Dans son édito du 22/10/2024, Mathieu Bock-Côté revient sur la promotion du livre de Jordan Bardella.
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00:00Alors, on va commencer avec vous, Mathieu.
00:04C'est une histoire qui prend forme sous nos yeux,
00:07celle de la censure programmée du livre de Jordane Bardella.
00:13Depuis l'annonce de sa parution et celle de la campagne de publicité
00:17qui l'accompagne, notamment à la SNCF,
00:19les syndicats de cette dernière n'en finissent plus de dire leur malaise
00:24et se demandent comment ils pourraient l'entraver.
00:27Le livre du chef du Premier parti de France censuré,
00:30c'est le sujet de votre premier édito.
00:32Parce que c'est une histoire qui s'étale sur quelques mois
00:35et qui culmine aujourd'hui.
00:37Alors, on s'en souvient, il y a quelques mois,
00:39il y avait une polémique autour du fait que Jordane Bardella,
00:41on savait qu'il voulait écrire un livre,
00:43on se demandait la rumeur qu'il y aurait,
00:45comme quoi un journaliste, il se serait associé de près, de loin,
00:48de quelle manière, on ne savait pas,
00:50avec un journaliste, Jean-François Aquilie,
00:52qui aurait, lui touchant à Jordane Bardella,
00:56acceptant la possibilité, peut-être, éventuelle, hypothétique,
01:00de travailler avec lui sur ce livre,
01:02eh bien, aurait touché la bête immonde
01:04et se serait contaminé à l'instant.
01:07On ne savait pas, à l'époque,
01:08s'il s'agissait simplement de relire le livre,
01:10s'il s'agissait de faire un livre d'entretien,
01:12comme il y a tant de livres d'entretien
01:14entre des journalistes et des politiques,
01:16s'il s'agissait de prendre la plume pour lui,
01:18nul besoin d'en savoir davantage,
01:20le simple contact entre les deux hommes
01:22faisait d'Aquilie un coupable.
01:24On sait le mauvais sort qui lui a été réservé.
01:27Ensuite, la question du livre a disparu un peu.
01:29On s'est dit, il n'y aura pas de livre, finalement.
01:31Et là, tout récemment, le livre revient dans l'actualité.
01:34Nous savons qu'il paraîtra.
01:36Nous savons qu'il paraîtra en novembre.
01:38Le titre annoncé, c'est Ce que je cherche.
01:40Et Jordane Bardella propose un récit autobiographique
01:43où il va raconter ça, à la fois sa vie
01:45et nous présenter sa vision de la France.
01:48J'ajoute, et ce n'est pas un détail ici,
01:50qu'il sera porté par un éditeur de qualité.
01:52Je crois que c'est Fayard, si je ne me trompe pas.
01:54Donc, un éditeur, une belle maison,
01:56qui est prestigieuse, une maison qui est reconnue
01:58pour la qualité de son travail depuis plusieurs décennies.
02:00Et ça compte.
02:02Donc, pas chez un éditeur marginal, périphérique,
02:04oublié, dont on ne trouve les livres
02:06que dans les librairies les plus égarées.
02:08Non, non, non.
02:10Il y a un éditeur normal qui va diffuser le livre
02:13chez les libraires normaux
02:15et avec une campagne de publicité normale
02:17ou peut-être exceptionnelle.
02:19Et c'est là que le scandale arrive de nouveau.
02:21On apprend, tout récemment,
02:23dans l'humanité, dans Libération,
02:25que Fayard s'est donné les moyens
02:27d'assurer une promotion forte de ce livre
02:29pour en faire un succès commercial.
02:31Ce qui est normal, soit dit en passant,
02:33dans les entreprises privées.
02:35Le souci du profit pour ne pas faire faillite.
02:37On sait qu'au niveau de l'État, ils n'ont pas ce souci-là.
02:39Mais quand on travaille dans un domaine productif,
02:41on a le souci de réussir son coup financièrement.
02:43Alors, qu'est-ce qu'on voit à travers cela?
02:45Le livre, on annonce une campagne de publicité
02:47monstre dans les différentes...
02:49des gares, de RER, de train, de métro,
02:51et ainsi de suite, pour la SNCF,
02:53un peu partout en France.
02:55C'est très important, ainsi de le dire.
02:57Une campagne, elle avait été négociée
02:59de la manière suivante.
03:01Fayard avait, à travers les régies publicitaires,
03:03acheté beaucoup d'espaces publicitaires,
03:05mais sans dire quel serait le contenu de cette publicité.
03:07Et c'est tout à fait légal, soit dit en passant.
03:09Ça fait partie des règles.
03:11C'est conforme à l'État de droit.
03:13L'État de droit commercial, il s'est dit
03:15qu'on n'est pas obligé d'annoncer à l'avance
03:18Et là, scandale, quand on apprend
03:20que ce sera le livre de Bardella
03:22qui sera au coeur de cette publicité.
03:24Évidemment, les syndicats se mobilisent.
03:26Deux d'entre eux, les syndicats de la SNCF.
03:28Le premier, c'est la SNCF,
03:30dont je suis absolument remarquable.
03:32Je le disais alors.
03:34La...
03:36La CGT.
03:38La CGT Cheminot, qui nous dit,
03:40qui envoie un message public.
03:42Je vous demande d'agir.
03:44C'est Thierry Nière,
03:46secrétaire général de la fédération CGT Cheminot.
03:48Je vous demande d'agir
03:50par tous les moyens en votre possession
03:52afin de faire arrêter
03:54cette provocation.
03:56La publication
03:58d'un livre est une provocation
04:00qu'il faut faire cesser
04:02à tout prix et par tous les moyens.
04:04En France, en démocratie.
04:06En France, oui.
04:08Je pense que nos amis de la CGT
04:10ont une conception de la démocratie
04:12quelque peu inspirée de Moscou
04:14en 1952.
04:16Mais quoi qu'il en soit,
04:18d'ailleurs, c'est une autre histoire.
04:20J'allais dire des vacheries.
04:22Mais le point est central.
04:24Donc, on nous dit
04:26tous les moyens nécessaires
04:28en votre possession.
04:30Pas des petits moyens, pas des moyens raisonnables.
04:32Tous les moyens parce que la publication
04:34de ce livre, un,
04:36et la campagne de publicité qui l'accompagnerait, deux,
04:38serait une offense à la démocratie.
04:40D'ailleurs, c'est ce qu'on nous dit toujours chez la CGT.
04:42Le PCF, au nom d'une équation économique
04:44qui a des fins de rentabilité financière,
04:46ne peut pas se soumettre à des milliardaires
04:48tout-puissants qui financent
04:50les idées de haine et de rejet
04:52de l'autre. Et on ajoute
04:54les cheminots ne doivent pas subir cette injure.
04:56Apparemment, les cheminots ont donc un droit
04:58de veto pour savoir, ou du moins ceux qui
05:00prétendent parler en leur nom,
05:02qu'est-ce qui peut paraître et qu'est-ce qui ne peut pas paraître,
05:04de quel livre on peut assurer la promo,
05:06de quel livre on ne doit pas assurer la promo.
05:08Mais ça, c'est la version modérée des censeurs.
05:10Parce qu'il y a plus ambitieux.
05:12Et le plus ambitieux, c'est la fédération
05:14Sud Rail
05:16qui fait un communiqué pour dire à quel point
05:18c'est scandaleux, RN, Bardella,
05:20extrême droite, fascisme, tout ça,
05:22on connaît ça par cœur. Mais je vais vous citer
05:24le tweet et la lettre parce que
05:26ça va encore plus loin.
05:28La fédération Sud Rail a interpellé
05:30le PDG du groupe SNCF
05:32concernant une campagne
05:34massive d'affichage pour le prochain
05:36livre du président du RN.
05:38Jamais nous ne laisserons l'extrême droite
05:40faire campagne dans nos gares.
05:42La direction SNCF
05:44doit intervenir immédiatement.
05:46Alors, il y a plusieurs éléments
05:48qu'on peut décrypter dans ce tweet.
05:50Premier élément, jamais nous ne laisserons faire
05:52nous ne laisserons faire campagne.
05:54Donc, quels moyens seront pris pour empêcher la campagne?
05:56Est-ce qu'on va saboter les publicités?
05:58Est-ce qu'on va empêcher les gens de poser des publicités?
06:00C'est une vraie question. S'ils ne permettent pas
06:02cette publicité qui a été faite dans les règles du droit
06:04et qui, j'insiste,
06:06dans les règles du droit,
06:08donc ils vont prendre des moyens illégaux,
06:10des moyens extrêmes,
06:12des moyens violents,
06:14pour empêcher cette publicité
06:16pourtant signée dans les règles du droit.
06:18Deuxième élément,
06:20c'est encore plus intéressant.
06:22Nos gares, dans nos gares.
06:24J'en comprends que les gares de la SNCF
06:26appartiennent à Sudrail.
06:28Ils n'appartiennent pas aux Français
06:30qui ont financé. Il y en a certains là-dedans
06:32qui votent RN2 ou 3 quand même.
06:34Donc, ils n'appartiennent pas à tous les Français
06:36qui financent le système de transport public.
06:38Ce sont leurs gares.
06:40Le Sudrail a privatisé
06:42les gares de la SNCF.
06:44C'est leur territoire.
06:46C'est eux qui imposent, les militants de Sudrail
06:48qui imposent la loi, qui font régner la loi.
06:50Donc, c'est la loi des milices syndicales
06:52appliquées ici
06:54aux gares de la SNCF.
06:56C'est notre territoire, ce n'est pas le vôtre.
06:58Nous décidons la promotion qu'on peut tolérer
07:00et pas vous. Comprenons ça.
07:02Troisième élément, la direction doit intervenir.
07:04Donc, on en appelle à la discrimination
07:06contre un homme,
07:08contre un éditeur, alors que la SNCF
07:10reconnaît elle-même qu'il n'y a aucune base légale
07:12pour interdire cela. Pour l'instant,
07:14la SNCF et la Régie publicitaire disent
07:16qu'on attend de voir le contenu de la publicité
07:18pour voir s'il n'y aurait pas peut-être moyen
07:20de faire quelque chose. Mais ça, c'est parce qu'on comprend
07:22bien que c'est un malaise. Ils veulent envoyer
07:24le signal qu'ils sont tristes d'assurer cette publicité.
07:26Ils préfèrent ne pas avoir de publicité
07:28qu'avoir la publicité d'un homme si méchant.
07:30Mais quoi qu'il en soit, on aura compris,
07:32censure, censure, censure,
07:34on cherche dans les faits à faire en sorte que le livre de Bardella
07:36ne puisse pas rejoindre son public.
07:38Petite question intermédiaire ?
07:40Est-ce que tout ça n'est pas normal ?
07:42C'est-à-dire que tout le monde
07:44n'est pas appelé justement à être contre
07:46Jordan Bardella, contre le RN,
07:48contre tout ce qui est droite nationale
07:50lorsqu'on a vu ce qui s'est passé
07:52dans notre détour des législatives ?
07:54C'est-à-dire que le monde entier
07:56s'est réveillé et s'est révélé.
07:58Mais c'est tout à fait normal.
08:00Normal au sens de la situation telle que nous la connaissons.
08:02On est habitués.
08:04C'est la censure, c'est la persécution politique,
08:06éditoriale, idéologique.
08:08Une fois que c'est dit, ce n'est pas normal
08:10si on se réfère à ce mot bizarre, la démocratie.
08:14L'histoire nous éclairera peut-être,
08:16mon cher Mathieu Bocoté.
08:18Est-ce la première fois
08:20que les dirigeants du RN
08:22et du Front National
08:24sont ainsi bloqués ou censurés
08:26au moment de publier un livre ?
08:28Justement, c'est un détour historique intéressant.
08:30Je laisse de côté les années 50, 60, 70
08:32où la liberté éditoriale
08:34et télévisuelle était immense.
08:36Je vous invite, si vous avez du temps,
08:38à aller regarder les émissions de Bernard Pivot
08:40qui traînent encore sur le web
08:42ou les entretiens de Jacques Chancel.
08:44Regardez les personnalités qu'il invitait.
08:46Je ne me permets même pas de les nommer
08:48parce que je ne veux pas faire scandale,
08:50mais regardez l'espace intellectuel
08:52disponible à l'époque des gens qu'on peut condamner
08:55donc il y avait une liberté éditoriale immense,
08:57inimaginable pour les temps présents.
08:59Contentons-nous des années 80
09:01lorsqu'apparaît justement le Front National
09:03et plus tard le RN.
09:05Il y a à l'époque un club,
09:07un think-tank,
09:09qui exerce une véritable influence
09:11à la fois sur la droite classique et sur la droite nationale.
09:13C'est ce qu'on appelle le club de l'horloge
09:15qui va plus tard dériver,
09:17mais qui à l'époque a une véritable influence.
09:19Ses principaux intellectuels, à l'époque,
09:21publiaient leurs livres.
09:23C'était le Front National,
09:25mais nous savions qu'il n'en était pas loin.
09:27Leurs principaux intellectuels à l'époque
09:29publiaient leurs livres chez Albain Michel.
09:31Une maison reconnue, une maison de grand public.
09:33Je pense à Jean-Yves Le Gallou
09:35dans La Préférence Nationale,
09:37Yvan Blot, Les Racines de la Liberté,
09:39un intellectuel de la Nouvelle Droite,
09:41Alain de Benoît, une autre tendance,
09:43qui publie Europe, Tiers-Monde, Même Combat,
09:45Robert Lafond, 1986.
09:47Les intellectuels qui, à l'époque,
09:49sont assimilés par la gauche à l'extrême droite
09:51n'ont plus accès, néanmoins,
09:53au système éditorial mainstream.
09:55À partir de la fin des années 80,
09:57et si vous parlez à ces gens-là,
09:59si vous les croisez, vous leur posez la question,
10:01ils reconnaissent qu'il y a un basculement.
10:03Le cordon sanitaire se déploie
10:05et il se déploie aussi dans le milieu éditorial.
10:07Et dès lors, toute figure associée,
10:09de près ou de loin, à la droite nationale,
10:11et plus encore si elle est rejointe,
10:13à l'époque, le Front National,
10:15est condamnée aux maisons d'édition périphériques,
10:17aux maisons d'édition marginales.
10:19Ils n'ont plus accès, en fait,
10:21aux maisons grand public
10:23qui permettent de rejoindre autre chose que ces militants.
10:25Je vais vous donner quelques exemples.
10:27En France, en démocratie.
10:29Ah oui, toujours, toujours.
10:31Vous avez tout à fait raison de le rappeler.
10:33Marine Le Pen, 2006,
10:35publie un livre autobiographique à contreflot.
10:37Elle est obligée, dis-je, de le publier
10:39chez Grancher, qui est une maison tout à fait honorable,
10:41je devine, mais marginale,
10:43une maison qui n'est pas normalement destinée
10:45à accueillir des livres politiques de cette ampleur.
10:47Donc une maison tout à fait marginale
10:49pour une figure politique pourtant en émergence à ce moment-là.
10:51Voudrait-elle pénétrer le système éditorial?
10:53On dit non, on ne touche pas à ça.
10:55Si on vous publiait, il y aurait une fuite de nos auteurs.
10:572018-2019.
10:59Jean-Marie Le Pen publie ses mémoires.
11:01C'est des mémoires qui sont...
11:03C'est un document important.
11:05On peut détester complètement Jean-Marie Le Pen,
11:07mais on constate que ses mémoires
11:09sont très importantes dans l'histoire
11:11du XXe siècle politique français.
11:13Eh bien, qu'est-ce qu'on voit?
11:15Le problème, c'est qu'il ne trouvera pas d'éditeur.
11:17Il va finalement se replier chez Muller,
11:19qui est une maison d'édition catholique
11:21traditionnaliste pour l'essentiel.
11:23Ça va être un succès éditorial, soit dit en passant.
11:25Vous en connaissez, vous, normalement,
11:27des gens qui se privent d'un succès éditorial
11:29dans un marché aussi compliqué que le livre aujourd'hui?
11:31Bien, on se prive d'un tel succès
11:33quand on sait que la campagne,
11:35la cabale idéologique qu'on reçoit va être telle
11:37qu'on va subir... Ça va nous coûter tellement cher
11:39de publier un homme dont tous veulent se détacher
11:41qu'on décide de ne pas le publier.
11:43Parce qu'à ce moment-là,
11:45j'ai eu l'occasion de parler à des éditeurs
11:47de ce milieu que je connais un peu,
11:49les arguments que les gens se donnaient pour se donner
11:51bonne conscience, c'est... Vous savez,
11:53c'est un très mauvais livre.
11:55Si c'était un gros livre, on l'aurait publié.
11:57Mais c'est un très mauvais livre.
11:59Là, on les regarde et on dit, vous voyez,
12:01tous les livres que vous publiez, c'est des livres exceptionnels.
12:03Tous les hommes politiques que vous publiez chez vous,
12:05c'est des livres exceptionnels. Mais lui, tellement mauvais,
12:07out, on n'en veut pas. Alors, on voit,
12:09c'est une logique de censure.
12:11Oui, mais c'est pas un détail.
12:13Alors que, si je peux me permettre,
12:15Mme Sandrine Rousseau est publiée au Seuil,
12:17M. Mélenchon est publié chez Robert Laffont.
12:19Ce n'est pas un détail. C'est pas démodéré non plus.
12:21Éric Zemmour, rappelez-vous, soit dit en passant,
12:23qui a été éjecté de sa maison d'édition
12:25au moment de se lancer en politique.
12:27Sa maison d'édition disait, désolé, désolé,
12:29on ne publie pas de politique,
12:31bien qu'ils avaient déjà publié les politiques.
12:33Donc, une règle nouvelle. La jurisprudence Zemmour,
12:35encore une fois, s'appliquait. On faisait de nouvelles règles
12:37pour cet homme, comme on en a fait, je crois,
12:39dans des instances de contrôle télévisuel.
12:41Mais allons encore un peu plus loin.
12:43Allons encore un peu plus loin.
12:45C'est la question des libraires aussi.
12:47Et moi, je le dis, j'ai tout le respect du monde
12:49pour le métier de libraire. J'aime les libraires.
12:51Mais je constate que, lorsque vous entrez dans une librairie,
12:53normalement, vous constatez que le pôle
12:55de diffusion éditoriale, le pôle des livres,
12:57penche un peu à gauche de la France insoumise.
12:59Donc, globalement, les livres qui sont proposés,
13:01c'est vraiment le pré-chi, pré-cha
13:03qui sont mis en évidence.
13:05Néo-progressistes, néo-féministes,
13:07néo-antiracistes et tout le tralala.
13:09Et si vous cherchez des auteurs
13:11marqués à droite, entre guillemets,
13:13il se peut que vous trouviez un exemplaire
13:15caché quelque part en dessous
13:17dans une section absolument introuvable,
13:19sauf par le libraire qui sait lui-même où il a caché le livre.
13:21C'est fascinant.
13:23Et quand vous vous présentez en librairie,
13:25l'expérience... Je suis persuadé que plusieurs des gens
13:27qui nous écoutent ce soir, qui nous regardent,
13:29ont eu l'occasion, ils ont voulu acheter un livre,
13:31une fois, d'un homme ou d'une femme politique
13:33ou d'un intellectuel qui n'a pas bonne réputation.
13:35Et là, le libraire regarde en disant
13:37« Ah oui, vraiment, vous voulez acheter... »
13:39Il dit pas comme ça, il est plus poli, mais
13:41« Vous voulez vraiment acheter cet immense crachat ?
13:43Comment osez-vous vous souiller en achetant quelque chose comme ça ? »
13:45Il y a une police idéologique des librairies,
13:47aujourd'hui. On en fait l'expérience
13:49avec quelques désolements.
13:51Ensuite, j'insiste, il y a d'excellents libraires
13:53et j'aime fréquenter ce milieu,
13:55mais je constate qu'il y a une telle orientation idéologique
13:57dans les librairies que plusieurs en sont poussés
13:59à fuir, peut-être, vers la commande en ligne.
14:01Ce n'est pas un détail.
14:03Sandrine Rousseau s'est opposée,
14:05tout récemment, à ce qu'on cherche à censurer des livres.
14:07Elle y avoyait même la marque
14:09de tous les conservatismes.
14:11Dernière question, peut-on s'attendre
14:13à ce qu'elle dénonce les syndicats de la SNCF
14:15pour tentative de censure ?
14:17Je vous semble la gueuse !
14:19Mais oui,
14:21Sandrine Rousseau, si elle est conforme à ce qu'elle dit,
14:23peut-être qu'elle connaîtrait une conversion.
14:25Dans l'histoire du monde, il y en a eu quelques-unes.
14:27Peut-être que Sandrine Rousseau, qui nous disait récemment
14:29que la marque des conservatismes, c'est le retrait des livres des bibliothèques,
14:31c'est le retrait des livres de l'espace public,
14:33ce qui est absolument odieux,
14:35peut-être que Mme Rousseau va dire
14:37« là, soudainement, ce soir,
14:39c'est un appel qu'on peut lancer à Mme Rousseau ».
14:41Elle se prononce pour le droit de Stern et Mouteau
14:43d'assurer la diffusion de leurs livres Transmania
14:45sans se faire agresser
14:47par des antifas à matraque télescopique.
14:49Est-ce que Mme Rousseau peut dire
14:51lorsqu'on cherche à agresser Stern et Mouteau
14:53pour Transmania, c'est mal ?
14:55C'est mal, on ne les agresse pas
14:57et elles ont le droit de faire la promotion de leurs livres
15:00De même, est-ce que Mme Rousseau va nous dire
15:02« le livre de Bardella, ce n'est pas moi,
15:04je n'aime pas le contenu, je le combats
15:06et politiquement, je ferai tout pour l'abattre ».
15:08Mais une fois que c'est dit, il est scandaleux
15:10de chercher à censurer la promotion et la diffusion de ce livre.
15:12Mme Rousseau, c'est un appel démocratique
15:14qui vous laisse dénoncer, je ne doute pas que vous y répondrez.