• il y a 11 heures

Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour. Ensemble, ils reviennent sur la colère des agriculteurs qui manifestent pour mettre la pression sur le gouvernement et empêcher la signature de l’accord de libre-échange avec le Mercosur.
Retrouvez "Les débats d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

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Transcription
00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:0319h19, on l'a pas fait exprès mais c'est l'heure.
00:06Précise, sur Europe 1 et je salue mes camarades du soir.
00:09Bonsoir Joseph Macéscaronde, bonsoir Pierre, écrivain et séiste.
00:13Bonsoir Philippe Guibert, bonsoir Chronicler politique
00:15après avoir passé quelques années à Matignon,
00:18dont il va être question dans une seconde.
00:20Bonsoir Amélie Robière, bonsoir.
00:21Merci d'être avec nous en direct sur Europe 1.
00:23Vous êtes présidente de la coordination rurale,
00:26présidente de coordination rurale corrèze.
00:29Vous élevez des bovins, vous élevez des chevaux
00:31et pourtant vous êtes aussi déléguée par la coordination rurale
00:38pour aller aux réunions toute l'année avec les ministres à Matignon.
00:42Vous êtes auditionnée par différentes commissions
00:45à l'Assemblée nationale, au Sénat.
00:47Et ça dure depuis quelques années, si je comprends bien.
00:51Et ça dure d'autant plus depuis l'année dernière
00:54puisqu'il y a eu ce grand mouvement des paysans
00:56avant même le salon de l'agriculture
00:58pour montrer à quel point la situation était tragique.
01:01Et il n'est pas seulement question de l'accord du maire Cossours,
01:04il est question aussi de ses promesses que le gouvernement a faites
01:07sur la loi d'orientation agricole,
01:09sur la simplification administrative.
01:11Et Amélie Robière, entre vous et moi,
01:15les yeux dans les yeux ce soir sur Europe 1 à 19h20.
01:18Est-ce que ça avance ?
01:20Pas du tout.
01:22Alors pas du tout, je dirais même que ça a tendance à régresser.
01:26En début d'année, on nous avait fait tout un tas d'annonces, des promesses.
01:30Et puis à cela s'est ajoutée la dissolution, tout le monde l'a vu.
01:33Mais surtout pour nous, une très mauvaise récolte.
01:37Pour nous aussi une crise sanitaire.
01:38Donc la crise est encore plus forte en cette fin d'année
01:41qu'en début d'année pour les agriculteurs.
01:43Et malgré tout, en face de nous,
01:45on se heurte à des gouvernements qui se succèdent
01:48et qui n'apportent aucune solution.
01:49Mais M. Macron qui était venu au salon de l'agriculture,
01:52qui était apparu en bras de chemise
01:54histoire de montrer à quel point il était impliqué dans le sujet,
01:57qui vous avait fait des promesses, qui a dit que...
01:59Je dis aux auditeurs d'Europe 1 qu'Amélie Robière sourit.
02:04Parce qu'évidemment, il n'y a pas l'image à la radio.
02:06Oui parce que déjà il était entouré de trois cordons de CRS.
02:09Voire MDR.
02:11Il était entouré de CRS, on n'a pas pu l'approcher.
02:14Enfin ceux qui l'ont approché étaient triés sur le volet.
02:16C'était la FNSE1 ?
02:18Entre autres, et puis ce n'était pas moi en tout cas.
02:20Vous auriez bien voulu ? Qu'est-ce que vous lui auriez dit à M. Macron ?
02:23Il lui a dit que ce n'était pas sa place et qu'il ferait mieux d'aller travailler pour nous sortir de cette crise
02:26plutôt que d'aller bomber le torse au salon de l'agriculture.
02:30Comme ça, c'est dit, c'est fait. Au moins vous le dites sur Europe 1 et c'est entendu.
02:33Voilà, il est au courant de ce qu'on pense.
02:35Il n'y a pas de problème de ce côté-là.
02:37Ne vous inquiétez pas, il écoute nos programmes.
02:39Après, qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?
02:43C'est ça la question.
02:45Quand M. Attal dit que 67% des promesses qu'il a...
02:49Non, mais ça c'est complètement faux.
02:51C'est un coup de com' du ministère de l'Agriculture.
02:55Quand moi j'y suis allée, c'était encore M. Attal et il y avait M. Fénot, ministre de l'Agriculture, qui y était.
03:01On a listé un petit peu toutes les propositions qui, soit disant, étaient avancées ou en cours d'achèvement.
03:08Sauf qu'il faisait des erreurs même dans les avancements par rapport, par exemple, à la gestion de la prédation avec le loup.
03:15C'est un peu technique, mais en gros, il disait que le troupeau des moutons était non-protégeable.
03:20Donc ça a enlevé beaucoup de contraintes aux éleveurs au vin qui étaient attaqués par le loup.
03:24Donc moi je leur ai dit, c'est une avancée majeure, c'est très bien.
03:26On m'a dit, mais non, on s'est trompés.
03:29C'est une erreur de frappe sur le site du ministère, on est désolés.
03:32Ils sont non-protégeables ?
03:33Donc ils sont protégeables.
03:35Moi je suis dans une région, Langeau, où il y a des loups, des attaques de loups,
03:39et où le préfet vous répond qu'il n'y a pas de loups
03:43parce qu'administrativement, il n'y en a pas.
03:45Vous soufflez beaucoup Amélie Rebière.
03:50Je comprends. Il y a deux sujets.
03:52Il y a stop aux négociations du Mercosur, c'est ce que vous dites.
03:55Bon, apparemment on est, non pas mal barré, mais plutôt bien barré visiblement
03:58parce que l'Italie a dit non et que si on arrive à convaincre,
04:01je crois que c'est les Polonais, les Autrichiens et les Néerlandais,
04:04ça devrait effectivement faire tomber l'accord, ça c'est la première chose.
04:07Les promesses du gouvernement, on va y venir.
04:09Ce que vous me disiez juste avant de prendre l'antenne Amélie Rebière,
04:13c'est que Mme Genevard, qui aujourd'hui est ministre de l'Agriculture,
04:17au lieu de s'occuper de vos problèmes, elle vous menace.
04:20C'est-à-dire que quand on l'a rencontrée, moi je lui ai dit,
04:23il y a un seul message que vous devez envoyer à la base et aux agriculteurs,
04:27c'est que vous allez écouter toutes les colères.
04:30Parce qu'actuellement, on est dans une crise structurelle,
04:32mais on est également dans une crise syndicale.
04:34C'est-à-dire qu'on a le syndicat majoritaire, il ne faut pas oublier,
04:37qu'il ne représente plus du tout la majorité,
04:40parce qu'il y a les non-syndiqués et les autres syndicats,
04:42donc il ne représente plus grand-chose maintenant, mais malgré tout...
04:45C'est la FNSOA ? Pourquoi vous ne le nommez pas ?
04:47J'ai l'impression que... Vous allez encore souffler ?
04:49Non, non...
04:50Si vous pouvez...
04:51Non, non, mais... Je me souffle encore, parce que ça nous épuise.
04:56Cette cogestion depuis 40 ans, et cette mise en place d'un système...
04:59Cogestion, c'est gouvernement plus FNSOA, sans vous, c'est ça ?
05:02Sans le reste des agriculteurs qui ne sont pas d'accord avec cette agro-industrie,
05:06parce que malgré tout, au début, même si c'était des personnes qui avaient des convictions,
05:10et ça, je n'en doute pas, il y a 30-40 ans, bien sûr.
05:13Après, petit à petit, on a laissé place à l'agro-industrie,
05:16au petit profit de ceux qui étaient en place, à leurs petites indemnités,
05:20qui ont complètement oublié le bien commun et de soutenir les agriculteurs
05:24qui, eux, travaillent tous les jours au fond de leur étable et ne s'en sortent plus.
05:27Donc, ce système arrive au bout, parce qu'on tendait vers l'agrandissement des fermes,
05:33on tend vers la mondialisation avec les traités de libre-échange,
05:35avec une concurrence déloyale, donc c'est ce qui est en train de nous tuer,
05:39et c'est ce qui a été mis en place par la FNSOA.
05:41Donc, on joue à un jeu de dupe, en ce moment, c'est une vaste fumisterie,
05:45ils font semblant de manifester, ils font des feux sur les ronds-points,
05:49ils font des barbecues au milieu des ronds-points...
05:51La FNSOA fait semblant de manifester ?
05:53Ils font des barbecues au milieu des ronds-points, excusez-moi de dire ça, mais enfin...
05:56Vous voulez dire que les FNSOA, ils ne sont pas en colère ?
05:59Ah non, mais enfin...
06:01On n'est pas content-content, donc on fait des feux au milieu des ronds-points,
06:04excusez-moi de voir ça comme ça, mais...
06:06Moi, quand je suis en colère, je ne fais pas un feu au milieu du rond-point, quoi.
06:09Nous, on va sortir à partir de mardi,
06:12ils vont comprendre ce que c'est...
06:13Mardi, c'est demain, hein ?
06:14Voilà.
06:15La CR va sortir à partir de demain,
06:18sur un temps qui est non établi,
06:22mais pour expliquer au gouvernement que sans paysans,
06:25la France ne peut plus survivre au niveau de la souveraineté.
06:27Oui, mais le gouvernement, il vous répond,
06:29et M. Retailleau n'est pas très content de ces violences des agriculteurs, on écoute.
06:32Le droit de manifester, c'est un droit constitutionnel, évidemment,
06:35mais il y a des limites.
06:36Pas d'atteinte aux biens,
06:37pas d'atteinte à plus forte raison aux personnes,
06:39et pas d'enquistement,
06:40pas de blocage durable,
06:42parce que sinon, ce sera tolérance zéro.
06:44Sinon, tolérance zéro, Amélie Robert, vous avez entendu.
06:46Oui, il est dans son rôle, évidemment.
06:48Après, on a bien démontré quand même qu'en début d'année,
06:51quand on a fait les manifestations,
06:53qui étaient quand même déjà assez musclées,
06:55quand on est monté à Paris, à Rungis,
06:57et quand ça s'est passé au Salon de l'Agriculture,
06:59il n'y a quand même pas eu de dégradation,
07:01on n'a pas tapé sur les CRS.
07:03On a vu des émeutes et des manifestations
07:06qui étaient quand même bien plus violentes
07:08que celles des agriculteurs, malgré tout.
07:10Amélie Robert, vice-présidente de la Coordination Rurale,
07:12présidente de Coordination Rurale Corrèze,
07:14est avec nous pour témoigner de,
07:17non pas son mal-être,
07:19mais le mal-être de la terre,
07:21des paysans qui nous nourrissent accessoirement.
07:24Vous êtes sur Europe 1, restez bien avec nous à tout de suite.
07:31Et nous sommes toujours en compagnie
07:33de la vice-présidente de la Coordination Rurale,
07:35Amélie Rebière, qui en l'occurrence
07:37élève des bovins, des chevaux,
07:39également en Corrèze, c'est ça ?
07:41En Corrèze, et je suis toujours avec Joseph Messes-Caron,
07:44et Philippe Guibert qui vous interroge.
07:46Oui, madame.
07:48La relation avec la FEDESWA
07:50me paraît être au centre de cette crise aussi.
07:52Il y a des élections en ce moment
07:54dans les chambres agricoles,
07:56c'est en arrière-fond des mouvements.
07:58Vous êtes en concurrence avec eux,
08:00voire en opposition.
08:02Vous représentez qui par rapport à eux ?
08:04Eux ont la réputation d'être dans les grandes exploitations,
08:06notamment céréalières.
08:08Vous, c'est les petites exploitations,
08:10les jeunes agriculteurs, comment ça ?
08:12Quel est le rapport de force
08:14et le rapport entre vos deux organisations ?
08:16Actuellement, vous n'avez qu'à
08:18comparer le président de la FNSE,
08:20Arnaud Rousseau, qui est multimillionnaire
08:22et président du groupe Avril,
08:24et qui investit massivement au Brésil,
08:26dans des usines d'huile de ricin.
08:28Et qui voudrait bien le Mercosur ?
08:30Et qui, finalement, va en bénéficier.
08:32Et puis, vous regardez notre présidente, Véronique Leflop,
08:34qui est éleveuse en Bretagne.
08:36Moi, je suis vice-présidente nationale, je suis éleveuse en Corrèze.
08:38Donc, vous voyez, ce ne sont pas du tout les mêmes profils.
08:40On parle
08:42à la coordination urale, on défend
08:44toutes les exploitations, mais malgré tout,
08:46des exploitations à taille familiale,
08:48à taille humaine, qui peuvent être transmises
08:50et qui permettent, justement, de vivre
08:52dignement de notre métier et de ne pas tendre
08:54vers cette agro-industrie
08:56qui est en train de tuer, petit à petit,
08:58la paysannerie française.
09:00Mais Arnaud Rousseau,
09:02il veut, effectivement,
09:04comment dirais-je, faire rayonner l'agriculture
09:06française à travers cette grande usine
09:08au Brésil d'huile de ricin.
09:10Les Espagnols veulent
09:12exporter de la charcuterie
09:14dans le monde entier.
09:16Qu'est-ce que vous leur dites ? Les accords
09:18de libre-échange, ça permet d'exporter beaucoup mieux
09:20que sans accord de libre-échange ?
09:22Ou alors, est-ce que je me trompe ?
09:24Non, non, les accords de libre-échange, le problème, c'est que
09:26on a des gros soucis de close-miroir,
09:28on appelle ça. C'est-à-dire qu'on ne peut pas
09:30importer des produits qui ne respectent pas nos normes
09:32de production à nous. Et le gros
09:34souci des traités de libre-échange, c'est ces close-miroir.
09:36C'est-à-dire qu'on est en concurrence
09:38directe avec
09:40des charges françaises, on est en concurrence
09:42sur un marché mondial,
09:44avec des pays qui n'ont pas les mêmes charges
09:46sociales, qui n'ont pas les mêmes charges environnementales,
09:48et c'est tout le problème.
09:50C'est-à-dire qu'on n'a pas besoin... Et on ne peut pas normaliser ?
09:52Non, et déjà... On ne peut pas dire
09:54aux Argentins, tiens, vous allez faire
09:56de l'importation en France
09:58de bœuf argentin, mais il faut être
10:00aux normes, comme nous en France.
10:02Comme disait cet agriculteur qui...
10:04On le sentait bien, on avait plein le dos
10:06dans le Tarn tout à l'heure dans le reportage
10:08où il disait, nous on a besoin d'une carte d'identité
10:10animale, et si on ne la fait pas dans les délais,
10:12on est considéré comme des brigands.
10:14Oui, on a tellement, tellement de normes à supporter,
10:16on a tellement de charges à côté,
10:18que de toute façon, on ne supportera pas
10:20cette concurrence déloyale.
10:22Et puis il faut dire, en plus,
10:24qu'en ce qui s'agit de la France,
10:26par exemple, les normes phytosanitaires,
10:28on a choisi
10:30les éléments les plus drastiques en Europe.
10:32Ce qui n'est pas dit.
10:34Ce qui est très peu dit. Il y a un point
10:36que vous avez évoqué,
10:38c'est la question de la transmission.
10:40Et ça, ça devait être normalement,
10:42c'est une question essentielle.
10:44On en est où de ce point ?
10:46Alors la transmission devait être justement
10:48débattue au niveau de la loi d'orientation agricole.
10:50Je la connais bien, puisque j'ai été auditionné
10:52plusieurs fois à l'Assemblée Nationale à ce propos.
10:54Il n'y a aucune fois
10:56mentionné le mot revenu dans cette
10:58loi d'orientation agricole. Ce qui est pourtant
11:00la partie centrale de l'agriculture, malgré tout.
11:02Parce que si on avait du revenu dans nos
11:04fermes, on n'aurait pas de problème de transmission,
11:06on n'aurait pas de problème non plus. On supporterait des normes,
11:08on supporterait des contrôles si on avait du revenu.
11:10Et c'est vraiment pas le cas.
11:12Donc, la loi d'orientation agricole
11:14avait été débattue en début d'année. Elle devait
11:16partir au Sénat. Avec la dissolution,
11:18bien sûr, ça a mis un coup
11:20de frein. Elle doit être redébattue
11:22à nouveau. Mais cette loi d'orientation
11:24agricole était vide. En gros,
11:26ils nous prévoyaient de rajouter
11:28un diplôme supplémentaire,
11:30le bachelor, parce qu'ils estiment que sûrement
11:32les agriculteurs sont des débiles, qu'ils savent pas lire
11:34et qu'ils ont besoin d'avoir un diplôme supplémentaire.
11:36Je leur ai dit comme ça, excusez-moi.
11:38Au bout d'un moment, ça commence à bien faire.
11:40Ils avaient prévu
11:42aussi de faire France Service Agriculture,
11:44donc une énième
11:46strate administrative,
11:48alors que...
11:50Voilà, ce que faisait
11:52France Service Agriculture, ce que prévoyait
11:54de faire France Service Agriculture,
11:56c'est ce que doivent faire
11:58les chambres d'agriculture et les
12:00lycées agricoles. On prévoyait
12:02un diagnostic
12:04modulaire
12:06pour pouvoir transmettre nos exploitations, c'est-à-dire que
12:08si on cadrait pas avec les normes
12:10environnementales, avec
12:12la transition écologique, on avait
12:14des pénalités entre guillemets, parce que si
12:16on extrapole, on peut se demander à quel point
12:18on peut pas avoir des prêts à taux supplémentaires
12:20si on n'a pas des exploitations
12:22vertueuses ou trop grandes, ou pas dans les normes.
12:24Vous voyez ? Donc...
12:26Vous avez mis un millefeuille administratif dans un millefeuille
12:28qui existait déjà. Oui.
12:30Donc c'était un 2000 feuilles. Oui, oui.
12:32On a beau leur expliquer que
12:34c'est pas le problème actuel
12:36et qu'ils proposaient des pansements
12:38sur des jambes de bois, et puis leur vision
12:40très bureaucratique de l'agriculture.
12:42Qu'ils écoutent ceux qui sont au fond de leur ferme.
12:44Qu'est-ce que vous voudriez ?
12:46Le mantra, le message principal
12:48de l'année dernière, ça a été
12:50on a besoin de vivre de notre
12:52agriculture. Pourquoi est-ce que vous n'arrivez pas
12:54à vivre de votre agriculture ? Les charges sont
12:56trop élevées, les normes sont trop
12:58compliquées. Madame Gennevard, quel
13:00dialogue avez-vous avec Madame Gennevard ?
13:02On ne peut pas dire qu'on ait vraiment un vrai dialogue
13:04parce que on a eu
13:06beau lui dire d'aller voir tout le monde, elle nous a
13:08dit qu'elle n'irait pas dans des fermes de la coordination
13:10rurale puisque nous prenons la violence.
13:12On lui a dit que c'était pas comme ça.
13:14Donc elle va dialoguer avec la
13:16FNSEA et qui ? Les jeunes agriculteurs ?
13:18Oui, elle a fait que des visites
13:20de fermes devant les drapeaux de la
13:22FNSEA et des jeunes agriculteurs.
13:24Elle n'a pas compris que c'est ce qui mettait le feu aux poudres en fait.
13:26Parce que il y a tous les noms syndiqués,
13:28il y a la coordination rurale, il y a la confédération
13:30paysanne, il y a le MoDef, il y a d'autres
13:32représentations de la condition
13:34agricole. Et le souci avec
13:36les gouvernements qui se succèdent,
13:38c'est ce sectarisme en fait.
13:40C'est ce monopole
13:42de la parole au niveau de la FNSEA
13:44et des GA. Philippe Guibert,
13:46il y a un autre interlocuteur qui est très
13:48important pour vos revenus, c'est la
13:50grande distribution. Est-ce que
13:52sur ce sujet, ça a bougé
13:54depuis votre
13:56mouvement de janvier dernier ?
13:58Est-ce que les relations se sont améliorées ?
14:00Est-ce que le partage du revenu
14:02est meilleur entre la grande distrib
14:04et les agriculteurs ? Ou est-ce que ça n'a pas
14:06bougé ? Parce que c'est aussi un sujet
14:08français important.
14:10Ça n'a pas bougé parce que justement
14:12on parlait de
14:14loi d'orientation agricole, mais il y a une autre loi
14:16dont on parle beaucoup, c'est la loi EGALIM.
14:18Il y aurait des lois EGALIM
14:2015, 16, ça ne changerait pas le problème.
14:22Parce qu'on en est à la loi EGALIM
14:24et la loi EGALIM
14:26est une loi franco-française
14:28sur un marché européen et mondial.
14:30Donc elle n'est pas transposable.
14:32C'est comme les prises électriques.
14:34Le souci de la loi EGALIM
14:36c'est que ça a été mis en place
14:38par le gouvernement
14:40et par le syndicat majoritaire évidemment.
14:42Sauf que cette loi EGALIM, elle prévoit
14:44de ne pas
14:46avoir de concurrence déloyale,
14:48de close miroir entre guillemets
14:50par rapport à la France. Sauf que
14:52pour contourner cette loi EGALIM,
14:54la grande distribution délocalise
14:56ses centrales d'achat en Hollande, en Espagne.
14:58Comme ça, ils ne sont pas soumis à cette loi EGALIM.
15:00Et Arnaud Rousseau, président
15:02de la FNSEA, négocie
15:04son huile-le-sieur en Espagne
15:06ou en Hollande, en ayant mis en place
15:08cette loi EGALIM.
15:10Johan Barr, porte-parole de la FNSEA, a été invité
15:12ce matin de la matinale d'Europe 1 avec
15:14Dimitri Pavlenko. Écoutez ce qu'il dit
15:16de tout ça.
15:18Emmanuel Macron s'est engagé hier soir à dire ne pas
15:20signer l'accord. C'est très bien, la France ne va pas
15:22le signer, mais c'est pas pour ça que l'Europe ne va pas le signer.
15:24On est toujours aussi inquiets ce matin.
15:26Si c'est juste une opposition de façade
15:28médiatique, l'Europe
15:30va signer. Donc aujourd'hui, ce qu'on veut,
15:32c'est un réel engagement de la part d'Emmanuel Macron
15:34qu'il menace l'Europe
15:36plus loin si jamais c'est signé.
15:38Tant qu'il ne mettra pas de menace, notamment
15:40de veto ou autre sur l'Europe,
15:42je suis désolé, l'Europe va signer.
15:44Donc aujourd'hui, ce qu'on veut aussi, c'est rallier
15:46d'autres pays européens qui commencent
15:48à se faire entendre.
15:50Mais il faut plus de 36% de la population
15:52européenne pour pouvoir créer un veto
15:54à une voie de barrage.
15:56Le syndicat majoritaire,
15:58vous ne le nommez pas, c'est comme certains politiques
16:00qui disent le candidat de l'opposition.
16:02Ils sont d'accord
16:04avec vous sur ce point. Vous parlez
16:06de M. Rousseau et de son usine au Brésil,
16:08mais c'est un cas particulier. La FNSA
16:10ne veut pas non plus de l'accord sur Mercosur.
16:12Mais ça, c'est ce qu'ils font croire.
16:14La preuve en est
16:16des pseudos
16:18coups de pression.
16:20C'est de la démagogie pure et dure.
16:22C'est des politiciens.
16:24Il faudrait qu'on fasse un débat.
16:26On va vous mettre face à la FNSA.
16:28J'ai déjà été face à eux.
16:30Il n'y a pas de soucis de ce côté-là. Ils savent très bien ce qu'on pense.
16:32Ils connaissent très bien ce qu'on dit d'eux.
16:34Après, c'est parole contre parole. Comment est-ce que
16:36vous voulez savoir ?
16:38On n'a pas de machine comme dans Star Wars
16:40pour savoir ce qu'il y a dans votre cerveau.
16:42Ce n'est pas compliqué.
16:44Ça fait 40 ans que la FNSA est au pouvoir.
16:46Au niveau des champs d'agriculture,
16:48au niveau de la co-gestion avec
16:50les différents gouvernements.
16:52Vous voyez où on est parti.
16:54En Corée, par exemple,
16:56depuis 2015 à 2023,
16:58on a perdu 35% d'agriculteurs.
17:00Pourtant, la Corée, c'est un département
17:02qui est très à l'école.
17:04Vous les avez perdus parce qu'ils se sont suicidés ?
17:06Il y a eu des suicides.
17:08Il y a eu des départs à la retraite avec des exploitations
17:10qui n'ont pas été reprises.
17:12Il y en a qui arrêtent à 40 ans parce qu'ils se rendent compte
17:14qu'ils ne gagnent pas leur vie, qu'ils ont des enfants à élever
17:16et que de toute façon, ça ne sert à rien de continuer.
17:18En attendant, on a augmenté
17:20les primes à l'hectare,
17:22c'est-à-dire les primes pour augmenter
17:24la surface des exploitations agricoles.
17:26En même temps, on a baissé les primes de production animale.
17:28C'est-à-dire qu'on tend vers
17:30un système
17:32qui prône l'agrandissement des fermes
17:34et qui prône la prime à l'hectare
17:36plutôt que la prime à la production.
17:38C'est-à-dire qu'on n'a plus besoin de produire.
17:40On n'a plus besoin de produire.
17:42Et pourquoi on n'a plus besoin de produire ?
17:44Parce que le gouvernement a prévu d'accompagner
17:46les 30% d'agriculteurs qui restent,
17:48qui sont en grave difficulté, leur dire
17:50vous irez faire autre chose, on vous donnera une petite prime
17:52de reconversion.
17:56Et puis vous laisserez la place
17:58pour que les autres s'agrandissent un peu et puis c'est tout.
18:00Amélie Robert, j'ai une dernière question.
18:02Est-ce que vous êtes là avec nous ?
18:04Vous avez eu la gentillesse de venir et de parler avec nous,
18:06de vous dire ce que vous avez sur le cœur.
18:08Comment est-ce que vous arrivez à garder le sourire ?
18:10C'est pas facile.
18:12C'est pas facile tous les jours.
18:14Surtout que j'ai un fils
18:16qui doit reprendre l'exploitation derrière moi.
18:18Quel âge a-t-il ? Il a 16 ans.
18:20Et alors, qu'est-ce qu'il vous dit ?
18:22Il a ça dans les tripes.
18:24Parce que malgré tout,
18:26si on est dans la rue actuellement
18:28et si on garde le sourire, c'est parce que
18:30c'est plus qu'un métier,
18:32c'est toute une vie.
18:34C'est un patrimoine que nos ancêtres nous ont légué,
18:36qu'on espère léguer à nos enfants,
18:38nos petits-enfants. Et c'est pour ça qu'on se bat aussi.
18:40C'est pour ce modèle agricole, ce modèle familial.
18:42Parce que c'est un patrimoine
18:44qu'on lègue.
18:46Donc notre gamin,
18:48il a vécu avec
18:50les emmerdes de la ferme.
18:52Il faut courir les génisses
18:54le dimanche parce qu'elles sont sorties.
18:56Il faut veller les vaches la nuit.
18:58Le matin de Noël, s'il y a une vache qui est malade, il faut la soigner.
19:00Il sait tout ça, notre enfant.
19:02C'est H24. Mais malgré tout,
19:04il veut reprendre l'exploitation derrière.
19:06Il est courageux. Et on lui espère
19:08un meilleur avenir que ce qu'on prévoit
19:10là et que ce qu'on vit nous.
19:12Merci beaucoup Amélie Rebière d'avoir été
19:14avec nous en direct sur Europe 1 à 19h42.
19:16Sonia Mabrouk vous attend bien sûr
19:18demain matin pour
19:20l'interview politique, la grande interview
19:22CNews Europe 1 à 8h10.
19:24Anne Jeunetet, la ministre de l'Éducation,
19:26sera avec elle. 19h43,
19:28on revient dans un instant.

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