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Samedi 26 octobre 2024, SMART INDUSTRIES reçoit François Marciano (Directeur général, Duralex) , Vincent Raoul (Directeur financier, Laiterie de Saint Denis de l'Hôtel) et François Bonneau (Président, Région Centre-Val de Loire)

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00:00Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous retrouver ici à Orléans pour une
00:20nouvelle étape de Smart Industries, une émission organisée par BeSmart for Change.
00:24Alors nous sommes ici au cœur de l'industrie, au cœur d'une entreprise emblématique du territoire,
00:30nous sommes au siège de Duralex, ces producteurs de verres de table que tout le monde a déjà tenu
00:35dans sa main. Aujourd'hui, le centre Val-de-Loire est porté par une dynamique de réindustrialisation
00:41et nous allons illustrer cette mutation grâce à deux exemples concrets. Tout d'abord, nous parlerons
00:47de l'aventure Duralex sauvée cette année avec le témoignage de son directeur général aux côtés
00:53de François Bonneau, président de la région centre Val-de-Loire. Ils reviendront sur les
00:57étapes clés de ce sauvetage réussi. Et puis ensuite, François Bonneau restera avec nous
01:03pour mettre en lumière un autre pilier industriel de la région, l'agroalimentaire. Nous aurons le
01:09plaisir d'échanger avec Vincent Raoul, directeur financier de la laiterie de Saint-Denis de l'Hôtel,
01:14acteur majeur du secteur. C'est parti, c'est Spart'Industries.
01:18Et à mes côtés se trouvent François Marciano, directeur général de Duralex et François Bonneau,
01:27président de la région centre Val-de-Loire. Merci beaucoup d'être avec nous. On va commencer par
01:34vous François Marciano. Est-ce que tout d'abord, avant de revenir sur l'histoire récente de Duralex,
01:38la reprise de sauvetage grâce à ses salariés, pouvez-vous aussi nous donner quelques éléments
01:43de contexte sur cette entreprise qui a presque 80 ans ? Alors oui, effectivement, vous êtes dans
01:49une entreprise qui a été reprise par Saint-Gobain. C'était une vinaigrerie qui a été reprise par
01:57Saint-Gobain. Ils ont créé le verre des vitres de voiture. Ils ont dit tiens, on va en faire des
02:07verres creux. Pourquoi ? Pour qu'à l'école, quand ils font tomber leur verre de la table,
02:12il ne casse pas. Ou que dans les hôpitaux, quand un malade fait tomber un verre, il ne casse pas.
02:19Et donc, ils ont repris ce procédé-là. Et donc, on crée la marque Duralex en 1945. Et depuis,
02:27Duralex fabrique des verres trempés dans le monde entier et est devenu le leader mondial du verre
02:34trempé. L'année prochaine, nous fêterons les 80 ans et on vous réserve plein de surprises.
02:40Quels sont les chiffres clés ? Combien de salariés ? Le chiffre d'affaires moyen est de
02:4630 millions. L'objectif à 5 ans est de l'amener à 40 millions. On est à 250 salariés. L'unité
02:56de production est capable de sortir 750 000 verres par jour. Il y a eu plusieurs dépôts de bilan
03:03de l'entreprise. Quelles ont été les difficultés de Duralex et surtout par rapport à ce dernier
03:10dépôt de bilan ? Alors, la grande difficulté, parce que je n'aime pas parler des anciens parce
03:18qu'on regarde toujours devant. Effectivement, ils ont fait des choix stratégiques qui n'étaient
03:23pas les bons pour une gobeletterie. Parce que je vous rappelle que Duralex est une gobeletterie.
03:28Sa spécialité, c'est de fabriquer des gobelets. Duralex a une concurrence depuis 79 ans,
03:36donc n'a pas découvert quelque chose de nouveau. Elle a simplement besoin d'avoir une équipe
03:43marketing et commerciale à la hauteur de la marque. C'était vraiment la problématique de
03:49Duralex. Or, quand je suis allé voir le président de région, le président de la métropole en disant
03:55on a un souci, voici mon projet, le projet industriel des salariés. Ils ont dit go,
04:04c'est celui-là qu'on va supporter. Et en plus, c'était une scope. C'est un problème de
04:09compétitivité ? Ce n'est pas un problème de compétitivité parce que le produit est
04:15systématiquement plus cher qu'un autre verre vu que vous avez la durabilité. Vous fabriquez un
04:21verre comme tous les autres verriers et vous venez y ajouter un procédé de tremble qui permet
04:26d'avoir un verre plus costaud, trois fois plus costaud qu'un verre recuit. Et vous avez en plus
04:33la main d'oeuvre française qui est un peu plus chère que la main d'oeuvre étrangère. Mais vous
04:38êtes sur un segment de marché. Donc c'est vraiment rappeler à tout le monde qu'on est
04:42sur un produit durable, un produit de qualité. Je donne toujours l'exemple d'une personne qui nous
04:49a appelé il y a deux mois et qui dit j'ai un problème de qualité. Le service lit le mail,
04:56ne comprenez pas. Et donc appelle la dame en disant mais madame, que se passe-t-il avec vos
05:00verres ? Et puis elle nous dit comment c'est un peu blanc ? Que pouvez-vous faire pour nos verres ?
05:05Et ils entendent à la voix que cette dame avait un peu plus que 20 ans. Voilà, elle avait un peu
05:12plus de 20 ans et ils lui ont demandé la date d'achat de ses verres. Et elle nous a répondu le
05:1717 février 1957. Voilà, ça c'est Duralex. Voyez, ce sont des verres durables. François Bonneau,
05:24quels étaient les enjeux pour la région concernant le sauvetage de Duralex ? Des enjeux fondamentaux
05:31au sens où le centre Val-de-Loire est une région d'industrie, au sens où Duralex est un élément
05:37qui illustre véritablement cette histoire industrielle. C'est l'histoire de la production
05:42mais c'est aussi ce que vient de rappeler François Marcelleau, c'est notre histoire à chacun. C'est
05:49le verre qu'on avait dans nos cantines, c'est le verre qu'on avait dans nos familles. Et donc
05:53cette histoire-là, elle est absolument fondamentale si on croit à l'industrie. Et pour moi, après
06:01quand même quatre passages au tapis, parce que cette entreprise a connu quatre ruptures, quatre
06:08reprises et des engagements à chaque fois qui ont été très, très forts de la part de ses salariés.
06:13Pour moi, on ne pouvait pas, il était exclu qu'on laisse tomber Duralex. Beaucoup nous ont dit au
06:19départ, ils m'ont dit tu vas là-dessus, vous allez là-dessus, la région, vous savez quand même,
06:24Duralex, non, Duralex, c'est pas le passé. Je leur répondais, Duralex, ça n'est pas le passé. Duralex
06:30est en train d'ailleurs, et bravo à l'équipe, d'innover avec des teintes nouvelles, avec des
06:38couleurs qui donnent à ce verre, qui garde des formes emblématiques, très, très jolies, très
06:42design, un nouvel attrait. Duralex se projette énormément à l'international et ça marche à
06:49l'international, y compris dans les magasins de luxe. Donc pour nous, il n'était pas possible de
06:55laisser parce qu'il y avait eu la crise de l'énergie, la hausse du coût de l'énergie, parce qu'il y
07:00avait des difficultés sur le marché à l'international. Il était exclu qu'on laisse tomber
07:04et les salariés et l'entreprise et la marque Duralex. François Martiano, est-ce que vous pouvez
07:09nous expliquer ce que vous avez vécu ces derniers mois et ce nouveau projet industriel que vous
07:15avez proposé à la région ? Alors effectivement, c'est compliqué quand vous êtes mis en redressement
07:23judiciaire et qu'on vous annonce du jour au lendemain qu'il faut trouver une autre solution.
07:29Vous avez eu plusieurs dépôts de bilan et donc aller voir un acteur, pour être clair et lui dire
07:40il faut m'aider. Il vous répond, vous allez être le suivant. C'était l'été dernier, on est début de
07:50l'été, on est au mois de mai et il faut trouver une solution. Et vous êtes seul et vous n'avez
07:57pas de solution parce que vous ne savez pas comment faire. Et à ce moment-là, le seul moyen de trouver
08:03un support, c'est d'aller voir la région et la métropole et de leur vendre le projet et de leur
08:09expliquer le pourquoi du comment, de où on vient, qu'est-ce qui s'est passé et où est-ce qu'on va
08:14aller. Dépôts de bilan qui est de la holding ? Alors oui, le coup d'avance était de la holding.
08:20Avant, c'était une mauvaise gestion. Avant, il y a eu du détournement. Chacun a eu son histoire.
08:30Ce que je dis toujours, c'est qu'il faut regarder devant. Le problème, et on l'a bien identifié,
08:36le problème, c'est que la fusée d'Uralex, depuis que Saint-Gobain l'a perdue, il n'y a plus de
08:45moteur. Il n'y avait plus de commerce, il n'y avait plus de marketing. Et il fallait absolument
08:50remettre au centre de cette entreprise un vrai moteur marketing et commercial, ce qu'on est en
08:58train de faire avec les recrutements qui sont en cours actuellement. Et la reprise, ça s'est
09:02structurée aussi autour d'une scope ? Alors oui, oui. Dans le projet industriel qui a été reconnu,
09:09et on y était ensemble au tribunal parce que j'étais défendu avec le président de région et le
09:17président de la métropole à ma droite et à ma gauche pour défendre ce projet. Et effectivement,
09:23ils ont vu qu'il y avait un projet industriel qui, en plus, était repris par ses salariés et donc ne
09:31pouvait qu'aboutir. Et ils ont débouté les deux autres projets. Est-ce que vous pouvez nous
09:35expliquer, François Bonneau, quels étaient les dispositifs que vous avez pu solliciter avec la
09:39région ou grâce à la région ? Notre volonté, c'était le projet industriel, un nouveau projet
09:46industriel ambitieux pour Duralex. Et parmi les propositions qui se faisaient jour, il y a des
09:52gens qui avaient envie d'acheter la marque Duralex, c'est une belle marque Duralex, de produire
09:56quelque part dans le monde avec la marque Duralex. Pour nous, c'était exclu parce qu'on a un profond
10:00respect de cette entreprise et de ses salariés. La deuxième solution, c'était d'y aller pour se
10:08donner bonne conscience sans véritablement prendre en compte les énergies qui étaient en train de se
10:15soulever ici à travers celle du directeur industriel et celle de l'ensemble des salariés. J'ai reçu,
10:21c'est assez rare, les organisations syndicales qui sont venues à la table du président de région pour
10:26dire voilà, il y a différentes solutions, nous on veut que ça vive, etc. Et la solution de la
10:30scope nous paraît une bonne solution. Alors qu'est-ce qu'on a fait ? On a voulu reconnaître
10:36l'engagement des salariés. La région a engagé un euro, un euro à chaque fois que les salariés dans
10:42la scope mettaient leur participation, la région apportait le même niveau d'investissement. C'était
10:49le premier acte. Deuxième élément, il fallait donner confiance pour les banques, comme l'a dit
10:55le directeur. C'était compliqué. C'était compliqué parce qu'il y avait déjà eu des difficultés par
11:01le passé. Est-ce qu'il fallait faire confiance ? Donc nous avons dit nous, on y va en tant que
11:05région. On apporte un million en avance remboursable avec un différé de remboursement.
11:09On pose un acte de confiance en venant aider financièrement très concrètement ce projet. Et
11:16le troisième élément par rapport aux banques, c'était d'apporter des garanties. On a travaillé
11:21avec la BPI. La BPI a pu, avec le fonds de garantie commun que nous avons, BPI Région Centre-Val
11:29de Loire, la BPI et nous, nous avons dit aux banques si vous venez prêter à Duralax, alors une partie
11:36de vos prêts sera garantie en cas de mauvaise fortune, sera garantie par le fonds que nous
11:42avons en commun. Ces trois éléments-là ont donné de la robustesse financière, ont donné de la
11:46crédibilité. Et puis, il a fallu. Le dernier élément, il a fallu qu'on se porte à l'avant
11:53scène en disant à tous les acteurs. On y croit aux acteurs états qui étaient, qui avaient envie
11:59d'accompagner, mais qui se disaient il ne faut pas qu'on part sur une mauvaise solution. On a,
12:04je crois, été ensemble convaincant. Il a fallu également convaincre tous ceux qui, à l'extérieur,
12:11regardaient ce truc en disant une scope pour 240, 240 salariés, ça n'existe pas. On peut
12:17créer une scope pour. Non, le système coopératif est apparu comme le système adapté à ce moment-là.
12:25Et à partir du moment où on a été adapté, dans le cadre de l'économie sociale et solidaire,
12:28on y est allé. On a dit c'est la scope qui est porteuse d'un vrai projet industriel,
12:31porteuse d'un nouvel avenir. Et depuis François Marseilleux, c'est plutôt une belle histoire.
12:36La rentrée se passe bien. Alors, effectivement, effectivement, ce qu'on avait prévu est en
12:42train de se dérouler. L'avenir nous le dira, mais pour l'instant, on est au-dessus de toutes
12:47nos prévisions et on voit que ce qu'on met en place porte ses fruits. Ce projet de scope et
12:55ce soutien dans la région, c'est quelque chose qui est envisageable pour d'autres entreprises.
12:59Il y en a d'autres entreprises qui nous regardent. On peut se dire que s'il y a des difficultés,
13:03les mêmes dispositifs peuvent être mis en place. Je ne crois pas au modèle unique,
13:08pas le scope ou tout en scope. Ce n'est pas ma position. Par contre, ce dont je suis persuadé,
13:14c'est qu'au moment où beaucoup d'entreprises ont à faire face à des besoins qui articulent
13:21l'économique, le sociétal, l'environnemental, la scope qui permet finalement à des salariés de
13:28mettre leurs valeurs en action, leurs valeurs en investissement pour qu'on puisse produire sans
13:36avoir des dividendes à verser qui iraient à des actionnaires lesquels ne seraient pas forcément
13:41intéressés à les remettre dans l'entreprise. Eh bien, lorsqu'on a une situation de cette nature,
13:45pour une entreprise industrielle, on le fait ici ou pour la création d'une entreprise plus modeste,
13:51etc. Il faut que ce modèle fasse partie des modèles intéressants. Et trop longtemps,
13:57on a considéré que la scope et l'industrie ne marchaient pas. Sauf qu'on a de très beaux,
14:02de très beaux exemples et un clin d'œil à l'histoire, si vous le permettez. 1974,
14:07ça vous dit quelque chose? 1974, il y a juste 50 ans, c'était l'IP. C'était l'IP, la reprise des
14:16montres l'IP par une structure coopérative avec plusieurs années de beaux développements. Et 50
14:26ans après, par rapport à quelque chose qui aurait pu être un drame industriel, un drame social,
14:30un drame local par rapport au développement économique. Eh bien, le surgissement des
14:35entreprises, de projets d'un responsable avec son territoire, avec le territoire. Ça a permis
14:41véritablement à nouveau de pousser ce projet, ce beau projet de scope. Et ça a un intérêt parce
14:49que quand on dit scope, les salariés sont autour de la table. Bien sûr, ils sont engagés, mais ça
14:55résonne, je vous assure, par rapport aux acheteurs, par rapport aux habitants. Ça déclenche, ça
15:01déclenche une espèce de mouvement affectif, de sympathie et de soutien. Et c'est ce qui se traduit,
15:06je crois, par l'augmentation du marché. Parce qu'on sait que l'entreprise est forcément ancrée dans
15:10le territoire. Et le fait, justement, que ce soit une entreprise emblématique, ça a été facilitateur,
15:16ça a permis de montrer que c'était important de faire ça et de faire un exemple. Alors ça dépend
15:24dans quel sens vous prenez. D'un point de vue financier, ça n'a pas été facile. Au contraire,
15:28c'était plutôt l'inverse. Vu que je vous rappelle, il y a eu des échecs. Donc effectivement, c'est
15:34compliqué. Par contre, effectivement, la marque, la sympathie qu'ont le monde entier pour cette
15:41marque, parce que vous l'avez en France, mais vous l'avez dans le monde. Effectivement, on a vu
15:46quelque chose auquel on ne s'attendait pas. C'est un tsunami de soutien de la part du monde entier.
15:53Merci beaucoup à tous les deux. François Martienot, vous êtes directeur général de Duralex.
15:58François Bonneau, président de la région Centre-Val-de-Loire. Et tout de suite,
16:01nous allons faire un focus sur le secteur agroalimentaire, une des forces de la région.
16:05Merci.
16:05Et je suis ravie de retrouver à nouveau François Bonneau, président de la région Centre-Val-de-Loire.
16:14Merci beaucoup d'être avec nous, accompagné de Vincent Raoul, directeur financier de la
16:18laiterie de Saint-Denis de L'Hôtel. Merci d'être avec nous pour ce focus sur
16:22l'agroalimentaire. Est-ce que vous pouvez tout d'abord nous donner, François Bonneau,
16:26nous dire quelles sont les forces industrielles présentes sur le territoire?
16:32Oui, l'industrie agroalimentaire qui était historiquement moins développée en Centre-Val-de-Loire
16:38qu'elle ne l'était dans d'autres régions parce qu'on avait des ressources naturelles qui
16:42s'exportaient assez facilement. Je pense aux céréales, notamment nos céréales de
16:46Beauce ou de Champagne-Béry-Chône. Cette industrie agroalimentaire a, depuis
16:53décennies, pris véritablement un nouvel essor, un nouvel essor. Aujourd'hui, c'est un nombre
17:00important d'entreprises, 340 établissements de notre région qui travaillent dans le secteur
17:04de l'industrie agroalimentaire. Aujourd'hui, ce sont près de 15 000 salariés qui travaillent
17:10dans ce secteur. Et donc, progressivement, l'industrie agroalimentaire est en train de
17:15prendre, de reprendre une part. Mais elle y parvient, cette industrie agroalimentaire,
17:20grâce à ses entreprises, bien évidemment. Et elle y parvient parce qu'elle joue un coup d'avance,
17:26si vous le permettez. Elle fait le pari de l'innovation, de l'innovation produit,
17:31de l'innovation process, de l'innovation sociale et sociétale. Vous aurez l'occasion d'en parler.
17:36Et on a, par exemple, je parlais de l'innovation. On a, par exemple, aujourd'hui, des entreprises
17:44qui, dans notre région, se développent autour de la production de protéines végétales.
17:52Hier, on allait chercher ces protéines à l'autre bout du monde. Aujourd'hui,
17:55elles sont essentielles pour l'alimentation animale, pour l'alimentation humaine.
17:59Eh bien, on a des entreprises qui mettent en place et c'est remarquable à l'échelle
18:04internationale, qui mettent en place des systèmes qui permettent cette évolution.
18:08Et puis, elle se développe aussi parce que le consommateur aujourd'hui est souvent
18:14attentif à un produit de grande qualité, à un produit qui a une identité, un produit
18:19qui a une âme. Il n'a pas envie de consommer la même chose que ce qu'il consommerait partout
18:23dans le monde. Eh bien, les entreprises et productions agroalimentaires s'appuient
18:28beaucoup sur des productions locales très importantes et avec une valeur ajoutée,
18:33avec une pâte, avec une couleur, avec un parfum, une odeur qui sont véritablement
18:38la marque d'une entreprise. Et ça, c'est très important d'aller chercher ce marché-là,
18:42cette clientèle-là qui ne veut pas finalement vivre dans un monde complètement aseptisé,
18:47mais qui a envie de produits qui soient aux couleurs d'un territoire.
18:50Au sein de la région, le secteur agroalimentaire,
18:53ça représente quoi par rapport aux autres forces industrielles qu'il y a?
18:57Ce n'est pas dans les tout premiers secteurs, puisque les tout premiers secteurs, on le sait,
19:03c'est les médicaments, c'est la cosmétique, c'est l'aéronautique,
19:07c'est la mécanique, c'est le secteur de l'énergie. On a ici quatre centrales nucléaires
19:12implantées sur la Loire, mais l'agroalimentaire devient vraiment un des tout premiers secteurs.
19:19Et il est intéressant, secteur, parce qu'il donne du territoire une image qui est une image
19:27positive. Je vous assure que lorsqu'on a de belles productions, de belles productions par
19:32l'industrie agroalimentaire, on a immédiatement une attractivité, notamment en matière de
19:37tourisme, qui se trouve renforcée. Vincent Raoul, merci d'être avec nous.
19:41Donc, LSDH, laiterie de Saint-Denis de Lautel, c'est une entreprise basée dans le Loiret.
19:47Depuis sa création en 1909, vous pouvez justement nous expliquer comment est ce qu'elle travaille
19:52avec le territoire pour assurer cette croissance? Oui, bien sûr. LSDH, c'est une entreprise
19:57familiale qui s'est développée depuis plusieurs dizaines d'années autour des
20:01produits alimentaires du quotidien des Français, tels que le lait, le jus et plus récemment les
20:06salades. Et pour pouvoir réaliser cette activité avec ces produits dans lesquels on a à peu près
20:12les deux tiers de leurs valeurs qui sont de l'emballage ou des matières premières et qui
20:16nécessitent une excellence opérationnelle forte au quotidien. Pour pouvoir réussir à se développer,
20:21l'entreprise a choisi un principe simple qui est la différenciation par la diversification et la
20:26valorisation. Et pour pouvoir réaliser ça, il n'y a qu'un principe selon nous qui nous permet
20:31de réussir, c'est le collectif et le collaboratif. Pour pouvoir mettre en oeuvre ce collectif et ce
20:36collaboratif, le lien avec les acteurs du territoire doit se développer et être fort.
20:41Et je vais vous donner trois exemples majeurs de ces liens au niveau du territoire. Le premier,
20:46c'est Lamont Agricole. On a aujourd'hui 1500 producteurs qui nous font confiance depuis des
20:51années. Ces 600 exploitations, c'est à peu près 400 millions de litres de lait qui nous permettent
20:56aujourd'hui de réaliser nos activités de lait de consommation, qui est le produit de l'élevage le
21:02moins valorisé par rapport à d'autres produits que sont la crème et le beurre. Et pour pouvoir
21:06réaliser ça, on a mis en place avec nos clients distributeurs des contrats tripartites qui
21:12permettent aux éleveurs d'avoir un juste prix, une juste rémunération de leur travail et surtout
21:17une visibilité dans la durée, pas soumis aux cours mondiaux tels que peuvent l'être d'autres
21:22acteurs de l'industrie agroalimentaire. Et puis, on a également participé à des démarches la plus
21:28connue étant C'est qui le patron avec sa brique bleue qui permet de justement rémunérer les
21:33producteurs de leurs activités. Un autre acteur emblématique de la région, c'est la société PDG
21:40plastique à Malsherbe, avec lequel nous travaillons depuis plusieurs dizaines d'années et qui est notre
21:46fournisseur de préforme pour nos bouteilles plastiques et avec lequel on a développé une
21:50innovation sur le lait de consommation aussi, c'est la bouteille en PET opaque qui n'existait pas
21:55dans les rayons et qui amène aux consommateurs non seulement une qualité pour le produit, pour sa
22:01conservation, mais surtout une praticité au quotidien avec une bouteille qu'il peut coucher dans son
22:05frigo et qui peut le réutiliser, ce qui n'est pas le cas de toutes les bouteilles de lait. Et puis
22:09enfin, les liens forts, c'est les relations avec les collectivités territoriales et puis également
22:14les représentants de l'État en région sans lesquels on ne pourrait pas exercer nos activités et puis
22:19qui assurent également une part du financement de l'innovation, c'est ce qu'on a pu faire avec la
22:23région et puis le développement de ces filières qui vont avec le développement des filières
22:28matières premières importantes dans le cadre de nos métiers. Vous nous avez donné quelques éléments
22:33de réponse avec ces exemples, mais quels sont les défis que la filière agroalimentaire doit
22:39faire face pour assurer sa compétitivité ? Alors les enjeux de compétitivité effectivement sont
22:45importants dans notre filière. Le premier enjeu, je l'ai déjà dit tout à l'heure, c'est la filière,
22:50la filière amont. Si on n'a pas des filières amonts fortes en France et a fortiori dans nos régions,
22:55ce sont des produits et des matières premières qui ne pourront pas être transformés dans nos sites
23:00industriels et on croit fermement chez lsdh que les industries agroalimentaires françaises doivent
23:06nourrir la population française et ça c'est fort et j'y reviendrai juste après. L'autre enjeu, c'est
23:12les hommes et les femmes de l'entreprise. Les hommes et les femmes de l'entreprise, il faut qu'ils soient
23:16formés régulièrement tout au long de la vie. Nous avons des outils industriels qui évoluent, qui ont
23:22beaucoup de technologies embarquées et on doit accompagner nos équipes sur la formation et ça
23:27c'est un deuxième enjeu clé. Après dans les contraintes, on en a une qui est forte mais qui est
23:31absolument nécessaire, c'est la transition écologique. La transition, on parle bien d'une transition et non
23:37pas d'une contrainte forte et il faut que nos politiques, dans leurs décisions, favorisent
23:42finalement l'accompagnement des entreprises pour assumer cette transition et c'est à deux
23:49conditions. La première, c'est que des décisions de court terme n'impactent pas négativement les
23:53entreprises du long terme. On parle aujourd'hui de la suppression des aides à l'apprentissage
23:59dans le cadre de la loi de finances. Alors certes, une mesure qui aura des économies à court terme
24:04mais qui handicapera les entreprises face à l'enjeu clé que sont les ressources humaines dans
24:08l'entreprise. Et la meilleure façon d'intégrer nos jeunes de l'enseignement, c'est de les avoir
24:13dans nos entreprises dès leur formation. Et puis la deuxième, sur la transition écologique, c'est
24:19aussi que les entreprises qui s'engagent dans la transition ne peuvent pas avoir un manque de
24:23compétitivité grâce à cet engagement et on le voit sur l'énergie. Beaucoup d'entreprises ont fait
24:28le pari de l'énergie verte et aujourd'hui les énergies vertes sont beaucoup plus chères que
24:32les énergies fossiles. Si on devait conclure sur l'enjeu de demain, c'est de faire que nos
24:38territoires soient forts pour accompagner les entreprises industrielles dans le cadre de leur
24:43développement, que l'on ait encore des entreprises industrielles dans nos territoires, puisqu'il ne
24:47faut pas oublier que c'est ces entreprises qui, grâce aux cotisations qu'elles versent, l'emploi
24:52qu'elles ont, financent le modèle social français et puis qu'elles versent également des impôts aux
24:57collectivités qui permet le financement de nos infrastructures et de nos routes nécessaires à
25:00l'activité de chacun. François Bruneau, c'est vrai que tout a été dit, comment est-ce que la région
25:08peut justement accompagner cette transition du secteur ? A l'évidence en favorisant le réseau de
25:18ces entreprises. On a dans cette région Saint-Michel, c'est à Comtre, c'est en 41, on a Nauvandy, c'est
25:27dans l'Eure-et-Loire, on a Monin dans le Berry, on a dans le Loirais et dans l'Indre, la laiterie de
25:34Saint-Denis-l'Hôtel qui a une double implantation. Mettre en réseau, ça veut dire quoi ? Ça veut dire
25:39que lorsqu'on a un sujet, une difficulté, on en a eu une récemment avec Poulain. Poulain, c'est à Blois,
25:44c'est dans le Loir-et-Cher. Le risque était très fort de voir disparaître une marque emblématique au
25:50moment où on veut absolument soutenir le développement et le rayonnement de notre région par
25:54l'agroalimentaire. Et qu'est ce qu'on a fait ? On a cherché des solutions et notamment en s'appuyant sur la
26:01démarche de Saint-Michel. On a aujourd'hui un repreneur pour Poulain. Poulain va vivre. On aura autour de
26:12cette reprise une vraie ambition, une vraie, vraie ambition industrielle. Donc, le réseau, il est très
26:18important parce qu'il conforte et nous voulons soutenir le réseau. Il y a vraiment, et je me permets d'insister là dessus
26:25aussi, l'image de l'industrie, l'image de ces très belles industries. Vous avez des besoins qui s'expriment de
26:33l'opérateur à l'ingénieur, de l'ingénieur à l'opérateur en passant par le technicien. On a des besoins de
26:38compétences et de qualifications. Il faut faire partager aux familles, à nos jeunes, la force, la promesse de ce
26:44secteur industriel pour notre région en termes d'emplois, en termes de ressources. Ce sont souvent des emplois qui sont en
26:51termes de valorisation. Je pense aux techniciens de maintenance, etc. Valoriser à un niveau élevé sur le plan salarial parce
26:56qu'ils sont essentiels et sont difficiles, difficiles à sourcer. Donc, ça, c'est l'élément, le réseau, la qualification et faire
27:04en sorte que ce soit pas des ce soit pas des produits qui apparaissent comme des survivances du passé. Aujourd'hui, tous les
27:11produits dont on parle là sont des produits qui sont très attentifs à la relation territoire. La production est très importante.
27:18Moi, je suis ravi de voir que, par exemple, je vais prendre la moutarde Martin pourré avec tout ce qui est fait sur le vinaigre, etc.
27:28C'est la dernière, la dernière vinaigrerie de l'Orléanais qui a compté plus de 300 vinaigreries par le passé.
27:34Eh bien, elle, elle, elle redémarre cette vinaigrerie. Elle redémarre comment? Elle redémarre avec le vinaigre, la moutarde et la moutarde.
27:42Au lieu d'aller chercher très, très loin avec des problèmes de pollution, etc. Il y a là aussi un accord qui est passé entre les responsables
27:51de cette entreprise Martin pourré, Martin pourré. Vous trouvez la moutarde, le vinaigre sur toutes les grandes tables partout dans le monde
27:57parce que c'est un produit qui est excellent, qui est connu, etc. Ils vont trouver les cultivateurs de Beauce et leur disent si vous faisiez pour nous
28:07de la production de moutarde, de graines de moutarde, on s'engage à vous acheter ces graines de moutarde à tel niveau, etc. Et c'est intéressant.
28:15Pourquoi? Parce que quand vous mettez de la moutarde dans le sol, c'est lorsque exactement dans les mêmes conditions que lorsque vous mettez
28:22les pois dans le sol pour les protéines végétales, pour les protéines végétales. Je vous donnerai un exemple tout à l'heure. Eh bien, vous fixez de l'azote dans le sol.
28:31C'est au lieu d'avoir la production agricole qui produit des gaz à partir de l'azote que vous importez, qui participe à l'effet de serre.
28:39Là, vous captez de l'azote. Donc, c'est un processus éminemment vertueux. Je le disais par rapport aux protéines végétales.
28:45On a dans cette région, on a la fierté d'avoir à Pivore à Pivore. C'est une très belle entreprise qui développe là aussi son marché partout.
28:53Eh bien, à Pivore, c'est de la protéine végétale. Donc, vous le voyez entre cette industrie agroalimentaire qui reprend des couleurs,
29:01qui est un complet développement, qui articule avec le territoire et les enjeux de l'environnement. On a vraiment un couple vertueux.
29:08Et ça, c'est un message qu'il faut envoyer aux jeunes parce que cet investissement dans l'économie, cet investissement dans l'industrie,
29:15il leur est, je crois, extrêmement, extrêmement précieux. Ils sont très intéressés à ça.
29:20On va terminer cette émission sur ce message positif. Merci beaucoup de nous avoir donné ces éléments de contexte sur l'agroalimentaire dans la région Centre-Val-de-Loire.
29:29François Bonneau, président de la région Centre-Val-de-Loire, accompagné de Vincent Raoul, directeur financier de la laiterie de Saint-Denis, de l'hôtel.
29:36Merci à vous tous et toutes de nous avoir suivis. C'était Smart Industries.

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