Jeudi 7 novembre 2024, LEX INSIDE reçoit Léa Fleury (CEO, Ordalie) , Stéphanie Corbière (Cofondatrice du Groupe IA, AFJE) , Régis Jacquin (Directeur juridique, Altamétris) et Stéphane Baller (Avocat Of Counsel, De Gaulle Fleurance)
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Bonjour, c'est Lex Inside Le Grand Débat, notre nouvelle émission mensuelle qui explore
00:29les grands enjeux juridiques contemporains. Pour ce premier numéro, nous plongeons au
00:34cœur d'une transformation silencieuse, l'intelligence artificielle et son impact
00:39sur le monde du droit. Pour nous éclairer sur ce sujet, j'ai le plaisir de recevoir
00:43sur notre plateau Stéphanie Corbière, cofondatrice du groupe Intelligence Artificielle de l'AFGE.
00:50Bonjour Stéphanie. Bonjour Arnaud.
00:52Également avec nous, directeur juridique d'AltaMaitrice, Régis Jacquin. Bonjour Régis.
00:58Bonjour Arnaud, bonjour à tous. Présent également sur ce plateau, Stéphane
01:03Ballaire, avocat off-council chez De Gaulle Florence. Bonjour Stéphane.
01:07Bonjour Arnaud et merci pour votre invitation. Et enfin, Léa Fleury, CEO d'Ordalie.
01:12Bonjour Léa. Bonjour Arnaud, merci beaucoup.
01:15Ensemble, dans notre débat, nous nous demanderons si l'intelligence artificielle est une évolution
01:21ou une révolution. Notre cas pratique illustrera concrètement les applications
01:28de l'intelligence artificielle dans les directions juridiques.
01:32Et commençons tout de suite cette émission par l'édito de Régis Jacquin.
01:46Pour commencer Régis, pourquoi les juristes doivent s'intéresser à l'intelligence artificielle ?
01:51Arnaud, merci pour la question. Elle amène un éclairage et sans doute une définition pour
01:56commencer. Et vous avez parlé d'une révolution, une évolution silencieuse. Moi je dirais qu'elle
02:01fait grand bruit cette révolution et les juristes, la profession doit s'intéresser à l'IA et au
02:08débarquement de l'IA dans notre actualité et pas que dans nos réunions, dans nos outils,
02:12dans toute notre vie, dans notre vie perso. Voilà, l'IA est arrivée et ces deux lettres,
02:18qu'est-ce qu'on a derrière ? Si on peut commencer par ça, le I et le A. Je vais commencer par le A
02:25peut-être, je vais inverser, je vais le faire à l'anglo-saxonne. L'artificiel de cette IA,
02:29à contrario, on va dire que c'est quelque chose qui n'est pas réel, qui n'est pas concret. J'ai
02:35envie de parler de logiciel. Et puis le I de l'intelligence, je pourrais vous donner une
02:38définition de juriste et je le suis, donc je serais même plutôt amené à le faire,
02:43mais je vais tenter de ne pas le faire. Je ne vous donnerai pas la définition de l'ACNIL ou la
02:47définition de l'ANSI qui est très bien par ailleurs. Je vais essayer de donner une définition
02:51de bon sens. L'intelligence, c'est quoi ? C'est la capacité du cerveau, du cerveau humain à
02:58accueillir une information, à la traiter, à la processer et puis à en ressortir une autre,
03:04une autre donnée, un réflexe, quelque chose. Donc c'est cette capacité, ce logiciel,
03:11cette intelligence artificielle va être en capacité d'accueillir des données,
03:14de les traiter et d'en ressortir d'autres éléments. Il y a l'IA, il y a l'IA générative. En réalité,
03:21c'est celle qui est arrivée avec fracas il y a quelques mois dans l'actualité et dans nos métiers.
03:26Avec Jadjipiti.
03:27Voilà, notamment, on aurait plein d'autres à citer. Je peux en citer les Gemini, les Perplexity. L'IA
03:34nous parlera aussi de sa solution. Des acteurs français qui sont investis sur le sujet. Ils nous
03:44ont apporté cette petite révolution. Pourquoi s'y intéresser ? Parce que dans notre vie de
03:51tous les jours, dans notre vie de famille, dans nos vies personnelles et dans nos vies
03:56professionnelles, ces solutions, elles sont en train de prendre le dessus sur de la productivité,
04:01sur de la recherche, sur ce qui structure nos métiers. Et c'est une des raisons,
04:09c'est la raison principale pour laquelle on doit comprendre un petit peu ce qu'il y a derrière.
04:13Je me souviens du début des années 2000, je vais faire une petite anecdote, un truc perso. Je suis
04:20sorti de l'université, j'avais la tête dans les codes, dans les revues, dans les jurisprudences,
04:24et puis je suis arrivé en entreprise. Ma DAF à l'époque, première employeure, me dit tiens,
04:30il faudrait que tu rédiges des conditions générales de vente. On a besoin d'actualiser ça dans
04:33l'entreprise. C'est parti. Et là, je n'avais plus les codes, je n'avais plus l'université,
04:37je n'avais plus les revues. J'étais devant un PC et je n'avais que moi et la page blanche pour me
04:43dire il faut que je pousse des conditions générales de vente. Et j'ai eu un peu honte au début des
04:47années 2000, il est temps de le dire. Le premier réflexe que j'ai eu, c'est de me connecter,
04:53trouver mon moteur de recherche préféré et taper exemple de conditions générales de vente,
04:57modèle de conditions générales de vente. Et je l'ai fait avec jeûne. Je cachais un peu l'écran,
05:03je tournais l'écran pour que personne ne voit. J'étais en train d'utiliser un moteur de recherche
05:07pour débuter le travail. Et puis après, j'ai pris la page blanche, j'ai commencé à taper et le
05:12traitement de texte me soulignait les mots en rouge. Et là, j'étais pris d'un nouveau sentiment
05:15de honte à me dire, je ne prends pas le métier par le bon sens, je ne sais pas écrire, je ne sais
05:21pas par où je dois prendre les choses. Et ce qui est important de rappeler, c'est qu'au début des
05:25années 2000, c'était des outils, c'était Internet, c'était Google, c'était le moteur de recherche,
05:29c'était les traitements de texte. Et les IA, les IA génératives, celles qui sont dans notre
05:34actualité, c'est ça, c'est un outil, ça ne nous remplacera pas. Ça n'a pas fait de moi un mauvais
05:39juriste, je pense, sur ces deux décennies passées. On doit se servir des outils, les outils viennent,
05:46ils s'imposent à nous, on doit les prendre, on doit les embrasser, on doit comprendre leur
05:49fonctionnement. À quel niveau on doit les comprendre ? C'est une question, on parlera peut-être. Est-ce
05:54qu'on doit tous être des ingénieurs pour utiliser les IA génératives ? Je ne crois pas, je ne sais
05:59pas comment fonctionne un PC vraiment ou Internet, et pour autant, je me sers d'Internet et je me
06:02sers d'un PC, je n'en ai plus honte. Donc voilà, je suis ravi de lancer, de pousser un petit peu plus
06:08loin la discussion et le débat aujourd'hui. Alors on va poursuivre l'échange peut-être avec Stéphane
06:13pour réagir sur l'intérêt justement de l'intelligence artificielle pour les juristes au sens large,
06:20avocats, magistrats, notaires. Alors, évolution, révolution, si on se met dans un monde industriel,
06:27si on parle d'industrie du droit, ce n'est qu'une évolution puisque finalement c'est une manière
06:31d'automatiser un petit peu plus de manière sophistiquée, de pouvoir un petit peu plus
06:36avoir un dialogue avec la machine et finalement, on appellerait ça dans une usine, une évolution
06:41d'ergonomie, c'est-à-dire je vais être obligé de travailler un petit peu différemment déjà au
06:45lieu de me cacher comme vous le faisiez en débutant mon cher Régis, là vous pouvez le faire devant
06:49tout le monde, c'est même smart d'utiliser chez les juristes les moteurs de génération d'idées
06:55et puis ça vous donne une puissance d'expression et d'imagination et c'est quand même pour ça
07:00qu'on paye les avocats, c'est sûr, les juristes d'entreprise, c'est aussi vrai, mais aussi les
07:05magistrats puisque quelquefois, il faut quand même faire évoluer les choses et le deuxième
07:08élément important, c'est peut-être la première fois où on peut avoir une vraie réflexion avec
07:13de vrais outils sur des éléments qui vont nous permettre d'améliorer la qualité du droit et sa
07:18plus grande diffusion parce que ce qui est très nouveau dans le monde d'aujourd'hui, c'est que
07:22chaque agent économique est un acteur de droit et du coup quand vous êtes directeur juridique
07:26comme Stéphanie dans une société où vous avez des vendeurs, où vous avez tout un tas d'acteurs
07:31qui peuvent la représenter, elle ne peut pas être derrière chacun et elle peut avoir recherché
07:36un levier qui va lui permettre d'être au plus près, de permettre de rendre peut-être ce droit
07:40plus accessible, d'avoir un niveau zéro, peut-être pas aussi pur que celui qu'on pourrait vendre,
07:45d'avoir cette information juridique qui soit quand même un petit peu pilotée et c'est vrai
07:49qu'aujourd'hui, cette intelligence artificielle générative donne cet accès si on l'embrasse,
07:55si on revoit sa manière de travailler et c'est peut-être ce qui est un petit peu compliqué,
07:59c'est qu'on en reparlera en termes de modèles économiques, en termes d'investissement,
08:04on n'a que deux années sur, finalement, le chat GPT, donc c'est très neuf quand vous regardez
08:11les courbes Gartner d'acquisition d'une technologie, on est plutôt sur des plateaux à dix ans donc
08:16c'est quand même aujourd'hui quelque chose de tout neuf. Si vous avez Harvey et OpenAI qui sont
08:22les deux grands acteurs notamment dans le monde du droit qui s'implantent à Paris dès le mois de
08:26janvier, ça veut dire que le marché est un petit peu mûr en France, c'est plutôt pas mal. D'un
08:31autre côté, il y a une vraie question de modèles économiques, de modèles collaboratifs, je vais
08:35même assez loin, vous savez que moi la profession du droit est une grande profession et que les
08:40avocats en entreprise, j'adorerais et si on pouvait aussi être magistrat de temps en temps,
08:43ça ne vous ferait pas de mal et venir enseigner parce qu'il faut venir enseigner dans les facs
08:47comme le fait Régis, ce serait extraordinaire d'avoir grâce à ces outils une certaine pérennité
08:53dans notre savoir et peut-être qu'on peut se poser la question de même que dans un cabinet d'avocats
08:58finalement la mise en place de l'intelligence artificielle qu'on fait depuis maintenant 15
09:03jours avec les avocats de De Gaulle Florence est une chose extraordinaire parce que ça nous engage,
09:10nous on a un modèle qui est un modèle de partage mais là ça engage encore plus à partager et puis
09:15je me disais mais je suis un peu facétieux et provocateur, vous me connaissez, en fait c'est un
09:19gros avantage, c'est comme vous êtes obligé de tout mettre ensemble, si vous partez ça reste.
09:24Bien sûr, alors peut-être une réaction de Léa puisqu'on a parlé de solutions américaines mais
09:29vous, vous avez créé une solution française d'intelligence artificielle juridique, pourquoi
09:35avoir créé cette solution ? Oui, alors le point de vue français et cette partie française elle
09:43est pour nous très importante Géordalie, il y a justement, on vient d'en parler des solutions
09:49américaines, il y a aussi tout un enjeu, je pense pas qu'on en parlera ici mais de sécurité de la
09:54donnée, de confidentialité de la donnée qui pour des professionnels du droit est quand même assez
09:58principale, nous on axe vraiment notre système de développement justement sur cette IA souveraine
10:10et sur ces données qui vont être hébergées en France avec une IA française. Je propose aussi
10:17d'avoir une réaction des juristes entre guillemets et Stéphanie peut-être revenir sur l'intérêt que
10:25peuvent avoir les juristes d'entreprise pour l'intelligence artificielle. Merci Arnaud, je
10:30pense que Régis l'a très bien exprimé en introduction, c'est vrai que l'IA va rester un
10:35outil et un outil qui permet énormément de possibilités en termes d'automatisation de
10:40gestion de la donnée, néanmoins c'est un outil qu'on doit savoir maîtriser, à aucun moment
10:46effectivement l'IA n'est susceptible de nous remplacer, en revanche on peut vite être dépassé
10:50donc il est très très important de conserver ce contrôle et les juristes doivent être les
10:56gardes fous et notamment en abordant les points qui ont été soulevés par l'IA à juste titre dans
11:01le déploiement de solutions IA. Régis peut-être une dernière chose à ajouter pour conclure cette
11:06première partie ? Oui c'est qu'on a un intérêt métier, un intérêt de bon sens fonctionnel de
11:12comprendre ces outils et comment on va les utiliser, les cartographier, ce qu'ils peuvent
11:16nous apporter, la production, la qualité et puis on est des juristes et du coup de toute façon on a
11:20un intérêt réglementaire, c'est qu'à un moment on sera aussi un peu contraint dans l'exercice,
11:24certains d'entre nous plus que d'autres, de s'intéresser à l'IA Act, à la réglementation,
11:30à la conformité dans nos groupes, à l'éthique et là en tant que juriste, on vient de citer les
11:36gardes fous, on doit embrasser le sujet pour accompagner nos structures, nos organisations,
11:42nos entreprises, nos salariés, on doit former, on doit cadrer, on doit rédiger, processer,
11:49documenter donc c'est le métier de juriste et c'est l'opportunité qui nous est apportée aussi
11:55par les IA et par la réglementation qui va arriver avec les IA, qui arrive, qui est là,
11:59c'est le métier du juriste, il est bien là. Voilà un bon moyen de conclure cette
12:04première partie et d'introduire notre deuxième partie avec nous, notre débat.
12:12Place maintenant au débat, intelligence artificielle, évolution ou révolution,
12:25on en parle tout de suite avec mes invités. On commence avec vous Léa, pour bien comprendre
12:29la mécanique de l'intelligence artificielle générative, comment cela fonctionne.
12:35Oui, merci Arnaud. Alors l'IA générative, ça va être une technologie qui apprend sur une masse
12:41de données considérables et qui, à partir de ça, va générer un contenu qui est nouveau. C'est un
12:47système qui repose sur un modèle de probabilité, donc elle va chercher à mettre des mots bout à
12:52bout. On était à la base sur un système de complétion, donc l'objectif c'est de prédire
12:57le mot suivant. De plus en plus, on arrive sur un système d'instruction, donc l'idée c'est
13:02qu'il y aura un input, donc l'IA va avoir une consigne et à partir de cette consigne va générer
13:08un résultat. Donc elle a déjà compris le rapport entre la consigne et le résultat généré en
13:13fonction de la demande de l'utilisateur. Ça c'est une technologie qui n'est pas nouvelle, elle existait
13:18déjà plusieurs années avant toute cette ère de chat GPT, mais elle a été démocratisée
13:24justement en fin 2022 parce qu'on a de plus en plus eu des très gros modèles, d'énormes
13:31bases de données avec des paramétrages à plus de 100 milliards de paramètres. Et donc ça a
13:37permis d'avoir des résultats beaucoup plus subtils, beaucoup plus nuancés, ce qui est aujourd'hui
13:43beaucoup plus intéressant. Et ce qui la rend si spéciale et remarquable, c'est cette faculté à
13:49générer en fait un contenu nouveau à partir d'un set de données qui existait déjà, donc quelque
13:56chose de complètement inédit. Et comment elle est entraînée cette IA, ça va vraiment, je simplifie
14:02vraiment, mais il y a deux phases. Il y a une phase de pré-entraînement, donc on va habituer l'IA
14:08à être confronté au langage, une langue française par exemple, anglophone surtout, à être confronté
14:17au langage juridique. Et ensuite il y a une phase de fine tuning, où là on va l'entraîner sur une
14:23tâche en particulier, là de plus en plus souvent l'instruction. Fine tuning c'est paramétrage
14:28pour bien comprendre. Voilà c'est on entraîne via, on la règle, on l'entraîne sur une tâche
14:34en particulier, à faire une chose en particulier. Et ensuite il y a d'autres types d'IA de manière
14:41générale. Je vais en prendre qu'une parce que c'est elle qui est quand même la plus pertinente
14:45dans le domaine juridique, ce sont les modèles d'embedding. Les modèles d'embedding ce sont des
14:50plus petits modèles d'IA, en fait ce sont des encodeurs, donc ils vont créer des vecteurs. Les
14:55vecteurs ce sont les coordonnées d'un document, et ces coordonnées on les retrouve ensuite dans
15:01une base vectoriale, donc c'est une base pas une, pas trois dimensions, mais 1024 dimensions. Et
15:07encore une fois je fais un énorme raccourci en disant ça, mais ce sont eux qui vont piocher la
15:13donnée pertinente quand l'utilisateur pose une question. Et ensuite on va souvent connecter ça
15:19avec des LLM, on appelle ça le RAG, ça permet d'éviter l'effet d'hallucination. L'hallucination
15:28qui est le phénomène quand l'IA invente des choses. Le RAG c'est le fait, pour bien comprendre,
15:33de spécialiser la donnée, c'est ça ? En fait le RAG c'est quand une technologie LLM va agir de
15:42concert avec des modèles d'embedding. Donc il y a deux choses, la technologie LLM, comme je l'ai
15:47dit tout à l'heure, son objectif c'est vraiment de mettre des mots bout à bout, de créer une
15:51phrase. La technologie du modèle d'embedding ça va plutôt être d'aller piocher la donnée
15:57pertinente et le RAG c'est la réunion de ces deux technologies pour aller chercher la donnée
16:02pertinente et restituer une réponse. Dans le domaine juridique on ne peut pas se contenter
16:07seulement d'une technologie LLM, sinon on va avoir cet effet d'hallucination. Elle va, on le voit très
16:15bien sur des numéros de pourvoi où elle va inventer des numéros de pourvoi, elle va confondre des
16:20jurisprudences. Oui on a une consœur américaine qui s'est fait égoler. Qui s'est fait rager du
16:24barreau pour ça. Les jurisprudences qui n'existaient pas. Alors comment on fait pour faire une IA
16:28spécifique sur le domaine du droit ? Et bien justement, il y a tout un aspect orchestration
16:36des modèles. Donc on va utiliser plusieurs technologies IA, dont justement ces fameux
16:41modèles d'embedding qui vont être coordonnés avec ces LLM. Nous par exemple on va utiliser
16:47plusieurs technologies LLM, mais on va également développer plusieurs modèles d'embedding qui eux
16:52vont être spécialisés sur du droit. Ce qu'il faut comprendre c'est que les LLM ce sont des
16:57modèles généralistes. Donc ils n'apportent pas d'expertise. Donc on est obligé de les aider à
17:02avoir cette expertise juridique et ce sont les modèles d'embedding qui vont apporter tout ça.
17:07Donc ils vont apporter la connaissance juridique et le LLM lui son rôle ce sera seulement de
17:12restituer la réponse. Ce qui permet de citer la base légale et d'éviter les hallucinations.
17:17On a bien vu maintenant la mécanique de l'IA. Je vous propose de réfléchir maintenant de
17:24voir comment les juristes ont appréhendé cette technologie, comment ils ont accueilli
17:29l'intelligence artificielle. Régis, quel est votre sentiment vous par rapport à l'arrivée
17:36de cette technologie dans le monde du droit ? Mon premier réflexe et en écoutant l'IA il revient,
17:41c'est que le juriste, l'avocat, maître ne peut pas faire sans le métier, sans le technique et que
17:49ce serait une faute, une erreur dès le démarrage. Nous juristes on explique souvent au métier qu'il
17:55faut pas qu'ils fassent sans les juristes parce qu'on a l'expertise, on a le métier, on a le
17:58savoir-faire, le cas, la réglementation, les bons réflexes. Donc voilà entre la sensibilisation
18:05qu'on doit avoir, la compréhension de comment fonctionnent ces technologies, quels sont les
18:09usages, on peut pas y aller sans la technique en fait et sans les spécialistes du métier. Donc le
18:15premier réflexe dans nos institutions, dans nos entreprises, dans nos organisations, ça va être de
18:22s'équiper, ça va être de s'accompagner d'une équipe, de sachant quand on en a. S'équiper mais aussi
18:28dialoguer de ce que je comprends. Exactement, on va devoir accueillir, cartographier, essayer de
18:32comprendre les usages, quels technos, pourquoi faire, par quel métier et le premier réflexe
18:39dans cet accueil dans nos institutions, ça va être de cartographier, d'inventorier et puis de
18:44s'entourer des bonnes personnes, des métiers, des ingénieurs, des juristes. C'est le premier
18:51réflexe. C'est aussi partagé ce sentiment par les avocats Stéphane ? Alors il y a un élément
18:56d'éducation, on reviendra dessus, qui est assez fort. Par contre il y a une puissance que vous
19:01disiez Léa sur la manière de calculer, sur l'utilisation du cloud, la puissance du calcul
19:07mathématique fait qu'on peut trouver une information juridique de plus en plus large si
19:11bien entendu elle a déjà été prédigérée, si elle est partageable, si son accès est possible et si
19:17elle n'est pas protégée. Donc ça fait quand même beaucoup de conditions qui font, comme vous le
19:21dites très justement Régis, il faut arriver à bien connaître à la fois l'espace de data que l'on
19:27peut avoir et notamment dans un cabinet d'avocats, savoir déjà où est-ce qu'on est organisé,
19:32comment est-ce qu'on a organisé et nous chez De Gaulle depuis 22 ans on a tous nos archives qui
19:37sont ensemble et avec la même architecture. Donc c'est vrai que cette donnée structurée
19:41elle est disponible et je peux la passer à Léa et à Ordaly parce qu'en plus elle me garantit
19:47quelque chose qui est franco-french et dédié au droit. Donc ça c'est une possibilité incroyable
19:52mais je pense aussi aux juristes d'entreprise qui n'ont pas forcément les moyens parce que nous
19:56c'est notre coeur de métier, un cabinet d'avocats il va valoriser cette information, cette intelligence
20:01et tout mettre au service de l'imagination pour lequel on paye. Dire le droit je vais pas dire
20:05tout le monde est capable de le faire mais en tout cas nous on est là pour imaginer le droit de demain
20:10donc on doit jouer avec ces outils. D'un autre côté c'est un investissement qui est important,
20:15nous on a notre coeur de métier, on peut investir. Pour un juriste d'entreprise c'est vrai que certains
20:19de mes clients me disent Stéphane nous on va faire avec copilote et copilote c'est pas comme
20:24Ordaly, c'est pour tout le monde. Alors c'est du Microsoft, c'est intégré dans l'ensemble des
20:28systèmes de l'organisation. Je trouve ça extrêmement intéressant parce que du coup ça
20:32peut aller chercher dans les SharePoint des RH, de la production, des trucs qui sont plus ou moins
20:37bien protégés mais sur lequel nous après tout comme on gère la confidentialité on sait faire
20:41et qui peuvent mettre du droit à ce moment là de manière assez puissante à cet endroit. Mais vous
20:47le voyez ça demande quand même une cartographie, une connaissance de la data, de la sécurité,
20:52une prise de risque et surtout un objectif. Des cas d'usage, Stéphane va nous en parler tout à
20:59l'heure mais très souvent aujourd'hui. Mais comme on l'a vu après avec l'automatisation des contrats,
21:03Stéphane je voudrais qu'on automatise les contrats, moi en plus je ne vends pas ça donc
21:06c'est assez facile. Moi ma réponse est un peu bête c'est pourquoi ? Parce que les copains le font
21:11ou parce que mon directeur financier l'a dit et je vais gagner un équivalent temps plein. Bah non
21:15ça dépend du type de contrat que tu fais. Donc il y a une chose c'est que c'est extraordinaire en
21:19termes de puissance et ce que ça peut apporter. Après moi je pose toujours la question c'est
21:23pourquoi faire ? Et c'est vrai que quand on dit bah c'est extraordinaire parce que ça va rédiger
21:28plus vite, ça va donner la productivité et tout. Honnêtement les cas de productivité que vous
21:33pouvez trouver quelquefois c'est pour des petits postes, des personnes n'a pas trop de valeur
21:37ajoutée. Et quand vous mettez l'investissement nécessaire en face à la fois en capital pour
21:42vous payer cette intelligence artificielle parce que l'IA il faut qu'elle vive et c'est important
21:46ce qu'elle fait. Mais aussi les heures d'avocat et d'avocat expérimenté parce que votre petit
21:51robot quand on lui tape sur les doigts. Alors déjà faut trouver des juristes qui leur tapent sur les
21:55doigts pour les éduquer. Parce que c'est ça on leur dit bah voilà si je te pose cette question
21:59voilà la réponse et si t'es pas sage un peu comme un chien chien on lui donne pas le sucre. Donc ça
22:04veut dire qu'il faut trouver des gens qui sont capables de faire ça donc ça à la fac. Poser les
22:08bonnes questions. Voilà poser les bonnes questions et tout ça et derrière en fait pouvoir le
22:11rentabiliser. Et c'est vrai que si vous économisez du temps sur des petits postes bah c'est pas
22:17encore intéressant. Bien sûr il y a une question il y a une réflexion je crois plus globale qui
22:22doit être menée au sein de cabinet d'avocats ou de direction juridique. Quelle politique de
22:28gouvernance doit-on avoir Stéphanie sur l'intelligence artificielle ? Merci Arnaud. Effectivement c'est
22:33une question cruciale. Pourquoi ? Parce que la gouvernance ça va un petit peu déterminer la
22:41forme et la dimension qu'on va accorder à l'IA et elle ne peut pas avoir une dimension unitaire.
22:47On doit avoir vraiment une approche holistique lorsqu'on développe une solution d'IA. Et la
22:51gouvernance évidemment elle doit être adaptée à la taille de l'entreprise mais elle doit être
22:54surtout pluridisciplinaire. Et ça c'est indispensable parce que ça permet de garantir déjà le respect
23:00des normes de conformité. Et si il sera nécessairement plus à même de comprendre les impacts côté
23:08cybersécurité qu'un juriste. Mais il faut mettre le juriste également au coeur du dispositif pour
23:17qu'il y ait cet échange. Mais également avec s'il y a un responsable éthique avec le responsable
23:21éthique ou le responsable compliance. Et cette équipe pluridisciplinaire elle permet également
23:27l'alignement avec les objectifs stratégiques de l'entreprise. Parce que toutes les entreprises
23:32n'ont pas forcément un souhait de déployer une solution d'IA. Et si c'est le cas il faut vraiment
23:37comprendre quelle est la philosophie qui est derrière. Parce que les principes directeurs qui
23:41guident le développement d'une IA ne sont pas forcément les mêmes d'une solution à une autre.
23:45Il faut vraiment qu'il y ait une adéquation entre le développement du projet et les attentes des
23:50dirigeants. Régis je vais me tourner vers vous. Est-ce qu'il y a des choses à anticiper sur cette
23:55gouvernance de l'IA ? Oui nécessairement. On a le point de tout à l'heure
24:07il y a des sujets financiers derrière ces modèles. C'est extrêmement important parce qu'on sait
24:12justement que sur l'IA c'est un investissement. Exact. Le coût, le temps, le pourquoi faire. Et on
24:19a beaucoup de structures qui n'ont ni le temps, ni les moyens, ni les ressources. Et qui vont partir
24:24sur copilot. On le cite parce qu'il est proposé par Microsoft. Il est dans l'antide, il est dans
24:28toutes les suites. Voilà donc par facilité on va partir sur un copilot. Et puis par économie
24:37si on veut faire de la traduction on parlera peut-être un petit peu des usages tout à l'heure
24:40mais on va partir sur un Deeple. Pourquoi pas. Pourquoi payer, pourquoi investir du temps pour
24:45implémenter un outil quand il y en a des qui sont sur le marché, qui sont gratuits, qui sont
24:48accessibles. Ça n'est pas satisfaisant du point de vue de la compréhension de la direction parce
24:55qu'on ne sait pas quels outils, pourquoi faire, où vont les données, comment on sécurise. Donc
25:01le collectif, il est indispensable pour accompagner le développement des outils.
25:07Et un élément en fait, on n'a pas appris ça à la fac de droit. C'est vrai que nous on a eu la chance
25:12d'avoir des co-développements, l'Elitis suite avec Keslow. On a fait pas mal de choses avec
25:18Delialtech. Donc on est un cabinet qui a une éducation, puis c'est un peu notre histoire,
25:23autour de cette tech et de l'innovation. Et en fait cette réflexion sur la data, sur la manière
25:28de l'organiser, sur la manière de pouvoir la partager avec des clients, jusqu'où on peut
25:32aller. Cette question de traduction, c'est vrai que nous quand on est allé sur le marché, on a
25:35dit ok, on va avoir notre système d'intelligence artificielle avec traduction et tout ça. La seule
25:40chose, c'est qu'on a cette terra avec toute notre histoire qui est à l'intérieur. Il n'est pas
25:45question qu'elle aille se balader, même dans le cloud aujourd'hui. Donc tout est sous E-manage.
25:49Et donc il a fallu qu'on trouve une solution, mais qu'on manage, vous disiez tout à l'heure,
25:53il faut trouver le conseil, qu'on manage le conseil, qu'on en essaye quand même, des wagons
25:57et des wagons et qu'on fasse plutôt ça le soir, qu'on ait une équipe informatique qui soit tellement
26:01incroyable, puisqu'on a sept informaticiens et moi j'ai eu la chance d'être le voisin du patron de
26:06l'informatique pendant trois ans. Donc une culture en fait qui fait que je crois que par rapport à
26:11d'autres cabinets ou dans d'autres directions juridiques où on connaît parfois à peine le
26:16DSI, voire mieux le RSSI si on a une cyberattaque, vous avez raison Stéphanie, mais c'est vrai que
26:22le niveau de culture et de connaissances minimum est un ticket d'entrée qui est extrêmement
26:28important pour beaucoup de juristes. Et là, il ne faut pas leur en vouloir, il faut vraiment les
26:31aider à bien connaître ça. C'est pour ça qu'on crée... Alors les aider, c'est justement la question de la formation
26:36aussi. Quelle formation aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a des formations Stéphane Bouquet
26:40enseignants, des formations dédiées sur l'IA ou qui aident en tout cas à comprendre ces enjeux ?
26:46Alors avant l'IA, il faut déjà comprendre où est la data, ce qui est un cloud, un peu comment marche
26:50un ordinateur quand même, si je peux me permettre. On a créé il y a dix ans avec Bruno Dauphin à Paris 2,
26:56à Panthéon, à Sass, un D.U. Transformation Digitale du droit illégal tech pour répondre justement à ce
27:02défaut de culture, pas pour faire du droit, il y a tout ce qu'il faut, mais à côté pour avoir un
27:06esprit un peu entrepreneurial parce que gérer le changement, changer ses habitudes, quitter ses
27:11codes, avoir du plaisir à passer du temps avec Léa et comprendre pourquoi une jeune femme qui était
27:16dans des très brillants endroits se met à créer des trucs avec des ordinateurs quand même beaucoup
27:21plus sympathiques que ça. Donc il faut déjà cet élément culturel qui est important, donc ça on l'a intégré
27:27dans l'EU, à l'époque il n'y avait pas l'IA, par contre il y avait la programmation, on s'est posé la
27:31question de la programmation. Est-ce que les juristes doivent savoir coder ? Exactement, alors moi
27:35honnêtement vous le savez, ça m'emmerde, et surtout j'avais vu aux Etats-Unis le début de nos codes,
27:40et donc moi je disais on va plutôt apprendre aux gens à bien raisonner, bien faire des arbres de
27:44décision, enfin ce qu'un bon juriste doit faire, et leur expliquer qu'en fait un bon arbre de
27:48décision, une bonne décision juridique, ça se met en 1 et en 0. Puis après on trouvera bien des gens
27:52parce qu'il faut faire travailler aussi le consultant, c'est important. Donc on n'a pas intégré ça et je
27:58crois qu'on a eu raison et les résultats qu'on a eus aujourd'hui ne sont pas mauvais. Là avec l'IA
28:02c'est vrai qu'on arrive dans un environnement différent, notamment il faut comprendre ce que
28:08Léa nous a dit derrière, c'est à dire que moi je lui fais confiance, elle me fait du français,
28:13j'aimerais bien comprendre comment ça marche. Qu'est ce qui fait que vous avez été juriste et
28:21vous êtes passé de l'autre côté et vous avez monté cette IA, ça veut dire que finalement on
28:27peut être juriste et s'intéresser de près à l'intelligence artificielle ? Oui tout à fait,
28:31en plus c'est un domaine où l'intelligence artificielle s'y prête extrêmement bien,
28:37c'est évidemment un secteur où il y a un vrai besoin d'efficience dans le traitement de la
28:43donnée et l'IA va pouvoir apporter ça. Donc moi j'avais forcément cette petite expérience de
28:51juriste qui m'a permis de déjà identifier des premiers cas d'usage qui aujourd'hui sont ce
28:59qu'ils sont, mais demain seront complètement différents. Et sur cette partie, je pense que
29:04je m'avance un peu, mais sur cette partie de la formation des juristes au code, je pense que
29:11demain il n'y aura peut-être même pas besoin de ça. Qu'est ce qui vous fait dire ça ? On abordera
29:21peut-être les perspectives tout à l'heure, mais en un mot ? En un mot, je pense que plus tard,
29:26il n'y aura rien que sur le prompt. Aujourd'hui il y a quand même presque une science autour du
29:32prompt, mais finalement demain il n'y aura même plus besoin de prompter parce qu'une IA qui sera
29:41performante, ce sera presque une IA qui ne se voit pas et qui sera performante sur des tâches de fond
29:45dont l'utilisateur n'aura même pas besoin, il pourra émettre sa volonté, mais ce sera une IA qui
29:53sera même plus réactive comme elle l'est aujourd'hui, mais qui sera presque proactive et donc qui sera
29:58planifiée, qui sera anticipée. C'est ça qui est intéressant, c'est quand on va combiner avec
30:06la parole, alors après il y aura quand même un petit coup écologique qui ne sera pas neutre,
30:09mais on va pouvoir discuter avec la machine, mais comme on le fait déjà en promptant,
30:13c'est ça qui est intéressant. Par contre nous, ce que l'on fait avec Bruno, c'est qu'on est en
30:17train de mettre en place avec les frères Ecole d'ingénieurs un MIM de deux ligues à l'ingénieur,
30:21parce que vous, vous avez trouvé une perle rare pour bosser avec et développer votre projet,
30:25mais ce n'est pas évident de travailler avec un ingé, d'avoir une même culture. Souvent,
30:30le juriste, c'est assez drôle parce qu'avec un financier c'est compliqué, mais un ingénieur,
30:35c'est beaucoup plus facile de travailler. Je pense que Stéphanie et Régis doivent être
30:39d'accord. Il n'y a pas de compétition sur le droit, il y a une seule chose qui nous unit,
30:43c'est la logique. Et pourtant, il faut connaître le domaine des uns et des autres déjà, les
30:49responsabilités qu'il peut y avoir derrière, l'intérêt qu'il peut y avoir, mais surtout les
30:53codes et les mots. Et du coup, l'idée, c'est vraiment de faire grandir pendant deux ans
30:59l'apprentissage à la fois des gens qui viennent d'une école d'ingénieurs, les frères, à la fois
31:04des gens qui viennent de la fac de droit, et d'arriver pendant deux ans à leur faire développer
31:08des projets en commun pour arriver à avoir plus de chance que Léane en a déjà eu en trouvant sa
31:14moitié pour développer son projet, ce qui est quand même extraordinaire, si je peux me permettre.
31:17Oui, Stéphanie, sur la question des compétences aussi.
31:21Oui, je vais en parler un petit peu tout à l'heure, mais c'est vrai que moi, il y a un sujet
31:25qui me fait rebondir parce que c'est vrai que c'est bien d'acquérir des nouvelles compétences. En
31:29revanche, il y a un sujet qui est crucial, c'est nous, juristes, on a une expertise, un savoir-faire
31:34qui est propre et on ne peut pas tout déléguer à l'IA et il est indispensable, justement, de lutter
31:39contre la paresse intellectuelle. Et ça, c'est surtout pour les jeunes juristes qui n'ont pas
31:43fait leurs armes comme on a pu le faire sur des fiches de contrats, sur de la jurisprudence de
31:48base, il est indispensable d'entraîner leur esprit critique lors de l'apprentissage. Donc,
31:54conserver ce savoir-faire, ça fait aussi partie de la formation.
31:57Bien sûr. Régis, peut-être un complément sur cette question des compétences à acquérir.
32:01Oui, tout à fait. De l'université au monde professionnel, on doit, enseignant, université
32:11professionnelle du droit, directeur juridique, DRH, réfléchir au panel des options qu'on a devant
32:17nous. La formation interne, la sensibilisation entre les métiers, du transverse toujours,
32:21l'équipe, je pense qu'elle est vraiment au centre de ce projet. Et puis, vers l'extérieur,
32:25tous les grands proposent des modules, des formations, des micro-formations, des MOOC,
32:29les grandes universités en proposent, l'université américaine, l'université française. On va
32:34chercher des webinars, ce qu'on est en train de faire aujourd'hui, ça contribue à le juriste,
32:40il ne doit pas être ingénieur, il doit travailler, il doit savoir travailler avec les ingénieurs et à
32:44ce titre, il doit comprendre leur métier, il doit avoir un vernis. Mais comme il doit être un
32:47linguiste, comme il doit être un chef de projet, comme il doit comprendre les métiers, il doit
32:52comprendre la prod, il doit comprendre les enjeux. Donc, une nouvelle fois, pas très différemment
32:55des autres multicasquettes qu'on doit avoir, on doit accompagner les entreprises, les directions
33:01RH doivent accompagner l'arrivée de ces technos en entreprise. Et puis, on doit aussi se rapprocher
33:06de nos universités, nos professionnels, aller aider, aller raconter l'entreprise pour faire
33:11mieux les juristes de demain. Les entreprises doivent aller dans les universités. Ça veut dire
33:16aussi que les directions juridiques doivent faire des formations au sein de la direction juridique
33:22sur l'IA régulièrement parce que ça évolue très vite. Bien sûr. Après, je vais toujours utiliser la
33:29même image, mais ce n'est pas parce qu'on ne sait pas démonter et remonter un PC qu'on ne va pas
33:33utiliser l'ordinateur. Donc voilà, l'IA, quand bien même, on ne comprendra pas exactement les
33:37gros mots qu'ont utilisé Léa tout à l'heure et ce qu'il y a derrière, ce que ça veut dire. Pour
33:41autant, on est des utilisateurs et on en sera demain. Donc, on doit accompagner les jeunes
33:47juristes aussi. Souvent, on explique que l'IA, vous l'avez fait tout à l'heure, on lui apporte
33:53des données. Elle va traiter, analyser ces données. Derrière, il y a cette phase d'entraînement et on
33:59va valider ou pas les résultats. Mais ce qui est valable pour l'IA, elle est valable pour nous
34:03aussi. On doit s'alimenter de nouveaux données, on doit s'alimenter de nouveaux cas et on a des
34:07professionnels du droit qui peuvent nous dire, là, c'est bon, là, ce n'est pas bon et on doit
34:12recommencer cette phase d'apprentissage. Donc aujourd'hui, les juristes qui arrivent dans la
34:15profession, ils doivent savoir ne pas utiliser les IA, ils doivent savoir travailler leur
34:19raisonnement et on doit les accompagner ici pour leur faire valider après le raisonnement,
34:24la solution. De la même façon, voilà ce qu'on peut faire.
34:28Et justement, on connaît le degré de maturité des juristes au sens large sur cette question de
34:48l'IA ? Est-ce qu'il y a des indicateurs au sein de la FGE par exemple ? Oui, très bonne question
34:52Arnaud. Effectivement, au début du groupe scientifique, on a lancé un sondage et effectivement,
34:57les attentes en termes de formation sont assez pressantes. Donc je vais en revenir tout à l'heure,
35:02mais c'est vrai qu'effectivement, on a lancé des formations spécifiques pour justement aider,
35:07accompagner les juristes à mieux utiliser les outils et au-delà de savoir comment prompter,
35:13c'est comprendre l'écosystème dans lequel ils évoluent. Après, je ne veux pas être provoque,
35:17mais si les étudiants savaient utiliser Excel et Word à fond, ce serait pas mal non plus,
35:22avant d'aller sur l'IA. Message personnel. Et les avocats, le degré de maturité sur ces
35:29solutions ? On a vu que le barreau de Paris avait passé des partenariats avec plusieurs solutions.
35:35Avec le Fèvre d'Allos. C'est très bien de donner les moyens et c'est la logique aussi du CNB qui
35:43donne plein d'outils d'ailleurs. Une adresse sécurisée, un espace qui vous permet à partir
35:50du moment où vous payez votre cotisation de pouvoir débuter comme avocat sans problème.
35:54Après, moi, ce qui m'inquiète et ce que je suis impatient de voir, ce sont les taux d'utilisation
35:59et j'ai peur que sans un accompagnement très fort. Alors, la grande chance, c'est que la
36:08magistrature va très vite et que je pense pour enseigner aussi à l'EDAC et avoir trouvé un peu
36:16par hasard un jour des jeunes pénalistes auxquels il manquait un cours le lendemain de Covid. Et
36:22donc, on leur a fait un module qui s'appelle Digital et droit que j'ai conçu là-bas et qui
36:26permet d'ouvrir un petit peu les yeux sur le digital. Et c'est vrai que les pénalistes n'étaient pas
36:31très passionnés par les cinq premières minutes jusqu'au moment, parce que dans le début, on a
36:34eu la chance d'avoir quelqu'un qui a contribué à la digitalisation de la procédure pénale. Donc,
36:39je leur ai dit ce qu'ils les attendaient. Et ils ont ouvert des grands yeux et c'est vrai qu'à la
36:43fois, ça va leur donner un meilleur confort de travail. À la fois, ça va les contraindre. Et du
36:48coup, je pense qu'il va y avoir une pression. Est ce que c'est quatorze mille avocats à Paris qui
36:53vont être équipés? C'est un plus, c'est un moins. J'espère qu'ils auront la curiosité de prendre ce
36:58cadeau. Après, je ne sais pas. Par la suite, il y a une question plus large. C'est un accès à une
37:03documentation. C'est un coût fixe quand même à absorber. Mais aussi une autre question, c'est si
37:12on n'est pas capable d'absorber ce coût fixe. Est ce qu'on est au bon endroit en termes de
37:18profession? C'est très bien d'encourager. Il y a des besoins d'avocats. On n'en a pas trop. Par
37:24contre, est ce qu'on a les bons? Ça, c'est une vraie question. Et à l'école, le FB fait des
37:29efforts avec son lab pour démocratiser la culture autour de l'IA. Mais je reviens, l'IA, c'est
37:36génial. Ça permet de la créativité. Mais comme disait Stéphanie au départ, il faut être bien
37:40structuré. Donc, il faut s'assurer qu'on sorte quand même des juristes de bonne qualité sans
37:44l'IA ou alors qu'on s'est utilisé l'IA dans les cours. Mais avec modération, c'est à dire une
37:49fois que tu connais le syllogiste, c'est un peu les concours de plaidoiries. D'ailleurs, au début,
37:52quand même, tu fais du droit et après, tu peux faire de l'aberrier si tu veux. Mais d'abord,
37:56c'est pas mal de commencer par faire du droit. Et du coup, la difficulté, en fait, je crois que
38:02c'est surtout quand vous regardez les enquêtes. En fait, les associés répondent beaucoup. Les
38:06jeunes, on n'est fait pas trop répondre. Et quand ils arrivent, nous, quand on a lancé les projets,
38:10quand on a pas mal de projets d'innovation, on est souvent en fait quand même beaucoup de pas de
38:15vieux, pas vieux. Mais ça manque de retour sur la jeune génération. C'est ce que vous voulez dire
38:20d'appétit, c'est à dire qu'en fait, à chaque fois, moi, je dis aux jeunes et j'ai des confrères
38:25qui disent non, non, non, digital, c'est pas un problème. On va prendre une jeune et puis la
38:30jeune, de toute façon, elle est née avec ça. Donc, elle va savoir. Non, l'IA, elle s'est
38:35commandé plus vite. Enfin non, pas l'IA, c'est pas le bon exemple, mais s'est commandé des pizzas
38:40plus vite que moi avec un iPhone. Mais après, en termes de goût pour le digital, et je peux le
38:46comprendre quand tu es à l'école d'avocat, t'as envie de porter la robe et d'aller en cours d'assises,
38:50même si tu fais du droit fiscal. Eléa, vous, quel retour vous avez justement de vos utilisateurs
38:55sur l'utilisation de votre solution? Vous constatez justement qu'ils sont assidus, qu'ils y vont
39:01régulièrement et quel est le degré de maturité du coup de l'acceptation de l'IA par les juristes?
39:08Du recul qu'on en a aujourd'hui, je pense que la valeur ajoutée de notre produit,
39:16il réside surtout dans, actuellement, les assez petites structures justement pour
39:22combler cette fracture numérique dont on peut parler. Il y a un vrai besoin d'accès à la
39:31donnée, à l'information, il y a un besoin de croisement des données que l'IA peut aujourd'hui
39:36apporter. Et en plus de ça, l'IA, elle vient combler aussi un besoin humain qu'il n'y a pas
39:42forcément dans toutes les typologies de cabine d'avocat ou de direction juridique. Et en tout cas,
39:48aujourd'hui, je pense que c'est là-dessus qu'elle aura une plus grosse valeur ajoutée.
39:53Alors, on va s'intéresser maintenant un peu aux perspectives d'avenir que pourrait offrir
39:58l'intelligence artificielle. Régis, vous avez une idée de ce que pourrait être l'intelligence
40:03artificielle de vos rêves, entre guillemets, pour le juriste? La question est complexe,
40:09l'imaginaire sans limite. Pour moi, l'IA idéale, c'est celle qui saura s'adapter sans un paramétrage
40:21complexe, sans un investissement complexe. Il y a le côté entreprise, financier aussi,
40:28quelque part, qui va vite venir dans la danse. Le stockage des données, la conformité, la
40:36sécurité. L'IA idéale, c'est celle-ci. C'est celle qui sait nous garantir que nos données sont
40:41sécurisées, qu'elles sont dans un environnement énergé en France, que l'IA est facile d'utilisation
40:48sans un trop grand besoin de formation, de compréhension de ce qu'il y a derrière. Donc,
40:53l'IA idéale, c'est celle où on n'aura plus besoin de prompter, d'apprendre à rédiger des promptes
40:58compliquées, de faire du paramétrage. Voilà, c'est celle qui va s'adapter. Le juriste, comme nos
41:04métiers, on s'adapte à notre auditoire. On arrive à comprendre là où on veut aller, là où on doit
41:09aller. Donc, c'est celle-ci. C'est une IA souveraine ou une IA qui soit adaptée à notre marché,
41:15qui a été entraînée dans notre langue ou qui soit en capacité de bien la maîtriser et qui va
41:21avoir réussi à éliminer les hallucinations. Il y a plein de moyens techniques d'y arriver. Voilà,
41:27c'est celle qui nous apporte la sécurité de l'outil, qui ne remplacera pas les personnes.
41:31Moi, j'ai des jeunes juristes ou des étudiants qui me demandent est-ce qu'ils vont perdre leur
41:35travail. J'en ai eu une il n'y a pas longtemps. La question était pertinente et je ne l'avais
41:39pas imaginé. Est-ce qu'elle sera payée moins ? Est-ce qu'elle sera payée moins parce qu'elle a
41:44un outil plus efficace ? C'est ce qu'attendent les juristes d'entreprise de la part des avocats,
41:48c'est que ça descende en termes de coût. Oui, la question est pertinente, je ne l'attendais
41:53pas. Mes réponses en direct ont été non et non. Non, il n'y aura pas moins de juristes. Non,
41:59ils ne seront pas payés moins. Au contraire, je pense que ceux qui sauront accueillir, utiliser
42:04la technologie et l'outil, qui s'y seront intéressés, qui l'auront compris et qui
42:07auront trouvé les plus-values, ce sera sans doute les gagnants de demain. Mais l'expertise
42:11sera différente ? L'expertise sera différente, le vernis sera différent, mais le juriste sera
42:16toujours là. C'est quelque chose aussi que vous partagez, j'imagine, à la FGE, Stéphanie ?
42:20Complètement, oui, je rejoins à 100% ce qui a été dit par Régis, parce que la bonne hauteur
42:26dans la prise d'analyse, oui, je n'ai rien d'autre à ajouter. Stéphane, comment vous imaginez-vous
42:33pour les avocats l'intelligence artificielle du futur ? Je vais vous faire une réponse
42:38moyenâgeuse. C'est comme un bon avocat, je pense. Est-ce que ça me rendra plus fort ? Plus fort,
42:44ça veut dire plein de choses. Plus fort, ça veut dire être plus imaginatif. J'y tiens,
42:50on fait un métier, même fiscaliste, on fait un métier de créatif. Et même si on peut penser
42:55à beaucoup de choses, moi, j'aime beaucoup l'analyse en droits comparés. C'est très
42:59difficile, en fait, même dans des bonnes bibliothèques, d'arriver à faire du droit
43:02comparé. Et pourtant, c'est intéressant de prendre un raisonnement juridique qui a été
43:06fait dans un autre environnement, mais de pouvoir le bousculer, notamment au niveau européen,
43:10avec votre ordre français. Donc déjà, toute cette richesse, nous, on a été rat de bibliothèque pour
43:16le trouver, on peut l'avoir de manière accessible. Donc ça, c'est un élément qui est extraordinaire.
43:20Il y a un deuxième élément, c'est comment est-ce que je vais pouvoir m'essayer à des choses que je
43:25n'ai pas faites ? Et ça, c'est plutôt pas mal quand même. Si on a cette curiosité d'essai,
43:30si on a, comme on éduque la machine, peut-être que demain, on pourra éduquer... Oui, ça fait un
43:35peu vieux con, ce que je dis là, avec la récompense, le chien-chien, le sucu. Ce n'est pas la
43:39manière rêvée, peut-être, pour éduquer les gens, mais ça peut être un outil d'auto-formation
43:43incroyable, peut-être en termes de prise de conscience de la responsabilité juridique des
43:49opérationnels, un petit peu comme l'enseignement, d'ailleurs. Un mauvais prof ou quelqu'un qui ne
43:54fait pas preuve de pédagogie en faisant de la compliance, peut-être qu'une bonne intelligence
43:59artificielle, un lapin crétin un peu rendu sexy pour vendre le RGPD, ce n'est pas stupide. Et du
44:06coup, avec ces éléments, si on arrive à baisser les coûts de revient, si on arrive à éduquer les
44:11gens, si on arrive à continuer à former des jeunes, parce que le problème, c'est qu'aujourd'hui,
44:15on va attendre, bien entendu, grâce à l'IA que le prix de l'avocat baisse. Donc nous, pourquoi pas ?
44:20Ça veut dire que demain, on n'a plus de jeunes puisqu'on a de l'IA à la place. On ne va pas se
44:24payer des jeunes en plus. Donc s'il n'y a plus de jeunes, il n'y a plus de vieux. S'il n'y a plus
44:27de vieux, il n'y a pas de quatrième année ou de cinquième année que les juristes d'entreprise
44:30adorent recruter. Et du coup, le système peut mourir. Et donc, on a une responsabilité collective.
44:35Et là, c'est aussi bien au niveau des avocats, des juristes d'entreprise, enfin tout le monde du
44:40droit qui est de rester, comme vous le disiez Stéphanie, à haut niveau sur le droit avec
44:46notre syllogisme, avec notre capacité d'imagination, en sachant utiliser la machine et en préservant,
44:54parce que je pense qu'il vaudrait mieux dans certaines directions juridiques que les budgets
44:57soient augmentés vu les challenges qui sont derrière. Après, on verra bien qui les dépense.
45:01Mais c'est de prendre conscience que ce droit est un avantage concurrentiel pour les entreprises et
45:07que c'est un investissement. Et si nos amis anglo-américains l'ont fait avec des gros
45:12volumes sur l'intelligence artificielle, on pourrait le faire sur le droit aussi pour être
45:15meilleur. Alors, on voit les rêves de juristes et d'avocats. Léa, vous en tant qu'éditrice de
45:20solutions, comment répondre à ces rêves ? Je vais vous donner une réponse plus opérationnelle,
45:27moyen terme de nos propres challenges en ce moment. Ce serait une IA exhaustive,
45:33parce que c'est aussi un gros challenge pour nos utilisateurs d'avoir une IA qui puisse englober
45:40l'ensemble de la notion juridique et forcément une IA qui s'insère dans des systèmes déjà
45:45préexistants pour créer tout un écosystème, donc une sorte d'interopérabilité. C'est une vraie
45:51question. Et comment vous travaillez justement pour parvenir à cela ? Alors, c'est à ce stade
45:58encore du co-développement, de la co-construction avec des acteurs pour mapper l'ensemble du stack,
46:05du tool stack, des outils avec lesquels ils travaillent. Pouvoir nous savoir comment on va
46:11s'intégrer, c'est plus ou moins facile en fonction des différents prestataires, et comment on va
46:17pouvoir créer de la valeur en alliant tout cet écosystème. Alors, on arrive à la fin de cette
46:27séquence. Je vais vous demander aux uns aux autres, rapidement, de conclure justement sur
46:32évolution ou révolution pour les juristes avec l'intelligence artificielle. Stéphanie,
46:38quel est votre sentiment ? C'est une évolution, mais nécessaire. Donc, c'est s'adapter avant
46:44d'être dépassé. Régis ? J'ai envie d'aller sur l'évolution, parce qu'elle fait moins peur que
46:51la révolution. Elle incite sans doute peut-être plus les juristes à venir sur le métier,
46:55et quels qu'ils soient, juristes, avocats, les juges, les notaires, on n'a pas parlé de toutes
47:01ces professions juridiques, mais j'ai envie de minimiser un petit peu le sujet, de rappeler
47:05qu'ILIA est là depuis plusieurs décennies, qu'elle est arrivée quand on n'en parlait pas,
47:09que certains d'entre nous travaillons depuis 10, 15, 20 ans, mais on n'appelait même pas ça ILIA,
47:13et pourtant, elle était là, elle était présente, donc il ne faut pas en avoir peur. Donc,
47:18je vais juste parler d'une évolution, et puis de l'accompagnement et d'un métier qui évolue,
47:22et qui bouge, et ça va bien se passer. Ilia, c'est quoi votre sentiment, vous ? Évolution,
47:29révolution ? Pour le moment, je dirais évolution, mais qui ira potentiellement vers une révolution,
47:35sans jamais le supplanter le professionnel. Stéphane, en un mot, la conclusion ? En un
47:40mot, ça va être dur. Je trouve ça génial, je suis le plus amorti du plateau, je suis plus vieux,
47:44et ce que je trouve génial avec ILIA, c'est qu'on se sent à nouveau jeune et compétitif,
47:51même si on court moins vite. Ça veut dire qu'il y a plein de perspectives à venir. Ça veut dire
47:57que vraiment, on a une gourmandise, et qu'on a la chance, parce qu'on a fait des bêtises avant,
48:02parce qu'on a l'expérience, de pouvoir relire une note d'un tchat GPT, ou ce que vous voulez
48:07qui sort, et d'être critique. Et moi, je suis d'une génération, en plus, où on a été éduqué en
48:12avocat généraliste, droit des affaires, fiscalité sociale, tout ça, et du coup, d'avoir un œil
48:17critique qui n'a pas été tué par la spécialisation, première étape, deuxième, enfin voilà. Ce sera le
48:24mot de la conclusion pour cette partie. On passe à notre séquence cas pratique,
48:39avec une illustration concrète des applications de l'intelligence artificielle dans les directions
48:45juridiques, avec Stéphanie Corbière. Stéphanie, tout d'abord, pouvez-vous nous présenter ce qu'est
48:51le groupe Intelligence Artificielle de l'AFGE, et quelles sont les actions qui sont menées ?
48:56Avec plaisir, Arnaud. Déjà, petit prélude sur l'AFGE. L'AFGE, c'est l'Association française
49:01des juristes d'entreprise, qui regroupe plus de 7000 juristes adhérents, donc c'est quand même
49:06significatif en France. Elle joue un rôle clé, en fait, dans l'accompagnement de la profession,
49:11face aux mutations technologiques et réglementaires, et donc c'est dans cette dynamique
49:15qu'avec une dizaine de professionnels du droit, nous avons constitué ce groupe scientifique. Notre
49:21objectif, il est double. Tout d'abord, anticiper les défis que l'IA va imposer à notre profession,
49:26mais également, et c'est très important, c'est outiller les juristes de façon à ce qu'ils
49:30puissent saisir des opportunités qui vont en découler, mais tout en gardant le contrôle sur
49:35l'IA. On en a déjà discuté. Et donc, nous avons structuré notre réflexion autour de trois grandes
49:40priorités. La première, donc, c'est, un, donner des moyens aux juristes de maîtriser l'IA,
49:46puisque c'est nous qui devons garder le pouvoir décisionnel, et l'IA ne doit pas se substituer
49:55à nous. La deuxième des priorités, c'est la promotion d'une IA éthique. Donc, évidemment,
50:01c'est presque un pléonasme de parler d'IA éthique sur des outils de l'IA juridique, mais il est
50:06impératif que l'IA, dans ce secteur-là, respecte les grands principes éthiques, les droits humains,
50:10etc. Et la troisième des priorités, c'est la préparation de la profession aux différentes
50:16transformations qui vont être induites par l'IA. Et c'est notre mission, en tant que groupe
50:23scientifique, de se positionner sur les nouvelles compétences à acquérir et les nouvelles professions
50:30qui vont arriver, comme par exemple le Digital Trust Officer. Et on souhaite vraiment que chaque
50:36juriste soit maximum proactif face à ces changements. Et donc, on propose de plus en
50:41plus de formations de façon à épauler les juristes dans l'adaptation et dans l'usage
50:49qu'ils peuvent avoir de ces outils. Comment fonctionne le groupe scientifique ? Il s'appuie
50:54sur l'organisation préexistante de la VIE, donc à la fois sur les commissions d'experts. Donc,
50:58je pense à la Commission Manager Juridique, la Commission Compliance ou la Commission
51:01Concurrence, et également sur les délégations régionales. Et nous intégrons l'IA dans toutes
51:07ses réflexions. Et j'en profite pour vous inviter, téléspectateurs, à rejoindre pour
51:14approfondir tous ces enjeux lors du prochain campus de l'AFGE qui aura lieu le 19 novembre
51:18prochain à Paris. L'IA sera au cœur des débats et nous espérons que ces réflexions enrichiront
51:23notre vision commune de cette technologie et de son impact sur nos métiers. Alors, on a vu
51:30l'action menée par le groupe Intelligence Artificielle de l'AFGE, mais concrètement,
51:36quelles sont les applications de l'intelligence artificielle dans les directions juridiques,
51:42vous qui observez de près ces tendances de fond ? Oui, alors, on l'a vu, l'IA transforme vraiment
51:47nos modalités de travail. Chaque direction juridique est différente. Ses besoins vont
51:51varier selon sa structure ou selon son secteur d'activité. Je pense qu'on est néanmoins tous
51:58d'accord pour dire que certaines tâches sont automatisables. Ça peut monter jusqu'à 30,
52:0240, 45 % et on peut regrouper les usages d'IA par les directions juridiques en trois typologies.
52:09Automatisation, amélioration du processus décisionnel et amélioration de la communication
52:14et de l'engagement. Sur l'automatisation, il y a l'outil hors d'alliée pour lequel l'IA est là
52:21aujourd'hui. Ça évite justement les tâches répétitives et chronophages. Donc, il peut y
52:28avoir la recherche juridique, la synthèse documentaire, la rédaction de clauses, la
52:31rédaction de contrats. Simple. Je pense au petit NDA, mais sinon, les avocats, on a encore besoin
52:38d'eux. Le deuxième cas d'usage, c'est l'amélioration des processus décisionnels. Puisqu'il y a de plus
52:45en plus d'outils d'IA qui vont analyser des grandes tendances et qui vont permettre de prédire,
52:51on va dire, les décisions juridiques prudentielles à venir. Donc, ça peut vraiment être un avantage
52:58décisif lors d'une stratégie de négociation. Et le troisième cas d'usage, c'est l'amélioration de la
53:05communication et de l'engagement. Donc, on en a parlé. C'est tout ce qui est relatif aux traductions
53:10automatiques, reformulation de texte. Il y a également des outils qui proposent des formations
53:15continues qui vont être adaptées à la philosophie et aux autres processus de l'entreprise. Donc,
53:18ça va déjà très loin. Et on peut envisager aussi pour ceux qui ont des grandes équipes, des
53:23préparations de fiches d'entretien RH en fonction des fiches de poste. Donc, c'est très diversifié.
53:28Mais au-delà de ces usages, je pense qu'il est vraiment essentiel que les directions juridiques
53:32prennent le temps d'analyser leurs besoins et leurs attentes. C'est deux impondérables. Et aussi,
53:38garder à l'esprit que le marché des Legal Tech, pour l'instant, il est encore assez éclaté. Mais
53:41on va sur une tendance de concentration progressive et qu'il n'est pas exclu que les grands acteurs
53:47type Big Four acquièrent des outils à terme et donc proposent aux directions juridiques des
53:54solutions plus complètes et intégrées. Alors, on vient de voir les cas d'usage dans les
53:58directions juridiques. Mais quid de la relation entre les directions juridiques et les avocats
54:04avec l'avènement de l'IA ? Vaste question. Je pense qu'aujourd'hui, l'impact est encore
54:09limité parce qu'il y a peu de cabinets. De Gaulle l'a déployé, donc c'est bien. Mais peu de cabinets
54:16qui ont déployé des solutions d'IA juridiques et encore moins des solutions d'IA françaises.
54:21Donc, pour l'instant, l'impact reste quand même modéré. Mais si on essaie de se projeter avec
54:28enthousiasme, je pense que ça permettra à chacune des parties de se recentrer sur l'essentiel.
54:33L'avocat sera peut-être un petit peu allégé sur le volet purement data et il pourra vraiment se
54:41concentrer sur un dialogue plus stratégique avec son client. Donc, il est mis sur les conseils de
54:47fond. Et là où je suis d'accord avec ce qui a été dit par Stéphane, c'est que les stagiaires
54:51dans les cabinets d'avocats ne vont pas disparaître. Ils vont être affectés à d'autres tâches et
54:55moins sur de la due deal, comme c'est le cas aujourd'hui. Néanmoins, pour que cela se fasse
55:03dans cet ordre, il est néanmoins nécessaire de mettre en place une communication accrue entre
55:09les parties. Et pour moi, il y a vraiment une responsabilité de la direction juridique et de
55:14l'avocat. La direction juridique, d'une part, parce que les DJI doivent clarifier leurs attentes
55:18et leurs besoins sur les données transmises aux avocats. Est-ce qu'elles sont, oui ou non,
55:22d'accord pour que leurs données fassent l'objet d'une utilisation par IAG? Et si oui, sous quelles
55:29conditions? Et de l'autre côté, l'avocat doit être en mesure d'apporter une certaine transparence
55:35à son client pour dire j'envisage de mettre vos données sur cet outil d'IA à telles conditions.
55:42Oui, il faut que ce soit très clair sur l'utilisation des données et ce qu'on fait
55:47dans l'IA. Exactement. Et après, sur la question des coûts, là, je pense qu'on en est vraiment aux
55:55prémices. Effectivement, implémenter une solution d'IA, que ce soit en direction juridique ou en
56:00cabinet, c'est très coûteux parce qu'on parle d'architecture lourde, on parle de formation
56:05professionnelle. Donc, effectivement, la direction juridique, elle est légitime à s'interroger,
56:10est-ce que oui ou non, la facturation risque de se répercuter chez moi. Néanmoins, on peut
56:17quand même envisager peut-être à long terme des économies d'échelle qui vont bénéficier à tout
56:22l'écosystème. Et si ce n'est pas en monétaire, ça permettra peut-être à l'avocat de réallouer son
56:29temps sur d'autres problématiques à plus forte valeur ajoutée. A suivre, on va conclure là dessus.
56:35Merci Stéphanie, merci Régis, merci Léa et Stéphane d'avoir participé à ce premier numéro
56:42de L'Ex Inside Le Grand Débat. Merci à toutes et à tous de nous avoir suivis et rendez-vous
56:48le mois prochain pour un nouveau numéro de L'Ex Inside Le Grand Débat.