• il y a 9 heures
Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau

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00:00Bonjour, aujourd'hui dans La Santé expliquée à ma fille, je répondrai aux questions de Sacha sur le cancer du sein qui touche une femme sur huit.
00:08Puis le docteur Isabelle Sarfati nous expliquera dans quelles conditions et à quel moment on peut envisager une reconstruction mammaire.
00:21Sacha, mois d'octobre dédié au cancer du sein, octobre rose que tout le monde connaît maintenant.
00:26Alors je le disais, une femme sur huit touchée. Une femme sur huit qui a été et ou sera touchée par le cancer du sein, ça veut dire que vous connaissez sûrement une personne qui est concernée.
00:37Alors ça peut être une fille, ça peut être une mère, ça peut être une nièce, ça peut être une amie, ça peut être une collègue, comme Camille Lacour le disait dans ce spot.
00:46Lui c'est sa femme.
00:47Et lui il disait moi c'est ma femme, mais ça peut être tout le monde.
00:50On est forcément touché.
00:52Et surtout une femme sur huit c'est déjà énorme, mais c'est en augmentation en plus.
00:58Alors avant de parler de l'augmentation du nombre de cancers du sein et même de cancer du sein, il faut en revenir à l'anatomie du sein pour bien comprendre où ça se passe.
01:07Est-ce que tu peux nous faire un petit rappel ?
01:09On va dire que je pense que tout le monde sait à peu près où ça se trouve.
01:12Déjà l'origine du nom. En fait le sein ça vient de sinus, sinusoïde, c'est une courbe sinusoïde, c'est une courbe, c'est courbe, c'est sinueux.
01:21Alors comment ça se compose un sein ?
01:24En fait le sein c'est une glande, c'est ce qu'on appelle la glande mammaire, comme on le voit très bien sur cette image.
01:30C'est composé de quoi ? De lobules galactophores et de canaux galactophores.
01:36Ça fait un peu comme des arbres.
01:37Ça c'est tout ce qui est glandulaire en violet.
01:39Pourquoi ?
01:40Au moment de la puberté, sous l'influence des hormones, ça va agir sur ses canaux.
01:46Et l'idée c'est quoi ? L'objectif de cette glande c'est quoi ?
01:48Son but ?
01:49L'allaiter.
01:50Voilà.
01:51A galactophore.
01:52Galacto ça vient de lait évidemment.
01:54Donc le lait maternel va être fabriqué dans les lobules et il va s'évacuer par les canaux pour aboutir au mamelon.
02:03Ça c'est le boulot de la glande évidemment, essentiellement pendant la grossesse et après pour allaiter.
02:07Donc c'est une glande, c'est pas un muscle ?
02:09Alors c'est pas un muscle du tout.
02:11Non non, le muscle il est derrière.
02:12Ah oui d'accord.
02:13C'est-à-dire qu'en fait, je suis désolée, c'est pas très joli, mais les seins c'est essentiellement du gras.
02:20Comme on le voit là, tout ce qui est en jaune ce sont des cellules graisseuses, des cellules adipeuses.
02:25Le sein c'est du gras, faut pas penser que c'est du muscle.
02:28C'est du gras qui est tenu par la peau.
02:31Et ça c'est important de bien y penser.
02:33Le meilleur soutien-gorge de vos seins c'est votre peau.
02:37Donc il faut absolument l'entretenir, l'hydrater.
02:40Après évidemment il y a des vaisseaux, il y a des vaisseaux lymphatiques, il y a des ligaments de Cooper, enfin il y a d'autres choses.
02:45Mais voilà, c'est la glande mammaire.
02:47Ça c'est l'anatomie du sein, et alors quand il y a un cancer du sein, il va se situer où ?
02:52C'est un cancer de quoi ?
02:53La majeure partie des cancers du sein se trouve au niveau de la partie violette de la glande.
02:58D'accord.
02:59La majeure partie, il peut y en avoir un peu ailleurs, mais c'est minime.
03:02Et alors ça vient d'où, pourquoi on a un cancer du sein ?
03:05En fait un cancer de manière générale c'est un bug.
03:08C'est-à-dire que normalement on a des durées de vie pour les cellules,
03:12on a des petits chefs de chantier, je caricature un petit peu,
03:14qui disent à telles cellules, par exemple les cellules de la peau,
03:17vous allez vivre, je ne sais pas, 28 jours, les globules rouges.
03:21Et se renouveler, faire des nouvelles.
03:23Et il y en a qui meurent, il y en a qui arrivent, les globules rouges 120 jours.
03:26Et puis là il y a un chef de chantier qui fait n'importe quoi, en fait c'est une mutation.
03:30Et du coup, les cellules vont perdre le signal de mort,
03:35et donc elles vont devenir immortelles.
03:38Ce qui caractérise une cellule cancéreuse, c'est qu'elle devient immortelle.
03:43Donc elle va se multiplier, se multiplier, se multiplier,
03:45grossir, grossir, grossir, envahir les tissus.
03:47Elle va créer de nouveaux vaisseaux, ce qu'on appelle la néoangiogénèse,
03:51la fabrication de nouveaux vaisseaux.
03:53Parce que quand tu grossis, il faut manger.
03:55Donc il faut avoir de la nourriture qui arrive de partout.
03:59Après, qu'est-ce qu'elle va faire encore ?
04:01Elle a la capacité...
04:02Mais notre corps, il ne nous défend pas ?
04:04Alors justement, elles sont malignes. Pourquoi ?
04:07Parce qu'elles se font passer pour des cellules gentilles.
04:09Alors que comme tu le dis très bien, notre corps nous défense,
04:13en permanence elle nous débarrasse de plein de choses,
04:15et de petites cellules qui voudraient être cancéreuses aussi, mais elle nous en débarrasse.
04:19Et là le processus de réparation dysfonctionne,
04:22et donc elles peuvent se faire passer pour des cellules sympas, gentilles,
04:25et continuer à se développer.
04:27Autre propriété de ces cellules cancéreuses...
04:30Et que ça grossit aussi.
04:32Ça grossit, et surtout, elles perdent ce qu'on appelle la cohésivité.
04:36Normalement, tu vois, tu as de l'os,
04:38tu n'as pas des morceaux d'os qui se baladent partout dans le corps.
04:40Eh bien là, oui, elles sont capables,
04:43donc ces cellules cancéreuses, elles sont capables d'aller ailleurs
04:46et de faire d'autres cancers ailleurs.
04:49C'est ce qu'on appelle les métastases.
04:51Pour les seins, c'est essentiellement au niveau du cerveau,
04:55des os, des poumons et du foie.
04:57Donc tu vois, elles ont cette capacité, comme ça,
05:00d'aller aussi faire des métastases ailleurs.
05:02Donc voilà ce qu'est le cancer.
05:05Tu nous dis que c'est un bug de nos cellules,
05:08mais il y a quand même des choses qui vont favoriser
05:10ou donner plus de risques d'avoir un cancer du sein,
05:13des facteurs de risque qui vont faire qu'on ne peut plus s'en avoir.
05:16Bien sûr. Déjà, il y a le sexe.
05:19C'est des femmes sur 8.
05:22Oui, c'est très fréquent chez la femme.
05:24C'est le cancer le plus fréquent chez la femme.
05:26Mais il y en a quand même chez l'homme.
05:27Et il y en a quand même chez l'homme.
05:281% des cancers du sein concernent les hommes.
05:31Donc il ne faut pas penser que parce que vous êtes un homme,
05:33vous êtes totalement protégé, non.
05:35Il y a moins de risques d'en avoir.
05:37Après, il y a l'âge.
05:39Alors, on sait que plus on avance en âge,
05:42plus on est à risque de développer des cancers du sein.
05:45On va dire que 80% des cancers du sein, c'est après 50 ans.
05:49Mais il y en a aussi chez les jeunes.
05:51Et il y en a de plus en plus chez les jeunes.
05:53Après, il y a les antécédents.
05:55Alors, ce qu'il faut bien comprendre,
05:58comme c'est essentiellement une grande partie génétique,
06:01il faut demander dans votre famille s'il y a tante,
06:05maman, grand-mère, etc.
06:07qui ont eu des cancers du sein.
06:09Donc ça, c'est important de faire une petite enquête familiale.
06:12Après, antécédents personnels.
06:14Si vous avez eu vous-même un cancer,
06:17forcément, il faudra surveiller.
06:19Il faudra continuer à surveiller.
06:21Vos médecins vous le diront.
06:23Mais c'est vrai que forcément, tu es plus à risque.
06:25Et après, il y a des choses auxquelles on ne pense pas,
06:27mais qui sont très importantes.
06:29Là, on a vu, finalement, ce sur quoi on ne pouvait pas agir.
06:32Le sexe, l'âge, l'antécédent.
06:34Mais après, il y a des facteurs sur lesquels on peut agir.
06:37Et ça, c'est important dans la prévention des cancers du sein.
06:41On sait que le tabac va favoriser l'apparition...
06:44De toute façon, c'est mauvais pour tout.
06:46Mais va favoriser l'apparition de cancers du sein aussi.
06:50On sait que l'alcool...
06:52Il y a une étude qui a montré que,
06:54dès 6 verres de vin par semaine,
06:576 verres de vin par semaine,
06:59ça a augmenté le risque de développer un cancer du sein.
07:03Le surpoids, là, c'est pareil.
07:05Le surpoids favorise...
07:07Tout ça, c'est hormonodépendant aussi.
07:09Et quand tu as de la graisse, tu as plus d'estrogène.
07:11Tu vois, tout ça est lié aussi.
07:13On sait qu'une activité physique régulière
07:17protège contre le cancer du sein
07:19et qu'à contrario, la sédentarité, évidemment, l'augmente.
07:23Grossesse tardive.
07:25Les femmes qui font des enfantards
07:27ont plus de risque de développer des cancers du sein.
07:32Donc tu vois, ça fait beaucoup.
07:34Et après, il y a d'autres sur-risques
07:36dont on ne va pas tous les énumérer.
07:38Des radiations, par exemple,
07:40quand tu as eu des radiothérapies au niveau du thorax, etc.
07:43Les radiations ionisantes, ça peut augmenter le sur-risque.
07:48Il y a aussi les traitements monosubstitutifs de la ménopause.
07:51Mais là, c'est vraiment...
07:53On fera une émission là-dessus, c'est un sur-risque.
07:55Mais il y a des petites choses aussi
07:57qui peuvent augmenter ces facteurs de risque.
07:59Je reviens sur ce que tu as dit sur l'âge.
08:01Tu as dit qu'il y avait 80 % des cancers du sein
08:03qui étaient sur des femmes passées 50 ans
08:06mais qu'il y avait de plus en plus de jeunes femmes touchées.
08:09Comment ça se fait ?
08:11Alors ça, c'est énorme.
08:13Tout à l'heure, je t'ai dit 80 %.
08:16En plus, le chiffre augmente.
08:19Ce chiffre augmente,
08:21et il augmente notamment chez les très jeunes.
08:23On a vraiment un doublement du nombre de cas
08:25chez les femmes jeunes.
08:27Ça s'explique ?
08:29D'abord, on dépiste mieux qu'avant.
08:33Après, ce sont ces facteurs de risque.
08:35Quand tu vois que les femmes
08:37consomment plus d'alcool,
08:39fument de plus en plus,
08:41ont des problèmes de poids de plus en plus fréquents,
08:43font de moins en moins d'activités physiques,
08:45tout ça s'ajoute et augmente
08:47le risque de développer un cancer du sein.
08:49Octobre-Aurore, c'est fait pour justement
08:51faire de la prévention pour ça.
08:53Pour ces jeunes femmes, par exemple,
08:55qu'est-ce qu'on peut leur dire de faire
08:57pour éviter d'en arriver, je ne sais pas,
08:59de développer un cancer du sein
09:01ou avoir le moindre risque possible ?
09:03À part déjà d'arriver, tabac, alcool...
09:05Oui, mais la prévention, c'est important aussi.
09:07Mais pour savoir si elles ont un cancer du sein,
09:09comment elles font ?
09:11On a la chance en France
09:13d'avoir des médecins
09:15qui sont tout de même assez sensibilisés.
09:17Et normalement, quand vous allez voir
09:19un gynécologue ou autre,
09:21il doit faire un examen des seins,
09:23il doit palper les seins, aller sous les aisselles, etc.
09:25Ce que l'on devrait apprendre
09:27à toutes les jeunes filles,
09:29toutes les jeunes femmes,
09:31on devrait leur apprendre l'auto-examen,
09:33l'auto-palpation.
09:35Je m'explique.
09:37Là, il y a quelques images.
09:39Des petits conseils.
09:41C'est à faire.
09:43De dépister soi-même.
09:45D'apprendre à connaître ses seins.
09:47C'est tout bête, mais voilà.
09:49Moi, ce que je conseille, c'est de le faire
09:51après les règles,
09:53parce que les seins sont moins congestionnés.
09:55Après les règles, sous la douche,
09:57vous mettez un petit peu de savon
09:59sur la pulpe de vos doigts, sous la douche.
10:01Pourquoi la pulpe des doigts ?
10:03Parce que c'est ce qu'il y a de plus sensible.
10:05Ce n'est pas par hasard que les malvoyants
10:07prennent la pulpe des doigts,
10:09c'est parce que c'est très sensible.
10:11Vous mettez du savon, et sous la douche,
10:13vous séparez votre sein en quatre
10:15pour ne pas oublier une partie.
10:17Et comme ça, vous palpez,
10:19vous pouvez le faire vous-même sous la douche,
10:21sans oublier d'aller sous les aisselles,
10:23chercher un ganglion.
10:25Je t'ai dit tout à l'heure
10:27qu'il pouvait aller ailleurs.
10:29Sans oublier aussi de les observer.
10:31Il faut observer vos seins.
10:33Il faut regarder s'il n'y a pas
10:35quelque chose qui n'est pas normal.
10:37Ce n'est pas très scientifique.
10:39Est-ce qu'il y a un examen ?
10:41C'est très bien.
10:43Si on découvre quelque chose,
10:45on peut aller plus loin.
10:47Mais il y a quand même un examen
10:49qui permet de voir s'il y a des risques
10:51de cancer ou non.
10:53Bien sûr.
10:55Pourquoi on vous dit de faire ça ?
10:57C'est parce qu'un cancer du sein
10:59dépisté tôt guérit
11:01dans 90 % des cas.
11:03Mais c'est essentiel.
11:05Après, pour les femmes un peu plus âgées,
11:07on a en France
11:09ce qu'on appelle
11:11le dépistage organisé,
11:13gratuit,
11:15toutes les femmes de 50 ans.
11:17Donc l'audopalpation, c'est plus
11:19pour les jeunes femmes ?
11:21Il faut le faire même pour les plus vieilles.
11:23À partir de 50 ans, il y a un dépistage
11:25qui est organisé, gratuit.
11:27Vous recevez une invitation
11:29à vous rendre chez un radiologue
11:31Je vous conseille
11:33d'y aller plus tôt, après les règles,
11:35quand les seins sont moins congestionnés,
11:37avec votre carte vitale,
11:39votre bond d'invitation,
11:41éventuellement vos mammographies,
11:43si vous en avez déjà passé avant,
11:45pour comparer s'il y a quoi que ce soit.
11:47C'est un peu douloureux, les mammographies ?
11:49Je ne vais pas dire que c'est une partie
11:51de plaisir.
11:53Mais entre la douleur,
11:55parce qu'on va comprimer les seins
11:57entre deux plaques,
11:59c'est une douleur qui va durer,
12:01c'est désagréable pendant quelques secondes,
12:03rien à voir,
12:05ça peut vous sauver la vie.
12:07C'est quand même fou de se dire
12:09j'y vais pas parce que j'ai peur de l'examen.
12:11C'est rien du tout.
12:13Après, c'est vrai que sur les petits seins,
12:15c'est un peu plus difficile.
12:17Mais les femmes qui ont des seins plus petits
12:19elles ont moins de risque de faire
12:21de cancer du sein, non ?
12:23Pas du tout.
12:25Ça n'a rien à voir avec la taille.
12:27L'apparition des cancers n'a rien à voir avec la taille.
12:29Comme je te l'ai dit tout à l'heure,
12:31ça concerne essentiellement la glande
12:33et ce n'est pas ce qu'il y a autour,
12:35donc la taille du sein n'a rien à voir.
12:37Mais je reviens sur ce dépistage.
12:39En France, toutes les femmes...
12:41C'est organisé pour tout le monde.
12:43C'est gratuit, ça fait pas mal,
12:45ça peut vous sauver la vie.
12:47Et pourtant, seulement 48,2%
12:49des femmes le font.
12:51C'est-à-dire qu'en fait,
12:53il y a moins d'une femme sur deux qui y va.
12:55Parce qu'elles ont peur du résultat,
12:57parce qu'elles ont peur de l'examen,
12:59parce qu'elles se disent que c'est trop loin,
13:01que c'est trop long pour avoir un rendez-vous.
13:03Messieurs aussi autour,
13:05dites-leur d'y aller,
13:07c'est important d'aller faire un dépistage.
13:09Et si, que ce soit à l'autopalpation,
13:11on voit quelque chose, une boule,
13:13ou on sent quelque chose d'anormal,
13:15ou à la mammographie on trouve quelque chose,
13:17qu'est-ce qu'il se passe après ?
13:19Ça aussi c'est important.
13:21C'est pas parce que vous allez trouver
13:23qu'à la mammographie on vous dit
13:25qu'il y a une petite boule, etc.
13:27Dans 80% des cas,
13:29c'est bénin, c'est inquis.
13:31Donc n'ayez pas peur avant, ça ne sert à rien.
13:33La plupart du temps, c'est quelque chose
13:35de tout à fait bénin.
13:37Après, on va vous demander...
13:39Voilà, 90% guérissent.
13:41Après, on va vous demander de faire
13:43une échographie des seins,
13:45une IRM des seins,
13:47mais le seul examen qui permet de poser le diagnostic,
13:49c'est ce qu'on appelle la biopsie,
13:51où on va retirer et analyser le tissu
13:53pour vous dire si c'est un cancer ou pas.
13:55Mais encore une fois,
13:57l'importance, il y a évidemment
13:59autant de cancers du sein que de femmes,
14:01donc c'est pas la peine d'aller se comparer avec une autre
14:03parce qu'on n'a pas eu le même traitement.
14:05Oui, mais quoi qu'il arrive, plus c'est plus tôt
14:07et plus on a de chances d'en guérir.
14:09Maintenant, avec les progrès fabuleux
14:11qui ont été faits dans tous les traitements,
14:13il y a de la chirurgie, il y a de l'hormonothérapie,
14:15il y a de l'immunothérapie,
14:17il y a tout un tas de traitements,
14:19et surtout, on peut même
14:21vous guérir d'un cancer du sein sans incision.
14:23On met une petite sonde,
14:25on fait de la cryothérapie,
14:27si la tumeur est toute petite,
14:29on peut, dans certains cas bien sûr,
14:31ou avec de la radiofréquence, ou avec des ultrasons.
14:33Il y a des solutions après.
14:35Voilà, l'importance de la prévention
14:37et l'importance du dépistage,
14:39et on va continuer à en parler avec notre invité,
14:41le docteur Isabelle Sarfati.
14:43Docteur Isabelle Sarfati,
14:45bienvenue, je suis ravie de vous accueillir.
14:47Vous êtes chirurgien,
14:49plasticien,
14:51et vous avez,
14:53vous êtes la fondatrice, on peut le dire,
14:55de l'unité de reconstruction
14:57à l'Institut du sein.
14:59Et non seulement ça,
15:01mais vous avez lancé cette semaine,
15:03le 16 octobre,
15:05le BRADé.
15:07Alors, racontez-nous ce qu'est le BRADé.
15:09Le BRADé, c'est lié
15:11à un jeu de mots.
15:13BRA, ça veut dire soutien-gorge en anglais,
15:15et l'acronyme, c'est
15:17Breast Reconstruction Awareness,
15:19c'est-à-dire le jour
15:21de la reconstruction.
15:23Ça a été lancé aux Etats-Unis il y a quelques années,
15:25au milieu d'Octobre Rose aussi,
15:27et ils ont dit,
15:29on va faire un jour dédié
15:31à la reconstruction,
15:33à l'information sur la reconstruction,
15:35parce qu'on va voir ensemble que, en fait,
15:37l'information est essentielle.
15:39Et ce sera tous les troisièmes mercredis
15:41du mois d'octobre,
15:43pendant Octobre Rose, grâce à vous,
15:45notamment. Alors, c'est toute une équipe.
15:47Il y a toute votre équipe,
15:49vous êtes associés avec le public, j'allais dire.
15:51Absolument. On s'est associés
15:53avec le professeur
15:55Lantieri de l'hôpital Georges Pompidou,
15:57qui est le chef de service de chirurgie plastique,
15:59et le professeur Michael Atlan
16:01de l'hôpital Tenon.
16:03Alors, il faut quand même dire qu'il y a un besoin terrible,
16:05parce qu'en fait,
16:07qui est informé ?
16:09Je vais vous montrer quelques chiffres.
16:11Nombre de cancers du sein,
16:1360 000 cancers du sein chaque année.
16:15Nombre
16:17d'amputation, d'ablation du sein,
16:19de mastectomie, 20 000.
16:21Nombre de reconstruction,
16:236 000, j'allais dire seulement.
16:25Pourquoi ? Pour quelles raisons ?
16:27Parce que les femmes ne veulent pas ?
16:29Parce qu'elles ne savent pas ?
16:31Parce que les médecins ne leur en parlent pas ?
16:33Il y a toutes les raisons du monde,
16:35mais en fait, c'est un défaut
16:37d'information à tous les niveaux.
16:39Premièrement, en reconstruction immédiate.
16:41On a un faible
16:43taux de reconstruction immédiate,
16:45c'est-à-dire la reconstruction en même temps
16:47que la mastectomie.
16:49Pardonnez-moi, je vous coupe parce qu'on va un peu vite là.
16:51Ça veut dire que non seulement
16:53on vous apprend
16:55que vous avez un cancer du sein,
16:57ensuite on vous apprend qu'on va vous enlever
16:59le sein, et là il faut que vous décidiez
17:01tout de suite si vous allez
17:03reconstruire dans le même temps,
17:05en même temps qu'on vous enlève le sein,
17:07si on en remet un tout de suite,
17:09c'est compliqué quand même pour la femme.
17:11C'est beaucoup d'informations,
17:13mais le cancer du sein, contrairement à ce que tout le monde imagine,
17:15n'est pas une urgence.
17:17Ça signifie qu'on a largement
17:19trois semaines,
17:21un mois pour se faire opérer.
17:23Donc effectivement,
17:25ce n'est pas à la consultation d'annonce
17:27qu'il faut parler des techniques de reconstruction,
17:29mais de la possibilité d'une reconstruction
17:31immédiate, et c'est ensuite
17:33à chaque femme de décider
17:35de si elle veut ou pas
17:37une reconstruction immédiate. Mais pour qu'elle
17:39le décide, il faut qu'elle lui soit proposée.
17:41Oui, c'est ça. En fait, les femmes ne sont pas informées.
17:43Mais c'est
17:45l'objectif du bradé, d'ailleurs.
17:47C'est exactement l'objectif du bradé.
17:49Et vous me disiez qu'il y avait plusieurs solutions.
17:51Pardon, je vous ai coupé la parole.
17:53Vous me disiez donc, soit en un temps,
17:55c'est-à-dire au moment
17:57où on enlève le sein,
17:59on reconstruit en même temps.
18:01Soit en reconstruction secondaire,
18:03après la fin des traitements.
18:05Schématiquement, on peut faire une reconstruction
18:07à peu près trois mois après
18:09la fin d'une mastectomie.
18:11S'il y a eu de la radiothérapie,
18:13il faut attendre au moins six mois
18:15après la fin de la radiothérapie pour faire une reconstruction.
18:17D'accord. Et on a
18:19une idée du pourcentage, à peu près,
18:21de celles qui se sont faites en un temps ?
18:23En même temps qu'on enlève le sein,
18:25on reconstruit, et les autres en deux temps ?
18:27On a 30%
18:29de reconstruction après
18:31une mastectomie.
18:3315% ont lieu en même temps que la mastectomie,
18:35et 15% ont lieu
18:37secondairement. Ces chiffres
18:39devraient être largement
18:41augmentés. D'accord.
18:43Quelles sont les différentes techniques, rapidement ?
18:45Il y a quatre grosses techniques.
18:47Soit on reconstruit avec une prothèse,
18:49soit on reconstruit
18:51avec le ventre, l'excès de graisse
18:53et de peau qu'il y a parfois au niveau du ventre.
18:55Soit on reconstruit en utilisant
18:57le dos, soit
18:59on utilise ce qu'on appelle les fillings,
19:01qui ont révolutionné la reconstruction mammaire,
19:03c'est-à-dire qu'on fait une liposuction et qu'on réinjecte
19:05la graisse. Ça sert à la fois
19:07à re-sculpter une reconstruction,
19:09mais aussi, dans un faible pourcentage,
19:11on peut faire une reconstruction
19:13exclusivement avec de la graisse injectée.
19:15Oui, enfin, à condition d'avoir de la graisse.
19:17Tout le monde en a suffisamment
19:19pour corriger une reconstruction.
19:21C'est rarissime qu'on n'en ait pas.
19:23Après, c'est pareil, il y a des femmes qui vont vouloir des prothèses,
19:25il y en a qui ne vont pas vouloir de corps étranger.
19:27Ça aussi, c'est une vraie discussion.
19:29Est-ce qu'il y a des psychooncologues
19:31qui vous accompagnent, qui accompagnent
19:33les femmes quand on leur annonce qu'elles ont un cancer du sein ?
19:35Il y en a, mais les chirurgiens
19:37sont censés être aussi
19:39psychooncologues.
19:41Effectivement, dans le traitement du cancer,
19:43on ne donne pas le choix
19:45du traitement. La reconstruction,
19:47c'est un choix conjoint.
19:49Chirurgien, patiente.
19:51Pour ça, il faut que la patiente ait compris
19:53toutes les techniques qui sont à sa disposition.
19:55Vous me disiez qu'il y a eu
19:57des progrès phénoménaux.
19:59La chirurgie n'est plus ce qu'elle était.
20:01Elle est beaucoup moins mutilante qu'avant.
20:03Et notamment, vous me parliez aussi d'un progrès
20:05énorme qui a apporté énormément de confort aux femmes.
20:07C'est le tatouage en 3D.
20:09Vous êtes venue avec des images
20:11que vous allez tout de suite nous commenter.
20:13Ça, ça a changé aussi ?
20:15Ça a tout changé. Avant, c'était les médecins
20:17ou les infirmières qui faisaient des tatouages.
20:19Là, on voit juste après
20:21un tatouage 3D et vous voyez
20:23qu'on a mimé complètement.
20:25Tout ça, c'est tatoué ?
20:27La réole, le mamelon,
20:29c'est que du tatouage.
20:31On voit bien puisqu'il n'y en a plus là.
20:33On va voir encore un tatouage.
20:35Vous allez voir le travail incroyable
20:37de la tatoueuse parce que ça,
20:39c'est que du tatouage.
20:41C'est-à-dire que c'est des tatoueuses qui viennent
20:43en général du monde de l'art,
20:45du dessin et du tatouage
20:47et qui se sont spécialisées
20:49dans la reconstruction d'aréoles et de mamelons.
20:51Ça a lieu sous anesthésie locale.
20:53C'est un moment qui, en général,
20:55fait extrêmement plaisir
20:57à la femme. En fait, on se rend compte
20:59qu'on identifie
21:01un sein parce qu'il y a une aréole
21:03et un mamelon au milieu.
21:05Ça a révolutionné nos résultats.
21:07Sinon, le schéma corporel est totalement perturbé.
21:09Vous me disiez que les Jeux Olympiques
21:11cette année ont changé notre regard.
21:13Les Paralympiques ont
21:15changé notre vision des choses.
21:17C'est-à-dire que, brutalement,
21:19on a vu apparaître des prothèses apparentes
21:21de jambes, des prothèses de bras.
21:23Je trouve ça merveilleux que les gens
21:25n'aient pas honte de ce qu'il y a.
21:27On va montrer rapidement une image
21:29d'amputation
21:31parce qu'il faut parler d'amputation,
21:33d'ablation du sein. On voit bien
21:35l'absence totale
21:37et la reconstruction. Attention,
21:39il y a aussi un peu les marques du soutien-gorge.
21:41Il y a une reconstruction avec le sein
21:43de contrôle latéral, c'est-à-dire celui
21:45qui n'a pas eu de cancer, qui a été modifié
21:47aussi.
21:49L'intervalle
21:51entre ça et ça, c'est une intervention
21:53de deux heures, deux heures et demie.
21:55Ce que je trouve formidable, c'est ce que vous m'avez dit
21:57dès le début. Quand on ne sait pas,
21:59quand on n'est pas au courant,
22:01quand on n'est pas informé, on ne peut pas réfléchir
22:03et donc on ne peut pas prendre de décision.
22:05C'est d'autant qu'on nous demande souvent des explications
22:07qui sont des explications globales
22:09avec des arbres, tandis que quand on a
22:11quelqu'un en face de soi, on dit
22:13vous avez telle qualité de peau, vous avez du ventre,
22:15vous n'avez pas de ventre, vous avez de la graisse.
22:17Chez vous, c'est ça, ça, ça.
22:19Une fois que cette consultation d'information
22:21a eu lieu, c'est beaucoup plus facile
22:23pour la patiente de décider
22:25de reconstruire ou pas
22:27et d'opter pour une technique de reconstruction.
22:29Merci beaucoup Isabelle Sarfati
22:31et bravo pour tout ce que vous faites.
22:33Merci à vous de nous avoir suivi
22:35et resté en notre compagnie.
22:37L'info, c'est sur CNews.

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