• il y a 11 heures
Les Vraies Voix responsables avec Christophe Madrolle, président de la Commission mer de la Région Sud ; Jean-Gérald Lubrano, secrétaire général de l'Organisation producteur du Levant et auteur du documentaire "Pêcheur 2.0" ; Olivier Le Nézet, président du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM) ; Tristan Rouyer, chercheur à l’IFREMER, à l’unité MARBEC à Sète.


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##LES_VRAIES_VOIX_RESPONSABLES-2024-10-30##

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Transcription
00:00— SUDRADIO, les vraies voies qui font bouger la France, 19h20, les vraies voies responsables.
00:06— On vous souhaite la bienvenue, les vraies voies responsables. Comme tous les mercredis, aujourd'hui, avec Philippe David,
00:11on va s'intéresser à la pêche et ses enjeux alimentaires et environnementaux. On fait le tour du sujet pendant une heure
00:18avec une actualité. Cette panique dans les boîtes de thon, selon deux ONG, le thon vendu en Europe dépasserait énormément
00:25le seuil autorisé de mercure.
00:27— La pêche au thon rouge est devenue l'une des pêcheries les plus contrôlées au monde, avec un océan de contraintes
00:33réglementaires et de technologies de pointe. Et pourtant, les pêcheurs déplorent encore beaucoup d'idées reçues.
00:39On en parlera avec Tristan Royer, chercheur à l'IFREMER, à l'unité Marsbec à Sète.
00:43— Et dans un instant, nous répondrons à toutes ces interrogations avec nos invités. Nous ferons le point aussi sur l'avenir
00:47de la pêche et les nouvelles pratiques éthiques des pêcheurs. Le thon rouge, est-ce une espèce en danger, comme l'affirment
00:52certaines ONG ? On en parle dans un instant avec nos invités. Soyez les bienvenus. C'est « Les vraies voies responsables », spécial pêche.
00:59— « Les vraies voies sud-radio ». — Et autour de cette table, quelqu'un que vous connaissez bien. Christophe Madrol est avec nous,
01:04président de la commission maire de la région Sud. Bonsoir. — Bonsoir. — Christophe, merci d'être avec nous. Jean-Gérald de Lubrano
01:12est avec nous, secrétaire général d'organisation producteur du Levant et auteur d'un documentaire qui s'appelle « Pêcheurs 2.0 ».
01:19Bonsoir. Merci d'avoir accepté notre invitation. Dans quelques instants, d'autres invités seront avec nous. D'abord, on va revenir sur cette actualité.
01:28Deux ONG qui dénoncent le scandale sanitaire qui concerne le poisson le plus consommé en Europe. Bloom et Woodwatch ont donc testé
01:36148 boîtes de thon. Résultat, elles contenaient toutes du mercure jusqu'à 4 fois le seuil autorisé, c'est-à-dire 1 mg par kilo,
01:43un seuil dépassé sur un dixième des boîtes testées. Alors on va en parler avec vous, Christophe Madrol, ou Jean-Gérald Lubrano, qui est avec nous.
01:54Est-ce que nous avons raison de nous inquiéter ? L'un, l'autre. Christophe Madrol ? — De s'inquiéter, c'est toujours une vraie question.
02:06Et d'ailleurs, on peut se satisfaire de voir ces ONG tester et regarder ce que nous mangeons. Et c'est une très bonne chose qu'il y ait des contre-pouvoirs
02:15qui regardent, qui observent et qui étudient. La question du thon en boîte, c'est pas la question du thon rouge. Nous, avec la Région Sud, avec Renaud Muselier,
02:26avec l'ensemble des services de la région, nous soutenons la filière du thon rouge parce que c'est une filière d'exception. Et nous soutenons la filière
02:35du développement de la pêche durable. Ce n'est pas le sujet aujourd'hui que portent les ONG sur le thon blanc vis-à-vis du thon rouge. Donc effectivement,
02:44on peut avoir des questionnements. Mais sincèrement, Cécile, j'ai pas une langue de bois. C'est le parlons vrai sur le radio. Je n'en sais rien.
02:52— Voilà. OK. Alors Jean-Daniel Lubrano, forcément, quand on est consommateur, on a tous une boîte de thon chez nous à la maison. On peut se poser des questions.
03:02Est-ce que c'est de la surcommunication ? — Je crois qu'il faut être vigilant. Mais ce qui est sûr, c'est que ça soulève en tout cas 2 problèmes.
03:11En tout cas, nous, qui sommes des organisations de producteurs et qui faisons de la sensibilisation justement au bénéfice de nos métiers,
03:20mais aussi des produits issus de ces pêches durables et raisonnées, nous sommes toujours en train d'attirer l'attention sur la traçabilité,
03:28qui est un critère vachement important. Donc de quoi parle-t-on pour pas faire de jeux de mots ? — THON. — Oui, THON. Et c'est là où il faut être très vigilant.
03:36Et je crois que c'est là où le consommateur doit encore plus être un éveil sur ce critère-là, la traçabilité. Regardez de quelles espèces de thonidés nous parlons.
03:46Voyez ? Là, je crois qu'il est visé... Bon, nous regrettons, nous, la filière, parce qu'il y a toujours des effets un petit peu taches d'huile à ce genre d'annonce-là.
03:57— Qui sont pas précises. C'est ça, le problème ? — Qui sont un petit peu imprécises. Enfin plutôt beaucoup imprécises et qui cassent un peu le travail qui est fait autour
04:06depuis des décennies maintenant. — Mais vous, qui êtes pêcheur, quand on regarde les boîtes de thon, et comme pratiquement tout le monde en arrive,
04:13il m'arrive souvent d'en acheter, en général, il vient pas de Méditerranée. Il vient soit de Côte d'Ivoire, soit des Seychelles.
04:19— C'est ça. — Est-ce que quelque part, c'est pas faire avec cette étude une mauvaise pub pour nos pêcheurs de Méditerranée,
04:23alors que le thon en boîte, c'est Seychelles, c'est-à-dire océan Indien, océan Atlantique, mais pas du tout le même coin, Côte d'Ivoire.
04:31Et il y a aussi, je crois, un peu d'Équateur. Donc là, c'est carrément le Pacifique. — Il était pêcheur dans une autre vie.
04:35— Totalement. — Non, parce que je regarde tout ce que j'achète quand je suis à mes cours. — Ah ! Parce que vous êtes chiants.
04:39— C'est pénible. — Comment il fait, votre femme, Philippe David ? Vous regardez toutes les boîtes comme ça ?
04:44— Eh bien non, je veux dire, elle m'admire. — Voilà. — C'est là où je rejoins Christophe Madrol. On peut pas, je veux dire, déplorer que les ONG
04:52s'interrogent sur les conditions sanitaires de consommation, bien qu'on ne peut pas se substituer à un moment donné à l'Agence nationale.
05:01Mais tout ce qu'on peut déplorer, en tout cas nous, en tant que professionnels du métier, c'est surtout de voir une communication
05:09un peu tout azimut, avec des gros effets d'annonce comme ça, qui peut faire du mal à une filière où la filière est déjà
05:17quand même responsabilisée, raisonnée et qui fait un travail de sensibilisation au quotidien pour avertir justement les consommateurs,
05:27et notamment les consommateurs français, sur le bénéfice des circuits courts, du manger local, manger vivant, vous voyez, tout ce qui est en vogue aujourd'hui.
05:36Et c'est là où, bien entendu, lorsqu'on importe beaucoup, beaucoup, beaucoup de poissons, qu'ils soient en boîte de conserve,
05:44je crois que c'est le problème de l'effet de la conserverie surtout, qui décante et qui peut créer justement des accumulations de mercure,
05:52qui crée ce problème-là. Mais encore une fois, nous, ce n'est pas notre filière, comme l'a rappelé le conseiller Madrol,
05:57qui connaît bien le sujet de la biodiversité, mieux que lui, je veux dire, je ne veux pas parler, mais voilà, ce sont des espèces qui,
06:04encore une fois, sont souvent importées, sur lesquelles on ne sait pas si ce sont des marques françaises ou quoi que ce soit.
06:14Il y a un manque de traçabilité, c'est ce que vous voulez dire.
06:17Mais en fait, le fait de ne pas citer, ou en tout cas de ne pas donner l'espèce, enfin, de dire du thon en général,
06:23et il y a une différence entre le thon rouge et le thon blanc, vous pensez que ça va avoir un impact, en tout cas, sur le thon rouge aujourd'hui ?
06:29Non, je ne pense pas, parce qu'on a tellement, je veux dire, aujourd'hui, fait un travail énorme sur le thon rouge,
06:35et le thon rouge fait un tel retour, que ce soit dans les mœurs, dans les mentalités, dans les assiettes,
06:41on a un produit où la réponse environnementale est tellement positive, que...
06:46On va en parler tout à l'heure.
06:47Mais pour revenir, excusez-moi, allez-y, Christophe, parce que j'ai une question à vous poser.
06:51Pour être très transparent avec nos auditeurs, pour préparer l'émission, j'ai contacté l'association Blum,
06:56pour proposer qu'ils viennent parler avec nous, puisqu'ils ont, et la réponse a été claire,
07:00bonjour, merci pour votre message d'invitation, mais surtout, le thon rouge n'a rien à voir dans notre enquête,
07:06qui cible particulièrement les thons en boîte, les thons blancs.
07:10Et alors, les thons en boîte, vous allez voir que je regarde vraiment les boîtes que j'achète,
07:13en général, je ne suis pas pêcheur, vous connaissez mieux les thons que moi,
07:16c'est du thon albacore et du thon germon, c'est pas ça ?
07:18Oui, oui, tout à fait.
07:20Et donc, pas du tout du thon rouge, rien à voir ?
07:21Donc, c'est pas la peine de paniquer les gens avec des enquêtes comme ça ?
07:24On a rien à voir avec le thon rouge, la France est un gros pays producteur de thon rouge,
07:27mais encore une fois, on n'arrête pas de le répéter, manger français, manger français,
07:32c'est ce que je veux dire, voilà, c'est ce qu'on essaye de communiquer depuis des années.
07:37Mais avec du thon, c'est difficile, enfin, en tout cas, des boîtes de thon,
07:39c'est difficile de savoir, enfin, de manger français, c'est-à-dire que, non ?
07:42Il y a l'éthique, la plaque vétérinaire d'insanité est imposée.
07:45Aujourd'hui, c'est un critère imposé, et il faut que le consommateur s'interroge à cela.
07:50Maintenant, ça ne soulève pas que cette question-là,
07:53ça soulève aussi la question de la pollution à l'échelle planétaire,
07:57parce qu'on ne peut pas non plus accuser même les pêcheurs qui pêchent ce thon-là
08:03du taux de mercure, qui peut y avoir, hormis, excepté par le procédé de conserverie
08:07qui va accentuer ce dépôt de mercure à long terme,
08:11avec des haletés assez longues, on le sait, dans les conserves,
08:14mais ça pose aussi le problème des énergies fossiles
08:18et des dépôts de polluants tels que le mercure,
08:24qui vient justement des résidus d'énergies fossiles,
08:26dans nos mers, dans nos rivières et dans nos océans.
08:29Et ça, c'est un impact, bien entendu, très important.
08:33Allez, on va faire une petite pause, vous restez avec nous.
08:36Dans un instant, on va revenir sur l'avenir de la pêche.
08:43Il y a une réunion, 24e réunion annuelle de l'ICAT,
08:46la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique,
08:49ce sera entre le 11 et le 18 novembre 2024,
08:52et on en parlera avec l'un de nos invités qui arrive
08:54pour savoir en quoi tout ça va mener et qu'est-ce qu'on attend.
08:58On en parle dans un instant, à tout de suite.
09:00Sud Radio, parlons vrai.
09:05Sud Radio, les vraies voies qui font bouger la France,
09:0819h20, les vraies voies responsables.
09:11Les vraies voies responsables, aujourd'hui, on parle de la pêche française
09:16avec des interlocuteurs qui s'y connaissent bien.
09:18Alors, quel est l'avenir pour la pêche ?
09:20Et vous ne le savez peut-être pas, mais la 24e réunion annuelle de l'ICAT,
09:25la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique,
09:29va démarrer du 11 novembre jusqu'au 18 novembre 2024,
09:32et on va voir ce qu'on peut attendre de cette commission.
09:35Christophe Madrol est avec nous, président de la commission maire de la région sud,
09:39Jean-Gérald Lubrano, secrétaire général de l'organisation producteur du Levant
09:44et auteur d'un documentaire, Pêcheur 2.0, que je vous incite à aller voir,
09:49puisque c'est passionnant, et notre invité ce soir, Olivier Leneyser,
09:53qui est président de la pêche française.
09:55Bonsoir, merci d'avoir accepté notre invitation.
09:58Bonsoir.
09:59Bonsoir.
10:00Bienvenue sur Sud Radio.
10:02Donc, on parlait de cette 24e réunion annuelle à l'ICAT,
10:07qu'est-ce qu'on peut en attendre aujourd'hui ?
10:10Je crois, comme vous l'avez dit déjà, la pêche française du thon rouge,
10:14elle a montré par Pêcheur 2.0 que c'est une filière hautement responsable.
10:20Elle est très exigeante en matière de durabilité, de gestion,
10:23d'encadrement, de contrôle,
10:25et elle est un maillon, et je dirais une filière essentielle
10:28à l'équilibre économique de la Méditerranée,
10:31à tous les niveaux, qu'il soit sur les foétis et les régions.
10:34Certes, je pense qu'elle a besoin d'un nouveau source, évidemment,
10:38et l'État doit lui donner cette visibilité via l'ICAT
10:41pour qu'elle reprenne l'initiative.
10:43Alors, Olivier Leneyser, vous êtes président de la pêche française.
10:46En termes de produits de la mer,
10:47la France a affiché un déficit commercial de 4,6 milliards en 2022.
10:52À quoi est dû ce déficit ?
10:53Et est-ce qu'on est déficitaire sur les thonidés, comme il y a cette réunion ?
10:56Parce que c'est quand même le poisson, probablement,
10:57avec le saumon le plus consommé par les Français.
11:01– Je crois que quand on parle du thon, on parle de beaucoup d'espèces de thon.
11:03Je crois que ça a été dit en amont.
11:06Il y a plusieurs sortes de thon consommés par le consommateur français.
11:11Et puis surtout, c'est qu'on est déficitaire
11:12parce que derrière, la pêche française allait encadrer,
11:15et la pêche européenne.
11:17Aujourd'hui, il faut savoir quand même qu'on produit
11:19à peu près 20% de la demande nationale
11:22et qu'il faut surtout changer le comportement du consommateur.
11:27Les principales espèces qui sont consommées,
11:29c'est le saumon, c'est le camillot, c'est la crevette.
11:32Et donc évidemment que derrière, ce déficit commercial, il est criant.
11:38Donc moi, j'invite, comme l'a rappelé Jean-Gérald tout à l'heure,
11:41c'est de consommer du poisson pêché par les navires français
11:45et donc de favoriser du poisson qui est pavé en France,
11:48qui est identifié aussi par des labels régionaux
11:51et qui permet justement de faire que le consommateur
11:54contribue à l'économie de nos territoires sur le littoral.
11:56— Jean-Gérald Dubranov voulait réagir, je crois.
11:58— Moi, je suis tout à fait d'accord avec mon président.
12:00De toute façon, je viens de le dire, je le répète,
12:03on le dit ensemble, consommons tous français.
12:06Et je crois qu'on ne peut tirer que les conclusions de l'annonce d'hier
12:11par nos chers ONG qu'il faut justement aller dans cette direction.
12:15Maintenant, ce déficit commercial sur la filière des Thaunidés,
12:18il nous échappe aussi pour une bonne raison.
12:20C'est que la majeure partie aujourd'hui de notre thon rouge part à l'étranger.
12:25— Notamment au Japon, je crois.
12:26— Notamment au Japon, qui sont les grands experts du poisson et du thon rouge.
12:30Donc il faut se réapproprier dans nos marges de consommation cette espèce
12:35et que notre État nous donne aussi les moyens de stocker vivant
12:39comme il se fait dans nos pays voisins.
12:41Donc la France est un pays de pêcheurs.
12:44Jusqu'à maintenant, on a souhaité justement la laisser à ce rang-là.
12:49Mais aujourd'hui, elle doit justement faire face à son destin et à son histoire.
12:54— Christophe Madrol, est-ce qu'on a entendu tout et n'importe quoi
12:58sur le thon rouge ces dernières années ?
13:00Est-ce que les Français aujourd'hui ont une bonne perception du thon rouge ?
13:05Parce que moi, j'entends souvent dire
13:07« Mais je croyais que c'était interdit à la pêche, le thon rouge ».
13:10Il y a plein de gens qui disent ça.
13:12Et aujourd'hui, il y a un problème peut-être de communication.
13:13— Non, non, vous avez correctement raison, Cécile.
13:15D'abord, je voudrais remercier Olivier Lenezé d'avoir participé à l'émission
13:18et du travail qu'il fait au niveau des comités des pêches.
13:20Parce que c'est très important pour nous, politiques,
13:23qui portons des sujets au niveau comme de la région sud avec le président Muselier,
13:27d'avoir un interlocuteur.
13:28Et c'est vrai qu'on a eu l'image pendant des années – excusez-moi, Jean-Gérald –
13:33mais du pêcheur qui était un peu le pêcheur voyou des mers, si vous voulez ce que je veux dire.
13:38En Méditerranée, c'était compliqué.
13:39On a eu toutes les campagnes des chalutiers qui détruisaient la biodiversité.
13:45Mais depuis quelques années – et merci, Jean-Gérald Lubrano,
13:49du travail que vous faites au niveau de la pêche durable, comme Olivier Lenezé –
13:52on a beaucoup plus une transparence du travail qui est fait en mer.
13:57Et ça répond aussi à la question par rapport au thon rouge.
14:01Quand je vois dans les restaurants, on fait souvent du saumon,
14:04on n'a pas de traçabilité du saumon.
14:06Par contre, on pourrait très bien faire du thon rouge à la place du saumon.
14:09On pourrait très bien faire du poisson français pour faire travailler toute la filière pêche.
14:13Mais Olivier Lenezé, la pêche, ça représente quoi au niveau français ?
14:18Combien y a-t-il de pêcheurs en France, d'entreprises de pêche ?
14:21Qu'est-ce que ça représente en France aujourd'hui ?
14:24– On est à peu près sur 5 700 marins en France.
14:30Aujourd'hui, il faut savoir que sur les navires,
14:34on est à peu près sur 7 500 départements et territoires du thon mer compris,
14:37avec 4 500 à peu près navires, 4 000 navires.
14:42Le vrai sujet au-delà du nombre de navires et de marins,
14:44ce qui est très important à comprendre pour le consommateur,
14:47c'est qu'un marin au-delà qui crée plus d'emplois à terre,
14:50il crée surtout une économie notoriété par littoral
14:52et en même temps un écosystème qui fait que derrière,
14:55ce sont des emplois non délocalisables.
14:57Et ça souvent on l'oublie parce que tout impact dans cette filière
15:00impacte autoritairement aussi nos territoires.
15:02Et je remercie M. Mandrel et Jean Girard
15:07parce qu'on est quand même en Méditerranée
15:09où c'est vraiment un territoire qui a besoin aujourd'hui d'être soutenu.
15:14Il faut que l'Union européenne, vous avez parlé de l'ICAD,
15:17reprenne l'initiative face aux autres parties prenantes.
15:20C'est elle qui finance presque tous les projets scientifiques de l'ICAD,
15:23qui parle des recommandations de durabilité.
15:25Et là, la Commission européenne doit être forte devant,
15:27je dirais, l'internationalisation de l'ICAD.
15:30– Jean-Gérald Lumbrado voulait réagir, il a levé le doigt vraiment.
15:34– Là, je crois que j'en appelle à nos autorités de tutelle.
15:37Il faut taper du poing sur la table
15:39et éviter, comme on l'a évoqué en amont,
15:42de laisser échapper ce déficit commercial une nouvelle fois
15:45qui va profiter au PIB de nos voisins européens.
15:50Donc nous sommes producteurs,
15:52on veut faire du producteur au consommateur, du circuit court.
15:56Réapproprions-nous cette filière,
15:58réapproprions-nous nos mœurs de consommation
16:01et faisons de la vente.
16:03Justement, de quoi parle-t-on ?
16:04On parle de sécurité alimentaire.
16:07– Olivier Lenezé, la France a le second domaine maritime du monde quand même,
16:11derrière les États-Unis, on a un peu tendance à l'oublier.
16:14Est-ce qu'il est exploité du mieux ou au maximum aujourd'hui,
16:18notamment pour la pêche ?
16:20– Au niveau déjà de notre territoire, il est international.
16:24Quand on parle déjà de la pêche française,
16:27on est sur un territoire international,
16:30on est de par le monde, c'est vrai.
16:32La France a le deuxième domaine au niveau mondial,
16:36mais ce n'est pas le deuxième domaine,
16:40on n'est pas au deuxième en partie économique.
16:42Et là, c'est un peu malheureux,
16:43parce qu'on a vraiment des capacités à faire mieux, c'est vrai.
16:48Mais pour ça, il faut aussi que n'oublions pas,
16:50on est encadré par une politique commune des pêches
16:52qui est clairement au niveau européen.
16:56Et c'est là qu'est le vrai sujet,
16:57c'est qu'aujourd'hui, on a protégé le poisson et c'est très bien,
17:01il fallait le faire, les ressources aujourd'hui sont durables dans les eaux européennes.
17:04Je veux dire, dans les eaux européennes, elles sont durables.
17:06Il y a de la surpêche, mais c'est au niveau mondial.
17:08Et quand on prend 7000 navires de pêche industrielle au niveau de la Chine,
17:13quand on sait qu'en France, on en a un,
17:15c'est là qu'on voit qu'on se trompe de cible.
17:18Le vrai sujet aujourd'hui, c'est comment la Commission européenne
17:22vient protéger ses ressortissants.
17:24Je ne veux pas vous parler, on parle de Mitterrandais,
17:26mais je pourrais vous parler du Brexit,
17:28où là, on se retrouve vraiment dans une fracture,
17:31non pas de vivre ensemble, mais de la division au niveau de l'Union européenne.
17:35Donc il est important que la Commission européenne soit là pour protéger,
17:39certes, la ressource, mais aussi ses pêcheurs.
17:42Les pêcheurs, parce que les pêcheurs sont eux aussi créateurs d'emplois,
17:46mais surtout, comme l'a rappelé Jean-Gérald,
17:47on est d'abord dans cela pour nourrir la population.
17:51Justement, cette filière nourricière, beaucoup de pêche bashing,
17:56alors que la France est quand même un peu dans une,
17:59aujourd'hui, une exemplarité, finalement,
18:02il y a une exemplarité française sur la chaîne,
18:04il y a énormément, énormément d'efforts qui ont été faits.
18:08Je crois qu'à aujourd'hui, on peut se féliciter d'une chose,
18:12c'est que cette filière a passé, je dirais, des années 60-80,
18:19où il y a eu, certes, beaucoup de surpêches faites dans les eaux
18:24par les pêcheurs européens,
18:27à aujourd'hui, c'est géré, c'est encadré, c'est régulé,
18:30il y a des quotas, c'est 7500 règlements qui encadrent la pêche européenne,
18:34et tant mieux, c'est celle qui permet aussi
18:38de pouvoir avoir la durabilité de la ressource.
18:40On se doit de la préserver pour les générations futures,
18:43parce que derrière, on a des jeunes qui doivent venir dans nos métiers,
18:46on a besoin de ces jeunes-là,
18:48on a besoin de renouveler la flotte de pêche,
18:49et aujourd'hui, il nous pose le plus gros problème,
18:52c'est le renouvellement de la flotte de pêche.
18:54Le moyen d'âge de la flotte de pêche en France,
18:57c'est plus de 30 ans.
18:58Donc, on est sur des outils de travail qui ne sont pas en adéquation
19:02avec les besoins et la réalité et les obligations
19:05de la transition énergétique ou la décarbonation,
19:07au même titre qu'on pourrait parler du bien-être aussi des marins en mer.
19:12Et ça, c'est un vrai sujet,
19:14et il faut que l'Union européenne, sans cesser, se donne les moyens,
19:18non pas juste du fait en pas, du Fonds européen, du Fonds financier,
19:23mais qui va bien au-delà de permettre, justement,
19:25cette capacité de renouvellement de la flotte de pêche.
19:27Merci beaucoup, Olivier Lenezet, président de la pêche française.
19:31Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation.
19:35On aura l'occasion, bien sûr, de vous retrouver à un moment donné.
19:38Dans un instant, on reviendra sur le thon rouge,
19:41parce que c'est ce qu'on disait tout à l'heure,
19:43il y a une espèce de flou puisqu'il a été longtemps menacé
19:47par la surpêche de la population de thon rouge,
19:49donc se développe de nouveau avec de bonnes nouvelles.
19:52On en parle dans un instant avec un spécialiste, un scientifique même.
19:56A tout de suite.
20:26secrétaire générale de l'organisation Producteurs du Levant
20:28et auteur du documentaire Pêcheur 2.0.
20:31Olivier Lenezet est toujours avec nous,
20:33président de la pêche française.
20:37Et le petit nouveau Tristran Rouillet qui est avec nous,
20:39chercheur à l'IFREMER et à l'unité Marbec à CEDE.
20:44Merci d'avoir accepté notre invitation.
20:47C'est le moment, peut-être, de mettre à bas les idées reçues sur le thon rouge.
20:54Comme je le disais il y a quelques instants,
20:57tout se dit un peu tout n'importe quoi, sauf que les choses ont changé.
21:00Donc longtemps menacé par la surpêche,
21:02la population de thon rouge se développerait de nouveau
21:05dans l'océan Atlantique et en Méditerranée.
21:07Donc on va demander à un spécialiste.
21:09Tristran Rouillet, merci d'avoir accepté notre invitation.
21:12Vous qui connaissez bien, puisque vous êtes un scientifique
21:14qui scrutez le thon rouge que vous connaissez par cœur.
21:18Aujourd'hui, si on fait un état des lieux, qu'est-ce qu'on peut dire ?
21:23Alors le thon rouge, c'était une espèce qui a été,
21:25comme vous l'avez dit, très justement, très longtemps sur-exploitée.
21:28Et depuis la moitié des années 2000, on va dire, 2008-2009,
21:33il y a eu un plan de reconstitution qui a été mis en place
21:35et qui a été assez rapidement suivi des faits,
21:37puisque dès 2012, on a commencé dans les enceintes scientifiques
21:41à voir que la quantité de thon rouge qu'on estimait,
21:43qu'il y avait dans l'eau, parce que c'est qu'une estimation,
21:45semblait augmenter année après année.
21:47Et tout ça, ça a conduit en fait à une réaugmentation
21:51du total admissible de capture des quotas de pêche, année après année.
21:54Et on a pu continuer comme ça à suivre l'évolution plutôt favorable du thon rouge,
21:59ce qui a montré que les mesures mises en place ont bien fonctionné.
22:02– La France était le principal pêcheur de thon rouge
22:05qui a beaucoup de succès, notamment au Japon.
22:08Quelles ont été les conséquences pour les pêcheurs ?
22:10Est-ce qu'on les a aidés ?
22:11Quelles autres espèces ont-ils pu pêcher à la place, etc. ?
22:16– Ça, j'imagine, c'est plutôt une question pour Jean-Gérard, peut-être ?
22:19– Oui, on parlera de temps difficile, je crois, de sacrifice de la flottille
22:27qui a fait les efforts de réduction de pêche.
22:31Et je crois que le job a été fait pour que ce plan de reconstitution
22:37soit un réel success story à l'échelle internationale d'espèces haliotiques.
22:42– Est-ce que ça a été difficile pour vous,
22:45qui êtes un spécialiste en l'occurrence aussi du thon rouge,
22:48est-ce que l'image a été compliquée pour vous ?
22:50– Très très dure, mais surtout pour les jeunes qui arrivaient,
22:53des jeunes générations comme nous, qui arrivions dans le métier
22:56juste à ce moment-là, où on avait une vingtaine, vingt-cinq ans,
23:00et on commençait nos propres aventures.
23:02Il était clair que pour nous, on s'est dit, mais qu'est-ce qu'on fout là ?
23:06– C'est quoi l'avenir en fait ?
23:07– C'est quoi l'avenir ? Pourquoi on n'a pas resté à l'école ?
23:10Donc voilà, à un moment donné, mais je veux dire par là, c'est très difficile
23:16et je crois qu'aujourd'hui, il ne faut pas commettre encore les erreurs,
23:19qui ont été étirées, toutes les leçons du passé.
23:21Je crois que c'est ce que la profession a décidé de faire
23:25avec cette nouvelle génération de pêcheurs,
23:27et c'est ce que moi, j'ai souhaité montrer dans mon documentaire,
23:30parce que la plus belle réponse qu'on a pu retrouver,
23:32c'est celle de l'environnement, et celle de la ressource,
23:35celle du thon rouge, et d'année en année, plus abondante,
23:39et on fait notre campagne de pêche en une semaine, voire dix jours.
23:42Une campagne de pêche qui doit durer normalement un mois.
23:44– Ah oui ? – Voilà.
23:45– Christophe Madrolque, je rebondis sur ce documentaire 2.0,
23:49Pêcheur 2.0, en fait, c'est votre vie dans un documentaire,
23:54où là, on ne peut pas tricher, on voit effectivement
23:57que la pêche est très réglementée, que ça reste compliqué,
24:01même si tout le monde a accepté les règles du jeu,
24:04mais on sent que la pêche a changé quand même.
24:06– Oui, mais complètement, et quand Jean-Gérald et son équipe
24:08nous ont présenté à la région Sud, le scénario, le synopsis de ce documentaire,
24:15on l'a en grande partie financé sur les fonds Féampe,
24:19Olivier Lezé en parlait, et c'est vrai que la région Sud…
24:21– Et c'est quoi les fonds Féampe ?
24:22– C'est les fonds européens qui permettent de financer
24:24les actions de pêche, ou de communication liée à la pêche.
24:27Ce qui permet, c'est l'Europe, pour une fois l'Europe a du bon,
24:30d'amener de l'argent et d'accompagner les pêcheurs
24:34comme d'autres secteurs pour pouvoir faire de la communication,
24:38et moi j'ai découvert le métier de pêcheur de thon rouge,
24:40pour moi, je ne connaissais pas le métier de Jean-Gérald Dubrano,
24:44je connaissais le pêcheur effectivement du Lille du Levant,
24:49cher à notre ami Philippe David,
24:51– Le pêcheur des dimanches !
24:52– Mais à la ligne, j'étais de la pêche artisanale,
24:54où on allait tranquille, avec Marius et Jeannette,
24:56sur la petite barquette, à l'estac avec le pastis normal,
25:00et on pêchait le poisson, on pêchait la girelle,
25:03le poisson, la girelle, mais pas d'insinuations,
25:06s'il vous plaît, salade M.Philippe David,
25:07quand on parle de girelle, parce que hors antenne tout à l'heure,
25:12il nous parlait de ses expériences au Cap d'Allez,
25:14– C'est pas du tout n'importe quoi, c'est des portefeuilles !
25:16– On ne comprend pas ce qu'a dit Philippe David tout à l'heure.
25:20– Non mais attendez, il y a un 7, Tristan Rouillet,
25:22c'est à côté du Cap d'Allez, vous ne me faites pas de réputation,
25:24plusieurs P, c'est très possible d'aller flouter derrière !
25:27– C'est une autre sorte de pêche, c'est une autre poche.
25:33– Tristan, je conseille à tous nos auditeurs d'aller sur internet,
25:37c'est disponible je crois, et de taper pêcheur 2.0,
25:40c'est assez incroyable, d'abord les images sont très belles,
25:42c'est un réalisateur professionnel qui a fait ça,
25:45et d'après ce qu'il m'avait dit, il était spécialiste du sport en haute montagne,
25:50ce garçon qui a fait le film, et il a accepté de s'embarquer
25:54avec l'armement Lubrano et a suivi une campagne de pêche,
25:58mais c'est vraiment un documentaire assez extraordinaire
26:00où on voit le vrai métier de pêcheur de thon.
26:03– Alors on parlait du thon rouge avec Tristan Rouillet,
26:05chercheur à l'IFREMER, à l'unité Marbelle-Cassette,
26:07le thon rouge vit donc dans l'Atlantique, en Méditerranée,
26:10a priori les populations, suite au moratoire de 2007,
26:14se sont reconstituées en Méditerranée.
26:15– On en est où là par exemple, pardon je vous coupe jusqu'à la fin,
26:19on en est où aujourd'hui, est-ce qu'on est encore
26:21dans une temporalité un peu faiblarde,
26:24ou on est vraiment remonté avec le nombre d'individus ?
26:28– Alors il faut bien comprendre que la vitesse à laquelle ça s'est reconstruit,
26:31pour nous en tant que scientifiques c'était un peu inédit,
26:33puisque ça a été très très vite, et donc ça a posé en 10 ans,
26:36la population s'est quand même reconstituée très très notablement.
26:40Alors après on se refuse un petit peu à dire
26:42à quel niveau de reconstruction on est,
26:44parce qu'il y a tellement d'incertitudes autour de ça,
26:47qu'on préfère pas lire,
26:49vous voyez il faut essayer d'estimer une référence,
26:52alors qu'on sait très très bien que cette référence
26:53elle évolue au fur et à mesure du temps,
26:55donc on se refuse un petit peu à dire ça.
26:56Par contre ce qu'on sait aujourd'hui,
26:58c'est qu'on a des niveaux aujourd'hui d'exploitation
27:00qui n'ont jamais été autorisés jusqu'ici,
27:02ce qui veut dire que la population semble continuer à augmenter,
27:06tout du moins d'après les dernières estimations,
27:08alors il faut rester prudent bien sûr,
27:09mais on est plutôt dans une situation qui est assez favorable.
27:12– Samra, en Atlantique et en Méditerranée ?
27:15– Alors là je vais revenir là-dessus,
27:16du coup en fait le stock de thon rouge,
27:20on pense qu'il y a 2 stocks en Atlantique,
27:22il y a un stock en Atlantique Ouest,
27:24où on pêche à peu près 2500 tonnes,
27:25c'est celui qui se reproduit dans le golfe du Mexique,
27:27et il y a un stock en Atlantique Est-Méditerranée,
27:30donc c'est la même population qui se reproduit en Méditerranée,
27:33et en fait ce sont des thons, donc c'est des animaux fabuleux,
27:35je pense que Jean-Gérald a bien parlé,
27:37ça peut dépasser les 700 kg, ça peut dépasser les 3 mètres,
27:40donc c'est une vache pour vous donner à peu près l'idée,
27:43ce sont des animaux qui vont faire une migration absolument énorme
27:45en rentrant en Méditerranée au mois de mai pour se reproduire,
27:48donc le pic de la reproduction c'est le mois de juin,
27:50et ressortir ensuite en Atlantique au mois de juillet,
27:53et on va les retrouver après partout en Atlantique,
27:56on va dire de la Norvège jusqu'au Brésil à peu près.
27:58– Et en matière de goût,
28:00parce qu'on voit tout dans les restaurants un petit peu partout du thon rouge,
28:04on ne sait pas vraiment d'où il vient,
28:06et ça c'est dommage aussi d'ailleurs,
28:07parce que peut-être que dans les restaurants
28:08on devrait avoir la traçabilité, une traçabilité française,
28:12le goût de ce qu'on trouve par exemple en Méditerranée
28:16n'a pas d'égal par exemple ?
28:18– Dis que si, t'es japonais.
28:19– Ah oui, dis que si, t'es japonais.
28:21– Il a vraiment une texture, un goût…
28:23– On ne peut que le croire,
28:25on parle avec les Japonais de poisson comme on parle avec les Français de vin,
28:29donc à un moment donné, je crois que c'est irréfutable
28:32qu'on a la chance en tout cas d'avoir en Méditerranée,
28:35depuis des siècles et des siècles, et depuis la préhistoire,
28:39l'un des meilleurs, voire le meilleur poisson du monde,
28:42c'est le thon rouge de Méditerranée.
28:43– Génétiquement ce n'est pas le même,
28:44en regardant, en préparant l'émission le thon rouge Atlantique et Méditerranée,
28:47il y a une petite différence, Tristan Rouillet…
28:50– Il y en a un qui a brosé, l'autre pas.
28:52– Non, non, ça pourrait être ça,
28:54non aujourd'hui on ne voit pas de différence
28:56entre le thon rouge de Méditerranée et le thon rouge Atlantique,
28:58en fait c'est le même, donc on voit très très bien l'émigration,
29:01donc nous on les marque, on met des balises électroniques sur le dos des poissons,
29:04et donc on peut suivre leur trajectoire sur un an,
29:07et donc on voit très très bien que les thons sortent de Méditerranée
29:10et vont aller en Atlantique se nourrir.
29:11– Jean-Gérald Dubrenau.
29:12– Et après on rentre au moment de la reproduction,
29:15donc c'est vraiment génétiquement les mêmes,
29:17par contre entre la partie Ouest Atlantique et Est Atlantique Méditerranée,
29:21là il y a des différences.
29:22– C'est ça, c'est bien ce que j'ai vu.
29:23– Jean-Gérald Dubrenau.
29:24– On peut s'en référer à l'expérience de Tristan,
29:26parce qu'il fait partie justement d'une unité spéciale
29:29qui a produit des rapports avec Jean-Marc Frammentin
29:32depuis des années, des décennies, pour le compte de l'ICAT
29:35et du comité scientifique de l'ICAT,
29:37donc ce sont des experts au niveau de cette espèce-là,
29:41et il faut noter aussi le travail énorme
29:43qui a été fait de collaboration entre pêcheurs et scientifiques,
29:46et je crois qui est encouragé aussi par les mesures du FERMPA.
29:49Et nous ce qu'on aimerait aussi qu'à ce travail
29:52se joignent aussi désormais les ONG,
29:54parce qu'il y aurait un travail encore meilleur qui pourrait se faire.
29:57– Oui, des conversations, des discussions, des projets.
30:00– Des projets d'études, sur les différentes espèces,
30:02que ce soit le thon rouge ou le thon idée,
30:04ou d'autres espèces d'Atlantique et autres.
30:07Mais je crois qu'il y a un vrai travail,
30:08il y a une vraie progression à faire,
30:09comme on l'a fait à l'époque où les pêcheurs et les scientifiques
30:12ne se parlaient pas il y a une vingtaine d'années,
30:13et puis il y a un dialogue qui s'est instauré,
30:15et un respect mutuel qui s'est vraiment installé,
30:18et il y a eu des résultats qui ont été pertinents.
30:21– Et bien écoutez, on va continuer dans…
30:23– Et donc on n'a pas de sushis à se faire pour les approvisionnements de thon rouge ?
30:25– Mais je savais qu'il allait le faire, mais je savais qu'il allait le faire.
30:28– J'espère qu'il ne va pas faire cette vanne pourrie, j'espère.
30:31– Je n'ai pas pu m'en empêcher.
30:32– Eh bien il l'a fait quand même.
30:33On est face à un scientifique, s'il vous plaît, Philippe David.
30:36– Désolé Tristan, désolé Tristan, vraiment désolé.
30:38– Non mais il sourit parce qu'il est bien agé.
30:40– Si vous connaissiez le scientifique…
30:42– Merci beaucoup Tristan,
30:46on va vous chercher, chercheur à l'IFREMER et à l'unité Marbeck A7.
30:52Merci beaucoup de nous avoir offert cette belle expertise.
30:56Allez, vous restez avec nous dans un instant,
30:57on va revenir avec nos invités sur l'avenir justement de cette filia nourricière.
31:02C'est bien de le rappeler.
31:04– Sud Radio.
31:04– Sud Radio.
31:05– Parlons vrai.
31:06– Parlons vrai.
31:06– Sud Radio.
31:07– Parlons.
31:08– Sud Radio, les vraies voies qui font bouger la France,
31:1019h20, les vraies voies responsables.
31:14– Les vraies voies responsables ce soir, spécial nouvelle génération de pêcheurs,
31:17souvent qualifiés de pêcheurs 2.0.
31:20Ils sont, en tout cas il est avec nous, Jean-Gérald Lubrano,
31:22secrétaire général de l'organisation Producteurs du Levant
31:25et auteur de ce documentaire Pêcheurs 2.0
31:28que vous allez bientôt pouvoir voir un petit peu partout.
31:31Et Christophe Madrol est avec nous,
31:32président de la commission maire de la région Sud.
31:36Alors pour ceux qui ne le savent pas,
31:38qu'est-ce que ça veut dire Jean-Gérald Lubrano, Pêcheurs 2.0 ?
31:42Parce que finalement c'est très efficace,
31:45on est pêcheurs avec le côté ancestral et des savoir-faire 2.0,
31:50de dire aujourd'hui il y a une nouvelle génération qui se lève pour l'avenir.
31:54– C'est ça, il y a plusieurs messages dans cet appel à sursaut.
31:58Donc c'est le terme que j'ai choisi pour justement communiquer tout ça,
32:02pour communiquer la tradition mais aussi la modernité, l'évolution
32:07et surtout la pêche de précision parce qu'il y a le côté 2.0,
32:11technologique avec des appareils d'hyper-sélectivité qui nous permettent…
32:17– Mais qu'est-ce qu'ils vous permettent ces appareils ?
32:19– Justement, ils nous permettent de sélectionner le poisson
32:22avec beaucoup plus de précision, de passer beaucoup moins de temps en mer.
32:25– C'est quoi, c'est des sonars par exemple ?
32:27Tu dis ça c'est une espèce qu'on peut pêcher,
32:29ça c'est une espèce qu'on ne peut pas pêcher ?
32:30– Totalement, nous sommes comme des échographes de la mer
32:34en train d'observer, de scruter nos écrans
32:36et de discerner avec le savoir-faire que nous avons,
32:40acquis cette technologie que nous avons développée depuis des décennies
32:43qui nous permettent aussi de passer beaucoup moins de temps en mer
32:47et donc de laisser une empreinte carbonique beaucoup moindre que de coutume.
32:52Par exemple, nous on passait 9 mois en mer à l'époque,
32:57on avait 9 mois de campagne de pêche,
32:59donc ils sont résolus à un mois désormais, vous voyez ?
33:02Le métier que j'ai connu moi à l'époque ne ressemble plus du tout
33:06à celui que je pratique tous les jours.
33:07Donc nous nous sommes adaptés et pêcheur 2.0,
33:11ça veut dire aussi le pêcheur qui est réconcilié avec son époque.
33:15C'est ça le message aussi dans ce titre-là.
33:18– Vous faites ce métier depuis combien d'années ?
33:20– Je ne sais pas, mon père m'a embarqué par force à 13 ans à bord du bateau
33:24et puis après… – Il n'est jamais redescendu.
33:27– Ce n'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme.
33:30– C'est mon père qui m'a mis à bord,
33:31mais c'était une entreprise familiale, il fallait donner les coups de main.
33:35C'est toujours comme ça et je crois que la pêche artisanale
33:37est vraiment empreinte de ça.
33:39Et ça, ce sont des choses que nous perdons aujourd'hui
33:42pour les générations à venir.
33:43Et tout à l'heure, j'ai parlé de traçabilité,
33:45moi j'aimerais parler d'attractivité aussi,
33:47parce que pêcheur 2.0, c'est ça.
33:49C'est fait aussi pour un appel, pour lancer un signal positif
33:52aux nouvelles générations.
33:53Comme l'a dit Olivier Lennez tout à l'heure,
33:55pérenniser le métier, c'est vachement important
33:56dans nos traditions et nos croyances, vous voyez ?
33:59On vient du secteur primaire.
34:00– Mais c'est très communautaire quand même les pêcheurs,
34:03on sent que c'est une grande famille nationale.
34:05– Totalement, et moi je dis toujours que lorsqu'une pêcherie va mal,
34:09c'est toute la pêche qui va mal.
34:11Donc on a besoin, tout à l'heure on parlait de que générer
34:14un marin pêcheur en termes d'emploi et d'économie.
34:17Il faut penser aussi aux filières en amont et en aval.
34:20La pêche, ce n'est pas que la pêche sur un bateau,
34:23il y a aussi tout ce qui est coopératif, le système coopératif,
34:26les coopératives d'habitation.
34:27– Comment ça marche ?
34:28– Les pêcheurs se groupent, montent des structures
34:31qui sont hyper démocratiques, c'est-à-dire un homme, une voix,
34:36qu'on ait des parts sociales qu'on n'en ait pas,
34:38comme dans tout ça, mais ce système-là est hyper démocratique
34:41et permet à tous les pêcheurs de se grouper
34:44pour réaliser des économies d'échelle et soutenir la filière,
34:48et soutenir la pêche.
34:50Donc ce sont des outils qui sont incontournables.
34:52Puis après il y a la filière aval, la filière des marieurs,
34:56des acheteurs qui est aussi incontournable et qui est nécessaire
35:00et qu'il ne faut pas perdre.
35:02Donc si on parlait tout à l'heure de déficit commercial,
35:04je reviens dessus, mais il ne faut pas occulter ce déficit-là,
35:07c'est hyper important pour le développement et le renforcement
35:09et la résilience de cette filière.
35:11Donc parlons souveraineté alimentaire,
35:13parlons résilience des filières et parlons pêche maîtrisée,
35:17la pêche 2.0.
35:18– La pêche maîtrisée, c'est là-dessus que je voulais en venir tout à l'heure,
35:21la technologie aujourd'hui vous permet d'éviter du gaspillage,
35:25d'être sûr que le poisson que vous allez prendre est de taille suffisante,
35:28c'est-à-dire qu'en fait on ne prend plus et on ne rejette plus en mer aujourd'hui,
35:33c'est-à-dire que c'est ça ?
35:34– Alors la subtilité, Cécile, c'est-à-dire que nous ne pratiquons plus la pêche
35:39à proprement dite, nous pratiquons la capture.
35:41– La capture, absolument.
35:42– C'est-à-dire que nous allons capturer le poisson vivant et nous allons…
35:47– Ce qu'on a fait de la pêche à la Seine.
35:48– La pêche à la Seine, un système qui, par exemple aujourd'hui,
35:52on pourrait dire mais vous voyez il y a beaucoup de pêche accidentelle,
35:55beaucoup de pêche accessoire, il faudrait inventer un système
35:59qui permette de capturer le poisson vivant pour pouvoir,
36:02une fois qu'il est dans le filet, voir si on le garde ou si on le relâche.
36:04Mais il existe, il existe la pêche à la Seine-Automne-Rouge
36:07et ce qui permet aussi, je crois Tristan, s'il était encore avec nous,
36:11il pourrait aussi le dire, ce qui a permis aussi à notre stock
36:14de se reconstituer aussi vite, c'est-à-dire qu'on fait vraiment des captures
36:19au kilo près de ce que nous avons besoin parce que nous transférons
36:23et nous préleverons sur l'environnement ce dont nous avons besoin
36:26ou ce dont nous sommes autorisés.
36:28– On parle de souveraineté alimentaire, c'est important,
36:31on se plaint dans l'agriculture qu'on exporte beaucoup de matières premières,
36:34du blé, etc. mais que beaucoup sont transformés dans des pays étrangers,
36:38dans des usines étrangères avant d'être réimportés en France,
36:41il y a le même problème pour les produits de la pêche ?
36:43– Très exactement, je prends le cas de la filière-thon rouge,
36:4690% de la production française, des 6 000 et quelques tonnes
36:51produites par nos pêcheurs français partent à l'étranger,
36:55c'est-à-dire 80% part au Japon, puis ensuite les marchés s'ouvrent
36:59sur l'Europe, l'Amérique, beaucoup en ce moment,
37:03et nous ne consommons même pas 10% de ce que nous produisons.
37:08Contre ça, qu'est-ce qu'il se passe ?
37:10On nous dit aujourd'hui, attention les boîtes de conserve,
37:11et oui mais ça fait déjà des années qu'on avertit
37:14qu'on importe beaucoup trop de poissons dont on ne sait même pas d'où ils viennent
37:20et souvent recolorés, parce que le thon qui vient ou les thonidés
37:23qui vont arriver d'océans dans des conditions pas possibles
37:26après cette année, bien entendu, x- il va grisonner ce poisson,
37:31donc il va bien falloir le représenter à des consommateurs,
37:34donc là il y a des problèmes sanitaires qui se posent,
37:37et on le voit aujourd'hui, donc consommons français.
37:40– Le mot de la fin avec vous Christophe Madrol,
37:42c'est vrai que quand vous entendez ce discours-là,
37:45vous avez juste envie de dire,
37:46vous qui êtes quand même un spécialiste de la biodiversité, bravo !
37:50– Ah mais bravo, et d'ailleurs c'est pour ça qu'on a fait le choix
37:53avec la région Sud de soutenir cette filière,
37:56parce que c'est une filière juste, qui est durable,
37:59et merci Philippe David d'avoir fait le rapprochement avec nos agriculteurs,
38:04parce qu'en les voyant, les pêcheurs,
38:06je pense systématiquement aux agriculteurs qui souffrent
38:09de leurs conditions de travail.
38:10– Même cause, même effet.
38:11– Exactement, même cause, même effet.
38:12– Ah non, même combat, c'est le même combat.
38:15– Exactement, et à un moment donné, on se plaint en France de beaucoup de choses,
38:19mais je ne comprends pas comment on ne soutient pas
38:22nos agriculteurs comme nos pêcheurs.
38:24– Merci beaucoup, merci beaucoup Christophe Madrol,
38:26président de la commission maire de la région Sud,
38:29merci beaucoup Jean-Gérald Delubrano, secrétaire général
38:32de l'Organisation des Producteurs du Levant,
38:33et auteur de ce documentaire « Pêcheurs 2.0 ».
38:37Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation,
38:39et dans un instant, lui il n'a pas les pieds carrés,
38:43il n'est pas comme Philippe David.
38:44– Non, mais il a la même coupe de cheveux.
38:46– Tonton !
38:46– C'est Tonton Mauritio, on a le même goût du foot.
38:48– Ça va, tonton ?
38:48– On a le même faveur, c'est ça.
38:50Alors, quel est le menu des vrais goûts du foot ?
38:52– Il faut arrêter d'y aller, les amis.
38:54– Alors, le menu ce soir, c'est simple,
38:56on va revenir sur l'arbitrage de OMPSG,
38:58parce qu'on va avoir un arbitre en ligne,
39:00on va revenir sur le Ballon d'or,
39:04avec le scandale du Réal de Madrid,
39:06donc j'ai deux petits coups de gueule à poser à passer,
39:08ça va être sympatoche, et on va avoir
39:10Alain Bourdon, un agent, enfin un recruteur,
39:13un spécialiste du recrutement,
39:15pour le Toulouse Football Club depuis 25 ans,
39:17donc il va nous donner tous les rouages de ce métier,
39:19un maximum d'infos,
39:21et voilà, super émission,
39:23et on fera un tour d'Europe, bien sûr,
39:25avec tous les derbys qu'il y a eu sur tous les terrains,
39:27vous savez qu'il y a eu plein de derbys en Italie,
39:29en Espagne, en France, et puis voilà.
39:31– Ah oui, un classico en Espagne qui a fait très mal
39:33pour le Réal Madrid, 0-4.
39:35– Entre l'affaire Mbappé, le classico…
39:37– Ça y est, Philippe, Philippe, on n'est pas dans l'émission, Philippe.
39:39– On n'est pas, on n'est pas.
39:41– Vous savez, Farid Bouadela sur le plateau,
39:43qui est pro-Réal, donc ça va, normalement,
39:45ça va distribuer des parpaings.
39:47– Vous avez déjà eu une demi-heure d'émission.
39:49Allez, merci les amis, merci à tous,
39:51on se retrouve demain à 17h avec Philippe David,
39:53dans les vraies voix, merci à notre équipe,
39:55qu'on adore et qu'on embrasse, je ne donne pas les prénoms
39:57parce qu'on est très en retard. Allez, salut, bonne soirée, à demain.

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