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Vendredi, samedi et dimanche dans Europe 1 Soir Week-end, Pascale de La Tour du Pin reçoit un invité au cœur de l'actualité politique.
Retrouvez "L'interview politique d'Europe 1 Soir week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-deurope-1-soir-week-end

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Transcription
00:00Philippe Lelouch, bonsoir. Merci d'être avec nous sur Europe 1 Comédien,
00:06notamment parce que la liste est très très longue de tout ce que vous faites,
00:10acteur, réalisateur, animateur, chanteur, et j'en passe.
00:12Ai-je besoin de vous présenter votre dernier spectacle ?
00:15On en parlera tout à l'heure, ça s'appelle Stand Alone, vous êtes au Théâtre de la Madeleine,
00:1826 octobre au 10 novembre, c'est ça ?
00:21Pour faire rire.
00:21Voilà, pour faire rire !
00:23Pour faire rire avant une tournée dans toute la France, on va en parler tout à l'heure.
00:26Mais Philippe Lelouch, je voulais vous avoir ce soir dans le studio d'Europe 1.
00:29On s'est parlé il n'y a pas si longtemps, parce que je voulais avoir votre voix dans le contexte
00:33que l'on connaît aujourd'hui, qui est extrêmement difficile pour la communauté juive de France, notamment.
00:38Je vous ai appelé et je vous ai demandé, Philippe Lelouch, Philippe comment ça va ?
00:43Et vous m'avez répondu, comme un juif en France.
00:46Oui c'est ça, c'est compliqué en ce moment, c'est très compliqué d'avoir,
00:49il y a toujours une petite arrière-pensée dans la tête qui est exacerbée depuis un an maintenant,
00:57de se dire qu'il y a des gens encore qui nous envolent.
01:02Et pourquoi ? Comment ?
01:04On rentre dans un...
01:06Et en ce moment, on y va bon train sur la méconnaissance de tout un tas de choses,
01:09donc tout est reproché,
01:11et si on enlève le conflit qu'on connaît au Proche-Orient,
01:17on est en France.
01:20Et clairement, les attaques ne sont pas uniquement sur Netanyahou,
01:27on est sur l'attaque des Français.
01:29Et des Français entre eux.
01:31Donc pour moi c'est assez inédit,
01:33et c'est très compliqué de comprendre ça, parce que je fais partie d'une génération qui a grandi dans les années 80,
01:37et qui ignorait la différence, et qui voulait l'ignorer encore plus.
01:40Et qui pensait que c'était fini, que c'était derrière nous.
01:42Ce que j'ai dit, déjà peu de temps après le 7 octobre,
01:48parce que le hasard de la programmation a fait que je me suis retrouvé dans l'émission de Léa Salamé,
01:52où j'avais déjà dit, alors qu'Israël n'avait pas encore riposté,
01:55de toute façon, dès qu'Israël ripostait, ce qui était bien logique,
01:57immédiatement la faute allait revenir à l'État hébreu,
02:00et plus largement aux Juifs en France,
02:02et c'est exactement ce qui se passe.
02:04Est-ce que vous, en tant que Juif,
02:06Philippe Lelouch,
02:08en tant que Juif qui prend des positions,
02:12et qui défend la communauté juive,
02:14et c'est tout à votre honneur,
02:16est-ce que vous avez senti qu'autour de vous le vent avait tourné ?
02:21Je vais vous avouer que je préfère ne pas y penser,
02:25mais non, je suis assez surpris de voir
02:30à quel point on est seul.
02:32Voilà, c'est à quel point,
02:34dans ce combat là,
02:36on ne trouve pas beaucoup de circonstances atténuantes
02:39aux Français Juifs,
02:41qui prend position alors qu'il est attaqué.
02:44Encore une fois, je parle de sa condition en France.
02:47Il y a une augmentation,
02:50on ne sait plus de combien de centaines de pourcents,
02:52parce qu'on ne compte même plus, depuis un an,
02:54d'actes antisémites,
02:56et on trouve des justifications à ces actes.
02:58Et c'est ça qui est absolument insupportable.
03:00Saïk toujours existait,
03:02malheureusement, oui, ça a toujours existé,
03:04mais là, c'est tellement lâché.
03:06C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
03:08c'est possible de dire, de porter un t-shirt
03:10anti-juif,
03:12c'est possible de dire que,
03:14sous le nom caché de sioniste,
03:16on a bien compris tout ce que ça véhicule derrière,
03:18je ne comprends même pas qu'on ne puisse pas être sioniste.
03:20Je ne comprends pas. Qu'est-ce que ça veut dire ?
03:22C'est reconnaître l'état d'Israël, d'être sioniste.
03:24C'est ça la base du mot. Donc on devrait tous l'être.
03:26Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
03:28Donc derrière anti-sionisme, il y a antisémite,
03:30évidemment,
03:32mais c'est plus facile.
03:34Et tout le monde est lâché, alors maintenant c'est possible.
03:36Ce n'est plus un drame.
03:38Moi, dans les années 90,
03:40quand Jean-Marie Le Pen faisait des déclarations dites antisémites,
03:42qui parfois étaient beaucoup moins graves
03:44que ce qu'on entend aujourd'hui,
03:47tout le monde s'insurgeait.
03:49Aujourd'hui, non. C'est devenu une normalité.
03:51Et moi, je pense
03:53à ceux qui nous écoutent
03:55ou même à ceux qui ne nous écoutent pas
03:57et qui sont chez eux et qui se sentent isolés.
03:59Je comprends.
04:01On pense tous la même chose.
04:03C'est-à-dire ? Vous pensez à quoi ?
04:05Berthold Brecht avait écrit
04:07« Le ventre est encore fécond
04:09d'où peut sortir la bête immonde. »
04:11Bon ben voilà, on y est.
04:13La bête immonde est à nouveau là
04:15pour des raisons qu'on ne connaît pas.
04:17J'ai du mal à penser qu'un petit juif qui est né à Paris, à Marseille,
04:19à Lille ou où il veut,
04:21a une quelconque responsabilité
04:23dans ce qui se passe au Proche-Orient
04:25et que d'en vouloir
04:27à un homme ou une femme,
04:29à un enfant au prétexte de sa religion
04:31ou de sa couleur de peau, c'est quand même quelque chose
04:33dont tout le monde devrait
04:35s'insurger.
04:37Comment c'est possible ?
04:39Comment au prétexte que ce sont des juifs,
04:41on comprend ?
04:43Mais non, c'est incompréhensible.
04:45On ne doit pas comprendre
04:47qu'on enveuille à quelqu'un pour sa religion.
04:49C'est fou. Comme si la religion
04:51juive induisait une complicité
04:53à tout ce qui s'est fait de pire.
04:55Ben non.
04:57Je ne crois pas avoir été responsable de quoi que ce soit.
04:59Je sais très bien qu'après votre émission,
05:01comme souvent dans les émissions, puisque qu'on parle de ça,
05:03je vais recevoir dans la minute qui suit
05:05« Sales sionistes », on sait,
05:07« peuple génocidaire », etc.
05:09On est en plus maintenant
05:11dans l'utilisation
05:13des mots qui est folle.
05:15C'est-à-dire que moi je suis comédien, et comme tous les comédiens,
05:17j'ai un sens de ce que sont
05:19les mots et de ce qu'ils représentent.
05:21C'est des mots importants, « génocide »,
05:23« barbarie », tout ça c'est des mots
05:25qui ont un sens, qu'on ne peut pas utiliser comme ça
05:27au bon vouloir. Et maintenant c'est devenu des mots,
05:29à force de les dire,
05:31ça rend quelque chose d'évident.
05:33Alors c'est une technique
05:35qui a été mise au point très bien par
05:37les filles et ses partisans
05:39de sortir des énormités,
05:41mais à force de les répéter, ça devient
05:43une normalité, c'est une stratégie de communication.
05:45On doit s'insurger à chaque fois, non ?
05:47« Génocide », ça a un sens. « Barbarie »,
05:49ça a un sens. On ne peut pas
05:51les utiliser comme on veut.
05:53« Barbarie », ça a un sens. Ce mot
05:55a été utilisé,
05:57notamment par Emmanuel Macron,
05:59et une tribune dans le DJDD
06:01qui a été écrite par Franck Tapirot,
06:03co-signée par Michel Onfray,
06:05Luc Ferry, Rachel Khan,
06:07et notamment Elie Chourakouti,
06:09qui s'intitule « Monsieur le Président,
06:11expliquez-nous ».
06:13Et vous, Philippe Lelouch,
06:15l'attitude et les mots d'Emmanuel Macron ?
06:17Elle est
06:19malheureusement... En fait, on a l'impression
06:21c'est fou. D'abord, on a une impression
06:23de trahison épouvantable,
06:25c'est-à-dire de se dire
06:27quand on se dit l'ami d'eux,
06:29on se comporte comme un ami. Moi, il faut qu'on rediffuse.
06:31Expliquez-nous le sens de l'amitié, c'est ce qui manque.
06:33Expliquez-nous ce que ça veut dire
06:35pour vous, amis. Parce que moi, quand j'ai un ami,
06:37je le défends.
06:39Et quand il fait des bêtises, je le lui dis, mais je le défends.
06:41Voilà, là, on ne défend plus rien.
06:43Là, on est dans la stratégie du « en même temps »,
06:45qu'il utilise depuis un certain nombre
06:47d'années, maintenant,
06:49et qui, on le voit bien, est un échec cuisant.
06:51Donc, je ne comprends pas cette stratégie.
06:53Et là, c'est plus que du « en même temps », c'est...
06:55Moi, je pense... Alors,
06:57pour tout vous dire, pour éviter...
06:59Je suis obligé de vous dire
07:01qu'en fait, Pascal,
07:03je détestais, jusqu'à l'année dernière,
07:05les artistes qui prenaient des positions politiques.
07:07Voilà, moi, je considère
07:09que ce n'est pas notre boulot, qu'on est là pour faire rire les gens,
07:11et je me vois, depuis un an, maintenant,
07:13à prendre des positions, et je tiens à préciser
07:15qu'elles ne sont pas politiques, elles sont humaines.
07:17Je sens des gens attaqués.
07:19Il se trouve que là, c'est les juifs, j'espère que...
07:21Et je pense, j'ose espérer que j'aurais le même courage
07:23s'ils choisissaient d'une autre communauté,
07:25quelle qu'elle soit.
07:27Donc, voilà ce qui explique pourquoi
07:29j'en viens à Emmanuel Macron, c'est même pas politique.
07:31Est-ce que l'État n'en fait pas assez ?
07:33Est-ce que l'État, pardon,
07:35mais ne protège pas assez
07:37la communauté juive de France ?
07:39Non, mais ça c'est sûr, voilà, ça c'est une évidence.
07:41Ça c'est absolument, on le voit bien,
07:43l'augmentation des actes antisémites est telle
07:45qu'aujourd'hui, il y a des types qui, sur les réseaux sociaux,
07:47se fléaut,
07:49à ose dire, voilà,
07:51les juifs c'est une race de machins,
07:53faut foutre dehors, etc., enfin bon, des trucs invraisemblables,
07:55et qui semblent bénéficier
07:57d'une espèce de tranquillité,
07:59voilà,
08:01qui leur permet de répéter, de répéter,
08:03de répéter, c'est extrêmement grave.
08:05Mais au-delà de la politique, moi je pense qu'Emmanuel Macron
08:07est vexé, voilà.
08:09Je pense qu'il est vexé, qu'il aurait adoré,
08:11il lui reste pas grand-chose,
08:13il a plus de légitimité sur la politique intérieure,
08:15sur l'économie, on voit bien le drame,
08:17il espérait s'en recréer une
08:19avec au moins un rôle
08:21international. Il l'a perdu
08:23parce qu'il a pensé à un moment qu'il allait être l'artisan
08:25peut-être, de la paix.
08:27C'est mal connaître la région
08:29et mal connaître
08:31l'histoire. Et le fait que
08:33il s'est senti méprisé par
08:35Netanyahou qui, malgré
08:37les recommandations de Macron, a bien fait ce qu'il a
08:39voulu, et en partant de cela,
08:41moi j'ai l'impression
08:43que c'est une vendetta personnelle.
08:45Il en veut à Netanyahou
08:47d'avoir fait échouer son plan.
08:49Voilà, moi je pense que
08:51c'est l'attitude d'un homme vexé qui ne se rend plus compte
08:53de ce qu'il dit.
08:55Deux jours avant les commémorations,
08:57on voyait un taquet à Benjamin Netanyahou,
08:59c'était mal venu, vous l'avez perçu comment ?
09:01Ah bah oui, c'était très...
09:03Deux jours avant les commémorations du 7 octobre,
09:05dire qu'il allait arrêter
09:07de livrer des armes, c'est déjà un mensonge
09:09puisqu'il n'a jamais livré d'armes.
09:11Il livre des produits, si j'ai bien compris,
09:13qui aident
09:17le fameux dôme de fer.
09:19Des matériaux, cherchez le mot, pardonnez-moi.
09:21Voilà ce que la France livre.
09:23Quand on dit qu'on est amis avec Israël,
09:25de leur livrer des matériaux qui les aident
09:27à se défendre d'attaques,
09:29voilà, d'arrêter cette livraison-là,
09:31ça me paraît déjà, c'est pas livrer des armes de guerre.
09:33Donc déjà, en soi, c'est un mensonge.
09:35Mais voilà,
09:37ça relève de ce que je vous disais tout à l'heure,
09:39d'une vexation personnelle, je pense qu'il y a quelque chose en lui
09:41qui est complètement déconnecté maintenant,
09:43et que les sondages n'ont jamais été
09:45aussi bas.
09:47Il a mis une situation
09:49épouvantable, évidemment que tous les Juifs de France
09:51à deux jours des commémorations ont pris ça
09:53comme un coup de poignard
09:55dans le dos, et aujourd'hui
09:57de dire que
09:59c'est une barbarie, voilà,
10:01barbarie, ça a un sens.
10:03Et j'ai pas l'impression
10:05que les attaques soient barbares, j'ai l'impression que c'est une
10:07réponse aux missiles
10:09qui reçoivent depuis des mois et des mois
10:11et des mois en permanence, ils ont été faire la même chose
10:13en faisant, d'après ce que j'en sais,
10:15des répliques
10:17qui sont en tout cas ciblées,
10:19pour ce que j'en sais. Maintenant,
10:21je ne peux pas ne pas déplorer les victimes
10:23collatérales, dans tous les cas.
10:25Une guerre c'est atroce, et quand il y a une victime
10:27collatérale, c'est une victime de trop, on le sait.
10:29Partant de ce principe là, je ne suis pas
10:31un va-t'en-guerre, je ne suis pas en train de dire
10:33il faut tous les éliminer,
10:35c'est loin de là cette pensée.
10:37Je dis juste qu'ils ont le droit de se défendre.
10:39C'est la légitimité de n'importe quel peuple,
10:41si demain on était attaqué, je dis n'importe quoi, par la Belgique,
10:43je voudrais bien savoir si
10:45on ne va pas répondre.
10:47A partir de ce moment là,
10:49je ne sais pas,
10:51c'est très difficile, mais moi encore
10:53une fois, au-delà du conflit du Proche-Orient,
10:55ce qui m'intéresse, c'est la situation
10:57et ce qui m'interpelle, et ce qui me fait
10:59trembler tous les jours, c'est la situation
11:01française. Comment peut-on monter les gens,
11:03les uns contre les autres, et dans
11:05ces déclarations là, pour l'instant, le seul qui faisait
11:07ça, c'était à ma connaissance
11:09Mélenchon, et j'ai l'impression que dans
11:11ses derniers discours,
11:13il court derrière, c'est-à-dire
11:15que Macron court derrière, et c'est quand même
11:17dramatique de monter les gens les uns contre les autres.
11:19Nous savons tous,
11:21ici qu'en France, on a tous des amis
11:23juifs, musulmans, catholiques,
11:25et je ne sais quoi encore, bouddhistes, qu'on veut,
11:27on s'en fout ! La réalité factuelle
11:29des gens de tous les jours, c'est qu'ils ont des amis
11:31dans toutes les religions, dans toutes les races,
11:33et ce n'est pas un problème, qu'est-ce qu'ils sont
11:35en train d'essayer de faire ? Et c'est ça qui est
11:37dramatique, d'essayer de monter les gens les uns
11:39contre les autres, de les pousser chacun dans le
11:41corner, pour dire, ah bah voilà,
11:43il faudrait que tous les juifs disent, ah bah les arabes,
11:45et que tous les arabes disent, ah bah les juifs,
11:47Dieu merci, on n'en est pas là, et je ne souhaite pas que
11:49ma France, ma France,
11:51mais qui s'est prise pour Saint-Église,
11:53notre France, celle qu'on a connue, celle qu'on connaît,
11:55celle qu'on aime, ne soit pas dans ce truc-là,
11:57jamais ! Encore une fois, je le dis
11:59et je le répète, j'ai marché et que je ne touche pas à mon pote,
12:01et à aucun moment,
12:03je le pense encore,
12:05je ne veux pas qu'on touche à quelqu'un au nom de sa
12:07religion, ou de sa couleur de peau,
12:09c'est ce qu'on est en train d'essayer de nous faire faire.
12:11Philippe Lelouch, peut-être,
12:13est-ce que vous pensez à cette majorité silencieuse,
12:15en ce moment, celle qui ne dit rien,
12:17celle qui regarde ce qui est en train de
12:19se passer, est-ce que
12:21vous avez peut-être un mot
12:23à leur dire ?
12:25Oui, c'est le mot de Charbes,
12:27j'en veux moins aux terroristes
12:29musulmans
12:31qu'à l'athée qui se tait,
12:33voilà, c'est-à-dire qu'à un moment,
12:35l'unité française,
12:37l'unité française, ça doit être de dire, on n'est pas d'accord,
12:39on n'est pas d'accord,
12:41voilà, moi, si demain,
12:43pas parce que je suis juif, demain, il y a un juif
12:45de ma communauté qui dirait des énormités,
12:47je dirais, non, je ne suis pas d'accord, je ne suis pas solidaire
12:49avec ça, au même titre que
12:51plein d'israéliens, je le dis et je le répète,
12:53n'aiment pas Netanyahou,
12:55il n'est pas le représentant
12:57à lui seul de l'entité juive mondiale,
12:59il est Netanyahou, il est chef d'état,
13:01il fait ce qu'il a à faire, mais tous les juifs ne sont pas responsables
13:03de son comportement, ça,
13:05c'est déjà acté,
13:07mais la deuxième chose, c'est que, voilà,
13:09les français, dans leur ensemble, devraient dire
13:11stop, ça suffit, on est piégés,
13:13on a été piégés,
13:15c'est fou quand même.
13:16Et pourquoi les français ne réagissent pas, selon vous,
13:18pourquoi, pardon, mais lors de la marche
13:20contre l'antisémitisme,
13:22contre l'anti-sémitisme,
13:24c'était pas une marche pro-communauté juive,
13:27pourquoi, deux choses,
13:29un, Emmanuel Macron n'y est pas allé, comment vous l'avez
13:31perçu ça ?
13:32C'était le premier signe, mais moi, je l'ai dit tout de suite,
13:34ce qui m'a valu un bon nombre
13:36de remontrances, et tout de suite, c'était pas normal,
13:38mais comme le grand archevêque de Paris aurait dû y être.
13:40Oui, exactement.
13:42Mais ça,
13:44comment vous l'expliquez,
13:46c'est-à-dire qu'on regarde ailleurs, un peu comme disait Chirac,
13:48la maison brûle, mais on regarde ailleurs ?
13:50Oui, c'est ça, et puis parce qu'il y a cette assimilation
13:52folle,
13:54qui est la base même de
13:56l'antisémitisme, de confondre israélien et juif.
13:58Voilà, donc, c'est-à-dire,
14:00en fait, c'est pas notre guerre,
14:02c'est ça qui est dingue, c'est de se penser que c'est pas notre
14:04guerre. Moi, j'ai l'impression que c'est une guerre
14:06mondiale, idéologique, mondiale.
14:08C'est-à-dire qu'on doit tous dire
14:10non, nous voulons vivre en paix,
14:12dans un Occident paisible. Voilà,
14:14ça, ça devrait être l'argument de
14:16tout le monde. Au lieu de ça, non,
14:18je crois qu'ils ne se rendent pas compte à quel point
14:20ils jouent avec le feu.
14:21Vous êtes ouvert, Philippe Lelouch, vous parliez effectivement de cette
14:23déferlante sur les réseaux sociaux,
14:25la violence des propos qui sont tenus sur
14:27les réseaux sociaux, Arthur lui-même,
14:29et je sais que vous connaissez,
14:31en avez parlé, vous, Philippe Lelouch,
14:33est-ce que, j'ai deux questions, est-ce que,
14:35d'abord, vous êtes sous protection ?
14:37Je l'ai été, je le suis
14:39plus,
14:41je...
14:43Vous avez peur, Philippe Lelouch,
14:45non, parce que vous êtes là ?
14:47Non, mais, pour citer une phrase
14:49que j'ai entendue dans la bouche du
14:51président Sarkozy, quand on a peur
14:53du vent, on ne monte pas en haut de l'arbre.
14:55Déjà, quand on parle, il faut savoir à quoi
14:57on s'expose. Mais,
14:59bien sûr que j'ai eu
15:01peur, bien sûr, mais j'ai peur en permanence,
15:03pas pour mon intégrité physique
15:05ou ma santé, j'ai peur de manière
15:07générale, pour mes enfants, pour le monde qu'on est en train
15:09de préparer, qui n'est pas réjouissant.
15:11On a du mal à se dire que l'époque est légère,
15:13tout est grave aujourd'hui,
15:15tous les jours, il y a un mec ou une attitude
15:17qui fait qu'on se dit, oh putain, c'est pas
15:19possible, comme si l'humanité avait perdu
15:21ce qu'elle avait de plus joyeux, de plus léger.
15:23J'ai du mal à penser là,
15:25de la façon dont je vous parle, que je suis là pour amuser les gens,
15:27pourtant c'est le cas, parce que j'ai toujours pensé
15:29que le rire était la solution à tout. Aujourd'hui,
15:31c'est difficile de voir les gens rire, on ne les voit
15:33plus beaucoup rire les gens, tout le monde
15:35est préoccupé.
15:37Même quand vous êtes sur scène, avec votre stand-up ?
15:39Oui, ben non, ça heureusement...
15:41Là, ils s'amusent ! J'espère,
15:43parce que là, j'ai l'air comme ça,
15:45mais je suis très
15:47optimiste à moyen terme, moi.
15:49A moyen terme, je suis optimiste,
15:51j'espère de tout cœur, ce qu'on disait tout à l'heure,
15:53que les gens n'iront pas dans la rue, j'espère que ça va s'arrêter avant,
15:55qu'il y aura un vent nouveau
15:57qui va être insoufflé, où tout le monde va se dire
15:59bon les gars, on arrête ça, ça n'a pas de sens.
16:01On n'a pas besoin d'affrontements tous les jours,
16:03la vie est déjà suffisamment compliquée. Si en plus, il faut se détester
16:05les uns les autres, ça va être compliqué encore plus.
16:07Et vous, comment vivez-vous
16:09chaque semaine ?
16:11Ces actes antisémites, en tout cas,
16:13ceux qui remontent aux oreilles des médias,
16:15on a parlé ici même,
16:17dans cette émission, de ces plaques à Poitiers,
16:19qui avaient été recouvertes
16:21par des noms de leaders du Hamas,
16:23on parle
16:25de ce jeune
16:27juif
16:29homosexuel,
16:31qui a été agressé, violé,
16:33parce que juif et homosexuel, il disait, c'est la double peine.
16:35Cet homme
16:37qui est dans le métro
16:39avec ce t-shirt anti-juif,
16:41on apprend par ailleurs
16:43qu'il se vend des milliers,
16:45notamment sur les réseaux sociaux,
16:47on apprend ça notamment sur TikTok, de milliers
16:49de polos avec écrit anti-juif derrière,
16:51via les réseaux sociaux.
16:53Vous vivez ça toutes les semaines, vous, Philippe Lelouch ?
16:55Je ne peux pas vous dire que ça me réjouit,
16:57évidemment,
16:59c'est ce qu'on disait tout à l'heure,
17:01c'est épouvantable, c'est atroce,
17:03et on se dit, quand est-ce que l'humanité
17:05tout entière va
17:07réagir,
17:09dans notre pays, pour parler des Français,
17:11quand est-ce qu'ils vont dire, non mais ça, on ne veut pas de ça ?
17:13Alors qu'est-ce que vont faire d'autres gens ?
17:15Ils vont sortir des t-shirts marqués anti-arabes ?
17:17C'est horrible.
17:19C'est là où je vous disais,
17:21ce n'est pas un match de foot,
17:23on n'est pas supporter d'un camp et de l'autre,
17:25on parle d'une guerre, moi je ne suis supporter de personne,
17:27la guerre c'est épouvantable,
17:29je veux être un supporter de l'être humain,
17:31et à aucun moment ça ne me réjouit,
17:33au même titre que quand j'entends qu'il y a
17:35une riposte israélienne, ça me fait trembler,
17:37parce que je sais que dans l'eau il va y avoir des morts innocents,
17:39évidemment !
17:41Je ne comprends pas où tout ça mène,
17:43qu'est-ce qu'on veut faire,
17:45c'est pour ça que je vous dis, il y a cette espèce de climat délétère,
17:47insufflé évidemment
17:49par Mélenchon et sa troupe,
17:51parce que ça les amuse beaucoup,
17:53que c'est une raison d'exister,
17:55qu'on se demande même ce qu'ils foutent en France
17:57avec ce discours-là, parce qu'il n'y a que celui-là,
17:59on n'entend pas d'autre,
18:01et les filles s'inquiétaient,
18:03comme autrefois Jaurès,
18:05de la condition ouvrière en France,
18:07ça ne les concerne pas,
18:09mais ce qui se passe à Gaza...
18:11C'était plus le bon public électoral.
18:13Non, mais je ne crois pas,
18:15mais là encore,
18:17je crois aux musulmans de France,
18:19je ne crois pas qu'ils aient tous envie
18:21de revendiquer ce discours-là,
18:23ça aussi c'est ce qu'on veut nous faire croire,
18:25je pense qu'il y a plein de musulmans en France
18:27qui sont horrifiés par ces propos-là,
18:29et qui n'ont pas envie
18:31de vivre ça ici,
18:33parce qu'ils sont venus ici pour avoir une autre vie,
18:35souvent même une vie meilleure,
18:37sinon ils ne seraient pas venus, je ne vois pas...
18:39Non, c'est plus pernicieux que ça,
18:41c'est faire la révolution, quelle révolution ?
18:43On sait que la révolution ça mène
18:45au sang et les larmes, pas autre chose,
18:47il n'y a pas de gagnant dans une révolution.
18:49Donc c'est épouvantable tout ça,
18:51moi ça me terrifie,
18:53et là quand j'entends
18:55notre Président de la République
18:57reprendre ce type d'argument,
18:59alors là évidemment ça me pose un problème,
19:01et c'est pour ça qu'en tant qu'acteur,
19:03parce que j'ai la chance
19:05d'avoir un micro, mais en tant qu'être humain,
19:07je me dis que je ne peux pas me taire,
19:09je ne peux pas laisser faire ça et me dire
19:11je vais penser à ma petite carrière, à mes petits sous,
19:13à mon petit confort,
19:15et aller me coucher le soir avec des enfants en bas âge,
19:17en me disant non, le monde qu'on leur prépare il est sympa là,
19:19ce n'est pas possible.
19:20Vous leur dites quoi justement à vos enfants ?
19:21Je ne leur dis rien,
19:23en tout cas pour mes deux filles qui sont encore
19:25un peu trop jeunes, je laisse profiter
19:27de leur insouciance et de leur jeunesse,
19:29heureusement, je ne parle pas de ça,
19:31je soupçonne qu'ils entendent parfois
19:33qu'on parle de ça parce qu'on parle de ça,
19:35mais je ne veux pas rentrer dans le détail, je ne veux pas qu'ils sachent
19:37que ma fille
19:39qui s'appelle comme moi puisse avoir
19:41un jour une réflexion au prétexte
19:43qu'elle est ma fille ou qu'elle est juive, je veux que
19:45Dieu m'en garde, ça n'est pas arrivé encore
19:47et j'espère que ça n'arrivera jamais.
19:49Il faut préserver les enfants
19:51évidemment, mais nous en tant qu'adultes,
19:53on doit se battre dans le bon sens du terme,
19:55je n'aime pas beaucoup ce mot-là, mais pour que
19:57la raison reprenne le dessus.
19:59Qu'est-ce qu'on a appris à l'école Pascal, nous,
20:01dans notre génération, en terminale, le doute raisonnable,
20:03toutes ces valeurs-là,
20:05où c'est ça aujourd'hui ?
20:07D'avoir le doute, ne serait-ce que d'avoir le doute,
20:09moi je me suis posé 20 fois la question.
20:11Est-ce que j'ai raison de penser comme je pense ?
20:13Est-ce que je ne suis pas jugé parti ?
20:15Est-ce que vraiment,
20:17on est obligé d'avoir ces réflexes.
20:19Et à un moment, quand on s'en prend à quelqu'un
20:21au nom de sa religion, encore
20:23une fois, ou de sa couleur de peau,
20:25ah non, ce n'est pas possible, là ça dépasse ma logique.
20:27Donc il faut se dire tous, là non,
20:29stop, tu as le droit de penser absolument ce que tu veux,
20:31on est dans une démocratie, Dieu fasse que ça dure longtemps,
20:33mais tu ne peux pas penser et appeler
20:35au malaise de l'autre.
20:37Voilà, je...
20:39Appeler à chasser
20:41les gens,
20:43quand j'ai vu ce qui se passait à Sciences Po autrefois,
20:45là où on préparait l'élite française
20:47d'interdire l'entrée...
20:49Les drapeaux palestiniens, Philippe Lelouch,
20:51à Sciences Po, entre autres.
20:53L'interdiction effectivement d'entrée
20:55des élèves de confessions juives.
20:57Pourquoi ? Voilà, c'est ce qu'on disait tout à l'heure,
20:59ce n'est pas antisémite ça ?
21:01Pourquoi ? Parce qu'ils sont juifs,
21:03donc israéliens, c'est ça le raccourci ?
21:05Non, c'est pas la même chose.
21:07Et donc parce qu'ils sont juifs,
21:09ils n'ont pas le droit de rentrer à Sciences Po.
21:11Pourquoi la France n'est pas debout là ?
21:13C'est là où je vous dis, c'est pour ça que j'en veux
21:15beaucoup aux silencieux. Peu importe
21:17ce qu'ils pensent. Si c'est le pensée dans son coin,
21:19ce n'est pas suffisant. Il faut le dire,
21:21il faut parler, la liberté
21:23ça se défend. Voilà, il ne faut pas laisser
21:25des...
21:27Là, il y a quand même un certain nombre de types
21:29qui utilisent, comme on disait tout à l'heure, non seulement
21:31des mots, des attitudes qui sont folles,
21:33qui sont une insulte à la République,
21:35des comportements à l'Assemblée nationale qui sont
21:37indignes, indignes, je passe mes mots,
21:39c'est indigne.
21:41Comment se fait-il qu'on tolère tout ça ?
21:43Il y a plein
21:45de choses qui sont choquantes, plein de choses.
21:47Vous pensez que la majorité silencieuse,
21:49Philippe Lelouch, ne se rend pas
21:51compte de ce qui est en train de se passer ?
21:53Alors, je pense que c'est plus complexe que ça,
21:55je pense qu'elle s'en rend compte, mais qu'elle ne sait pas trop
21:57comment faire. C'est-à-dire que si vous dites
21:59à votre boulangère,
22:01qui va vous dire, ça suffit, j'en ai marre,
22:03et le truc, et le manque... Mais qu'est-ce que vous faites ?
22:05Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ?
22:07En fait, il est là le problème,
22:09c'est ce manque d'imagination
22:11et de possibilités
22:13sur ce qu'on peut faire, comment on peut
22:15agir. C'est facile, ça c'est facile,
22:17non, c'est pas facile, mais c'est d'essayer
22:19de parler, de trouver des gens
22:21qui pensent comme vous, d'écrire, de parler,
22:23de faire des pétitions,
22:25d'appeler
22:27au gouvernement à prendre ses responsabilités
22:29de manière tout à fait pacifique,
22:31mais de réagir. L'absence de réaction,
22:33parce que, qu'est-ce qu'on appelle réaction ?
22:35En fait, qu'est-ce qu'il faudrait faire ?
22:37Même nous, si on se pose la question,
22:39on se plaint d'une majorité silencieuse qui ne bouge pas,
22:41mais qu'est-ce qu'il faudrait qu'elle fasse ?
22:43Alors, manifester dans la rue, ce serait peut-être, oui,
22:45de dire, bon bah, pour que la France
22:47redevienne cette terre d'accueil
22:49sans différences...
22:50Aller aux marches contre l'antisémitisme, par exemple ?
22:52Aller aux marches contre l'antisémitisme, c'est sûr, mais
22:54ils ont l'impression de voir ça, peut-être,
22:56et je ne les accuse pas, je ne les blâme pas
22:58d'une manifestation partisane.
23:00Voilà, parce que, encore une fois,
23:02ça a tellement bien marché, cette assimilation
23:04juif-israël, qu'il y a quelque part
23:06une petite pensée, qu'ils disent,
23:08quand même, ils ne sont pas blancs-bleus, alors que
23:10les Français n'ont rien à voir avec ce qui se passe à Gaza,
23:12ou au Liban, ou en Iran.
23:14Mais en imaginant qu'on fasse
23:16un grand rassemblement
23:18français, de dire, nous voulons que
23:20la France reste une terre d'accueil,
23:22mais aussi une terre de partage,
23:24une terre de liberté,
23:26une terre de respect des valeurs,
23:28des pensées, des lois,
23:30etc. C'est pas si compliqué
23:32que ça. Alors, il faudrait qu'il y ait une initiative
23:34un jour populaire, parce que,
23:36quand on se dit réagir quelque part,
23:38vous et moi, quand on dit, ils attendent quoi pour réagir ?
23:40On attend presque
23:42une réaction violente,
23:44une réaction populaire violente, et moi, j'ai pas du tout
23:46envie de ça. J'ai pas du tout envie de
23:48demain, d'une quelconque guerre civile.
23:50Je pense que c'est la trouille,
23:52évidemment, du gouvernement,
23:56pour ne pas avoir
23:58ça, finalement,
24:00se fait du en même temps
24:02depuis, et ça ne marche pas.
24:04Et ça fait qu'augmenter le...
24:06Ça me fait penser, tout simplement, à la phrase de Churchill
24:08à la radio,
24:10le lendemain de l'accord
24:12des Anglais signés avec Hitler,
24:14alors que Chamberlain était Premier ministre, avait dit
24:16entre le déshonneur et la guerre,
24:18vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre.
24:20Moi, je pense qu'on en est là,
24:22à force de vouloir ménager
24:24la chèvre et le chou, on arrive à une
24:26situation qui est catastrophique, où rien
24:28ne fonctionne, et les gens s'en veulent de plus
24:30en plus, ils s'invectivent. Mais même de voir
24:32des politiques de tous bords,
24:34s'invectiver via les réseaux,
24:36qu'est-ce que c'est que cet exemple ?
24:38Et après, on dit aux enfants qu'il ne faut pas le faire,
24:40et on leur dit arrête le harcèlement,
24:42mais ils se harcèlent entre eux.
24:44On est dans une époque
24:46vraiment qui ne fonctionne pas.
24:48Il y a des choses qui retrouvent un peu
24:50de dignité.
24:52Des hommes qui nous représentent, des hommes et des femmes
24:54qui ont été élus par les Français, qui prennent leur
24:56fonction au sérieux. On n'est pas dans une
24:58cour d'école à s'envoyer des vannes
25:00ou des pics sur les réseaux sociaux.
25:02Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
25:04Philippe Lelouch, vous disiez, il y a un instant,
25:06le gouvernement fait dur en même temps.
25:08Si vous aviez Emmanuel Macron, là, ici,
25:10dans ce studio, en face de vous,
25:12vous lui diriez quoi, Philippe Lelouch ?
25:14Il vous écoute peut-être Emmanuel Macron ?
25:16J'en doute fort,
25:18mais s'il m'écoutait, je lui dirais ressaisissez-vous.
25:20Vous êtes trop
25:22intelligent pour vous laisser aller
25:24à ce genre de facilité.
25:26Et surtout,
25:28faites attention aux mots que vous employez, c'est très important.
25:30Il y a des gens qui vous aiment et qui ont voté pour vous.
25:32Et vous les trahissez.
25:34Vous mettez
25:36une cible dans le dos, en ce moment, à des gens.
25:40Puisque l'amalgame est fait entre
25:42juifs et israéliens, on en est sûr.
25:44Les actes antisémites
25:46le prouvent tous les jours.
25:48Faites attention quand vous parlez d'Israël, parce que,
25:50d'une certaine façon, vous cautionnez tous ceux qui en veulent aux juifs.
25:52Et oui, c'est ça, l'effet pervers.
25:54Donc, vous ne pouvez pas parler
25:56de barbarie, vous ne pouvez pas parler...
25:58On ne traite pas comme ça ses amis, puisque vous dites que vous êtes
26:00l'ami d'Israël. Et puis surtout,
26:02vous ammenez les Français dans une drôle
26:04de situation, me semble-t-il.
26:06C'est-à-dire que les dernières élections, elles étaient d'une
26:08violence absolue. C'était quoi
26:10le LFI pour un juif, par exemple ?
26:12Je dis bien par exemple.
26:14C'est voter LFI, ouvertement antisémite,
26:16ouvertement. Voter l'URN,
26:18qui, par le passé,
26:20l'a été très clairement aussi.
26:22Peut-être qu'ils ont changé, mais à l'époque
26:24ils l'ont été. Ou voter pour vous
26:26qui avez installé cette situation.
26:28Est-ce que vous vous rendez compte
26:30qu'elle a été l'enfer dans les bureaux de vote
26:32pour les juifs de France ? Pour qui
26:34faut voter ? Quel est celui qui va me protéger ?
26:36Voilà, donc, on en est là.
26:38Et donc, ceux qui ont voté pour vous,
26:40parce que le cordon sanitaire,
26:42encore une fois, extrêmement bien fonctionné.
26:44Le ni-ni
26:46a fait qu'on a voté
26:48pour Emmanuel Macron.
26:50Alors, soyez à la hauteur
26:52de ce vote-là.
26:54Il me semble.
26:56Un mot peut-être aussi
26:58à ceux qui vous écoutent, Philippe Leloup,
27:00je pense à la communauté juive de France.
27:02Ces 500 000 personnes en France,
27:04qui, vous le rappelez, ne sont pas israéliens,
27:06sont des français,
27:08qui n'y sont pour rien
27:10dans ce qui se passe au Moyen-Orient.
27:12Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire
27:14ce soir, Philippe Lelouch ?
27:16Ce que je vous ai dit il y a quelques
27:18instants, je suis pessimiste à court terme.
27:20Mais accrochez-vous ! Oui, bien sûr.
27:22Allez-y, ne lâchez rien.
27:24Très optimiste à moyen terme.
27:26Je pense qu'il faut
27:28continuer à parler, expliquer,
27:30donner des arguments
27:32à ceux qui pensent
27:34que le juif est un
27:36colon richissime
27:38qui cherche à envahir le monde.
27:40On est très maladroit en ce moment.
27:42Donc tout ça,
27:44il faut...
27:46Moi j'ai évidemment beaucoup de peine.
27:48Je pense à ces gens qui retirent
27:50les Mézouzats devant leurs portes,
27:52et qui
27:54ont peur pour leurs enfants.
27:56C'est épouvantable
27:58de vivre dans un pays en ayant peur pour ses enfants.
28:00Enfin, qui ne comprendrait pas ça ?
28:02J'espère que...
28:04Je souhaite que tous les enfants du monde soient heureux, moi.
28:06Partout dans le monde, partout.
28:08Donc il faut lutter,
28:10il faut arrêter de penser
28:12aussi que tout le monde leur en veut,
28:14parce que comme vous le dites, il y a aussi une majorité silencieuse
28:16qui pense comme nous,
28:18et heureusement.
28:20Et qu'il y a l'être humain, et l'être humain est souvent...
28:22Moi j'ai foi en l'être humain, et je pense que
28:24tout le monde va revenir à la raison.
28:26Donc je leur dis, accrochez-vous, bien sûr.
28:28Et vous n'êtes pas seuls, évidemment.
28:30Et vous le prouvez,
28:32avec Philippe Lelouch, en prenant la parole ce soir
28:34sur Europe 1.
28:36On va vous laisser filer,
28:38puisque vous avez une autre activité.
28:40On va parler quand même, un mot, je ne vais pas vous laisser sortir
28:42de ce studio, si on parlait de stand-alone.
28:44Votre premier one-man show !
28:46Pas mal, parce que d'habitude on vous voit effectivement
28:48au théâtre, vos pièces sont marchées,
28:50cartonnées, mais vous n'êtes pas seuls.
28:52Et là, vous êtes seuls, c'est un show
28:54un peu intime, un peu personnel.
28:56Racontez-nous, c'est plein !
28:58Oui, ça marche très bien, je suis très content.
29:00J'ai des blagues,
29:02la transition est extrêmement...
29:04Il faudrait presque changer de voix.
29:06Non, voilà, je pense encore
29:08une fois que le rire
29:10guérit tous les maux. Il n'y a que ça d'intéressant.
29:12Moi je considère qu'une journée sans rire est une journée perdue.
29:14D'accord.
29:16Là, il ne s'agit pas du tout
29:18de prise de position
29:20sérieuse, mais c'est très drôle
29:22de faire le comparatif.
29:24On est un peu largués, moi j'ai plus de 50 ans,
29:26et je fais un spectacle qui je pensais s'adresser à cela,
29:28et en fait non, parce que même
29:30les plus jeunes s'y retrouvent.
29:32Mais tout le monde a envie de rigoler.
29:34Je crois qu'on a vraiment envie de rigoler.
29:36Et on en a besoin !
29:38C'est un très beau médicament !
29:40C'est un très beau médicament,
29:42du 26 au 10 novembre,
29:44au Théâtre de la Malène,
29:46avant une tournée dans toute la France.
29:48On vous souhaite beaucoup de succès.
29:50Vous faites de toute manière toujours un carton plein.
29:52Ecoutez, c'est gentil, mais pas en vue que ça dure.
29:54Bah oui, attendez, bien sûr que ça va durer.
29:56Merci infiniment tout à l'heure d'avoir répondu
29:58à nos questions sur Europe 1.
30:00Merci beaucoup.

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