Dans son édito du 02/12/2024, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]
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00:00Les deux questions s'emboîtent. On ne comprendra jamais la crise des finances publiques si
00:04on ne comprend pas qu'elle est directement connectée à la crise de l'immigration.
00:08Si on ne comprend pas que la hausse des dépenses en sécurité, par exemple, la nécessité
00:13de construire toujours de nouvelles places de prison, la nécessité de l'ensemble des
00:17services sociaux qui sont en fait les allocations sociales, tout ce qui est donné de l'état
00:21social pour les populations nouvelles et qui ont en effet de pompes aspirantes pour
00:25une bonne partie d'entre elles. Tout ça, c'est le lien jamais théorisé.
00:30La question de l'immigration sur les finances publiques, on l'a réduit à la question
00:32de l'AME, l'aide médicale d'urgence. Ce n'est pas sérieux. Ça dépasse largement
00:37ça, la question du poids de l'immigration sur les finances publiques. Puisqu'on détache
00:41les deux questions, on s'interdit de poser et la première et la seconde.
00:45Cela dit, distinguons les questions, la crise des finances publiques en elle-même en Occident.
00:50Elle est partout. Il n'y a aucune exception. Elle est peut-être plus poussée ici, mais
00:55encore là, encore là. On savait qu'un jour, ça allait craquer. Je pense qu'on savait
00:59un jour qu'un État qui dépense à ce point de l'argent qu'il n'a pas pour financer
01:03des catégories sociales qui menacent de faire la révolution à tout le moins par leur lobby,
01:07si on ne satisfait pas leur demande, on crée des conditions, si ce n'est pas d'une révolte,
01:12à tout le moins d'une crise profonde ou d'un effondrement fiscal, budgétaire, politique.
01:15Nous y sommes. Et que nos élites, leur seule réponse par rapport à cela, soit de dire
01:21de nouvelles taxes, de nouveaux impôts, il y a quelque chose d'un peu délirant. Je
01:25note que Marine Le Pen aujourd'hui a fait un tweet assez amusant en disant qu'elle critique
01:29la droite qui l'accuse d'irresponsabilité. Et qu'est-ce qu'elle dit? Elle dit globalement
01:33si la gauche avait proposé le même budget que le proposé aujourd'hui par Michel Barnier,
01:39la droite dirait c'est l'URSS qui est de retour. Mais puisque c'est proposé désormais
01:43par les centristes grisonnants rassemblés sous l'étendard Barnier, on nous présente
01:48ça comme un budget de responsabilité. Donc de ce point de vue, Marine Le Pen nomme un
01:52problème qui est bien réel. Ensuite, évoquons l'autre question qui est
01:56peut-être la plus importante en ce moment. On dit les oppositions sont irresponsables.
02:01Les oppositions sont irresponsables d'envisager la motion de censure. Il ne m'appartient pas
02:05de dire qu'il est irresponsable et qu'il ne l'est pas. Mais sur le fond des choses,
02:08on dirait une chose assez simple, les irresponsables sont ceux qui ont créé une telle situation
02:14budgétaire, une situation financière telle que le pays soit à un bris de fonctionnement
02:20politique au seuil de l'effondrement avec cela. Donc, on nous dit d'ailleurs les oppositions
02:26devraient s'unir. Elles doivent s'unir à tout prix. Mais est-ce qu'on se rappelle
02:30que ces oppositions, il y a quelques mois, une partie d'entre elles, le RN et compagnie,
02:34ont une collection de fascistes et peut-être de nazis. Dois-je comprendre qu'on nous explique
02:39aujourd'hui que la France ne peut survivre que si elle s'unit avec sa part fasciste et
02:44sa part nazie. Il y a de la rhétorique politique qui aujourd'hui s'effondre devant nous.
02:48Le discours sur le front républicain, regardez le paradoxe. Le front républicain dit qu'il
02:53faut à tout prix chasser ces gens-là et on va arriver au pouvoir en s'alliant avec
02:56France Insoumise et compagnie. Mais une fois qu'on est au pouvoir, ils veulent à tout
03:00prix la gauche radicale nous chasser du pouvoir et se mêler K.O. et on doit donc s'allier
03:05avec les gens qu'hier encore on maudissait. Il y a quelque chose qui tient plus ou moins
03:09là-dedans. Alors on comprend la position du RN là-dedans qui dit, hier vous nous crachiez
03:14au visage, hier vous nous traitiez comme des moins que rien, hier vous nous traitiez comme
03:18des déchets et aujourd'hui vous en appelez notre sens de responsabilité. Donc il y a
03:22deux positions pour le RN là-dedans. Il y a ces revendications qu'on peut entendre
03:26qui sont chacune d'entre elles qui a une portée technique qui a des effets sur la
03:29vie des gens mais au final on peut y voir aussi une partie qui dit vous avez tout fait
03:33pour nous empêcher de participer à l'exercice démocratique, vous avez tout fait pour nous
03:38empêcher de faire, le seul pouvoir qu'il nous reste c'est le pouvoir de vous défaire
03:43et de ce point de vue, nous participerons, nous aussi se distiller à la crise en créant
03:48la situation qui est la nôtre aujourd'hui.
03:50Oui, on l'a vu ce soir. Alors quels sont les scénarios possibles à partir de maintenant?
03:53Alors il n'y en a pas tant que ça.
03:55Qu'est-ce qui va se passer?
03:56N'étant pas de vain, on peut voir quand même ce qui se passe à court et moyen terme.
03:59D'abord la recherche d'un autre gouvernement mais il est un peu introuvable, convenons-en,
04:03à moins qu'on nous fasse le coup du c'est le retour de M. Cazeneuve figure attendue,
04:09M. Hollande premier ministre inattendu, on va avoir quelques jus de spéculation mais
04:13on sent que l'humeur populaire, l'humeur politique n'est pas là. Il y a le recours
04:18à l'article 16 qui est évoqué par certains, c'est-à-dire les pleins pouvoirs pour le
04:21président de la République. Je note que l'appel aux pleins pouvoirs d'un homme, peut-être
04:27qu'on va nous dire que c'est aussi ça l'État de droit. Il est possible qu'on va nous dire
04:29que l'État de droit c'est les pleins pouvoirs d'un homme désavoué par son peuple. Je suis
04:35persuadé que sur le service public, il serait capable de nous le dire et le monde nous expliquera
04:38que pour sauver la démocratie, il faut en finir avec le peuple qui empêche la démocratie
04:41de fonctionner. Bon, laissons ça de côté. Mais c'est une hypothèse qu'on doit considérer
04:45dans l'article 16.
04:47La question de la démission d'Emmanuel Macron dont on parle tant, est-ce que ça va arriver
04:51ou non, en ce moment, vous noterez que chaque fois qu'on parle de cette question, on le
04:53fait sur le mode de la spéculation psychologique. Il est trop orgueilleux pour démissionner
04:58ou alors on va dire, il en a marre, il veut faire un coup d'éclat, il va démissionner
05:01parce qu'il en a assez. Donc, on spécule sur la psychologie du président. Je note
05:06quant à moi, et je terminerai sur ça, que ce que l'on sent, que ce que l'on voit, c'est
05:11ce que Roger Caillois appelait le vertige. Roger Caillois, le grand philosophe, il dit
05:15qu'il arrive des moments dans une société où on n'a plus envie de trouver des solutions
05:19raisonnables, on n'a plus envie de s'entendre, on n'a plus envie de faire des compromis.
05:22La situation, c'est à ce point dégradée, elle est à ce point d'une situation de pourrissement
05:28qu'on veut des solutions « fermes ». Il y a une forme d'ivresse du chaos, de la tentation
05:33du chaos, de la tentation de tout jeter par terre pour voir ce que ça va donner.
05:37Et j'ai l'impression que si on cherchait à capter l'état d'esprit d'une bonne
05:41partie, non seulement de la population, mais même des forces politiques frappées du signe
05:46du maudit, la gauche d'un côté, la droite nationale de l'autre, eh bien, j'ai l'impression
05:51que cette ivresse du chaos, cette tentation de tout jeter par terre, est très vive et
05:56de l'autre côté, on a un pouvoir qui s'accroche à tout prix à ses privilèges oligarchiques
05:59en disant qu'il défend encore une fois l'état de droit. Tous les éléments sont rassemblés
06:03pour que ça aille encore plus mal dans quelques jours, quelques semaines.