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Jeudi 31 octobre 2024, SMART IMPACT reçoit Franck Lebeugle (Directeur général, Afnor) et Octave Kleynjans (Directeur Impact Lab, Mouvement Impact France)

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00:00Le débat de ce Smart Impact, on continue de parler de biodiversité et des normes qui peuvent peut-être aider de progresser en la matière.
00:14Je vous présente mes invités, Franck Le Beugle, bonjour.
00:16Bonjour.
00:17Directeur général de l'AFNOR et Octave Kleinjans, bonjour et bienvenue.
00:21Vous êtes directeur général, directeur Impact Lab du mouvement Impact France.
00:25On y arrive. Franck Le Beugle, on démarre avec des questions un peu générales sur cette COP biodiversité qui rend ses conclusions ce 1er novembre.
00:32Elle se déroule en Colombie. Vous en attendez quoi ? Quand on représente une entreprise comme l'AFNOR, un organisme comme l'AFNOR, vous en attendez quoi ?
00:42Alors nous, AFNOR, en fait, on est membre de l'ISO, qui est vraiment l'organisation internationale la plus importante sur la standardisation, la normalisation volontaire.
00:49Donc nous, nous sommes présents à travers l'ISO à la COP 2016 parce que les enjeux, on les connaît.
00:55La lutte contre l'effondrement de la biodiversité va être un des challenges.
00:58Dans un contact international avec la publication du Global Emission Report, on l'a vu, on est plutôt sur un réchauffement à 3 degrés plutôt que 1,5.
01:09Donc pour nous, les enjeux de cette COP, il est double.
01:12Il est changer la culture des acteurs économiques pour qu'ils prennent en compte la biodiversité comme un actif primordial dans leur stratégie d'entreprise,
01:21que ce soit au niveau des risques ou d'un actif, une création de valeur.
01:27Et puis aussi qu'ils mettent en place des plans opérationnels pour prendre en compte la biodiversité.
01:33Et c'est par l'intermédiaire des normes, j'y reviendrai peut-être tout à l'heure,
01:37que je pense qu'on peut y arriver de manière coordonnée au niveau mondial et pas uniquement au niveau national.
01:43Oui, parce qu'évidemment, si on est tout seul à se lancer, d'abord l'impact sera moins important.
01:48Et puis il y a des questions de distorsion, de concurrence.
01:51Octave, les enjeux de la COP 16, que peuvent en attendre les entreprises ?
01:57Plus de normes, un cadre clair, des objectifs clairs ?
02:00Déjà, ce qu'on voit, c'est qu'au niveau des États, sur les 196 États qui s'étaient engagés à construire un plan d'action il y a deux ans,
02:09seulement une trentaine de ces 196 ont fait leur devoir de réaliser ce plan d'action.
02:14Donc le rôle des entreprises va être de faire mieux, en tout cas que les États, et même de jouer leur rôle.
02:20Ce qu'on peut atteindre, effectivement, c'est, je pense qu'on en parlera tout à l'heure,
02:25mais potentiellement la création d'une norme autour de la biodiversité, ce qui serait vraiment une bonne nouvelle au niveau international.
02:32Et ce qu'on peut attendre aussi, c'est que le sujet de la biodiversité soit vraiment prioritaire au même titre que celui du carbone.
02:40On parle souvent du sujet carbone, des accords de Paris, mais trop peu des sujets biodiversité.
02:46C'est vraiment l'enjeu de cette COP 16 de remettre ça comme une priorité pour toutes les entreprises.
02:51Comment vous expliquez ça ? Parce qu'effectivement les COP climat ont pris beaucoup de place médiatique.
02:55On peut considérer que c'est bien, on peut considérer qu'il y a parfois le bruit médiatique et pas suffisamment d'action derrière, mais ça c'est un autre débat.
03:03Comment vous expliquez que les COP biodiversité aient moins accroché la lumière en quelque sorte ?
03:09Est-ce que c'est parce que c'est plus compliqué ? Est-ce que c'est parce que, et on va revenir au cœur de notre débat,
03:14les métriques, les mesures sont plus difficiles à faire ? Comment vous l'expliquez ?
03:18Bien sûr, les mesures sont plus difficiles à faire. On le voit par exemple sur un outil qu'on a créé qui s'appelle l'impact score,
03:24qui est un référentiel commun qu'on a co-construit notamment avec l'AFNOR.
03:28On a des questions sur le carbone qui sont très simples.
03:31Est-ce que vous avez fait votre bilan carbone ? Oui, non.
03:34De combien vous avez réduit vos émissions de CO2 ?
03:36Sur le sujet biodiversité, on s'aperçoit que c'est beaucoup plus compliqué.
03:39Et même en travaillant avec des experts comme l'Office français de la biodiversité,
03:43les principes qu'on peut mettre en avant, ça va être, est-ce qu'on a fait un diagnostic biodiversité sur ses impacts et dépendances ?
03:51Parce qu'on voit aujourd'hui que 72% des entreprises européennes sont dépendantes des ressources naturelles, de la biodiversité.
03:59On peut aussi poser des questions sur, est-ce qu'il y a un plan d'action qui est mis en place ?
04:03Mais ce qui est difficile, c'est que c'est très peu mesurable et il y a beaucoup plus d'indicateurs que sur le carbone.
04:08Votre avis là-dessus, en global ?
04:10La bonne nouvelle, j'allais dire, c'est que ça devient un sujet vraiment de préoccupation des entreprises.
04:14C'est monté au niveau 6 des risques les plus importants pour les entreprises.
04:17Et je vais donner deux exemples, que ce soit l'industrie pharmaceutique, l'industrie de l'agroalimentaire,
04:24a bien compris les enjeux pour eux d'un effondrement de la biodiversité.
04:27Donc c'est en train de remonter dans l'agenda.
04:29Et pour autant, comme le dit Octave, les entreprises manquent encore de méthodes.
04:33Les méthodes, c'est justement, je pense, un des atouts de la norme.
04:36Alors restons sur cet impact score auquel vous avez participé.
04:40Qu'est-ce qui a été compliqué en matière de biodiversité ?
04:43Alors sur l'impact score, c'est un des exemples d'utilisation de normes internationales.
04:48Les normes internationales écouvent des sujets extrêmement variés.
04:52On peut citer par exemple la manière de prendre en compte la lutte contre la dégradation des sols ou contre la désertification.
05:00Autre exemple, les principes d'analyse des microplastiques dans l'environnement.
05:04Les impacts du surtourisme dans la biodiversité.
05:07Donc tout ça s'est abordé aujourd'hui dans les normes internationales.
05:10Et ça permet de construire des notations, des évaluations par les entreprises comme les impact scores.
05:16Ces normes internationales, c'est ce qu'on appelle les normes ISO ?
05:19Ce sont les normes ISO.
05:20Et la principale en matière de biodiversité, et c'est pour cela que nous sommes à Cali,
05:23c'est que nous allons publier dans quelques mois la norme internationale en matière de prise en compte
05:28de la biodiversité dans les stratégies et dans l'organisation de l'entreprise.
05:32Comme vous avez aujourd'hui la norme 9001 sur la qualité ou la 14001 sur le management de l'environnement.
05:37Donc dans quelques mois, on va publier cette norme sur la biodiversité.
05:40Et Cocorico, c'est la France qui préside ces travaux.
05:42On avait lancé cela en 2021 avec un tour de table, l'Office français de la biodiversité, ENGIE, la SNCF.
05:50Et donc c'est la France qui préside ces travaux.
05:52Et cela va donner cette méthode aux entreprises pour intégrer la biodiversité comme un vrai actif dans leur stratégie.
06:00Et je reste avec vous, Franck Levesque. Vous nous disiez tout à l'heure qu'il faut un outil mondial.
06:03Mais il y a combien de pays ?
06:07196, oui.
06:08Merci beaucoup. 196 pays qui, lors de la précédente COP biodiversité, ont dit qu'on allait s'y mettre.
06:12Et puis finalement, il y en a eu 30.
06:13Bon, vous me voyez venir.
06:15C'est très bien de créer une norme mondiale, mais à quel point elle va être utilisée, appliquée et comment ?
06:21Alors cela reste évidemment des normes volontaires.
06:23Mais l'atout d'avoir l'ISO à la COP, c'est que nous embarquons les 167 pays membres de l'ISO.
06:29Dans toutes les régions du monde.
06:31Et qu'ils s'engagent, une fois que la norme est publiée, à la reconnaître, à la promouvoir auprès des entreprises.
06:37Les actions locales, c'est très bien.
06:39Mais ce que nous avons besoin, et c'est un point commun avec Impact France, c'est d'une action coordonnée.
06:43Qui soit reconnue à travers l'ensemble des régions du monde.
06:48Et c'est ça qu'apporte l'ISO.
06:49Et c'est pour ça, à nouveau, qu'on a cette présence au niveau de la COP 2016.
06:53Est-ce que vous diriez, Octave Klingens, qu'il y a une prise de conscience, là on a cité l'agroalimentaire, l'industrie pharmaceutique.
07:02Mais justement des risques liés à un effondrement ou un appauvrissement de la biodiversité sur le business, tout simplement.
07:10Soyons un peu cyniques même, d'une certaine façon.
07:12Attention, voilà ce que ça va vous coûter.
07:14Oui, je pense que de plus en plus, lorsqu'on parle de biodiversité, on pouvait avoir tendance à imaginer des espèces en voie de disparition.
07:21Qui pouvaient être dans des pays très lointains.
07:23Mais aujourd'hui, de plus en plus, on s'aperçoit que ça nous concerne aussi sur notre pays.
07:2873% des vertébrés ont disparu depuis 50 ans.
07:33C'est un chiffre qui est assez alarmant.
07:35Et de plus en plus, je pense que pour réussir à sensibiliser les entreprises et les transformer aussi, bien sûr il y a les normes.
07:42Mais aussi, ce à quoi on croit beaucoup, c'est de faire la preuve par l'exemple que des entreprises peuvent s'engager.
07:49Que tout ça, c'est aussi quelque chose de désirable pour les entreprises.
07:52Pour citer quelques exemples, on va avoir la Maïf par exemple, qui l'année dernière a décidé de reverser 10% de ses résultats pour un fonds qui s'appelle Maïf pour le vivant.
08:03Qui va soutenir des projets qui protègent la biodiversité.
08:07De plus en plus, on voit des entreprises qui vont chercher à sensibiliser leurs collaborateurs avec, par exemple, la fresque de la biodiversité.
08:14Et aussi, ce qui est important, c'est vraiment de pouvoir intégrer ces sujets biodiversité au cœur de son modèle d'affaires, de son activité.
08:21Et de plus en plus, dans le mouvement Impact France, on est ravi de voir émerger des projets à impact positif sur la biodiversité.
08:29Par exemple, Morpho qui, grâce à des drones, va replanter des arbres de manière très grande, à grande échelle.
08:37Ou Pili, par exemple, qui va lutter contre les pigments d'origine pétrochimique, qui va les fabriquer de manière naturelle.
08:45Donc ça évite de polluer tous les fleuves, notamment en Chine, dans lesquels on retrouve des colorants.
08:52Je me souviens du jour où la Maïf a annoncé la création de ce dividende écologique.
08:57Le même jour, Crédit Mutuel, l'Alliance fédérale, annonçait la création d'un dividende sociétal avec le même principe de reverser, je crois que c'est 15% de leurs résultats nets.
09:07Alors pas seulement à la biodiversité, mais à des entreprises, des associations qui œuvrent pour un impact positif.
09:16Et à l'époque, c'était quoi ? Il y a peut-être deux ans et demi de mémoire.
09:20Ils désépéraient l'une et l'autre entreprise, ce qui créerait un mouvement.
09:25Et dans les entreprises du CAC 40 ou du SB 120, tout le monde s'y mettrait.
09:30Je n'ai pas beaucoup vu ce mouvement. Qu'est-ce que vous pouvez en dire ?
09:33C'est vrai qu'on s'est encore assez peu répandu, malheureusement.
09:37Sur le mécénat, ce qu'on voit aussi, c'est que de plus en plus de PME arrivent à s'emparer du sujet du mécénat.
09:45Ils reversent une partie de leurs résultats à des associations.
09:49C'est notamment grâce à des dispositifs comme 1% pour la planète qui apportent une belle image de marque et qui permettent de s'engager.
10:00Je pense que Léa Nature, par exemple, est un bel exemple.
10:03Mais effectivement, on voit trop peu encore de mécénat sur ces montants-là.
10:0810% du résultat, c'est quelque chose d'assez important. On en voit trop peu sur les grandes entreprises pour le moment.
10:13Il faut savoir que ces normes internationales, ces standards sont là aussi et beaucoup pour aider les PME et les TPE.
10:20C'est paradoxal, mais quand on regarde l'utilisation des normes internationales, je vous en citais quelques-unes qui sont déjà en place.
10:27Majoritairement, ce sont les PME et les TPE.
10:30Elles ont besoin d'outils pour s'organiser, pour prendre en compte des objectifs sur la biodiversité.
10:37Comment elles les utilisent ? Ça permet de définir un objectif, de progresser, de communiquer aussi ?
10:41Absolument. Les trois volets sont dans toute exigence normative qu'on s'impose, je le rappelle.
10:48Donc, communiquer, s'engager et puis avoir une méthode.
10:52Le GBF, le cadre global sur la biodiversité, pose des objectifs, il fixe des engagements, mais il ne dit pas le comment.
10:59Le comment, c'est dans la norme qu'on va retrouver la méthode de prise en compte de ces objectifs dans son organisation.
11:05Et finalement, le levier des entreprises, il vous semble aussi puissant, plus puissant que le levier des États dans ce combat ?
11:15Honnêtement, côté AFNOR, nous pensons qu'effectivement, par l'engagement volontaire, les entreprises ont un levier d'action bien plus puissant.
11:23Et aussi parce qu'ils dépassent le cadre national.
11:25Lorsqu'on s'engage dans une démarche ISO, on n'a pas besoin de l'expliquer à l'autre bout de la planète, puisque c'est connu dans l'ensemble des régions.
11:32L'engagement volontaire des entreprises, nous, on l'a vu sur d'autres thématiques, la sécurité dans l'entreprise, l'environnement,
11:37c'est quelque chose qui est bien plus puissant que parfois des réglementations qui restent nationales.
11:42Un mot là-dessus, pour conclure ?
11:44Bien sûr, l'aspect volontaire est important, mais au mouvement Impact France, on croit beaucoup à la place de la puissance publique,
11:50qui peut, par ses politiques d'investissement, par sa politique de fiscalité, inciter les entreprises à s'engager davantage.
11:58Si on regarde, par exemple, la semaine dernière, a été voté un taux réduit pour l'économie circulaire,
12:04on peut penser à des dispositifs de ce type-là pour soutenir les entreprises qui s'engagent pour la biodiversité.
12:10Merci beaucoup. Merci à tous les deux. A bientôt sur Bsmart.
12:13For Change, c'est l'heure de notre rubrique Start-up, tout de suite.

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