• la semaine dernière
Comment dirige-t-on un grand groupe de l’éducation supérieure en pleine époque de transformation. Le président d’OMNES Education José Milano est l’invité du Grand Entretien, dans lequel il est question d’IA, de développement à l’international et d’apprentissage.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Générique
00:12Le cercle est rache et un grand entretien aujourd'hui pour parler éducation, formation, accompagnement des étudiants à travers une grande école, un grand groupe, le groupe Omnes et on accueille José Milano.
00:25Bonjour José Milano, ravi de vous accueillir, je vous ai affublé du titre de directeur général mais vous êtes le président de ce groupe puisque Omnes est un groupe d'écoles, 15 ?
00:3415 écoles en France et à l'étranger.
00:37En France et à l'étranger, combien de collaborateurs au sein du groupe ?
00:392000 collaborateurs, 4500 enseignants vacataires.
00:43Avec des étudiants en contrôle continu, des alternants.
00:47Ça fait 45 000 étudiants et apprentis et puis 80% d'activités en France et 20% à l'international.
00:58Alors José Milano, entrons dans le sujet parce que moi qui rencontre évidemment beaucoup de monde et notamment des patrons d'écoles, c'est un peu honnêtement chez vous entre collègues parce que vous vous parlez,
01:10c'est tempête sous les crânes parce que le gouvernement annonce au projet de loi de finances que globalement il va réduire bien évidemment ce qui était versé par l'État,
01:19besoin évidemment de faire des économies, ce qui veut dire un manque à gagner pour les écoles, une réflexion économique pour repenser le modèle.
01:28Où est-ce que vous vous situez chez Omnes ? Est-ce que vous dites ça nous met en porte à faux, ça nous met en difficulté ou nous on est projeté vers l'international et nos projets vont continuer à avancer ?
01:38Alors oui on va continuer à avancer mais peut-être un regard arrière sur qu'est-ce que l'apprentissage aujourd'hui, c'est-à-dire la loi 2018 a libéralisé davantage ce champ,
01:49notamment en offrant beaucoup plus de possibilités aux jeunes et aux entreprises de signer des contrats d'apprentissage pour faire simple.
01:56Donc on a globalement doublé le nombre, on est passé de 400 000 à 850 000, peut-être 900 000 cette année avec beaucoup plus de gens qui font de l'apprentissage dans le supérieur.
02:04C'était absolument pas gagné, vous vous souvenez pendant longtemps on s'arrêtait à Bac plus 2.
02:08C'est vrai.
02:09C'est très important parce que ça veut dire qu'on peut apprendre différemment, c'est bien pour le jeune, ça permet à des classes plus populaires d'avoir des enfants qui vont dans l'enseignement supérieur.
02:16Globalement on est passé de 10 à 23 %, chez nous près de 30 % des jeunes sont enfants d'ouvriers ou d'employés, ça c'est très positif.
02:25C'est du pré-recrutement pour les entreprises, ça permet à des TPE ou des PME d'avoir des Bac plus 3 voire des Bac plus 5 qu'elles n'auraient pas à tirer par ailleurs.
02:33Ça permet à ces entreprises de former des individus à côté d'une formation robuste.
02:39Et les intégrer aux peintures de lire de l'entreprise.
02:42Donc c'est plutôt extrêmement positif, il y a quelques ruptures.
02:46Un taux de rupture qui a progressé.
02:48C'est vrai, on est à peu près à 28 %, mais il est d'autant plus élevé que les milieux sociaux d'origine sont faibles, mais il est plus faible quand on monte dans l'enseignement supérieur.
02:57Et si on compare au malheur, au chiffre des échecs à l'université, dans des systèmes plus académiques, en fait on est en dessous.
03:06Notamment sur les premières années où il y a un écrémage très important.
03:09Absolument, donc ça il faut en tenir compte.
03:12Donc c'est plutôt quelque chose qui est ancré aujourd'hui, qui fonctionne.
03:15C'est à peu près 17 milliards de dépenses, tout compris avec deux poches en fait.
03:19L'aide aux entreprises, qui est celle que l'on envisage de rapporter.
03:23Et puis le paiement des coûts de formation.
03:27Il faut comparer à d'autres pays.
03:30On a 1,3 millions d'apprentis en Allemagne, ça coûte 23 milliards.
03:34Qui était toujours le pays qu'on prenait en modèle.
03:36Par étudiant, on dépense encore aujourd'hui moins que l'Allemagne.
03:4084 % des étudiants en Suisse, après l'équivalent du baccalauréat, vont en apprentissage.
03:46Le patron d'UBS, qui est une des plus grandes banques mondiales, il est apprenti.
03:50Donc c'est pour vous dire que ce modèle-là, il est extrêmement vertueux.
03:54Et il est considéré dans d'autres pays comme étant aussi vertueux que le système classique.
03:57Alors aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe-t-il ?
03:59Il faut faire des économies, on est très conscients de ça.
04:01Il y a deux éléments.
04:03On peut réduire l'aide aux entreprises, c'est ce qui est envisagé.
04:06C'est ce qui va se passer probablement.
04:07On verra.
04:08C'est vrai que ce sera un peu plus compliqué.
04:11On va y venir, parce qu'il y a un débat sur le reste à charge qui sera peut-être laissé...
04:15Si les entreprises considèrent qu'il y a un service.
04:18Parce que, par exemple, elles ont des demandes particulières.
04:21Parce que vous leur offrez des apprentis dans différentes disciplines.
04:24Parce que vous avez des élèves apprentis dans des écoles d'ingénieurs qui manipulent l'IA.
04:29Les entreprises sont prêtes à payer dès lors qu'elles ont un service en face.
04:32Et puis, il y a un autre aspect qui, pour l'instant, n'est pas touché,
04:34mais que nous, nous souhaitons voir ouvert.
04:36C'est la question du paiement des coûts de formation.
04:40Donc on en revient bien à ce débat du reste à charge ?
04:42Non. Alors là, c'est vraiment ce que prend en charge la collectivité.
04:45Et là, on se retrouve avec, d'une école de management à l'autre, des écarts de 70% pour le même diplôme.
04:50D'une école d'ingénieurs à l'autre, des écarts de 68% d'une école à l'autre.
04:54Qu'est-ce qui se passe ?
04:55Le mécanisme est pensé.
04:57La création de valeur n'est pas la même ?
04:59En fait, on pénalise ceux qui sont mieux gérés.
05:01Pour faire simple, ce qui est un peu bizarre.
05:03Donc si on pouvait simplifier ce système, ça permettrait aussi de faire des économies.
05:07Un mot quand même, sans noircir le tableau, et on voit votre optimisme et la volonté de porter l'utilité de l'apprentissage,
05:13et on l'entend. Je lis en même temps que certains évoquent que par les transformations, les changements de gouvernement,
05:19les incertitudes, les problèmes de budget, certains disent que l'apprentissage est en grand danger
05:25et on le capera exclusivement, comme ça se faisait avant pour les métiers techniques, jusqu'à BTS.
05:30Et qu'après, les entreprises n'auront qu'à embaucher directement le salarié ou le prendre en stage.
05:36Est-ce que cette petite musique, vous l'entendez aussi ?
05:39Je pense que ce serait regrettable, parce que ça voudrait dire qu'on reviendrait à quelque chose qui était l'époque d'avant.
05:45L'outil de production français, globalement, il doit être positionné sur des métiers à valeur ajoutée.
05:51Quand on dépense autant d'argent sur des investissements du type France 2030 ou l'industrie 4.0,
05:57on a besoin d'hommes et de femmes bien formés en face de cet investissement.
06:01Aujourd'hui, l'apprentissage contribue à avoir ces formations qui correspondent aux besoins.
06:07On a un niveau d'intégration qui est meilleur sur le marché du travail,
06:10des niveaux de rémunération qui sont supérieurs quand on vient de l'apprentissage.
06:13Ce serait une grande régression. Je me place du point de vue du bon sens.
06:17Vous militez pour la pérennité du système.
06:20Si on a une lecture en termes de rentabilité publique, y compris sociale, du système, c'est extrêmement positif.
06:27Maintenant, je suis conscient qu'il faut trouver les moyens de faire des économies.
06:31Juste un petit mot, parce qu'on va se projeter sur les projets et le caractère international.
06:35Parce qu'il y a aussi cette volonté d'aller changer de continent, attirer d'autres étudiants.
06:39Et ça, c'est très important. Le reste à charge, qui est un vrai sujet,
06:43il existe déjà dans votre école ou dans vos écoles, donc il y a déjà un reste à charge.
06:47Est-ce qu'il peut augmenter ? Est-ce qu'il peut être dissuasif aussi ?
06:50Parce qu'il faut que les étudiants aient envie de venir rejoindre vos écoles ?
06:53C'est plutôt un dialogue avec les entreprises.
06:55On a des entreprises fidèles, on a 80% des entreprises qui ont moins de 50 salariés.
07:01Et quand on a une récurrence, quand on a une relation de confiance, quand il y a du service,
07:05on arrive à raisonnablement leur demander du reste à charge.
07:09Sur la suite des projets du groupe Omnes, l'avenir, c'est quoi ? C'est l'international ?
07:16Est-ce que c'est ça la porte de sortie potentielle au risque que l'apprentissage...
07:20L'Allemagne a vécu, il y a quelques années, une chute démographique considérable
07:24qui a été plus que compensée par l'arrivée d'étudiants internationaux
07:27et une langue qui était beaucoup moins rayonnante que le français.
07:30Et même si aujourd'hui, on a aussi beaucoup de formations d'anglais.
07:32Donc évidemment, nous sommes, avec l'ensemble de l'enseignement supérieur, public ou privé,
07:37prêts à accueillir davantage d'étudiants internationaux.
07:40Il y a des pays qui sont très émetteurs aujourd'hui sur le marché mondial comme l'Inde.
07:44Donc ça, c'est extrêmement intéressant.
07:45Il y a des pays qui se ferment comme le Canada, la Grande-Bretagne,
07:48ce qui sont aussi des opportunités pour nous, très clairement.
07:50Je précise, pour ceux qui nous regardent, ça veut dire pas exclusivement faire venir des étudiants,
07:54mais c'est implanter vos campus dans ces pays.
07:56Alors c'est les deux.
07:57Historiquement, c'est plutôt d'accueillir.
07:59Aujourd'hui, c'est implanter.
08:00Mais je pense qu'il faut qu'on ait une stratégie d'exportation.
08:02Et d'ailleurs, nous allons faire une annonce à la fin du mois de novembre en Afrique.
08:06Donc on va s'implanter avec quatre de nos écoles à Bijan,
08:10donc avec toutes les autorisations locales et d'ailleurs du sous-continent.
08:14Côte d'Ivoire.
08:15Absolument, parce que c'est...
08:16Un pays très dynamique sur le plan économique.
08:18Économie florissante et démographie importante.
08:22C'est aussi du soft power français, de la langue française.
08:25Et c'est soit des futurs cadres africains en Afrique.
08:28Ça peut être aussi des prolongations d'études dans un deuxième temps en France
08:31ou ailleurs dans nos campus.
08:33Juste un détail au Président et aux techniciens.
08:35Ça veut dire qu'on s'adapte au modèle éducatif d'Abidjan
08:38ou on importe notre bonnette ?
08:40Alors les deux.
08:41C'est-à-dire qu'il y a encore une valeur.
08:43Et c'est très bien d'avoir des diplômes ou des titres français à l'export, si je puis dire.
08:48Et en même temps, je pense qu'il faut que ce soit des systèmes de formation
08:51très collés à la demande locale,
08:53à la fois du point de vue des étudiants et des entreprises.
08:55Donc ça veut dire que ça doit être piloté avec des experts locaux
08:59et avec une ingénierie qui est une ingénierie de support,
09:03mais on doit avoir des écoles qui sont adaptées à leur écosystème local.
09:07Un petit mot, peut-être que vous n'êtes pas directement concerné,
09:10mais il y a aussi un petit coup de froid sur le CPF.
09:13Et certaines écoles sont impactées par cet enjeu
09:16parce qu'il y a des formations où on demande aux collaborateurs
09:19« Si tu veux te former et suivre la formation en NES, prends sur ton CPF ».
09:23Vous le ressentez, ce coup de frein ou ce manque de connaissance des salariés
09:27de l'utilisation de leur CPF ? Est-ce que vous le vivez ?
09:30Alors, on le voit sur des produits d'entrée de gamme,
09:33mais quand vous faites un bac plus 5 avec un très beau contenu,
09:38en fait, ce n'est pas un frein parce que les gens savent que c'est un investissement.
09:41Mais sur l'entrée de gamme, c'est-à-dire des personnes qui ont une hésitation,
09:44préfèrent le garder sur le compte ?
09:46Sur des formats courts, sur des choses qui sont plus ponctuelles,
09:50oui, effectivement, c'est un impact, c'est voulu comme tel.
09:53L'Afrique, vous nous avez fait l'annonce en exclusivité sur le plateau de Smart Job,
09:58je vous en remercie, ça veut dire transporter, je mets des guillemets,
10:02des formateurs, des experts venus de France,
10:04où vous allez vous appuyer sur l'écosystème d'Abidjan et du pays ?
10:09C'est plutôt la deuxième option.
10:11Donc, s'appuyer sur les experts.
10:13Parce que je pense que c'est ça qui a du sens, mais évidemment,
10:15avec une sélection, avec une formation de formateurs qui sera assurée par nos spécialistes.
10:21Je m'adresse à vous, vous y êtes allé, évidemment, la France a encore une belle image,
10:25parce qu'on a vu quand même la France reculer dans les pays dits francophones.
10:29Est-ce que lorsqu'on implante une école, on se dit, ça a une valeur ajoutée ?
10:33Je pense qu'il faut raisonner localement, et je pense que la France a encore des atouts,
10:39et en tout cas, nous, on est modestement porteurs de ces atouts dans notre métier,
10:43dans ce pays-là, et évidemment dans tous les pays de la sous-région,
10:47parce qu'il y a une homogénéité.
10:49Ils ont fait leur Europe à eux avant nous.
10:51C'est-à-dire que les diplômes sont reconnus dans tous les pays de subsahariens.
10:55L'Afrique francophone.
10:57Voilà, ce qu'on appelle le camès, absolument.
10:59Un petit mot avant de nous quitter la Chine,
11:01parce que c'était une forme d'eldorado pour beaucoup d'entrepreneurs.
11:06Je pense aux vignerons, je pense à l'automobile, je pense à l'aviation.
11:10Est-ce que des groupes comme le vôtre se disent,
11:13les Chinois, ce pays incroyable, pourraient aussi accueillir des campus bras ouverts ?
11:19Alors nous, on accueille des Chinois.
11:21On fait des formations à distance pour des Chinois.
11:24L'exportation dans un pays qui n'a pas le même dispositif d'État de droit que nous,
11:28c'est une interrogation.
11:30Donc on est prudent sur la Chine, aujourd'hui.
11:34Donc aujourd'hui, votre objectif, dans les mois qui viennent,
11:37avec l'annonce que vous allez faire, j'imagine, officiellement, dans les médias,
11:40même si vous nous l'avez donnée en exclusivité,
11:42c'est le développement sur le continent africain.
11:44C'est l'Afrique, c'est l'Europe, toujours.
11:46Et c'est probablement aussi le Moyen-Orient.
11:49Juste avant de nous quitter, j'ai vu que vous étiez très centré sur l'intégration, l'IA.
11:53Oui.
11:54L'IA génératif.
11:55Oui.
11:56Il y a double sujet.
11:57Il y a le fait que Omnes intègre l'IA génératif dans son groupe.
12:00Oui.
12:01Et puis il y a le fait d'accompagner des étudiants.
12:03Est-ce que vous avez une très forte demande,
12:05parfois, des entreprises et des étudiants qui vous disent,
12:07on veut se former à l'IA génératif ?
12:08Les élèves ingénieurs, les 4000 de l'école,
12:10le CE, qui est notre école d'ingénieurs, sont formés cette année à l'IA.
12:1320 000 des 40 000 étudiants de l'ensemble du groupe sont formés à la donnée.
12:16Et un certain nombre d'entre eux iront plus loin vers l'IA.
12:19Donc un tronc commun de base.
12:21Le tronc commun du monde d'aujourd'hui, tel qu'on le perçoit,
12:23pour tous nos diplômés, c'est de l'international, autant que faire se peut,
12:26de la RSE, de la data.
12:28Et on a près de 10 000 étudiants qui suivent un autre cursus que le leur, complémentaire.
12:34Vous faites de la finance ou du marketing, vous pouvez faire de la cybersécurité.
12:37Vous êtes en cybersécurité, vous pouvez faire de la géopolitique.
12:39Merci José Milano, président d'OMNEL.
12:41C'est une question qui me brûle les lèvres depuis le début de notre échange.
12:43Quand je vois votre parcours, la majeure partie de votre carrière s'est faite dans l'assurance.
12:48Et vous avez comme ça renversé la table pour partir dans l'éducatif.
12:51Qu'est-ce qui s'est passé ? Envie de changer d'air ?
12:53Non, la finance a structure et c'est des très belles écoles.
12:56Et puis j'ai eu des postes en France et à l'international
12:58qui étaient assez orientés vers les ressources humaines.
13:00Notamment, j'étais patron de la formation d'un grand groupe en trois lettres.
13:03Et donc, je gérais 6 004 dirigeants.
13:08C'est comme ça que la passerelle s'est faite.
13:09Et en fait, j'achetais les prestations de services pour ces gens-là.
13:11Donc, c'est comme ça que j'ai connu ce marché-là.
13:13Mais de l'autre côté, du côté de l'entreprise.
13:15Et là, vous êtes passé de l'autre côté de la barrière.
13:16Du miroir, absolument.
13:17Exactement.
13:18Merci José Milano de nous avoir rendu visite.
13:19Merci à vous.
13:20Merci pour cette information importante dans le développement du groupe OMNES.
13:23Quinze écoles en Europe.
13:25Oui.
13:26Et on l'entend.
13:27Une 16e en Afrique.
13:28À Abidjan.
13:29C'est la côte d'Ivoire.
13:30On salue les Ivoiriens parce qu'ils l'ont regardé sur Internet.
13:32Merci de nous avoir rendu visite pour ce grand entretien.
13:35On tourne une page.
13:36C'est le livre de Smart Job.
13:38Et j'accueille tout de suite mon invité.
13:40C'est Fenêtre sur l'emploi.
13:41Et on parle des réfugiés.

Recommandations