• il y a 8 mois
Terreur à vendre

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00:00 Chicago en Illinois. Au début des années 80, c'était une des villes les plus dangereuses
00:13 d'Amérique du Nord. De puissants gangs avaient transformé South Side, la partie la plus
00:20 au sud de la ville, en une zone de guerre. Pour endiguer la vague sans cesse croissante
00:27 de violence, le FBI forma un groupe d'intervention antidrogue. A Chicago, sa cible principale
00:35 était un dangereux gang appelé El Rooken. John Podliska est l'assistant du procureur
00:43 à Chicago. Les opérations d'El Rooken étaient principalement axées sur le trafic de narcotiques,
00:52 la cocaïne, l'héroïne et le contrôle de tout le vaste secteur de South Side à Chicago
00:57 où le gang vendait et distribuait ses drogues. Les membres exigeaient de l'argent de ceux
01:04 qui voulaient vendre dans ce quartier et ils avaient la réputation bien méritée d'être
01:08 le gang le plus prospère dans la vente de drogue et le plus violent de toute la région
01:12 de Chicago. Au printemps 1985, plusieurs membres quittèrent le groupe pour former leur propre
01:23 gang. Ils tentèrent de s'installer sur le territoire d'El Rooken. La riposte du gang
01:28 fut rapide et mortelle.
01:29 Tout South Side était sous l'emprise d'une violente guerre de territoire. Le FBI semblait
01:50 impuissant face au taux de criminalité sans cesse grandissant. Puis en mai, un addict
02:02 donna un tuyau aux agents. Quelques membres d'El Rooken avaient quitté Chicago. Ils
02:09 se cachaient dans une maison à Cleveland. Plusieurs d'entre eux étaient recherchés
02:14 pour meurtre. Des agents du FBI et des policiers de Cleveland prirent la maison d'assaut et
02:32 procédèrent à l'arrestation de quelques suspects. L'un d'eux s'appelait Anthony
02:36 Sumner. C'était l'ex-général d'El Rooken, ce qui le rendait potentiellement utile. Si
02:43 les enquêteurs parvenaient à le convaincre de coopérer, il pourrait obtenir de nombreux
02:47 renseignements sur El Rooken.
02:54 Des enquêteurs interrogèrent Sumner pendant plusieurs heures. Sans le vouloir, celui-ci
03:04 déclara avoir participé à un double homicide à Chicago, ce qui signifiait qu'il était
03:08 passible de plusieurs années de réclusion. Les autorités proposèrent à Sumner une
03:13 peine d'incarcération réduite à condition qu'il leur dise tout ce qu'il savait sur
03:16 El Rooken. L'ex-général du gang accepta alors de collaborer avec la police. Lors de
03:26 ses aveux, Sumner dressa un portrait terrifiant d'El Rooken. Le gang comptait des centaines
03:33 de membres, tous lourdement armés et bien organisés. En outre, de nouveaux membres
03:38 grossissaient les rangs du gang tous les jours. Toute l'organisation était contrôlée par
03:44 Jeff Fort, un baron de la drogue connu pour son efficacité et sa brutalité.
03:48 Il était à la tête de tout le gang. 21 généraux étaient directement sous ses ordres.
03:56 Et c'est comme ça qu'il conservait le pouvoir. Si l'un de ces généraux essayait
04:01 de lui ravir ce pouvoir, il y en avait 20 d'autres qui l'avisaient, de sorte qu'il
04:06 pouvait se venger. Les autorités étaient surprises de l'emprise
04:15 de Fort, car en 1983, il avait été reconnu coupable de trafic de cocaïne et il purgeait
04:21 depuis une peine de 13 ans de prison au Texas. Selon Sumner, Jeff Fort continuait pourtant
04:27 de diriger le gang basé à Chicago, qu'il contactait depuis les téléphones publics
04:31 de la prison. Cette déclaration de la part de Sumner provoqua
04:37 une percée majeure dans l'enquête entourant El Rukn, comme nous le raconte l'assistant
04:41 du procureur, Patrick Dady. Il a été le premier à confirmer quelque chose
04:46 que les autorités soupçonnaient depuis un bout de temps, à savoir que Jeff Fort, qui
04:50 se trouvait dans un pénitencier au Texas, parlait régulièrement aux membres d'El
04:53 Rukn à Chicago par téléphone et qu'il dirigeait toujours les activités de l'organisation.
04:59 El Rukn avait installé sa base d'opération dans un ancien cinéma de Southside.
05:08 L'endroit avait été fortifié par les membres d'El Rukn. C'était devenu une
05:15 vraie forteresse. Les gens se trouvaient en permanence au quartier général d'El
05:23 Rukn. Il y avait toujours quelqu'un près du téléphone. Ainsi, quand Fort appelait,
05:30 il pouvait donner ses instructions et ses ordres aux gangs.
05:32 Les agents mirent la ligne sur écoute 24 heures par jour et enregistrèrent les appels
05:40 téléphoniques du baron.
05:41 Tom Coram est un ex-agent spécial du FBI. En 1985, il faisait partie du groupe d'intervention
05:58 qui enquêtait sur El Rukn.
06:01 Les techniciens ont fait installer un dispositif d'écoute électronique par le billet de
06:07 la compagnie de téléphone. Rien n'a été installé en prison. On a fait tout le travail
06:12 à Austin, au Texas, à environ 70 kilomètres de Bastrop, là où se trouve la prison.
06:17 Mais on a été surpris en entendant les conversations de Fort avec les chefs du gang à Chicago.
06:24 Ce n'était qu'une suite de mots sans logique.
06:26 Jeff Fort et les membres de son gang parlaient un langage codé.
06:34 Ça pouvait ressembler à, dans la science des tacos, amour, vérité, homme parfait.
06:44 On n'avait pas la moindre idée de ce que ça signifiait et on n'arrivait pas à trouver
06:51 des références qui nous auraient permis de décoder ce qu'il disait lors de ces conversations.
06:57 Les agents croyaient que Fort et les membres d'El Rukn discutaient de trafic de drogue.
07:08 Mais tant qu'ils n'auraient pas déchiffré leur code, ils ne pourraient rien prouver.
07:14 Un enquêteur de Chicago a alors eu une excellente idée.
07:25 Les agents du service de police de Chicago étaient presque quotidiennement en contact
07:31 avec les membres d'El Rukn.
07:33 Il leur montrait qu'ils étaient présents dans le quartier et qu'ils les surveillaient.
07:38 Or, cet enquêteur a eu l'idée d'envoyer un de ses agents parler à l'un des généraux
07:45 pendant que Jeff Fort était en communication avec eux.
07:50 On espérait ainsi que le membre du gang mentionnerait cet incident sous une forme codée à Jeff
07:57 Fort.
07:58 Quand il a parlé de cette histoire à Fort au téléphone, il lui a effectivement répété
08:04 ce que le policier lui avait dit, mais sous une forme codée.
08:08 On a alors appris le nom de code pour le mot "un", le mot pour "livre" et le mot pour
08:15 "marijuana".
08:18 Et le nom de code pour "marijuana" était "homme parfait".
08:24 Déchiffrer le langage codé d'El Rukn était un travail fastidieux et de longue haleine.
08:39 Après deux mois, les agents ne connaissaient qu'une fraction des activités du gang.
08:43 On s'est aperçu qu'on manquait plusieurs appels effectués depuis d'autres téléphones
08:51 du quartier général d'El Rukn à Chicago.
08:54 On savait qu'on devait cesser les opérations au Texas et nous installer à Chicago pour
08:58 pouvoir suivre les conversations téléphoniques de tous les appareils qui se trouvaient là,
09:03 afin d'avoir un portrait complet de l'affaire.
09:06 En décembre, l'agent Coram et son équipe décidèrent de concentrer leurs opérations
09:16 à Chicago.
09:17 Ils établirent un poste d'écoute près du quartier général d'El Rukn.
09:23 Mais en mettant au point ces opérations, les autorités se retrouvèrent avec un problème
09:28 pas trop familier.
09:29 Quand on a commencé à écouter les conversations à Chicago, j'ai constaté de nouveau que
09:35 je n'y comprenais rien.
09:36 El Rukn utilisait un nouveau langage codé.
09:42 Les membres pouvaient avoir découvert que le FBI écoutait leurs conversations.
09:45 Une fois de plus, l'agent Coram ne comprenait pas ce qu'il se disait.
09:49 C'était comme repartir à zéro, alors qu'on espérait poursuivre le travail qu'on avait
09:56 commencé au Texas.
10:00 Heure après heure, Coram écouta les enregistrements.
10:05 Il commença peu à peu à décoder des phrases.
10:10 J'ai tout réécouté depuis le début et j'ai commencé à mettre les morceaux ensemble.
10:16 J'en suis venu à la conclusion qu'il parlait d'une rencontre qui avait eu lieu avec un
10:22 homme en Libye qui devait leur donner de l'argent afin qu'il détruise un avion ici, aux États-Unis.
10:28 Coram alerta le bureau du procureur de l'État.
10:38 L'enquête portant sur un gang de narco-trafiquants avait mis au jour un complot terroriste.
10:43 Le FBI contacta l'esquadre antiterroriste.
10:46 C'est l'agent spécial Ned Amara qui était assigné à cette escouade à Chicago.
10:53 On a pris cette affaire au sérieux parce qu'on ne savait pas encore si c'était vrai ou
11:00 non.
11:01 On a décidé de prendre le relais et de s'occuper de l'opération des côtes électroniques
11:07 afin de déterminer s'il y avait lieu de s'inquiéter.
11:09 Le groupe d'intervention anti-drogue a proposé de nous aider avec les enregistrements de
11:26 ces conversations.
11:27 Mais pour connaître les plans d'El Rukn, les autorités devaient rapidement déchiffrer
11:35 le langage codé du gang.
11:38 On a alors mis nos équipes de surveillance au boulot.
11:43 Fred Witte est lieutenant au sein du service de police de Chicago.
11:49 Il est spécialisé dans la surveillance.
11:52 En 1985, il fut assigné à l'esquadre antiterroriste du FBI.
11:58 Ils nous ont demandé de participer à l'enquête parce qu'ils savaient qu'il y aurait des
12:02 opérations de surveillance.
12:04 Comme plusieurs policiers de Chicago avaient participé à l'enquête sur El Rukn, ils
12:08 pourraient nous aider à mettre au point une stratégie pour surveiller cette organisation.
12:11 Le travail de l'équipe consistait à surveiller les membres du gang et à comparer ses observations
12:19 aux informations recueillies lors de l'écoute des conversations des suspects.
12:22 On surveillait certains membres du groupe qui parlaient régulièrement avec Jeff Fort
12:30 24 heures par jour.
12:34 On les surveillait pour connaître leurs activités.
12:38 Un jour, un des membres du gang a lu un article de journal à Jeff Fort en substituant certains
12:56 mots par des mots codés.
13:00 Ça nous a permis de comprendre certains de ces mots parce qu'ils parlaient d'un événement
13:04 qui s'était produit à Southside au cours duquel il y avait eu un échange de coups
13:09 de feu entre le propriétaire d'un immeuble et son voisin.
13:12 On a donc pu insérer ces mots déchiffrés dans les conversations antérieures, ce qui
13:20 nous a permis de clarifier beaucoup de choses.
13:22 Lentement, les agents parvinrent à déchiffrer le nouveau langage codé.
13:30 Ron Reddy est agent spécial au bureau du FBI de Chicago.
13:37 Les appels interceptés au quartier général Del Rucan tournaient principalement autour
13:45 de deux sujets.
13:46 Ils parlaient des affaires courantes Del Rucan, c'est-à-dire de leur trafic de drogue.
13:51 Mais on a alors commencé à se rendre compte qu'ils parlaient aussi de mettre en œuvre
13:57 un complot entre Del Rucan et le gouvernement de la Libye.
14:02 Connaissant le passé violent de cette organisation, on craignait qu'El Rucan ne s'apprête à
14:06 commettre un attentat terroriste aux États-Unis en échange d'une somme d'argent qui leur
14:10 serait versée par le gouvernement libyen.
14:12 Grâce aux opérations d'écoute électronique, les autorités apprirent que plusieurs membres
14:20 Del Rucan étaient allés depuis peu en Libye.
14:23 Pendant que les agents écoutaient toujours les conversations du gang, la situation en
14:27 Libye continua de se détériorer.
14:29 Le 2 avril 1986, une bombe explosa à bord du vol 840 de la TWA entre Rome et Athènes.
14:40 Quatre Américains furent alors tués et neuf autres blessés.
14:45 Le FBI soupçonnait le gouvernement libyen et le président Muammar Qadhafi d'être
14:51 responsables de cet attentat.
14:52 Le 4 avril 1986, il y a eu plusieurs conversations entre Jeff Ford et un certain Melvin Mays,
15:06 un général Del Rucan.
15:08 Ils ont parlé de l'attentat à la bombe dans l'avion entre Rome et la Grèce.
15:13 À un certain moment, Mays a même dit que leur organisation pourrait commettre un attentat
15:18 comme celui-là d'ici 30 à 50 jours.
15:22 Cette perspective était terrifiante.
15:25 Grâce au microphone, le groupe d'intervention entendit Ford exposer son plan.
15:31 Le chef du gang voulait que Leon, Mac Anderson et Rico Crenshaw, deux de ses généraux,
15:37 se rendent à nouveau en Libye.
15:38 Ford voulait absolument convaincre les Libyens qu'ils étaient une organisation sérieuse
15:48 et qu'il pouvait travailler pour eux.
15:51 Une des choses qu'on a pu déterminer, c'est qu'ils discutaient de la possibilité d'apporter
15:58 des articles de journaux aux Libyens et de leur dire « voici ce qu'on a accompli,
16:05 voici le genre de crime violent qu'on peut commettre ».
16:08 Leur objectif était de convaincre les Libyens qu'Al Rukun était une organisation assez
16:20 importante pour commettre des attentats terroristes aux États-Unis en leur nom.
16:26 On croyait que c'était une menace sérieuse.
16:29 Si Mac Anderson et Crenshaw retournaient en Libye, les agents du FBI ne seraient jamais
16:38 loin derrière eux.
16:39 À Chicago, des agents du FBI et des policiers avaient mis le gang d'Al Rukun sur écoute.
16:51 Deux des généraux de Jeff Ford planifiaient un voyage outre-mer pour convaincre les autorités
16:56 libyennes de leur capacité à commettre des attentats terroristes aux États-Unis.
17:00 Des restrictions de déplacement envers la Libye rendirent toutefois ce voyage impossible.
17:04 Ron Reddy est un agent spécial du FBI.
17:10 Il fait partie de la squad anti-terroriste.
17:13 Les États-Unis venaient de se lancer dans des opérations militaires contre les Libyens
17:21 et les membres du gang savaient que les Libyens étaient étroitement surveillés par le
17:25 gouvernement américain.
17:26 Les membres d'Al Rukun et les Libyens avaient alors établi qu'il serait plus prudent
17:33 de se rencontrer au Panama, qu'ils appelaient le chapeau de paille.
17:37 C'était le mot de code qu'ils utilisaient quand ils parlaient du Panama.
17:41 Crenshaw et Mac Anderson, deux généraux d'Al Rukun, devaient se rendre dans la ville
17:48 de Panama.
17:49 Le groupe d'intervention comptait surveiller les deux hommes depuis le moment où ils
17:54 quitteraient Chicago jusqu'à leur retour.
17:56 Le 3 mai, Crenshaw et Mac Anderson quittèrent le quartier général d'Al Rukun.
18:13 L'équipe de surveillance n'était pas loin derrière eux.
18:16 Les deux hommes prirent un jet en direction de Miami, d'où ils prirent ensuite un avion
18:33 pour Panama.
18:34 Une fois à destination, Crenshaw et Mac Anderson furent aperçus alors qu'ils entraient
18:44 dans l'ambassade de la Libye pour y rencontrer vraisemblablement des représentants du gouvernement.
18:48 Le 10 mai, les deux membres d'Al Rukun rentrèrent aux États-Unis.
18:53 On connaissait la date de leur retour et on a demandé à nos collègues des douanes
18:58 américaines de les fouiller à leur arrivée à Miami.
19:02 Les douaniers ont trouvé un document dans les bagages de Rico Crenshaw qu'ils ont
19:09 photographié.
19:10 Crenshaw et Mac Anderson ne savaient rien de tout ça.
19:15 Le document en question était écrit de la main de Crenshaw.
19:20 C'était ni plus ni moins une lettre où il expliquait qu'ils disposaient de cellules
19:25 de cinq hommes dans plusieurs villes des États-Unis et qu'ils étaient intéressés à déstabiliser
19:29 le gouvernement.
19:30 Le lendemain, soit le 11 mai, le groupe d'intervention intercepta plusieurs appels téléphoniques
19:41 entre les deux membres d'Al Rukun et leur chef, Jeff Ford.
19:46 Crenshaw et Mac Anderson disaient à Ford que les Libyens avaient accepté de financer
19:51 leurs opérations.
19:52 Ces derniers devaient déposer une somme d'argent dans une banque panaméenne aux États-Unis.
19:57 Un avocat qu'ils avaient rencontré à Panama allait les contacter sous peu.
20:00 Pour le groupe d'intervention, c'était une nouvelle très inquiétante, mais les
20:07 agents ne disposaient pas de preuves suffisantes pour faire inculper le gang d'Al Rukun de
20:11 complot.
20:12 Pour établir qu'un crime avait été commis, le FBI devait recueillir assez d'indices
20:21 et prouver au-delà de tout doute raisonnable qu'il y avait eu complot, que ces types
20:26 avaient intentionnellement machiné un crime.
20:28 En outre, on devait prouver que ce complot portait sur un éventuel attentat terroriste
20:35 aux États-Unis.
20:36 Les agents continuèrent d'écouter les conversations des suspects dans l'espoir
20:47 d'en savoir davantage sur eux.
20:51 En juin, Ford a suggéré aux membres d'Al Rukun de se rendre en Libye pour y apprendre
20:57 à faire des bombes.
20:58 Il a dit « on pourrait envoyer certains de nos soldats ou de nos membres ». Ensuite,
21:05 ils rentreraient aux États-Unis où ils pourraient montrer aux autres membres comment faire
21:09 des bombes.
21:10 Même si cette éventualité était alarmante, on manquait toujours de preuves pour démontrer
21:18 qu'il y avait complot.
21:19 Quelques semaines s'écoulèrent.
21:30 L'argent attendu de la Libye ne fut jamais déposé dans le compte bancaire du gang.
21:36 Ford était inquiet.
21:37 Il aurait fait n'importe quoi pour conclure une entente avec les Libyens.
21:40 À la fin du mois de juin ou au début de juillet, Ford a compris qu'il ne toucherait
21:50 pas d'argent des Libyens.
21:53 Il faudrait d'abord que les membres d'Al Rukun fassent quelque chose pour forcer leur
21:59 respect.
22:00 Il a parlé de la possibilité d'endommager un immeuble gouvernemental, de poser une bombe
22:09 dans un avion ou de trouver une roquette qu'il comptait utiliser.
22:14 On s'est alors demandé si on ne pouvait pas en profiter pour les piéger.
22:20 Ford désirait acheter des armes militaires.
22:29 Le groupe d'intervention décida de l'aider à réaliser ce projet en devenant le fournisseur
22:34 exclusif d'Al Rukun.
22:37 L'agent spécial Willie Yulon est alors entré en scène.
22:42 Willie faisait partie d'un groupe d'intervention.
22:45 Il avait déjà acheté des stupéfiants d'Alan Knox, un des membres du gang, grâce
22:51 à un informateur qui collaborait avec le FBI.
22:56 Comme Alan Knox occupait un poste important au sein d'Al Rukun, on pouvait présumer
23:02 qu'il était au courant des projets de Ford.
23:05 On s'est dit qu'on allait organiser une autre transaction d'achat de stupéfiants
23:11 avec Alan Knox.
23:12 Lors de cette transaction, l'agent spécial Yulon mentionnerait qu'il connaissait quelqu'un
23:17 qui vendait des armes et de l'équipement militaire et que celui-ci était disposé
23:22 à en fournir aux membres d'Al Rukun.
23:26 L'agent mentionna qu'un de ses amis travaillait dans une base militaire et qu'il pouvait
23:31 facilement voler des armes.
23:32 Knox se montra intéressé.
23:35 Willie Yulon est un type incroyable.
23:40 Il est calme et posé et travaille bien malgré la pression.
23:43 C'était l'homme idéal pour mener à bien ce genre de mission.
23:47 Il connaissait bien les gangs de rue, il était calme et il avait de bons contacts.
23:51 Willie était parfait pour jouer ce rôle.
23:54 Knox parla à Yulon du genre d'arme que les membres du gang souhaitaient acheter.
24:00 Ils étaient intéressés par des lances-grenades.
24:05 Quand le type a décrit ces lances-grenades, il a dit « comme celui que Clint Eastwood
24:09 utilise au cinéma ». De toute évidence, il s'agissait d'une roquette anti-char
24:13 légère.
24:14 La roquette anti-char M72 est l'arme anti-char légère de prédilection de l'armée américaine.
24:23 Ce missile tiré à l'épaule peut perforer une armure à plus de 200 mètres.
24:28 Il peut détruire un char d'assaut, un immeuble et même un avion volant à basse altitude.
24:33 Les agents hésitaient à fournir une arme aussi dangereuse à El Roughem.
24:48 Mais cette transaction offrait l'occasion de recueillir des indices compromettants.
24:52 On s'est dit pourquoi le FBI ne fournirait-il pas une roquette à El Roughem ?
25:00 L'agent spécial Willie Yolen négociait un prix avec Alan Knox.
25:14 Il annonça à Knox qu'il pouvait lui vendre des roquettes anti-char pour 1850 dollars
25:20 de pièce.
25:22 Bien entendu, on n'avait nullement l'intention de vendre à ces types une lance-roquette
25:27 qu'ils pourraient utiliser ou qui serait même en état de fonctionnement.
25:29 Mais cela dit, on voulait leur vendre un objet qui ressemblait à s'y méprendre à une
25:33 lance-roquette et qui, malgré un examen attentif, convaincra ces types que c'était bien une
25:37 lance-roquette.
25:38 L'ATF, le Bureau de l'alcool, du tabac et des armes à feu, fabriqua un faux lance-roquette.
25:50 Bien qu'il semble être bien réel, il ne contenait aucune charge explosive.
25:56 L'ATF installa également un émetteur radio de façon à ce que les agents sachent en tout
26:01 temps où se trouvait l'arme.
26:02 Le missile était prêt et le piège était tendu.
26:12 Le 29 juillet, le groupe d'intervention mit l'opération en branle.
26:17 Le 29 juillet 1986, l'escouade antiterroriste du FBI avait lancé une opération complexe.
26:34 Les agents devaient vendre un faux lance-roquette à El Rouken, un gang de violents narco-trafiquants
26:40 qui étaient prêts à commettre des attentats terroristes pour la Libye moyennant un montant
26:43 d'argent.
26:44 Jeff Ford, le chef du gang, mordit à l'hameçon et demanda à Alan Knox d'organiser la transaction.
26:54 On les a entendus en parler au téléphone après la rencontre.
27:01 On savait donc que le projet irait de l'avant.
27:04 Plus tard, les membres d'El Rouken nous ont dit qu'ils nous rencontreraient et que la
27:09 transaction aurait lieu.
27:12 Les membres de l'escouade se rencontrèrent pour planifier l'opération.
27:18 La vente de la roquette anti-char se tiendrait dans un hôtel de Lansing en Illinois à 50
27:24 kilomètres de Chicago.
27:25 Normalement, on n'aurait jamais organisé une mission secrète comme ça parce que c'était
27:32 très dangereux pour l'agent Ulan.
27:34 Mais on savait qu'El Rouken avait tissé des liens avec les Libyens et l'on devait sous-peser
27:39 tous les risques.
27:40 Finalement, on a conclu qu'on pouvait mener cette opération en toute sécurité et qu'on
27:45 pouvait protéger la vie de notre agent d'infiltration.
27:50 Des équipes de surveillance allaient être postées tout autour de l'hôtel à quatre
27:55 côtés de maison de l'immeuble.
27:59 Des unités SWAT et des membres de la police secrète surveilleraient le périmètre intérieur
28:05 dans l'hôtel et tout autour.
28:09 Le 31 juillet, des agents du FBI, de l'ATF, de la DEA et du service de police de Chicago
28:16 se déployèrent à l'hôtel de Lansing en Illinois.
28:19 Ils devaient impérativement réussir cette mission car la vie de centaines, voire de
28:24 milliers de gens était en jeu.
28:25 Le soir de la transaction, il y avait au moins 50 agents postés un peu partout.
28:38 Les équipes de surveillance assignées au périmètre extérieur se mirent en position.
28:45 À 18h30, une voiture entrait dans le périmètre.
28:52 Deux hommes se trouvaient à bord.
28:55 L'équipe de l'enquêteur Witt identifiait le véhicule qui s'approchait.
29:00 Witt le suivit jusqu'à une station service non loin de là.
29:10 À la station service, il put formellement identifier Melvin Mays, le conducteur.
29:19 Quant aux passagers, il s'agissait d'Alan Knox.
29:25 Quelques instants après le départ de Melvin de la station service, on l'a vu se diriger
29:38 vers le périmètre intérieur.
29:40 On a transmis aux autres agents le numéro de la plaque de sa voiture, sa couleur et
29:45 sa marque.
29:46 On a aussi pu voir le numéro de la plaque de sa voiture.
29:52 On a aussi pu voir le numéro de la plaque de sa voiture.
29:57 On a aussi pu voir le numéro de la plaque de sa voiture.
30:02 On a aussi pu voir le numéro de la plaque de sa voiture.
30:05 On a aussi pu voir le numéro de la plaque de sa voiture.
30:08 On a aussi pu voir le numéro de la plaque de sa voiture.
30:11 On voulait éviter que des civils, qui n'avaient rien à voir avec cette mission, soient pris
30:16 dans le feu croisé, s'il devait y avoir des échanges de coups de feu.
30:24 Les équipes du périmètre extérieur se préparaient à se rapprocher pour protéger le secteur
30:30 dans l'éventualité où les choses tourneraient mal.
30:33 Avec une telle puissance de tir, les agents pouvaient affronter n'importe quelle situation.
30:37 Mais et Knox arrivèrent à l'hôtel en l'espace de quelques minutes.
30:47 La transaction était sur le point d'avoir lieu.
30:51 Les squads étaient prêts.
30:54 On a d'abord entendu frapper à la porte.
31:01 On pouvait très nettement entendre les coups.
31:03 On a alors entendu des voix.
31:05 Quelqu'un a demandé qui était là.
31:07 Ensuite, il a ouvert.
31:09 On a entendu les hommes négocier et discuter de la vente de la roquette.
31:12 On a donc pu voir le lancement de la roquette.
31:19 C'est le lancement?
31:20 Il y a quelque chose d'extra?
31:21 Je ne peux pas dire que c'est le lancement de la roquette.
31:24 Où est-ce que c'est?
31:25 C'est sur la photo.
31:26 Vous savez, je ne fais pas de business comme ça.
31:27 Où est le cash?
31:28 C'est proche.
31:29 Je vais vous donner le lancement quand j'aurai mon cash.
31:30 Quelques minutes plus tard, Melvin Mase quitta l'hôtel.
31:47 Il devait obtenir une confirmation de Jeff Ford, le chef du gang, avant de compléter
31:52 la transaction.
31:53 Mase retourna au quartier général d'El Rokan pour y attendre l'appel téléphonique de
32:03 Ford.
32:04 Grâce au dispositif d'écoute électronique, on pu entendre la conversation entre Mase et
32:19 Ford.
32:20 Ce dernier semblait inquiet à propos de la transaction.
32:22 Il craignait qu'il ne s'agisse d'un coup monté.
32:24 Ford ordonna à Mase de retourner à l'hôtel en compagnie d'un jeune membre du gang.
32:30 Il devait arriver sur place dans des voitures différentes.
32:33 Ainsi, si la transaction était un coup monté, Jeff Ford ne perdrait qu'un membre du gang
32:41 de moindre importance plutôt qu'un de ses généraux.
32:43 En d'autres mots, Ford ne voulait pas qu'il y ait de contact entre les agents d'infiltration
32:50 et ses généraux, ni de transaction monétaire entre eux.
32:55 Ford ordonna aux membres subalternes de remettre l'argent aux hommes et de prendre la requête
33:02 anti-char.
33:03 La vente se déroula sans encombre.
33:18 - Je vous en prie.
33:40 - Je vous en prie.
34:05 Les membres d'El Rukn ignoraient que la requête ne fonctionnait pas.
34:18 Le membre subalterne repartit en direction de Chicago, tout comme Melvin Mase.
34:46 Des équipes de surveillance les suivirent sur l'autoroute d'Anne Ryan.
34:59 - Il y avait des unités de surveillance derrière eux, devant eux et de chaque côté.
35:06 D'autres unités entraient sur l'autoroute et d'autres en sortaient.
35:09 Soudainement, le membre du gang qui transportait la requête se rangea au bord de l'autoroute.
35:21 Quelques secondes plus tard, un autre véhicule se rangea à côté de lui.
35:26 C'était Melvin Mase.
35:31 La voiture du jeune membre était tombée en panne.
35:34 La requête fut alors transférée dans la voiture de Mase.
35:44 - On n'aurait jamais su que l'arme avait été mise dans le véhicule de l'autre homme
35:50 si on ne les avait pas vus faire à ce moment-là.
35:52 On avait équipé la requête d'un émetteur radio et l'on comptait se servir de notre
36:04 matériel électronique pour savoir où la requête serait éventuellement cachée.
36:08 Mase se rendit à un immeuble de South Kenwood Avenue, à quelques kilomètres du quartier
36:16 général d'El Rukn.
36:18 Les membres du gang appelaient cet immeuble l'armurerie.
36:23 - Notre travail a alors vraiment commencé.
36:27 Nos hommes se sont postés à cet endroit 24 heures par jour et 7 jours par semaine pour
36:32 s'assurer que la requête ne serait pas déplacée ailleurs.
36:34 L'agent spécial Ned Amara poursuivit les opérations d'écoute électronique.
36:47 - Quelques jours ont passé.
36:52 Fort a cessé de craindre qu'on soit des policiers.
36:56 Lors de conversations téléphoniques, il a dit « d'accord, achetons-en 5 autres ».
37:01 On en veut 5 autres et l'on va en tester une.
37:04 Les membres de l'escouade étaient inquiets.
37:10 Fort avait choisi une cible pour démontrer sa volonté de commettre des attentats terroristes.
37:15 Il avait l'intention de tuer un enquêteur du service de police de Chicago.
37:20 - Cet enquêteur travaillait au sein de l'escouade anti-gang de Chicago.
37:24 Pendant plusieurs années, il avait été une véritable épine aux pieds d'El Rukn.
37:28 Les membres du gang le détestaient et il s'était dit qu'il serait intéressant de tester une
37:32 de leurs requêtes sur lui.
37:34 Les avocats et les agents pensaient tous que le temps était venu de les arrêter.
37:42 On croyait qu'ils seraient risqués d'attendre encore, parce que s'ils testaient la requête
37:46 anti-char, ils s'apercevraient qu'elle ne fonctionnait pas et la plupart de nos agents
37:50 d'infiltration seraient alors démasqués.
37:52 Le FBI avait une mission dangereuse à accomplir.
37:58 Il était temps de démanteler le gang d'El Rukn et de garder Jeff Fort derrière les
38:03 barreaux pour le restant de ses jours.
38:05 Le FBI avait bien absené le gang d'El Rukn.
38:15 On disposait de photos compromettantes et d'enregistrements du moment où les membres
38:20 avaient acheté une fausse requête anti-char.
38:21 Depuis sa prison au Texas, le chef du gang, Jeff Fort, avait ordonné aux membres d'acheter
38:29 cinq autres requêtes.
38:30 Il voulait en tester une afin de prouver aux Libyens qu'ils pouvaient commettre un attentat
38:35 terroriste sur commande.
38:36 On devait tout faire pour éviter que les membres d'El Rukn commettent un crime pour
38:48 impressionner les Libyens.
38:49 On pensait qu'on était allé assez loin et qu'on disposait de suffisamment d'indices
38:54 pour les mettre derrière les barreaux pour des accusations de possession d'armes, voire
38:58 même d'activités terroristes.
38:59 Il n'était pas question de courir le risque qu'ils achètent une requête anti-char d'une
39:04 autre personne que nous et qu'ils l'utilisent.
39:08 Si une vraie requête anti-char se retrouvait dans les mains des membres d'El Rukn, la
39:13 situation serait catastrophique.
39:14 Je crois qu'on pensait tous qu'il était temps de les arrêter.
39:20 Dans la matinée du 5 août, l'esquade lança des raids simultanément sur le quartier
39:31 général d'El Rukn et sur l'immeuble appelé l'armurerie.
39:34 L'immeuble situé à l'angle de la 39e rue de Drexel était une forteresse.
39:42 Il y avait des portes en acier à l'avant et à l'arrière et des portes en fer.
39:46 On a dû utiliser une lance thermique ce jour-là pour entrer dans l'immeuble et exécuter
39:50 notre mandat de perquisition.
39:52 D'agents de surveillance, nous sommes devenus des agents de recherche et de contrôle.
40:08 On a commencé à procéder aux arrestations systématiques des types qui faisaient partie
40:15 du complot un peu partout en ville.
40:17 Dans un bureau du quartier général d'El Rukn, les autorités trouvèrent les itinéraires
40:26 de voyage de Rico Crenshaw et Leon McAnderson en Libye.
40:35 La deuxième équipe d'arrestation fit une descente à l'immeuble de South Kenwood Avenue.
40:41 Je me trouvais à cet endroit sur South Kenwood.
40:54 Notre principal objectif était de trouver la requête anti-char.
40:57 On a parcouru tous les couloirs de l'immeuble.
41:04 On suivait l'agent de l'ATF qui avait l'appareil de détection en main.
41:08 Il montait un escalier, puis redescendait.
41:11 Le signal devenait alors plus faible ou au contraire plus fort.
41:14 On est resté là pendant environ 30 minutes.
41:17 On faisait le tour de l'immeuble sans trop savoir où aller.
41:20 Puis, on est finalement descendu au sous-sol.
41:22 L'endroit était infesté de rats et de blattes.
41:25 En descendant l'escalier, on a constaté que le signal devenait de plus en plus fort.
41:29 Finalement, on a pensé que la requête devait se trouver sous l'escalier.
41:38 On a alors tout arraché et trouvé de fait la requête anti-char, de même qu'un arsenal
41:47 de 35 armes automatiques.
41:48 Il y avait entre autres des mitraillettes.
41:55 Qui sait combien de ces armes avaient servi à commettre des crimes.
41:58 Mais le plus important, c'était qu'on avait retrouvé la requête avant que ces types
42:03 découvrent qu'elle ne fonctionnait pas.
42:05 McAnderson et Crenshaw n'opposèrent pas de résistance à leur arrestation.
42:18 Alan Knox fut également mis en détention.
42:29 Quant à Melvin Mays, il était introuvable.
42:37 Le 30 octobre 1986, Jeff Ford, Alan Knox, Rico Crenshaw et Leon McAnderson furent inculpés
42:50 de complots, de possession d'armes et de l'utilisation d'entrepôts dans plusieurs
42:54 états différents en vue de commettre des actes illégaux.
42:56 Le nom de Melvin Mays, qui était toujours en cavale, fut mis sur la liste des 10 fugitifs
43:03 les plus recherchés aux Etats-Unis.
43:04 En 1987, McAnderson et Crenshaw furent reconnus coupables et condamnés à plus de 50 ans
43:12 de réclusion.
43:13 Melvin Mays parvint quant à lui à échapper aux autorités pendant près de 9 ans.
43:18 En 1995, il fut arrêté et condamné à trois peines d'emprisonnement à vie consécutive.
43:24 Jeff Ford, qui était déjà derrière les barreaux, fut condamné à passer 80 autres
43:33 années en prison.
43:34 C'était la première fois dans toute l'histoire des Etats-Unis que des citoyens américains
43:45 étaient condamnés pour avoir planifié un attentat terroriste pour le compte d'un
43:50 pays étranger.
43:51 Pour les policiers de Chicago, l'affaire El Rouken est une victoire importante.
44:05 Un dangereux gang a été démantelé.
44:07 Pour le FBI, l'affaire El Rouken représente un autre combat de gagné dans la guerre
44:15 au terrorisme.
44:16 Le journal Le Monde est un des plus grands journalistes du monde.
44:29 Le Monde est un des plus grands journalistes du monde.

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