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Le gouvernement Bayrou a échappé à sa première motion de censure, en partie grâce aux députés PS qui ont, à une très large majorité, décidé de ne pas la voter. Un vote qui signe la rupture du PS avec leurs alliés du Nouveau Front Populaire ? François Hollande, ancien président de la République et député (PS) de la Corrèze, est l'invité de RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 20 janvier 2025.

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Transcription
00:007h40 sur RTL, tout de suite c'est l'invité de RTL Matin et Thomas, vous recevez aujourd'hui François Hollande.
00:09Bonjour et bienvenue sur RTL François Hollande, Monsieur le Président.
00:12Bonjour.
00:12Ça va ? Pas trop dur, pas trop triste ? Pas trop affecté ce matin ?
00:17D'abord je suis réjoui qu'enfin une trêve puisse arriver en Gaza, en Israël, des otages libérés.
00:26On va en parler ?
00:27C'est ce que nous espérions depuis des mois et ça vient.
00:30Donc il y a bien sûr dans le monde un certain nombre de nouvelles qui nous attristent.
00:34Et la situation au Proche-Orient était une de ces situations-là précisément.
00:40Mais c'est en train de trouver au moins, non pas son dénouement, mais un arrêt de ce conflit.
00:45On va en reparler, on va parler également de l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche.
00:48Mais si je vous posais cette question, c'est à cause de Jean-Luc Mélenchon, qui ici même sur RTL, dans le Grand Jury, disait ceci hier en parlant de vous.
00:54Cet homme est une machine à tromper.
00:56Il a trompé tout le monde en 2012, il trompe ses proches, il trompe tout le monde.
01:00On en est là à gauche aujourd'hui François Hollande ?
01:02Je ne pensais pas que vous alliez me poser la question sur un événement qui est assez réduit.
01:08Même s'il est passé sur votre antenne hier.
01:10En soi ça ne justifie pas nécessairement qu'il y ait aujourd'hui un commentaire à faire.
01:16Mais Jean-Luc Mélenchon il en est là, lui.
01:21C'est-à-dire qu'il attend une élection présidentielle qui ne vient pas.
01:25Elle est pourtant prévue en 2027.
01:27Mais il voudrait qu'elle puisse se produire avant.
01:31C'est son droit.
01:32Mais ce n'est pas la conception que j'ai des institutions.
01:35Les institutions c'est fait pour être respecté.
01:38Et donc il y a des échéances.
01:40Et ce n'est pas en bloquant, parce que c'est ça la divergence majeure.
01:44Ce n'est pas en bloquant tout processus gouvernemental.
01:48En arrêtant éventuellement un budget.
01:50En faisant tomber le gouvernement successivement.
01:53Qu'on arrivera à trouver la meilleure des positions.
01:56Et la fois pour le pays et pour la gauche.
01:58Mais cet affrontement entre Jean-Luc Mélenchon et vous, François Hollande.
02:01Il a un sens politique aujourd'hui.
02:03C'est un problème de personne ou c'est une rupture politique entre vous ?
02:07Non, écoutez.
02:08Les questions de personne, moi je les mets de côté depuis longtemps.
02:11Il se trouve que j'ai été président de la République.
02:13Je ne suis pas dans un jeu qui serait celui des partis.
02:16Mais en l'occurrence...
02:18C'est vous qui avez dit, lui il est Madame Irma dont les prophéties ne se réalisent jamais.
02:21Oui, mais en l'occurrence.
02:24Qu'est-ce que nous avons en commun ?
02:27Des électeurs.
02:28Les électeurs se sont prononcés, notamment lors des dernières élections législatives.
02:33Pour un programme, pour un certain nombre de changements.
02:36Qu'est-ce que nous avons à faire ?
02:37Essayer, puisque nous sommes dans l'opposition.
02:39De trouver des compromis avec le gouvernement.
02:42Ce n'est pas le gouvernement que l'on voudrait.
02:44Ce n'est pas nous qui sommes au gouvernement.
02:46Mais trouver des compromis qui permettent aux pays d'avancer.
02:49Et qui permettent aux Françaises et aux Français d'avoir un certain nombre de progrès.
02:53Par exemple, s'il n'y avait pas eu ce qu'a fait le Parti Socialiste à juste raison,
02:57cette négociation avec le gouvernement,
02:59il n'y aurait pas l'ouverture d'un processus sur les retraites.
03:02Donc l'essentiel c'est le compromis aujourd'hui.
03:04C'est trouver un compromis pour que le gouvernement ne tombe pas ?
03:06Ça c'est ce que nous avons à faire, j'allie institutionnellement.
03:09Mais ça ne suffirait pas si on disait
03:11il faut simplement un compromis pour le compromis.
03:13Il faut que ce soit au bénéfice de nos concitoyens.
03:15Par exemple là, grâce aux discussions qui ont été engagées,
03:18il n'y aura pas de déremboursement de médicaments.
03:20Il y aura sûrement une fiscalité plus lourde pour les hauts patrimoines.
03:24Il y aura le maintien des postes dans l'éducation nationale.
03:27Et puis il y aura des évolutions sur les retraites.
03:30Rien que pour ça.
03:31La politique s'est faite pour permettre à nos concitoyens d'avoir de l'espoir
03:35et d'avoir de la stabilité.
03:37C'est exactement ce qu'a fait le Parti Socialiste et il a eu raison.
03:40La stabilité, parce que c'est ce que nous demandent aujourd'hui
03:43tous les acteurs économiques, sociaux et les élus locaux.
03:46Donnez-nous de la stabilité, ça veut dire demain un budget
03:49et faites en sorte que ce soit au mieux pour nos concitoyens.
03:53Le mot stabilité revient beaucoup dans votre bouche ce matin.
03:55Est-ce que vous regrettez d'avoir fait tomber le gouvernement Barnier ?
03:58Non, parce que qu'est-ce qui s'était produit
04:00lorsque Emmanuel Macron avait nommé Michel Barnier ?
04:04Il l'avait nommé parce que le Rassemblement National
04:06lui avait demandé d'écarter d'autres candidats
04:09et de choisir celui-là.
04:11Ce qui a conduit, j'ai beaucoup d'estime pour Michel Barnier
04:13mais ça n'avait rien à voir, ce qui l'a conduit
04:15à discuter avec le Rassemblement National et pas avec la gauche
04:18et finalement d'être battu par le Rassemblement National
04:21dans le cadre d'une motion de censure.
04:23C'est précisément ce que François Bayrou a évité de faire.
04:26Il ne s'est pas adressé au Rassemblement National,
04:28il s'est adressé à la gauche, pas simplement d'ailleurs
04:30aux socialistes, aux écologistes, aux communistes.
04:32Les insoumis n'ont pas voulu être dans ce processus, tant pis pour eux.
04:36C'est une faute de leur part.
04:38Oui, parce que quand on est au Parlement, on est là pour faire avancer les choses.
04:41On n'est pas là simplement pour bloquer, pour s'opposer jusqu'au bout.
04:46Vous pourriez voter le budget ou est-ce que par principe ce sera non sur le budget ?
04:49On sait que le budget c'est ce qui détermine si on est dans l'opposition ou la majorité.
04:52Vous avez raison.
04:54Le gouvernement prépare un budget différent de celui de Michel Barnier
05:00mais néanmoins c'est son budget.
05:02Vous avez remarqué que lorsqu'on est dans l'opposition,
05:05on ne vote pas le budget, ça vaut pour toutes les collectivités locales, ça vaut pour l'État.
05:10Les socialistes ne voteront pas le budget, ça ne veut pas dire qu'ils censureront.
05:16On verra bien, il n'y aura pas de censure automatique en tout cas.
05:19Il n'y aura pas de censure automatique mais il y a des discussions qui vont se prolonger.
05:22Je fais confiance aux parlementaires pour précisément trouver les bons compromis
05:27et si le gouvernement respecte sa parole et va plus loin,
05:31notamment sur la question écologique parce que c'est le grand oubli de ce budget.
05:35Sur les retraites que vous évoquiez, est-ce qu'il faudra absolument revenir sur les 64 ans,
05:39l'âge légal à 64 ans, pour vous convaincre de suivre le gouvernement ?
05:43La négociation est en cours avec les partenaires sociaux, les syndicats.
05:47Elle reviendra au parlement après ?
05:49Elle reviendra ensuite au parlement, ce qui est aussi un acquis
05:52puisque le parlement aura, si je puis dire, le dernier mot.
05:55L'âge de 64 ans est contesté par les organisations syndicales
06:00et il y aura donc d'autres propositions qui seront faites dans le cadre de cette négociation
06:06avec le maintien de l'équilibre financier.
06:08Mais votre position à vous, François Hollande ?
06:09Je pense que j'avais fait une réforme des retraites, c'est ce qu'il s'est appelé.
06:13Réforme Touraine ?
06:14Réforme Touraine, qui était fondée sur la durée de cotisation et pas sur l'âge de départ.
06:20La durée de cotisation, ça veut dire que vous avez fait votre temps, vous partez.
06:25Et si vous avez en plus des métiers pénibles, vous pouvez avoir moins de temps à donner.
06:31Donc je pense que c'était la réforme la plus juste.
06:33Donc il faut revenir sur les 64 ans ou pas ?
06:35Oui, je pense qu'il faut supprimer les 64 ans et avoir la durée de cotisation.
06:39D'ailleurs, un certain nombre d'économistes vont dans cette direction.
06:41Donc plus d'âge légal mais une durée de cotisation simplement ?
06:43La durée de cotisation, la pénibilité, les carrières longues
06:47et puis des ressources nouvelles si c'est nécessaire.
06:50Et il faut l'allonger la durée ?
06:52À mesure que l'espérance de vie va s'allonger, oui, la durée de cotisation va s'allonger.
06:58La censure qu'on évoquait a coûté 12 milliards à l'État selon les ministres du Travail, Catherine Vautrin et de l'Économie, Éric Lombard.
07:05Catherine Vautrin qui propose que les actifs travaillent 7 heures de plus par an, ça fait 10 minutes par semaine, sans rémunération.
07:11Et ça pour financer l'autonomie, ça rapporterait 2 milliards d'itales.
07:14Est-ce que ça les vaut ? Est-ce que ça les vaut que chacun d'entre nous travaille 7 heures de plus par an, sans être payé ?
07:19Non, je pense que ça fait partie de ces propositions qui reviennent régulièrement.
07:23On avait eu le jour de Pentecôte, vous vous souvenez de ça ?
07:25Comment ça s'est transformé ? En cotisation supplémentaire pour les entreprises.
07:29Ça, ça a été le résultat.
07:31Donc, si on veut essayer d'avancer, qu'il y ait un problème de travail en France, c'est tout à fait évident que nous...
07:38François Lenglet le disait, on travaille en Europe 7h70 par an contre 835 heures.
07:42Plus nombreux, plus nombreux.
07:44Dès lors qu'il y a des seniors qui ne peuvent pas aller jusqu'au bout de leur activité,
07:48le fait qu'il y ait des jeunes qui rentrent tard sur le marché du travail,
07:51le fait qu'il y ait des femmes qui en sont écartées,
07:53c'est ça, travailler plus nombreux.
07:55Et quand on travaille plus nombreux, la masse de travail fait que vous pouvez dégager des ressources supplémentaires.
08:00Avant de parler de Donald Trump, une dernière question de politique française.
08:03Vous êtes devenu Olivier Fauriste aujourd'hui.
08:05Est-ce qu'Olivier Faure est celui, compte tenu du virage qu'il a pris,
08:08qu'il doit continuer à diriger le parti socialiste ou pas forcément ?
08:10En tout cas, il a mené avec les deux présidents de groupe, socialiste au Sénat et à l'Assemblée Nationale,
08:16les discussions qui convenaient.
08:18Et moi j'ai appuyé cet effort-là, qui était courageux,
08:22et donc sur ce plan-là, je pense qu'il a fait son devoir.
08:26Est-ce qu'il a...
08:27Et ça acte la fin du Nouveau Front... Est-ce que le Nouveau Front populaire est mort ?
08:30Mais ça c'est à chacun de le dire.
08:33C'est à vous que je pose la question.
08:34Je vais vous répondre.
08:35Quand Jean-Luc Mélenchon dit qu'il va être candidat à l'élection présidentielle, quoi qu'il arrive,
08:39quand il se comporte comme il s'est comporté,
08:42en éructant, en invectivant, en insultant...
08:45Et quand il dit à l'évidence que les socialistes ne sont plus des partenaires ?
08:48Oui, et il emploie des mots en plus plus durs encore.
08:51Mais comment vous voulez laisser penser qu'il peut y avoir une union ?
08:55Alors il peut y avoir une alliance électorale.
08:57Et puis la prochaine échéance, c'est une élection présidentielle.
09:01Et je l'ai toujours dit, il y aura deux candidats de gauche à l'élection présidentielle.
09:05Il y aura la gauche radicale, elle a toujours existé.
09:08C'était le parti communiste, aujourd'hui c'est Jean-Luc Mélenchon.
09:11Puis il y aura une candidature de la gauche réformiste, la plus large possible.
09:14Lui et vous, quoi, en quelque sorte ?
09:15Non, non, pas moi.
09:16Justement, j'essaie de ne pas mettre ma personne dans le débat.
09:19J'essaie de dire, qu'est-ce qui peut faire que la gauche puisse l'emporter ?
09:23Ce n'est pas avec la gauche telle qu'elle est exprimée et manifestée par Jean-Luc Mélenchon.
09:28C'est avec une gauche qui s'ouvre, avec une gauche qui propose,
09:31avec une gauche qui travaille, avec une gauche qui fait des compromis.
09:34C'est donc aujourd'hui, François Hollande, que Donald Trump va faire son retour à la Maison-Blanche,
09:38au lendemain d'un cessez-le-feu à Gaza que vous évoquez, dont il s'attribue largement le mérite.
09:42C'est une première validation de la méthode Trump, ou pas ?
09:45D'abord, ne sous-estimons pas ce qu'a fait l'administration Biden,
09:48et notamment son secrétaire d'Etat Blinken.
09:51C'est cette administration qui a permis que les conditions soient posées.
09:55Ensuite, il y a la méthode Trump, et vous avez raison de l'évoquer,
10:00c'est une méthode où la force suffirait à faire la paix.
10:04L'expression d'une force ferait qu'il n'y ait pas besoin de faire un conflit,
10:08puisque tous les acteurs se mettraient au service de cette force.
10:12Eh bien là, nous allons voir qu'il y a la trêve, est-ce qu'il y a la paix ?
10:17C'est toute la question pour le Proche-Orient.
10:19Mais est-ce qu'on aurait fait un conflit ? On ne fait pas nécessairement la paix.
10:22Et donc là maintenant, il va falloir que Donald Trump fasse pression,
10:26et ça ne sera pas facile pour lui, compte tenu des liens d'extrême droite
10:29qui peuvent exister au sein même du gouvernement, même si ça a l'air de bouger,
10:32et les liens qui sont établis avec Donald Trump,
10:35et bien à lui de faire bouger le gouvernement israélien,
10:37parce qu'il faut trouver une solution.
10:39Qui va administrer Gaza ?
10:41Quelle va être la représentation des Palestiniens ?
10:43Est-ce qu'il y aura la reconnaissance d'un État, un État palestinien,
10:46à côté d'un État israélien qui veut vivre en sécurité ?
10:51Vous lui faites confiance ou vous êtes effrayé, ou vous dites laissons sa chance ?
10:54Je veux prévenir en tout cas, presque même alerter,
10:57c'est vrai qu'on est dans une matinée où on peut penser à notre vie politique intérieure,
11:01je le comprends.
11:02Là ce qui va se produire dans les semaines, mois qui viennent,
11:06c'est une confrontation pacifique heureusement,
11:09mais une confrontation économique, commerciale, politique,
11:12entre les États-Unis et l'Europe.
11:14Est-ce qu'on est prêt à y répondre, à y résister ?
11:17Sans doute, mais surtout à montrer de la force.
11:20On ne peut pas accepter que les géants de la tech nous imposent des méthodes
11:24qui ne sont pas nos méthodes, et notamment la mise en cause de la démocratie.
11:28On ne peut pas accepter les droits de douane,
11:30parce qu'il y a un mot, je veux revenir sur ce qu'a dit François Lenglet,
11:32il y a une faiblesse américaine, même si la croissance a été forte,
11:36la faiblesse c'est le déficit commercial,
11:38c'est-à-dire ils ont une épargne très faible,
11:41et donc ils achètent beaucoup plus à l'étranger qu'ils ne produisent eux-mêmes.
11:47Donc à partir de là, ils sont conscients de leur faiblesse,
11:50et notamment le Donald Trump, et bien c'est le protectionnisme.
11:53Et donc c'est les exportations européennes qui vont être d'une certaine façon freinées.
11:57Et donc face à cette menace-là, il faut se défendre,
12:00de la même manière que l'alliance atlantique,
12:02c'est-à-dire la protection par les États-Unis de l'Europe, ça va s'arrêter.
12:06Donc il va falloir investir davantage dans notre propre défense.
12:09Et bien d'une certaine façon, face à des défis comme ceux-là,
12:12ça nous amène à être meilleurs et plus unis.
12:15Merci beaucoup François Hollande d'être venu ce matin sur RTL.
12:17Merci à vous.

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