• il y a 10 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la crise agricole qui perdure à l'approche du salon de l'agriculture.
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Transcription
00:00 J'aimerais commencer par les agriculteurs, parce que c'est vrai que ce salon d'agriculture ne se présente pas aussi bien que le souhaiterait l'exécutif.
00:07 Il y a des rendez-vous qui se multiplient, on en est à la quatrième salve d'annonce, mon cher Johan, on va voir ça avec vous.
00:12 Mais visiblement, les agriculteurs sont très remontés, ils n'ont rien vu de concret arriver. On fait le point avec Michel Dos Santos et il vous passe la parole.
00:18 Aux portes de Guingamp, les tracteurs ont de nouveau quitté les champs.
00:25 Une cinquantaine d'agriculteurs sont revenus sur ce rond-point, déjà occupé lors des récents blocages.
00:31 Tous, sans exception, dénoncent l'absence de mesures concrètes à quatre jours du salon de l'agriculture.
00:37 Le Premier ministre et Emmanuel Macron, le président, doivent vraiment taper du poing sur la table.
00:42 Les normes françaises, il faut les arrêter, ou alors il faut arrêter d'importer tout ce qui vient des autres pays qui n'ont aucune norme.
00:49 Les promesses aujourd'hui n'engagent que ceux qui les écoutent.
00:51 Je ne sais pas ceux qui les donnent, les donnent, ils en foutent. Ça fait trois semaines qu'on nous parle de promesses et de promesses et de promesses. C'est tout.
00:58 Il n'y a rien et il n'y aura jamais rien.
01:00 Pour maintenir la pression sur le gouvernement, cet éleveur laitier fait également appel aux consommateurs.
01:06 Il faut qu'ils choisissent quand ils vont dans les magasins et qu'ils s'imposent aussi, qu'ils soient capables, aussi bien que quand ils achètent son téléphone, de dire ce qu'ils veulent manger.
01:11 Aujourd'hui, la part de budget qui est dévouée à la consommation alimentaire dans un ménage, il diminue, il diminue.
01:19 Et je pense qu'il va falloir remettre ça en cause. S'ils veulent manger bien et s'ils veulent que leurs enfants mangent bien et vivent bien,
01:24 il faut que vous mettez les agriculteurs français à fonctionner bien.
01:27 Lors de cette mobilisation, les agriculteurs ont tenté de rejoindre le centre des impôts et la sous-préfecture de la ville bretonne.
01:33 Des opérations coup de poing interrompues par les gendarmes mobiles.
01:37 Demain, une nouvelle manifestation de l'ensemble des agriculteurs des Côtes d'Armor aura lieu à Saint-Brieuc.
01:44 L'affaire n'est pas terminée, Julien Dray. À quatre reprises, l'exécutif a tenté de désamorcer cette colère sans succès.
01:51 Vous avez déjà vu comme ça un pouvoir qui se heurte à une corporation entière qui se dresse contre lui ?
01:57 Des colères du monde agricole contre les pouvoirs politiques, il y en a déjà eu.
02:00 Mais qu'il faille quatre séries d'annonces pour tenter d'arriver à un résultat ?
02:05 C'est une quadrature du cercle impossible pour le gouvernement français, puisqu'il ne veut pas aller à l'affrontement avec l'Europe.
02:11 La question qui est posée, c'est qu'il a donné à la FNSEA ce qu'elle demandait, c'est-à-dire la modification des hachères.
02:19 Mais derrière, il y a tout un monde paysan qui, lui, n'est pas des grandes exploitations et qui se retrouve dans une compétition où il est toujours perdant.
02:25 Que ce soit la tomate, que ce soit les bananes, que ce soit la viande, il y a un libre-échange aujourd'hui qui se fait au détriment des agriculteurs français.
02:35 Et ça, c'est une énorme difficulté pour le gouvernement français, parce que ça veut dire qu'il faut s'affronter par rapport à ces normes-là.
02:41 Et donc, ils ne sont pas du tout prêts à le faire.
02:43 L'évidence, Rachel Khan, les hachères, ils n'ont pas reçu le papier encore, les 4 % de hachères.
02:49 Ils n'ont pas reçu le papier, les agriculteurs.
02:51 Je suis heureuse que Julie André ait parlé des bananes, parce que c'est un sujet qui me met cher sur la question des Antilles.
02:58 Parce que là, il y a un Guadeloupe, un réel problème.
03:02 Ils ont à la fois les normes européennes, les normes françaises.
03:06 Plus ils sont ultra éloignés, plus il y a des questions historiques sur la terre.
03:11 On n'a pas le temps d'en parler ici, mais en tout cas, je trouve que ce sujet-là est éperdument intéressant,
03:15 notamment pour réparer notre territoire avec ces histoires de continuité territoriale.
03:20 Je ferme la parenthèse.
03:21 Après, c'est vraiment dommage qu'on ait ce rendez-vous annuel de l'abondance, de la diversité de nos produits,
03:28 de l'ensemble des fruits de la terre, les animaux, et qu'en fait, on aborde les choses par séquence,
03:34 alors même que ça fait des années et des années que nos agriculteurs ont besoin du soutien de l'ensemble du pays,
03:40 de nos responsables politiques, mais aussi de nous en tant que citoyens, en tant que responsables consommateurs.
03:46 Oui, c'est le problème aussi de pouvoir acheter en ligne de mières.
03:50 Je sais bien, la grande distribution aussi.
03:52 Ah oui, aussi. On va juste rejoindre Thomas Bonnet et Florian Paume, qui se trouvent devant l'Elysée.
03:56 Bonsoir à tous les deux.
03:57 Le président Macron a reçu ou reçoit encore en ce moment des représentants des syndicats.
04:02 Mais d'ores et déjà, Thomas, l'inauguration du Salon samedi s'annonce très compliquée, on est d'accord ?
04:08 Oui, et d'ailleurs, l'objectif de ces discussions cet après-midi, Laurence, c'est de tenter de convaincre les agriculteurs,
04:17 les représentants des syndicats des agriculteurs, de la bonne volonté du gouvernement,
04:21 tenter de les dissuader, de mener des actions de contestation, en particulier lors du Salon de l'agriculture.
04:28 C'est dans cette optique qu'Emmanuel Macron s'est entretenu à la fois cet après-midi avec les jeunes agriculteurs et la FNSEA,
04:33 mais aussi la semaine dernière avec les autres syndicats, même si du côté de l'Elysée, on nous dit que chaque année,
04:38 c'est de tradition, le président de la République reçoit les syndicats avant l'ouverture du Salon.
04:43 Cette année, le contexte est particulier, et c'est d'ailleurs pas un hasard si dès demain,
04:47 Gabriel Attal va à nouveau prendre la parole pour une nouvelle conférence de presse depuis Matignon.
04:52 L'objectif, on l'a bien compris du côté de l'exécutif, c'est de déminer, déminer, déminer avant la journée de samedi,
04:59 surtout que les actions coup de poing reprennent un peu partout en France, qu'il y a une manifestation qui aura lieu vendredi,
05:04 que des agriculteurs menacent de bloquer l'arrivée du président de la République samedi.
05:09 Le contexte est donc particulièrement tendu. On verra maintenant si du côté de l'Elysée,
05:14 on adapte le format de cette visite au contexte particulier.
05:18 Emmanuel Macron va rester 10 heures dans les allées du Salon de l'agriculture pour une déambulation, comme il en a l'habitude.
05:23 Rien n'est moins sûr ce soir, Laurence.
05:25 Merci beaucoup avec Florian pour me faire place à l'Elysée.
05:28 Yann Uzay, on connaît un peu le président de la République, il ne va pas se laisser faire,
05:32 il va essayer évidemment de battre son record, je dis plus de 14 heures en 2020 dans le Salon.
05:37 Mais là, ce que veulent faire les agriculteurs, c'est d'empêcher d'entrer dans le Salon,
05:40 parce que le Salon de l'agriculture, c'est chez eux, ils disent que c'est chez eux.
05:42 Tant que les choses ne sont pas au clair, ça va être compliqué.
05:44 Oui, évidemment, alors Emmanuel Macron, on connaît son tempérament, il a plutôt tendance à aller,
05:49 non pas à l'affrontement, mais en tout cas, il aime bien les discussions, disons un peu viriles.
05:52 Il va au contact.
05:53 Il va au contact, donc il est évident qu'il va aller les rencontrer.
05:57 Il a une capacité quand même à retourner l'opinion, quand on connaît le président de la République, sincèrement,
06:01 il a une capacité de conviction, il arrive à convaincre parfois les interlocuteurs.
06:07 C'est assez impressionnant, on verra bien si c'est le cas cette fois,
06:09 mais là, les agriculteurs ne sont pas naïfs et c'est vrai qu'eux voulaient des réponses avant le Salon.
06:13 Ils savent compter, eux.
06:14 Oui, mais ce que vous avez dit, effectivement, ils voulaient des réponses avant le Salon.
06:18 Pourquoi ? Parce qu'ils savent bien que si ces réponses n'arrivent pas dans les prochaines heures,
06:22 une fois le Salon terminé, leurs moyens de pression seront évidemment beaucoup moins importants.
06:26 Donc, de fait, le début du Salon est une date qui est extrêmement importante pour eux.
06:31 Mais Emmanuel Macron les reçoit, certes, mais dans la mesure où, comme Julien Dray l'a dit,
06:36 il a décidé de ne pas engager de bras de fer avec la Commission européenne et avec Mme van der Leyen,
06:41 il ne pourra pas annoncer grand-chose.
06:43 C'est toute la question qui était posée au président de la République.
06:45 Est-ce qu'il voulait aller aux bras de fer ?
06:47 Est-ce qu'il arrivait à Bruxelles, en l'occurrence, lors du dernier Conseil européen,
06:51 en disant "Voilà, moi j'ai un problème en France, il se passe ça, ça et ça,
06:54 maintenant on va un peu renverser la table pour faire bouger les choses".
06:58 Il a décidé de ne pas le faire, notamment parce que les Allemands ont des positions radicalement opposées aux nôtres.
07:03 Sur les accords du Mercosur, par exemple, Berlin tient énormément à ces accords,
07:07 alors que la France voudrait les revoir en profondeur.
07:09 Donc la France n'est pas seule, elle a du mal à faire bouger les lignes
07:13 et tant qu'il n'y aura pas ce bras de fer qui aujourd'hui n'est pas engagé,
07:16 le président de la République ne pourra pas annoncer ce qu'attendent les agriculteurs.
07:20 J'entends. Pour moi, Alexandre de Vecchio, ils auront peut-être moins de levier de pression,
07:25 les agriculteurs, après le salon, mais ils en auront.
07:27 S'ils se remettent à bloquer, comme ils le font avec des actions sporadiques,
07:30 ils ont les Français derrière eux. C'est ça qui est très important.
07:34 Ils ont l'opinion publique avec eux.
07:36 Ils font de la politique, en quelque sorte, et ils ont raison d'aller sur le point faible
07:42 d'Emmanuel Macron, puisqu'aujourd'hui, le salon devient une forme de point faible pour lui.
07:47 Ça a été d'ailleurs longtemps un salon de représentation pour les politiques.
07:51 Là, ça devient un peu plus compliqué.
07:54 Et puis, je pense qu'ils ont un agenda politique autre en tête, les agriculteurs.
07:57 C'est qu'il y a les élections européennes en juin, on leur fait des promesses là.
08:02 Peut-être que même la commission peut donner l'apparence de faire des concessions,
08:06 mais on sait très bien que tout cela peut être mis en cause tout de suite après les élections européennes.
08:11 Donc, ils ont raison, je pense, de continuer dans leur élan en termes de stratégie politique pure.
08:18 Après, je pense qu'ils ont aussi raison sur le fond et qu'ils mettent, en fait,
08:21 Emmanuel Macron face à une contradiction fondamentale.
08:25 Son ADN, c'est celle de l'Europe, c'est celle de la mondialisation heureuse.
08:29 On voit bien que c'est un modèle qui est de plus en plus obsolète,
08:32 mais il ne peut pas y renoncer complètement le président de la République,
08:35 sinon ce serait renoncer à ce qu'il est.
08:37 Et puis, dans le cadre des élections européennes,
08:39 il ne peut pas se mettre à faire le programme du Rassemblement national.
08:42 Il se dit, autant rassembler le dernier carré de Français qui sont encore européistes,
08:49 parce qu'en fait, les Français sont assez européens, mais pas de l'Europe telle qu'elle est.
08:53 Donc, c'est une séquence politique assez intéressante et qui, je trouve,
08:58 touche à des enjeux fondamentaux, celui de la souveraineté, notamment, qu'on n'aborde pas assez.
09:04 Les paysans, ils n'abordent que la question de la souveraineté alimentaire.
09:07 Oui, mais il y a une fracture dans le monde paysan.
09:09 Regardez bien dans les départements.
09:11 Quels sont les départements qui sont mobilisés et quels sont ceux qui ne sont pas mobilisés ?
09:14 Alors, c'est quoi la différence pour vous ?
09:15 La fracture, c'est que c'est les céréaliers qui font la politique agricole de la France.
09:18 C'est les grands céréaliers qui dirigent la FNSEA, qui dirigent les coopératives agricoles,
09:23 qui dirigent les banques.
09:25 Et jusqu'à maintenant, il y avait toujours une sorte d'accord de la FNSEA,
09:30 disons chevaucher le tigre, mais en même temps refaisait...
09:34 Mais là, les petits, ils ne peuvent plus tenir.
09:36 Ils ne peuvent plus tenir, d'autant qu'une grande partie des aides,
09:39 ils ne les voient jamais, parce que c'est tellement compliqué.
09:42 Vous savez, ils vous disent, quand vous discutez avec les petits agriculteurs,
09:45 ils vous disent, un quart de notre temps, on le passe à remplir des dossiers.
09:49 Un quart de notre temps, et on ne sait même pas le faire,
09:51 alors que les grands céréaliers, c'est autre chose, etc.
09:53 Donc le problème, c'est là où je voulais polémiquer un peu avec mon caractère.
09:56 Non, mais je suis d'accord avec vous.
09:58 Vous savez que j'ai été...
10:01 Je ne connais pas tout sur "vous allez me faire, vous êtes libérés, etc."
10:05 Mais moi, je pense qu'effectivement, la FNSEA, d'ailleurs, a été rattrapée par sa base.
10:09 Exactement, et elle a dû se radicaliser elle-même.
10:11 Ou en tout cas, par un monde agricole qu'on ne voyait pas,
10:13 qui était hors des radars politiques et médiatiques,
10:16 parce que justement, la FNSEA ne représentait que les intérêts des gros.
10:19 Donc on est d'accord là-dessus.
10:21 J'ajoute une remarque.
10:23 Il a bondi, là, Alexandre.
10:25 Il y a un problème de banque.
10:26 C'est-à-dire que vous avez aujourd'hui des banques
10:28 qui n'aident pas les petits agriculteurs.
10:30 Ils ne peuvent pas s'en sortir.
10:31 Et là, c'est une responsabilité du gouvernement.
10:33 Est-ce qu'il va prendre la responsabilité de s'affronter aux banques
10:36 en les obligeant à prêter à des taux qui ne sont pas prohibitifs
10:40 pour les jeunes agriculteurs ?
10:42 Vous ne pouvez pas faire des taux différents en fonction des clients ?
10:44 Non, mais si, parce qu'il y a des banques qui le font.
10:47 Le crédit agricole, il faut être honnête, le fait,
10:49 mais les autres banques ne le font pas.
10:51 D'accord. Johan, pardon.
10:53 Contrairement à ce qu'on pourrait penser,
10:54 le fait que les élections européennes aient lieu dans un peu moins de 4 mois,
10:57 ça ne joue pas en faveur des agriculteurs,
10:59 parce qu'on a une présidente de la Commission européenne,
11:01 Ursula von der Leyen,
11:02 qui attend de voir ce qui va sortir de ces élections européennes
11:05 et qui attend de voir quelles alliances elle pourra nouer.
11:07 Donc elle ne veut s'animer personne,
11:09 et surtout pas les écologistes.
11:11 Donc ça rend l'équation encore un peu plus compliquée aujourd'hui,
11:13 en attente de ces élections européennes.
11:15 Avec un problème supplémentaire, l'entrée d'Ukraine.
11:18 Parce qu'on défend l'Ukraine à juste titre,
11:20 contre l'agression,
11:22 mais il y a un problème de distorsion de concurrence
11:24 qui risque d'être terrible.
11:26 Et je pense, justement, les agriculteurs qui sont en colère,
11:28 ils ont compris ça.
11:29 Alors on continue le débat dans un instant.
11:31 On parlera des présidents de la République et des salons de l'agriculture.
11:33 Il n'y en a qu'un seul qui n'est pas allé en tant que président.
11:35 Vous savez lequel ? Je viendrai.
11:37 Allez-y. Bon, allez, on fait la pause.
11:39 Et je vous donne la réponse dans un instant.
11:41 On se retrouve sur CNews et sur Europe 1.
11:43 Punchline.
11:45 18h-19h.
11:47 Laurence Ferrari sur CNews et Europe 1.
11:49 18h18, on se retrouve en direct dans Punchline,
11:55 sur CNews et sur Europe 1.
11:57 On y voit que les présidents de la République
11:59 et le salon de l'agriculteur.
12:01 Je vous le disais, c'est Emmanuel Macron
12:03 qui a passé le plus de temps qu'à plus de 14h en 2020 sur le salon.
12:05 Il n'y a que 10h.
12:07 Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac, tous les deux,
12:09 entre 5h et 4h30.
12:11 Et le seul, mon cher Julien Dreyfus,
12:13 qui n'est pas venu en tant que président de la République,
12:15 c'est François Mitterrand.
12:17 Il est venu en tant que candidat en mars 80,
12:19 mais il n'est jamais venu en tant que président.
12:21 Vous me l'apprenez.
12:23 Je vous apprends des choses sur Mitterrand.
12:25 J'ai été convaincu que je l'avais fait.
12:27 Il savait quand même, lui aussi,
12:29 comme on dit, caresser le cul des vaches.
12:31 Il était élu de zone...
12:33 - Le président chéri des agriculteurs, c'était Jacques Chirac.
12:35 On va juste écouter une toute petite séquence.
12:37 Parce que vraiment, Chirac,
12:39 c'était le président des agriculteurs.
12:41 C'est en 2007. C'est son dernier salon d'agriculture en tant que président.
12:43 Il est accueilli par un producteur qui lui ramène
12:45 un symbole de la France profonde. Écoutez.
12:47 - Monsieur le président de la République,
12:49 je vous en promens du monde rural,
12:51 la capitale à Noisette, le berceau de la prune,
12:53 le pays de l'élevage.
12:55 Alors, je suis un bénévole de la République qui me marre pour le monde rural.
12:57 Monsieur le président, je suis heureux.
12:59 Vous portez des noisettes et du pruneau quand vous étiez à l'hôpital.
13:01 - Je me souviens de ça.
13:03 - Vous vous souvenez de ça ? - Oui.
13:05 - Ce matin, je me suis levé de bonheur pour quitter cette France profonde
13:07 et de vous remettre ce symbole que je vous offre,
13:09 monsieur le président de la République,
13:11 en vous remerciant pour tout.
13:13 La France profonde, donc capitale à Noisette, berceau du pruneau,
13:15 pays de l'élevage. Et je compte sur vous, monsieur le président,
13:17 pour que ces villages continuent à vivre.
13:19 Car on se bat, même s'il faut traverser la France lundi
13:21 pour venir vous voir, monsieur le président.
13:23 - Merci infiniment.
13:25 - C'est nostalgique d'entendre Jacques Chirac.
13:27 - Parce que Jacques Chirac, quand il allait au salon de l'agriculture,
13:29 moi je l'ai vu une fois, c'était la veille,
13:31 c'était pour lui vraiment un moment de plaisir.
13:33 - Ah oui ? C'était le bonheur ?
13:35 - Pour lui, c'était pas une corvée.
13:37 Il mettait le réveil, il était pressé.
13:39 Et voilà, il avait une relation très, très particulière.
13:41 Et alors surtout, il avait une santé d'acier.
13:43 Il était capable de boire, de manger.
13:45 - Et de manger dès 7h du matin.
13:47 - Il tenait le coup.
13:49 - Mais c'est intéressant de voir cette espèce de concurrence
13:51 que se sont livrées Rachel et les présidents
13:53 au fil des années.
13:55 Puis après, 14h.
13:57 Qu'est-ce que vous faites 14h sur un salon ?
13:59 - C'est vrai, c'est assez impressionnant
14:01 parce qu'il faut avoir à mon avis une stratégie
14:03 pour pouvoir tenir,
14:05 faire les différents stands
14:07 pour ne pas être complètement...
14:09 - Fatiguée.
14:11 - Non mais...
14:13 - C'est pour l'anecdote.
14:15 - Après, c'est intéressant comment
14:17 les différents politiques, et là,
14:19 avec les élections européennes qui arrivent,
14:21 vont tous venir, à mon sens,
14:23 au Salon de l'agriculture.
14:25 Comment ils vont arriver ?
14:27 - Comment ils vont être reçus les uns les autres ?
14:29 - Et comment ils vont travailler leurs personnages
14:31 au sein du Salon de l'agriculture ?
14:33 - Alors en même temps, sur les heures de présence,
14:35 faites attention, parce qu'il y a une petite modification.
14:37 - Ah, du temps ?
14:39 - Jacques Chirac, comme les autres, ne commencez pas
14:41 à prendre un petit déjeuner, un long petit déjeuner.
14:43 Or, là maintenant,
14:45 dans les 14h, vous avez 4h de petit déjeuner.
14:47 C'est-à-dire qu'ils arrivent à 5h du matin.
14:49 Voilà, ils vont pour le petit déjeuner, etc.
14:51 Ah, et donc, ça allonge les temps.
14:53 - Il y a le temps de parole,
14:55 et puis il y a le temps de présence au Salon de l'agriculture, Johan.
14:57 - Oui, oui, c'est vrai, mais là, effectivement,
14:59 il y aurait un enjeu pour Emmanuel Macron à battre son propre record.
15:01 Il pourrait dire, vous voyez, on avait prédit
15:03 que j'allais être mal accueilli, et puis en fait, je suis resté
15:05 pourquoi pas 15h.
15:07 Donc il y a un enjeu de cette nature-là
15:09 pour le président de la République, cette fois-ci.
15:11 Mais le Salon, au-delà des enjeux agricoles,
15:13 bien sûr, qui sont extrêmement importants,
15:15 c'est un lieu où il se passe toujours quelque chose.
15:17 Tous les présidents y ont un peu laissé des plumes.
15:19 Nicolas Sarkozy, c'était le "Casse-toi, pauvre con".
15:21 On se souvient de François Hollande
15:23 s'adressant à un enfant en disant
15:25 "Ah, ben Nicolas Sarkozy, tu le verras plus".
15:27 Il y a des présidents qui ont reçu...
15:29 - J'avais oublié ça. - On a essayé de jeter des oeufs
15:31 sur des présidents de la République, etc.
15:33 Donc c'est vraiment un endroit où il se passe vraiment...
15:35 où on fait aussi de la politique.
15:37 Il reste toujours quelque chose de ce Salon
15:39 pour les présidents de la République.
15:41 - Bon, OK. Sabrina, vous voulez rajouter quelque chose ?
15:43 - Oui, bah, c'est pour illustrer ce qui a été indiqué,
15:45 c'est-à-dire que c'est effectivement
15:47 un défi de plébiscite populaire,
15:49 le Salon de l'agriculture,
15:51 lorsqu'on est président.
15:53 Et là, on a vu précédemment
15:55 les échanges avec Jacques Chirac,
15:57 où le lien presque charnel était établi
15:59 entre l'agriculteur et le président de la République.
16:01 Et en 2024,
16:03 Emmanuel Macron va s'y rendre,
16:05 sachant qu'il n'est pas plébiscité par les agriculteurs.
16:07 Et la méthode communicationnelle...
16:09 - Qui ont voté pour lui en 2022.
16:11 - Absolument. Il y a à peu près 30%
16:13 de la sociologie électorale des agriculteurs.
16:15 Le premier était Emmanuel Macron, en effet.
16:17 Mais là, en termes de stratégie
16:19 communicationnelle, ça va être très difficile
16:21 pour le président de la République d'essayer de retrouver
16:23 une adhésion populaire,
16:25 un ancrage avec les agriculteurs
16:27 en pleine crise de l'agriculture.
16:29 - En même temps, il y a...
16:31 - Ah oui, je trouve que ça vous intéresse encore.
16:33 - Je sens une petite manière
16:35 de communication. - Ah oui ?
16:37 Du genre ? - Du genre, tout le monde pense
16:39 que ça va mal se passer. - Et ça va hyper bien se passer.
16:41 - C'est un hasard. D'ailleurs, comme il est malin,
16:43 il va dire que sur la tomate, il est d'accord,
16:45 que sur la banane, il va dire quelque chose,
16:47 qu'il en a marre.
16:49 Il va convoquer tout le monde pour dire...
16:51 - Il n'est pas malin. Il dit à tout le monde
16:53 ce qu'il veut entendre. Mais il suffit de comparer.
16:55 Quand il parle à l'humanité,
16:57 il dit qu'il y a l'arc de républicain,
16:59 que le Rassemblement national n'est pas dans l'arc
17:01 de républicain. Quand il parle à d'autres,
17:03 il dit... Enfin, il engueule son premier ministre,
17:05 son ex-premier ministre, pour dire
17:07 qu'il faut arrêter de fasciser
17:09 le Rassemblement national. Ça dépend.
17:11 Emmanuel Macron, c'est vraiment le président
17:13 attrape-tout de l'archipel français.
17:15 Le problème, c'est que ça commence à se voir.
17:17 - Oui. - Et le sujet,
17:19 c'est que, comme disait M. Drey,
17:21 le problème, c'est qu'il se heurte
17:23 à une conflictualité sociale.
17:25 Et comme vous rappeliez tout à l'heure,
17:27 les objectifs et les perspectives
17:29 d'Emmanuel Macron vis-à-vis
17:31 des agriculteurs, je ne suis pas
17:33 tout à fait d'accord avec vous. Parce qu'en réalité,
17:35 l'intérêt, l'enjeu, c'est surtout l'Europe.
17:37 C'est surtout l'élection de Mme Van der Leyen.
17:39 Parce qu'Emmanuel Macron ne peut rien faire
17:41 en la matière pour aider les agriculteurs.
17:43 M. Drey parlait tout à l'heure
17:45 de, comment dire, du gros
17:47 "calibre" de la FNSEA, de l'énorme
17:49 poids, l'énorme ancrage et l'énorme
17:51 paradigme de la FNSEA.
17:53 Mais les petits agriculteurs,
17:55 aujourd'hui, qui, selon l'INSEE, par exemple,
17:57 en 2018, près de 50 % d'entre eux
17:59 vivent avec moins de 22 000 euros par an.
18:01 Donc, ces petits agriculteurs, eux, aujourd'hui,
18:03 entrent en conflictualité avec le pouvoir politique,
18:05 le bloc élitaire. Et Emmanuel Macron,
18:07 alors, il aura peut-être beau faire du en même temps,
18:09 il aura peut-être beau faire, effectivement,
18:11 des difficultés communes et professionnelles,
18:13 il n'empêche qu'il va quand même devoir s'affronter
18:15 à une conflictualité qui est grandissante.
18:17 Et pas simplement en France, d'ailleurs.
18:18 C'était juste un tout petit mot pour reparler
18:20 de Jacques Chirac. Je crois qu'on ne pourra jamais
18:22 trouver mieux, par rapport à sa proximité
18:24 avec les agriculteurs, que manger des pommes.
18:26 Bah, mais oui, bien sûr. C'est vrai.
18:28 C'était un beau slogan.
18:30 D'en faire un slogan, il fallait le faire.

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