Le tueur fou de Mouscron _ Documentaire Crime District

  • il y a 5 mois
Le tueur fou de Mouscron _ Documentaire Crime District
Transcript
00:00 ...
00:02 -Des rumeurs circulent à Moucron
00:04 après l'agression ce week-end dans une villa.
00:08 -L'agression fait feu deux fois,
00:09 blessant la jeune fille avant de disparaître.
00:12 En un mois, c'est le 3e feu sanglant perpétré à Moucron.
00:15 -La ville de Moucron est littéralement apeurée, terrifiée.
00:19 -Il y a quasiment plus personne dans les cafés,
00:22 tellement la terreur envahit toute cette ville.
00:25 -J'ai dit, des postes en armes, on va discuter,
00:28 mais là, il s'est retourné, il est parti en courant.
00:31 -Il avait le regard terrifiant.
00:34 -Garneau était toujours enfermé chez nous.
00:36 Je disais, un jour, il va arriver quelque chose.
00:39 ...
00:49 Musique douce
00:52 -Moucron, à la frontière française.
00:54 Cette petite ville de 60 000 âmes
00:57 est réputée pour l'accueil de ses habitants.
00:59 -Moucron est une ville ouvrière,
01:02 essentiellement, depuis toujours.
01:05 C'est une ville frontière, surtout frontalière,
01:08 où il y a une grande mixité de Français, de Belges.
01:12 -On a toujours un brassage de population
01:15 qui fait en sorte que Moucron vit.
01:17 Ce savoir-fait de Moucron
01:21 est reconnu certainement par nos amis français.
01:24 Tout qui connaît un Moucronois vous dira
01:27 que ce sont des gens qui sont fort sympathiques,
01:29 enjoués et sans prétention.
01:31 -A l'été 1992,
01:34 les habitants profitent d'une saison généreuse en soleil.
01:38 Le soir, les bars et les terrasses sont pleins à craquer.
01:42 -Surtout les nuits de week-end,
01:44 les nuits de vendredi à samedi, de samedi à dimanche.
01:48 -Les gens sont en sécurité, ils vivent normalement,
01:51 donc nous n'avons aucun problème particulier.
01:54 -En ce mois d'août 1992,
01:58 la population moucronoise est très loin d'imaginer
02:01 que la ville va bientôt plonger dans une toute autre atmosphère.
02:05 Samedi 12 août, ce soir-là, Karine Mourmane,
02:13 une jeune femme de 25 ans,
02:15 prend un verre dans un café réputé
02:17 situé dans le quartier dit "du Nouveau Monde".
02:20 -Ca fait quelques semaines
02:23 qu'elle s'est installée dans ce quartier-là
02:25 et elle a envie de se faire des nouvelles connaissances.
02:28 -Il est 23h30,
02:31 l'heure d'aller se coucher pour Karine.
02:34 La jeune femme salue les clients et quitte seule l'établissement.
02:38 -Elle emprunte la rue du Levant,
02:41 rue qui est plutôt,
02:45 disons, désertée.
02:47 -Karine ne remarque pas qu'elle est suivie
02:50 par un individu qui marche d'un pas pressé,
02:53 quand soudain...
02:54 -Tout à coup, elle ressent
02:57 une violente et intense douleur
03:00 et elle ne comprend pas ce qui se passe.
03:03 ...
03:06 A ce moment-là, elle décide de retourner au café
03:09 pour demander de l'aide, car elle se sent vraiment mal.
03:13 -Cinq minutes après, elle est revenue en me disant
03:16 qu'il y avait quelqu'un qui m'agressait.
03:18 On ne la croyait pas, c'était sur un tronc relativement court.
03:22 Je l'ai fait asseoir sur une chaise et je me suis dit que ça ne va pas.
03:26 Elle est de plus en plus blanche.
03:27 ...
03:29 -Karine souffre de violentes douleurs
03:32 et elle ne comprend pas ce qui a bien pu la mettre dans cet état.
03:35 -On ne voyait pas qu'il y avait une balle, pas de son.
03:39 On lui a enlevé son impair,
03:41 on a soulevé son pull,
03:43 son jean était plein de sang,
03:45 et il avait un petit trou dans le dos.
03:48 J'ai dit qu'on allait essayer une balle qu'elle a reçue.
03:51 ...
03:54 -Où une balle explose un poumon et le foie.
03:57 -Elle souffre vraiment mal,
03:59 elle est de plus en plus pâle, de plus en plus divide.
04:03 -La jeune femme est en danger de mort.
04:05 Elle est rapidement transportée en ambulance.
04:08 -Cette femme sera emmenée aux urgences
04:11 où elle subira une intervention salvatrice,
04:15 puisque sa vie était en jeu.
04:17 -Karine Mourmane est sauvée.
04:20 Son corps restera à tout jamais marqué par cette agression.
04:23 -Il ressort du rapport d'expertise
04:26 qu'effectivement, à des endroits sensibles du corps,
04:29 il subsiste des impacts de balles.
04:31 ...
04:36 -Au commissariat de Moucron,
04:38 la police ouvre une enquête pour tentative de meurtre.
04:41 Les agents cherchent d'abord à en savoir plus
04:44 sur les circonstances de l'agression.
04:46 Ils interrogent Karine,
04:48 mais elle ne se rappelle pas avoir vu son agresseur.
04:51 -La victime ne sait pas nous fournir d'informations,
04:54 parce qu'elle n'a rien vu.
04:56 Donc, on n'a aucun autre élément,
04:59 pas de témoins, pas de traces sur les lieux.
05:02 -Faute de témoignages,
05:04 les policiers recherchent un mobile.
05:07 Quelqu'un dans l'entourage de la victime
05:09 devait forcément lui en vouloir.
05:11 -Est-ce que c'est un différent familial qui a mal tourné ?
05:15 Possible. Est-ce que c'est une dispute
05:17 avec un tiers ou autre ?
05:21 Possible.
05:22 -Mais ce qui intrigue les enquêteurs,
05:24 c'est que la jeune femme n'a pratiquement
05:26 aucune relation à Moucron.
05:28 -Cette dame n'est pas connue à Moucron,
05:32 puisqu'elle vient de la région de Bruxelles.
05:34 Elle est à Moucron depuis une quinzaine de jours.
05:37 Donc, on ne la connaît pas,
05:39 on ne sait pas pourquoi on lui a tiré dessus.
05:41 -En regardant dans le passé de la dame,
05:44 on a également pris contact avec le collègue de Bruxelles,
05:47 parce qu'elle était originaire de Bruxelles.
05:49 Rien, rien, rien, rien, rien.
05:51 -La police auditionne les personnes
05:53 qui ont récemment fait la connaissance de Karine,
05:56 mais très vite, elles sont mises hors de cause.
05:59 Alors, les enquêteurs travaillent sur une autre piste.
06:02 Et si Karine avait été victime, bien malgré elle,
06:05 d'un différent entre les établissements de deux régions ?
06:08 -C'est une Bruxelloise,
06:10 et qui travaille dans le secteur de la rue,
06:13 et une Bruxelloise,
06:14 et qui travaille dans le milieu des bars à Courtret.
06:17 Ce serait plutôt un règlement de compte
06:19 dans le milieu de la prostitution,
06:21 ou des bars entre Courtret et Moucron.
06:25 -La piste du milieu de la nuit est maigre,
06:29 mais les enquêteurs n'ont que celle-là.
06:32 A la recherche d'indices, ils passent au peigne fin,
06:35 la rue où l'agression a été commise.
06:37 C'est alors qu'ils découvrent au sol une cartouche de fusil.
06:42 Elle est immédiatement envoyée au laboratoire.
06:46 -Il ressort de l'analyse balistique
06:48 que cette cartouche utilisée était une cartouche artisanale,
06:54 c'est-à-dire qu'on a affaire à quelqu'un
06:57 qui fabrique lui-même ses munitions.
06:59 -La découverte d'une douille artisanale
07:02 est pour l'instant le seul élément dont disposent les enquêteurs.
07:06 Ils espèrent que cet indice les mènera rapidement au tireur.
07:10 ...
07:16 12 jours se sont écoulés depuis l'agression de Karine
07:19 et le mystère sur l'identité de son agresseur reste entier.
07:23 -Rien ne ressort de l'enquête de voisinage,
07:26 rien ne ressort de l'enquête
07:28 auprès des personnes présentes dans le café.
07:31 ...
07:33 -Ce fait divers ne bouleverse pas la vie nocturne de la ville.
07:37 -Dans les cafés, ni les clients ni les travailleurs
07:40 ne prêtent attention à cette affaire
07:43 qui ressemble à un règlement de compte.
07:45 C'est donc sans inquiétude que David Maton,
07:48 un adolescent de 16 ans, a accepté un job étudiant
07:52 dans un établissement de Moucron.
07:54 -C'est un jeune homme sans histoire qui fait un job d'été,
07:58 qui fait la plonge dans un bistrot très connu par la jeunesse.
08:02 ...
08:04 -Il est 2h du matin.
08:06 David achève sa soirée de travail.
08:08 Il rentre chez lui se coucher.
08:11 -Il décide de rentrer à pied.
08:13 Il veut épargner son père qui doit travailler et qui est fatigué.
08:17 -L'adolescent emprunte des rues désertes à cette heure de la nuit.
08:21 Malgré le silence qui règne dans la ville,
08:24 il n'entend pas les pas d'un inconnu armé
08:26 qui le suit depuis quelques instants.
08:29 Musique de tension
08:31 ...
08:35 -Le garçon se présente à un carrefour du côté du thuquet,
08:39 rue des combattants.
08:41 ...
08:47 Explosion
08:49 -David s'effondre.
08:51 La balle a traversé sa nuque.
08:53 A quelques dizaines de mètres,
08:56 une femme est surprise par la détonation.
08:59 -Elle entend un coup de feu,
09:00 puis s'aperçoit qu'un jeune homme
09:04 est allongé à terre inanimée.
09:06 ...
09:09 -Lorsque les secours arrivent sur les lieux, il est trop tard.
09:13 David est mort sur le coup.
09:14 ...
09:17 Au domicile familial, les parents du jeune homme s'inquiètent.
09:21 Leur fils n'est toujours pas revenu de son travail.
09:24 -A 2h15, 2h30, on dit "Tiens, il est pas rentré, il a un problème."
09:29 Alors moi, j'ai parti dans tout mon cron, le chercher.
09:33 ...
09:34 Et puis j'étais chez un barman,
09:38 et de là, j'ai téléphoné ici, et mon épouse m'a dit
09:41 "C'est grave, tu dois revenir tout de suite."
09:43 ...
09:45 Alors je suis revenu, et ça a été...
09:48 ...
09:50 Cauchemar, c'est atroce.
09:52 ...
09:54 On peut pas expliquer ça.
09:56 C'est terrible à vivre.
09:58 ...
09:59 On peut pas s'imaginer quel chagrin ça nous a donné d'apprendre ça.
10:04 ...
10:11 -Sans attendre la levée du jour, les policiers descendent
10:14 sur les lieux et inspectent minutieusement le trottoir
10:17 où David a été abattu.
10:19 ...
10:20 -On trouve une douille.
10:22 A nouveau, pas de témoin.
10:24 Victime décédée, pas de témoignage non plus à ce niveau-là.
10:28 ...
10:35 -Alors, le lendemain matin,
10:37 les voisins du quartier sont interrogés.
10:40 Hélas, personne n'a rien vu ni entendu.
10:44 Les policiers interrogent aussi les proches de la victime.
10:47 Ses amis se disent abasourdis.
10:50 Pour eux, David n'avait aucun ennemi.
10:53 ...
10:54 -Un jeune homme sans problème, bien connu,
10:57 famille honorablement connue, jeune garçon, dévoué,
11:00 jamais connu pour quoi que ce soit comme élément négatif.
11:03 -Un garçon sans ennemi, tué de sang-froid par un homme armé.
11:08 Pour les enquêteurs, il y a quelque chose qui cloche.
11:11 Alors, ils se demandent si la mort de David
11:14 n'aurait pas un lien avec l'agression par balle de Karine,
11:17 blessée 12 jours plus tôt.
11:19 Ils comparent le cercle de relations des deux victimes
11:23 sans résultat.
11:24 -Pour la police, il n'y a pas de raison
11:27 d'envisager un lien entre ces deux agressions.
11:29 -Le meurtre de David demeure un mystère.
11:32 Comme indice, les enquêteurs n'ont que la balle
11:35 qui a traversé sa nuque.
11:36 En l'envoyant au laboratoire,
11:38 ils ne se doutent pas que cet élément
11:41 va faire basculer l'enquête.
11:43 ...
11:48 24 heures après la mort de l'adolescent,
11:51 les enquêteurs n'ont toujours pas de piste.
11:54 Ils se demandent bien pour quelles raisons
11:56 David a été sauvagement assassiné.
11:58 C'est alors qu'ils reçoivent les résultats
12:01 de l'analyse balistique.
12:03 Les conclusions du laboratoire marquent un nouveau tournant
12:06 dans leurs dossiers.
12:07 -On apprend que c'est exactement les mêmes munitions
12:11 que celles utilisées dans le premier cas,
12:13 donc celle de l'attaque de la dame Rudy Levent.
12:16 -Pour les policiers, cette information
12:19 donne une toute autre orientation à l'enquête.
12:22 Et si Karine et David avaient été attaqués par un même individu ?
12:25 -Les enquêteurs se rendent compte que c'est le même agresseur,
12:30 que c'est un peu la même manière d'opérer.
12:32 ...
12:38 -Et pourtant, malgré cette concordance d'éléments,
12:41 les policiers ne parviennent pas à trouver un mobile.
12:44 -On ne comprend pas quel est le lien
12:47 entre les personnes qui ont été tuées
12:49 et les personnes qui ont été tuées par un mobile.
12:52 On ne comprend pas quel est le lien entre les personnes,
12:55 pourquoi de dos, la nuit, une personne marche seule dans la rue.
12:59 -C'est aussi à ce moment-là que le terme de "tueur fou" apparaît,
13:03 puisqu'il y a une incohérence entre une dame qui se fait tirer dessus
13:07 et un jeune homme qui sort du boulot.
13:09 -Le commissariat de Moucron demande des renforts,
13:12 car ce n'est plus une enquête policière classique.
13:15 Une course contre la montre vient de s'engager
13:18 dans le cas de la tueuse de Moucron.
13:20 -L'individu peut venir aussi bien de Moucron que des secteurs voisins.
13:24 -Les enquêteurs se disent que ça peut être quelqu'un
13:27 qui vient de France, puisqu'on est dans une cité frontalière.
13:30 -On est à 100 m à vol d'oiseau d'une frontière qui n'existe plus.
13:34 Les rues se jouxtent.
13:35 Vous ne savez même pas si vous êtes en Belgique ou en France.
13:39 Donc, encore une fois, est-ce que ça vient de France ?
13:42 Est-ce que c'est interne à Moucron ? On ne sait pas.
13:45 -Et ce n'est pas la seule difficulté.
13:47 La cellule d'enquête ne dispose d'aucune description du tireur.
13:50 Mais elle connaît l'heure des méfaits.
13:53 L'inconnu passe à l'action dès la tombée de la nuit.
13:56 Alors, chaque soir, des dizaines de policiers
14:00 surveillent les rues de la ville.
14:02 -Ils décident de faire des quadrillages
14:04 de la ville de Moucron
14:06 et de commencer à faire des inspections nocturnes
14:09 et de commencer à faire des vérifications d'identité la nuit.
14:12 -À Moucron, l'information selon laquelle un tueur
14:17 fou rôderait dans la ville crée un début de panique.
14:21 -Un seul mot, il règne un sentiment de terreur
14:26 dans toute la population,
14:29 quels que soient les niveaux de population.
14:32 Les gens ont peur de sortir de chez eux.
14:36 Les gens, s'ils sont sortis, se dépêchent de rentrer chez eux.
14:40 Même des avocats, lorsqu'ils fixent un rendez-vous
14:43 à un client après 18h, le client retéléphone
14:46 au secrétariat en disant "je préfère ne pas venir".
14:49 -La ville de Moucron est littéralement apeurée,
14:52 terrifiée.
14:54 Jamais je n'ai connu une telle situation.
14:57 -Mes parents me laissent chez mes grands-parents,
15:00 qui habitent à Dotigny, un village à proximité de Moucron,
15:03 ce qui permet d'être en dehors de la ville.
15:05 C'est un peu rassurant, dans le sens où on sait
15:08 que toutes les actions du tueur fou
15:12 se passent à l'intérieur même de Moucron.
15:14 -Les habitants changent sensiblement leurs habitudes.
15:19 C'est toute l'économie locale qui est bouleversée
15:22 par le tueur fou.
15:23 -Certains commerçants ferment leurs rideaux
15:26 plus tôt que prévu, et l'Horeca ferme ses rideaux
15:29 contraint et forcé, car il n'y a plus personne dans les cafés.
15:32 Tellement la terreur envahit toute cette ville,
15:35 et même au-delà.
15:36 -La grande clientèle, c'est la clientèle française.
15:41 Elle ne vient plus. Elle a peur, aussi.
15:44 "Qu'est-ce qui se passe chez les Belges ?"
15:46 "Moucron, c'est juste à côté."
15:48 "Ils ne viennent plus."
15:49 -Moucron vit sous une chape de plomb.
15:52 Inutile de dire qu'il y a encore des usines qui tournent,
15:56 mais après 21 heures, plus personne ne circule.
16:00 -Même les voitures sont rares.
16:03 Je ne sais pas si, à l'époque de l'occupation allemande,
16:07 il y avait un tel silence dans la ville la nuit.
16:09 ...
16:15 -Le soir, Moucron est une ville morte.
16:18 Et à la psychose s'ajoute la suspicion.
16:21 Les policiers reçoivent des dizaines de témoignages.
16:24 -La population, à ce moment-là, commence à suspecter tout le monde.
16:29 Il y a une chasse aux sorcières qui s'organise.
16:31 On reçoit des coups de fil, des courriers
16:34 pour dénoncer dans le quartier, dans la rue,
16:37 un tel voisin qui a un comportement bizarre.
16:40 -Les mesures de sécurité prises par la ville
16:43 ont peut-être dissuadé le tireur fou de repasser à l'action.
16:47 Quatre semaines se sont écoulées depuis la mort de David
16:50 et aucun incident n'est à signaler,
16:53 jusqu'à cette soirée du 9 septembre 1992.
16:56 Ce soir-là, Eric Delhaim, un habitant d'une quarantaine d'années,
17:02 rentre chez lui vers 21h.
17:04 Il rentre sa voiture dans son box de garage.
17:07 Il ouvre le box, met la voiture à l'intérieur et il sort.
17:12 Ce qu'il ne voit pas, c'est qu'une personne l'attend
17:15 cachée sur le côté.
17:16 Musique de tension
17:18 -J'arrive ici, lui, il est là.
17:20 Donc, il me demande mon portefeuille.
17:23 Je lui ai dit que ça ne va pas.
17:26 C'est là qu'il m'a braqué.
17:28 Son revolver, moi, j'ai pris ça.
17:31 Il a tiré.
17:33 Et je suis parti en courant par là.
17:36 -Eric a eu la peur de sa vie.
17:38 Son agresseur ramasse la douille et prend aussitôt la fuite.
17:42 Les enquêteurs pensent directement au retour du tueur fou,
17:46 mais ils ne retrouvent aucun indice sur les lieux.
17:50 Pour l'heure, ils préfèrent ne pas informer les médias
17:53 de ce fait divers.
17:54 Cet élément ne doit pas renforcer la psychose.
17:58 Musique douce
18:01 ...
18:05 -Nous sommes deux jours plus tard.
18:08 Le bois Fichaud est un quartier huppé de Moucron.
18:11 Dans cette maison, toutes les lumières sont allumées.
18:15 A l'intérieur, Mme Van Brackel prépare une fête de famille
18:19 prévue le lendemain.
18:21 Elle n'a pas remarqué qu'un individu
18:24 s'est introduit dans la maison.
18:26 ...
18:28 -Mme Van Brackel est de dos.
18:30 Elle fait sa vaisselle.
18:32 ...
18:35 -La propriétaire aperçoit l'inconnu,
18:38 qui lui demande de l'argent.
18:40 Surprise, elle ne prend pas la menace au sérieux.
18:43 -Elle pense à une blague.
18:45 Au moment où il la pointe en lui disant "du fric",
18:48 elle lui fait "arrête de déconner".
18:50 -Elle se rend compte que ce n'est pas une blague.
18:53 Le tireur tire un coup.
18:56 ...
18:59 -Heureusement, la balle vient se loger dans le micro-ondes.
19:02 -Les tirs retentissent dans les rues avoisinantes.
19:05 Ils éveillent l'attention du patron du bar, l'optimisme.
19:09 Un établissement resté ouvert, malgré les consignes de fermeture
19:13 imposées par la ville.
19:14 -Je dis "notez mes enfants,
19:17 "pang-pang, deux fois,
19:19 "mille-huit, deux.
19:20 "Crime passionnel au bois fichu, demain dans le journal."
19:24 Je dis ça en blaguant.
19:25 ...
19:27 -Les voisins n'ont pas conscience du drame
19:29 qui se joue dans la villa.
19:31 La mère de famille, prise de panique,
19:33 tente alors un subterfuge.
19:36 -Elle crie "Jacques",
19:37 pour faire croire qu'il y a un homme dans la maison.
19:40 -Le tueur ne se montre pas impressionné
19:43 et s'apprête à nouveau à tirer.
19:45 Mais contre toute attente, son arme s'enraye.
19:49 Plus une balle n'en sort.
19:51 ...
19:53 Au même moment, Nathalie, la fille de la propriétaire,
19:56 est sortie de sa chambre à l'étage, surprise par le bruit.
19:59 Elle se précipite vers sa maman.
20:02 -Elle voit sa fille,
20:03 elle la prend directement par le bras.
20:05 Le temps que l'agresseur, que tout ça se montre,
20:08 les deux dames montent dans une chambre et s'enferment à clés.
20:12 ...
20:13 -Le tueur met quelques secondes
20:15 avant de poursuivre ses victimes dans l'escalier.
20:18 Une fois à l'étage, plus de traces des deux femmes.
20:21 Elles ont réussi à se cacher.
20:23 ...
20:26 -Il ouvre une à une les chambres qui se trouvent à l'étage
20:29 et il y en a une seule qui est fermée à clés.
20:31 Il se dit que c'est là qu'elles sont.
20:33 Il commence à tambouriner sur la porte
20:36 et puis il n'arrive pas à faire céder la porte.
20:39 -Mme Van Bracol s'empare de son téléphone
20:43 et appelle la police.
20:44 ...
20:49 -Je suis en patrouille à ce moment-là
20:51 et on reçoit un appel comme quoi une mère et sa fille
20:55 se sont fait agresser par arme
20:57 dans leur villa du Bois-Fichau.
21:00 -Le policier circule dans un autre secteur de la ville.
21:04 Il fait demi-tour et se dirige au plus vite
21:07 vers le lieu de l'agression.
21:09 Pendant ce temps, l'inconnu continue de s'acharner sur la porte.
21:15 -Il essaie de rentrer, il essaie de la défoncer,
21:17 il n'y arrive pas.
21:18 -Nathalie Van Bracol se dirige alors vers la fenêtre
21:22 pour tenter de fuir.
21:24 C'est à ce moment-là que le tueur, tirant à travers la porte,
21:28 touche Nathalie Van Bracol, qui est dans une posture
21:31 qui est à portée de tir, même à travers la porte.
21:35 ...
21:41 -Nathalie est grièvement blessée.
21:43 La balle a atteint son rein.
21:45 Sa maman est désemparée.
21:48 C'est alors que des sirènes d'une voiture de police retentissent.
21:53 L'agresseur cesse de s'acharner.
21:56 Il décide de prendre la fuite.
21:58 ...
22:00 -Le tireur s'échappe, car on est dans un quartier de campagne.
22:04 Il part à travers champ.
22:06 -Lorsque les policiers pénètrent dans la maison,
22:09 l'agresseur est déjà loin.
22:11 Les deux femmes décrivent le suspect comme étant jeune,
22:14 portant des cheveux clairs, mais sans certitude.
22:18 ...
22:22 -Il y avait ce bas nylon, donc la description est imprécise.
22:25 -Immédiatement, des véhicules de police
22:28 patrouillent dans la ville à sa recherche.
22:31 A bord d'une de ces voitures,
22:33 le policier Francis Ostens et un collègue.
22:36 Soudain, ils aperçoivent un jeune homme à l'allure étrange.
22:41 -Je dis qu'on va le contrôler,
22:44 parce que c'est pas normal qu'un jeune adolescent,
22:47 à cette heure-là, puisqu'il était après minuit,
22:50 entre minuit et une heure du matin,
22:53 soit là, à ce moment-là.
22:57 -Le policier effectue un contrôle d'identité,
23:00 car leur odeur n'a pas respecté le couvre-feu.
23:03 Et puis, il est peut-être lié aux événements.
23:07 -Mais pour le policier qui le contrôle,
23:10 il ne correspond pas à la description.
23:12 -L'auteur des faits a été décrit par Mme Van Brakel
23:16 comme ayant des cheveux clairs,
23:19 or, face à elle, la police,
23:21 à quelqu'un qui a des cheveux noirs.
23:24 -L'agent de police conclut que ce jeune homme
23:27 n'est pas l'agresseur recherché,
23:29 mais il veut comprendre la raison de sa sortie nocturne.
23:32 -Je prends toutes les précautions,
23:35 je demande ses documents,
23:37 il va dans son bouzon,
23:40 et là, il en ressort un pistolet.
23:43 -Le policier est totalement surpris.
23:47 A son tour, il pointe lui aussi son arme.
23:50 Et là, leur odeur a une réaction surprenante.
23:54 Il dirige son propre pistolet contre lui.
23:57 -Il le met sur sa tempe.
24:00 Au-descran des arrois des forces de l'ordre,
24:03 qui essayent de parlementer en disant "mais qu'est-ce qui se passe ?"
24:07 -J'ai dit "dépose ton arme, on va discuter".
24:12 -Décontenancé par le comportement de cet individu,
24:17 le policier Francis Ostens n'est pas au bout de ses surprises.
24:21 Alors qu'il tente de le raisonner, l'homme se retourne
24:25 et prend la fuite.
24:27 -Il est très jeune et il court très vite.
24:32 Il faut se rendre compte que l'endroit est sombre,
24:35 c'est un petit sentier.
24:36 Et ça côtoie une ferme en démolition,
24:39 qui est à l'abandon,
24:41 et donc qui fait noir absolu.
24:44 Musique de tension
24:46 -L'inconnu parvient à semer l'équipe de police.
24:49 -Il a jeté quelque chose.
24:53 Donc, pour nous, c'est l'arme qu'il a jetée.
24:57 -Les policiers se mettent immédiatement
24:59 à la recherche de l'arme jetée dans les buissons.
25:02 Cela leur permettra peut-être de savoir
25:04 si cet homme est lié ou non à l'agression de la villa.
25:08 Mais leur recherche ne débouche sur aucun résultat.
25:11 Musique de tension
25:15 Le lendemain matin, au commissariat,
25:17 les enquêteurs demandent aux agents
25:19 de leur décrire cet individu.
25:21 ...
25:23 -Un portrait robot du tueur est dressé.
25:26 Il n'est pas très détaillé,
25:28 il n'est pas très précis,
25:31 il n'est pas très probant.
25:32 -J'ai participé à la réalisation
25:37 de ce portrait robot,
25:39 mais moi, mon attention n'était pas vraiment focalisée
25:44 sur son visage, mais plutôt sur son arme.
25:46 Je ne l'ai pas vu plus de 10 secondes.
25:49 -Les enquêteurs s'interrogent
25:52 sur le comportement étrange de cet homme.
25:55 Pourquoi se promenait-il seul à Moucron en pleine nuit ?
25:58 Est-il l'agresseur de la villa ?
26:00 Ces nouvelles informations font immédiatement la une des médias.
26:05 -Vendredi, peu avant minuit,
26:07 un homme s'introduit dans cette demeure.
26:09 Il réclame de l'argent.
26:10 La propriétaire et sa fille se cachent.
26:13 L'agresseur tire deux coups de feu,
26:15 blesse la jeune fille avant de s'enfuir.
26:17 C'est la 3e victime en un mois.
26:19 Le 12 août, une jeune fille est blessée par balle.
26:22 Un adolescent de 16 ans est assassiné.
26:24 -L'enquête sur l'agression de la villa
26:27 livre rapidement ses résultats.
26:29 Les policiers découvrent que la balle
26:32 qui a touché Nathalie Van Bracken
26:34 est semblable à celle des autres agressions.
26:37 Le tueur fou est de retour.
26:40 Musique de tension
26:43 Mais il y a un élément qui ne colle pas.
26:45 Les policiers se demandent pourquoi le tueur fou
26:49 aurait soudainement changé de stratégie
26:51 en s'immisçant dans une maison.
26:53 Alors, ils s'intéressent de plus près à cette villa
26:56 et ils découvrent un élément troublant.
26:59 La demeure a servi de lieu de tournage
27:02 pour un film particulièrement violent.
27:04 -Des rumeurs commencent à circuler
27:07 à Moucron après l'agression qui a eu lieu ce week-end
27:10 dans une villa où a été tourné le film "Cet arrivé près de chez vous".
27:14 Selon la rumeur, c'est précisément le film
27:17 qui aurait inspiré l'agresseur.
27:19 -Cet arrivé près de chez vous est une parodie documentaire
27:23 qui suit les méfaits d'un tueur en série
27:25 incarné par le jeune comédien Benoît Poulvourde.
27:29 Le film vient de sortir en salle.
27:31 Pour les enquêteurs, il s'agit d'une piste sérieuse.
27:35 -On fait effectivement un lien avec le film
27:38 "Cet arrivé près de chez vous".
27:40 Il en est tellement ainsi qu'à l'époque,
27:43 le juge d'instruction visionnera ce film.
27:46 -Certains policiers vont carrément au cinéma
27:51 lors des projections du film pour vérifier
27:54 s'ils ne tombent pas sur un psychopathe
27:56 qui passe son temps à regarder le film.
27:59 -Et ça va aller jusqu'à maintenant.
28:02 -Et ça va aller jusqu'à mettre sous surveillance
28:07 différents lieux de tournage de ce film
28:10 qui, pour certains, par exemple, à Namur,
28:12 se trouve à 130 km de Moucron.
28:15 Bruit de fusil
28:17 ...
28:22 -Les gens de Moucron étaient au courant
28:25 que le film avait été en partie tourné dans cette maison.
28:28 -Je ne sais pas répondre pour eux, mais ça m'étonnerait.
28:32 -C'est un lien qui pourrait, à nouveau,
28:34 alimenter cette psychose.
28:38 -La piste du film ne donne pas de résultats.
28:41 Aucun suspect n'est interpellé dans les salles de cinéma.
28:44 Pas de traces non plus d'un tueur
28:47 aux abords des autres lieux de tournage.
28:49 Les enquêteurs se demandent bien
28:51 s'ils parviendront à identifier le tireur
28:54 avant qu'ils ne s'en prennent à une nouvelle victime.
28:57 ...
29:04 Un tueur fou rôde dans les rues de Moucron
29:06 et les enquêteurs n'ont toujours pas réussi à l'identifier.
29:10 Mais ils disposent désormais d'un profil.
29:13 -On commence à voir des éléments, un, "auteur jeune".
29:17 Donc, on peut laisser tomber tout ce qu'il y a d'autre
29:21 comme possibilité d'auteur.
29:23 C'est un homme, donc un jeune homme.
29:25 Ca élimine aussi toute la gendre féminine.
29:28 Et on continue à faire par élimination.
29:30 -L'autre certitude des agents,
29:33 c'est que le tireur fou se déplace à pied.
29:36 Il n'habiterait donc pas en France.
29:38 ...
29:40 -On sent bien que l'auteur n'est pas un étranger hors Moucron.
29:46 Donc, on va rechercher à l'intérieur de Moucron.
29:49 -Alors que les recherches se poursuivent
29:51 pour arrêter le tireur,
29:53 l'enquête connaît soudainement un incroyable rebondissement.
29:57 ...
30:01 Cinq jours après la dernière agression,
30:03 le commissariat de Moucron reçoit un courrier anonyme.
30:07 ...
30:09 -Nous recevons une lettre qui contient un document
30:14 dans lequel l'auteur s'identifie comme étant le tueur fou,
30:19 qui avoue les différentes agressions.
30:23 Et qui signale qu'il va continuer ce genre de méfaits.
30:28 -Cette lettre comporte une signature
30:30 tout aussi mystérieuse et effrayante.
30:33 Il signe "Fantomas",
30:35 pour faire de lui un personnage de roman.
30:38 -Dans sa lettre, l'auteur nargue les enquêteurs.
30:43 Il leur fait comprendre qu'ils auront du mal à le retrouver.
30:47 Et pour prouver qu'il est bien l'homme qu'ils recherchent,
30:50 il a joint à sa lettre une cartouche.
30:53 ...
30:55 -La cartouche est soumise aux analyses balistiques
30:58 qui confirment que cette cartouche fait partie du lot.
31:01 Les deux autres utilisées, c'est la même.
31:04 Même paquet.
31:06 -Ce week-end, les policiers ont reçu une lettre,
31:09 écrite par quelqu'un qui se présente
31:11 comme l'auteur des coups de feu.
31:13 Un auteur qui a des lettres.
31:15 Il signe "Fantomas" et annonce d'autres actions.
31:17 -Tout le monde est plus effrayé.
31:20 Vous pouvez imaginer la panique et le sentiment d'effroi
31:23 dans cette ville de Moucron.
31:24 ...
31:27 -Au commissariat, les policiers examinent
31:30 dans les moindres détails la lettre envoyée par le tireur fou.
31:33 Ils demandent l'aide de la poste
31:36 pour examiner le cachet sur le timbre.
31:38 Et très vite, cette analyse débouche sur un indice capital.
31:43 -On parvient à déterminer
31:46 que cette enveloppe a été déposée
31:49 dans une boîte aux lettres dans le quartier du Nouveau-Monde.
31:52 -Le quartier du Nouveau-Monde
31:54 est un secteur résidentiel de Moucron,
31:56 habituellement sans histoire.
31:58 Sauf que c'est précisément dans ce secteur de la ville
32:02 que le tireur a agi à plusieurs reprises.
32:05 -Les victimes sont toutes agressées à peu près au Nouveau-Monde.
32:09 La lettre est postée au Nouveau-Monde.
32:11 L'individu se fait interpeller le long de la route express
32:15 par une patrouille de police.
32:17 -On est toujours dans ce secteur du Nouveau-Monde.
32:21 Toujours. Ca resserre déjà un petit peu.
32:23 -Pour connaître la boîte postale
32:26 où le tireur fou a déposé la lettre,
32:29 les policiers contactent à tout hasard
32:31 le postier travaillant dans ce secteur.
32:34 Sans trop y croire,
32:37 il lui montre l'enveloppe.
32:39 Et là, surprise,
32:41 cela réveille chez lui un souvenir.
32:43 -Le facteur se souvient très bien
32:47 de la lettre qu'il a récoltée de la boîte aux lettres
32:53 et de quelle boîte aux lettres il s'agit.
32:56 -Grâce au témoignage du postier, l'enquête s'accélère.
33:00 Les policiers en sont persuadés.
33:03 L'auteur a posté la lettre à proximité de son domicile.
33:07 Alors, un agent décide de s'y rendre incognito,
33:10 en tenue civile.
33:12 Et sur place, il aperçoit un passant à l'allure étrange.
33:17 -Il y a le jeune homme là-bas,
33:19 il vit avec ses parents.
33:22 Je m'approche de la maison,
33:24 je relève le numéro de la maison
33:26 et je me rends compte que je me suis déjà rendu
33:30 dans cette maison.
33:32 -Au commissariat, le policier consulte ses archives.
33:36 Celles-ci confirment qu'il a bien effectué
33:39 une visite dans cette habitation.
33:41 L'adolescent qui y vit a été l'auteur de nombreux délits.
33:45 Ce jeune homme s'appelle Arnaud De Geuzel,
33:48 il a 17 ans.
33:50 -Il a été renvoyé d'un tas d'écoles
33:53 pour des méfaits qui sont sérieux.
33:55 Une fois, il a essayé d'empoisonner des camarades de classe
33:59 en versant de l'acide dans leur boisson.
34:01 Il avait aussi mis des aiguilles dans le cartable de certains copains.
34:06 Quand il prenait les affaires, les copains se piquaient.
34:09 Ca avait l'air de l'amuser.
34:11 -Le policier fait part de ses soupçons
34:14 à ses supérieurs, mais pour eux, le profil ne colle pas.
34:17 Ennuyer ses camarades de classe est une chose,
34:21 tuer des gens en est une autre.
34:23 -Cette enquête n'était pas facile,
34:26 car un auteur qui n'a pas de mobile
34:28 est toujours très difficile à appréhender.
34:31 -Les enquêteurs ne considèrent pas
34:33 qu'Arnaud De Geuzel puisse être mêlé aux agressions.
34:36 Pour en avoir le coeur net,
34:38 il décide malgré tout de se rendre à son domicile.
34:42 Sur place, c'est la maman du jeune homme qui leur ouvre la porte.
34:47 -Cette dame dit "Qu'est-ce qui se passe ici ?"
34:50 On lui dit "On suspecte votre fils de..."
34:52 Elle dit "C'est pas possible."
34:55 "Oui, on va y avoir."
34:57 -La maman d'Arnaud n'en revient pas
34:59 que les policiers puissent suspecter son fils.
35:03 Elle les guide vers sa chambre.
35:05 A l'intérieur, l'adolescent est allongé sur son lit.
35:10 Il ne montre aucune résistance.
35:12 Mais autour de lui,
35:14 les agents remarquent des éléments interpellants.
35:17 -Les forces de l'ordre fouillent sa chambre
35:20 et se rendent compte que tout est là.
35:22 -Le gamin a un petit laboratoire, je vais dire,
35:25 comme un amateur de tir, d'ailleurs,
35:28 pour fabriquer ses munitions.
35:30 -Il y a des livres sur les armes,
35:32 un plan de moucron,
35:34 un bottin dans lequel on a tiré.
35:38 -Les policiers ne s'attendaient pas
35:40 à retrouver autant d'indices lors de cette visite.
35:43 Ils décident alors de fouiller toute la maison.
35:46 -Les policiers trouvent différentes choses,
35:49 des corniches, des centres de corniches,
35:51 une cache extérieure également,
35:53 toutes sortes d'outils, d'appareils
35:56 qui servent à fabriquer des balles,
35:59 qui servent à faire des tests,
36:01 qui servent à différentes choses,
36:03 des habits qui ont également été vus.
36:07 -Les preuves sont accablantes.
36:09 Et pourtant, devant les enquêteurs,
36:11 Arnaud de Geusel n'apporte aucune explication.
36:15 -Tout est là, toutes les lectures sont là,
36:17 toutes les présentations d'armes sont dans sa chambre,
36:21 mais il n'avoue pas du tout.
36:23 -On a retrouvé tout ce qu'il fallait
36:26 pour l'emmener avec les bracelets,
36:30 comme on dit. Il avait le regard terrifiant.
36:34 -Un regard terrifiant.
36:37 -C'est un jeune Moukronois, il n'a que 17 ans,
36:39 qui serait l'auteur des trois agressions
36:42 qui ont mis la ville en émoi depuis le 12 août dernier.
36:45 Il a été arrêté ce matin à l'aube,
36:47 et c'était un habitant du quartier du Nouveau Monde
36:50 où la plupart des agressions avaient eu lieu.
36:53 -C'est la consternation, mais c'est aussi le soulagement,
36:56 comme l'expliquent les voisins.
36:58 -C'est dommage pour ces gens, je trouve.
37:00 C'est vrai, c'est... On n'a jamais pensé ça, quoi.
37:03 Ils méritent pas ça, ces parents.
37:05 -Il y a un flux continu de voitures dans les deux sens.
37:10 Les gens veulent à tout prix visualiser l'endroit
37:13 où vit ce fou.
37:14 Énormément de badauds à pied,
37:16 des rassemblements de personnes devant la maison,
37:19 durant toute la journée.
37:21 -Je connais pas précisément ce jeune homme,
37:23 mais je côtoie assez fréquemment la maman
37:27 quand elle va faire ses courses.
37:29 C'est vrai que c'est une petite dame
37:31 qui est un peu triste, comme ça,
37:33 mais bon, quoi qu'il en soit, c'est quand même...
37:36 Ca fait drôle, quoi.
37:38 -Au commissariat de police,
37:40 l'audition d'Arnaud Degueuzel a commencé.
37:43 Le jeune homme n'est pas coopérant.
37:45 -Dans un premier temps, il nie.
37:47 Il nie. C'est pas lui.
37:49 -Arnaud Degueuzel ne donne toujours aucune explication
37:53 sur l'attirail retrouvé dans la maison familiale.
37:56 Alors les enquêteurs sortent une carte maîtresse, l'ADN.
38:00 -Ca n'était pas très courant à l'époque,
38:03 mais à l'initiative d'un magistrat du parquet,
38:06 monsieur Joly,
38:08 finalement, ces tests ADN auront lieu
38:12 et permettront de confondre Arnaud Degueuzel.
38:15 -Les policiers informent le détenu
38:18 de la concordance des tests ADN.
38:20 Ils espèrent faire craquer le jeune homme,
38:23 mais l'adolescent tient tête et reste muet.
38:27 -Il faudra attendre plusieurs heures
38:30 pour qu'il rumine un peu,
38:32 pour que, vers 1h du matin, il avoue tous ses crimes.
38:38 -Il accepte d'avouer en disant "oui, c'est moi, et alors ?"
38:41 -Arnaud Degueuzel s'exprime enfin.
38:45 "Oui", dit-il, il a tiré au hasard
38:47 sur des habitants de Moucron, en pleine nuit.
38:50 -Il faut qu'il donne les éléments
38:53 pour que cet aveu puisse être enterré.
38:55 -Ces aveux circonstanciés.
38:59 Concordants avec les éléments matériels
39:05 et objectifs de l'enquête,
39:10 permettent d'affirmer avec une totale certitude
39:17 que l'intéressé est bien l'auteur des faits.
39:22 -Degueuzel avoue tous les faits sans aucune réserve.
39:27 Karine Mourmane, David Maton, la maison d'Evan Bracol,
39:31 mais aussi l'agression d'Eric Delhaim.
39:34 C'était lui, le meurtrier collabor au différente reconstitution.
39:39 -L'adolescent de 17 ans, surnommé "le tireur fou de Moucron",
39:43 s'est rendu ce matin sur les lieux des agressions.
39:46 Le mineur était coiffé d'une cagoule
39:49 et a répété les gestes avec un certain calme,
39:51 en donnant tous les détails aux enquêteurs.
39:54 -Le tireur fou de Moucron dit tout ignorer du film
39:57 "C'est arrivé près de chez vous".
39:59 Il ne savait pas que la villa de la famille Van Bracol
40:02 a servi de lieu de tournage pour ce film.
40:05 Ce soir-là, son objectif était de tirer sur des clients
40:09 du bar voisin.
40:10 L'optimisme restait ouvert durant le couvre-feu.
40:13 -Il attendait la sortie d'une personne du bar
40:18 pour l'agresser.
40:19 Mais comme personne ne sortait du bar,
40:22 il s'est dirigé vers la rue des Pèlerins,
40:25 qui est juste face au bar des optimistes.
40:28 Il s'est dirigé, il a vu de la lumière dans une habitation.
40:33 -Les policiers veulent savoir si Arnaud Degueuzel
40:36 est bien le jeune homme qui a pris la fuite
40:39 après un contrôle de police.
40:41 -Il va dire "oui, c'était moi qui suis tombé face à face
40:44 "au policier de Moucron".
40:46 -Degueuzel aiguille les policiers
40:49 vers le lieu où il a jeté son arme.
40:51 -Les fouilles effectuées sur place
40:53 retrouvent l'arme, une arme, sur un tas de gravats
40:57 à l'arrière de cette ferme.
40:59 Il s'avère que c'est l'arme qui a servi
41:01 dans toutes les agressions précédentes.
41:04 -Reste une question centrale, le mobile.
41:07 Qu'est-ce qui a bien pu pousser ce garçon de 17 ans
41:11 à tirer sur des personnes qu'il ne connaissait pas ?
41:14 -Il nous explique qu'il aimait tuer,
41:16 il nous explique qu'il a été tout particulièrement déçu
41:20 que la première victime ait survécu,
41:22 parce que ça démontre qu'il n'avait pas préparé ses munitions.
41:26 Il est très content d'avoir fait des progrès
41:28 sur les munitions suivantes, puisque là, c'est réussi, c'est gagné,
41:32 le suivant est décédé.
41:33 -Les propos du tireur fou
41:35 viennent raviver la douleur des parents de David,
41:38 l'unique victime à avoir perdu la vie dans ces attaques.
41:42 -Quand on a su que c'était un jeune d'à peine un an de plus que David,
41:47 ça...
41:49 ça corpille.
41:52 Quand un jeune tue comme ça un autre jeune pour rien.
41:57 -Il n'y a personne qui pense à tuer comme ça dans la rue.
42:00 Il y a quelqu'un qui passe, "Allez, celui-là, je vais le tuer."
42:04 Non.
42:05 On a un sentiment de révolte.
42:08 Moi, j'ai un sentiment de révolte.
42:11 J'ai même un autre sentiment, moi, j'ai de la haine,
42:15 ce que je n'avais pas avant, pour personne.
42:18 Moi, on m'a tout enlevé.
42:20 Tout était bâti autour de David.
42:22 Musique sombre
42:25 ...
42:29 -Arnaud de Geuzel dit ne rien regretter de ses gestes.
42:33 Il exprime même une certaine fierté.
42:37 -Il adore faire mal,
42:38 ne se rend pas compte à quel point il fait mal,
42:41 mais il le fait, ça lui donne du plaisir.
42:43 -Ce garçon a un profil psychologique très troublé.
42:47 On le sait également que, durant les agressions,
42:50 il est sous cocaïne et extasie.
42:52 ...
42:54 -Le jeune homme vivait une relation conflictuelle avec ses parents.
42:58 Suite à ses multiples renvois d'école,
43:00 l'adolescent était sous la tutelle d'un juge
43:03 et suivait des cours par correspondance.
43:05 ...
43:08 -Vous êtes certainement la personne qui le connaissait le mieux.
43:12 Vous avez un semblant d'explication à ce qui s'est passé.
43:15 -Oui. -Qu'est-ce que vous pensez ?
43:17 -Je trouve qu'un juge qui fait comme il a fait...
43:23 Nous, on n'avait pas vraiment le droit de s'occuper de notre enfant
43:26 puisqu'il y avait un juge.
43:28 Le juge, lui, il faisait faire des papiers par notre docteur
43:32 et il faisait des cours par correspondance,
43:35 alors qu'il savait très bien qu'Arnaud avait des problèmes.
43:38 C'était la facilité.
43:39 Arnaud était toujours enfermé chez nous.
43:42 Je disais qu'un jour, il va arriver quelque chose.
43:44 ...
43:47 Je ne lui connaissais pas de copains.
43:49 -Pour les primaires, c'est un élève brillant,
43:52 toujours dans les premiers, largement au sud de la moyenne.
43:55 Puis il a eu le décès de mon beau-père
43:59 et il a voulu se mettre fin à ses jours de faux.
44:01 -Il n'essayait pas de lui nous parler,
44:04 donc nous, on aurait sûrement dû lui parler plus
44:07 et essayer de voir, quoi.
44:10 Peut-être que ça l'aurait réconforté ou quelque chose comme ça.
44:14 ...
44:16 -Il était rejeté de toutes les écoles.
44:18 On disait qu'ils allaient s'occuper de nous,
44:21 qu'ils allaient chercher, mais rien du tout.
44:23 -Les derniers temps, il était vraiment spécial.
44:26 Je disais même à mon mari, "Tu crois pas qu'il se drogue, lui ?"
44:29 Il a tapé dans un punching-ball à une heure et demie
44:32 et sans arrêt, sans arrêt, quelque chose que personne ne peut faire.
44:36 -Les parents d'Arnaud de Geuzel
44:39 étaient conscients que leur fils pouvait causer du tort,
44:42 mais pas au point de tuer en rue et de provoquer la psychose.
44:46 ...
44:50 Dans la ville de Moucron,
44:52 la vie reprend ses droits après l'arrestation du tueur fou.
44:56 -J'ai jamais connu la guerre,
44:59 mais ça peut y ressembler,
45:01 quand c'est l'armistice, les gens sont heureux.
45:04 Ils vont en rue, tout le monde parle, tout le monde est heureux.
45:08 Et la ville revit également.
45:10 Donc, le week-end, voilà,
45:13 la population française revient au centre de Moucron.
45:17 Enfin, tout le monde revit, quoi.
45:20 -On a fêté, on a fêté gentiment, en petit comité.
45:24 C'était un soulagement.
45:25 ...
45:28 -Arnaud de Geuzel était mineur au moment des faits,
45:31 mais la justice décide de le juger comme majeur.
45:34 Son procès se tient un peu plus d'un an après les faits,
45:38 au palais de justice de Mons.
45:40 Lorsqu'il entre dans la salle d'audience,
45:43 l'adolescent surprend tout le monde par son comportement.
45:47 -Il a plus qu'une attitude détachée.
45:51 Il est... Il adopte une attitude
45:53 carrément désinvolte, méprisante.
45:57 D'ailleurs, le président de la cour d'assises,
46:00 M. Juncker, lui posera une question.
46:04 "Pourquoi avez-vous fait ça ?
46:06 "Quel est le but que vous recherchiez ?"
46:08 La réponse de Arnaud de Geuzel,
46:11 "Je voulais tuer ou blesser le plus gravement possible."
46:15 Aucune empathie, aucun remords.
46:19 Aucun respect à l'égard de ses victimes.
46:23 ...
46:25 -Le fait que d'autres soient handicapés,
46:27 handicapés à vie, il vous parle de ça
46:30 comme il vous expliquerait qu'il est allé planter des poireaux
46:34 dans son jardin hier matin,
46:36 ou qu'il est allé promener son chien.
46:39 Donc, il collabore,
46:41 mais toujours avec cette froideur absolument insupportable.
46:47 -Il garde cette attitude extrêmement narcissique,
46:52 oui, sournoise, perverse.
46:55 Un garçon, en fait, d'une grande intelligence,
46:58 dont le corenseignant disait qu'il était intelligent,
47:02 mais tout dépend de son intelligence.
47:05 -À l'issue du procès,
47:08 de Geuzel écope de la réclusion à perpétuité.
47:11 Là encore, sa réaction
47:13 remplit d'indignation le public présent.
47:16 -C'est d'une façon terrible,
47:18 car Arnaud de Geuzel a accueilli la sentence avec le sourire,
47:22 en regardant tour à tour les jurés, en les fixant d'un regard de défi.
47:26 -Il a fait un doigt d'honneur à la cour
47:29 et il s'est retourné immédiatement ensuite vers ses parents
47:32 avec un grand sourire.
47:34 Soit pour les narguer,
47:37 soit pour je ne sais quelle raison.
47:39 -J'ai été, dans d'autres dossiers,
47:42 confronté à des gens qui avaient commis des horreurs innommables,
47:47 mais au panthéon des gens qui m'ont marqué
47:51 par leur froideur et par l'impression
47:53 de dangerosité extrême qu'ils dégageaient,
47:56 on peut mettre Arnaud de Geuzel.
48:01 -Les partis civils accueillent avec satisfaction
48:04 la peine infligée aux tueurs,
48:06 mais pour les parents de David Maton,
48:09 rien ne pourra soulager la perte de leur fils unique.
48:12 -On a 50 ans.
48:15 On n'a plus espéré avoir d'autres enfants.
48:18 Alors il faut continuer à vivre, oui.
48:22 On vit, on dort, on mange, on travaille,
48:28 mais dans le fond, il n'y a plus grand-chose qui nous intéresse.
48:32 -Incarcéré à la prison d'Anden,
48:38 le tueur fou de Moucron ne reste pas les bras croisés
48:41 dans sa cellule.
48:43 Il a soif de connaissances et veut reprendre des études.
48:46 -Il se dit qu'il va faire un baccalauréat en mathématiques
48:52 à l'université de Namur.
48:54 Il réussit, tout en étant incarcéré, sa première année de bac.
48:58 -Mais en 2012, Arnaud de Geuzel fait part de ses difficultés
49:05 à poursuivre les cours par correspondance.
49:08 Quelques semaines plus tard,
49:10 il est retrouvé inanimé dans sa cellule.
49:13 Celui que l'on surnomma le tueur fou s'est donné la mort par overdose.
49:18 Il aura passé 20 ans en prison sans jamais exprimer de remords.
49:24 Générique
49:26 ...
49:29 Musique douce
49:32 ...
49:56 ...
50:23 ...
50:25 [Musique]

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