Le Rassemblement National brandi un "carton rouge" face au gouvernement, assurant qu'il voterait contre le projet de loi de finances 2025, et agitant à nouveau la menace d'une motion de censure. Sébastien Chenu, Vice-président du Rassemblement National, Député du Nord est l'invité de RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 28 octobre 2024.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 28 octobre 2024.
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00:00L'heure de l'invité d'RTL Matin. Thomas, vous recevez aujourd'hui le député RN du Nord qui est aussi vice-président du Rassemblement National Sébastien Chenu.
00:10Bonjour et bienvenue sur RTL Sébastien Chenu. Je me trouve un peu pâlo.
00:14Oui, probablement. Vous savez, on dort pas beaucoup en période budgétaire.
00:17Mais vous vous sentez bien quand même.
00:18Très bien, surtout quand je suis avec vous.
00:20Parce qu'il va pas falloir tomber malade, vous avez entendu François Langlais.
00:22J'ai bien compris.
00:23Le gouvernement veut réduire d'un milliard les dépenses liées aux arrêts maladie dans la fonction publique,
00:27notamment en passant le délai de carence de 1 à 3 jours. Est-ce que vous y êtes favorable ?
00:31Écoutez, moi je crois qu'on peut regarder comment égaliser les jours de carence entre le public et le privé.
00:36Je pense que c'est une piste qu'il faut regarder avec attention. Elle figure en tous les cas dans les propositions qui sont les nôtres.
00:42Je suis un peu dubitatif sur le financement, c'est-à-dire sur plutôt ce que ça rapporterait.
00:47Le gouvernement nous dit que ça rapporterait, je crois, un milliard d'eux. Je suis plus dubitatif sur ça. En revanche...
00:52Sur le principe, vous êtes pour ?
00:54Je ne suis pas... Nous ne sommes pas hostiles. Il faut regarder ça. Nous ni ne sommes pas hostiles.
00:58Pardon, mais...
00:58C'est-à-dire qu'il faut regarder la méthode.
01:01Ça veut dire que c'est dans notre programme, égaliser entre le public et le privé.
01:05Je trouve que c'est une piste intéressante.
01:07Il faut regarder. Je vous dis, sur le résultat, j'ai quelques interrogations.
01:12En revanche, sur la journée travaillée, la suppression d'un jour férié, je pense que ça, ça ne rapporte rien.
01:192 milliards ?
01:21Non, là aussi, ça rapportait, dans les calculs, je me souviens de ce que disait l'économiste Christian Saint-Etienne, de mémoire, ça rapportait 400 millions.
01:27Vous voyez, j'ai l'impression que parfois, sur le financement, mais c'est un peu comme sur le budget ou sur les finances publiques de notre pays,
01:33ce gouvernement raconte n'importe quoi.
01:35Donc, attends, si on se résume, aligner la carence, c'est oui. Créer un deuxième jour de solidarité, c'est ça.
01:41On est d'accord. Au risque de déclencher des grèves, la carence, dans le public, on voit déjà la CFDT, l'UNSA, son vent debout.
01:47Non, parce que je pense que de l'autre côté, il faut expliquer aux Français qu'on va aussi leur redonner des mesures de pouvoir d'achat,
01:53et ça, je ne les vois pas dans ce que propose le gouvernement dans son budget.
01:56Par exemple, si on réservait, dans un autre sujet, la prime d'activité aux Français, ça, c'est 1 milliard d'euros qui retournerait,
02:04qui permettrait de faire des économies, mais qui montrerait la volonté de récompenser les travailleurs français, si on repoussait la désindexation des retraites.
02:11Les autres, vous les laissez tomber, ceux qui sont en mesure régulière.
02:14C'est une mesure d'économie qu'on veut nationaliser.
02:17Une autre mesure, c'est repousser la désindexation des retraites, c'est-à-dire le report de l'augmentation des retraites.
02:24Qui était prévu pour janvier, qui est décalé à juillet.
02:26Absolument.
02:26Ça, c'est une vraie ligne rouge.
02:29Vous avez dit que c'est un carton rouge. Le carton rouge, c'est l'exclusion en football, on est d'accord. Et en politique ?
02:35Ça nous amènera, de toute façon, à nous opposer, à voter contre ce budget.
02:39On ne va pas voter un budget dans lequel on demande aux retraités de payer les erreurs du gouvernement.
02:45De payer la ruine de la France par la macronie adossée aux républicains.
02:51Le carton rouge, c'est l'expulsion. Je vais être plus clair, on ne voit pas très bien comment le gouvernement va pouvoir faire passer son budget en évitant d'avoir recours au 49-3.
02:59Il y aura une, voire plusieurs, motion de censure.
03:01Est-ce que, compte tenu de votre désaccord fondamental sur cette question-là, vous voterez une de ces motions de censure ?
03:08Nous, on n'exclue rien, on n'a pas arbitré, aujourd'hui.
03:10Ce que nous avons arbitré, ce qui nous permet d'arbitrer jour après jour, parce qu'on voit que le gouvernement ne fait aucune concession,
03:16n'a fait d'ailleurs aucun retour sur nos propositions, qui ont été portées au ministère des Finances par notre collègue Jean-Philippe Tanguy et Mathias Renaud, député de la Somme,
03:26fait que nous voterons contre ce budget. Ça, nous pouvons l'annoncer.
03:31Je ne crois pas que ça manque de cohérence, parce qu'on ne comprend pas très bien, en fait.
03:33C'est facile pourtant, on est contre, on vote contre.
03:35D'accord, mais pourquoi vous n'allez pas au bout ? On a l'impression que c'est le supplice chinois pour Michel Barnier.
03:39Le supplice chinois, c'est plutôt ce qu'il fait en ce moment, c'est-à-dire qu'il repousse, en tous les cas, il va jusqu'au bout des délais possibles du Parlement.
03:47Il épuise le Parlement, il ne fait pas voter ses propres députés, et il fait voter les députés des oppositions,
03:54il fait siéger les députés des oppositions, tout en sachant qu'à la fin, on aura dépassé les délais et qu'il faudra envoyer le texte au Sénat.
04:02Tout ça, c'est un peu de la technique parlementaire, mais ce que je veux dire, c'est que derrière ça, il y a beaucoup de cynisme chez Michel Barnier.
04:06Chez vous, il n'y en a pas, parce que soit vous le trouvez nul, et dans ces cas-là, vous le faites tomber au suivant, soit ce n'est pas le cas, il faut essayer de l'aider.
04:12Mais là, on a l'impression que vous êtes quand même un petit peu en train de le faire.
04:14Monsieur, on ne s'empêche de rien. Ce que je vous dis, c'est que la première étape, c'est le vote du budget. Nous allons voter contre ce budget.
04:19Nous ne pouvons pas voter un budget dans lequel, je vous ai parlé, il y a la désindexation des retraites, mais il y a d'autres mesures, effectivement, que nous avons pu empêcher.
04:26C'est pour ça qu'on a siégé. On a empêché la hausse des taxes d'électricité. On a empêché la hausse du malus pour les voitures.
04:34Et on a empêché une contribution supplémentaire de 5 milliards d'euros à l'Union Européenne.
04:38Les députés du Rassemblement National, heureusement qu'ils étaient là pour empêcher tout ça.
04:42Maintenant, une fois qu'on aura terminé les recettes et les dépenses, un budget, c'est en deux parties, nous nous prononcerons par un vote contre ce budget.
04:51Et ensuite, viendra le temps du 49-3, quand j'encherai, à ne pas manquer, Michel Barnier à coup sûr.
04:57Et là, on se réserve le droit d'imposer une motion de censure. On l'a fait par le passé.
05:01On se réserve le droit de voter d'autres motions de censure. On l'a fait par le passé.
05:04Vous êtes devenu un parti comme les autres, avec les petits calculs, les petites stratégies. On n'y va, on n'y va pas. Non ?
05:09Mais c'est la vie parlementaire, ça, monsieur. Nous, on a montré, dans le passé, qu'on était capable de voter des motions de censure venant d'autres partis politiques.
05:16Là, le gouvernement est en train de réunir les conditions pour se faire censurer.
05:21Ils sont en train, chaque jour, à travers ce qu'ils proposent, à travers leur méthode, à travers ce qu'ils ne retiennent pas, ce qu'ils refusent de retenir dans leur budget, de créer les conditions pour se faire censurer.
05:33Il faut qu'ils en prennent le chemin, là, quand même.
05:34Le gouvernement prend ce chemin-là. Nous, nous déciderons de ce que nous ferons.
05:38Mais sincèrement, aujourd'hui, ce gouvernement prend le chemin de se faire retoquer son budget, voire de se faire, à la fin, censurer.
05:45Vous évoquiez, et on évoquait tout à l'heure le budget de la Sécu avec François Langley, ce trou de 18 milliards cette année, qui doit passer à 16 l'année prochaine.
05:53La ministre de la Santé veut une taxe sur les sucres transformés, et on s'interroge aussi sur l'idée de taxer davantage les alcools. Y êtes-vous favorable ?
05:59Non, la taxation sur les alcools, nous nous y sommes opposés, d'ailleurs. Lorsque des amendements...
06:04Ça a été voté en commission.
06:06Oui, oui, en commission. Nous considérons que ça suffit.
06:09Toujours aller chercher, chez les mêmes, le fait de pouvoir financer les erreurs et les gabegies gouvernementales.
06:17C'est pas acceptable. La taxe sur les sucres, moi, je pense que ça participe de la même logique.
06:22Taxer, toujours taxer, etc., et demander aux Français de faire des économies.
06:26La seule chose qu'on pourrait regarder éventuellement, c'est, en matière de santé publique, c'est sur les sucres ajoutés.
06:32De toute façon, ça n'impacte pas non plus nos boulangers, ou en tous les cas, les professionnels.
06:36On pourrait peut-être regarder ça, mais globalement, sur la philosophie, moi, je trouve que ça participe de la même philosophie, de toujours taxer la France du travail.
06:45Vous êtes un peu monsieur non, ce matin, dis-donc. Non au budget, non à la taxe.
06:48Oui, mais parfois, on nous dit qu'on est monsieur oui, donc non, mais c'est...
06:52Moi, je pense qu'il y a une logique, qui doit habiter un budget.
06:57Cette logique, c'est permettre aux Français de vivre le mieux possible de leur travail.
07:02C'est pas une logique qui fait que le gouvernement, pour cacher, pour masquer ses déficits, sa politique délétère en matière de finances publiques,
07:11la fait combler en tapant toujours sur les mêmes, en allant chercher dans la poche des Français l'argent qu'il a lui-même fort mal dépensé.
07:17Ce gouvernement est dans cette logique, dans laquelle il demande aux Français beaucoup d'efforts,
07:23et lui n'en fait pas à travers l'appareil d'État, le millefeuille administratif...
07:26A propos, vous avez vu l'année du Parisien, ce matin, ou pas ?
07:29Non.
07:30Il s'émeut de voir que l'État a dépensé 155 milliards l'an dernier en fournitures et mobiliers, avec des lampes à 80 euros.
07:36Après, il faut acheter l'ampoule à 48 euros, des prix qui sont surgonflés, tout ça se fait sur catalogue.
07:40À qui profite le crime ? C'est quoi ? C'est de la négligence ? C'est quoi ?
07:43Mais on a une sorte d'État suradministré, dans lequel il y a tellement d'intermédiaires, tellement de strates, tellement de niveaux,
07:50que finalement, plus personne n'est responsable de...
07:52155 milliards, certes, on a besoin de lampes et de bureaux et de mobiliers, mais quand même...
07:55Mais vous mettez le doigt sur ce que nous appelons la gabegie de l'État, sur un État mal géré, un État mal organisé,
08:02avec des structures qui ne servent à rien, conseil économique et social, etc., mais aussi avec des pratiques qui sont délétères,
08:08comme celles que vous expliquez ce matin.
08:11J'ai une dernière question, Emmanuel Macron et un aéropage de 122 personnalités du monde des affaires, de la culture, du sport et autres,
08:16sont attendus au Maroc pour une visite de trois jours. Qu'est-ce que vous attendez, vous, de cette visite ? C'est une bonne idée ?
08:20On attend, évidemment, vis-à-vis du Maroc, qui est un pays ami, un pays qu'on aide, avec une aide au développement à hauteur de 6 milliards d'euros par an.
08:28On attend qu'effectivement le Maroc se penche sur les OQTF, en particulier...
08:33Bruno Retailleau, il va pour ça ?
08:35Oui, bien sûr, mais ça, c'est la première des choses. On attend aussi des contrats.
08:38Je pense que, par exemple, avec Airbus ou avec Naval Group, on a des perspectives de contrat.
08:42Et on attend de réparer, finalement, un dialogue avec le Maroc qu'Emmanuel Macron a beaucoup abîmé dans le passé.
08:48Et puis, c'est bien de pouvoir demander beaucoup au Maroc.
08:52Il faut aussi qu'en matière de mineurs non accompagnés, on a une convention qui nous l'est au Maroc.
08:56C'est l'administration française qui refuse de l'appliquer ou qui l'applique formale.
08:59Eh bien, là aussi, nous attendons que cette convention soit appliquée par les services de l'État.
09:05Là encore, il y a du boulot.
09:06Vous avez reçu ce que je cherche, ou pas, vous ?
09:08Non, je ne l'ai pas encore reçu, mais je vais l'acheter, surtout.
09:10Le livre de Jean-Bertrand ? Il pourrait vous l'offrir, quand même, non ?
09:13Écoutez, le but, quand on fait un bouquin, c'est de le vendre, quand même.
09:17Moi, j'achète les bouquins de tous les hommes politiques.
09:19J'ai bien lu celui d'Elisabeth Borne ce week-end, donc j'achèterai ce que je cherche.
09:27Je n'ai pas dit que je l'avais acheté, celui d'Elisabeth Borne.
09:30J'ai dit que je l'avais lu.
09:31Ah, vous l'avez volé, alors ?
09:32Non plus, il y a plein de façons de l'y arriver.
09:34On en parlera avec elle, puisqu'elle sera l'invitée d'RTL matin, mercredi.
09:37Merci beaucoup.