En 1994, le Rwanda a vécu le génocide le plus rapide du XXe siècle : 800 000 tutsis massacrés en à peine trois mois par les hutus, ethnie majoritaire, après la destruction en plein vol de l’avion du président Habyarimana. Les deux ethnies se vouent une haine ancestrale.
Seize ans après les faits, la justice rwandaise et la justice internationale ont jugé et condamné de nombreux responsables.
Mais combien sont encore en liberté ?
Seize ans après les faits, la justice rwandaise et la justice internationale ont jugé et condamné de nombreux responsables.
Mais combien sont encore en liberté ?
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00:00:00À la frontière entre le Rwanda et le Zahir, en cette fin juin 1994, c'est le chaos.
00:00:09Un pays tout entier, le Rwanda, se vide de sa population Hutu.
00:00:14L'ethnie majoritaire du pays dont les dirigeants viennent de commettre l'irréparable.
00:00:18Le génocide le plus rapide du XXe siècle, le génocide des Tutsis.
00:00:23800 000 personnes méthodiquement massacrées en à peine 3 mois.
00:00:32Des Tutsis, mais aussi des Hutus modérés. Hommes, femmes, enfants, personne n'en réchappe.
00:00:38Dans ce flot humain qui passe la frontière, les dignitaires du régime génocidaire et leurs complices se sont mêlés à la foule.
00:00:50Parmi eux, cet homme, c'est l'un des principaux responsables Hutu du génocide.
00:00:56Avant de disparaître dans la nature, il menace de mort le journaliste qui vient de le retrouver dans sa fuite.
00:01:10Sincèrement, vous pensez qu'ils peuvent les amener ?
00:01:20Ce que vous avez mangé, ça vous suffit. Un jour, tu vas mourir. Tu commences à me narguer jusqu'à ce point.
00:01:28La cavale du colonel Baghosora sera de courte durée.
00:01:32Arrêté deux ans plus tard au Cameroun, le tribunal pénal international l'a condamné à la prison à vie.
00:01:40Aujourd'hui, beaucoup d'autres sont toujours en fuite.
00:01:4316 ans après les faits, la justice internationale en recherche officiellement 11, tous considérés comme de hauts responsables.
00:01:50Mais par-delà cette poignée de dignitaires, combien de complices, combien d'assassins encore en liberté ?
00:01:55Quelques-uns se cachent en Afrique, certains ont trouvé refuge en Europe, beaucoup sont en France.
00:02:01Ils y vivent en toute impunité, bien intégrés dans notre société.
00:02:05C'est ce que va révéler notre enquête.
00:02:07Six mois de trac pour retrouver ces Rwandais que tout accuse dans leur pays.
00:02:12Nous découvrirons que la veuve de l'ancien président accusé d'avoir couvert le génocide mène aujourd'hui une existence bien tranquille.
00:02:21Qu'un médecin pourtant condamné à perpétuité au Rwanda exerce son métier dans notre pays comme si de rien n'était.
00:02:32Et puis, il y a cet ancien militaire, autre génocidaire présumé.
00:02:36Il vit libre, en famille, dans le sud de la France alors qu'il est recherché depuis longtemps par Interpol.
00:02:41Tous présumés coupables, mais la justice française a jusqu'à présent choisi de les ignorer.
00:03:12Mars 2010.
00:03:1416 ans après le génocide, les plaies sont toujours à vif.
00:03:25Les lieux de mémoire sont nombreux, comme à Murumbi, une région qui a payé un lourd tribut dans le génocide.
00:03:32Ici, lorsque les charniers ont été découverts, on a choisi d'explorer le pays.
00:03:37Ici, lorsque les charniers ont été découverts, on a choisi d'exposer les corps, de montrer l'horreur.
00:03:46Quand il est au Rwanda, c'est devenu un pèlerinage habituel pour Alain Gauthier.
00:03:51En France, il a fondé le CPCR, le Collectif des Partis Civils pour le Rwanda.
00:03:57Depuis 10 ans, il enquête sur tous les présumés génocidaires vivant en France.
00:04:02C'est le combat de sa vie.
00:04:07C'est le combat de sa vie.
00:04:29Les coups de...
00:04:32Les coups de machette.
00:04:37Les coups de machette.
00:04:43Ce bébé, vous voyez, on a presque le sentiment qu'il a la position d'un bébé qui était sur le dos de sa mère.
00:04:49Ils n'ont épargné personne.
00:04:52Voilà, la preuve est là.
00:04:56Du bébé au vieillard, les femmes, les hommes, les bébés dans le ventre de leur mère.
00:05:03Voilà, ça voulait être l'extermination totale.
00:05:08Ce combat, Alain Gauthier le mène aussi pour honorer la mémoire de sa belle-famille décimée pendant le génocide.
00:05:23Venir ici, pour moi, c'est vraiment aussi un encouragement à continuer le combat pour la justice
00:05:27parce que ceux qui sont là aujourd'hui exposés,
00:05:31il y a des gens qui ont tout fait pour que ça ait lieu.
00:05:36Il y a des gens qui ont organisé cette extermination, ce génocide.
00:05:40Et donc, la justice doit être un chemin obligatoire.
00:05:48Et sur ce long chemin, Alain Gauthier s'est mis en tête d'identifier lui-même les responsables
00:05:52pour espérer arrêter l'extermination.
00:05:55Et sur ce long chemin, Alain Gauthier s'est mis en tête d'identifier lui-même les responsables
00:06:00pour espérer un jour leur procès.
00:06:04Une quête inlassable que ce directeur de collège poursuit bénévolement.
00:06:11Nous, nous représentons les victimes et nous sommes en droit de demander à la justice française
00:06:16de juger enfin les génocidaires rwandais qui sont sur le sol français.
00:06:21Je crois que c'est un crime le plus extraordinaire qui puisse exister, le crime du génocide.
00:06:26C'est un crime imprescriptible.
00:06:28Et donc, nous devons continuer à nous battre pour que justice soit rendue aux victimes.
00:06:34Dans cette mission difficile, Alain Gauthier n'est pas tout seul.
00:06:40D'Afrosa, sa femme, est à ses côtés pour rendre cette justice aux victimes,
00:06:44comme ils le disent eux-mêmes.
00:06:47On vit dans l'obsession de ce génocide.
00:06:49C'est un génocide qui nous habite, je dirais, quasiment jour et nuit.
00:06:54Mais je crois que notre choix a été fait une fois pour toutes.
00:06:59Et plus rien aujourd'hui ne peut ou plus rien ne doit nous arrêter.
00:07:05D'Afrosa, est-ce que ce choix est lié aussi au fait que votre famille ait été décimée ?
00:07:10Moi, je vous avoue que tout ce que nous faisons, tout ce que je fais, je le fais pour eux.
00:07:17Je ne peux pas dire autre chose.
00:07:20C'est avec beaucoup d'émotion que je le dis.
00:07:25Même quand je suis fatiguée, quand j'en ai marre, je le fais pour eux.
00:07:41L'histoire d'Alain Gauthier et d'Afrosa se confond avec celle du Rwanda.
00:07:46Le jeune professeur de français découvre ce petit pays enclavé au cœur du continent africain à la fin des années 70.
00:07:53Il y rencontre aussi celle qui deviendra son épouse.
00:07:58A l'époque, le général Abiyarimana dirige le pays.
00:08:02C'est un Hutu, l'ethnie majoritaire au Rwanda.
00:08:05L'autre ethnie, ce sont les Tutsis.
00:08:07Entre les deux, une haine ancestrale.
00:08:10Longtemps écartés du pouvoir, les Hutus imposent alors aux Tutsis de nouvelles règles.
00:08:15Certains emplois leur sont interdits.
00:08:17L'origine ethnique est obligatoire sur tous les documents d'identité.
00:08:21Partout dans le pays, des massacres succèdent aux massacres.
00:08:26Une rébellion s'organise.
00:08:28À sa tête, un homme.
00:08:30Il s'appelle Abiyarimana.
00:08:32Entre Abiyarimana, le Hutu, et Kagame, le Tutsi, la guerre va durer des années.
00:08:38Jusqu'aux accords de paix d'Arusha voulus par la communauté internationale.
00:08:42Nous sommes en 1993.
00:08:46Mais cette paix, c'est en fait le retour des Tutsis aux affaires.
00:08:50Les extrémistes Hutus la refusent.
00:08:52Ils se radicalisent.
00:08:54Entre Hutu et Tutsi, la haine atteint des morts.
00:08:57Au soir du 6 avril 1994,
00:08:59la destruction en plein vol par deux missiles de l'avion du président va embraser le Rwanda.
00:09:04Le ministre de la Défense a la profonde douleur d'annoncer au peuple rwandais
00:09:08le décès inopiné du chef de l'État,
00:09:10Son Excellence le Général-Major Abiyarimana.
00:09:16Aussitôt, dans les rues de Kigali, la capitale,
00:09:18des barrages, des barrages, des barrages, des barrages, des barrages, des barrages,
00:09:22des barrages, des barrages, des barrages, des barrages, des barrages, des barrages,
00:09:25des barrages, des barrages, des barrages, des barrages, des barrages, des barrages.
00:09:47Une des caractéristiques du génocide étoutsie rwanda,
00:09:50c'est effectivement ce génocide de proximité.
00:09:53Le voisin a tué le voisin, parfois le mari a tué sa femme,
00:09:57parfois les enfants.
00:09:59Donc c'est quelque chose d'assez exceptionnel, d'assez terrible.
00:10:06Kigali aujourd'hui.
00:10:09La résidence présidentielle du couple Abiyarimana,
00:10:12un musée non officiel où trônent encore quelques vestiges de l'époque.
00:10:16C'est précisément ici que tout a commencé.
00:10:20Par une étrange ironie de l'histoire, quand l'avion du président explose dans le ciel,
00:10:24c'est dans les jardins de la résidence que la carlingue et les réacteurs viennent s'écraser.
00:10:3416 ans après, le long du mur d'enceinte, les débris de l'avion font toujours partie du décor.
00:10:42Là va se produire le premier massacre du génocide.
00:10:46Quelques heures à peine après l'attentat,
00:10:48tous les voisins Tutsi du quartier sont assassinés par la garde présidentielle.
00:10:55Chantal est une miraculée.
00:10:57Quelques jours avant la tuerie, inquiète, sa mère l'avait cachée dans une autre famille de Kigali.
00:11:02C'est ce qui l'a sauvée.
00:11:07Là, c'était chez Agathe.
00:11:09Ici, dans la bananeraie, ça grouillait de militaires de la garde présidentielle.
00:11:13Là-bas, il y avait notre maison, nous étions 9 enfants.
00:11:16Et tout autour, il y avait d'autres familles Tutsis.
00:11:23Les gens ici sont morts sans comprendre ce qu'il se passait.
00:11:26Ils ont vu une boule de feu tomber du ciel,
00:11:28et tout de suite après, les militaires sont arrivés et ils ont massacré tout le monde.
00:11:34Voici à quoi ressemblait la bananeraie au lendemain de l'attentat.
00:11:38Dans tout le quartier, seules les familles Hutu ont été épargnées.
00:11:44À part le personnel de la résidence qui travaillait pour Agathe,
00:11:49et aussi les gens du quartier,
00:11:51il n'y avait que la garde présidentielle qui s'aventurait ici.
00:11:58Pourquoi la garde présidentielle a-t-elle âgé ainsi ?
00:12:01Qui lui a donné des ordres ?
00:12:04Son chef suprême vient de mourir dans le crash de l'avion.
00:12:07Dans les heures qui suivent, la seule à détenir le pouvoir, c'est Agathe, la veuve du président.
00:12:12Chantal n'a donc aucun doute sur sa responsabilité dans ce premier crime.
00:12:16Tout de suite après la mort du président,
00:12:18Agathe était la seule personne à pouvoir donner des ordres à la garde présidentielle.
00:12:30De toutes ces familles Tutsi, il n'y a plus personne.
00:12:33Une femme a pu en réchapper, elle s'appelle Florence.
00:12:36C'est elle qui nous a raconté comment les nôtres ont été tués.
00:12:43Florence vit désormais loin de ce quartier.
00:12:47Elle a accepté de nous recevoir,
00:12:49de nous raconter ce qu'il s'est passé ce soir-là autour de la résidence présidentielle.
00:12:53Elle est l'unique rescapée de cette nuit de cauchemar,
00:12:56le seul témoin oculaire détruit.
00:12:59Qu'est-ce qu'elle dit ?
00:13:00Elle dit je reste ici, on l'attend ici.
00:13:07Florence la voilà, marchant péniblement, séquelle de ses blessures.
00:13:12Dans la maison familiale, ils étaient 16,
00:13:14ses parents, ses frères et sœurs, ses nièces et ses neveux.
00:13:18Aujourd'hui, elle est seule.
00:13:20Avec Agathe, nous avions de bons rapports de voisinage.
00:13:26Elle nous invitait souvent à la résidence, quand il y avait des fêtes par exemple.
00:13:33Le dimanche, on allait à la messe ensemble.
00:13:37Elle était très croyante, vous savez.
00:13:40Elle nous invitait à la fête,
00:13:42elle nous invitait à la fête,
00:13:44elle nous invitait à la fête,
00:13:47elle était très croyante, vous savez.
00:13:53Mais ce que je peux te dire, c'est qu'elle était surtout très machiavélique.
00:14:00Comment cette si bonne chrétienne a laissé sa garde présidentielle nous massacrer comme ça ?
00:14:06Elle qui avait tout pouvoir.
00:14:10Lorsque la garde présidentielle quitte les lieux,
00:14:12Florence est laissée pour morte au milieu des cadavres des siens.
00:14:17Le lendemain, les tueurs reviennent pour achever les blessés.
00:14:19A leur tête, le propre neveu d'Agathe Abiarimana,
00:14:22Joseph, alias l'animal, connu de tous pour sa cruauté.
00:14:29Ils nous ont sortis de la maison et traînés jusqu'à la porcherie qu'avait Agathe à la résidence.
00:14:36Là, sous mes yeux,
00:14:38ils ont découpé les corps des miens en morceaux, petit à petit,
00:14:41et les ont donnés à manger aux cochons.
00:14:47Je me souviens lui avoir dit au bout d'un moment,
00:14:50écoute Joseph, laisse-moi prier pour que Dieu me reçoive et aussi pour qu'il ait pitié de toi.
00:14:58Il m'a immédiatement donné un énorme coup de gourdin sur la tête.
00:15:04Je saignais tellement que pour la deuxième fois, ils m'ont laissée pour morte.
00:15:11Elle était derrière tout ça,
00:15:12elle a laissé faire.
00:15:14En tant que voisine et femme du président, elle pouvait tout arrêter.
00:15:21Si vous aviez Agathe en face de vous, que lui diriez-vous ?
00:15:26Ce que je lui dirais ?
00:15:28Mets-toi à genoux et demande pardon.
00:15:34Le 9 avril, 3 jours après l'attentat contre l'avion
00:15:37et les premiers coups de gourdin,
00:15:39Agathe Abiarimana quitte le Rwanda.
00:15:42La veuve du chef de l'Etat assassinée et prise en charge par la France
00:15:45qui évacue ce jour-là tous ses ressortissants.
00:15:49Un geste politique du président Mitterrand
00:15:51auquel s'ajouteront à l'arrivée un bouquet de fleurs
00:15:54et l'équivalent de 30 000 euros,
00:15:56histoire de subvenir aux premiers besoins d'Agathe.
00:16:00En 1998, l'ex-première dame choisit de s'installer définitivement en France.
00:16:04Ici, dans la région parisienne,
00:16:06elle vit tranquillement en famille avec enfants et petits-enfants.
00:16:12C'est là que nous l'avons retrouvée,
00:16:14là où elle cherche à se faire oublier.
00:16:23Agathe Abiarimana mène une existence paisible de grand-mère,
00:16:26pas tout à fait complexe.
00:16:29Elle n'a pas de famille,
00:16:32pas tout à fait comme les autres.
00:16:36En témoigne ce mandat d'arrêt d'Interpol,
00:16:39conséquence d'une demande d'extradition de la justice rwandaise.
00:16:44En France, le collectif des partis civils pour le Rwanda d'Alain Gauthier
00:16:48a porté plainte contre elle pour complicité de génocide
00:16:52et complicité de crime contre l'humanité.
00:16:55On a suffisamment d'éléments pour laisser entendre
00:16:57qu'effectivement, Agathe Abiarimana a joué un rôle.
00:16:59Maintenant, quel rôle ?
00:17:01C'est quelque chose de difficile à dire
00:17:03parce que c'est un rôle relativement occulte.
00:17:05Maintenant, que la justice se mette au travail.
00:17:08De son côté, la justice internationale
00:17:10qui a déjà jugé et condamné de nombreux génocidaires
00:17:13n'a jamais poursuivi Agathe.
00:17:15Officiellement, il n'y a aucune preuve, aucun témoignage direct.
00:17:20Car c'est la chose la plus difficile à recueillir
00:17:23et cet Américain le sait bien.
00:17:25Dès 2001, il était l'un des procureurs
00:17:27du tribunal pénal international.
00:17:35Il faut être capable de démontrer que ces individus
00:17:37avaient des responsabilités directes dans le génocide.
00:17:40Soit parce qu'ils donnaient des ordres pour ce qui a été fait,
00:17:43soit parce qu'ils étaient au courant de ce qui se passait
00:17:45tout en négligeant de punir ces actes.
00:17:48Mais tant qu'on ne peut pas fournir de preuves
00:17:50confirmant ces suspicions, on ne peut que soupçonner.
00:17:53On ne peut pas condamner.
00:17:55Le cas d'Agathe est très compliqué d'un point de vue juridique
00:17:58puisqu'elle a quitté le pays dès le 9 avril,
00:18:00donc le troisième jour du génocide.
00:18:04Bien sûr, si de nouveaux éléments surgissaient
00:18:06prouvant son implication directe,
00:18:08particulièrement dans les trois premiers jours,
00:18:10il serait normal qu'elle soit inculpée.
00:18:15Aujourd'hui, le témoignage de Florence, l'unique rescapée,
00:18:18pourrait bien être l'un des éléments qui manquent
00:18:20à la justice internationale.
00:18:26Il a fallu de longues négociations avec son avocat
00:18:29pour qu'Agathe Abiarimana accepte finalement de nous rencontrer.
00:18:32Il faut dire que cette femme déteste les interviews
00:18:35et fuit les médias.
00:18:36Pour cet entretien exclusif,
00:18:38deux de ses fils sont à ses côtés.
00:18:40Tout de suite, nous avons souhaité connaître son sentiment
00:18:43sur l'assassinat des familles voisines de la résidence
00:18:45dans la nuit du 6 avril.
00:18:47Il y aurait eu des massacres autour de la résidence
00:18:50de familles petites dès le 6 au soir.
00:18:53Est-ce que vous connaissez cette histoire?
00:18:55Je ne peux pas savoir vraiment.
00:18:57Là, je ne peux pas savoir.
00:18:59Parce que je suis restée à l'intérieur de la maison.
00:19:02Je ne suis pas sortie.
00:19:03Je ne sais pas ce qu'ils ont fait.
00:19:05Florence Mukondahiro.
00:19:07Vous vous rappelez de cette dame?
00:19:10Florence Mukondahiro, je ne sais pas.
00:19:14Est-ce que vous étiez en bons termes
00:19:16avec vos voisins tout de suite?
00:19:18Je vous le dis, mais des amis, des amis,
00:19:21beaucoup d'amis tout de suite.
00:19:23On s'entendait bien depuis des années et des années.
00:19:26Ses voisins venaient souvent à la résidence
00:19:28quand il y avait des fêtes?
00:19:30Des fêtes de fin d'année, des fêtes de Noël,
00:19:33des fêtes d'année.
00:19:35Ils venaient à la maison.
00:19:37Les enfants s'entendaient avec nos enfants.
00:19:40Vous comprenez que, mes amis,
00:19:42est-ce que j'aurais pu permettre
00:19:44qu'on puisse faire du mal à un ami?
00:19:51Elle raconte que la garde présidentielle arrive
00:19:53et tue les familles.
00:19:55Je ne peux pas savoir, je vous le dis vraiment.
00:19:57J'étais à l'intérieur de la maison.
00:19:59Je ne laissais pas quand même les portes ouvertes.
00:20:02Avec mes enfants, on était enfermés.
00:20:05On dit que vous, vous donnez des ordres
00:20:07à la garde présidentielle ce jour-là, cette année-là.
00:20:09Vous exagérez, parce que moi,
00:20:12je n'ai jamais donné l'ordre à qui que ce soit.
00:20:15A l'entendre, quand ses voisins sont assassinés,
00:20:19Agatha Birimana est à l'intérieur de la maison.
00:20:22Prostrée dans son deuil,
00:20:24elle ne sait donc pas ce qui se trame dehors.
00:20:26Jean-Luc, son fils,
00:20:28participe, lui, aux recherches du corps de son père,
00:20:30dans les jardins de la résidence
00:20:32et dans les parcelles voisines,
00:20:34là même où vont avoir lieu les tueries.
00:20:38Sincèrement, je ne peux pas...
00:20:40On ne peut pas vous le confirmer,
00:20:43ni l'infirmer, d'ailleurs.
00:20:45En aucun cas, on a été témoins de massacres
00:20:47autour de la résidence, voilà.
00:20:51Elle s'est installée, je dirais, systématiquement
00:20:54dans ce rôle de femme du président,
00:20:56de mère de famille.
00:20:58Ça, je dirais, c'est une tactique de sa part
00:21:00de dire, non, je n'y suis pour rien,
00:21:02je ne suis qu'une pauvre veuve
00:21:04à qui on a tué le mari.
00:21:06Mais voilà, je ne sais rien,
00:21:08je n'ai rien vu.
00:21:10D'ailleurs, je n'y étais plus pendant le génocide.
00:21:12Il y a derrière cette femme de pouvoir,
00:21:14un pouvoir, bien sûr, probablement occulte.
00:21:16C'est une personnalité,
00:21:18pour ma part, je dirais,
00:21:20assez inquiétante.
00:21:22Une femme aux deux visages,
00:21:24celui d'aujourd'hui, une mère et grand-mère
00:21:26veuve d'un chef d'État assassiné,
00:21:28et celui d'avant le génocide,
00:21:30une femme à la poigne de fait,
00:21:32accusée par ses détracteurs d'appartenir,
00:21:34voire de diriger un clan criminel
00:21:36et affairiste de Hutu extrémiste,
00:21:38la Kazou.
00:21:40Un petit groupe parmi lesquels
00:21:42on retrouve les frères d'Agathe
00:21:44pour les organisations des droits de l'homme,
00:21:46c'est ce petit cercle
00:21:48qui a planifié déclencher le génocide.
00:21:50Elle en était
00:21:52le cœur, elle en était l'instigatrice.
00:21:54Et ce sont
00:21:56ces gens-là qui,
00:21:58dès 1990, effectivement,
00:22:00se sont retrouvés
00:22:02pour
00:22:04fomenter,
00:22:06même contre le président Abiy Alimana
00:22:08lui-même, qu'il trouvait trop
00:22:10laxiste par rapport aux accords d'Arusha.
00:22:12C'est quand même ce cercle-là,
00:22:14et là, ce sont des historiens qui le disent,
00:22:16qui est véritablement au cœur du génocide
00:22:18des Tutsis.
00:22:20Qu'est-ce que c'est la Kazou ?
00:22:22C'est ça, les gens qui racontent,
00:22:24c'est un Kazou qu'ils connaissent mieux que moi
00:22:26parce que je n'ai jamais fait partie
00:22:28de la Kazou.
00:22:30Moi, je suis fatiguée de dire
00:22:32mensonges, mensonges, tout est mensonge.
00:22:34Les membres de la Kazou,
00:22:36moi j'ai regardé, c'est quand même des proches
00:22:38à vous.
00:22:42Comment vous expliquez ?
00:22:44Ce sont des familiers.
00:22:46Mais je vous dis que je n'ai jamais fait
00:22:48du cercle autour de moi.
00:22:50Parmi les intimes
00:22:52qui gravitent autour d'elle à l'époque,
00:22:54un homme tient pourtant une place importante.
00:22:56Il s'appelle Félicien Kabouga.
00:23:00Je pense qu'il est juste de dire
00:23:02qu'il est le financier du génocide.
00:23:04Il était à l'époque le Hutu
00:23:06le plus fortuné du Rwanda.
00:23:08Il a joué un rôle clé
00:23:10dans le lancement des groupes de miliciens.
00:23:12Surtout, il existe des preuves
00:23:14qu'il a importé des centaines de milliers
00:23:16de machettes dans le pays dès 1993.
00:23:18Il existe aussi des témoignages
00:23:20concernant leur distribution
00:23:22et leur usage pour le génocide.
00:23:26Au début des années 90,
00:23:28cet étrange homme d'affaires investit aussi
00:23:30dans les médias.
00:23:32Avec la plupart des membres de la Kazou,
00:23:34il dirige notamment Radio 1000 Collines.
00:23:36Durant toute la durée du génocide,
00:23:38il a joué un rôle considérable.
00:23:52Félicien Kabouga n'a jamais été arrêté.
00:23:54Il serait aujourd'hui caché au Kenya.
00:23:56Sa capture vaut 5 millions de dollars.
00:24:08On dit même
00:24:10qu'il a été le financier du génocide.
00:24:24Il y a deux de nos frères
00:24:26qui sont mariés avec deux filles de Kabouga,
00:24:28dont Léon d'ailleurs.
00:24:32La famille Abiarimana sait peut-être
00:24:34où se cache Félicien Kabouga,
00:24:36mais nous n'en saurons pas plus.
00:24:38Agathe préfère s'en tenir à son nouveau rôle,
00:24:40celui de veuve éplorée.
00:24:54Jour de recueillement au Rwanda.
00:24:56On commémore le déclenchement du génocide.
00:25:00Dans ce mémorial de Kigali,
00:25:02la famille de Dafrosa s'est réunie
00:25:04pour ne pas oublier
00:25:06tous ceux qui ont disparu
00:25:08emportés par la folie des hommes.
00:25:10...
00:25:32Pour Alain Gauthier,
00:25:34c'est le départ d'une nouvelle enquête.
00:25:36Les collines de Kibuyé,
00:25:38à l'ouest du pays.
00:25:40Au moins 200 000 victimes
00:25:42ont péri dans cette région
00:25:44à forte densité tout-ci.
00:25:46Parmi les acteurs du génocide
00:25:48qui ont oeuvré ici,
00:25:50quelques-uns ont été condamnés
00:25:52par la justice rwandaise
00:25:54et par le tribunal international.
00:25:56Mais d'autres ont réussi à passer
00:25:58entre les mailles du filet.
00:26:00Ils étaient pourtant les serviteurs
00:26:02ailés d'une politique génocidaire.
00:26:04C'est le cas d'un responsable
00:26:06sanitaire de la région, Charles Twagira.
00:26:08Quand les tueries commencent,
00:26:10il dirige cet hôpital.
00:26:12On le soupçonne d'avoir ordonné
00:26:14des massacres à l'intérieur même
00:26:16de l'établissement.
00:26:18Et c'est au parquet de Kigali
00:26:20qu'Alain Gauthier espère réunir
00:26:22les preuves qui permettront un jour
00:26:24un procès.
00:26:26C'est vrai que dans nos dossiers,
00:26:28dans les plaintes qu'on prépare,
00:26:30on a beaucoup de documents
00:26:32qui sont des documents vraiment
00:26:34irremplaçables.
00:26:38Pour cette nouvelle affaire,
00:26:40le procureur lui ouvre ses archives
00:26:42à l'intérieur des témoignages à charge.
00:26:44Il met aussi à la disposition d'Alain Gauthier
00:26:46un enquêteur déjà familier du dossier.
00:26:48Objectif, décortiquer
00:26:50les nombreux témoignages écrits en rwandais.
00:26:58S'il parle de Twagira,
00:27:00ça nous intéresse.
00:27:02S'il n'en parle pas...
00:27:18Charles Twagira n'aurait pas
00:27:20tué de ses propres mains.
00:27:22Mais à l'époque, il était semble-t-il
00:27:24un idéologue convaincu du pouvoir ou tout.
00:27:26En parcourant son dossier,
00:27:28Alain Gauthier va découvrir
00:27:30des éléments terribles.
00:27:32Le docteur serait directement responsable
00:27:34du massacre de la famille
00:27:36d'un collègue Tutsi, le docteur Camille.
00:27:40On parle de Camille Calimo-Abo,
00:27:42qui était un médecin,
00:27:44directeur de l'hôpital de Kibuye,
00:27:46donc un collègue
00:27:48de Charles Twagira.
00:27:50Et beaucoup de témoins
00:27:52accusent Charles Twagira
00:27:54d'avoir livré
00:27:56la femme et les enfants
00:27:58de Camille Calimo-Abo.
00:28:00Le docteur Camille, c'est un témoin
00:28:02important pour nous.
00:28:04C'est lui que je voudrais rencontrer.
00:28:18Monsieur Calimo-Abo,
00:28:20c'est Alain Gauthier.
00:28:22Trois jours avant le début
00:28:24du génocide, le docteur Camille
00:28:26est convoqué à Kigali pour un coloc.
00:28:28Il est obligé de se
00:28:30terrer dans la capitale, impuissant.
00:28:32Sa famille est restée à Kibuye
00:28:34à 300 km de là.
00:28:36Il ne peut rien pour elle.
00:28:38Vous connaissez bien le docteur Twagira.
00:28:54Tu m'as parlé du docteur Blam.
00:28:56Oui.
00:28:58On a travaillé ensemble
00:29:00pendant des années.
00:29:02J'ai été médecin directeur
00:29:04de l'hôpital.
00:29:06Le docteur Blam,
00:29:08un nom
00:29:10souvent évoqué dans les témoignages
00:29:12consultés par Alain Gauthier.
00:29:14C'est un médecin allemand présent
00:29:16à l'hôpital de Kibuye pendant tout le génocide,
00:29:18un témoin capital.
00:29:20Il a vu
00:29:22la théorie.
00:29:32Il a vu comment on a tué
00:29:34ma femme,
00:29:36comment on a tué mes enfants.
00:29:46Est-ce que les Français vont juger
00:29:48les génocides en France ?
00:29:50Il est là pour ça.
00:29:56Mais on va demander à la justice de s'en occuper.
00:30:02Wolfgang Blam, nous l'avons retrouvé.
00:30:04Il vit dans la région
00:30:06de Francfort où il est toujours médecin.
00:30:08Traumatisé par ce qu'il a vécu
00:30:10au Rwanda en 1994,
00:30:12l'ancien coopérant n'avait
00:30:14jamais voulu témoigner jusqu'à aujourd'hui.
00:30:16Il n'a pas souhaité
00:30:18que l'on filme son quartier,
00:30:20sa maison, sa famille.
00:30:22C'est le long de ce canal
00:30:24qu'a eu lieu notre première rencontre.
00:30:30Concernant Charles Touagira
00:30:32et son comportement pendant le génocide,
00:30:34son témoignage
00:30:36est sans appel.
00:30:40Sans qu'il ait tué
00:30:42de sa propre main,
00:30:44il est un des
00:30:46éléments
00:30:48importants dans cette machine du génocide.
00:30:50Est-ce que vous savez
00:30:52où vit Charles Touagira aujourd'hui ?
00:30:56Un ami nous a informé
00:30:58qu'il est arrivé
00:31:00en France.
00:31:02On avait toujours l'espoir
00:31:04qu'il sera appréhendé d'une façon
00:31:06ou d'une autre,
00:31:08parce que ça nous faisait mal de savoir
00:31:10que quelqu'un impliqué,
00:31:12trompé si profondément dans le génocide
00:31:14soit quand même
00:31:16quelque part dans le monde.
00:31:22Après enquête, nous découvrons
00:31:24que Charles Touagira vit à Rouen,
00:31:26en Seine-Maritime,
00:31:28plus précisément dans ce quartier.
00:31:30Nous nous installons discrètement
00:31:32au pied de son immeuble.
00:31:34L'homme habite là depuis 4 ans.
00:31:36Il ne fait l'objet d'aucune poursuite internationale
00:31:38et n'est pas recherché par Interpol.
00:31:40Et quand Charles Touagira
00:31:42sort de chez lui,
00:31:44il est un riverain comme un autre,
00:31:46un anonyme.
00:32:04Selon nos informations,
00:32:06il serait toujours médecin
00:32:08et travaillerait au CHU de la ville.
00:32:12Pour le vérifier,
00:32:14direction le bureau du personnel.
00:32:16Bonjour, madame.
00:32:18Excusez-moi de vous déranger.
00:32:20Je voulais un petit renseignement.
00:32:22Je suis à la recherche d'un interne qui a travaillé ici.
00:32:24C'est le docteur Touagira.
00:32:26Il est aux urgences.
00:32:30C'est un médecin qui est aux urgences.
00:32:32Donc il travaille bien ici au CHU de Rouen.
00:32:34Merci beaucoup, madame.
00:32:38Bonjour.
00:32:46L'urgence médicale, bonjour.
00:32:48Je cherche à joindre le docteur Touagira.
00:32:50Le docteur Touagira...
00:32:52C'est un interne, là.
00:32:54Oui, les côtés femmes.
00:32:56Il passe la journée chez les femmes, aujourd'hui ?
00:32:58Oui, c'est ça.
00:33:00Equipé d'une caméra cachée,
00:33:02nous pénétrons aux urgences.
00:33:04Des heures d'attente dans le hall d'accueil.
00:33:06Mais le docteur Touagira n'apparaît pas.
00:33:10C'est pourtant au bout de ce couloir qu'il travaille.
00:33:12Nous y entrons, prétextant accompagner un malade.
00:33:16Devant nous, Charles Touagira apparaît.
00:33:20C'est une confirmation.
00:33:22Le médecin mis en cause au Rwanda
00:33:24est bien interne au CHU de Rouen.
00:33:36Au Rwanda, Alain Gauthier poursuit son enquête.
00:33:42Objectif, aujourd'hui,
00:33:44l'hôpital de Kibuye.
00:33:48Il vient d'apprendre qu'une fausse commune
00:33:50a été mise à jour.
00:33:52Ce sont ces ouvriers qui ont fait la macabre découverte
00:33:54lors de travaux de terrassement.
00:33:58116 corps ont déjà été exhumés,
00:34:00essentiellement des femmes et des enfants.
00:34:06C'est probablement que, encore,
00:34:08dans ces coins-là,
00:34:10il doit y avoir d'autres fosses,
00:34:12d'autres cadavres
00:34:14qui n'ont toujours pas été découverts.
00:34:18Vous voyez, c'est tout à fait
00:34:20immédiatement à côté de l'hôpital.
00:34:22Ce sont des victimes qui ont été sorties de l'hôpital
00:34:24et qui ont été enterrées ici.
00:34:36Musique douce
00:34:58La seule différence avec les charniers
00:35:00qui étaient découverts à heure de bonne heure,
00:35:02on n'a pas les odeurs de mort qu'on a pu avoir
00:35:04de l'ouverture des premières fausses communes, c'était les odeurs de ces odeurs de mort de cadavres
00:35:09qui vous habitaient après même vous aviez l'impression d'avoir d'avoir avalé cette odeur
00:35:16là qui vous qui vous collait à la peau voilà voilà voilà il ya les petits os des petits os des
00:35:28phalanges vous voilà qui sont on voit bien là le membre ici avec le
00:35:35c'est un os bah là il y a probablement un corps entier
00:35:50vous comprenez pourquoi aussi c'est important de chercher à savoir ceux qui ont ceux qui sont à
00:35:55l'origine de ces de ces de ces crimes à rouen la nouvelle vie de charles toigira est bien organisé
00:36:07quand il n'en file pas la blouse de médecin l'homme prêche la bonne parole dans cette
00:36:13église évangéliste c'est là que nous avons choisi de l'aborder
00:36:17bonjour à quelle heure est l'office autour de 11h 11h moins 5 ce qu'on m'a parlé du
00:36:25pasteur charles il est là aujourd'hui il est là oui je dois le voir bonjour monsieur
00:36:36bonjour messieurs vous êtes monsieur togira oui d'accord je peux vous dire un petit mot
00:36:40peut-être un peu à l'écart ça vous m'améliore pas excusez moi de vous déranger vous n'avez
00:36:45pas l'office qui démarre là tout de suite je viens vous voir pour discuter un petit peu avec
00:36:49vous de du rondin vous l'imaginez il y a beaucoup de témoignages qui vous mettent en cause à
00:36:55qui bouillait il ya eu des tueries dans l'hôpital par exemple est ce que ça c'est vrai c'est vrai
00:37:00qu'il y a des tueries dans l'hôpital il y avait le docteur camille que vous connaissez aussi qui
00:37:05travaillait à l'hôpital la famille du docteur camille elle a été tuée il y en a même qui
00:37:09disent qu'elle a été tuée sur vos ordres mais on peut prendre rendez-vous bien quand est-ce que
00:37:19je peux vous voir j'aimerais que vous me donniez une interview vous acceptez oui d'accord et bah
00:37:24écoutez dites moi à quelle heure je peux revenir vous voir où vous retrouvez un autre endroit ce
00:37:29qui vous arrangent à 14 heures à 14 heures au point de rendez-vous le docteur toit guira est
00:37:42bien là mais entre temps il a changé d'avis je n'ai pas besoin de me défendre de voir les
00:37:48journalistes je me défendais devant la justice si on m'accuse de voir la justice et moi je
00:37:55répondrai notre enquête sur ces agissements présumés lors du génocide en est peut-être la raison
00:38:09retour à qui bouillait au centre de détention de la ville la plupart des
00:38:14détenus ici ont pris part au génocide et beaucoup d'entre eux ont connu toit guira
00:38:25pour alain gauthier ces prisonniers se révèlent une source d'informations
00:38:34primordiales et ce jour là d'anciens miliciens acceptent de lui parler deux d'entre eux notamment
00:38:39edmond a été condamné à 14 ans de prison pour meurtre sans son l'ancien gardien de
00:38:49l'hôpital condamné à 30 ans trois meurtres avoués seulement mais toujours suspectés
00:38:53de plusieurs dizaines d'assassinats est-ce que le docteur toit guira d'après toi a joué un rôle
00:39:00très important dans le génocide à qui bouillait évidemment il a coordonné organisé plusieurs
00:39:07tueries il ya beaucoup de témoignages ici bien sûr que c'était un responsable
00:39:12à celui là c'est un vrai criminel c'est lui qui a fait assassiner la famille du docteur camille
00:39:22vous savez ces gens là ne tuer pas de leur propre main ils donnaient les ordres c'est tout
00:39:28à l'appel des prisonniers surprise pour alain gauthier l'un des gardiens lui apprend la présence
00:39:41d'un prisonnier et pas comme les autres oui il faut qu'on interroge bah oui bah oui bah oui
00:39:51non c'est important c'est le monsieur qui vient le monsieur qui vient c'est l'ancien maire de la
00:40:00ville il a été condamné à perpétuité par les tribunaux rwandais pour crime de génocide et
00:40:05la personnalité est encore populaire chez ses anciens administrés comme charles toiguira
00:40:12c'était un haut fonctionnaire les deux hommes se sont bien connus le bourgmestre de qui bouillait
00:40:22en 1994 ok et vous connaissez bien monsieur toiguira non je sais pas ça dépend de ce que
00:40:29vous voulez savoir ce qui est important c'est de nous de savoir c'est quel a été son rôle
00:40:34pendant les génocides c'est que c'est uniquement ça qu'il nous a dit de faire
00:40:37l'illustration sur sur toiguira donc il n'y a que ça qui nous intéresse
00:40:41il faut voir comment le massacre s'opérait il y avait des groupes qui étaient qui étaient
00:40:52actifs à vie il y avait des gens qui étaient tout derrière lui il est plutôt derrière les
00:41:00groupes qui ont fait le massacre et comment vous expliquez qu'il est basculé comme ça dans le
00:41:04génocide ce qui s'est passé voilà c'est un peu difficile de vous trouver une personne qui est
00:41:09très bon très gentil tout d'un coup vous voyez avec une machette alors c'est dommage des forces
00:41:17de mort le premier massacre de masse à qui bouillait a eu lieu ici au stade de la ville
00:41:23en à peine quelques jours dix mille personnes arrivant des campagnes y sont parqués on leur
00:41:28promet sécurité et tranquillité le 17 avril dix jours après le début du génocide elles sont toutes
00:41:35supprimées les tutsis venaient se réfugier au stade les gendarmes montaient la garde soi-disant
00:41:45pour les protéger la vérité c'est que c'était le meilleur moyen de les rassembler au même
00:41:51endroit pour mieux les exterminer plus tard lorsqu'albertine arrive au stade trois jours
00:42:02avant le massacre elle a fui son village avec ses parents ses frères et soeurs et quelques
00:42:07voisins de ce petit groupe elle est la seule à avoir survécu
00:42:11on était désespérés les militiants entouraient le stade quiconque tentait de s'enfuir était
00:42:25immédiatement abattu le docteur blam le médecin coopérant allemand était sur place il a tout vécu
00:42:32dans une des discussions avec monsieur toit guira je me rappelle que j'étais étonné presque effrayé
00:42:40par ces paroles en disant que il voit et il considère que les réfugiés dans le stade
00:42:48constitue une menace pour la population et il a dit ils peuvent sortir et peuvent voler
00:42:53ils sont les ennemis de la population bon à ce moment j'ai compris que toi guira fait partie du
00:43:05groupe politique qui croit que tous les touts ils sont des rebelles et qu'il est du côté des
00:43:10génocidaires en fait ils nous ont d'abord attaqué à la grenade lacrymogène on suffoquait on courait
00:43:25dans tous les sens personne ne pouvait s'échapper les gens perdent des connaissances et là ils se
00:43:33sont mis à tirer dans le tas ils ont lancé des grenades on voyait voler des jambes des bras
00:43:40on voyait des crânes éclater c'était vraiment l'horreur absolue en l'espace de quelques minutes
00:43:47j'avais plus que des cadavres autour de moi grievement blessée elle profite de la nuit
00:43:57pour se cacher dans la brousse elle parvient à rejoindre l'hôpital quelques jours après
00:44:01mais à la place du docteur camille c'est maintenant toi guira qui règne sur les lieux et le règlement
00:44:07s'est durci interdiction au personnel médical de soigner les tout-ci pire il faut les dénoncer
00:44:15aux miliciens heureusement tous n'ont pas respecté les ordres comme cet infirmière
00:44:24ou tout qu'albertine retrouve par hasard dans la cour
00:44:26c'est une miracle et albertine oui vraiment quand je la vois personne ne pensait qu'elle allait survivre
00:44:40bonjour voilà c'est jusqu'à cette chambre que je me suis traînée j'étais là j'étais sur ce lit
00:45:01à l'intérieur de l'hôpital est-ce qu'il y a eu des tueurs et bien sûr il tuait des gens tous
00:45:11les jours même à l'intérieur des bâtiments on nous traquait jusque dans les chambres dans
00:45:18tous les recoins de l'hôpital où on pouvait se cacher le docteur toi guéra était présent à ce
00:45:26moment là vous êtes sûr il n'a pas quitté qui bouillait au bout de deux jours une certaine
00:45:37delphine est arrivée elle s'est installée sur ce lit on était côte à côte delphine c'est
00:45:45elle elle n'a jamais revu albertine elle a refait sa vie en france ils étaient armés de fusils de
00:45:55machettes de dp de tout ce que vous voulez et il c'était des va-et-vient tout le temps on n'était
00:46:03jamais on n'avait jamais un moment de répit c'est pas possible que ça se passe comme ça
00:46:09sans l'accord du responsable de l'hôpital évidemment qu'un responsable était au
00:46:14courant de ce qui se passait les miliciens entraient et sortaient comme dans un moulin
00:46:17comment voulez-vous que ça se fasse sans l'accord des autorités nous avons montré
00:46:24à delphine les photos des miliciens retrouvés à la prison de qui bouillait
00:46:36c'est celui qui a été désigné pour aller me tuer
00:46:38on rentrait ont tué les gens dans l'hôpital et ont jeté les cadavres de
00:46:45combien de morts à l'intérieur de l'hôpital et il y en a eu beaucoup combien à peu près
00:46:54je sais pas exactement ont tué tous les jours
00:47:08à rouen notre insistance a payé le docteur toit guira accepte de nous parler sur son rôle
00:47:14joué à l'hôpital de qui bouillait le médecin est catégorique il plaide non coupable j'ai
00:47:20demandé qu'aucun milice et milicier n'entre dans l'hôpital avec des gourdes et des grenades
00:47:26et des machettes ça ça ça a été respecté deux trois quatre jours pas plus mais pourquoi vous
00:47:34n'avez pas redemandé après c'était affiché bien affiché sur la porte et j'essayais d'autres
00:47:45utilisés à gauche à droite et le personnel a dit arrêt d'isa de vaquer à les activités de
00:47:52ne pas se mêler de ces théories parce que j'avais choisi de préconiser la neutralité de respecter
00:48:00le docteur toit guira nous ordonnait de rentrer dans l'hôpital et de tuer les gens
00:48:06le docteur toit guira disait vraiment ça je jure au rwanda certains prisonniers bénéficient d'une
00:48:19remise de peine quand ils acceptent de collaborer avec la justice c'est ce qu'a choisi cet homme
00:48:25il est libre après 14 ans de prison il s'appelle assad c'est l'un des assassins de la famille du
00:48:31docteur camille et il a bien connu le docteur toit guira c'est ici à quelques mètres de
00:48:41l'hôpital dans ce bloc de maison réservé aux expatriés que tout s'est passé c'est bien dans
00:48:49cette maison que vous avez caché la trice moi j'habitais cette maison au milieu et c'est là
00:48:57où j'avais caché béatrice et ses enfants je les ravitaillés chaque matin et soir avec la nourriture
00:49:05qu'on faisait dans notre cuisine moi j'étais à ce moment le seul qui avait accès qui avait la
00:49:10clé des deux maisons assad a accepté de revenir avec nous sur les lieux du crime on voit l'autorité
00:49:18le docteur blam un blanc habitait là et dans cette maison il y avait aussi des blancs mais
00:49:24ils avaient quitté la ville c'est là que le docteur blam avait caché la femme et ses enfants
00:49:30un matin tôt le veilleur de la région sanitaire à côté m'appelle et me reproche qu'il y ait des
00:49:41gens dans la maison officiellement vide la maison à côté aux béatrice était cachée il croit avoir
00:49:47entendu les cris d'enfants est ce qui ne peut pas rentrer alors là je lui ai dit non non c'est
00:49:52impossible ça doit être notre enfant nous avons un bébé non non c'était là dans cette maison
00:49:55alors il a ciblé la maison aux béatrice était cachée bon j'ai demandé à ces gens devant la
00:50:03clôture que je ne veux pas les laisser entrer il doit forcer où il doit venir avec un responsable
00:50:08pour le quartier et je m'attendais à ce qu'il amène un conseiller ou le bourgmestre ou quelqu'un
00:50:13ou une autorité militaire mais ils sont venus avec charles toit guérra
00:50:20le docteur toit guérra a immédiatement ordonné à blam de nous donner les clés sinon on allait
00:50:29casser la porte quand blam a prétendu ne pas avoir la clé toit guérra nous a dit
00:50:38casser moi cette porte et sortait les cafards
00:50:40j'étais en train de chercher des secours je n'ai pas participé ni à l'extraction de la
00:50:52maison ni à l'assassinat de cette femme ils ont cassé la porte de la maison c'était une
00:50:57porte en bois ils ont cassé ils ont tiré ils ont entré ils ont tiré sous les cris
00:51:04béatrice et les enfants pleurant devant la porte on est entré et on s'est dirigé vers
00:51:11cette pièce à l'époque c'était une chambre c'est là qu'ils étaient cachés
00:51:18ils étaient totalement effrayés ne voulait pas bouger on a dû les sortir de force
00:51:25à cet instant toi guérra n'imagine pas que nous avons retrouvé les témoins de la tragédie mais
00:51:34nos questions se font de plus en plus insistantes le médecin va finir par reconnaître sa présence
00:51:39sur les lieux quand on croit quand on les a traîné de la maison et c'est là où d'autres
00:51:44blancs m'a appelé je les ai vus ça je ne veux pas dire que je les ai pas vu et j'ai essayé de
00:51:50intervenir à mon niveau mais j'ai été dépassé par les événements alors j'ai essayé de sauver ce
00:51:59qui est possible de me porter garant de demander à charles si pour le bien de la coopération et ne
00:52:05peut pas laisser cette femme et les enfants ce sont des innocents ils n'ont rien fait je porte garant
00:52:11pour eux le docteur blam était ici il suppliait toi guérra d'épargner la famille il parlait en
00:52:20français il a dit non pas question il faut les emmener d'ici ils sont dangereux pour la sécurité
00:52:29du quartier de l'hôpital je me rappelle très bien des mots qu'ils répétaient souvent que c'est trop
00:52:38tard il ne peut plus rien faire c'est trop tard elle a supplié le docteur toi guérra de les
00:52:46épargner elle nous a même dit je ne suis pas tout ici je suis où tout croyant ainsi être sauvé
00:52:52guérra lui alors répondu va crever sale cafard quand on les a entraînés par l'hôpital et moi
00:53:06je ne sais pas pour quel courage j'avais encore le courage de regarder par la fenêtre et j'ai vu
00:53:10comment on a abattu les enfants de camille dans la fosse en face
00:53:25même une distance de 15 ans n'est fait pas adoucire
00:53:29je regrettais que je n'ai pas pu faire et sauver la vie de la femme et de l'idrété de ses enfants
00:53:45mais je ne pouvais pas je ne pouvais rien j'ai essayé ce que je pouvais malgré les témoignages
00:53:54accablants charles toi guérra s'en tient à la négation pure et simple un système de défense
00:53:59commun à toutes les personnes accusées de génocide je n'ai aucune responsabilité
00:54:04dans le génocide j'ai une conscience tranquille
00:54:08une ligne de défense qui ne surprend pas les gauthiers c'est toujours la même chez les
00:54:18présumés génocidaires des cas génocides il ya obligatoirement négation de ce génocide
00:54:23parce que le crime est tellement incommensurable qu'aucune conscience humaine ne peut supporter
00:54:29l'idée d'y avoir participé s'ils se mettent un jour ou l'autre à reconnaître qu'ils auraient
00:54:35pu participer au crime dont on les accuse peut-être que là quand même il y aurait
00:54:40une petite lumière qui s'éclairerait dans leur dans leur conscience mais on a
00:54:45on a le sentiment d'avoir des gens qui ont une conscience complètement
00:54:49qui fait table rase de quelques mois dans leur existence 1994 c'est une année qui pourrait
00:55:01probablement n'existe pas depuis 1994 au rwanda la justice est passée les gatcha tcha les tribunaux
00:55:13populaires du pays ont retrouvé et puni certains coupables dans le lot charles toit guira il a
00:55:21été condamné mais par comptes humains voilà le jugement de toit guira il y a sur cet acte
00:55:33d'accusation tout ce qui lui est reproché conspiration de génocide préparation du
00:55:43génocide organisation et supervision du génocide perpétration du génocide et actes inhumains
00:55:53toit guira a été condamné à la perpétuité la peine la plus lourde de notre juridiction
00:56:03condamné dans son pays le docteur toit guira continue d'exercer au chu de roi le collectif
00:56:15d'alain gauthier a déposé une plainte contre lui mais la justice française ne l'a pas encore
00:56:19entendu pire quand des rwandais présumés génocidaires sont arrêtés les policiers
00:56:27français les laisse repartir au bout de quelques heures c'est ce qui est arrivé il y a trois ans
00:56:32à toulouse à la demande d'interpol un ancien officier de haut rang de l'armée rwandaise est
00:56:39interpellé il est recherché pour génocide crime de guerre crime contre l'humanité quelques heures
00:56:47de garde à vue seulement et l'homme ressort totalement libre pour nous c'est un c'est
00:56:53vraiment scandaleux de voir que un tel personnage puisse encore résider aujourd'hui en france sans
00:57:01être inquiété en tout cas sans avoir été inquiété pendant de nombreux mois par la justice
00:57:05française alors que on sait et on connaît ses responsabilités malgré ces événements l'ex
00:57:14militaire rwandais n'a pas quitté toulouse il a juste changé de quartier mais son adresse
00:57:18est toujours accessible l'ancien soldat habite désormais cette cité où nous l'avons attendu
00:57:25il y mène lui aussi une vie discrète en famille reconverti
00:57:31dans la sécurité privée d'une supérette de quartier
00:57:44sur ses épaules une vareuse de vigile a remplacé son uniforme de lieutenant colonel
00:57:55bonsoir monsieur je voudrais parler à monsieur bivu gabagabo s'il vous plaît
00:58:06bonsoir monsieur bivu gabagabo je vous appeler parce que je suis en train de travailler sur
00:58:12le thème du génocide oui vous êtes bien le monsieur bivu gabagabo qui était à rwangeri
00:58:19on dit des choses sur votre participation au génocide donc ça m'intéresse de vous rencontrer
00:58:26pour que vous m'expliquiez exactement ce qu'il en est c'est à rwangeri dans le nord du rwanda
00:58:42que le soldat marcel bivu gabagabo s'illustre à l'époque nous sommes dans un fief historique
00:58:49à la frontière de l'ouganda dans cette région démarre dès 1990 les premiers combats contre le
00:58:57front rebelle tutsi en 1993 le lieutenant colonel bivu gabagabo met en place un programme de
00:59:09recrutement pour les jeunes de la ville dans un faubourg de rwangeri nous avons retrouvé l'un
00:59:16de ces volontaires il a demandé aux responsables dans les quartiers de chercher et de rassembler des
00:59:26jeunes gars il disait que c'était pour intégrer l'armée d'abia rimana tout était fou tous ces
00:59:36gens sont en fait allés rejoindre les rangs des miliciens bref on a commencé l'entraînement
00:59:46un jour nous étions au stade et le colonel bivu gabagabo est arrivé il nous a dit regardez
00:59:53vous bien dans les yeux regardez vous les uns les autres croyez vous vraiment que vous pouvez
00:59:59tous intégrer l'armée n'y a t-il pas des tutsis cachés parmi vous on était deux tutsis dans le
01:00:05lot et là j'ai vraiment eu peur le colonel bivu gabagabo a rajouté je veux que vous affrontiez
01:00:14ces tutsis et je ne parle pas seulement des cafards rebelles du fpr caché dans la brousse
01:00:18je parle de tous les tutsis dans les jours qui suivent le déclenchement du génocide rwangeri
01:00:27est bouclé les interamois dressent des barrières à chaque carrefour malgré la terreur qui s'installe
01:00:33quelques tutsis s'aventurent dehors c'est le cas de cet homme il est un témoin direct des
01:00:39agissements de bivu gabagabo dans la ville un jour j'ai vu bivu gabagabo s'arrêter à la barrière
01:00:46face à la station d'essence les miliciens qui étaient sont tous allés à sa rencontre et lui
01:00:52ont fait un salut militaire ils ont salué comme une de leurs connaissances ils étaient très
01:00:58complices on voyait clairement qu'ils collaboraient ensemble les miliciens avaient des fusillés des
01:01:04gourdins lorsque tu passais par là et qu'ils te soupçonnaient d'être tutsis ils t'arrêtaient
01:01:09et te demandaient tes papiers ce qu'ils arrêtaient qu'est ce qui devenait ils les emmenaient mais on
01:01:19ne sait pas où on les revoyait pas tous ces miliciens c'était des gars d'ici je reconnaissais
01:01:25bien leur visage la plupart ont pris la fuite et ne sont jamais revenus d'autres sont en prison
01:01:34rouen guérit à sa prison comme toutes les grandes villes du pays notre négociation avec
01:01:39les gardiens porte ses fruits un homme va nous être amené c'est un tueur il purge une peine
01:01:46à perpétuité ces accusations contre bivu gabagabo font frémir je sais qu'il fait partie de ceux
01:01:58qui ont planifié et exécuté le génocide ici pourquoi dites vous ça il nous a toujours
01:02:05expliqué que nous devions exterminer les tutsis qu'ils étaient les ennemis de l'intérieur il nous
01:02:09a même distribué les armes pour le faire à toulouse les choses ont évolué bonjour de la
01:02:20part de marcelle bivouac bagabou je vais téléphoner par rapport à l'entretien que vous
01:02:26aviez souhaité qu'on réalise entre vous et moi et je vous propose de la semaine du 7 au 12 juin
01:02:38à bientôt merci un carrefour au centre de la ville comme premier lieu de rendez-vous avant
01:02:45de nous emmener dans un presbytère du quartier devant notre caméra l'ancien militaire va réfuter
01:02:51toutes les accusations dans le génocide en général je ne je ne me sens pas impliqué je n'ai pas de
01:03:00remords dans la mesure où je n'ai rien fait je ne me sens dans mon conscient dans mon âme et
01:03:04conscience je ne me reproche de rien et pourtant nous l'avons vu un témoin accuse formellement le
01:03:11militaire d'avoir recruté et formé des miliciens ça ça n'a pas existé j'ai recruté des inégalités
01:03:19jamais allé au stade de rouen guérit pour superviser des formations de miliciens et jamais
01:03:27jamais mais la plus grave accusation pesant contre bivouac bagabou est celle que l'on appelle le
01:03:40massacre de la cour d'appel plus d'une centaine de tout si ils ont été décimés une femme a pu
01:03:47échapper à ce carnage elle s'appelle brigitte au moment des faits c'était une toute jeune fille
01:03:52de 16 ans la cour d'appel la voici comme dans le reste du pays la stratégie des génocidaires
01:04:01est la même on regroupe les tout si soi-disant pour les protéger c'est en fait pour mieux les
01:04:06exterminer ce sont les gendarmes qui assuraient la sécurité ici à la cour d'appel il contrôlait
01:04:15tout le secteur les miliciens ont circulé en voiture il faisait tout le temps des patrouilles
01:04:22il y en avait partout parfois il venait jusqu'ici il rentrait dans la cour et nous tournait autour
01:04:32comme des lions affamés un soir j'ai pu sortir d'ici un des gendarmes qui montait la garde m'a dit
01:04:48qu'ils avaient l'intention de massacrer tout le monde il m'a fait sortir discrètement j'ai fui en
01:04:56laissant tous les autres derrière moi avant d'y passer comme
01:05:07cette attaque contre les prisonniers tout si bisymana le tueur y a participé il est sans
01:05:14équivoque sur le rôle de bivu gabagabo il y a une réunion un jour où j'étais présent c'est au cours
01:05:20de cette réunion qu'ils ont pris la décision de tuer tous les tout si qui étaient réfugiés à la
01:05:24cour d'appel qui a donné cet ordre qui a donné l'ordre c'est marcel bivu gabagabo c'est même lui
01:05:30qui nous a donné des fusils et après on allait chercher d'autres gars pour nous aider ce qui
01:05:34s'est passé à la cour d'appel de rohingya j'étais parti au front et je l'ai appris de retour au
01:05:41moment où je suis rentré dans la ville de rohingya c'est là à ce moment là que j'ai appris ce qui
01:05:45s'était passé pendant mon absence c'est bien lui qui a distribué les armes oui je confirme c'est
01:05:52même lui qui nous ravitaillait quand on avait plus de munitions je n'ai jamais donné des armes à
01:05:58des miliciens vous allez me dire si vous connaissez cet homme oui
01:06:05il était nus à la prison de rohingya oui marcel était derrière tout ça oui oui il est venu vous
01:06:25voir la cour d'appel oui il est venu en partant il nous a donné 50 milles francs rwandais et
01:06:31quand on est rentré à la barrière après le massacre il est venu en personne nous féliciter
01:06:35il nous a apporté des caisses de bière et on les a bu il vous accuse nommément d'avoir distribué
01:06:44des armes et que après ils ont une récompense en argent en francs rwandais et que vous avez
01:06:51offert des bières impeccable tout est faux c'est vraiment c'est vraiment amusant d'entendre cela
01:07:08c'est aussi tragique dans la mesure où c'est monté sur les cadavres des gens parce que justement
01:07:17c'est pas comme ça qu'on est de la justice à paris les avocats du collectif des parties
01:07:26civiles pour le rwanda ont eu le temps de bien étudier cette affaire et depuis deux ans ils
01:07:32attendent que la justice se manifeste peut-être le scandale est encore plus criant en ce qui le
01:07:38concerne puisque les éléments d'une poursuite sont évidemment réunis on a un présumé génocidaire
01:07:45dont il est à peu près avéré qu'il a joué un rôle actif et pas à n'importe quel niveau de la
01:07:51hiérarchie dans dans le dans le génocide qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt international lancé
01:07:59à son encontre et d'une demande d'extradition en même temps nous avons déposé évidemment une
01:08:05plame contre lui donc le concernant tous les éléments d'un éventuel procès sont sont réunis
01:08:12et personne ne fait rien à ce jour en france 20 plaintes ont été déposées aucune n'a abouti
01:08:21et certains des présumés génocidaires visés n'ont même pas été entendus il ne fait absolument
01:08:29aucun doute pour moi que il n'y a pas eu la volonté nécessaire de la part des pouvoirs publics toute
01:08:41tendance politique confondue pour que ces affaires soient menées comme elles auraient dû l'être la
01:08:51france a les magistrats compétents pour le faire et là la police compétente pour le faire notamment
01:08:58la gendarmerie compétente pour le faire et elle ne l'a pas fait donc si vous voulez quand on a tous
01:09:03les moyens pour le faire qu'on ne le fait pas c'est qu'on ne veut pas le faire c'est une c'est
01:09:08une évidence presque enfantine à l'autre bout de la france les gauthiers ne baissent pas les bras
01:09:17mais du génocide rwandais ils savent qu'ils ne sortiront jamais trop de victimes trop de
01:09:25tueurs et une justice qui ne fait rien ou si peu on n'est pas au bout de nos peines parce que nous
01:09:34en sommes je dirais qu'aux coups balbutiements au niveau de la justice donc la route est encore
01:09:39longue pour les victimes c'est un débat hautement attendu et j'attends de la france de la justice
01:09:49française qu'est ce débat ait lieu au grand jour et que on puisse au moins au moins
01:10:02ressusciter un tout petit tout petit bout mais un tout petit bout
01:10:07de nos disparus c'est aussi le but d'un procès
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