ratio boulevers des investisseurs.
06:21Si vous combinez les trois, vous êtes au-dessus de 2000.
06:24Alors on a vécu 2000, on se souvient que c'était quand même assez frénétique et
06:28on a tendance à se dire non non mais on n'y est pas encore.
06:32Et quand vous regardez ces indicateurs, en termes d'euphorie, on l'a dépassé.
06:35Donc ça veut dire qu'effectivement, quand vous êtes sur un marché euphorique, dans
06:39lequel vous avez beaucoup d'investisseurs particuliers aujourd'hui qui sont investis,
06:42qui sont convaincus que demain sera meilleur qu'hier et qui ont mis toutes leurs économies
06:46sur le marché, notamment par exemple sur des investissements comme le bitcoin, le moindre
06:51grain de sable fait déraper ou enraille la machine.
06:56Et deux baisses de temps en moins ?
06:57Un petit grain de sable, ça peut être rien du tout.
06:59Comme on l'a vu, ça peut être effectivement l'évolution des taux d'intérêt.
07:03Mais encore une fois, quand on est surchauffé, il ne faut pas grand-chose pour faire une
07:07sortie de route.
07:08Et c'est ça, à mon avis, qui risque de se passer de plus en plus au cours des séances
07:13à venir et au cours des mois à venir.
07:15On a trois risques majeurs, à mon sens.
07:17Le premier, c'est qu'effectivement, on risque d'être en pleine incertitude au niveau de
07:22l'évolution des taux d'intérêt et de l'inflation.
07:24Et ça, c'est quand même un gros risque parce qu'on parle de relancer la machine économique
07:28et la croissance à un moment où le chômage est faible.
07:30Donc, ça paraît paradoxal, à un moment où on a promis aux électeurs qu'on allait
07:34maîtriser l'inflation.
07:35Donc, on ne voit pas très bien comment tout ça va fonctionner.
07:37Donc, on a une incertitude majeure de ce côté-là.
07:39Après, on a une incertitude du côté des sociétés qui sont le plus valorisées aujourd'hui,
07:45dont on a souvent parlé.
07:46Mais les sociétés qui sont liées à l'intelligence artificielle, elles ont dépensé massivement
07:50au cours des dernières années.
07:51À quel moment est-ce qu'on peut être éventuellement surpris par les retours sur investissement
07:56qui ont été colossaux ?
07:57Donc, ça, ça peut être un grain de sable.
07:59Et puis, grain de sable, effectivement, comme on l'a vu hier, c'est les tweets de Donald
08:04Trump qui risquent…
08:05Et de Musk, désormais.
08:06Et de Musk.
08:07C'est deux fois.
08:08Il y a un double tir, maintenant.
08:09Donc, effectivement, quand on est avec des marchés qui sont très, très finement pricés,
08:16le moindre grain de sable peut peser.
08:17Je pense que c'est ça, la leçon.
08:18Et même si le fondamental reste bon.
08:20Parce que moi, ce que je retiens toujours, c'est quand même si la Fed se montre plus
08:24prudente sur d'éventuelles baisses de taux, oui, il y a l'incertitude, il y a plein
08:27de choses.
08:28Mais il y a fondamentalement, quand même, une reprise nominale, une croissance nominale
08:32américaine qui continue de surprendre.
08:34On a vu encore la révision du chiffre du troisième trimestre.
08:37Ça fait deux ans que la seule zone économique du monde qui offre des surprises positives,
08:41ce sont les États-Unis.
08:42Et on a envie d'imaginer que 2025 pourra s'inscrire encore dans cette lignée.
08:47Donc, il y a quand même une croissance nominale qui continue de carburer, d'une certaine
08:52manière.
08:53Mais moi, j'ai vécu 2000 et je ne me souviens pas qu'il y ait eu un ralentissement de la
08:55croissance avant le krach.
08:57Enfin, voilà, on l'a vécu.
09:00Ce fondamental-là, il ne doit pas exclure l'idée que...
09:02Après, on a refait l'histoire, mais le grain de sable, ça a été une publication de résultats
09:07de Cisco qui a entraîné une...
09:08Et puis après, la confiance est partie.
09:10Et après, on a eu un ralentissement économique, mais qui n'a pas été si marqué que ça
09:13par rapport à ce qu'on a vécu en 2008, finalement.
09:15Donc, sur la base de fondamentaux, on peut quand même avoir un problème financier à
09:18un moment.
09:19On a eu un problème, c'est faux.
09:20Je comprends.
09:21C'est à ce moment-là.
09:22Donc, après, évidemment, l'histoire ne se répète jamais exactement.
09:24Mais en tous les cas, ça ne veut pas dire, ce n'est pas parce que vous êtes dans un
09:27environnement de croissance économique que ça va forcément de concert avec un marché
09:31bon.
09:32Ça ne nous protège pas de tout quand on est sur les marchés.
09:33J'entends.
09:34Je ne crois pas.
09:35Christian, votre analyse de la séquence, là, Powell plus Trump slash Musk.
09:41Oui.
09:42Il y a plusieurs éléments.
09:43Moi, je pense qu'en effet, Powell, il n'a pas dit quelque chose de révolutionnaire.
09:46Il a dit en gros, on va être prudent.
09:48Donc, on pourrait dire, et tout le monde était d'accord qu'il allait dire ça.
09:51Je pense que ce qui a marqué les marchés, c'est plusieurs choses.
09:53La première chose, c'est les prévisions.
09:54Et ça a beaucoup réagi sur le communiqué final.
09:56Et ce n'est pas le communiqué final, il y a quatre mots de différence dans le communiqué
09:59final par rapport au précédent.
10:00Donc, ce n'est pas le communiqué, c'est les prévisions qui ont été publiées en
10:04même temps.
10:05Et on s'aperçoit de plusieurs choses.
10:06D'une part, ce que nous disent les membres du FOMC, c'est qu'ils ont relevé ce qu'on
10:09appelle le taux neutre.
10:10C'est-à-dire qu'il est à 3 %.
10:11Et ça fait le deuxième trimestre consécutif qu'ils relèvent ce taux neutre.
10:15Alors, vous allez me dire pourquoi c'est important.
10:17C'est-à-dire qu'on aura minimum la banque centrale qui ne va pas descendre en dessous
10:21des 3 % maintenant.
10:22Donc, quoi qu'il arrive, on noblitère la possibilité de baisse des taux pour l'année
10:26prochaine.
10:27Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que toutes les valeurs technologiques, ce sont
10:30des valeurs où on veut substituer du capital au travail.
10:33C'est-à-dire que quand vous faites de l'IA, l'IA, c'est énormément d'investissement
10:36en capital.
10:37Qu'est-ce qui fait la rentabilité de votre capital ? C'est que le coût du capital
10:40n'est pas cher.
10:41À partir du moment où je vous dis que le coût du capital va être beaucoup plus cher,
10:44ça réagit assez négativement.
10:46Première chose, on s'est dit qu'il y aura moins de baisse de taux, mais surtout, le
10:49taux neutre est beaucoup plus élevé et ça, ça remet en cause.
10:52Et ce n'est pas pour rien que ce sont les valeurs technologiques qui ont le plus souffert.
10:54Je sais, ça est plus cher, mais c'est aussi une logique de rentabilité puisque un coût
10:58du capital plus élevé, ça veut dire forcément moins de profit.
11:00Deuxième chose qui a fait réagir les marchés, c'est la révision très forte à la hausse
11:04des attentes d'inflation pour l'année prochaine.
11:07Et ça…
11:08Le Corps PCE passe de 2,2 à 2,5 dans leurs prévisions, c'est ça.
11:11Et ça, c'est important quand même parce que M. Powell a avoué que certains membres,
11:17dans leurs prévisions d'inflation, avaient intégré la politique de M. Trump.
11:20Commençait à intégrer, à mettre un petit bout de Trump dans leurs prévisions.
11:25Il est plus prudent parce qu'il a dit, on ne sait pas trop bien, on fait tourner nos
11:28modèles.
11:29Bon, il noie le poisson.
11:30Mais ça prouve qu'il y a un petit graphique qui est intéressant dans les publications
11:34de prévisions de la Banque Centrale, c'est qu'on a le graphique qui montre les incertitudes
11:38qu'estiment les membres sur leurs prévisions.
11:40Et la partie inflation était plutôt en baisse en septembre et c'est reparti à la hausse.
11:45Donc ça veut dire que, d'une part, ils pensent que potentiellement il y a plus d'inflation
11:49l'année prochaine.
11:50Et deuxième chose, que potentiellement, ils peuvent encore plus se tromper que les fois
11:54d'avant.
11:55Donc ils ont moins de…
11:56L'intervalle de confiance est de plus en plus réduit.
11:57Voilà.
11:58Donc ça veut dire qu'ils vont être très prudents et donc ça veut dire qu'ils ne
11:59seront pas très agressifs et donc ça ne rassure pas les marchés.
12:03Et puis, dernier élément qui est quand même important, c'est qu'ils nous disent que
12:06la croissance américaine va être au-dessus de sa croissance potentielle, qui est estimée
12:10à 1,8 sur les trois prochaines années.
12:12Quand je vous dis ça, ça veut dire que je ne vais pas être très agressif dans ma baisse
12:15des taux puisque tout va bien dans les trois prochaines années.
12:18Quoi qu'il arrive, la croissance américaine va être forte, au-dessus de son potentiel.
12:21Donc ça veut dire que ça peut créer de nouveau des tensions sur le marché du travail, que
12:25ça peut créer, quelque part, une inflation qui ne va pas reculer.
12:28Donc quand vous avez ces trois messages combinés, j'ai moins de baisse possible parce que j'ai
12:32remonté mon taux neutre, j'ai une inflation qui est plus forte et la croissance va rester
12:36forte, ça veut dire que vous n'aurez pas le soutien de la Banque centrale.
12:38Et n'oubliez pas, encore une fois, ça veut dire des taux d'intérêt beaucoup plus élevés
12:42et ça, la bourse en est très sensible par rapport à la thématique de Granny-Fermand.
12:45Donc c'est le poutre qui s'éloigne un peu, là, c'est ça ?
12:47Voilà.
12:48Et surtout sur des valeurs qui sont aujourd'hui très valorisées, qui ont besoin de taux
12:51d'intérêt très bas.
12:52Et c'est ça qui est très important, qu'il faut avoir en tête, c'est que toute la hausse
12:54de Wall Street, c'est l'idée, je vous prends juste le cas le plus extrême, il y a certains
12:59économistes américains qui disent « Trump peut faire ce qu'il veut sur l'immigration,
13:02de toute façon, on va remplacer l'immigration par l'IA ». Et donc, je dis des visions
13:07extrémistes, je le fais volontairement caricatural, mais parce que bon, je pense qu'à Starbuck,
13:11ça va être difficile d'avoir une IA qui vous sert à Starbuck.
13:14Mais en tout cas, je dis juste qu'il y a beaucoup de personnes qui pensent qu'avec
13:18la dérégulation, avec l'idée de taux bas et de la dérégulation qui va permettre
13:22une substitution majeure de ce progrès technologique de l'IA, on va avoir une économie américaine
13:27qui va avoir des gains de productivité énormes.
13:29Si il n'y a pas les gains de productivité, tout votre modèle de valorisation de toute
13:34la valeur ajoutée que pourrait apporter l'IA tombe immédiatement.
13:37L'IA, c'est très cher, ça coûte très cher et il faut avoir cette rentabilité,
13:41cet effet de productivité pour amortir.
13:43Et donc, tout le modèle qui a été de jouer l'IA depuis toute cette année peut s'écrouler
13:47si on n'a pas ça.
13:48Donc, on voit que le modèle est très sensible à quelques paramètres et les taux d'intérêt
13:51en font partie.
13:52Bon, après Nvidia, que les taux soient 3 ou 4, j'ai l'impression qu'ils vivent quand
13:56même leur vie un peu…
13:57Si Microsoft qui a acheté énormément de puces Nvidia voit qu'il n'y a pas un retour
14:04sur investissement lié à ça ou que c'est beaucoup moins positif, il va très vite ralentir
14:10ses commandes à Nvidia.
14:11Donc, ça jouera à terme aussi sur Nvidia.
14:13C'est vrai qu'Nvidia est un peu rebaissée là.
14:15C'est Bradcom, c'est l'effet Bradcom.
14:17C'est l'effet Bradcom, la concurrence qui a réussi ça ?
14:19Non, c'est parce que Bradcom travaille pour les GAFAM, produit des mémoires large bandes
14:26qui sont très utilisées pour les puces d'intelligence artificielle.
14:29Et comme aujourd'hui Microsoft et compagnie veulent faire leurs propres puces, il a indiqué
14:33qu'il avait une croissance très forte l'année prochaine avec ses capacités et les gens
14:37ont arbitré Nvidia par rapport à Bradcom qui était en retard de revalorisation.
14:40Mais ça s'est fait en cinq séances.
14:42On a la valorisation de Nvidia maintenant sur Bradcom.
14:44Donc, il n'y a plus rien à faire.
14:45Ça s'est fait assez rapidement.
14:47Un mot de la Fed et du reste du monde pour la Banque Centrale Européenne notamment.
14:52Ça veut dire qu'il va falloir assumer un écart beaucoup plus large que ce qu'on imaginait
14:56peut-être entre les taux directeurs américains et nos taux directeurs en zone euro, qu'on
15:01est prêt à se prendre là les tweets de Trump qui va nous accuser de manipuler la devise,
15:05l'euro, etc.
15:06Tout ça, on l'a déjà connu une première fois.
15:07Je crois que c'est l'une des conséquences d'hier, c'est une plus grande divergence
15:12entre la BCE et la Fed.
15:14La Fed réagit à l'incertitude en disant, comme on disait tout à l'heure, je pose le
15:18stylo et on verra bien ce qui se passe et peut-être que je baisserai encore les taux.
15:22La BCE réagit à l'incertitude politique en disant les perspectives se dégradent donc
15:27je vais continuer à baisser les taux et là, il y a au moins les quatre prochaines baisses
15:31de 25 jusqu'à juin.
15:33Donc, ça crée clairement une divergence entre la Fed et la BCE, ce qu'on a pu voir
15:39hier et ça s'en ressent directement sur la devise.
15:42L'euro dollar qui a tout de suite baissé assez fortement.
15:45Plus de 100 pipes, bien sûr.
15:47C'est en dessous de 1,04.
15:49Voilà.
15:50Donc oui, clairement une plus grande divergence entre la Fed et la BCE.
15:55Qu'est-ce que ça change sur le marché américain ? Je ne sais pas aujourd'hui ce qui vous intéresse
16:00dans l'univers action globale, qui est votre univers d'investissement, Céline.
16:05Est-ce qu'il y a déjà une manière de redécouvrir des parties du marché américain qu'on a
16:10peut-être laissé de côté ces dernières années ou est-ce que c'est ailleurs carrément
16:15qu'il faut aller regarder aujourd'hui ?
16:17Alors moi, je pense concrètement qu'il faut regarder ailleurs.
16:19C'est-à-dire que les États-Unis représentaient 35% d'un indice action international en 2000,
16:28on va dire il y a 20 ans.
16:30Aujourd'hui, on est à 67%.
16:33Le PIB des États-Unis n'est pas de 67% du PIB mondial, loin s'en faut.
16:39Donc, on a un ratio qui est très clairement supérieur à 2 entre le poids dans le marché
16:45boursier et le poids dans le PIB mondial.
16:47Donc ça, c'est un fait.
16:48Le marché américain a massivement surperformé les marchés mondiaux depuis maintenant 16
16:52ans avec des multiples de surperformance qui sont supérieures à 3.
16:56Donc, c'est dû jamais vu.
16:58Quand on regarde les États-Unis par rapport à ceux du monde depuis 100 ans, une telle
17:02surperformance, ça n'avait jamais eu lieu.
17:04Alors, tout ce qu'on sait aussi, c'est que quand on avait des surperformances historiques,
17:09derrière on avait une sous-performance pendant 10 ans.
17:11Enfin, c'est des cycles de long terme.
17:13Mais 16 ans de surperformance du marché et de façon aussi phénoménale, c'est exceptionnel.
17:18Donc, comme je le disais, ça va de concert avec l'euphorie dont on parlait tout à l'heure.
17:2164% des américains sont convaincus, enfin des investisseurs américains, que le marché
17:25va continuer à monter.
17:26On était à 30% en 2008.
17:28Et donc, cet exceptionnaliste, ce récit de l'exceptionnaliste doit nous alerter.
17:31Donc, quand on me demande où est-ce qu'il faut investir, en général, il est plus intéressant
17:36de ne pas aller retourner des pierres qui ont déjà été retournées beaucoup ou explorer
17:41énormément par de multiples analystes financiers et de multiples entreprises.
17:45Et ce qui est fascinant aujourd'hui, on parlait tout à l'heure de ce qui se passe en Europe,
17:50c'est qu'il y a beaucoup d'argent qui est investi sur les Etats-Unis et très peu qui
17:54est investi dans le reste du monde, que ce soit l'Europe, l'Asie, les pays émergents,
17:58et qu'on a une banque centrale, comme on le disait à l'instant, qui est en train de serrer
18:03un petit peu les cordons de la bourse aux Etats-Unis, un dollar qui est fort.
18:06Les deux, ça veut dire que vous avez une contraction de la liquidité et historiquement
18:10sur les marchés financiers, on dit que vous devez suivre l'argent.
18:13Donc, on a eu beaucoup d'argent qui a été imprimé aux Etats-Unis, beaucoup de facilités
18:17qui ont fait qu'on a eu une liquidité qui a explosé aux Etats-Unis, ce n'était pas
18:21le cas ailleurs.
18:22Aujourd'hui, à l'inverse, on a une banque centrale européenne qui est en train de dire
18:26qu'il faut qu'on lâche un petit peu et un euro qui est plus faible.
18:30Donc, à l'inverse, on a une liquidité qui est plus abondante en Europe qu'aux Etats-Unis
18:35et on n'a pas parlé de la Chine, mais c'est quand même, à mon avis, quelque chose dont
18:38on va parler de plus en plus en 2025, mais on a également quand même un poids dans
18:44le PIB mondial important qui vient de la Chine et la Chine qui dit je veux que la liquidité
18:49augmente, il faut absolument que je sorte de mon problème de déflation qui n'est pas
18:52du tout le même problème que les Etats-Unis.
18:53Qu'est-ce qui peut déclencher la rotation, c'est-à-dire sur l'Europe par exemple ? Qu'est-ce
18:57qui peut permettre à des investisseurs globaux, je l'entends tout à fait, qui sont gavés
19:02de dollars et d'actions américaines comme jamais, qu'est-ce qui peut leur donner envie
19:06d'aller investir en Europe quand on leur explique que c'est le grand vacuum politique,
19:11que l'Allemagne n'a pas encore élu ni trouvé sa prochaine coalition, je ne parle même
19:17pas de la France, quand on nous dit que toutes les projections et que les risques sur la
19:21croissance sont encore orientés à la baisse comme nous l'a répété encore Christine
19:25Lagarde il y a une semaine, quelle va être l'étincelle, alors il y a la valorisation
19:29bien sûr, mais quelle va être l'étincelle qui peut quand même redéclencher une dynamique
19:32de flux et ramener des acheteurs marginaux sur nos marchés à nous en l'occurrence ?
19:37L'étincelle, on ne va pas pouvoir l'anticiper, ce qu'on sait par contre, c'est que pareil,
19:42les grands adages, on a le coutume de dire que les marchés haussiers naissent dans le
19:46pessimisme, ils croisissent dans le scepticisme et qu'ils meurent dans l'euphorie, donc on
19:50a bien conscience de cet écart, donc effectivement ce qui se passe en général c'est que vous
19:54avez un marché dans lequel tout le monde est extrêmement négatif et vous avez des
19:58nouvelles qui sont moins mauvaises qu'attendues sur un marché qui est survendu, donc c'est
20:03ça qui vous permet de sortir un peu de l'ornir au fur et à mesure et à l'inverse vous avez
20:07un marché dans lequel tout le monde est déjà positionné, qui est en positionnement de
20:10fourrure et un petit grain de sable qui vous fait des sorties de route, donc aujourd'hui
20:16le petit étincelle peut venir à mon sens de plusieurs éléments, bien entendu la liquidité
20:20plus importante en Europe, la liquidité plus importante en Chine, des bonnes nouvelles
20:24du côté de la guerre parce que si la guerre s'arrête en Europe, ça va être positif
20:28pour le marché de l'énergie, et ça le monde regardera à nouveau l'Europe avec des yeux
20:31peut-être un peu différents.
20:32En tous les cas ça nous a quand même beaucoup, ça a été extrêmement négatif, donc il
20:36y a un élément négatif qu'on va enlever potentiellement en 2025 et puis on a parlé
20:41tout à l'heure de ce qui se passait, l'incertitude politique, mais si on a une coalition en Allemagne
20:46qui dit on arrête de s'intéresser à la cohérence budgétaire, ça va quand même
20:50un petit peu changer la donne en Europe, donc on peut avoir des petites choses qui arrivent
20:56de l'autre côté de l'Atlantique dans cette année 2025.
20:58Comment vous abordez l'investissement en Europe ? Est-ce qu'il faut se poser la question
21:03des tailles d'entreprise ? Est-ce que c'est intéressant d'aller chercher des tailles
21:06d'entreprise peut-être moins importantes ? Est-ce qu'il y a des styles à choisir entre
21:12la partie croissance, la partie value ? Est-ce qu'on a envie d'aller chercher les gros moteurs
21:17des dernières années type le luxe ou de s'intéresser à d'autres secteurs qui ont été moins
21:22en vogue ces dernières années ?
21:24Moi j'aurais eu tendance plutôt à aller chercher des sociétés qui ont été délaissées,
21:29qui vont profiter, on parlait effectivement, s'il y a beaucoup de croissance aux Etats-Unis,
21:33qu'on a une croissance un peu meilleure en Chine, vous pouvez avoir des sociétés industrielles
21:38qui sont dans une bien meilleure posture que ce qui était anticipé par le marché.
21:41Donc il faut, à mon sens, s'intéresser à des sociétés qui ont un avantage compétitif,
21:46qui sont délaissées, qui sont positionnées en Europe et qui peuvent très bien se distinguer
21:48dans ce nouvel environnement.
21:49Bon, sur la domination des actions américaines qu'on a observé jusqu'à présent face au
21:53reste du monde, comment est-ce que vous voyez se profiler l'année 2025 sur le plan de
21:57la dynamique des marchés ?
21:58Alors, le gros problème, c'est vrai que je suis d'accord, la bourse américaine a
22:02un poids beaucoup trop important.
22:04Alors, seul bémol, je mets très attention, sur la bourse américaine, il n'y a pas que
22:07des entreprises américaines, il y a beaucoup d'entreprises étrangères maintenant qui
22:10se cotent, ça joue aussi, c'est comme si on disait que le CAC 40 ne représente que
22:16l'économie française.
22:17Mais c'est vrai que ce qui m'inquiète le plus, ce n'est pas le poids de l'économie,
22:22ce n'est pas le poids de la capitalisation de la bourse américaine, c'est le fait qu'on
22:25a concentré tous les paris sur quelques thématiques.
22:28Parce que ce que vous regardez aujourd'hui, vous avez une valorisation qui est élevée
22:31en moyenne sur la bourse américaine, mais vous avez des écarts de valorisation qui
22:35sont monstrueux.
22:36Vous avez des valeurs américaines qui ne sont pas chères aujourd'hui, qui ne sont
22:39vraiment pas chères.
22:40Oui, il y a toute une partie du marché, effectivement.
22:41Qui est complètement délaissée, ce qui montre bien que le risque que vous avez aujourd'hui
22:45sur la bourse américaine, c'est un risque, on s'essouffle sur des thématiques qui ont
22:50été porteuses.
22:51Les GAFAM, l'intelligence artificielle.
22:54Je peux vous dire qu'il suffit qu'un jour Microsoft dit « on s'est trompé dans les
22:57investissements autour de l'intelligence artificielle, on en a fait un peu trop » ou
23:01alors « il n'y a pas le retour sur investissement, les clients ne nous suivent pas ».
23:04Je vous prends juste un exemple, on a eu une publication qui a déçu, qui est Adobe.
23:10Adobe qui certes met de l'intelligence artificielle dans ses logiciels, mais l'intelligence
23:15artificielle est beaucoup plus concurrencée par d'autres concurrents.
23:17Ça leur pose un problème parce que comme les logiciels Adobe coûtent plus cher, les
23:21clients en prennent beaucoup moins, que ça tue son marché des photographes, parce qu'aujourd'hui
23:26on prend l'intelligence artificielle plutôt que les photographes et les photographes achetés
23:28des logiciels Adobe.
23:29Donc, in fine, Adobe est en position de difficulté.
23:33Ils sont obligés de mettre l'intelligence artificielle à cause de la concurrence, mais
23:35c'est très très négatif sur leur chiffre d'affaires.
23:38Donc, je prends un micro exemple.
23:40Non mais ça fait disparaître une partie de l'activité historique d'Adobe.
23:44Ça prouve que ce n'est pas forcément gagnant.
23:46Net, net, je veux mesurer ça net, net.
23:48Voilà, c'est forcément gagnant pour celui qui fait le serveur, qui fait la puce.
23:52Ok, mais ça, ça a été joué, surjoué, alors donc ce n'est plus la peine.
23:55Surjoué ? Je ne sais pas, Nvidia, on me dit que c'est moins cher en fin d'année qu'en
23:59début d'année.
24:00Oui, oui, oui.
24:01Si vous me dites qu'ils maintiennent les taux de croissance sur les 20 prochaines années,
24:06elle n'est pas chère.
24:07Après, ça dépendra.
24:08Sur 20 ans, c'est un peu compliqué comme pari.
24:10Non, mais c'est un peu ça le problème, c'est un peu ça le problème.
24:12Je suis entièrement d'accord qu'elle n'est pas chère au regard des taux de croissance
24:15qu'elle fait actuellement, mais tout le débat est là-dessus.
24:18C'est-à-dire qu'elle va faire une très bonne année l'année prochaine, elle a un
24:21quart de commande.
24:22Oui, mais ce n'est pas le sujet de 25.
24:23Mais voilà.
24:24Mais est-ce qu'en 2027, elle poursuit sur ce rythme-là ou pas ?
24:27Bon, parce que ce que vous dites, c'est est-ce que d'abord, ça offre une chance au marché
24:33européen ou est-ce que la première chance, c'est si les GAFAM et le TAMIA ont été
24:38surjoués, est-ce que l'investisseur global américain anglo-saxon n'aura pas tendance
24:42déjà à se retourner vers cette autre partie du marché américain qui n'a pas été jouée
24:46jusqu'à présent, laissant encore l'Europe de côté pour quelque temps ?
24:49Alors, c'est là qu'on peut avoir des mouvements assez violents, je pense, pour l'année prochaine.
24:53C'est d'une part, je pense que pour l'année prochaine, on va rester encore sur une bourse
24:57américaine solide, mais avec peut-être des rotations sectorielles qui vont s'accélérer.
25:00Et je pense qu'en effet, l'effet Trump va inciter les investisseurs à beaucoup mieux
25:05diversifier leur portefeuille sur la bourse américaine.
25:07On ne peut pas investir indéfiniment sur 3-4 valeurs et je pense qu'il va y avoir des
25:11arbitrages qui vont se faire.
25:13Donc, je pense qu'il y aura un premier mouvement et ensuite, effectivement, je pense que lorsqu'on
25:17va avoir le risque politique en Europe qui s'éloigne un petit peu, il y aura de nouveau
25:21une surperformance de l'Europe par rapport aux Etats-Unis puisqu'on va se dire qu'on
25:24a quand même largement tout joué sur les Etats-Unis et il n'y a pas forcément un
25:27potentiel si fort parce que même la politique de M. Trump, on l'a tous compris, il y a des
25:32choses très positives pour les marchés, mais il y a des choses très négatives.
25:35C'est-à-dire que si c'est très positif pour la croissance américaine, ça sera très
25:38négatif en niveau taux.
25:39Donc, il y aura forcément des arbitrages qui vont s'opérer et les taux américains,
25:43s'il fait vraiment tout ce qu'il dit, vous n'allez pas avoir des taux américains qui
25:46vont rester à 4,50.
25:47Vous pouvez largement dépasser les 5, voire même plus et donc l'effet, finalement, ne
25:51va pas être si positif que ça, in fine.
25:53Donc, oui, il y aura des arbitrages qui vont s'opérer et je pense qu'en effet, il y aura
25:57peut-être un regard bienveillant des investisseurs sur l'Europe.
26:00Le gros problème, c'est que je pense qu'il est un peu tôt aujourd'hui pour jouer ce
26:03mouvement-là.
26:04C'est une question de séquence et de timing alors ?
26:05Il y a une séquence de timing et je pense que le timing politique est trop incertain
26:09en Europe, encore aujourd'hui, et on achète encore de la sécurité et finalement, aujourd'hui,
26:15vu les visions qu'on a de l'économie européenne, on va encore acheter la sécurité de la croissance
26:20américaine.
26:21Donc, je dirais plutôt fin du premier trimestre qu'il faudra peut-être, à mon avis, jouer
26:24ce mouvement-là.
26:25D'accord.
26:26Sur cette idée, ce mouvement un peu tactique peut-être devant nous ? Qu'est-ce que vous
26:28en dites chez CPRM ?
26:29Oui, sur l'histoire de la rotation sectorielle aux Etats-Unis, ça devrait se matérialiser
26:34en 2025, mais je pense que justement, il est un peu tôt pour jouer ça et l'une des
26:39façons de voir ça, c'est quand on décompose le S&P 500 avec les M7 et puis les 493 et
26:46ce qu'on voit, c'est qu'à partir du moment où tout le monde avait monté avec l'élection
26:51de Trump et à partir du moment où Trump précise son programme de hausse de droits
26:55de douane, le S&P 493, c'est-à-dire 500 hors Magnificent Seven, baisse et les M7 montent
27:03de 10%.
27:04Donc là, il y a un écart sur, on va dire, une quinzaine de semaines qui est monstrueux,
27:11qui n'est probablement jamais vu, ou alors on va chercher le record, on n'est pas très
27:14loin du record avec le S&P 493 qui fait moins 2 et les M7 qui font plus 10 et ça, ça montre
27:23que la guerre commerciale peut quand même faire mal à une grosse partie des entreprises
27:29américaines et que là, les M7, dans leur ensemble, parce qu'à chaque fois, il y a
27:35des cas particuliers, etc., sont un peu moins en risque par rapport à ça.
27:39Donc, il faudrait qu'on ait dépassé le 20 janvier avec ce qui va vraiment le faire
27:47ou pas le faire ou enlever sa menace, etc., pour se faire une idée plus précise de comment
27:52peut se passer la rotation sectorielle aux Etats-Unis.
27:56Je crois qu'il y a une Fed régionale, je ne sais plus laquelle, qui a fait cette étude
27:59qui montrait que sous la première guerre commerciale 2018-2019, quand Trump tweetait
28:05pour annoncer des tarifs ou pour parler des tarifs, les actions américaines avaient plutôt
28:09tendance à baisser ces jours-là.
28:11Les jours où il oubliait de tweeter ou annoncer de nouveaux tarifs, les actions avaient plutôt
28:16tendance à monter.
28:17Mais ça, on l'a regardé, c'est vrai sur les taux, l'on, c'est vrai sur les actions
28:22et donc toutes les menaces de droite douane, ça faisait baisser les taux longs et ça
28:28faisait baisser les actions.
28:30Et puis quand il suspendait ces menaces, on avait les faits inverses.
28:33Et donc ça, c'est quelque chose qui était très très clair en 2018-2019.
28:37Et puis la Chine, donc Céline, on a parlé de l'Europe avec vous, la Chine aussi, il
28:42y a un cas d'investissement qui retrouve de l'intérêt pour 2025 ?
28:46Je suis complètement convaincue Grégoire.
28:49Non mais même dans le cadre d'une potentielle guerre commerciale intensifiée.
28:52Je pense que ce qu'on a sous-estimé quand on parle de la Chine et on parlait tout à
28:56l'heure de l'industrie américaine, c'est à quel point ils ont investi.
29:00C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous avez le nombre de robots par employé, par millier
29:08d'employés qui est le plus élevé au monde.
29:10Ils sont 40% au-dessus des Etats-Unis, ils sont au-dessus de leurs voisins, notamment
29:15dans le Japon, alors que le Japon était quand même vu comme le leader dans la robotique
29:19mondiale.
29:20Donc, on est passé d'une économie, on va dire en 2000, à laquelle on allait sous-traiter
29:24de la manufacture grâce à une main d'oeuvre pas chère, à une économie aujourd'hui qui
29:30est tirée par des entreprises qui sont massivement automatisées, donc qui ont des coûts de
29:36production qui sont les plus faibles au monde parce que vous avez allié un avantage compétitif
29:42de taille avec un avantage technologique.
29:44Et ça, je ne suis pas sûre qu'on l'ait complètement intégré quand on parle de ces histoires
29:49de tarifs douaniers qui feraient qu'on n'aurait plus du tout besoin d'aller produire des
29:54produits.
29:55Ça leur fera moins mal.
29:56Ça leur fera moins mal.
29:57Mais voilà, je ne pense pas que ça va tuer, enfin que ça va permettre en tous les cas
30:02aux entreprises américaines demain, ou européennes, de faire la même chose au même prix.
30:07Ça va être beaucoup plus compliqué.
30:08Et c'est vrai qu'ils ont leur marché intérieur surtout, leur marché intérieur sur lequel
30:11ils peuvent être profitables.
30:12Ils ont un marché de taille sur lequel ils ont beaucoup de profitabilité et surtout
30:15ils ont investi.
30:16Ils ont investi massivement.
30:18En 2022, le pays qui investit le plus sur ces robots, c'est la Chine.
30:22Ils se sont préparés à ça.
30:24Il y a quand même deux leaders dans le monde sur l'intelligence artificielle.
30:26Évidemment, il y a les Etats-Unis, mais il y a quand même aussi sur la technologie la
30:29Chine.
30:30Ils ont, et pareil, quand on regarde le nombre de dépôts de brevets, quand vous regardez
30:34le nombre d'ingénieurs qui sont formés par an en Chine par rapport aux autres pays dans
30:38le monde, c'est le pays qui forme le plus d'ingénieurs spécialisés, notamment en
30:43industrie.
30:44Et il y avait des graphiques qui montraient que malheureusement pour nous, en Europe,
30:48on a un peu perdu le fil.
30:49On a arrêté de former des ingénieurs, donc c'est un petit peu compliqué aussi d'être
30:52compétitif.
30:53Il y a le luxe, mais derrière, c'est l'herbe qui cache la forêt.
30:56Donc c'est un peu compliqué.
30:57Donc effectivement, il y a un avantage à mon sens des entreprises chinoises qu'on sous-estime
31:02qui est lié à la qualité et la solidité de leur avantage compétitif et qui me fait
31:06beaucoup plus penser quand même à l'avantage qu'avaient les sociétés japonaises dans
31:10les années 80 qu'à juste un pays manufacturier de sous-traitance classique.
31:18Donc ça, ça me semble très très intéressant et c'est encore le marché le plus compétitif.
31:23Le moins cher.
31:24Oui, c'est ça.
31:25Le moins cher.
31:26Donc vous avez des ingrédients quand même.
31:27Vous parliez tout à l'heure, c'est 3% de la capitalisation de la bourse mondiale.
31:3010, 8, 17% du PV mondial.
31:32C'est juste qu'il y a quelque chose qui ne colle pas complètement.
31:34À propos du Japon, comment vous regardez l'idée de la combinaison Honda, Nissan, Mitsubishi ?
31:39Alors, est-ce que Foxconn s'invitera dans le deal à travers Nissan ou autre ?
31:44Enfin, il y a quand même les grandes manœuvres.
31:47Alors, moi, j'ai beaucoup beaucoup investi au Japon.
31:49Oui.
31:50Ça représentait 30% d'un fonds Action Internationale à un certain moment.
31:54J'étais convaincue justement qu'il y avait des leaders comme Fanuc qui avaient un leadership
31:59unique au monde.
32:00Le problème, c'est qu'aujourd'hui, le monde a changé.
32:04On est en 2025, on n'est plus en 2007 ou 2008.
32:08Et l'avantage compétitif qu'avaient ces entreprises japonaises, c'est qu'elles vendaient à leur
32:14écosystème japonais, notamment le secteur automobile avec Toyota, et qu'ils avaient
32:18un leadership international.
32:20Aujourd'hui, vous avez un écosystème qui change, l'industrie automobile a évolué,
32:24on est passé à l'électrique, le leadership, il n'est pas au Japon.
32:27Il est en Chine avec BYD ou aux Etats-Unis, mais en tous les cas, il n'est pas au Japon.
32:32Donc cet écosystème de sociétés qui faisaient de la sous-traitance ou qui vous permettaient
32:37d'automatiser vos chaînes de production, elles se sont développées en Chine également
32:41et elles vont fournir leurs services aux sociétés chinoises.
32:45Donc ça, c'est une des raisons pour lesquelles aujourd'hui, je reste très sceptique, en
32:50delà de l'avantage compétitif qui vient du Yen, sur ces sociétés japonaises.
32:55Toute la combinaison et ce qu'on a pu lire hier donne quand même l'idée de quelque
33:00chose de très défensif, Christian.
33:02Oui, moi c'est trop malade qu'ils se mettent en sorte.
33:06Trois groupes qui essayent déjà, face à Toyota et Volkswagen, face à Tesla et face
33:11à BYD, leurs voisins.
33:12Non, je pense qu'il faut le reconnaître, mais les Allemands l'ont reconnu eux-mêmes,
33:17c'est que la Chine a pris une avancée très forte technologique dans les véhicules électriques.
33:21Nous, nous sommes plus compétitifs, le patron de Volkswagen l'a dit.
33:24Il n'y a pas qu'une question de coût, il y a un retard technologique et c'est ça
33:28aujourd'hui que payent les anciens groupes automobiles.
33:31On m'a dit hier, 90% des nouveaux véhicules vendus en Chine aujourd'hui, qui sont tous
33:40électriques, sont vendus par des constructeurs chinois.
33:42Ils ont pris leur marché et ce qui est surtout important c'est qu'ils ont réussi à avoir
33:48la partie logicielle, ce qui manque énormément aux constructeurs automobiles, lui y compris
33:52Allemands.
33:53Le smartphone sur roue, c'est eux qui l'ont, c'est pas nous.
33:56C'est eux qui l'ont et qu'on le veuille ou non.
33:57Et ce qui fait la valorisation de Tesla, c'est leur avancée technologique, pas au niveau
34:08des pneus, c'est au niveau du système d'exploitation et c'est pour ça que certains avaient même
34:13mis en avant que Tesla devrait plutôt vendre sous licence son système d'exploitation
34:16que faire des véhicules.
34:17A priori, Elon Musk n'a pas choisi cette stratégie.
34:20C'est un peu valorisé comme une boîte de logiciel, plus que comme un constructeur.
34:25On en est là, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, la vraie valeur ajoutée dans l'automobile
34:29c'est véritablement la partie logicielle qui a explosé parce qu'un moteur électrique,
34:33de toute façon vous n'avez pas de valeur ajoutée sur le moteur électrique.
34:36Contrairement au moteur thermique, tout le monde sait faire un moteur électrique.
34:40Donc ça sera vraiment cette partie-là et là ils ont une vraie avancée.
34:44Donc derrière, tous les autres constructeurs sont à la traîne et je dirais qu'il y a
34:49un élément qui est important dans la communication qu'a le gouvernement chinois et ça explique
34:52que la bourse chinoise ne réagit pas tant que ça à la peur de M. Trump.
34:56Parce qu'on pourrait dire que la Chine aurait pu baisser de 10% avec les menaces de hausse
34:59de droits de douane.
35:00C'était quand même des éléments assez négatifs.
35:02Mais à chaque fois qu'on a une mauvaise nouvelle sur les entreprises chinoises, on
35:05a tout de suite le gouvernement chinois qui dit qu'on va compenser maintenant par notre
35:08demande intérieure.
35:09C'est-à-dire que vous avez eu par exemple l'administration Biden qui a attaqué 104
35:14entreprises chinoises, notamment leur interdisant d'importer des technologies américaines
35:19autour de l'intelligence artificielle.
35:20Immédiatement, le gouvernement chinois dit qu'on va aider ces entreprises à se faire
35:25du lien américain et on va faire en sorte qu'elles ne soient pas pénalisées par les
35:28décisions de l'administration Biden.
35:29Et donc on a toujours, dès qu'on a eu, là depuis tout ce mois-ci, dès qu'on a une
35:33mauvaise nouvelle en provenance des Etats-Unis qui pourrait affecter la croissance chinoise,
35:37on a une volonté politique d'afficher ce marché intérieur et cette aide du gouvernement
35:42chinois.
35:43Donc je pense que l'année prochaine, ils n'ont pas le choix.
35:44Ils vont aider à plein leur économie domestique pour compenser le risque Trump.
35:48Donc Trump est un accélérateur.
35:50Ils délivreront.
35:51S'il faut vraiment délivrer, ils délivreront.
35:52Ils n'ont pas le choix.
35:53Ils n'ont pas le choix.
35:54On ne peut pas décevoir.
35:55On ne peut pas décevoir.
35:56Ils ont trop communiqué là-dessus.
35:57Et je pense que Xi Jinping, il a bien compris qu'il ne peut pas se permettre vis-à-vis
36:00de son peuple aujourd'hui de dire on a raté, on est sous la pression américaine et notre
36:06économie qui décline à cause de ça.
36:07Et en plus, dernière chose, n'oubliez pas, regardez simplement un indicateur, les profits
36:11des entreprises chinoises.
36:12Parce que Xi Jinping avait une politique de l'offre.
36:15Son idée, c'était je relance toujours en aidant les entreprises.
36:18Sauf qu'il a vu qu'avec la déflation qu'ils ont actuellement, ils ont une baisse des profits
36:22des entreprises.
36:23Ils ont moins de profits, c'est moins d'investissements et donc un retard technologique.
36:26Et donc là, ils ont concentré toute leur idée, c'est il faut relancer la demande
36:30intérieure et rétablir la profitabilité des entreprises pour maintenir notre avancée.
36:35Il faut relancer l'inflation quand on disait ça il y a dix ans, ce n'est pas parce qu'on
36:43le dit.
36:44Non, mais je pense que là maintenant, ils ont compris qu'il faut le faire.
36:46Je suis toujours fasciné parce que la Chine, c'est toujours une histoire très double
36:49face.
36:50C'est-à-dire que j'ai beaucoup de macroéconomistes qui me font des cas sur la Chine et on voit
36:53le dix ans chinois qui s'est effondré en 1975, etc.
36:57C'est dans 20 ans, c'est le Japon, c'est la grande déflation, le pic démographique
37:02est passé, etc.
37:03Donc l'histoire un peu catastrophique de la Chine qui n'arrivera jamais à devenir
37:07la première puissance mondiale sur le plan économique alors que c'était l'objectif.
37:12Et en même temps, on discute avec des investisseurs, il y a des segments hyper-booming, l'investissement
37:17logiciel, l'investissement tous les outils de la transition énergétique, etc.
37:22Donc il y a aussi des superbes histoires quand même qui sont dans cet ensemble chinois.
37:27Disons qu'une économie, de toute façon, et comme le marché américain par exemple,
37:31ce n'est pas monolithique, il y a plein d'éléments différents dans une économie.
37:36On a l'impression qu'on décrit une économie qui est dans un trou noir et en même temps,
37:41on voit la vague nous submerger d'automobiles, etc.
37:44Et on se dit, si ils sont dans un trou noir, comment est-ce que nous, on se laisse submerger ?
37:48L'énorme point noir, c'est le marché immobilier et ça, ça plombe globalement l'économie chinoise.
37:54En revanche, comme on le disait tout à l'heure, il y a eu des investissements dans les secteurs
37:58stratégiques qui ont été stratosphériques et qui ont été beaucoup plus forts que dans
38:03les pays occidentaux et qui leur confèrent maintenant des rôles de leaders dans vraiment
38:07beaucoup, beaucoup de secteurs.
38:09Donc il y a vraiment ce côté presque, comment dire, contradictoire, avec une économie qui
38:15est complètement plombée par l'immobilier et puis ce n'est pas vraiment parti pour
38:20s'améliorer franchement sur les mois qui arrivent ou sur les trimestres qui arrivent.
38:23Et puis d'un autre côté, ils sont super agressifs sur les secteurs stratégiques.
38:28Merci à vous trois d'avoir été les invités de Planète Ménarché ce soir pour ce tour
38:31d'horizon quasi final.
38:33Nous serons là évidemment encore demain pour la journée dite des quatre sorcières
38:37et puis on vous retrouvera bien sûr en 2025 dans Smart Bourse.
38:40Bastien Hendreux était avec nous, responsable des études de la stratégie de CPA Asset Management,
38:44Céline Picmal-Prad, présidente de Picmal Auton Investment, Cé-Christian Parisot, économiste
38:48et président d'Altair Economics.

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