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"D COMME DEBROUILLE AU MEXIQUE" / Pour LES NOUVEAUX EXPLORATEURS, Sebastian Perez Pezzani part à la découverte du Mexique du système D, des petits métiers et des rois de la débrouille. Un voyage émaillé de rencontres insolites et touchantes.
Quand l’Etat ne peut plus rien faire face à la violence, les citoyens s’organisent. Quand la culture disparaît, c’est grâce à la volonté et à l’énergie de quelques-uns qu’elle renaît de ses cendres.
Au Mexique, le commerce informel est la solution pour 60 % des gens. Dans ce pays, Sebastian Perez-Pezzani est parti à la rencontre de ceux qui ne baissent jamais les bras, ceux qui ont élevé la débrouille en art de vivre, mais aussi ceux qui l’utilisent pour améliorer leur quotidien et celui des autres.

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Transcription
00:00Margarita et ses copines, comme toutes les Chamoulas, ont appris à broder toutes petites.
00:05Aujourd'hui, c'est sur des baskets qu'elles exercent leur savoir-faire.
00:17Je fais du 8.
00:18Donc voilà, avant elles faisaient des broderies traditionnelles, mais elles avaient un peu de mal à les vendre,
00:31puisque la concurrence est féroce, beaucoup d'artisanats ici.
00:37Donc elles ont adapté les broderies traditionnelles au monde moderne, c'est-à-dire les baskets.
00:48OK.
01:01Comment fonctionne cette machine ? Je veux savoir comment fonctionne cette machine.
01:05Tu mets la pâte ici ?
01:07Pour commencer, on met la pâte de l'autre côté.
01:11On la pose dans ce bac et on y jette de l'eau. Elle est pétrie avec cette machine.
01:17Et ensuite, on la pose sur cette rotative.
01:20Quand elle rentre dans la rotative, il y a des rouleaux qui coupent la pâte.
01:24Ah, c'est là que c'est coupé. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas comment c'était découpé.
01:28Et ensuite, ça sort, les crêpes passent dans un four et elles ressortent en tacos.
01:34Et c'est comme ça que tous les tacos sont faits dans le pays ?
01:37Oui.
01:41Elle est terrible, cette machine. En même temps, toi, tu la vois tous les jours, non ?
01:46Exactement. Moi, je n'en peux plus.
01:50Moi, je suis arrivé un peu trop tard pour le système B. J'aurais dû venir 50 ans avant.
01:54Cette machine a été inventée il y a une cinquantaine d'années, spécialité mexicaine.
01:59Le premier qui l'a inventée, à mon avis. Il y en avait là-dedans.
02:05Merci beaucoup. Bonne journée.
02:09Maintenant, je vais rentrer en France et avec cette idée, je vais faire des tacos là-bas.
02:13Très bien. Bonne chance alors.
02:22Il existe plusieurs moyens de faire connaissance avec une ville.
02:25On peut marcher, prendre le métro, monter à cheval ou rouler en mobilette.
02:29Moi, le premier jour, je me prends un tacos.
02:39Ça, c'est le palais du président.
02:48Ça fait combien de temps que vous êtes taxi ?
02:51J'ai commencé assez vieux. Ça fait 22 ans.
02:59Elle a beaucoup changé, cette ville, en 22 ans ?
03:02Oui, beaucoup.
03:04Par exemple, niveau délinquance, aujourd'hui, il y en a vraiment beaucoup.
03:08Des fois, il y a des mecs avec votre dégaine qui montent, je vous jure.
03:11Non, mais moi, je suis gentil. Je suis un gentil.
03:14Vous ne pouvez pas vous imaginer les gens sur lesquels je suis tombé.
03:18Vous avez déjà été confronté à la violence ?
03:20Les gens qui ont essayé de vous prendre la caisse ?
03:22Je me suis fait braquer 19 fois.
03:24Mais enfin bon, grâce à Dieu, je suis toujours là.
03:35Bienvenue à Mexico, la capitale du Mexique.
03:39Un des pays les plus dangereux au monde.
03:43Mexico, c'est 23 millions de personnes.
03:46C'est la ville la plus grande que j'ai jamais faite de ma vie.
03:48Et il y a très peu d'immeubles à plusieurs étages.
03:51Ça veut dire que c'est vaste, très vaste.
03:55Plus grande ville du continent américain,
03:57Mexico, c'est la cité de tous les extrêmes.
04:05Ici, pour 60% des gens, c'est dans la rue,
04:08avec le commerce informel et la débrouille,
04:11que l'on peut espérer s'en sortir.
04:16Mais la pauvreté extrême de ce pays de 120 millions d'habitants
04:19lui donne un autre visage.
04:21Celui de l'extrême violence.
04:24Alors, petit détail pour le Mexique.
04:28La sécurité.
04:30Je vous donne un chiffre.
04:31Plus de 40 000 meurtres de 2008 à 2010.
04:36J'ai fait le calcul, là aussi,
04:37parce que j'aime bien les chiffres, cette année.
04:41Ça fait 60 meurtres par jour.
04:45Le Mexique, c'est un des pays les plus dangereux au monde.
04:48C'est la ville la plus grande que j'ai jamais faite de ma vie.
04:5160 meurtres par jour.
05:05On est à Tepito, une des zones les plus pauvres de Mexico City.
05:10Ici, c'est le royaume du marché noir,
05:12des vendeurs de drogue et des kidnappeurs.
05:15C'est la nouvelle spécialité mexicaine,
05:17le kidnapping avec demande de rançon.
05:19Moi, je vais voir Luis.
05:21Il est cordonnier et ça fait 20 ans
05:24qu'il essaye de sortir le quartier de la spirale de la délinquance.
05:28Au Mexique, l'Etat n'arrive plus à endiguer les problèmes de violence.
05:31Alors, partout dans le pays, des citoyens prennent les choses en main.
05:36C'est avec leur volonté et un peu de système D
05:38qu'ils arrivent à faire bouger les choses.
05:41Don Luis a 71 ans.
05:43Il est né à Tepito.
05:45Aujourd'hui à la retraite,
05:46il a monté un lieu dédié à l'éducation.
05:49Soutien scolaire, cours de dessin et initiation au théâtre,
05:52les enfants du quartier étaient une centaine à venir chaque semaine.
05:56Aujourd'hui, les tensions sont si fortes
05:58que les habitants réduisent leurs déplacements au strict minimum
06:01et l'éducation, c'est le cadet de leurs soucis.
06:06La rue où j'ai grandi était une rue de prostitution.
06:10C'est pour ça que depuis tout petit,
06:11j'ai dans l'idée de changer mon quartier.
06:14Je me suis rendu compte que le contexte urbain
06:16déterminait la qualité de vie de mes voisins.
06:19Et donc, j'ai toujours eu envie de faire ça.
06:22Mais je ne savais pas comment faire.
06:24Jusqu'au jour où a débarqué un groupe de travailleurs sociaux.
06:27Ils avaient à peu près l'âge que j'ai maintenant.
06:30Ils disaient qu'il fallait s'organiser.
06:32Il s'appelait la commission de la quarantaine.
06:36Nos parents n'en avaient rien à faire.
06:38Mais moi, ça m'a attiré l'attention.
06:42Quand tu t'es réveillé, quel âge à l'époque ?
06:44Je devais avoir 13-14 ans, si je me rappelle bien.
06:48Donc, je me suis mis à travailler avec eux.
06:50Et dès les premiers mois, très rapidement,
06:52ils m'ont nommé secrétaire extérieur.
06:55Je ne savais pas du tout ce que ça voulait dire.
06:57Ils m'ont demandé d'organiser le quartier.
07:0260 années à tenter d'améliorer son quartier,
07:04ce n'est pas quelques tensions qui vont le stopper.
07:07Au contraire, Don Luis n'attend pas que les gens viennent à lui.
07:10D'autant qu'avec un simple chariot, on peut faire des merveilles.
07:18C'est quoi tout ce matériel ?
07:20Vous allez faire une fête ?
07:22Non, le projet que j'ai dans le quartier des Pigeonniers,
07:24c'est pour les enfants.
07:26Mais j'ai aussi une radio communautaire.
07:28Les ondes de Tepito, qu'elle s'appelle.
07:34Le principe, c'est une table de mixage,
07:36un amplificateur,
07:38et les enceintes, et un micro.
07:40Et vous diffusez comme ça ?
07:42Dans la rue ?
07:44Exactement.
07:46Ça met de l'ambiance.
07:48On commence en disant,
07:50en direct, sur les ondes de Tepito.
07:52Et je donne la parole à des invités.
07:54Ça peut être un médecin,
07:56qui vient renseigner les gens sur le diabète.
08:11Au lieu d'attendre que les gens viennent à la culture,
08:13ils la portent jusqu'à chez eux.
08:16Avec des briques et des brocs.
08:18C'est la petite radio portable,
08:20sur chariot.
08:24Il faut nettoyer l'esprit des gens,
08:26en apportant la culture chez eux.
08:31C'est pas évident d'avoir des projets,
08:33dans des zones comme celle-ci,
08:35parce que les gens tombent très vite du mauvais côté.
08:41C'est difficile, mais pas impossible de changer ce pays.
08:46Ça passe pas.
08:48Ça passe toujours.
09:03Ça a l'air paisible comme ça,
09:05mais Tepito,
09:09ça craint.
09:16Et Meuth, gardé gang,
09:18fait divers les plus glauques,
09:20les chiffres de la sécurité à Tepito,
09:22feraient passer une favela de Rio
09:24pour une station balnéaire.
09:30Toutes les nuits, sans exception,
09:32Tepito est le théâtre des actes
09:34les plus meurtriers de la capitale.
09:45Don Luis opère quand le soleil se lève.
09:47Tous les week-ends,
09:49il installe sa radio et propose
09:51des cours de soutien scolaire pour les enfants,
09:53de la musique pour les parents,
09:55et surtout,
09:57un moment de tranquillité pour tous.
10:15Le moindre espace de la cité
10:17est utilisé pour éduquer les enfants.
10:19Avec Luis,
10:21un ridicule petit coin de verdure
10:23devient un jardin botanique.
10:29Mais à quoi ça sert ?
10:31C'est des plantes médicinales ?
10:33Attends, mais c'est incroyable !
10:35Ces plantes, c'est pour quand t'as des problèmes d'estomac.
10:37Tu les mets là.
10:39Ici ?
10:41C'est comme celle-ci.
10:43Ah, ok.
10:45C'est pas vrai que c'est comme celle-ci ?
10:47C'est celui-là.
10:49C'est eux qui ont participé à la plantation.
10:51Lui, il était plus motivé.
10:53Moi aussi.
10:55Il m'a aidé à nettoyer, et après on a planté les graines.
10:57Ils sont le futur du quartier.
10:59Une nouvelle génération de Mexicains.
11:01On va changer le pays.
11:03Pas vrai ?
11:05Bien sûr que oui.
11:07Il faut arrêter avec la violence.
11:09On n'en peut plus.
11:13Direction le sud.
11:15Même à travers la vitre d'une camionnette,
11:17la Cordillère des Andes, c'est beau.
11:43J'arrive à 6 heures du matin
11:45dans les faubourgs de Oaxaca,
11:47la capitale de l'État du même nom.
11:53Bonjour.
11:55Eric.
11:57Comment ça va ?
11:59Et toi, comment ça va ?
12:01Un peu fatigué.
12:03Eric est concepteur, inventeur, cycliste.
12:05Un prince de la débrouille.
12:07Petit détail,
12:09il est debout tous les jours,
12:11à 6 heures du matin,
12:13et tous les jours,
12:15Eric parcourt la région
12:17à la recherche de vélos
12:19que les gens auront mis à la poubelle.
12:21Chaque bicyclette récupérée
12:23sera alors transformée en source d'énergie.
12:25Fini les promenades à vélo,
12:27ici on reste immobile,
12:29et quand on pédale,
12:31on fait tourner des machines.
12:33Pour hacher la viande.
12:36Avec Eric, tout ce qui tourne
12:38est utile.
12:52Ça, c'est un appareil à manivelle,
12:54une aigreneuse.
12:56Comme elles sont rotatives,
12:58tu peux les connecter.
13:00C'est à cet endroit que l'on fait
13:02l'adaptation avec la bicyclette.
13:04On fait aussi beaucoup
13:06de machines électriques,
13:08mais c'est plus de travail.
13:10Le plus simple
13:12et le plus rapide
13:14à convertir,
13:16c'est les manuels.
13:18Et ça se vend mieux.
13:24Là, j'ai mis du ciment
13:26pour ce que nous appelons
13:28la force centrifuge.
13:30Plus la roue est lourde,
13:32plus elle développe de puissance.
13:34Mais vous allez même
13:36jusqu'à les décorer.
13:38Pourquoi vous les décorez ?
13:40Comme on les vend,
13:42on essaie de les rendre
13:44le plus attractifs possible.
13:46Et tu pourrais faire
13:48un truc comme une machine à laver ?
13:50Bien sûr,
13:52on l'a déjà fait.
13:54Regarde ça, la machine à laver.
13:58C'est ça, on pourrait faire
14:00une machine à laver.
14:02Tu vas, tu pédales,
14:04et tu reviens avec ton linge propre.
14:06Cette machine,
14:08la seule chose qu'elle fait,
14:10c'est le lavage.
14:12Elle ne fait pas le rinçage ?
14:14Non, elle ne rince pas.
14:16Par contre, ce type de machine à laver,
14:18oui, avec celle-là,
14:20je vais pouvoir faire un super truc
14:22parce qu'elle fait aussi rinçage.
14:24Et tu vas la démonter
14:26et l'associer avec une bicyclette ?
14:28Le but ultime de leur association
14:30est de transmettre leur savoir-faire
14:32et de donner l'opportunité
14:34aux plus démunis
14:36d'améliorer leur quotidien.
14:38Celui-là, il s'est endormi, je pense.
14:40Avec la tête qu'il a.
14:42Aujourd'hui, c'est dans une école indienne
14:44qu'ils ont rendez-vous.
14:46Il a toujours du mal à se réveiller.
14:48Bonjour, Sébastien.
14:50Eric, toi aussi ?
14:52Lui aussi s'appelle Eric,
14:54et lui, il est toujours en retard.
14:58C'est bon.
15:22Bon, on va démarrer.
15:28C'est pas commode-commode, mais j'adore voyager en route.
15:46Derrière les pick-up, je trouve que c'est le meilleur moyen de voir un pays.
15:51Il n'a pas l'air libre.
16:08On l'a trouvé.
16:09S'il vous plaît, jeunes gens, veuillez prêter attention, s'il vous plaît.
16:25C'est un jour inédit dans l'histoire de cette école,
16:28parce que c'est la première fois que nous recevons un collectif si actif,
16:33qui amène des propositions vraiment bonnes.
16:36Je voudrais, jeunes gens, que vous profitiez de l'opportunité qui vous est donnée
16:40pour voir les alternatives qui vous seront présentées,
16:43de voir des projets qui fonctionnent.
16:45On entend toujours les gens dire qu'il faut faire quelque chose pour la planète,
16:49qu'il ne faut pas contaminer.
16:50Eh bien là, vous allez voir quelque chose de concret,
16:53une alternative que nous pourrons appliquer chez nous.
16:56Les experts sont là, ils vont vous dire comment ça va se passer.
17:00Bon, alors, vous allez passer par groupe et on vous expliquera concrètement
17:05comment fonctionne cette technologie appropriée,
17:08ce que c'est et combien ça coûte,
17:10et aussi comment on travaille de manière collective
17:13pour que vous puissiez rentrer chez vous dans vos communautés
17:17et évaluer les choses qui vous manquent.
17:19Et à partir de vos nécessités, ensemble, on fera les machines dont vous avez besoin.
17:29...
17:44Tu as parlé dans une autre langue, là ?
17:46C'est quoi comme langue ?
17:47En zapothèque.
17:49J'ai rien compris.
17:50Tu as dit quoi ?
17:51Que le jus avait l'air bon.
17:54Ça y est, c'est propre, là.
17:57Non, il manque encore un peu.
18:00Ça y est, je suis fatigué de pédaler.
18:03Tiens.
18:05Eric, merci beaucoup, je te laisse avec la deuxième classe.
18:08Merci à toi.
18:10Merci, Eric.
18:12Madame la directrice, merci de nous avoir reçus.
18:16Merci beaucoup.
18:18...
18:47...
19:00Mettez-moi une mangue et une pastèque.
19:05Ça, c'est piquant ?
19:06Oui, monsieur.
19:10Une pastèque, c'est combien la pastèque ?
19:1215.
19:13Et la mangue ?
19:15C'est 15 aussi.
19:16Ça fait 30.
19:18Tu me fais la monnaie sur 50 ?
19:20J'ai pas, j'ai que sur 40.
19:22Tu m'as donné 10, non ?
19:24Prête-moi 20, le monsieur m'a donné 50.
19:27Tu t'en rappelleras, t'inquiète pas.
19:29On est des collègues de travail, on s'entraide tous les jours.
19:32...
19:38L'autobus au Mexique, c'est une institution.
19:40Une manière très simple et économique de voyager.
19:44En même temps, c'est la seule.
19:47Ici, les trains ne prennent que des marchandises.
19:50Et l'avion, c'est hors de prix.
19:53...
20:13Moi, je dois aller sur la côte Pacifique, au sud d'Acapulco,
20:17à Saint-Louis, à Catlane.
20:19...
20:30Perchée dans les montagnes, 42 000 habitants,
20:33la spécificité de cette petite ville, c'est qu'il y a 2 polices,
20:37la nationale et la communautaire.
20:39...
20:47On va chercher la police.
20:49...
20:52Ici, il y a un truc un peu particulier,
20:54c'est-à-dire que l'Etat avait envoyé des policiers
20:56qui faisaient mal leur travail.
20:58Ils étaient déjà pas assez nombreux, ils faisaient mal leur travail.
21:01Donc les gens de la communauté, du village,
21:03ont décidé de monter leur propre police.
21:05...
21:08Il faut savoir que la police nationale mexicaine
21:12est une des plus corrompues du monde.
21:15Il vaut mieux avoir sa propre police, ici.
21:19Excusez-moi, vous êtes d'ici ?
21:21Le commissariat de la police communautaire, c'est vous ?
21:23Oui, c'est par là.
21:25On peut descendre ?
21:29Vous allez tout droit, là.
21:33Bonjour, le commissariat de la police communautaire.
21:36Le commissariat de la police communautaire.
21:39Oui.
21:40C'est par là-bas ?
21:41C'est à 3 patées de maison d'ici.
21:44Ah, c'est là.
21:50Bonjour, Sébastien Pérez.
21:52Pablo Guzman Hernández.
21:54Et vous êtes responsable de ?
21:56Un parmi d'autres.
21:57Il y a beaucoup de responsables ?
21:58On est 10.
22:00Mais vous avez aussi des uniformes ?
22:02Non, non, nous sommes l'autorité civile.
22:04Ah, ça fonctionne comme ça.
22:06Et quelle relation vous avez avec la police nationale ?
22:08Officiellement, nous disons que nous fonctionnons en collaboration.
22:11Mais dans les faits, nous avons très peu de relations avec eux.
22:14On travaille chacun de notre côté.
22:16Nous sommes totalement indépendants d'eux.
22:18Mais s'ils veulent nous donner un petit quelque chose, comme vous d'ailleurs...
22:21Moi, je peux vous donner de l'argent ?
22:22Bien sûr.
22:23Dites-lui qu'il nous faut des pneus.
22:25Il nous faut des pneus, les 4.
22:27Ah bon, les 4 ?
22:28Mais ils sont abîmés ?
22:29Oui, regardez, celui de derrière.
22:31Et l'autre, encore pire.
22:35Il nous faudrait 5 000 pour acheter les 4.
22:37Mais vous pouvez donner ce que vous voulez.
22:39Attendez, 5 000...
22:41Pour les 4.
22:42Pour les 4, 5 000 ?
22:44J'exige un reçu.
22:46Oui, bien sûr, je le signe et je tamponne.
22:50OK.
22:52Alors, voilà.
22:53Et voilà.
22:55Mais j'ai besoin d'un reçu.
22:57Je te l'apporte tout de suite.
22:59Avec le tampon.
23:03Bon, ben, j'ai acheté des pneus à la police communautaire.
23:07Et ce n'est pas considéré comme de la corruption.
23:10En fait, ici, ils ont remis au goût du jour
23:12les vieilles règles de solidarité indienne.
23:14Le budget est ric-rac,
23:16mais c'est parce que c'est les habitants
23:18qui se cotisent pour l'achat du matériel,
23:20des armes, des uniformes et de la nourriture.
23:22Quant aux policiers, ils sont tous volontaires
23:24et donnent chacun 3 ans de leur vie à la communauté.
23:27Petit détail, ils ne sont pas rémunérés.
23:30Pour les corrompres, vous pouvez toujours courir.
23:34Mangez donc un morceau avec nous.
23:37Vous dérangez pas.
23:39Merci.
23:41Et le fusil, vous ne le lâchez jamais.
23:43Non, vous pouvez pas le laisser.
23:45Seulement quand on rentre chez nous.
23:47Mais sinon, en service, on le laisse jamais.
23:52C'est-à-dire que quand vous mangez,
23:54vous mangez avec le fusil.
23:56Les toilettes, la douche, toujours avec le fusil.
23:59Exactement.
24:0210 fois par jour, ces policiers,
24:04pas comme les autres, parcourent Saint-Louis,
24:06à Catalan, en patrouille.
24:08Moi, j'ai payé les pneus,
24:10alors je m'incruste un petit peu.
24:19De la débrouille communautariste, voilà.
24:22L'Etat veut pas donner d'argent,
24:24mais tant pis, on s'en occupe.
24:26C'est aussi du système D.
24:35La délinquance a aussi beaucoup diminué.
24:38Les braquages, les vols,
24:40les assassinats, les kidnappings.
24:43Cette ville paraît calme,
24:45mais le danger est permanent.
24:47Nous sommes près de la Côte-Pacifique,
24:49un endroit stratégique pour les cartels de la drogue.
24:52On est sous l'autorité du peuple.
24:54C'est pour ça qu'on peut pas déconner.
24:57Donc ça, c'est le vrai protéger
24:59et servir la communauté.
25:01C'est ça.
25:03L'union, l'organisation.
25:05Tu fais attention à moi, je fais attention à toi.
25:08Tu fais attention à lui, je fais attention à lui.
25:11Et on fait tous attention à l'autre.
25:34C'est la 1re fois de ma vie
25:36que ça me donne envie d'être policier.
25:42On est arrivé, hein ?
25:44Tu peux te relâcher ?
25:46Mais vous avez un tribunal, non ?
25:49C'est nous. On fait aussi office de juge.
25:52Ici, nous avons comme principe de justice.
25:55Quel que soit le degré de perversion d'une personne,
25:58il existe la possibilité qu'elle s'améliore.
26:01Quelle que soit la personne.
26:04Si on arrête un violeur, un assassin,
26:07on l'envoie en rééducation.
26:10La justice est un concept pour nous très différent
26:13de celui du gouvernement.
26:15Eux parlent de réadaptation ou de réinsertion.
26:18Nous, on parle de rééducation.
26:21Nous partons du fait que l'éducation
26:24que chacun d'entre nous reçoit
26:27est celle du foyer familial, de l'école,
26:30en écoutant les personnes plus âgées.
26:33Mais si une personne n'a pas appris de cette 1re éducation,
26:36nous l'envoyons dans une 2e éducation.
26:39C'est pour ça que c'est une rééducation.
26:42Celui qui ne savait pas travailler, maintenant, il va apprendre.
26:45Donc vous n'avez pas de prison ?
26:48Non. C'est l'assemblée communautaire
26:51qui décide ce que va faire le prévenu.
26:54Il peut aider à construire le commissariat,
26:57mais jamais personne s'est évadé ?
27:00Personne.
27:03Attendez, on parle de gens qui ont tué et qui ont séquestré.
27:11Merci pour tout. Merci beaucoup.
27:14Madame, merci beaucoup. J'ai beaucoup appris.
27:17Mais c'est très bien.
27:20Asuncion Ponce-Ramos, elle est coordinatrice
27:23de la justice à Saint-Louis-à-Catelan.
27:26C'est le préfet de police.
27:37Direction plein sud, vers Tapachula
27:40et la frontière avec le Guatemala.
27:43300 000 Latino-Américains par an passent ici
27:46et s'apprêtent à traverser le Mexique pour rejoindre le rêve américain.
27:49Ils arrivent du Pérou, de Bolivie, d'Équateur ou encore du Panama.
27:52Ils ont traversé une dizaine de pays
27:55et le Mexique sera le pire de tous.
27:58Depuis plusieurs années, sous la pression des Américains,
28:01la police mexicaine tente de freiner l'exode.
28:06On arrive là.
28:14C'est le Rio Naranjo, le fleuve orange,
28:17qui marque la séparation entre le Mexique et le Guatemala.
28:20Et ici, le commerce bat son plein.
28:23La spécialité de cette zone, l'import-export illégal.
28:26Des radeaux en chambre à air de tracteurs
28:29sur lesquels est posée une planche de bois
28:32permettent de transporter jusqu'à 1,5 tonne de marchandises.
28:35Des marchandises que les commerçants de chaque pays
28:38se rachètent en évitant les taxes douanières.
28:43Je vous présente José, propriétaire d'un bateau en pneus.
28:54Dis-moi un truc, on peut venir avec n'importe quel bateau
28:57et se mettre à travailler ?
29:00Quoi, n'importe quel bateau ?
29:03Ouais, enfin, le bateau d'ici, je peux venir et dire...
29:06Si tu veux venir avec ton bateau et travailler ici,
29:09il faut que tu parles avec les responsables.
29:12Surtout ça, il faut que tu parles avec les responsables d'équipe
29:15et c'est à eux de décider si tu peux travailler ou pas.
29:18Et s'ils acceptent, eh ben, en avant, tu peux te faire le bateau et travailler.
29:22Ah, c'est au Guatemala qu'on est fait. Et la douane, elle est où ?
29:25Elle est juste là.
29:28Là-bas, sur le pont. Ils disent rien ?
29:31Si ! Enfin, pour aller au Guatemala, ils te disent rien.
29:34C'est au retour que c'est plus compliqué. Ils te demandent les papiers et tout.
29:37Alors vous passez pas par la douane ?
29:40Parce qu'il y a plein de gens qui n'ont pas leur passeport.
29:43Oui, mais les marchandises, elles peuvent passer la douane.
29:46Ah non, ils ne laissent presque rien passer. Ils te font faire demi-tour.
29:52Ok.
29:55Bon ben, on va attendre les clients.
30:07Tiens.
30:10T'en voulais un, toi ?
30:13C'est du Mavit, oui.
30:22C'est de l'eau filtrée, non ?
30:25Je sais pas. C'est pas moi qui le prépare.
30:28Ah. C'est pas toi qui le prépare.
30:31Ouais.
30:34J'ai 2-3 médicaments au cas où.
30:37Dis-moi, la police dit vraiment rien ? Ils passent jamais ?
30:40Des fois, ils viennent. Et ils regardent les cargaisons.
30:43Oui. T'as vu les mecs qui chargent le sucre ?
30:46Les policiers ont fait une descente et ils leur ont demandé de l'argent.
30:49Ah, ils demandent.
30:52Oui, oui, ils prennent leur pourcentage.
30:55Ah, eux aussi, ils se font un peu d'argent. Les policiers, oui.
30:58José a 5 personnes qui travaillent pour lui.
31:01C'est eux qui rabattent les clients, chargent et déchargent le radeau.
31:07Bon ben, je vais au Guatemala.
31:10Enfin.
31:13Attends.
31:16Je vais me mettre là.
31:19Ici, c'est bon ?
31:22En revanche, la conduite, c'est José qui s'en charge.
31:25Il faut bien connaître les courants et surtout les cailloux qui peuvent percer les chambres à air.
31:31Un simple trou et c'est toute la cargaison qui finit au fond du fleuve.
31:39Et là, vous avez quoi ?
31:42C'est de la soupe.
31:45Et là ?
31:48Des oeufs et là aussi des oeufs.
31:51Ah, tout ça, c'est des oeufs.
31:54Et là, de la bière.
31:57Ces produits, vous les achetez moins cher au Mexique et vous les revendez plus cher au Guatemala.
32:00Et il y a d'autres produits qui s'achètent moins cher là-bas et qui se vendent plus cher ici.
32:03C'est pas de la drogue.
32:06Non.
32:09Il fait chaud.
32:18Bon ben, on est arrivé au Guatemala.
32:21C'était pas si compliqué.
32:24Je vais voir l'atelier.
32:27C'est une seule personne qui construit les bateaux ou ils sont plusieurs ?
32:30Non, il est tout seul.
32:33Bon, la bière.
32:40Bonjour, vous faites la...
32:43Sébastien, c'est un plaisir.
32:48Et quand un truc comme ça arrive, tu recoupes ?
32:51Oui.
32:54Avec de la corbe.
32:57On recoupe tout et ensuite on met ça.
33:00Et ça, c'est quoi ?
33:03C'est de la colle.
33:06On pose ça, la rustine.
33:09Et tu le chauffes.
33:12Oui.
33:15Tu le chauffes et après tu appuies dessus.
33:18Et ça se colle et c'est bon.
33:21Tu laisses ça un petit moment.
33:24Et combien de temps faut-il laisser ?
33:274-5 minutes.
33:30Fernando est le seul à fabriquer et réparer les chambres à air.
33:335 ans après, ce petit commerce informel génère plusieurs dizaines de milliers de dollars par an.
33:58Et ça y est.
34:01T'as vu ? Système départ tout.
34:04Une boîte de concerts et hop, on a plati tout ça.
34:10Côté Guatemala, les propriétaires de radeaux n'ont pas besoin d'attendre les clients trop longtemps.
34:16Pour traverser dans l'autre sens, il y a une autre source de revenus.
34:19Les migrants.
34:22Ils passent souvent en groupe.
34:25Ils passent.
34:28Des fois, ils n'ont pas de sous.
34:31Ils viennent nous voir et ils nous demandent de les faire passer gratuitement.
34:34Si on a déjà des marchandises, on leur dit de monter.
34:37Mais c'est tranquille ici avec les migrants.
34:40Personne ne vient les chercher.
34:43Non, ici, il n'y a pas d'abus avec les migrants.
34:46C'est très tranquille.
34:50Non, ici, il n'y a pas d'abus avec eux.
34:53Au contraire, quand on peut les aider, on les aide.
34:58Tu vois, toute cette zone nous appartient.
35:12On repart du Guatemala pour aller au Mexique.
35:15Là, ici, c'est le dernier endroit
35:18où ils peuvent être tranquilles avant l'enfer.
35:21Le Mexique, c'est l'enfer pour eux.
35:24Ils se font rançonner.
35:27Il y a des kidnappings.
35:30Les gangs les kidnappent.
35:33Ils les obligent à donner le numéro de téléphone des familles
35:36pour qu'ils envoient de l'argent.
35:39Il y a une estimation qui est assez flippante.
35:42C'est-à-dire que 80% des femmes qui traversent le Mexique
35:46font l'horreur.
35:49Quand elles arrivent ici du Guatemala
35:52et qu'elles passent au Mexique,
35:55elles prennent des contrats sceptiques
35:58pour ne pas voir l'enfant issu de viol.
36:01C'est superbe.
36:15Salut.
36:18Merci beaucoup.
36:21A bientôt.
36:27C'est normal, un barbecue à côté d'une station service ?
36:30On peut faire ça ?
36:46Vous avez quoi comme voiture ?
36:49Une camionnette.
36:52Et vous allez où ?
36:55Il nous reste un petit bout de chemin à San Cristobal.
36:58Il vous reste 120 km à peu près.
37:01Une heure et demie.
37:04Je me repose et on repart.
37:07S'il ne pleut pas, la route est assez bonne.
37:10C'est ce qu'on m'a dit.
37:15C'est parti.
37:46Direction San Cristobal de las Casas,
37:49une des premières villes construites par les Espagnols en Amérique.
37:57Le Mexique est le pays qui compte le plus d'Indiens du continent
38:00et c'est dans cette région qu'ils y sont les plus nombreux.
38:03A San Cristobal,
38:06les touristes viennent se prendre en photo avec les locaux.
38:16Une info que peu de gens connaissent,
38:19il était interdit aux Indiens de marcher sur le trottoir.
38:22Le trottoir étant réservé pour les Européens et les Métis.
38:25Donc ils devaient marcher sur la route.
38:28Et ça, jusque dans les années 80.
38:31San Cristobal est la vitrine touristique
38:34où les Indiens viennent vendre leur artisanat.
38:37Dans les rues, on trouve des ceintures,
38:40des vêtements,
38:43dans les rues, on trouve des ceintures,
38:46des bracelets et des tapis brodés.
38:49Tu vois une bande de copines, des Indiennes,
38:52qui font de la broderie.
38:55La broderie, mais attention,
38:58c'est adapté au monde moderne.
39:01Bienvenue à San Antonio del Monte,
39:04là où vivent les Chamulas
39:07et là où les touristes ne viennent pas.
39:10C'est le fond lieu pauvre de San Cristobal.
39:13Ici, la majorité des habitants ne parle pas l'espagnol,
39:16mais le tzotzil.
39:19Ursula.
39:22Comment vas-tu?
39:25Bien.
39:28Bonjour Sébastien.
39:31Enchanté Margarita.
39:34Alors c'est ici l'atelier?
39:37Oui, c'est la maison de Margarita.
39:40Margarita et ses copines,
39:43comme toutes les Chamulas,
39:46ont appris à broder toutes petites.
39:49Aujourd'hui, c'est sur des baskets
39:52qu'elles exercent leur savoir-faire.
39:58Je fais du 8.
40:07Avant, elles faisaient des broderies traditionnelles,
40:10mais elles avaient un peu de mal à les vendre
40:13parce que la concurrence est féroce.
40:16Beaucoup d'artisanats ici.
40:19Donc elles ont adapté les broderies traditionnelles
40:22au monde moderne, c'est-à-dire les baskets.
40:25L'idée, c'est une cliente qui l'a eue.
40:28Ursula habite à San Cristobal.
40:31Elle est designeuse.
40:34J'avais une idée un peu bizarre.
40:37C'est comme ça que ça a commencé.
40:40J'ai toujours aimé les broderies de cette communauté.
40:43Alors je suis venue et j'ai demandé à tout le monde
40:46dans la rue s'il n'y avait pas quelqu'un
40:49qui pouvait me broder mes baskets.
40:52Je les abordais, les gens me regardaient
40:55de manière hyper bizarre.
40:58Il y avait Margarita et Dominga assises
41:02et Margarita m'a dit je te les brode tes baskets.
41:05Je suis revenue au bout de 3 semaines.
41:08Je me suis dit c'est incroyable ce truc.
41:11Et c'est là qu'on a commencé à en faire.
41:14N'importe quelle basket de série
41:17qui passe sous leurs mains
41:20peut devenir alors un objet unique
41:23qu'elles signeront de leur prénom.
41:26Avec cette idée,
41:29les affaires deviennent plus prospères
41:32pour Margarita, Dominga, Maria et Ursula.
41:35Comble du luxe,
41:38elles ne passent plus la journée
41:41dans les rues de la ville à attendre les touristes.
41:44Aujourd'hui, leur carnet de commandes affiche complet
41:47pour les 6 prochains mois.
41:50Qu'est-ce que tu faisais avant de venir ?
41:54Qu'est-ce que tu faisais avant de broder ces chaussures ?
42:00Avant, je faisais des bracelets, des ceintures
42:03et aussi des chemisiers.
42:06Et vous arriviez à les vendre bien ?
42:09Les chemisiers, oui, un petit peu,
42:12mais c'est pas comparable avec ce que l'on vend comme chaussures.
42:15Pour les aider à donner de l'ampleur
42:18à leur petite entreprise,
42:21il y a un site sur Internet
42:24sur lequel les clients peuvent passer commandes.
42:27Moi, c'est déjà fait.
42:30Le site s'appelle El gato con los pies de trapo,
42:33littéralement, le chat avec des pieds de chiffon.
42:36Merci beaucoup.
42:39Au revoir, bonne chance.
42:42Merci beaucoup.
42:45On va se connecter sur Internet avec les chaussures.
42:49Au revoir, merci bien.
42:52Au revoir.
43:22Mais le détour en vaut la peine.
43:29On est à Pueblas.
43:32On va voir José Carlos,
43:35qui a inventé un système économique de récupération.
43:38C'est-à-dire, je sais pas, avec une carte bleue.
43:41José Carlos.
43:44Oui, monsieur, comment ça va ?
43:47José Carlos est le seul homme au monde
43:50qui a inventé un système en argent, le PECOS,
43:53le PESOS écologique.
43:56Alors, c'est ici ?
43:59Oui, c'est ici, rentre, je t'en prie.
44:02Oh, des poubelles.
44:05Non, pas des poubelles, ce n'est que de l'argent.
44:08Ça, c'est un petit truc que j'ai fait, moi.
44:11C'est une remorque qui peut transporter
44:14des containers pour le recyclage.
44:17C'est une plateforme pour que les gens puissent monter.
44:20Ah, pour déverser plus rapidement.
44:23Exactement, avec sa petite échelle.
44:26Ici, on met le tétrapaque, les canettes.
44:29De l'autre côté, les bouteilles en plastique et le plastique dur.
44:32Là-bas, on met le verre.
44:35Ici et là, les cartons.
44:38Il a modifié une remorque pour bien séparer les déchets,
44:41pour être beaucoup plus rentable et efficace.
44:45C'est pas parce que c'est des ordures et des déchets
44:48qu'il ne faut pas être compétitif.
44:51Ça, c'est ce qui sert
44:54à remplacer les déchets en argent.
45:06Chaque kilo, c'est un pesos.
45:09Et je ne te donne pas seulement de l'argent.
45:12J'ai démarché plein d'entreprises qui te font une remise
45:15si tu achètes avec la carte.
45:18Par exemple, si tu veux acheter des vêtements pour tes enfants.
45:21Un pantalon qui coûte 300 pesos
45:24t'en coûtera 45 de moins.
45:27Tu gagnes 45 pesos.
45:31Et quand est-ce que ça a fonctionné pour la 1re fois ?
45:34De 2006 à 2009,
45:37j'ai fait tout ce qui est études de marché et de faisabilité.
45:41Et j'ai essayé de me lancer en 2009.
45:47Mais beaucoup de gens m'ont dit que ça ne fonctionnerait pas.
45:54Et maintenant, qu'est-ce qu'ils disent ?
45:57Que t'avais raison.
46:00Ils ne l'ont pas tous dit, mais il y en a beaucoup
46:03qui se sont mis à dire que c'était une bonne idée
46:06et que j'aurais très bien pu l'avoir.
46:10Aujourd'hui, c'est devant le zoo de la ville
46:13que José Carlos va travailler.
46:16Tous les employés sont venus de chez eux avec leurs poubelles triées.
46:19Elles seront pesées et tout sera crédité
46:22sur le compte de chacun d'entre eux.
46:41Là, on entend la connexion Internet parce qu'il enregistre tout.
46:44Du coup, c'est une banque.
46:48Chaque personne peut vérifier son compte depuis chez lui.
46:51Et j'essaie de faire en sorte
46:54que chacun puisse voir le bilan de son recyclage.
47:10Là, tu as noté la recharge en PECOS.
47:13C'est ce que tu leur donnes.
47:16Le nom du client, là, c'était Alexandra Hernandez Rodriguez.
47:19Son numéro de carte est le 21-001.
47:22Son solde antérieur était de 8,06 PECOS.
47:25Et le total des PECOS que l'on a ajoutés ?
47:283,9.
47:31Maintenant, le solde est ?
47:3411,08. Des fois, je leur mets du temps.
47:37Quel temps ?
47:40Je leur ajoute des minutes de communication sur les portables.
47:43C'est des minutes de crédit au téléphone.
47:46Elle va donner le numéro de téléphone.
47:49Madame ramène toutes ses poubelles.
47:52Bonjour.
47:55Ne me prenez pas en photo.
47:58Mais pourquoi ?
48:01De toute façon, avec vos lunettes, personne ne va vous reconnaître.
48:0570, 90, 40.
48:13Et voilà, il m'a rajouté 30 minutes.
48:16Tranquille.
48:19C'est simple.
48:22Pour 30 kg de poubelles, elle repart avec 30 minutes de crédit.
48:25Avant, elle les jetait par la fenêtre.
48:35En fin de journée, de retour dans son hangar,
48:38José Carlos affine le tri.
48:41En 9 mois, il a créé 8 emplois.
48:49Ici, on sépare les bouteilles en plastique transparentes
48:52et les bouteilles de couleurs.
48:55Les bouteilles de couleur.
48:58Les bouteilles de couleur.
49:01Les bouteilles transparentes et les bouteilles de couleur.
49:04Comme ça, je peux vendre les stocks plus chers.
49:10Il s'est aussi diversifié en passant aux matériels électroniques.
49:13Désossés et séparés, les matériaux seront vendus en Inde.
49:16Moi, pour protéger la planète,
49:19j'ouvre un compte en PECOS.
49:22Par les temps qui courent, c'est peut-être plus sûr qu'une vraie banque.
49:26Voilà.
49:29J'ai ma carte du porte-monnaie électronique.
49:32Je suis inscrit à la banque.
49:38Mexico est la folie.
49:41Une dernière escale avant de quitter le pays des tacos.
49:50Bonjour. Je peux avoir un taco, s'il vous plaît ?
49:53Oui, de la sauce et des légumes.
49:56Ça pique ?
49:59Oui, la sauce, un peu.
50:02Ah oui, non, sans sauce.
50:08Avec des légumes, alors ?
50:11Oui, s'il vous plaît.
50:15En échange d'un loyer, la copropriété a autorisé Alejandro
50:18à installer du lundi au samedi sa cuisine dans le hall de l'immeuble.
50:21Et apparemment, occuper l'espace public, c'est sa spécialité.
50:24Je mets du son ici, le dimanche.
50:27Comment ça, du son ?
50:30Là, je peux pas le sortir.
50:33Oui, on m'appelle et j'installe ma sonnerie ici.
50:36C'est pour ça qu'il y a le son.
50:39C'est pour ça qu'il y a le son.
50:42C'est pour ça qu'il y a le son ici.
50:45Quoi, ici ?
50:48Jurgen m'a dit comme ça, en faisant des fêtes.
50:51Et c'est quand, la prochaine fête ?
50:54Demain, on sera là à 16h. Il y a un anniversaire.
50:57Aujourd'hui, c'est l'anniversaire d'un enfant du quartier.
51:00Les parents ont fait appel à Alejandro et son sound system
51:03pour passer de la musique.
51:06L'installation se fait en 30 minutes.
51:27Vous aussi, vous payez pour faire l'animation ?
51:30Non, je suis indépendant.
51:33Et vous faites payer le tour de trampoline ?
51:36Oui.
51:39Mais vous saviez qu'il y avait une fête ?
51:42Oui, c'est pour ça que je suis venu.
51:48C'est incroyable.
51:51On fait ça en France, on se fait déchirer.
51:54Là, ils installent la Sono sur une place publique.
51:57Le trampoline, vas-y.
52:00Et les gens, super sympa.
52:03C'est quand même le rêve.
52:06Dès qu'on débrouille au Mexique, c'est fini.
52:09A bientôt.

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