• avant-hier

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de si le gouvernement de Michel Barnier parviendra éviter la censure.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

Category

🗞
News
Transcription
00:00J'ai beaucoup parlé de l'esprit de responsabilité, j'espère que vous serez tous responsables ce soir sur ce plateau.
00:04Bien entendu.
00:05Avec un préfet, on ne peut que l'être.
00:07Un ancien préfet.
00:08Mais ils sont tous responsables, les préfets ?
00:10C'est leur fonction d'être très responsables.
00:13C'est comme le cœur du métier.
00:14Oui, c'est la responsabilité.
00:15D'accord.
00:16Alors est-ce que nos politiques sont responsables en disant à tout bout de champ que le gouvernement de Michel Barnier va tomber ?
00:20Le gouvernement de Michel Barnier va tomber.
00:22Alors, bizarrement, mon cher Louis Draxel, on va écouter quelques réactions de députés.
00:26L'Elysée vient de faire un communiqué, c'est assez surprenant, pour dire jamais Emmanuel Macron n'a dit que le gouvernement de Michel Barnier allait tomber.
00:34C'est surprenant, non ?
00:35Alors, c'est la première fois que moi je vois l'Elysée qui communique officiellement pour dire ça.
00:40Parce qu'il y avait un écho de presse, comme quoi le président aurait dit hier, le gouvernement de Michel Barnier va tomber.
00:46Ça traduit une forme de fragilité, parce que c'est inédit depuis 2017, en tout cas depuis le début du premier mandat d'Emmanuel Macron, on n'a pas vu ça.
00:53Donc, il y a une vraie inquiétude par rapport à tout ce qui est en train de se raconter,
00:57mais le cœur du sujet, c'est qui représente la principale menace aujourd'hui pour le maintien de Michel Barnier à Matignon.
01:04Est-ce que ce sont les députés Ensemble pour la République, présidés par Gabriel Attal, ou est-ce que c'est Marine Le Pen ?
01:11Ah, et alors vous avez la réponse, Louis ?
01:13Je vais essayer d'être le moins technique possible.
01:16Voilà, c'est parti pour 10 points.
01:17Non, non, non, réellement, demain, il y a une réunion de députés et de sénateurs qui doivent s'entendre sur le budget de la Sécurité sociale,
01:26puisque la version qui a été votée par l'Assemblée nationale n'est pas la même que celle du Sénat.
01:30Et donc, dans cette commission, on appelle ça une commission mixte paritaire, 7 députés, 7 sénateurs,
01:36eh bien, le groupe qui est présidé par Gabriel Attal est travaillé par deux courants.
01:41Il y a une ligne qui dit qu'il faut laisser Michel Barnier faire passer son sujet de la Sécurité sociale,
01:47on n'est pas d'accord avec tout, mais ce n'est pas grave,
01:49et il y a une autre ligne qui dit que ce budget représente 600 milliards d'euros,
01:54le gouvernement ne va pas nous embêter pour 4 milliards d'euros.
01:57Pourquoi 4 milliards d'euros ? La pomme de Discord est autour de l'augmentation des cotisations patronales.
02:02Dans le texte initial, il y avait 4 milliards d'euros d'augmentation des cotisations patronales,
02:08et le groupe porté par Gabriel Attal veut réduire ces 4 milliards d'euros à 0 euro,
02:13il ne veut aucune augmentation des cotisations patronales.
02:16Sauf que si la commission mixte paritaire n'est pas conclusive, si elle est rejetée,
02:21le gouvernement, a priori, n'aura d'autres choix que d'utiliser l'article 49.3 de la Constitution
02:27pour passer en force sur le projet de loi de finances de Sécurité sociale.
02:30Et là, motion de censure ou pas ?
02:33C'est les coulisses de ce qui se passe à l'Assemblée.
02:36Si à passage en force, ça expose le gouvernement à une motion de censure.
02:39Et la question que tout le monde se pose, c'est, si cette motion de censure est dangereuse pour le gouvernement,
02:43que s'il y a une condition qui est réunie, donc le Nouveau Front Populaire, on sait qu'ils veulent déposer cette motion de censure,
02:49est-ce que le Rassemblement National a intérêt à voter cette motion ?
02:53Alors, ce que joue Marine Le Pen...
02:55Non mais c'est ce qui est le plus important quand même.
02:57Non mais ça fait 10 minutes qu'on vous écoute, Louis.
02:59Vous me posez des questions, je vous réponds.
03:00Tout le monde est suspendu à la décision de Marine Le Pen.
03:02Marine Le Pen a posé un certain nombre de conditions.
03:04Je ne rentre pas dans les détails.
03:06Elle a proposé un certain nombre de choses à Michel Barnier.
03:08Et il est tout à fait possible que ce soir,
03:10Michel Barnier, qui n'a aucun intérêt à être renversé lui-même...
03:14Non. On est d'accord.
03:16Il est tout à fait possible que Michel Barnier dise à Marine Le Pen,
03:18écoutez Madame Le Pen, sur 3-4 points
03:20que vous nous avez demandé,
03:22on vous donne...
03:24C'était des mesures sur le pouvoir d'achat,
03:26sur la hausse des factures d'électricité,
03:28l'abrogation de la réforme des retraites, me semble-t-il.
03:30Alors ça, ce sera à étudier demain,
03:32à l'occasion d'un autre sujet à la niche parlementaire.
03:34Non, non, on ne rentre pas dans la niche.
03:36C'est des mesures de pouvoir d'achat, pour faire simple.
03:38Et ce soir, Michel Barnier est l'invité du 20h.
03:40Voilà.
03:42L'intérêt quand même qu'ont Michel Barnier
03:44et Marine Le Pen, tous les deux,
03:46c'est de s'entendre. Ils sont contraints de s'entendre.
03:48C'est l'esprit de responsabilité que la fenêtre ne veut.
03:50Ce qui évite à Michel Barnier
03:52de prendre le risque d'être censuré
03:54et qui évite à Marine Le Pen d'être un peu ridiculisée
03:56parce qu'elle serait dans la situation contrainte
03:58de censurer Marine Le Pen.
04:00Comme il n'y a pas d'issolution possible avant juillet prochain,
04:02Emmanuel Macron
04:04pourrait renommer Michel Barnier ou quelqu'un d'autre,
04:06mais ça ne changerait rien pour Marine Le Pen.
04:08C'était le deuxième éditorial.
04:10On va écouter deux députés.
04:12Michel, au moins, ça m'intéresserait aussi
04:14d'avoir votre explication.
04:16On va écouter d'abord Thomas Ménager,
04:18qui est député du Rassemblement National,
04:20qui lui dit pourquoi
04:22il y aura une motion de censure
04:24et pourquoi Michel Barnier n'écoute pas Marine Le Pen.
04:26Et on va écouter après
04:28un député ensemble
04:30pour la République, c'est ça le nouveau parti ?
04:32Il s'appelle Priska Thévenot.
04:34Si Michel Barnier
04:36reste campé sur ses positions, Marine Le Pen
04:38a été très claire. Le budget en l'État n'est pas acceptable.
04:40Pas acceptable pour les classes populaires
04:42et les classes moyennes, pas acceptable pour
04:44les entreprises de notre pays qui souffriraient
04:46énormément, notamment des hausses
04:48de charges qui tueraient
04:50l'économie de notre pays. Donc, en l'État,
04:52aujourd'hui, nous pourrions voter
04:54bien entendu une censure, nous voterions une censure.
04:56Donc la balle est dans le camp de Michel Barnier,
04:58qui connaît nos lignes rouges, qui connaît nos contre-mesures,
05:00à lui de faire son choix.
05:02Si le Rassemblement National se sert du prétexte du budget
05:04pour pouvoir censurer et donc faire
05:06tomber le gouvernement, et bien oui,
05:08ils mettent en risque la stabilité politique
05:10de notre pays. Et c'est assez étonnant
05:12pour un mouvement politique,
05:14le Rassemblement National, qui essaie de gagner en respectabilité
05:16depuis maintenant près de deux ans.
05:18Sombrés aujourd'hui dans leur vieux travers,
05:20rappellent qu'en fait, qu'ils n'ont absolument
05:22pas changé. Et
05:24leur hésitation en ce moment, leur panique,
05:26si je puis dire, relève
05:28plutôt aussi d'une échappatoire pour essayer
05:30de faire oublier d'autres sujets qui ont fait
05:32les devants des médias ces derniers temps, qui sont
05:34les affaires juridiques
05:36judiciaires de Marine Le Pen. Et puis aussi,
05:38la guerre d'héritage entre Jordane Bardella
05:40et Marine Le Pen, qui devait arriver en
05:422027, mais finalement qui arrive bien plus tôt que prévu.
05:44Là, c'est un déforail sec.
05:46Le député d'Ensemble pour la République...
05:48C'est les tontons-flingueurs
05:50à l'Assemblée Nationale.
05:52Enfin, elle fait de la politique.
06:02Est-ce qu'il y a un intérêt à faire tomber
06:04le gouvernement de Michel Barnier ? Et qu'est-ce qui se passerait
06:06ensuite ?
06:08Marine Le Pen a un intérêt ?
06:10Eric ?
06:12Si vous voulez, ce qui
06:14pourrait quand même, mais on ne maîtrise pas tout,
06:16ce qui pourrait quand même changer la donne,
06:18c'est la mise en accusation de Marine Le Pen.
06:20Est-ce que ça, ça ne va pas
06:22bouleverser l'agenda du
06:24RN ? Moi, c'est la question que je me pose.
06:26Parce que pour le reste, pardonnez-moi,
06:28mais pour le reste, si Michel Barnier
06:30tombe, il peut être
06:32nommé par le président de la République.
06:34Il peut nommer quelqu'un
06:36de gauche. Ça durerait 15 jours,
06:383 semaines. Derrière, le chef de l'État,
06:40il est en première ligne. Il ne lui reste plus qu'à démissionner.
06:42S'il use la deuxième cartouche d'un
06:44premier ministre à Matignon.
06:46Je rejoins le point de vue, alors que je n'étais pas
06:48d'accord avec lui au début.
06:50Finalement, il y a une alliance presque
06:52objective de
06:54survie politique entre Michel Barnier
06:56et Marine Le Pen. Je rejoins
06:58ce point de vue.
07:00Maintenant, attention, parce que si vraiment
07:02Michel Barnier annonce ce soir des concessions
07:04politiques et économiques...
07:06Il sauve son gouvernement.
07:08Mais il faut qu'il en annonce
07:10aussi au groupe de Gabriel Attal.
07:12Parce qu'il ne peut pas satisfaire le RN, qui est un groupe
07:14d'opposition, et ne pas satisfaire un des membres
07:16de sa propre coalition.
07:18Est-ce qu'on vit une phase agréable ?
07:20Non, c'est assez désagréable.
07:22Y compris pour les Français, d'ailleurs.
07:24On a quand même l'impression d'être autour
07:26d'une table... On a plutôt
07:28l'impression que les politiques qui parlent sont autour
07:30du tableau poker, où tout le monde
07:32ment d'une certaine façon.
07:34Et franchement, on aimerait bien
07:36comprendre quels sont les sous des cartes
07:38et qui va finir par gagner dans cette affaire.
07:40C'est dangereux de jouer avec
07:42le budget de la France dans ces conditions.
07:44Et Jean-Sébastien Fergeau ?
07:46Oui, d'une certaine manière, je dirais
07:48grandis-eux, petit-feu-eux.
07:50Parce qu'il y a beaucoup de menages. Je ne suis pas certain
07:52que les uns et les autres, que ce soit la RN
07:54ou la ligne dure,
07:56pour reprendre l'expression de Louis
07:58Dragnel, des macronistes,
08:00aient intérêt à faire tomber ce gouvernement-là
08:02maintenant. Je précise bien maintenant.
08:04Parce qu'il y aura certainement une rationalité
08:06plus tard, de leur point de vue à eux.
08:08En tout cas, essayez de le faire tomber.
08:10Parce que vous le disiez, ça n'amuse pas les Français.
08:12Il y a dans le pays une espèce de parti de l'ordre,
08:14mais qui n'est pas attaché à Michel Barnier en soi,
08:16ni au fait que ce soit un gouvernement assis sur
08:18un tout petit groupe
08:20de députés LR, mais qui sont attachés au fait que
08:22le pays fonctionne tout simplement.
08:24Et le RN est face à une injonction
08:26contradictoire de ce point de vue-là, parce qu'il a effectivement
08:28des électeurs sur le terrain qui sont mécontents,
08:30qui ont l'impression de ne pas être entendus,
08:32et donc il faut qu'il leur donne des gages ou qu'il les
08:34convainque qu'il n'est pas un parti
08:36qui sert à rien dans la Ve République.
08:38Mais en même temps, ils sont aussi dans une stratégie
08:40de respectabilisation, notamment vis-à-vis des milieux
08:42économiques. Et les milieux économiques
08:44ne détestent rien tant que l'incertitude,
08:46le fait de ne pas avoir de budget. C'est pas juste
08:48un détail. Parce que du point de vue des entreprises,
08:50ça veut dire ne pas savoir à quelle sauce on va être mangé.
08:52C'est-à-dire que toutes les décisions d'investissement
08:54sont aujourd'hui congelées. Les investisseurs
08:56étrangers se disent que finalement, on ne peut pas
08:58venir en France parce qu'on ne sait pas à quelle sauce
09:00on sera ceux que nous aurions à payer ou pas
09:02comme impôts l'année prochaine. Et ça, ça
09:04n'amuse absolument pas les milieux
09:06économiques. Je ne dis pas qu'ils sont les seuls à tenir
09:08les clés du bousin, mais ça n'empêche pas
09:10que le Rassemblement national qui
09:12essaye, et notamment Jordan Bardella, de
09:14convaincre ces gens-là, ils peuvent difficilement
09:16ne pas l'entendre. Alors M. Roel, vous rajoutez quelque chose ?
09:18Oui, je pourrais rajouter deux cocasseries.
09:20La première cocasserie bruxelloise, puisqu'on a appris
09:22tout à l'heure qu'alors qu'on n'a pas de budget en France,
09:24alors qu'on se demande si Barnier va
09:26pouvoir faire ses 60 milliards d'économie,
09:28Bruxelles vient de
09:30donner un diplôme de bonne gestion à la
09:32France en disant que ça va dans la bonne direction.
09:34Premier de la classe, avec un bonnet d'âge.
09:36On est quand même l'avant
09:38dernier sur les 27 en Europe
09:40à avoir le tel niveau de dette
09:42par rapport à son PIB. Il y a que la Roumanie
09:44qui fait pire que la France en Europe.
09:46Deuxième cocasserie, puisqu'on parlait des
09:48entreprises, et Ferjou a
09:50tout à fait raison, elles n'aiment pas
09:52l'instabilité.
09:54Il y a quand même une cocasserie dont personne
09:56n'a parlé, et je me permets d'en parler.
09:58Ça, c'est hors budget. On a appris que les
10:00entreprises qui vont être obligées
10:02de facturer sur
10:04des plateformes privées, puisque la plateforme
10:06publique Corus n'est pas opérationnelle,
10:08ça ne marche pas,
10:10toutes les factures des entreprises,
10:12les grosses qui vont pouvoir négocier, les petites et les très
10:14petites, seront payantes.
10:16Pour celles qui émettront des
10:18factures et pour celles qui les recevront.
10:20Et on ne sait pas combien ça coûtera
10:22au moment où les trésoreries des TPE sont
10:24plus qu'exsangues.
10:26Je dis cocasserie pour faire réagir un peu,
10:28c'est un drame.
10:30Elodie Buchard se trouve à l'Assemblée nationale avec
10:32Bamba Gueye. En un mot, Elodie, il y a une
10:34atmosphère un peu fébrile, on ne sait pas combien de temps
10:36le gouvernement de Michel Barnier va tenir.
10:38On se prépare à la motion de censure ou pas ?
10:42Oui, on se prépare à la motion de censure
10:44dans la journée. On s'est dit que finalement, le gouvernement
10:46de Michel Barnier pourrait tomber
10:48plutôt que prévu.
10:50Surtout, on se prépare à la censure parce qu'on a entendu
10:52le Rassemblement national expliquer
10:54que si les lignes rouges étaient franchies,
10:56ils censuraient. On a entendu aussi ce matin
10:58les socialistes clarifier leur position
11:00en disant que tout comme la France insoumise
11:02et le reste du NFP, ils censuraient
11:04en cas de 49.3. Et depuis
11:06quelques minutes, ici à l'Assemblée, Laurence,
11:08forcément, il y a une certaine
11:10appréhension autour de ce que va dire
11:12Michel Barnier au 20h ce soir.
11:14Le but, c'est de savoir s'il cède de manière
11:16franche à certains des groupes ou non.
11:18Ce qu'on commence à nous dire aussi, par exemple, dans les rangs du
11:20Rassemblement national, c'est que le pire serait
11:22que le Premier ministre cède un peu
11:24mais pas trop au Rassemblement national parce que
11:26dans ce cas-là, ça serait plus compliqué pour eux.
11:28Un député me disait, finalement, pour si on
11:30se retrouve dans cet entre-deux, on préférait
11:32que le budget soit tel qu'il est actuellement
11:34pour qu'on puisse censurer. Franchement, donc,
11:36tous les groupes aussi sont en train de revoir leur stratégie
11:38en fonction de ce que dira le Premier ministre ce soir.
11:40Merci beaucoup, Elodie Bouchard.
11:42Bonne baguette. Petite pause. On se retrouve dans un instant
11:44dans Punchline sur CNews et sur Europe.
11:46On parlera brièvement du procès des
11:48personnes qui sont accusées d'avoir tenté
11:50d'extorquer 13 millions d'euros
11:52au footballeur Paul Pogba.
11:54Le procès s'est ouvert aujourd'hui à Paris.
11:56A tout de suite.

Recommandations