• il y a 22 heures
Le 14 juillet 2015, à Vienne, Téhéran renonçait au nucléaire militaire après des années de tensions avec la communauté internationale. L'accord, historique, signait le grand retour de l'Iran à la table de l'économie mondialisée.
Depuis, la république islamique a renforcé son statut de puissance régionale, tout en s'aventurant à l'extérieur de ses frontières. Participant directement aux conflits en Syrie, en Irak et au Yémen, renforçant son influence au Liban grâce au Hezbollah, l'Iran sème le doute chez ses alliés comme chez ses opposants : Ali Khamenei, le Guide suprême de la révolution islamique, aurait-il des visées expansionnistes ? Ou cet esprit offensif incarne-t-il un nationalisme plus moderne, visant à garantir la pérennité de son régime ?

Category

Personnes
Transcription
00:00Syrie, Irak, Liban, Yémen, partout l'Iran est à l'offensive.
00:05Partout l'Iran affaiblit ses adversaires et s'impose comme la nouvelle puissance régionale.
00:15Cette présence, nouvelle, de Téhéran à l'extérieur de ses frontières, est-elle le signe d'un expansionnisme ?
00:22D'un impérialisme même ?
00:24Ou l'affirmation d'un nationalisme visant à protéger le pays et garantir la pérennité de son régime ?
00:33Pour lever le voile sur l'histoire de la renaissance de la République islamique,
00:37il faut s'enfoncer dans le chaos des guerres du Moyen-Orient,
00:41tirer les fils du passé et distinguer les permanences et les ruptures.
00:46C'est une histoire bien mystérieuse.
00:49L'histoire d'un pays longtemps isolé et aujourd'hui central mais redouté.
00:54Un pays qui renonce à l'arme nucléaire par le dialogue,
00:57tout en envoyant ses gardiens de la révolution guerroyer partout, au Moyen-Orient.
01:19L'Histoire du Moyen-Orient
01:50Cette histoire débute à Téhéran, le 14 juillet 2015.
01:55Après 12 ans de négociations et de tensions extrêmes,
01:58l'Iran accepte de placer son programme nucléaire sous tutelle.
02:02En échange, il obtient la levée progressive des sanctions qui asphyxiaient son économie.
02:09Pour la grande majorité des Iraniens, cet accord soulève un immense espoir.
02:14Leur pays va enfin entrer dans la mondialisation.
02:19Ce n'est pas la fin de l'espoir sur cette question,
02:23mais nous commençons un nouveau chapitre d'espoir.
02:30La République islamique entend désormais n'être plus perçue comme un état pariah,
02:34mais comme un membre à part entière de la communauté internationale.
02:39Le président de la République
02:47Ce jour marque le triomphe de Mohamed Zarif, son ministre des Affaires étrangères,
02:52et de Hassan Rouhani, le président de la République.
03:09En sortant l'Iran de son isolement, 37 ans après la révolution,
03:14le président Rouhani espère bien renouveler le rapport qu'entretient son pays avec le reste du monde.
03:24Le président Rouhani a fait un excellent travail en négociant cet accord,
03:29mais la décision ne vient pas de lui, elle vient du guide suprême.
03:33C'est le guide qui est arrivé à la conclusion que cette crise devait finir par être réglée.
03:45Depuis la révolution de 1979 et l'avènement de la République islamique,
03:50c'est le guide suprême, nommé Avi, qui est le maître du système.
03:56Le régime est une théocratie chiite.
03:59La légitimité religieuse l'emporte sur la légitimité populaire du président de la République, élu au suffrage universel.
04:12Depuis la mort de Khomeini en 1989, l'ayatollah Ali Khamenei occupe cette fonction.
04:18C'est donc lui qui a initié la négociation avant même l'élection du président Rouhani.
04:24Le guide suprême a compris que la situation de l'Iran, celle d'avant l'accord sur le nucléaire, n'était plus tenable.
04:33Il y avait 40% d'inflation, au moins 25% de chômage, et ce chiffre montait à 40% chez les jeunes.
04:45La croissance était tombée à moins 7%.
04:49La situation était si sérieuse qu'elle représentait un danger pour la succession du guide.
05:03L'Iran a accepté de participer à ces négociations, d'abord pour sortir de son isolement et renouer avec le monde extérieur.
05:12Les sanctions économiques, notamment celles de l'ONU et l'embargo, ont été un des facteurs qui nous ont poussés à négocier.
05:28Il existe une autre raison pour laquelle le guide a accepté de négocier sur le nucléaire.
05:32C'est le souvenir du mouvement vert de 2009.
05:36Suite à la réélection très contestable de l'ultraconservateur Mahmoud Armaninejad à la présidence de la République en juin 2009,
05:45le peuple exige l'annulation du scrutin. La République islamique vacille.
05:51Mais le guide maintient Armaninejad dans ses fonctions et réprime la contestation avec une violence inouïe.
06:15Ali Khamenei a sans doute sauvé le régime cette année-là, mais à quel prix ?
06:19Il sait désormais qu'il lui faudra lâcher du lest s'il veut le préserver.
06:24Le régime iranien a pris conscience qu'il pouvait être ébranlé quand, en 2009, il a dû faire face aux plus grandes manifestations depuis la révolution de 1979.
06:38Ces événements ont provoqué un grand malaise qui a conduit à un consensus,
06:44une décision commune d'abandonner les provocations de la période Armaninejad
06:50et d'amorcer un rapprochement avec la communauté internationale, et avec les États-Unis en particulier.
07:07Le premier imam
07:25Dans le chiisme, le premier imam, le plus important, c'est l'imam Ali.
07:30Il a eu deux fils, Hassan et Hussein.
07:33Hassan est celui qui incarne la paix, le dialogue.
07:36Hussein incarne, lui, la confrontation, le martyr.
07:40Ces deux écoles de pensée permettent à la République islamique de justifier des politiques différentes.
07:47Le guide a donc utilisé la figure de Hassan, le pacificateur, pour amorcer le dialogue, trouver la voie d'une paix honorable.
07:57Il a appelé cela la flexibilité héroïque,
08:02une rhétorique permettant au système d'accepter un compromis forcément douloureux avec le grand Satan.
08:11C'est donc au nom du concept de flexibilité héroïque
08:15que le guide s'est permis de s'affranchir de l'anti-américanisme viscéral de la République islamique,
08:21grand marqueur idéologique du régime, pour négocier avec les États-Unis.
08:27L'anti-américanisme de la République islamique remonte au premier temps à la révolution,
08:32une révolution qui a été réunie par les États-Unis.
08:36Les États-Unis ont laissé la République islamique en l'air,
08:40et les États-Unis ont laissé la République islamique en l'air.
08:43C'est au nom du concept de flexibilité héroïque
08:47que le guide s'est permis de s'affranchir de l'anti-américanisme viscéral de la République islamique,
08:53grand marqueur idéologique du régime, pour négocier avec les États-Unis.
08:57L'anti-américanisme de la République islamique remonte au premier temps à la révolution.
09:03En novembre 1979, des étudiants iraniens prennent en otage 52 diplomates américains.
09:10Objectif, montrer que le nouvel ordre islamique s'érige d'abord contre l'Occident,
09:16surtout contre l'influence des États-Unis.
09:23L'Occident n'a pas oublié que 26 ans plus tôt, en 1953, la CIA avait organisé un coup d'État.
09:29Il ne faudrait pas que l'histoire se répète.
09:33N'oubliez pas qu'à cette époque, le premier ministre Mossadegh a été renversé par un coup d'État des Américains.
09:41Et la révolution islamique ne s'était pas encore produite.
09:45Les Américains ont donc montré leur hostilité envers notre peuple bien avant la révolution.
09:52Les Américains ont toujours tenté d'affaiblir l'Iran en tant qu'État.
10:04Et cette politique ne changera pas.
10:07Car les États-Unis sont structurellement incapables d'accepter que l'Iran occupe une place importante au Moyen-Orient,
10:14avec une économie forte, exerçant une influence politique et militaire autonome.
10:22Les Iraniens l'ont très bien compris.
10:26Cet anti-américanisme se double d'une opposition implacable à l'État d'Israël.
10:48Pour Téhéran, Tel Aviv est le pion de Washington dans la région.
10:54Et le pourfendeur des droits des Palestiniens.
11:00Sur les synagogues israéliennes, il est marqué « d'une île à l'Euphrate ».
11:06Cela signifie quoi ?
11:09Cela signifie que les Israéliens veulent violer les terres des autres,
11:13et les conquérir par la guerre et l'occupation.
11:17Israël est un pays qui vénère la guerre.
11:21Il est un danger mortel pour tout le monde islamique.
11:25Et donc, l'Iran ne pourra jamais tolérer cela.
11:32Je pense qu'après la révolution, les Iraniens ont vite réalisé que s'ils voulaient avoir une influence et exercer leur pouvoir au Moyen-Orient,
11:41ils devaient être perçus non comme un pouvoir chiite, mais comme un pouvoir islamique.
11:46Et c'est pour cela qu'ils se sont saisis de la cause palestinienne.
11:50Les pays arabes avaient délaissé ce dossier,
11:53et cela a permis à l'Iran de s'affirmer comme un pouvoir musulman, et non comme un pouvoir chiite.
12:00Si on définit les conditions de la sécurité nationale de notre pays,
12:06on considère que le régime sioniste est un régime usurpateur et légitime dans la région.
12:13A ce titre, il est notre plus grande menace régionale.
12:19Et dans le monde, ce sont les Etats-Unis.
12:37Anti-israélisme et anti-américanisme sont donc étroitement liés.
12:41Téhéran n'entretient plus aucune relation officielle avec les deux pays.
12:48Depuis la crise des otages de 1979, l'ambassade américaine est même devenue un musée.
12:55A l'intérieur, tout a été conservé en l'état.
13:01Ultime témoignage des temps héroïques et fondateurs de la république islamique.
13:07Cet anti-américanisme n'empêche pas l'Iran de faire preuve de pragmatisme,
13:12et de négocier avec les Etats-Unis la résolution de la crise du nucléaire.
13:18Le 16 janvier 2016, à Vienne, au siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique,
13:24ce dossier est définitivement réglé.
13:28Désormais, les sanctions économiques qui pesaient sur l'Iran sont officiellement levées.
13:33Pour la première fois depuis la révolution de 1979,
13:37Washington et Téhéran parviennent à résoudre une crise internationale,
13:41par la diplomatie et le dialogue.
13:45L'antagonisme historique entre les deux pays,
13:48l'Islam et l'Amérique du Nord,
13:51est de plus en plus fort.
13:55Je pense que le président Obama et le secrétaire d'Etat Kerry
13:59ont espéré que sur le long terme, le très long terme,
14:03ce processus diplomatique avec l'Iran,
14:06ce dialogue initié entre américains et iraniens,
14:10permettrait une inflexion de la politique étrangère iranienne.
14:14On arrêterait ainsi de passer notre temps à s'opposer à eux.
14:18Dans les déclarations du guide et d'autres dirigeants iraniens,
14:22il y avait cette idée que si l'accord sur le nucléaire s'appliquait correctement,
14:26si tout le monde respectait ses engagements et ses promesses,
14:30alors le résultat serait au rendez-vous.
14:34Et nous pourrions ainsi mener d'autres négociations,
14:38mais ce n'était pas le cas.
14:42L'Iran espère désormais normaliser ses relations avec l'Occident.
14:46Mais le pays va être confronté aux crises syriennes et irakiennes.
14:50Ces deux crises majeures vont lui donner l'occasion
14:54d'utiliser d'autres moyens que la diplomatie.
14:58Le président Obama et le secrétaire d'Etat Kerry
15:02ont d'ailleurs proposé d'améliorer l'équilibre de l'Iran.
15:06L'Iran est le pays le plus proche de l'Occident.
15:10Et l'Iran a d'ailleurs proposé d'utiliser d'autres moyens que la diplomatie
15:14pour redevenir un acteur prédominant au Moyen-Orient.
15:18...
15:22...
15:26...
15:30...
15:34...
15:38Téhéran, cimetière de Besht-e Zahra,
15:42le plus grand cimetière du pays.
15:46L'homme dont la photo orne ce panneau
15:50s'appelle Yadallah Asemzadeh.
15:54Il était officier chez les gardiens de la Révolution.
15:58Il a été tué en septembre 2016, en Syrie.
16:02Le corps des gardiens de la Révolution, créé en 1979,
16:06constitue l'organisation politico-militaire la plus puissante du pays.
16:10C'est la garde prétorienne du régime.
16:14Personne ne sait combien de ses soldats l'Iran a perdu en Syrie.
16:18Très certainement plusieurs centaines.
16:22Dès le début du soulèvement populaire
16:26contre Bachar el-Assad au printemps 2011,
16:30Téhéran se range du côté du régime syrien.
16:34Un régime qu'il a toujours considéré comme un allié historique et stratégique.
16:38...
16:42...
16:46Pour mesurer l'importance de cette relation,
16:50il faut remonter à la guerre Iran-Irak.
16:54En septembre 1980, Saddam Hussein décide d'envahir l'Iran.
16:58Quelques mois après la Révolution,
17:02la toute jeune République islamique est menacée de disparaître.
17:06Dans la mémoire collective des Iraniens,
17:10la Syrie a été le seul pays à nous soutenir pendant la guerre contre l'Irak.
17:14Et ça, nous ne l'avons jamais oublié.
17:24Cette solitude fondamentale des Iraniens
17:28durant la guerre Iran-Irak a eu un impact profond
17:32sur l'évaluation de la menace d'un point de vue stratégique.
17:36Le fait que Saddam Hussein ait utilisé des armes chimiques contre l'Iran
17:40alors que la communauté internationale fermait les yeux
17:44a suscité en Iran un sentiment de paranoïa.
17:48Dès lors, l'Iran ne pouvait plus avoir confiance en personne
17:52et a dû développer ses propres stratégies de défense
17:56pour protéger ses intérêts.
18:00Ce conflit dévastateur,
18:04près de 500 000 victimes du seul côté iranien,
18:08a duré 8 ans.
18:12Véritable traumatisme pour la population,
18:16il a permis à la République islamique de se bâtir une légitimité
18:20en résistant aux assauts de l'armée irakienne.
18:28Aujourd'hui, dans les rues de Téhéran,
18:32des martyrs tombés au front sont là pour rappeler le sacrifice de ces hommes
18:36il y a près de 40 ans.
18:40La culture du martyr est l'un des piliers du chiisme.
18:44Elle renvoie à la mort en martyr de l'imam Hussein,
18:48le fils de l'imam Ali, l'imam le plus important du chiisme.
18:52Le souvenir du martyr de Hussein
18:56est l'une des principales caractéristiques du chiisme.
19:00Dans notre culture,
19:04celui qui perd la vie pour sa patrie et sa religion
19:08obtient une récompense dans ce monde
19:12et une autre dans l'au-delà.
19:16Sa récompense dans ce monde
19:20est qu'il sera considéré comme le symbole du sacrifice.
19:24La récompense dans l'au-delà est qu'il ira au paradis.
19:28Cette guerre contre l'Irak
19:32est aussi une sorte de matrice géostratégique.
19:36C'est l'idée du plus jamais ça qui domine depuis.
19:40Plus jamais de victimes d'armes chimiques,
19:44plus jamais d'aviation ennemie dans le ciel de Téhéran,
19:48plus jamais la moindre portion de territoire
19:52foulée par une armée étrangère.
19:56Dans la mentalité iranienne,
20:00il est très important de déplacer ou d'éloigner
20:04le plus loin possible des frontières
20:08les menaces qui pèsent sur le pays.
20:12Et cela peut mobiliser l'ensemble des forces économiques
20:16et des énergies. L'Iran ne renoncera pas
20:20à cette idée fondamentale avant longtemps.
20:24Afin de compenser la solitude ressentie durant ces années,
20:28l'Iran a adopté deux stratégies de défense asymétriques.
20:32La première, c'est le programme de missiles balistiques
20:36qui est le seul moyen d'atteindre ses ennemis sur leur sol
20:40puisque le pays n'a pas de vraies forces aériennes.
20:44Et la deuxième, c'est une politique que les Iraniens qualifient
20:48de défense de dissuasion, basée sur l'utilisation
20:52des missiles balistiques afin d'éviter toute attaque sur son propre sol.
20:56A cet égard, le Hezbollah est un peu le joyau de la couronne.
21:16L'armée hezbollah est une organisation stratégique iranienne.
21:20Le Hezbollah est un allié stratégique pour l'Iran.
21:32Ce groupe libanais a la même idéologie que nous.
21:36C'est donc naturellement un allié très proche.
21:40Par ailleurs, le Hezbollah est aussi allié de la Syrie.
21:44Il est donc le lien entre nous et la Syrie.
21:58Et comme nous et la Syrie, le Hezbollah est un parti opposé à Israël.
22:10Pour Téhéran, préserver ses liens avec le Hezbollah est donc une nécessité.
22:14Cette organisation politico-militaire libanaise chiite,
22:18qu'il a lui-même créée au début des années 80,
22:22constitue un allié et un outil essentiel dans sa résistance face à Israël.
22:26C'est à travers l'espace syrien que l'Iran lui apporte son aide logistique et stratégique.
22:38Si vous parlez à des responsables iraniens aujourd'hui,
22:42c'est à cause de l'armée hezbollahiste.
22:46C'est à cause de l'armée hezbollahiste.
22:50C'est à cause de l'armée hezbollahiste.
22:54Si vous parlez à des responsables iraniens aujourd'hui,
22:58ils vous diront que si les Israéliens n'ont pas attaqué l'Iran au plus fort de la crise du nucléaire,
23:02c'était par crainte des représailles du Hezbollah,
23:06et non parce qu'ils redoutaient la puissance de l'Iran.
23:10Pour Téhéran, la défense du régime de Damas relève donc de l'intérêt national.
23:14Il ne doit pas tomber.
23:18Dès la fin 2011, la République islamique décide d'envoyer ses conseillers militaires aux côtés du Hezbollah,
23:22pour soutenir Bachar el-Assad, afin d'anéantir la rébellion.
23:34En Iran, c'est une certaine vision du conflit syrien qui se met en place.
23:38Le régime considère que le soulèvement pacifique d'une partie de la population
23:42contre Bachar el-Assad n'a jamais eu lieu.
23:46C'est un complot, une pure fiction inventée par l'Occident et Israël.
23:52De même, les atrocités du régime syrien commises contre sa propre population,
23:56les tortures systématiques,
24:00l'utilisation du viol comme arme de guerre,
24:04les bombardements d'hôpitaux ou d'écoles,
24:08les attaques chimiques, n'ont pas existé non plus.
24:22Pourquoi soutenir Bachar el-Assad ? C'est très clair.
24:26Parce qu'il était et est le président légal de la Syrie.
24:30Donc, nous disons avec fierté et à haute voix que les conseillers militaires de la République islamique d'Iran
24:34ont aidé les militaires syriens, le gouvernement syrien et le peuple syrien,
24:38afin que les terroristes ne puissent pas prendre le pouvoir dans ce pays
24:42et ne remplacent pas le gouvernement légitime de la Syrie.
24:46Et aux yeux des dirigeants iraniens,
24:50le pays qui est derrière ce risque terroriste en Syrie est l'Arabie Saoudite.
24:58Il faut dire qu'à Riyad, les dirigeants saoudiens ont été dès le début de la crise syrienne
25:02favorables à la chute de Bachar el-Assad.
25:06Un moyen pour eux de s'opposer à la montée en puissance de l'Iran dans la région.
25:10Vous pouvez reprendre toutes nos déclarations officielles.
25:14Nous avions très vite compris et avions dit aux Occidentaux
25:18que nous avions identifié les Iraniens
25:22comme les principaux soutiens de Bachar el-Assad.
25:26C'est pourquoi nous avons appelé les Européens,
25:30les Américains et tous les pays occidentaux
25:34à s'opposer à la stratégie iranienne
25:38de prise de contrôle du conflit syrien.
25:44Je suis absolument convaincu
25:48que l'objectif ultime du régime iranien
25:52est tout simplement de conquérir
25:56de nouveaux pays au Moyen-Orient,
26:00de s'étendre territorialement par différents moyens.
26:08Il n'y a donc aucun doute que l'Iran est une force déstabilisatrice
26:12dans la région.
26:16L'Iran n'aide pas sa propre population.
26:20Il n'aide pas les pays voisins.
26:24Il ne respecte aucune norme internationale
26:28ici et dans le reste du monde.
26:32La Syrie devient ainsi le théâtre d'un affrontement radical
26:36entre les deux systèmes de pouvoir de la région,
26:40l'Islamique chiite d'Iran.
26:44Je pense que nous sommes nombreux, Américains et Européens,
26:48à avoir sous-estimé le fait que la Syrie était vraiment une ligne rouge pour l'Iran,
26:52que l'Iran était prêt à prendre des risques
26:56et à mobiliser tous les moyens pour défendre Assad.
27:00C'est pareil pour la Russie.
27:04Pas plus l'Iran que la Russie
27:08n'est pas capable de faire tomber son dirigeant.
27:12Vous savez, la Russie de Poutine, comme l'Iran, sont allergiques à ça.
27:20La Russie interviendra massivement à partir de septembre 2015
27:24aux côtés des Iraniens pour défendre Bachar el-Assad.
27:28Mais pour l'heure, c'est un autre acteur qui fait son apparition.
27:32Le 12 juin 2014, l'État islamique s'empare de Mossoul,
27:36la deuxième ville d'Irak.
27:40Quelques jours plus tard, c'est Raqqa, en Syrie,
27:44qui tombe entre les mains des djihadistes et devient la capitale du califat islamiste.
27:52Pour Téhéran, l'irruption de Daech, ce mouvement terroriste sunnite
27:56qui a fait du chiisme un de ses principaux ennemis,
28:00change radicalement la donne.
28:04Tout en continuant à défendre le régime de Damas,
28:08la République islamique lutte désormais pour sa survie,
28:12aussi bien en Syrie qu'en Irak.
28:26Notre amitié avec l'Irak est précieuse pour nous.
28:30Donc tout naturellement, la sécurité de l'Irak est aussi la nôtre,
28:34et inversement.
28:38Il en va de même pour la Syrie.
28:42Si les Syriens ne résistent pas aux djihadistes chez eux,
28:46ces djihadistes entreront en Irak, et après chez nous,
28:50et se répandront partout dans la région.
28:54C'est donc pour cela que la sécurité du monde islamique
28:58et celle de l'Iran dépend de la sécurité de la Syrie.
29:06Il y a donc un lien direct entre la sécurité nationale de l'Iran
29:10et les principes de la politique étrangère du pays.
29:14Depuis le début de cette crise, nous devons combattre le terrorisme,
29:18car si l'extrémisme se développe dans la région,
29:22c'est l'Iran en tant qu'État et Nation qui sera menacé.
29:26Et aucun compromis n'est possible quand la sécurité nationale est en jeu.
29:38Alors pour défendre ses frontières, l'Iran envoie désormais au grand jour
29:42ses soldats de la force Al-Hodz, l'unité d'élite des gardiens de la révolution,
29:46aussi bien en Syrie qu'en Irak.
29:50Ces photos, prises en Syrie en 2016, sont extrêmement rares.
30:02Ces soldats y sont déployés pour combattre ou encadrer des milices,
30:06comme c'est le cas en Irak, où des dizaines de milices chiites
30:10sont formées et équipées dès l'été 2014 pour lutter contre Daech.
30:14Téhéran entend ainsi être en mesure de maîtriser l'espace irakien,
30:18une entreprise amorcée il y a plusieurs années déjà.
30:26La présence de l'Iran en Irak est bien plus ancienne
30:30que son intervention à Mossoul de l'été 2014.
30:34Elle remonte en fait à l'intervention américaine de 2003,
30:38à la prise de pouvoir par un gouvernement en majorité chiite, soutenu par l'Iran,
30:42et au rôle joué par les milices iraniennes depuis cette date.
30:50La présence de l'Iran était à la fois opportuniste pour étendre son pouvoir,
30:54son influence dans la région, mais aussi défensive.
30:58Parce que tout d'abord, l'Iran ne voulait pas d'un retour au pouvoir
31:02du parti Baas et de la domination sunnite.
31:06Et puis ensuite, il ne voulait pas que les États-Unis se servent de l'Irak
31:10comme d'une rampe de lancement pour l'envahir ou se lancer dans une guerre asymétrique.
31:14Ce qui, à ses yeux, était alors tout à fait possible.
31:22Il y a un homme qui incarne aujourd'hui la présence militaire de l'Iran en Irak et en Syrie.
31:26Un homme devenu un véritable héros national.
31:30C'est le général Hasseim Soleimani, le chef de la force Al-Qods.
31:34Il est partout, à Mossoul, à Alep,
31:38ou à Moscou à l'été 2015, pour finaliser l'intervention russe en Syrie.
31:42Toujours en première ligne.
31:46Désormais, pour la plupart des Iraniens,
31:50les combats menés par Soleimani, les gardiens de la révolution
31:54et les milices chiites sont nécessaires à la défense de la mère patrie.
31:58Il y a bien une dimension nationaliste
32:02et certaines études d'opinion font état d'un soutien grandissant
32:06des Iraniens à la poursuite et même à l'extension
32:10des opérations militaires en Syrie.
32:14Je pense que cela a permis une transformation progressive
32:18du rôle de l'Iran en Syrie en lui donnant une légitimité
32:22du point de vue des Iraniens,
32:26ce qui était inconcevable en 2011.
32:30Pour entretenir cette fièvre nationaliste,
32:34le régime n'hésite pas à glorifier les soldats tués en Syrie ou en Irak.
32:38Ils sont les nouveaux martyrs.
32:46Durant l'été 2017, un jeune gardien de la révolution,
32:50Mohsen Hojaji, devient la nouvelle icône de la république islamique.
32:54Le jeune homme a été tué par un soldat,
32:58décapité par un commando de Daesh.
33:02Pour les Iraniens, sa mort rappelle le sacrifice de l'imam Hussein,
33:06décapité à Kerbala dans l'actuel Irak en 680.
33:10Chaque année, on commémore le sacrifice de Hussein.
33:14C'est le jour de l'Ashoura, un événement fondateur du culte chiite.
33:18Des cérémonies comme celle-ci ont lieu partout en Iran
33:22et dans tout le monde chiite.
33:26...
33:30...
33:34...
33:38...
33:42...
33:46...
33:50...
33:54...
33:58Les rituels symboliques de transe et de flagellation
34:02rappellent la mort du célèbre imam.
34:06Ils exaltent le combat contre l'oppression et l'injustice.
34:10...
34:14Ce qui est arrivé au martyr Hojaji,
34:18c'est un peu l'histoire de l'Ashoura.
34:22Beaucoup d'Iraniens, religieux ou non,
34:26ont fait le lien avec cet épisode religieux
34:30quand ils ont vu la vidéo de la décapitation du martyre Hojaji.
34:34Cela vient d'une racine culturelle
34:38que le pouvoir et le peuple partagent.
34:42Et c'est pour cela que la façon dont Hojaji est dessiné
34:46sur des panneaux que l'on voit dans la ville
34:51...
34:55Fin septembre 2017 à Téhéran,
34:59des dizaines de milliers d'Iraniens assistent au funérail de Mohsen Hojaji.
35:03Des funérailles mises en scène par le régime dans un clip à la gloire du jeune soldat.
35:07Nouveau martyre chiite du combat contre le djihadisme sunnite.
35:11...
35:15...
35:19...
35:23...
35:27...
35:31...
35:35On peut dire que la religion et les préoccupations religieuses
35:39ont été utilisées pour justifier le nombre de soldats
35:43envoyés en Irak et en Syrie.
35:47Je pense que ces conflits,
35:51sans négociations possibles en Syrie et en Irak,
35:55ont poussé l'Iran à agir de plus en plus comme un pouvoir confessionnel
35:59pour mieux mobiliser et élargir ses soutiens dans la région.
36:03Il n'y avait pas d'autre moyen.
36:07Ils ont dû mobiliser des soutiens ailleurs.
36:11Parmi les migrants afghans,
36:15et les chiites pakistanais en Iran.
36:19Pour cela, ils ont dû utiliser le chiisme
36:23et instrumentaliser encore plus la religion.
36:27...
36:31C'est donc grâce à la carte chiite
36:35que Téhéran est parvenu à s'imposer en Syrie et en Irak.
36:39Les gardiens de la révolution ont été l'outil essentiel de cette stratégie.
36:43Et grâce à leur victoire sur le terrain,
36:47ils n'ont sans doute jamais eu autant d'influence dans le jeu politique iranien.
36:51Il faut dire qu'avec l'effondrement annoncé du califat de Daech,
36:55la république islamique est en passe d'établir un corridor territorial continu
36:59avec la Méditerranée, via Bagdad, Damas et Beyrouth.
37:03...
37:07...
37:11Pour certains pays occidentaux comme pour l'Arabie saoudite,
37:15l'Iran est le nouveau maître du grand jeu régional en cours.
37:19Il s'agit désormais de tout faire pour diminuer son influence.
37:23...
37:27...
37:31...
37:35...
37:39...
37:43...
37:47Riyad, 21 mai 2017.
37:51C'est le premier déplacement à l'étranger du nouveau président américain depuis son élection.
37:55L'occasion pour lui de définir avec ses alliés
37:59la nouvelle politique des Etats-Unis au Moyen-Orient.
38:03C'est un revirement stratégique majeur.
38:07...
38:11...
38:15...
38:19Trump veut reprendre pied au Moyen-Orient
38:23et regagner les faveurs de ses alliés,
38:27les Etats arabes sunnites, l'Arabie saoudite en tête,
38:31la Turquie et Israël.
38:35...
38:39...
38:43...
38:47...
38:51...
38:55...
38:59...
39:03Convaincu de la justesse de cette nouvelle approche,
39:07Donald Trump refuse désormais toute idée de dialogue avec l'Iran.
39:11La nouvelle équation Moyen-Oriental doit être simple.
39:15...
39:19...
39:23...
39:27...
39:31...
39:35...
39:39...
39:43L'Arabie saoudite a salué l'approche réaliste de M. Trump,
39:47qui a compris les difficultés que posaient les ambitions territoriales de l'Iran dans la région.
39:51Il était en effet temps que les USA se réveillent.
39:55Le vrai problème n'est pas seulement le développement nucléaire iranien,
39:59c'est la volonté de l'Iran d'étendre son contrôle
40:03sur les pays arabes de la région.
40:07Et M. Trump l'a très bien compris.
40:11Cette visite en Arabie saoudite
40:15est le signe sans équivoque que les Etats-Unis
40:19vont maintenant s'aligner sur les voisins sunnites de l'Iran,
40:23les soutenir et les armer.
40:27C'est le partage d'influence entre l'Iran et l'Arabie saoudite
40:31auquel avait cru l'administration Obama.
40:35Ce voyage et cette rhétorique contre l'Iran ont marqué un tournant décisif.
40:39...
40:43...
40:47L'affirmation par le président Trump de cette nouvelle vision américaine du Moyen-Orient
40:51est un soulagement pour la monarchie saoudienne.
40:55...
40:59Une monarchie saoudienne fragilisée par le conflit sanglant du Yémen
41:03dans lequel elle s'est embourbée.
41:07Depuis mars 2015, le jeune prince héritier,
41:11Mohammed ben Salman, le nouvel homme fort du royaume,
41:15est à la tête d'une vaste coalition militaire contre les rebelles houthis,
41:19considérés comme le cheval de Troie de l'Iran.
41:23...
41:27Les houthis sont une sorte de branche de la secte yéménite des Haïtis.
41:31Ils ont juré allégeance à l'Iran,
41:35tout comme le Hezbollah au Liban.
41:39Ils ont publiquement déclaré qu'ils voulaient reprendre au gouvernement saoudien
41:43les lieux saints que sont la Mecque et Médine.
41:47...
41:51L'Arabie saoudite ne peut pas accepter la présence des gardiens de la révolution iranien
41:55à la frontière sud du pays.
41:59C'est une ligne rouge pour nous.
42:03Les milices iraniennes, le Hezbollah, les gardiens de la révolution
42:07n'ont rien à faire sur notre frontière sud,
42:11sachant aussi que c'est une zone très montagneuse, impossible à contrôler.
42:15Il est très compliqué de sécuriser cette frontière sans pénétrer au Yémen.
42:19...
42:23C'est faux, car on ne peut pas comparer la présence de l'Iran au Yémen
42:27à celle de l'Arabie saoudite,
42:31qui encercle toute une partie du territoire yéménite.
42:35...
42:39Il y a bien un soutien iranien à nos alliés au Yémen,
42:43mais il est minime.
42:47Si l'on compare l'implication des deux camps au Yémen,
42:51on voit bien que celle de l'Arabie saoudite
42:55est sans commune mesure avec celle de l'Iran,
42:59dont la présence est très faible.
43:03...
43:07Quelle que soit la réalité de l'implication militaire iranienne,
43:11le conflit est dans l'impasse.
43:15Riyad et ses alliés imposent à la partie nord du Yémen,
43:19dominée par les Houthis, un blocus complet.
43:23Surtout, les bombardements de sa coalition ont entraîné
43:27une catastrophe humanitaire sans précédent.
43:31En plus des victimes civiles et des dizaines de milliers de déplacés,
43:35près de 8 millions de personnes sont menacées par la famine.
43:39En novembre 2017, l'ONU a qualifié la situation
43:43comme une crise humanitaire au monde.
43:47Les conséquences et les dommages collatéraux
43:51sont bien évidemment regrettables.
43:55L'Arabie saoudite en est tout à fait consciente
43:59et a pris des mesures très fermes
44:03pour éviter à l'avenir tout dommage collatéral.
44:07...
44:11Qu'on apprécie ou non la façon dont les Saoudiens mènent cette guerre,
44:15il est clair qu'ils ne vont jamais accepter ce qu'Israël accepte
44:19à sa frontière avec le Liban sud, à savoir la menace de 150 000 roquettes
44:23dans les mains d'un allié de l'Iran et qui agit pour l'Iran.
44:27Les Saoudiens voient la même chose se mettre en place à leur frontière avec le Yémen.
44:31Pour éviter ça, s'ils doivent détruire ce pays et le ramener à l'âge de pierre,
44:35ils le feront. Il faut donc trouver un moyen d'éliminer cette menace.
44:39Pour l'administration américaine, la cause est entendue.
44:43Le conflit du Yémen est une preuve supplémentaire
44:47de l'existence d'un projet hégémonique de l'Iran.
44:51Donald Trump veut passer à l'action.
44:55Il choisit le dossier du nucléaire.
44:59L'agence internationale chargée de la surveillance de l'accord de 2015
45:03indique que l'Iran respecte ses obligations.
45:07Le président américain affirme le contraire.
45:11Le 13 octobre 2017, il décertifie l'accord.
45:15Désormais, celui-ci ne correspond plus aux intérêts des Etats-Unis.
45:37Donald Trump exige aussi que les autres pays signataires
45:49durcissent les termes de l'accord. Sinon, il en sortira définitivement.
45:53Avec ce revirement américain, l'accord international
45:57sur le nucléaire iranien est en état de quasi-mort clinique.
46:01Je pense que la décision de l'administration Trump
46:07de décertifier l'accord sur le nucléaire
46:11ne s'appuie que sur la seule volonté du président.
46:15Elle ne repose pas sur un examen rigoureux des faits.
46:19Elle exclut toute tentative de renforcement des termes de l'accord
46:23ou toute autre solution diplomatique qui aurait été au contraire utile.
46:27C'est une façon pour le président de satisfaire son propre ego.
46:31C'est une stratégie très risquée qui pourrait conduire
46:35à la lente désagrégation de l'accord.
46:39Et je n'arrive pas à savoir si le président Trump
46:43ou qui que ce soit dans son entourage a une solution de remplacement.
46:47Cela servirait seulement à pousser les Iraniens
46:51à développer leur programme de missiles balistiques
46:55et de défense dites de dissuasion.
46:59Cela ne favoriserait pas un comportement plus modéré du pays dans la région.
47:07Si l'accord était mis à mal,
47:11une nouvelle période de défiance s'ouvrirait entre nos deux pays.
47:15Et je suis personnellement convaincu
47:19que cela ne serait bon pour personne.
47:25À Téhéran, on a bien compris que Washington refusait d'enterriner
47:29la nouvelle place que l'Iran occupe désormais sur l'échiquier régional.
47:33Une place mise en scène lors de cérémonies
47:37en hommage aux martyrs tombés en Irak ou en Syrie
47:41par le chef des gardiens de la révolution, le général Jafari.
47:55Mais les dirigeants iraniens savent aussi que ce nouveau rôle
47:59que joue leur pays au Moyen-Orient est bien délicat.
48:03Entre la cogestion du dossier syrien avec la Russie,
48:07l'hostilité obsessionnelle de Riyad,
48:11la recomposition politique en Irak
48:15ou les craintes sécuritaires d'Israël,
48:19les dirigeants iraniens se sont rendus compte
48:23qu'ils devraient être capables d'arbitrer
48:27entre les intérêts divergents de leurs ennemis et de leurs partenaires.
48:35La puissance iranienne est par définition limitée.
48:39Plus elle veut se développer, plus elle crée des résistances.
48:43Parce que c'est un pays chiite au sein d'un espace sunnite,
48:47un pays perse entouré de pays arabes.
48:51L'Iran ne peut pas étendre son influence.
48:55Mais cette influence existera toujours, car l'Iran fait partie de cette région.
48:59Et on ne peut pas l'en exclure.
49:03La république islamique est aussi à un carrefour de son histoire.
49:07L'actuel guide suprême Ali Khamenei est âgé.
49:11Surtout, il est malade.
49:15Sa succession constitue l'enjeu crucial de la recomposition
49:20Les pouvoirs de l'actuel guide suprême sont concentrés
49:24dans les mains de quelques centaines de personnes,
49:28dans une opacité absolue.
49:32Personne n'a une idée claire des dynamiques de pouvoir dans son entourage.
49:36Quels groupes sont les plus influents
49:40et quels sont les projets du guide pour sa propre succession.
49:44Sa succession aura des conséquences considérables
49:49L'avenir et la stabilité de la république islamique en dépendent,
49:53ainsi que la pérennité de l'influence de l'Iran sur toute la région.
49:57Nous ne savons absolument pas comment cette succession va se dérouler.
50:01Mais souvent, en Iran, c'est le groupe le plus puissant au moment de la transition
50:05qui décide de ce qui va se passer.
50:09Et actuellement, ce sont les gardiens de la révolution,
50:13dont l'influence, notamment économique, est considérable.
50:18Les gardiens de la révolution ne veulent surtout pas
50:22qu'un autre acteur s'invite dans les débats politiques internes du pays.
50:26Cet autre acteur, ce sont les Iraniens eux-mêmes.
50:36Fin décembre 2017, des dizaines de milliers d'entre eux
50:40sont descendus dans les rues de 80 villes à travers tout le pays.
50:45Malgré la répression, plus de 3 700 arrestations et 25 morts,
50:49ils ont dénoncé la détérioration des conditions de vie,
50:53le clientélisme généralisé, la corruption des dirigeants.
50:59Au cri de « Mor Hezbollah » et de…
51:03Ces manifestants ont aussi rappelé une évidence.
51:07Si le régime préfère dépenser sans compter pour ses alliés libanais,
51:11syriens, irakiens ou yéménites,
51:15plutôt que de procurer à ses citoyens une existence décente,
51:19alors il n'est pas le temps de faire la même chose.
51:23Il est le temps de faire la même chose.
51:27Il est le temps de faire la même chose.
51:31Si le régime préfère dépenser sans compter pour ses alliés libanais,
51:35plutôt que de procurer à ses citoyens une existence décente,
51:39alors il n'est pas légitime.
51:43La république islamique n'a jamais été aussi puissante
51:47à l'extérieur de ses frontières qu'aujourd'hui.
51:51Mais avec la disparition du califat de Daesh,
51:55beaucoup d'Iraniens n'adhèrent plus aux aventures militaires de ses dirigeants.
51:59Ils devraient aussi assurer une justice économique et sociale pour tous
52:03et permettre une libre expression.
52:07C'est à ces conditions que le régime pourra perdurer.
52:11Sinon, il est probable que d'autres soulèvements surviennent.
52:15Beaucoup plus graves, cela.
52:19Des soulèvements qui pourraient conduire à une radicalisation du pouvoir
52:23ou à son effondrement
52:27et dans la plus grande violence.

Recommandations