• il y a 16 heures
Avec Sophie AUDUGÉ

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##BRIGITTE_LAHAIE-2024-10-23##
Transcription
00:00C'est Olivier qui est avec nous maintenant, bonjour Olivier.
00:03Bonjour.
00:04Merci d'être avec nous.
00:06Bonjour Sophie, bonjour Brigitte.
00:08Merci pour vos émissions.
00:10Je vous en prie.
00:12Vous êtes enseignant et vous avez un fils qui a 19 ans maintenant.
00:16C'est ça.
00:18J'aimerais mettre l'éclairage sur quelque chose,
00:24c'est l'intimité des adolescents,
00:27parce que je les pratique au quotidien,
00:30et j'aimerais dire que même s'ils ont une apparence solide,
00:34c'est-à-dire une apparence aussi d'ayant compris
00:38que ce soit un cours ou que ce soit une intervention,
00:41à l'intérieur ils restent très fragiles et très vulnérables,
00:46et que même si on aborde l'éducation,
00:49l'éducation sexuelle,
00:53d'une manière que ce soit,
00:55de n'importe quelle manière,
00:57ça touche l'intimité,
00:59et on ne sait pas, nous autres adultes,
01:01comment ça va être reçu.
01:03C'est-à-dire qu'il peut y avoir un boomerang quelques années après,
01:06et j'aimerais témoigner sur ce qui m'est arrivé moi quand j'étais ado.
01:10Allez-y, oui, justement ça.
01:12Quand j'étais ado,
01:14donc moi je suis né en 71.
01:17Vous saviez quel âge, parce qu'ado c'est...
01:20Alors quand j'avais, on va dire quand j'avais...
01:23A peu près.
01:2413-14 ans, il y a eu l'épidémie de sida dans le monde,
01:28et c'était le préservatif pour tout le monde.
01:32Mais on a eu, nous, une approche,
01:36enfin on nous a donné une approche,
01:38comme le rapport sexuel étant dangereux.
01:42Donc dangereux parce que ça peut transmettre des maladies,
01:45dangereux parce qu'on peut mettre une fille enceinte,
01:52et dans tous les cas c'est quand même dangereux.
01:54Donc nous on était là pétrifiés avec ça,
01:57parce qu'on se posait des questions en tant que garçon évidemment,
02:00et on avait ce côté danger avant tout en fait.
02:04Et donc il y a eu les phallus en plastique,
02:07avec une dame qui nous montre comment on met un préservatif.
02:10Moi sur le coup j'ai très bien pris ça,
02:13j'ai pris mes cours, disons que c'était des interventions.
02:17Mais quand j'ai eu mon premier rapport sexuel,
02:20aïe aïe aïe, je me suis senti coupable.
02:25Coupable c'est-à-dire que je fais quelque chose de potentiellement ultra dangereux.
02:31Donc moi c'est quelques années après que ça m'a bloqué,
02:37que ça m'a un petit peu chamboulé ça,
02:39et finalement je ne m'en suis jamais défait.
02:42C'est-à-dire que j'ai toujours ça en moi,
02:44j'ai toujours ce côté, il ne faut pas le faire un cas même,
02:50ce n'est pas nécessaire.
02:52C'est important votre témoignage,
02:55je vais ajouter quelque chose que je ne cesse de répéter,
02:58notre sexualité en tant qu'être humain,
03:00elle se construit de manière très cognitive.
03:03Et donc tout ce qu'on va entendre, tout ce qu'on va voir,
03:07tout ce qu'on va traverser,
03:08va faire que notre sexualité elle va aller dans un sens ou dans un autre.
03:13Merci de ce témoignage, parce que oui,
03:17elle a toute la difficulté.
03:19Une éducation à la sexualité qui serait trop...
03:23qui montrerait trop les dangers de la sexualité,
03:26ce n'est pas terrible.
03:27Une éducation à la sexualité qui serait trop libertaire,
03:31ça ne serait pas bon non plus.
03:33Alors qu'est-ce qu'on fait ?
03:35Merci beaucoup pour ce témoignage.
03:37C'est vrai que c'est...
03:39Alors on évoque ce qu'évoquait Olivier,
03:44c'est Olivier à l'antenne effectivement.
03:47On l'évoque pas mal dans le livre sur la partie adolescente
03:49pour une raison simple,
03:50c'est que Nicolas Théat était en première ligne dans cette époque-là,
03:56c'est-à-dire ce qu'on a appelé le choc sida,
03:58où effectivement le choc était tellement terrible
04:03qu'en fait on a introduit cette obligation d'éducation à la sexualité
04:08avec un tout hygiéniste.
04:10C'est-à-dire en gros le message c'était
04:11tu peux faire n'importe quoi mais fais le protéger.
04:13Et ça a produit effectivement parfaitement ce que décrit Olivier.
04:20Et ce que rappelait,
04:22et ce sur quoi on a travaillé avec Nicolas Théat,
04:24c'était de dire en fait,
04:26il faut revenir à pourquoi je fais cet acte d'amour,
04:29pourquoi je fais cet acte sexuel.
04:31C'est-à-dire pas au comment,
04:33ne pas avoir une obsession du comment hygiéniste,
04:35mais du pourquoi.
04:36Et je pense que c'est tout le travail qu'on doit faire avec des adolescents,
04:40et c'est pour ça qu'on explique aussi
04:42cette à la fois altérité et cette différence des sexes,
04:49c'est-à-dire les attentes des garçons et les attentes des filles,
04:51en tous les cas quand ils sont des adolescents,
04:53ne sont pas les mêmes.
04:54Je me permets justement de lire un extrait de ce livre
04:58que je trouve très intéressant justement,
05:00à partir de 15 ans,
05:02réfléchir sur les cinq modes d'entrée dans une relation
05:04et l'impact sur soi,
05:06et donc vous citez la pulsion sexuelle,
05:08l'attirance sexuelle,
05:10le sentiment amoureux,
05:12la passion amoureuse et l'amour.
05:14Et on voit bien que la première relation sexuelle,
05:17elle n'est pas forcément d'amour,
05:19elle est parfois de pulsion,
05:21et puis parfois elle est de passion amoureuse.
05:23Et ça c'est important aussi,
05:25parce qu'on imagine bien,
05:27Olivier, votre première fois,
05:29malgré tout, c'était quoi ?
05:31Alors moi c'était très passionnel,
05:36j'étais une jeune fille,
05:38j'ai perdu mon amour, elle aussi,
05:40et on a fait chacun notre première fois en même temps.
05:44Donc c'était impossible d'introduire
05:49à quoi que ce soit de plastique,
05:51c'était tellement déjà compliqué,
05:55ça a été vraiment un moment très compliqué,
05:59qu'on a préparé ensemble,
06:01est-ce qu'on va le faire ?
06:03Oui, non, etc.
06:05Mais au moment de faire l'amour,
06:09c'était impossible de mettre ça.
06:12De mettre le préservatif, vous voulez dire ?
06:14Déjà moi j'avais jamais vu un corps de fille,
06:16elles ne l'ont plus, un corps de garçon,
06:18donc ça aurait été un drame.
06:20Est-ce que vous pensez, Olivier,
06:22que sans l'obligation du préservatif
06:26qui vous avait été largement dictée,
06:30vous auriez eu une meilleure première fois ?
06:35Oui, parce qu'il y avait quand même ce côté,
06:38comme je ne le mets pas, le préservatif,
06:40pour des raisons émotionnelles,
06:43des raisons d'intimité énormes.
06:45Oui, j'entends, j'entends.
06:47En plus, la première fois,
06:50ça peut être catastrophique, etc.
06:54Et c'était ultra dangereux.
06:57Alors elle, elle prenait la pilule,
06:59donc on n'avait pas le côté...
07:01Oui, parce que c'était votre première fois tous les deux,
07:03il n'y avait aucune raison de mettre un préservatif, en fait.
07:05Oui, mais alors, attention,
07:07parce qu'il y avait le discours de l'époque,
07:09c'était tout le monde à mes poings.
07:11Je sais, je sais.
07:13J'avais eu une discussion avec mes parents,
07:16parce qu'on leur redisait,
07:18on nous a dit au collège
07:20que tout le monde devait mettre un préservatif,
07:22tout le monde,
07:24parce qu'il fallait enrayer l'épidémie.
07:26Et là, je leur demande,
07:28est-ce que vous, vous le mettez ?
07:30Et alors, ils me disent,
07:32ah ben non, non, non,
07:34je dis comment ça, vous ne le mettez pas.
07:36Donc là, je ne comprenais rien.
07:38Il y a des adultes qui se permettent de ne pas le mettre,
07:40parce que ce n'est pas pareil, ou je ne sais quoi.
07:42Et on va demander aux enfants,
07:44aux jeunes ados, on va dire,
07:46c'est leur première fois,
07:48d'assumer quelque chose de mondial.
07:50C'était vraiment dramatique.
07:52Il est formidable, votre témoignage,
07:54parce que ça montre bien
07:56que l'information qu'on vous a donnée,
07:58elle se voulait bonne,
08:00mais visiblement, elle n'a pas dû être
08:02très, très, très explicite,
08:04parce que vous n'avez rien compris.
08:06Vous n'avez pas l'air totalement idiot,
08:08donc je pense que c'est...
08:10Non, mais j'avais 13-14 ans.
08:12Non, mais ça prouve quand même
08:14que vous pouviez parler de tout avec vos parents.
08:16Je trouve que c'est un beau témoignage aussi,
08:18de ce point de vue-là, parce qu'on a tendance à faire croire
08:20qu'on ne peut parler de rien avec les parents, etc.
08:22Non, on peut parler, bien sûr.
08:24On est avec votre génération, qui est exactement la même,
08:26puisqu'on doit avoir quelques mois d'écart.
08:28Et effectivement, si vous pouviez parler
08:30à vos parents à ce point-là, en leur disant
08:32ce que vous, vous les mettez, ou vous en mettez ou pas,
08:34et qu'ils vous répondent ben non,
08:36ça prouve que quand même,
08:38sans rentrer dans la sexualité des uns et des autres,
08:40ce qui est la frontière
08:42de l'intime, de la sexualité des parents
08:44vs. la sexualité de l'enfant,
08:46donc sans rentrer dans vos sexualités
08:48à chacun, vous aviez
08:50pu parler de sujets importants
08:52sans tabou,
08:54et je trouve que c'est aussi, de ce point de vue-là,
08:56un témoignage qui a été intéressant aussi.
08:58Il faut dire que la discussion avait été houleuse,
09:00parce que mes parents avaient été choqués
09:02que j'ose...
09:04De leur demander s'ils mettaient un préservatif.
09:06Voilà, c'était un peu...
09:08Et ils ne vous ont pas répondu pourquoi ils n'en mettaient pas.
09:10Non, si,
09:12mais ils m'ont dit non,
09:14mais nous ce n'est pas pareil, on est mariés depuis longtemps,
09:16etc.
09:18Oui, mais ce n'est pas une réponse
09:20claire.
09:22Non, ce n'est pas clair, parce que bon...
09:24Ça n'a pas dû vous aider beaucoup ?
09:26Non, ça ne m'a pas aidé, parce que bon,
09:28je savais ce que c'était que des
09:30aventures extra-conjugales,
09:32etc. à l'époque,
09:34je ne doute pas de mes parents, mais ce n'est pas ça,
09:36c'était le fait de me répondre à ça,
09:38ça nous remettait, nous autres
09:40ados, encore plus la pression
09:42de résoudre un problème
09:44qui n'est pas le nôtre.
09:46Voilà, c'était ça l'histoire.
09:48Oui,
09:50ça montre bien que
09:52la difficulté, moi,
09:54je suis persuadée que c'est
09:56pratiquement impossible
09:58que quelqu'un puisse
10:00donner une explication
10:02claire et positive
10:04à l'éducation sexuelle
10:06dans une classe, parce que forcément
10:08chaque enfant va
10:10interpréter différemment,
10:12donc c'est pour ça que c'était un sujet
10:14très complexe.
10:16Oui, c'est un sujet très complexe, et comme le disait
10:18très bien Olivier aussi, c'est un sujet intime.
10:20Et donc,
10:22voilà, l'adolescent
10:24qui était Olivier n'est pas le même que
10:26un camarade de classe d'Olivier
10:28qui avait peut-être une autre
10:30sensibilité,
10:32qui avait une intimité différente,
10:34et dans un groupe classe, on parle
10:36à tout le monde, donc c'est important
10:38effectivement de pouvoir à la fois rappeler
10:40des informations essentielles
10:42et puis aussi parler de la relation. Je crois qu'Olivier
10:44l'a très bien dit, on ne parlait pas de la relation.
10:46Et on voit
10:48aujourd'hui, et c'est ce qu'on essaye d'expliquer dans le livre
10:50par rapport aux adolescents, c'est-à-dire qu'il y a d'un côté
10:52des garçons,
10:54ce qui est assez surprenant
10:56par rapport à la génération qui est celle d'Olivier
10:58et même, je pense,
11:00la vôtre, Brigitte, c'est-à-dire qu'on a
11:02pensé qu'on allait
11:04évoluer et en fait on se rend compte
11:06qu'on donne des
11:08obligations de performances
11:10encore plus fortes sur les jeunes d'aujourd'hui
11:12et les filles ont des obligations
11:14de performances physiques encore plus fortes aujourd'hui aussi.
11:16Finalement, on a une santé mentale des jeunes
11:18qui est catastrophique, avec un taux de dépression
11:20et d'autant d'effets. On en parle
11:22après les infos, vous pouvez vous aussi
11:24réagir, on se retrouve tout de suite.

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