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Les Vraies Voix de l'emploi avec Olivier Lluansi, professeur au CNAM et auteur de "Réindustrialiser. Le défi d’une génération" (Déviations) ; Joël Fourny, président de la CMA France (Chambre des métiers et de l’artisanat) ; Laurent Legrain, fondateur de Workeez.


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##LES_VRAIES_VOIX_DE_L_EMPLOI-2024-11-12##

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Transcription
00:00— SUDRADIO, 19h20, les vraies voix de l'emploi.
00:04— Les voix de l'emploi, bienvenue à vous sur SUDRADIO. On est ensemble jusqu'à 20h.
00:08Nous allons parler travail, embauches et parfois crises aussi, effectivement.
00:12Vous l'avez entendu dans les jours qui précèdent, les fermetures d'usines qui se multipliaient,
00:17pas que d'usines, d'ailleurs, de magasins de grande distribution. Notamment, 150 000 emplois seraient menacés l'année prochaine.
00:23C'est ce que redoute la dirigeante de la CGT Sophie Binet, qui parle de 200 plans sociaux à venir.
00:29On en listera quelques-uns. Mais avec cette question notamment sur les usines et l'industrie,
00:33la désindustrialisation est-elle une fatalité ? Non, nous répondra notre invité que nous allons recevoir dans un instant.
00:40On va parler aussi des métiers qui recrutent mais qui ont du mal à recruter. C'est le monde à l'envers.
00:44Ce sont les artisans. À partir de 19h30, on recherche en France, tenez-vous bien, 15 000 menuisiers, 12 000 plombiers,
00:509 000 boulangers-pâtissiers, 8 000 bouchers. On les recherche tellement que c'est souvent bien payé.
00:55On va en parler avec notre deuxième invité à 19h30. C'est le président de la Chambre des métiers et de l'artisanat.
01:02Et puis pour vous donner 2 ou 3 solutions, après tout, et montrer un petit peu d'innovation aussi dans le secteur,
01:06on vous présentera à la fin WorkEase. C'est une start-up, une application qui veut devenir le Tinder,
01:12c'est-à-dire le site de rencontre des demandeurs d'emplois ou des recruteurs. On en parlera à la fin de cette émission.
01:18Bienvenue à tous dans « Les vraies voies de l'emploi ».
01:21« Les vraies voies sud-radio ».
01:23Je le disais, non, la désindustrialisation n'est pas une fatalité. C'est un peu votre devise en ce moment, Olivier Luancy. Bonsoir.
01:32Bonsoir, oui. C'est ma devise. En tout cas, c'est une conviction que j'ai chevillée au corps.
01:36Mais écoutez, justement, vous allez essayer de nous rassurer parce qu'on reçoit beaucoup de mauvaises nouvelles sur certains sites industriels.
01:42On a beaucoup parlé des usines Michelin. On en parle beaucoup, mais ce n'est pas les seuls qui inquiètent.
01:46Vous êtes professeur au CNAM et auteur de ce livre « Réindustrialiser le défi d'une génération ».
01:53D'une génération et aussi, on va le dire, d'un pays concrètement, puisque ce que vous nous dites,
01:58c'est qu'on peut arriver à recréer de l'emploi là où on en détruit, mais à condition que tout le monde travaille ensemble.
02:05Il y a un peu de ça. D'abord, il faut se convaincre collectivement qu'on ne réindustrialise pas que pour créer des usines,
02:11que pour créer des millions de valeurs ajoutées qu'on va mettre dans une case « Valeurs ajoutées industrielles » pour nos tableaux économiques.
02:18Non, réindustrialiser, ça a trois finalités. La première, c'est une question de souveraineté. Et ça, on l'a tous vécu pendant le Covid.
02:25On sait qu'il faut le faire.
02:26Il faut le faire. La deuxième, c'est réduire notre empreinte environnementale.
02:29Il ne faut pas oublier que 50 % de notre empreinte carbone, elle est importée.
02:33Et quand on fabrique en France, on fabrique avec moins d'émissions de carbone et globalement moins d'empreintes environnementales.
02:39Et puis, la troisième finalité de l'industrie, c'est effectivement de créer des bons emplois, mais pas que dans les métropoles.
02:47Au contraire, à côté des villes petites et moyennes qui ont beaucoup, elles, souffert de la désindustrialisation.
02:52Et ça a même généré les Gilets jaunes, en tous les cas en partie.
02:55Maintenant qu'on a rappelé pourquoi il fallait réindustrialiser, ce sur quoi tout le monde est absolument d'accord, est-ce qu'on en a les moyens aujourd'hui ?
03:02Après tout, quand le patron de Michelin annonce la fermeture de deux sites, il l'explique.
03:06On n'est malheureusement pas compétitif dans son secteur.
03:08On sait qu'un exemple, il y en a d'autres, par rapport ne serait-ce qu'à d'autres pays en Europe.
03:13Alors effectivement, nous avons encore un grand chemin à faire en France pour réindustrialiser.
03:18D'abord, le premier point positif, c'est que pendant quelques années, je dirais entre 2021-2022, nous avons été en phase de réindustrialisation encore trop modeste.
03:29On a créé 20 000 emplois en France.
03:31Il aurait fallu, pour être sur une vraie trajectoire de réindustrialisation, en faire 60 000.
03:36Mais on a commencé cette dynamique-là.
03:38Et aujourd'hui, on bute sur plusieurs choses, mais qui sont à notre portée.
03:42Par exemple, le patron de Michelin dit que l'énergie est trop chère en France et même en Europe.
03:48Alors si vous voulez baisser le prix du gaz, c'est compliqué, parce que soit on l'importe, et dans ces cas, il est liquéfié et cher,
03:55soit on l'importe de la Russie, on l'achète de la Russie directement, pas liquéfié, mais dans ces cas-là, ça nous pose d'autres questions.
04:01En revanche, il y a un levier qu'on a, c'est l'électricité.
04:05En France, on produit 80% d'électricité nucléaire.
04:09C'est une électricité qui a un faible coût.
04:11On la vend sur un marché européen qui est, je dirais, très, très élevé,
04:17parce qu'il est aligné sur le prix du gaz, les quotas de CO2, alors que l'électricité nucléaire ne consomme pas de gaz et n'émet pas de CO2.
04:25— Et c'est largement fait constater, parce que tous ceux qui nous écoutent sur Sud Radio ont une facture d'électricité.
04:28Ils ont tous constaté que ça avait augmenté depuis un an, deux ans à peu près, et souvent très fortement.
04:33Je parle même pas des patrons d'entreprises. Comment on explique que les factures aient augmenté alors même que le nucléaire n'a pas de raison d'avoir augmenté ?
04:40— Eh bien pour une raison très simple que j'essayais de présenter, c'est aujourd'hui, le prix de l'électricité,
04:45il est en majorité du temps calculé sur le prix d'un mégawatt-heure d'électricité fabriquée avec une centrale à gaz
04:52sur lequel on a rajouté des quotas de CO2, parce que le gaz, ça émet du CO2.
04:56— Et c'est pas juste, ça. — Et même si vous fabriquez un mégawatt-heure d'électricité nucléaire,
05:01le marché européen vous dit « Vous devez le vendre à ce prix-là ». Et ça, on a des possibilités pour sortir au moins en partie,
05:08et notamment pour l'industrie, puisqu'on parlait de l'industrie tout à l'heure, on a la possibilité d'isoler une partie de cette électricité
05:15en disant « Celle-là, je la vends pas au prix du marché. Je la vends à un prix régulé ou à un prix plus bas afin d'assurer ma compétitivité ».
05:23C'est une décision qu'on peut prendre. Elle est devendue. — Comment on explique qu'elle ait pas été prise ?
05:27Parce que franchement, Bruno Le Maire avait lancé ce qu'on avait appelé le bouclier énergétique. L'État a préféré payer des milliards
05:33pour limiter la hausse de la facture. Pourquoi on n'a pas préféré simplement modifier les règles ?
05:39— Alors grande question. Je n'ai pas toutes les réponses. La première, c'est si on fait ça, on sait qu'on va au-devant d'une négociation
05:46qui pourra être dure avec la Commission européenne. Mais quelque part, il faut savoir ce qu'on veut.
05:50Si on veut réindustrialiser le pays, il va nous falloir une source d'énergie décarbonée et pas chère.
05:56— Et on l'a déjà. — Et on peut l'avoir. Donc il faut s'affranchir de règles. Et encore une fois, ça donnera peut-être lieu à un rapport de force.
06:02Mais l'UE, ce n'est pas que des procédures administratives. C'est aussi de temps en temps des rapports de force où vous assumez
06:09de la politique ce qu'on veut. La deuxième raison qui est un arbitrage, je dirais, d'ordre budgétaire – on parle pas du budget de l'État –,
06:16c'est qu'EDF a été très sollicité. Pendant 10 ans, l'État a prélevé à peu près 2 milliards d'euros de dividendes sur EDF.
06:24Même quand la situation financière de FDF ne le permettait pas vraiment. C'est pas moi qui le dis. C'est un rapport du Sénat.
06:30Et puis récemment, le bouclier énergétique dont vous parlez, quelque part, on s'attendait à ce que ce soit le budget.
06:35C'est de la solidarité. C'est de la prévoyance collective. Eh ben non. On a ponctionné pour ça 8 à 9 milliards sur les comptes d'EDF.
06:43Et donc aujourd'hui, EDF, dans les négociations qui sont en cours avec les industriels, a envie de combler ses chiffres, son budget et son résultat.
06:52— Alors ça, c'était pour les coûts. Maintenant, on va parler des hommes et des femmes avec vous. Parce que quand on ferme une usine,
06:57ce sont des gens qui, souvent, ont travaillé 20 ans, 30 ans, 40 ans. Parfois, pour certains, ça devient de plus en plus rare.
07:02Mais quand même, dans le même site. Et on leur dit du jour au lendemain qu'ils ne servent plus à rien, en tout cas que leur travail n'existe plus.
07:08Comment leur proposer un autre emploi dans le domaine qui est de leur compétence ? C'est quand même très compliqué.
07:15— Alors ça peut être compliqué. Premier point. Vous avez évoqué le fait que l'artisanat recherchait plein de profils.
07:21Jusqu'à il y a quelques mois, et ça reste vrai dans un certain nombre de territoires et de secteurs, il y a encore des postes vacants dans l'industrie.
07:28Il y en avait 60 000 il y a quelques mois. 60 000 postes vacants en France dans l'industrie il y a quelques mois.
07:35Donc c'est encore un secteur qui a un potentiel. — Ça demande seulement de déménager souvent.
07:41— Et vous pointez exactement le sujet qui est devant nous. En fait, ce qu'on a constaté lorsqu'il y avait des grandes fermetures,
07:48c'est qu'en fait, nous, Français – et c'est un trait culturel –, nous sommes peu mobiles. On n'est pas comme les Américains.
07:53On ne met pas notre maison sur une remorque comme un mobilhome pour aller d'un État du Nord à un État du Sud et poursuivre le marché du travail.
08:00On a un attachement, un ancrage territorial parce qu'on est propriétaire de sa maison, parce qu'on a ses amis, son cercle affectif, sa famille, parce qu'on est du coin.
08:08— On a toute sa vie sur place. — Et alors il y a quelques exemples récents qui démontrent qu'on a une autre façon, par exemple,
08:14de voir comment faire face à un accident industriel, une fermeture. Je vais en prendre un récent, qui est la fermeture de Bridgestone.
08:21C'est des pneus aussi. C'était à Béthune. C'est pas à Cholet et Michelin. C'était à Béthune. Et il y avait une inquiétude territoriale énorme.
08:29Est-ce que ça allait créer une catastrophe territoriale ? Alors il y a eu deux actions faites. Une classique, qui est de dire
08:37« On va aller chercher des projets qu'on appelle exogènes », c'est-à-dire qui ne sont pas du territoire. On va aller chercher des projets
08:42dans une autre région, voir des projets d'investissement étrangers qu'on va essayer de réimplanter sur ce site industriel qui ferme.
08:49C'est une solution. Mais en fait, ils ont mis en œuvre une autre solution qu'on a trouvée et qu'on a démontré après qu'elle pouvait se faire
08:56dans beaucoup beaucoup de territoires français. Ils sont allés faire le tour des chefs d'entreprises industrielles du territoire.
09:02Et ils ont dit « Si tu as actuellement un projet qui est en carton, que tu n'as pas osé le faire, pour ton territoire qui risque d'être
09:11sacrément touché par cette fermeture, c'est le moment de te lancer et on va t'aider ». Et pour le cas de la fermeture de Bridgestone à Béthune,
09:19c'était juste quand on a lancé France Relance. Et à ce moment-là, on pouvait même dire « Et en plus, l'État va t'accompagner dans ton investissement ».
09:27Et le total a été que la fermeture de Bridgestone à Béthune a été, je ne dis pas indolore, ce serait faux, mais en tous les cas,
09:36n'est pas devenu un drame comme celle de Goodyear à Amiens il y a quelques années suivantes.
09:40On a réussi à reclasser les salariés, en tout cas de leur retrouver un travail.
09:45Alors je ne dis pas que ça a été pour tout, mais globalement, socialement, pour le territoire, ils ont réussi à mobiliser une énergie qu'on n'était pas
09:52allé chercher et qui était tous ces projets cachés, endormis, dans les entreprises industrielles qui n'osaient pas avancer.
09:59Et c'est un des aspects qu'on va aborder avec vous. Dans quelques instants, souvent, les pouvoirs publics ou les investisseurs
10:04ignorent même les projets qu'ils pourraient accompagner ou qui pourraient faire rouvrir des usines.
10:09On va en parler avec vous. Restez avec nous sur Sud Radio, Olivier Luancy.
10:13Je le rappelle, vous êtes l'auteur de ce livre « Réindustrialiser, c'est le défi d'une génération » publié chez Déviation.
10:19On va aussi vous emmener dans un endroit en France en particulier où une drôle de proposition a été faite aux salariés,
10:26avec le soutien d'ailleurs de la mairie pour sauver un site. A tout de suite.
10:29Sud Radio, 19h20, les vraies voies de l'emploi.
10:38Les vraies voies de l'emploi, comment sauver notre industrie ? Comment sauver nos emplois ou les faire revenir ?
10:43Tout simplement, on en parle avec notre invité Olivier Luancy, professeur au CNAM et auteur de ce livre « Réindustrialiser,
10:49c'est le défi d'une génération » publié chez Déviation. On en parlait tout à l'heure avec vous, Olivier Luancy.
10:57Comment sauver ces bassins de vie pour éviter justement qu'ils ne deviennent en perdition ?
11:01Tiens, ça se passe en ce moment, c'est dans l'Oise, et vous en entendrez davantage demain dans le Grand Matin Sud Radio de Jean-Jacques Bourdin.
11:07Dans l'Oise, à Feuquières, très précisément, une usine de verre dans l'industrie du verre qui s'appelle la « Saver Glass »,
11:15qui emploie plus de 1300 personnes, autant à peu près d'ouvriers qu'il n'y a dans la commune,
11:21même si évidemment tous les ouvriers ne sont pas des habitants de cette commune.
11:24Elle est menacée de fermeture et une proposition étonnante a été faite aux salariés.
11:28On peut garder vos postes à condition que vous baissiez votre salaire. Proposition qui est soutenue par le maire de la ville, M. Etienne.
11:35Ça me touche en tant que maire, en tant que citoyen, de voir qu'on est prêt à saboter un outil industriel qui fabrique des produits
11:43qui sont haut de gamme, très haut de gamme, simplement parce qu'on doit faire un effort.
11:46C'est de la faute de personne. Si le marché mondial est en train de changer, c'est complètement ridicule.
11:52On ne fait pas tomber l'entreprise avec 1400 personnes, simplement parce qu'on veut un bras de fer gagnant face à une érection.
11:59Et en d'autres termes, Jean-Pierre Etienne, le maire de la ville, encourage les syndicats et les salariés à accepter de baisser leur salaire
12:06pour sauver l'usine et leur emploi. Des propos recueillis par François-Louis Bourneau pour Sud Radio.
12:12Parfois, ça peut s'apparenter à du chantage pour les syndicats. Parfois, c'est la seule solution.
12:17Comment vous en pensez-vous Olivier Luancy ?
12:19Qu'au sein d'une démocratie, j'allais dire d'une entreprise, il y a une démocratie sociale à faire vivre.
12:26Et si c'est une solution pour sauver l'entreprise dans le cadre d'un dialogue avec les syndicats, pourquoi pas ?
12:31Il faudrait sans doute associer cela à ce qu'on appelle une clause de retour à bonne fortune.
12:36C'est-à-dire si effectivement on sauve l'entreprise et qu'elle arrive à redevenir profitable demain,
12:42qu'il y ait une redistribution et que ceux qui ont fait un effort, y compris salarial, puissent s'y retrouver après.
12:49Rattraper le salaire. Sauf que les repreneurs de l'usine ne seront pas nécessairement d'accord.
12:52Parce que ça leur permettrait de perdre les économies qu'ils auraient faites tout de suite.
12:56C'est une question que je ne connais pas, qui est l'actionnaire de cette entreprise.
13:02On a un sujet en France, c'est qu'on a de l'épargne, on a de l'argent,
13:07mais elle n'est pas investie à travers des fonds français dans notre outil productif.
13:11Si on avait une sorte de gouvernance française, un ancrage territorial,
13:16peut-être avec des fonds régionaux comme ceux que je préconise,
13:19dans ces cas, on aurait un actionnariat sans doute très sensible à la rentabilité, indéniablement,
13:25mais aussi à l'effet de son action sur son territoire, à l'emploi de ces gens-là.
13:29Et c'est quelque chose qu'on peut développer encore une fois.
13:31Mais qui peut-être serait aussi à la merci des agents du territoire, après tout, pourquoi pas,
13:35des élus qui expliqueraient que quoi qu'il arrive, il faut sauver tel ou tel site, même s'il n'est pas rentable.
13:40Alors on a eu cette expérience il y a 20 ou 30 ans, ça s'appelait les sociétés régionales de développement,
13:45où effectivement les régions, c'était au début des régions,
13:47avaient commencé à investir parce que la loi leur en donnait la possibilité directement dans les entreprises.
13:52Ça ne s'est pas toujours très bien terminé.
13:54Aujourd'hui, il y a un autre modèle qui existe et qui est complètement transpartisan,
13:58parce qu'on le retrouve en Bretagne, on le retrouve en Auvergne-Rhône-Alpes,
14:01on le retrouve dans les Hauts-de-France.
14:03C'est une initiative politique des conseils régionaux,
14:05une gestion d'un fonds par des privés, des spécialistes du financement,
14:10il y en a aujourd'hui des excellents dans toutes nos capitales régionales,
14:14qui collectent de l'épargne individuelle et qui permettent de financer des projets dans le territoire.
14:19Ça peut rapporter 5% d'intérêt, c'est mieux que le livret A,
14:22et surtout ça apporte la fierté de mettre 1000, 2000, 3000 euros de moins pour son territoire.
14:28Et ce modèle-là, il existe, mais il est tout petit, il faudrait lui donner de l'ampleur,
14:34et typiquement, si ces fonds, et encore une fois, on a l'argent,
14:37les Français ont 6600 milliards d'euros d'épargne,
14:41qu'on pourrait immobiliser quelques pourcents de cette épargne pour ce type d'outil-là,
14:45on sauverait Saveur Glace, avec peut-être un nouvel actionnaire,
14:49mais un actionnaire qui aurait aussi une sensibilité sur l'ancrage territorial de cette entreprise,
14:54et s'il y a un accord fait avec les salariés sur une réduction temporaire du salaire pour sauver la boîte,
15:00qui, dans ces cas-là, serait peut-être plus enclin à dire,
15:03« Demain, si ça marche, je vous ferai partager le retour à bonne fortune. »
15:08Malgré tout, quand vous entendez le maire de cette ville,
15:10concrètement celle de Feuquières dans l'Oise,
15:12vous entendez l'inquiétude d'un élu qui se dit,
15:15« J'ai mon usine de près de 1300 ouvriers, dans ma ville de près de 1300 ouvriers. »
15:20On l'a dit, tous les habitants n'y travaillent pas,
15:22mais globalement, c'est un désastre absolu pour cette ville si l'usine venait à fermer.
15:28Tout à fait, c'est la contraposée de la réindustrialisation.
15:32Ça a duré pendant 40 ans, ça s'appelle la désindustrialisation.
15:35Alors certes, pendant toute cette période-là,
15:37on a eu des grandes métropoles qui sont développées dans toutes nos régions,
15:41avec des services dits « à valeur ajoutée »,
15:43c'est-à-dire des cabinets d'avocats d'affaires, des assurances, ce type de fonction-là.
15:49Mais dans les territoires, autour des villes petites et moyennes,
15:53quand il y avait un employeur principal qui fermait, qui faisait faillite,
15:57c'était ce que j'appelle la faillite du territoire lui-même.
15:59C'est-à-dire, dans un premier temps, les gens perdent leur emploi,
16:02il y a une désocialisation, il y a des phénomènes de violences,
16:06éventuellement, qui peuvent se passer, intrafamiliales, des dérives personnelles.
16:10Et puis, c'est le territoire qui part en vrille totalement, et ça, on l'a vu.
16:14Je pense que chacun des auditeurs que vous avez a en tête une sous-préfecture,
16:19une ville petite et moyenne, dans laquelle il a vécu,
16:22il a un membre de sa famille, des amis, qui a connu cette terrible histoire.
16:26C'est la terrible histoire de notre désindustrialisation,
16:29celle qu'il faut absolument éviter.
16:30D'où le fait que notre réindustrialisation, c'est simplement une nécessité.
16:34Une nécessité, oui, sauf qu'à l'arrivée, malgré tout,
16:37ce qui est fabriqué en France coûte plus cher.
16:38En tout cas, quand on l'exporte, on l'entendait, le maire le disait,
16:41c'est la mondialisation.
16:42Si beaucoup d'usines ont fermé, c'est parce qu'elles étaient plus rentables
16:45à l'étranger, malheureusement.
16:46Est-ce qu'en relançant, en ouvrant un nouveau site,
16:49on arrive quand même à le rendre compétitif ?
16:51Alors, il y a plusieurs éléments.
16:53Un, nous n'avons pas investi suffisamment dans notre outil productif,
16:57et donc il n'est plus aussi efficace que celui de nos voisins,
17:01même européens, et c'est un cercle vicieux.
17:03Encore une fois, là-dessus, et ce n'est pas une question de moyens,
17:06nous avons de l'épargne, nous avons des moyens de le collecter,
17:08simplement, on a des énormes TBO qui emmènent ça pour acheter
17:12des bons du trésor, y compris américains.
17:14On a 200 milliards d'euros d'argent des épargnants français
17:18qui achètent du bon du trésor américain, c'est quand même un peu paradoxal.
17:21Donc vous voudriez un fonds souverain français en quelque sorte,
17:23ou une multiplication de petits fonds souverains
17:25qui rachèteraient des usines pour semer des territoires.
17:27Exactement, mais, encore une fois, et là vous avez raison,
17:29on peut avoir cette modernisation,
17:31on pourrait avoir de l'énergie pas chère ou moins chère comme de l'électricité,
17:35mais ça ne suffira pas.
17:36Il faut en avoir pleinement conscience,
17:38on vit en Europe, on a un modèle de société,
17:41on a des valeurs, on a un modèle social,
17:44on a des ambitions environnementales,
17:46on ne veut pas acheter du gaz russe
17:47parce qu'on n'est pas d'accord sur ce qui s'est passé en Ukraine
17:50alors qu'il n'est pas cher,
17:51c'est ce qu'on appelle du commerce éthique.
17:53Et quand on empile tout ça,
17:55vous avez à la fois des exigences, c'est des valeurs,
17:57mais c'est aussi des contraintes sur la production qui ont un coût.
18:01Et il y a un moment donné
18:02où on peut toujours faire la course à la compétitivité,
18:05mais il y a un plancher.
18:06À un moment donné, on touche ce plancher,
18:07et ce plancher c'est celui de nos valeurs.
18:09Ce qui m'amène à une des propositions
18:12qui a été faite par Mario Draghi dans son rapport,
18:15nous avons besoin d'une politique commerciale en Europe,
18:20qui nous protège.
18:21Donc on taxe davantage les produits qu'on apporte.
18:24Par exemple, on peut les taxer,
18:26ou on peut mettre des règles différentes, techniques,
18:28pour éviter d'utiliser que la taxe qui est visible
18:31comme le nez au milieu de la figure
18:33par des instances internationales, par l'OMC.
18:35Mais il y a plusieurs solutions
18:37pour faire en sorte que les productions en Europe ou en France
18:41redeviennent compétitives.
18:43François Ménégault, le patron de Michelin,
18:45disait très clairement,
18:46la compétition n'est pas loyale en Europe.
18:49Il faut retrouver un cadre de compétition loyale.
18:51Alors maintenant qu'on a dit tout ce que vous avez dit,
18:53et qu'on a écouté votre piste,
18:54et en quelque sorte aussi votre optimisme,
18:57est-ce que vous avez l'impression
18:58d'être écouté par les pouvoirs publics ?
18:59On annonce de plus en plus de fermetures de sites,
19:03est-ce que les prochains mois
19:04vont quand même pas être une saignée industrielle
19:07comme le dit la patronne de la CGT ?
19:08Alors je n'aime pas le terme saignée,
19:09mais on va rentrer dans un hiver de notre réindustrialisation.
19:14Je le crains réellement.
19:16Si on reprend un peu de recul,
19:18à partir du moment où on a eu le Covid,
19:21ou même, on va remonter au gilet jaune,
19:23on a fait territoire d'industrie,
19:25on a vérifié ce que je vous disais sur Béthune,
19:27mais qui s'est vérifié dans tous les territoires,
19:29il y a plein de projets qui attendent
19:32dans les boîtes, les PMI, les ETI industrielles en France,
19:35et qui ne se réalisent pas.
19:37En fait, ils détiennent entre leurs mains
19:40les deux tiers de notre réindustrialisation.
19:42S'ils réalisaient leurs projets,
19:44deux tiers de notre réindustrialisation seraient en route.
19:47Donc, il y a ce montant de projets qui attend.
19:50On a eu le Covid et on a eu France Relance.
19:52Ça a permis de déclencher plein de projets.
19:54Je vous ai donné l'exemple de Béthune.
19:56Il faut bien réaliser qu'on a mis beaucoup d'obstacles
19:59à la création d'un site industriel,
20:00et que si la puissance publique ne vient pas accompagner,
20:03montrer qu'elle est en soutien,
20:05ses projets resteront dans les cartons.
20:07On l'a démontré par France Relance.
20:09Donc, on a cet outil-là.
20:11Après, on a un peu dévié.
20:12On a préféré l'innovation de rupture par France 2030.
20:16On a fait le choix de l'énergie chère.
20:18Si on revient aux basiques que je viens d'énoncer,
20:20c'est-à-dire aider le tissu industriel
20:22et protéger les productions françaises et européennes,
20:25je pense qu'on peut relancer notre réindustrialisation.
20:28Il n'y a pas de raison qu'on ne puisse pas le faire.
20:29On va terminer sur cette note d'optimisme.
20:32Merci beaucoup, Olivier Luancy, professeur au CNAM,
20:34auteur de ce livre « Réindustrialiser le défi d'une génération ».
20:37C'est publié chez Déviation.
20:39Allez rester avec nous sur Sud Radio.
20:40Les voies de l'emploi, on se retrouve dans un instant.
20:42Les vraies voies de l'emploi, d'ailleurs,
20:44pour ceux qui perdent malheureusement leur emploi industriel,
20:46il y a des postes à pourvoir dans d'autres secteurs.
20:49L'artisanat, on en parle avec notre invité,
20:51qui a plein de postes à vous offrir.
20:52À tout de suite.
21:02Les vraies voies de l'emploi jusqu'à 20h sur Sud Radio.
21:04Quels sont les secteurs qui ont du mal à recruter ?
21:06Quels sont les secteurs qui parfois perdent leurs emplois ?
21:08On a parlé de ce qui fermait, de ce qu'il fallait sauver.
21:11Parlons maintenant de ce qui recrute tout de suite avec notre invité.
21:14Joël Fourny, bonsoir à vous.
21:15Bonsoir.
21:16Bienvenue sur Sud Radio, président de la CMA France.
21:19C'est la chambre des métiers et de l'artisanat.
21:21Combien d'artisans en tout ?
21:222,4 millions d'entreprises artisanales.
21:25D'où le bon vieux slogan, on en parlait avant de revenir à l'antenne.
21:28La première entreprise de France, c'est vous.
21:31Vous recrutez, vous recrutez massivement.
21:33Vous avez un certain nombre de métiers qui recherchent des bras
21:36et qui ont à ce stade d'ailleurs du mal à les trouver.
21:38Alors, je vais donner la liste, un pêle-mêle quand même.
21:4115 000 menuisiers, rien que 15 000 menuisiers.
21:43C'est le premier poste de recrutement chez vous.
21:45Oui, c'est l'un des premiers postes, mais il y en a d'autres dans le secteur du bâtiment.
21:49On est à 12 000 besoins dans le domaine de la plomberie, etc.
21:53On a quand même entre 9 000 et 5 000 personnes recherchées dans le secteur alimentaire.
22:00La boulangerie, pâtisserie notamment.
22:01Comment expliquer d'abord que la menuiserie soit celle qui recherche le plus de bras ?
22:06Alors même que dans ma vie de tous les jours, j'ai croisé des boulangers pâtissiers,
22:09j'en ai vu des plombiers, j'étais content de les voir d'ailleurs quand ils arrivaient.
22:12Mais des menuisiers, on en a croisé beaucoup moins souvent.
22:15Mais parce qu'en fait, le secteur du bâtiment et notamment les métiers du bois
22:19sont des métiers très à la pointe avec des entreprises de taille plus conséquente qu'un boulanger.
22:25Et donc, il y a des besoins en termes de besoins de main-d'oeuvre importants.
22:28C'est un secteur qui représente énormément sur la filière artisanale.
22:33Et donc, du coup, il faut beaucoup de recrutement,
22:35beaucoup de jeunes, beaucoup de besoins de jeunes pour ces métiers.
22:40Les métiers en général sur le secteur du bâtiment, maçons, plombiers, couvreurs, etc.
22:47Qui sont souvent réputés physiques, qui sont aussi des métiers qui peuvent bien payer en général.
22:53Des métiers physiques, c'est vrai qu'on a tendance à le dire.
22:56Mais bon nombre d'entreprises ont travaillé énormément sur la sécurisation du poste de travail,
23:02l'amélioration des conditions de travail.
23:05Et donc, aujourd'hui, les ans, c'est plus facile.
23:08Et en tout cas, les jeunes sont sur des dispositifs beaucoup plus adaptés.
23:11Je vous disais justement des métiers réputés physiques.
23:13Vous pensez que c'est ça qui rebute les jeunes ?
23:15Non, pas du tout. C'est plutôt une image positive.
23:18Les métiers du bois attirent beaucoup de jeunes, intéressent beaucoup.
23:21Même d'ailleurs, il en faudrait davantage.
23:22Mais il en faudrait davantage.
23:23Et malgré des jeunes qui sont sur d'autres activités, ils ne sont pas rares.
23:29Le nombre de jeunes en reconversion qui viennent, c'est vers les métiers du bois notamment.
23:32Exactement. Alors parlons maintenant des plombiers.
23:3412 000 plombiers qui sont recherchés.
23:36S'il y a bien un emploi qu'on ne pourra jamais délocaliser
23:38parce qu'on a besoin qu'il soit physiquement chez nous quand il y a quelque chose à réparer.
23:41C'est le plombier. 12 000, c'est énorme.
23:44Quelle compétence il faut pour devenir plombier ?
23:47Déjà, il faut avoir l'appétence pour le métier. Il faut avoir l'envie du métier.
23:50Il faut être, j'irais, attiré par le travail manuel,
23:54même si, bien sûr, il y a la partie intellectuelle qui est nécessaire.
23:58Mais en tout cas, c'est des systèmes beaucoup plus complexes,
24:02avec beaucoup de technologies nouvelles, avec de l'innovation aussi sur ces métiers.
24:06Donc, ça intéresse aussi les jeunes.
24:08Avec des compétences d'avenir parce qu'on est aussi sur l'isolation.
24:11Par exemple, la transition énergétique, le plombier a son rôle à jouer,
24:14notamment l'installation des chaudières.
24:17Beaucoup de plombiers sont chauffagistes.
24:18Oui, et en termes de conseils d'appui, j'irais, en termes de conseils auprès du consommateur,
24:24d'appui sur la partie technologie nouvelle.
24:27Donc, aujourd'hui, on forme et les formations sont adaptées pour permettre aux jeunes
24:32d'avoir ces compétences et ces connaissances techniques
24:36pour apporter un service au consommateur.
24:38Alors, il y a aussi les bouchers.
24:39Il y en a, par avis, au moins un par ville, 8000 bouchers cherchés.
24:44C'est un métier qu'on peut commencer jeune.
24:46Avec quelles formations en général ?
24:48En général, ça commence par le CAP, puis ensuite, ça continue par un bac pro.
24:53Et derrière, vous avez des formations aussi complémentaires sur le secteur de la vente.
24:56Vous pouvez avoir aussi des formations complémentaires sur des niveaux supérieurs.
25:00Donc, voilà, dans l'intérêt même pour le jeune de reprendre, pourquoi pas,
25:04aussi une entreprise, une responsabilité dans l'entreprise.
25:06Alors, un métier qui est par nature en centre-ville, en général,
25:09parce que c'est souvent là que les commerces sont,
25:11même si de plus en plus, on en voit en périphérie.
25:13Et un métier qui paye bien ?
25:14Un métier qui paye très bien, d'ailleurs.
25:16Bon nombre de bouchers ont plutôt, j'irais, des salaires assez révalorisés
25:22avec une capacité, j'irais, de développement en termes de responsabilité dans l'entreprise,
25:28une montée en compétences.
25:30Et donc, derrière aussi, des possibilités d'installation, de reprise d'entreprise
25:35et avec une carrière très souvent très exceptionnelle.
25:37Alors, on pense toujours que ce sont des métiers qu'on commence très jeune en étant apprenti.
25:41J'ai parlé juste à l'instant avec notre autre invité, le précédent invité,
25:45de la désindustrialisation.
25:46Parfois, vous avez des fermetures d'usines.
25:48Est-ce qu'il est possible de se reconvertir quand on vient d'un métier, par exemple,
25:52quand on était ouvrier et de se reconvertir complètement pour devenir artisan,
25:55par exemple, boucher, entrer dans la pâtisserie ?
25:57Il n'est jamais trop tard.
25:58Non, il n'est jamais trop tard.
26:00D'ailleurs, le réseau des chambres des métiers propose des reconversions
26:03avec des formations adaptées, accélérées, qui permettent à des gens qui sont en reconversion,
26:08en recherche de nouvelles activités professionnelles,
26:11de pouvoir se positionner sur ces métiers de bouche,
26:14quels que soient les métiers du secteur de l'artisanat.
26:16Alors, vous avez une projection.
26:17Dans les dix ans, moi, quand je l'ai lu, j'en suis parvenu.
26:21Dans les dix ans à venir, vous aurez en tout 300 000 emplois à pourvoir
26:25dans les entreprises qui seront à céder dans les dix ans.
26:27C'est énorme.
26:28Oui, c'est énorme.
26:29C'est un enjeu extrêmement important pour notre secteur, pour la filière artisanale,
26:33pour la garantie des savoir-faire du secteur.
26:37Bien évidemment, 300 000 entreprises artisanales à reprendre dans les dix années qui viennent,
26:40ça veut dire qu'il faut former, continuer à accélérer les choses par rapport à la formation.
26:45Quand je lis ce chiffre, ça me rappelle ce que je lis parfois sur les médecins, par exemple.
26:48Les médecins vous diront qu'ils ont un métier merveilleux.
26:50Est-ce qu'on risque d'avoir des déserts artisanaux dans les dix années qui viennent ?
26:54Non, parce qu'on forme énormément de jeunes par la voie de l'apprentissage.
26:58200 000 jeunes formés chaque année sur la filière artisanale.
27:01Dans le réseau, on forme 112 000 jeunes chaque année.
27:05Donc, ça veut dire qu'aujourd'hui, on a largement accéléré l'investissement sur la formation initiale.
27:11Et donc, c'est préparer aussi les choses pour permettre de se donner les moyens
27:15d'assurer la reprise et la transmission d'entreprises.
27:17Aujourd'hui, on a quand même 50 % de nos chefs d'entreprise qui sont issus de l'apprentissage.
27:22Donc, c'est une vraie filière d'excellence pour former à la reprise.
27:25Et qui a repris beaucoup de poils de la bête.
27:27Vous êtes plutôt optimiste ce soir, en fait, sur Sud Radio.
27:29Alors, je suis plutôt optimiste tout en ayant, bien sûr, des inquiétudes sur le secteur aujourd'hui,
27:34parce qu'évidemment, il y a une baisse d'activité dans certains cas.
27:37Le secteur du bâtiment, pour autant, constate une baisse de commandes.
27:42Notamment dans la construction neuve.
27:43Voilà, dans la construction neuve.
27:44Mais vous avez aussi sur le secteur alimentaire, le panier moyen a tendance à baisser.
27:49Mais pour autant, les artisans restent confiants, restent confiants sur l'avenir d'autres chefs d'entreprise
27:55ou d'autres catégories de chefs d'entreprise.
27:56On peut quelquefois le dire, oui, même s'ils ont des inquiétudes encore
27:59et ils ont besoin de visibilité, de stabilité par rapport aux choix politiques qui sont faits.
28:04Ça, on est tous à la même enseigne.
28:05Mais notamment, l'aide à l'apprentissage en est une.
28:09Oui, alors ça, précisément, parlons-en de l'aide à l'apprentissage, parce qu'elle est sur la sellette.
28:14Comme un certain nombre de dossiers, on est en ce moment dans une période de restrictions budgétaires.
28:20Est-ce que vous craignez que l'apprentissage perde gros ?
28:23Oui, c'est un risque.
28:24À partir du moment où vous avez une enveloppe budgétaire sur la formation qui est plutôt en nette diminution,
28:30ça veut dire qu'il y aura forcément des répercussions des dispositifs qui vont être modifiés,
28:34notamment l'aide aux entreprises artisanales.
28:36Et nous, nous défendons le principe même qu'il ne faut pas toucher aux petites structures.
28:40Et en tout cas, les entreprises en dessous de 250 salariés doivent continuer à être accompagnées.
28:46Pour l'instant, je pense que ça va plutôt dans le bon sens.
28:48Là, nous demandons vraiment un soutien particulier,
28:51parce que si on ne continue pas à créer la vraie dynamique pour la formation initiale,
28:57pour ces métiers d'avenir, ces métiers qui ont une capacité d'employabilité,
29:01quelque part, on remet en cause l'investissement dans le futur par rapport à l'engagement,
29:06par rapport aux nouvelles générations.
29:07Imaginons que l'aide à l'apprentissage dans les petites structures de moins de 250 habitants
29:11soit finalement rabotée dans le prochain budget.
29:13Oui, dans les moins de 250, évidemment, s'il y avait une baisse importante.
29:19Quand on parle de 4500 euros par entreprise, par jeune employé par l'entreprise,
29:24ça veut dire que très nettement, ça pourrait mettre un frein à la dynamique sur l'apprentissage.
29:29C'est là que je voulais en venir.
29:30Est-ce que vous avez une idée à peu près du nombre de postes d'apprentis
29:35qui finalement ne verront pas le jour ou seront détruits par le changement de ces aides ?
29:39Je n'ai pas d'idée exacte sur le nombre que l'on pourrait avoir en termes de diminution d'apprentis.
29:46Mais aujourd'hui, nous avons une forte dynamique avec une évolution constante,
29:50avec une stabilité constatée à la rentrée 2024.
29:54Vu la conjoncture économique, c'est plutôt extrêmement confortable et bien.
29:59Mais par contre, si vous baissez les aides et les accompagnements, ça veut dire que derrière,
30:04vous avez sans doute des difficultés pour les entreprises à pouvoir maintenir leur engagement fort.
30:10Je rappelle quand même que depuis le Covid, les entreprises artisanales,
30:14malgré les différents sujets, ont maintenu leurs effectifs en termes d'engagement sur l'apprentissage.
30:23Donc vous ne voudriez pas que le vent se retourne justement du fait de l'instabilité politique ?
30:27Voilà, je pense qu'il y a besoin de donner confiance aux entreprises artisanales.
30:31Je crois qu'il faut les rassurer, il faut les conforter.
30:34C'est une économie de proximité qu'il faut absolument préserver.
30:38C'est la richesse économique de notre pays sur l'ensemble du territoire national.
30:43Les entreprises sont présentes partout sur nos territoires.
30:45Elles créent un dynamisme, une vie sociale forte.
30:49Et donc, il faut garantir ces éléments-là.
30:51Alors, il y a beaucoup de monde qui vous écoute en ce moment,
30:52qui entend tout le temps qu'un certain nombre de secteurs d'emploi sont en train de détruire des postes.
30:59Qu'est-ce que vous leur dites pour qu'ils deviennent artisans ?
31:01Moi, je leur dis qu'il y a un avenir pour eux, là où ils ont peut-être une difficulté d'emploi,
31:07qui regarde précisément qu'ils aillent pousser les portes d'une entreprise artisanale,
31:12découvrir les différentes activités.
31:14Et ils auront sûrement une envie particulière.
31:16Et pour certains, ce sera une réelle opportunité pour eux d'avoir une reconversion assurée.
31:22Allez, on le rappelle, ces chiffres.
31:2415 000 menuisiers, on recherche.
31:2612 000 plombiers, 9 000 boulangers-pâtissiers, 8 000 bouchers,
31:294 000 emplois dans la coiffure, 3 000 dans l'esthétique.
31:32Et en tout, 300 000 entreprises à céder dans les 10 ans.
31:35Ça fait quand même beaucoup.
31:37Ce serait dommage de passer à côté de l'occasion, non ?
31:39Mais oui, quand on est capable de proposer autant d'emplois par le secteur aux jeunes générations,
31:46ce serait quand même du gâchis.
31:49C'était La France qui recrute, ce soir, sur Sud Radio.
31:51Merci, Joël Fourni, président de la Chambre des métiers de l'artisanat de La France, évidemment.
31:55A bientôt sur Sud Radio, à très bientôt.
31:57Allez, restez avec nous, il est 19h42, les vraies voies de l'emploi.
32:00On se retrouve dans un instant.
32:01On va vous présenter maintenant, tiens, peut-être le recrutement du futur.
32:04Pourquoi pas une application qui se veut le Tinder,
32:07le site de rencontre, pour ceux qui ne connaissent pas, du recrutement.
32:11Tout simplement, à tout de suite.
32:13Sud Radio, votre attention est notre plus belle récompense.
32:17J'adore Sud Radio dans la mesure où, là au moins,
32:20on peut s'exprimer en direct et donner notre avis.
32:22Sud Radio, parlons vrai.
32:25Sud Radio, 19h20, les vraies voies de l'emploi.
32:30Les vraies voies de l'emploi, on vous a parlé des secteurs qui recrutent,
32:32on vous a parlé de ceux qui ne veulent pas fermer.
32:35Parlons maintenant du recrutement de demain,
32:37avec notre dernier invité sur Sud Radio.
32:39On est avec Laurent Legrain.
32:40Bonsoir.
32:41Bonsoir, Jean-Marie. La forme ?
32:43La forme, en pleine forme.
32:44Écoutez, ravi de vous retrouver sur Sud Radio.
32:46Vous êtes le fondateur de WorkEase.
32:48Alors, WorkEase, c'est une application, en quelque sorte,
32:52que vous voulez comme le Tinder du recrutement.
32:56Alors, je le rappelle, Tinder, c'est une application de rencontre amicale
33:00et plus si affinité, évidemment.
33:02Pourquoi ce serait le Tinder de…
33:03Qu'est-ce qui fait que votre application serait le Tinder du recrutement ?
33:07Aujourd'hui, dans WorkEase, il y a deux solutions.
33:10WorkEase Emploi, la partie physique, humaine, sur tout le pan,
33:12c'est notre expertise depuis huit ans
33:15dans le domaine de l'intérim du recrutement-placement.
33:18Et donc, WorkEase Connect, c'est effectivement la solution,
33:21le Tinder de l'emploi.
33:22Vous m'entendez bien ?
33:23Je vous entends très bien.
33:25OK, super.
33:26Et en fait, pour la simple et bonne raison,
33:28c'est qu'aujourd'hui, effectivement, on parle de sites de rencontre
33:30à titre personnel, mais à ce stade,
33:33il n'y a pas de canal de site de rencontre professionnel.
33:36Et donc, nous, on a voulu ouvrir ça parce qu'aujourd'hui,
33:38il existait les réseaux sociaux, les job boards, les ATS.
33:42Et effectivement, on est sur un pan professionnel
33:46où d'un côté comme de l'autre, le candidat et l'entreprise
33:50est là pour se mettre en lumière.
33:52Donc, on envoie un réel coup de projecteur sur, effectivement,
33:54de la data forcément qui touche au professionnel,
33:57que ce soit la mobilité, les compétences, l'expérience,
34:01le taux horaire ou la rémunération, les certifications,
34:06j'en passe et des meilleures.
34:07Et en fait, on embarque un système de scoring
34:09qui fait que d'un côté comme de l'autre, quand on s'inscrit,
34:12on enrichit de la data.
34:14Il y a un jeu de notification qui part d'un côté et de l'autre
34:17et qui envoie en tout cas un match potentiel.
34:21Et le candidat, en fait, ne voit pas que l'offre,
34:23mais il voit l'offre, il voit les photos, les vidéos,
34:26les statistiques, l'organigramme, il voit tout sur l'entreprise.
34:29En gros, et c'est important ce que vous nous dites,
34:31ça peut avoir l'air futuriste ou abstrait pour certains,
34:34mais concrètement, quand une entreprise qui recrue de voie
34:37à mon profil, elle sait combien je veux gagner,
34:40ce que je peux faire, où est-ce que je suis,
34:42est-ce que je peux venir, jusqu'à quelle heure je peux travailler ?
34:44Elle sait déjà presque tout de moi avant même l'entretien d'embauche.
34:48En fait, on facilite l'intégration grâce à ces projecteurs respectifs
34:52parce que le candidat, en fait, lui, sans rien faire,
34:55c'est-à-dire que si en amont, il doit s'inscrire,
34:57il doit enregistrer son profil, il a même une quantaine de questions
35:01qui gravitent autour de la marque employer
35:02parce qu'il a en capacité de répondre à des questions autour de
35:06quelles attentes il aurait d'une entreprise sur ses avantages sociaux,
35:09la communication qu'il attendrait, le mode de management, et j'en passe.
35:16Et à côté de ça, il va renseigner tout son CV sur ses expériences,
35:20ses formations, ses compétences.
35:22Et en fait, c'est le puissant Algo qui fait ce fameux rapprochement.
35:25Et en fait, lui, un beau jour, il reçoit une notification,
35:28un match potentiel, et il voit non seulement sur quelle offre il a matché,
35:32parce qu'en amont, de l'autre côté de la barrière plutôt,
35:34c'est l'entreprise qui aura mis ses ingrédients sur la mobilité,
35:37les certifs, etc.
35:39Et lui, il n'a plus que là en barras du choix à dire,
35:41je reçois un match infinitaire sur une offre de stage
35:44ou une offre d'intérim ou une offre de CDD, de CDI.
35:47Et c'est lui qui dit, je like ou pas.
35:49Et de l'autre côté aussi, côté entreprise,
35:51il a forcément son mot à dire.
35:53Et s'il y a un vrai matching infinitaire comme un site de rencontre,
35:56ils ont l'opportunité de rentrer en contact via du chat et de la visio.
36:00On embarque dans la solution.
36:02Donc, il n'y a pas besoin d'aller dans une application Chairs.
36:05Tout est vraiment...
36:06En gros, vous faites de moi la perle rare de l'entreprise qui me recherche.
36:10Et inversement, vous faites de l'entreprise que je recherchais,
36:13celle que j'aurais pu ne pas connaître il y a deux semaines.
36:17Alors, grâce au scoring, effectivement, on a éclairé.
36:20On a vraiment affiné le recrutement.
36:23Maintenant, bien sûr qu'il va falloir se rencontrer via la visio.
36:28Pourquoi pas aussi le côté physique où on n'a pas la science à dire.
36:32C'est sûr que ça match, mais en tout cas,
36:35on a raccourci le process du recrutement pour faire en sorte que recruteurs
36:39et candidats puissent effectivement échanger vite et bien,
36:42de manière simple, rapide, efficace.
36:45Et après, effectivement, on transforme en embauche, en CDI, en intérim, en stage.
36:51C'est vrai que le parallèle avec les sites de rencontre
36:53et les applications de rencontre est troublant.
36:56En effet, simple et efficace.
36:57Et allons à l'essentiel.
36:59Parlons maintenant de la manière dont on utilise votre application WorkEase.
37:01Comment on fait pour s'inscrire ?
37:03Comment ça se passe ?
37:04Simplement, workeaseconnect.fr sur la partie web.
37:08Et côté, on a une double version app, donc mobile,
37:12au travers de l'iOS et Android.
37:13Il suffit d'aller dans le store, Play Store ou iOS.
37:17On tape WorkEase Connect.
37:18Alors, il y a deux applications.
37:21Il y a l'application WorkEase Connect Enterprise.
37:24On l'a appelée comme ça.
37:25C'est plutôt côté entreprise,
37:26mais en amont, l'entreprise va devoir souscrire son abonnement en web.
37:30Et par contre, côté candidat, c'est gratuit.
37:33Il faut quand même le rappeler.
37:35Il télécharge l'application.
37:36Il s'inscrit.
37:37Il va répondre à neuf questions obligatoires, que neuf,
37:41autour de la mobilité, de ses compétences,
37:44de ses certifications, de sa rémunération.
37:48Il va arriver sur le portail, soit mobile ou web.
37:53Et il n'aura plus qu'à enrichir son profil, répondre à des questions.
37:56Toute la data est embarquée.
37:58C'est simple comme le bonjour.
38:00Il suffit simplement de savoir lire et utiliser un outil numérique,
38:05mobile ou web.
38:06C'est le minimum syndical.
38:10Il a quelques minutes pour renseigner son profil.
38:13Et l'idée, l'idéal, c'est que la magie opère à postérieur.
38:16Eh bien, c'est tout ce qu'on souhaite.
38:17En tout cas, merci, Laurent Legrain, pour cette présentation.
38:21Je rappelle que vous êtes le fondateur de Workis, W-O-R-K-E-E-Z.
38:25Pour ceux qui voudraient chercher WorkisConnect.com, notamment sur Internet.
38:29Merci à vous.
38:30C'est la fin de Vraie Voix de l'Emploi.
38:31Demain, vous retrouverez Philippe David et Cécile de Ménibus,
38:34qui reviennent de leur lieu de vigilature respectif.
38:37Mais tout de suite, place au Vraie Voix du foot.
38:38Ce sera avec Guy Carlier et Emmanuel Galasso.
38:41Bonsoir, Emmanuel.
38:41Bonsoir, Jean-Marie.
38:42Au programme ce soir.
38:43Au programme ce soir, Lyon qui réintègre le top 5 après sa victoire.
38:46Je sais que ça vous fait du mal, Jean-Marie.
38:481-0 face à la Sainte-Étienne.
38:50Mais on se posera la question, au-delà du sportif,
38:52est-ce que Lyon va si bien que ça ?
38:53Parce qu'il y a la question financière qui vient d'être levée.
38:55Là, vous m'intéressez. On en reparlera, effectivement.
38:57Ça vous plaît plus, cet angle-là.
38:58On aura Alexandre Corboz, rédacteur en chef du Butoubo Club,
39:01pour décrypter la situation lyonnaise à Marseille.
39:04Est-ce que c'est la crise ?
39:04On se posera la question également avec un invité de marque
39:08qu'on peut déjà citer, Alain Giresse, qui sera parmi nous.
39:10Et enfin, pour conclure, pour Bordeaux également.
39:12On parlera un petit passage sur Bordeaux avec Maxime,
39:14qui est fan des Girondins.
39:15Et on parlera également, évidemment, des bleus
39:16entre le match face à Israël, l'absence de Kylian Mbappé.
39:19Il va y avoir matière à dire et à débattre.
39:21Et vous pouvez dès maintenant vous appeler, évidemment,
39:23au 0826 300 300.
39:24Eh bien voilà, à vous la main et à vous les studios.
39:27Avec Guy Carlier et Emmanuel Galasso,
39:29les vrais voix du foot, juste après les infos de 20h.
39:30Bonne soirée sur Sud Radio.

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