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Dans son édito du 02/09/2024, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

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00:00Bien sûr, mais elle se met de l'avant, j'ai tout le respect du monde pour Mme Ségolène
00:04Royal, mais politiquement, elle sort de nulle part et elle nous dit « j'ai mon gouvernement,
00:09il m'appartienne déjà, le coup est là, donc je suis capable de m'imposer ». Et
00:12là on a vu finalement, on comprend que chacun voulait envoyer le signal qu'il était disponible.
00:16C'est une manière de rester dans le jeu politique.
00:18Sur le plan d'analyse politique, qu'est-ce qu'on voit ? On est à ce point dans un système
00:22désorganisé aujourd'hui que chacun croit pouvoir avoir sa chance.
00:26Chacun se dit « je peux y aller, c'est n'importe qui qui peut y aller, pourquoi
00:29pas moi ? ». Et si le test a traversé celui de l'ambition, j'ai l'ambition la plus
00:34grande.
00:35Et c'est ce que nous a dit Ségolène Royal, il y a un côté dégradé de la vie politique
00:38à travers ça.
00:39Parce que vous noterez, Charlotte le disait d'ailleurs la semaine dernière, chaque fois
00:43qu'on parle de ses candidats, on ne parle jamais de leur programme, jamais de leurs
00:47idées, jamais de leur philosophie, jamais des mesures qu'ils pourraient porter, jamais
00:51des grandes réformes qu'ils pourraient porter, on ne parle que d'un bal des prétendants.
00:55Et la politique est réduite ici à sa dimension de l'ambition personnelle.
01:00Moi aussi je veux occuper les palais de la République, moi aussi je veux mon petit poste
01:05à moi, je veux les avantages de la fonction.
01:07Au terme de cette carrière politique qui est la mienne, je veux ma récompense, je veux
01:11mon bonbon, je veux ma tignon.
01:12À défaut d'avoir les visées, mais ils se disent même dans leur esprit à ce moment-là
01:16« Emmanuel Macron est presque neutralisé, ce sera moi le vrai patron ».
01:18Donc c'est comme la politique réduite à la quête la plus ridicule du pouvoir.
01:23Avec une seule fonction, ils appellent « se lutter contre les extrêmes », traduisons
01:28« se méfier du peuple en colère ».
01:29Donc la seule fonction accordée, reconnue aux politiques aujourd'hui, au pluriel,
01:34les politiques, les politiciens, c'est d'être capable de contenir un peuple que
01:38l'on soupçonne d'insurrection, que l'on croit capable de s'insurger et de balayer
01:42l'ensemble de la classe politique.
01:44Et c'est à ce moment qu'on retrouve notre ami Thierry Baudet, la vedette du jour, peut-être
01:48la vedette des prochaines semaines, nous le saurons, qui est président donc du conseil
01:52économique et social.
01:53Un homme qui, on pourrait dire, si on a le souci de l'histoire des idées, qui a un
01:56côté très deuxième-gauche.
01:57Très deuxième-gauche, pourquoi ? Parce que le conseil économique et social, qui est
02:01globalement un machin dont on pourrait se passer et qui est sans intérêt véritable,
02:05qui relève du corporatisme le plus crasse, pour lui, c'est le lieu de la démocratie
02:09véritable.
02:10Il nous dit par exemple, M. Baudet, un référendum sur l'immigration, non, ça activerait,
02:16en fait, ça radicaliserait les tensions, ça créerait des tensions, ça créait des
02:20tensions dans la population et il faut être dans une logique de réconciliation plutôt
02:24que de tension.
02:25Donc, consulter le peuple sur l'enjeu le plus important pour l'avenir de la France,
02:30non merci, c'est une méthode divisive, nous dit-il.
02:33Mais au conseil économique et social, ce serait le lieu de débats plus apaisés parce
02:37qu'on peut rassembler toute une série d'organisations qui vont de la gauche la plus radicale à
02:41la gauche la plus modérée, qui se prennent pour le peuple et qui disent ensemble ce
02:45qu'ils souhaitent pour la France.
02:46Je note parmi les débats qu'ils ont organisés, parce qu'Emmanuel Macron a fait appel
02:50au conseil économique et social à plusieurs reprises ces derniers temps, notamment sur
02:54l'euthanasie.
02:55Donc, tous ensemble, on va se rassembler pour être capable de décider de ce qui a été
03:00déjà décidé avant, c'est-à-dire dans ce cas-là, la conclusion euthanasiste.
03:04Mais c'est intéressant parce que nous sommes devant un candidat potentiel qui lui-même
03:09discrédite la classe politique.
03:11Il nous dit « elle a échoué, il faut une autre figure ». La société civile, c'est
03:15l'avenir.
03:16La société civile, les corporatismes, il faut dire les choses, c'est l'occasion de
03:19se méfier du peuple à bien des égards.
03:22Il nous dit, c'est intéressant, vous avez entendu M. Fabius nous dire il y a quelques
03:26mois, quelques semaines même, si jamais le RN arrivait au pouvoir, nous serions, nos
03:31conseils constitutionnels, les gardiens de l'État de droit.
03:34Donc, si le peuple vote mal pour celui qui a un mauvais programme, ne vous inquiétez
03:38pas, nous sommes là.
03:40Mais M. Fabius avait un allié, et c'était M. Beaudet, qui dit dans la tribune il y a
03:45quelques semaines « si jamais le RN arrivait au pouvoir, si celle-ci devait entraver notre
03:51vivre ensemble, le gouvernement RN, fragiliser le cadre républicain et œuvrer contre l'intérêt
03:55de la nation, donc il est à ce que j'en comprends le définiteur, le conseil économique
03:59et social saurait s'emparer des bons sujets pour résister de fait à ce qui constituerait
04:05un danger pour la démocratie et l'État de droit.
04:08Donc, si le peuple vote mal pour des gens que M. Beaudet désapprouve, lui, à la tête
04:13du conseil économique et social, dont la légitimité est quand même quelque peu limitée,
04:18s'opposerait au choix du peuple au nom de la démocratie et de l'État de droit dont
04:23il se veut le gardien.
04:25Donc là, vous voyez que ça commence à ressembler, quand je disais la principale fonction de
04:29la classe politique aujourd'hui est de tenir éloigné un peuple soupçonné de populisme
04:33et d'extrémisme, on le voit ici dans toute une série de déclarations, c'est des déclarations
04:38sur ce qu'il appelle l'extrême droite aussi, c'est le même état d'esprit, il nous dit
04:42ça, c'est une déclaration intéressante, il cherche à comprendre les raisons du vote
04:45RN ou reconquête au monde des Européennes.
04:47Là, c'est qui ?
04:48Toujours M. Beaudet, c'est l'homme du jour, on va quand même lui donner la parole.
04:52Il est évident que dans les 40% de Français qui, lors des Européennes, ont porté leur
04:56soufrage dans l'escarcelle du RN et de reconquête, ne sont pas tous des racistes antisystèmes
05:02eurosceptiques et russophiles.
05:03Merci de le préciser, mais ce qu'on comprend de son propos, c'est qu'il nous dit ce sont
05:08des partis, RN et reconquête, qui sont des racistes antisystèmes eurosceptiques et russophiles.
05:14Je note que eurosceptique est dans la même catégorie que raciste.
05:17Je croyais que c'était légitime, eurosceptisme, mais qu'importe.
05:20Donc qu'est-ce qu'il nous dit ? Si vous êtes pour ces partis-là, consciemment, et pas seulement
05:24dans un vote de protestation désespéré, vous entrez dans la catégorie des ennemis
05:28de la République.
05:29Dès lors, on peut faire ce qu'on veut avec vous.
05:30Donc c'est une séquence intéressante où M. Beaudet se présente finalement comme le
05:34porteur d'une conception de la démocratie qui fait l'économie du peuple et qui peut
05:38même nous inviter à nous méfier du peuple.
05:41De ce point de vue, il sera à sa place.
05:43Dernière question, vous semblez dire, Mathieu Bocoté, que le choix du Premier ministre
05:50est peut-être moins important qu'on ne le laisse croire.
05:53Est-ce que je vous comprends bien ici ?
05:55Oui, c'est exactement ça.
05:56La ligne, en tant que telle, ce qu'on comprend, c'est que le programme, le grand programme
06:00qui est le nôtre, collectivement, il est fixé depuis un bon moment, les partis sont
06:06interchangeables, un est élu, l'autre est élu, mais globalement, c'est la même politique
06:10qui s'applique à des nuances près depuis un temps et sauf, sauf s'il y avait une vraie
06:13cohabitation, là, la fonction de Premier ministre aurait changé de nature.
06:17Donc trois cohabitations possibles avec l'ERM, ce ne sera pas le cas évidemment, avec la
06:22gauche radicale, ce ne sera pas le cas non plus, ou avec la droite, on pourrait dire
06:26classique radicalisante ou droite classique décomplexée qui existe.
06:30Si, imaginons que Laurent Wauquiez ou Nicolas Sarkozy dans Je ne sais quel contexte se soit
06:35emparé de Matignon dans les circonstances, il aurait imposé une cohabitation de l'intérieur
06:40à Emmanuel Macron.
06:41Mais puisque ces trois scénarios-là sont laissés de côté, qu'est-ce qu'on voit
06:45et on y revient?
06:46Eh bien, le Premier ministre appliquera globalement la politique qui est déjà là avec un petit
06:51cap à gauche, on a compris, c'est la demande qu'a fait Thierry Baudet, c'était raconté,
06:54il a dit « j'accepte la fonction, mais à condition de pouvoir donner un cap à gauche
06:58». Qu'est-ce que ça veut dire?
06:59Plus d'impôts, c'est vrai qu'il en manquait, plus d'immigrés, c'est vrai qu'il en manquait,
07:02plus de contraintes sociales et écologiques, c'est vrai qu'il en manquait, donc on comprend
07:06qu'il y aura un petit cap à gauche, et là c'est une espèce de piège tendue au
07:10NFP, il dit « regardez, vous l'avez votre programme, un Premier ministre de gauche
07:13qui se réclame d'un programme de gauche, mais qui par ailleurs est compatible avec
07:16la Macronie ».
07:17C'est le scénario idéal, à quoi devons-nous nous attendre s'il est nommé?
07:21Eh bien, à la continuité du même, toujours plus de contraintes européennes, toujours
07:25plus de contraintes pour la transition énergétique, toujours plus de régulation de la parole
07:29publique par les réseaux sociaux, toujours plus d'immigration, aucune réforme fondamentale
07:33de la justice dans un sens plus musclé, quelques mesures sociétales comme par exemple les
07:39soins de fin de vie, l'euthanasie et ainsi de suite, je crois que ça pourrait être
07:42une des grandes mesures qui distinguerait peut-être ce Premier ministre, mais au final,
07:46cette question, ça ramène, ça confirme le pouvoir d'Emmanuel Macron qui trouve un nouveau
07:50fondé de pouvoir dans les circonstances.

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